La polémique (anti-) cicéronienne : Politien et Juste Lipse
p. 503-518
Texte intégral
1Quintilien (ca. 35-ca. 100), dans l’Institutio oratoria, avait déjà chanté les louanges de Cicéron comme un auteur qui réussissait à formuler ses idées dans un style brillant, l’incarnation de l’orateur exemplaire qui savait unir sapientia et eloquentia, sans toutefois le présenter comme un modèle de style exclusif. Pendant le Moyen Âge, l’œuvre philosophique de l’Arpinate gardait sa popularité – on le rapprochait des pensées chrétiennes – quoique, du point de vue stylistique, on préférât un discours plus simple et plus proche du langage parlé. François Pétrarque (1304-1374) se montrait lui aussi un grand admirateur de Cicéron et considérait ses traités philosophiques comme un guide spirituel indiquant le chemin vers une vie exemplaire. Après avoir découvert les Epistulae ad Atticum en 1345, il lui adressa même quelques lettres fictives. Pétrarque fut probablement le premier qui à nouveau appréciait et même imitait le style sonore du Romain, sans vraiment purger sa propre langue de mots ou de constructions grammaticales qu’on n’y trouvait pas. La découverte des traités rhétoriques de Cicéron (Orator et De oratore) et de l’Institutio oratoria de Quintilien incita les générations d’humanistes du début du quinzième siècle à restituer l’idéal rhétorique déjà avancé par Quintilien, c’est-à-dire à envelopper des idées philosophiques dans un langage approprié. Au cours des années, l’aspect éloquence allait devenir prépondérant pour certains d’entre eux.
2Ils prenaient grand soin d’éviter tous les « barbarismes » dans leurs œuvres, car ils étaient convaincus qu’un bon latiniste n’était autre qu’un bon et fidèle imitateur de Cicéron, aussi bien au point de vue du vocabulaire qu’au point de vue de la grammaire et du style. Mais, bientôt, d’autres voix se firent entendre, selon lesquelles Cicéron n’était plus l’unique et seul modèle du bon goût latin. Lorenzo Valla (1405/07-1457), par exemple, un des plus brillants auteurs de son époque, causa un scandale en affirmant qu’il préférait le latin de Quintilien lui-même à celui de Cicéron.
3Ainsi débuta, d’abord en Italie, le berceau de l’humanisme, et, au fur et à mesure que les idées de la Renaissance se répandaient, dans les pays au-delà des Alpes, une querelle de plume entre, d’un côté, les puristes comme Paolo Cortesi (1465/71-1510), Pietro Bembo (1470-1547), Christophe de Longueil (ca. 1488-1522) ou Jules César Scaliger (1484-1558), qui essayaient de s’exprimer dans un langage quasi identique à celui du Romain et, de l’autre côté, des esprits plus ouverts comme Ange Politien (1454-1494), Gian-francesco Pico (1469-1533), le neveu du grand Jean Pic de La Mirandole, ou Érasme (1466/7-1536), qui, eux, réclamaient le droit d’écrire un bon et beau latin créatif et, avant tout, une langue adaptée à une vie politique et socio-culturelle entièrement changée par rapport à l’Antiquité1.
4Je me pencherai d’abord sur ce qui est considéré comme l’origine de cette polémique dans l’Italie du Quattrocento, pour ensuite examiner sa réception dans l’œuvre de Juste Lipse, à partir du dernier quart du seizième siècle.
Origines de la polémique dans l’Italie du Quattrocento
5Le début de la polémique à propos de l’imitation du vocabulaire et du style cicéroniens se situe vers la fin des années 1480. Paolo Cortesi avait envoyé une collection de lettres écrites par des érudits à Ange Politien, dont il avait suivi les cours. Apparemment, dans une lettre d’accompagnement, il avait fait l’éloge de ces auteurs parce qu’ils avaient réussi à imiter Cicéron jusque dans les moindres détails2. Politien ne partageait pas du tout l’enthousiasme de Cortesi pour la fidélité aux seules traces de Cicéron, à l’exclusion de tout autre modèle :
Remitto epistolas diligentia tua collectas, in quibus legendis (ut libere dicam) pudet bonas horas male collocasse. Nam praeter omnino paucas, minime dignae sunt quae vel a docto aliquo lectae, vel a te collectae dicantur. […] Est in quo tamen a te dissentiam de stilo nonnihil. Non enim probare soles (ut accepi) nisi qui liniamenta Ciceronis effingat. Mihi vero longe honestior tauri facies aut item leonis quam simiae videtur, quae tamen homini similior est. […] Mihi certe quicunque tantum componunt ex imitatione, similes esse vel psitaco vel picae videntur, proferentibus quae nec intelligunt. Carent enim quae scribunt isti viribus et vita ; carent actu, carent affectu, carent indole ; iacent, dormiunt, stertunt3. Nihil ibi verum, nihil solidum, nihil efficax. « Non exprimis », inquit aliquis, « Ciceronem. » Quid tum ? Non enim sum Cicero. Me tamen (ut opinor) exprimo.
Je te retourne les lettres que tu as réunies avec tellement de zèle. Franchement, en les lisant, j’ai eu honte de tant d’heures précieuses si abominablement perdues ! Car, à l’exception d’un tout petit nombre, elles ne méritent pas d’être lues par un homme érudit, ni d’être réunies par toi. […] Pourtant, il y a un point, à propos du style, sur lequel je ne suis pas du tout d’accord avec toi. Comme je viens de l’apprendre, tu n’approuves qu’un auteur qui suit de près les dessins de style de Cicéron. Quant à moi, vraiment, la tête d’un taureau ou même d’un lion me semble beaucoup plus noble que celle d’un singe, quoique celle-ci ressemble davantage à une tête humaine. […] Selon moi, celui qui n’écrit que par imitation ressemble à un perroquet ou à une pie, oiseaux qui répètent des choses qu’ils ne comprennent pas. Ce que des gens pareils écrivent n’a pas de force, ni de vie, n’a pas de dynamisme, d’émotion, de talent ; c’est gisant, ça dort, ça ronfle. Il n’y a rien de vrai, rien de solide, rien d’efficace. Quelqu’un me dira : « Tu ne t’exprimes pas comme Cicéron ». Et alors ? Je ne suis quand même pas Cicéron ! Pourtant, je m’exprime moi-même, je crois.4
6Dans la seconde partie de sa lettre, Politien demande avec beaucoup d’insistance que son ancien élève ne se borne pas à une imitation servile de l’orateur romain, en lui proposant une autre forme d’imitation, basée sur une lecture profonde de toute une série d’auteurs et l’acquisition de grandes connaissances, qui mèneront à la formation d’un style particulier et à l’épanouissement de talents personnels. Car toujours imiter, sans jamais produire quelque fruit par soi-même, est le propre d’un esprit stérile5.
Cum Ciceronem, cum bonos alios multum diuque legeris, contriveris, edidiceris, concoxeris6, et rerum multarum cognitione pectus impleveris ac iam componere aliquid ipse parabis, tum demum velim (quod dicitur) sine cortice nates7 atque ipse tibi sis aliquando in consilio sollicitudinemque illam morosam nimis et anxiam deponas effingendi tantummodo Ciceronem tuasque denique vires universas pericliteris. Nam qui tantum ridicula ista quae vocatis liniamenta contemplantur attoniti, nec illa ipsa (mihi crede) satis repraesentant et impetum quodammodo retardant ingenii sui currentique velut obstant8 et (ut utar Plautino verbo) remoram faciunt.9
Quand tu as lu beaucoup de Cicéron et d’autres bons auteurs pendant longtemps, quand tu les as épuisés, appris par cœur, digérés ; quand tu as rempli ton sein avec la connaissance d’un tas de choses et que tu es sur le point de préparer quelque chose toi-même, alors, enfin, je voudrais que tu nages sans moyen de sauvetage, comme l’on dit. Je voudrais que tu t’écoutes parfois toi-même et abandonnes cette préoccupation trop sombre et pénible de seulement te modeler sur Cicéron, pour finalement faire l’essai de toutes tes propres forces. Car ceux qui se contentent, stupéfaits, de ces ridicules « dessins de style », comme tu les as appelés, ne vont sûrement pas (crois-moi !) les adopter de façon satisfaisante ; ils vont, pour ainsi dire, retarder l’élan de leurs talents et encombrer quelqu’un qui court et, pour citer un mot de Plaute, être leur propre obstacle.
7Cortesi interprétait l’insistance de son maître à développer son propre style comme une réprobation de toute imitation et il allait consacrer une grande partie de sa réponse à justifier l’idée d’une imitation littéraire en général et le choix de Cicéron en particulier, avec plusieurs allusions à la lettre de Politien :
Similem volo [Ciceronis], mi Politiane, non ut simiam hominis, sed ut filium parentis. Illa enim ridicula imitatrix tantum deformitates et vitia corporis depravata similitudine effingit. Hic autem vultum, incessum, statum, motum, formam, vocem denique et figuram corporis repraesentat et tamen habet in hac similitudine aliquid suum, aliquid naturale, aliquid diversum, ita ut cum comparentur dissimiles inter se esse videantur.
Je veux ressembler à Cicéron, mon cher Politien, non comme le singe à l’homme, mais comme un fils à son père. Car le singe est un imitateur ridicule, qui ne fait que reproduire les défauts et la laideur du corps par une similitude tordue. Par contre, un fils reflète le visage, le pas, la posture, les mouvements, les traits, la voix, et finalement la forme entière du corps, ayant dans cette similitude quelque chose de soi-même, quelque chose de naturel, quelque chose de différent. Ainsi, comparés, ils ont l’air d’être dissemblables.
8Après avoir énuméré une série d’auteurs latins qui tous avaient sous l’un ou l’autre aspect imité l’Arpinate sans toutefois perdre leur individualité, il soulignait que personne ne pouvait acquérir un style vigoureux sans être tributaire de tel ou tel modèle et que même un auteur qui se vantait d’avoir travaillé tout seul ne pouvait que farcir ses écrits de bouts de phrases et de mots puisés ailleurs. Ce mélange d’éléments différents et sans cohérence ne produirait jamais un style harmonieux. Au fond, Cortesi ne se distanciait donc pas tellement des théories de son maître, car lui aussi préférait un style éclectique à une imitation rigoureuse, même de son modèle par excellence, Cicéron, comme le prouve d’ailleurs sa comparaison entre le père et son fils. Lors de la publication de sa collection, intitulée De hominibus doctis, en 1490, Cortesi persévérait dans sa défense du cicéronianisme d’une façon modérée : un auteur devait toujours avoir l’esprit critique envers son modèle, qu’il ne pouvait point imiter de façon excessive.
Le point de vue de Juste Lipse
L’acquisition d’un style personnel
9Vers la fin du seizième siècle, Juste Lipse (Overijse, 1547– Louvain, 1606), qui était reconnu alors dans les cercles d’humanistes de toute l’Europe chrétienne pour sa familiarité presque innée avec la langue latine aussi bien que pour sa connaissance encyclopédique de la littérature, de l’histoire, et de la vie quotidienne du monde gréco-romain antique, allait développer un style particulier se rapprochant plutôt de Tacite et de Sénèque, auteurs qu’il avait étudiés profondément durant un séjour à Rome (automne 1568 – printemps 1570) et dont il allait établir l’édition critique et annotée, utilisée jusqu’à nos jours10. Pendant ses études chez les jésuites à la Bursa tricoronata à Cologne, puis à l’Université de Louvain, où il suivit aussi les cours latins de Cornelius Valerius ab Auwater dans le fameux Collège des Trois Langues, Lipse avait sans doute adopté le style cicéronien habituel dans ces milieux-là, mais quelques années après son retour de Rome, lors de la publication de ses Epistolicae quaestiones (Anvers, Christophe Plantin, 1577), il annonça dans ses lettres à quelques camarades d’études son appréhension à propos de l’accueil qu’on ferait à cette œuvre, parce qu’il venait de considérablement changer son style11. À Janus Lernutius, par exemple, il écrit :
De quibus [Epistolicis Quaestionibus] quid iudicaturi sitis, timeo. Alia enim quaedam a prioribus meis haec scriptio : cui nitor ille abest et luxuria et Tulliani cincinni ; pressa ubique, nec scio an quaesita nimis brevitas. Quae me tamen nunc capit. Timanthem pictorem celebrant, quod in eius operibus plus semper aliquid intelligeretur quam pingeretur : velim in mea scriptione.12
J’ai peur de ce que vous allez penser de mes Epistolicae quaestiones13. La façon d’écrire y est autre que celle de mes écrits précédents : l’éclat et l’exubérance des ornements de l’Arpinate y manquent ; tout est resserré, peut-être même d’une brièveté par trop recherchée, je ne saurais le dire, mais qui s’est pourtant emparée de moi maintenant. Le peintre Timanthe est reconnu partout parce que dans ses œuvres il fallait toujours comprendre davantage qu’il n’y était représenté : voilà ce que je voudrais atteindre dans mes écrits.
10Malheureusement, il n’y a qu’une trentaine de lettres qui nous sont parvenues de la période de jeunesse et les titres publiés par Lipse en début de carrière se limitent à des collections strictement philologiques, notamment des citations d’auteurs avec des émendations ou des conjectures. Ainsi, il n’est pas possible de vraiment étudier ce changement de style.
Réaction de ses contemporains
11Quoi qu’il en soit, au cours des années le style nerveux, concis et antithétique qui devenait son propre style était souvent loué et imité, parfois même avec beaucoup d’exagération, par de jeunes humanistes. Ce qui, à son tour, provoquait des réactions négatives et l’ire des collègues de Lipse, même sous forme de traité, comme par exemple celui d’Henri Estienne, qui lui reprochait de corrompre les futures générations d’humanistes avec ses extravagances14. Quoique vexé, Lipse préférait ne pas réagir publiquement, mais dans une lettre à Balthasar Moretus, qui pendant quelques mois avait vécu dans sa maison et suivi ses cours, il fulmina :
[…] praeter titulum pauca sint, quae proprie me tangunt. Universe aliquid in antiquarios dicit, idipsum frigide et inepte […] Quid de me ? Vide bonam fidem. Scribit me alibi dicere epistolas Ciceronis non esse aptas ad stilum epistolarem. Ego si hoc usquam non dicam scripsi, dixi, sed si somniavi, dignus sum qui vapulem. Plane et saepe contra scripsi, et nominatim in Epistolica institutione. Ponit me inter Ciceromasticas aut poni dicit. Bellum est. Quasi non ego olim assiduus lector Ciceronis et postea semper (quod ad eloquentiam) mirator. Atqui non imitor. Ego vero imitor, sed non solum, et vereor ut plus ab eo traham, quam omnes isti, qui obiiciunt. Solum nolo, nec sic pueriliter desipio. Itali, aut si quis alius in ea haeresi, viderint ; veterum aut cordatorum etiam hodie nemo illuc nos vocabit.15
[…] à part le titre, il n’y a que très peu qui me touche vraiment. Il dit quelques mots en général à propos des auteurs archaïsants, ceci d’une manière froide et inepte. […] À propos de moi-même, que penses-tu de sa fiabilité ? Il écrit qu’à un certain endroit j’ai avancé que les lettres de Cicéron ne conviennent pas au style épistolaire16. Si j’ai vraiment, moi, je ne dis pas écrit ou dit, mais rêvé chose pareille quelque part, je mérite de recevoir une volée de coups. J’ai souvent et clairement affirmé le contraire, notamment dans l’Epistolica institutio. Il me range parmi les fouets de Cicéron ou allègue que je dois être considéré comme tel. C’est du joli ! Comme si, moi, je n’avais pas été jadis un grand lecteur de l’Arpinate et par la suite son perpétuel admirateur (quant à son éloquence). Pourtant je ne l’imite point : je l’imite bien, mais il n’est pas le seul, et je crains que je ne tire plus de lui que tous ces critiques. Toutefois, je refuse qu’il soit le seul ; je ne suis pas à ce point dépourvu de sens ou puéril. Que les Italiens, ou quelque autre qui adopte leur doctrine, fassent ce qu’ils veulent ; il n’y a personne des anciens ou des sagaces qui, aujourd’hui, va nous inviter dans cette direction.
12Pourtant, même les réactions des humanistes italiens à propos du style lipsien furent assez modérées : Giambattista Sacco, secrétaire de la ville de Milan, lui déclare que ses compatriotes attendent avec impatience toute publication pour la savourer jusqu’au bout, et il continue :
Restitant nonnulli ad stylum, pressum videlicet, concisum ac figuratum, sed ii dumtaxat, qui bracteam illam Ciceronianam pueriliter affectant. Verum qui altius sapiunt, quique in poetarum et historicorum scriptis tum Graecis, tum Latinis versati sunt, acumine isto mirum in modum delectantur.17
Il y en a quelques-uns qui s’opposent à votre style qui, c’est clair, est dense, concis et figuré, mais il s’agit seulement de ceux qui visent comme des enfants aux paroles d’or de Cicéron. Par contre, ceux qui sont plus intelligents et qui se sont appliqués à la poésie et aux œuvres historiques, en grec aussi bien qu’en latin, trouvent un plaisir merveilleux dans votre style subtil.
13Quelques mois plus tard, un autre camarade d’études de Lipse, le jésuite André Schott, lui écrit en cours de route vers Rome, où il allait enseigner l’éloquence au Collegium Romanum, pour le féliciter de la réception enthousiaste de son traité De cruce en Italie, et il ajoute :
[…] te nostris sociis hic in ore esse comperi ; laudari, legi assidue, omnibus anteponi qui interiores hasce litteras18 hoc aevo tractant, absque illo esset, quod Κικέρωνος stilum migraris quem quod aures impleat numeris suaviter cadentibus, magis probant Itali, ut scis.19
Je viens d’apprendre que tu es sur les lèvres de tous mes confrères ici : tu es loué, lu sans cesse, préféré à tous ceux qui, ces temps-ci, fouillent ces textes du domaine peu commun. Il n’y a qu’une réserve, que tu te sois éloigné du style de Cicéron, que les Italiens préfèrent, comme tu sais, car il caresse les oreilles par son rythme doux.
14Il n’y a qu’un cas où Lipse a vraiment éreinté le style d’un collègue en se moquant de son imitation trop servile de Cicéron. Il s’agit de l’humaniste vénitien Pietro Bembo qui, d’ailleurs, était mort déjà depuis 1547, l’année de la naissance de Lipse. Janus Dousa, grand ami de Lipse et poète non sans mérite, lui avait demandé son opinion sur les Rerum Venetarum Historiae, publiées à titre posthume en 1551 (Paris, Michael Vascosani). Lipse lui répondit, dans une lettre assez longue, que le contenu de cette œuvre lui avait beaucoup plu, mais qu’il avait horreur du style archaïque :
Stilus est quem reprehendo, supinus, languidus, et affectata imitatiuncula fractus. Vt pueri pedes per delicias male ponunt, et imitare vatias discunt, sic iste, cum recte scribere posset, maluit pravo elegantiae studio flectere orationem et enervare. Magnos viros ea aetas sub magnanimo Leone tulit, sed quosdam qui in puerili illa haeresi, ut religio iis esset scribere aut dicere aliud, quam a Cicerone scriptum aut dictum. Inter eos Bembus. Itaque universa scriptio composita et formata ad aevum priscum et omnia sic de re Veneta quasi de potenti illa re Romana. Hoc fero ; etiamne verba omnia ex illorum moribus tracta ad hos nostros ? Et ubi ea non sunt, nescio quid plurium ambitu dictum, quod assequi debeamus divinando ?20
C’est son style que je lui reproche : paresseux, sans vigueur, brisé par toutes ses petites imitations affectées. Tout comme des enfants, pour s’amuser, mettent leurs pieds de travers et essaient d’imiter un homme bancal, cet auteur-ci préfère tordre et énerver son style, dans son zèle excessif d’être élégant. Le temps du magnanime Léon [le pape Léon X] a élevé de grands hommes, dont certains des adeptes de cette secte puérile, qui considère comme un sacrilège d’écrire ou de dire autre chose que ce que Cicéron a écrit ou dit. Parmi eux Bembo. Toute cette œuvre est donc composée et formulée conformément à cet âge antique et toutes ces choses vénitiennes sont rapportées comme s’il s’agissait de ce puissant État romain. Je peux m’y faire encore, mais est-ce qu’il faut vraiment étendre tous ces mots tirés de leur mode de vie à notre façon de vivre ? Et faute de mots [correspondants], est-ce qu’on doit choisir un terme polyvalent, que nous devons interpréter en devinant ?
15Ce qui fut illustré par toute une série d’exemples : le sénat vénitien était toujours indiqué par patres conscripti, Venise elle-même par Vrbs, le chef de leur armée par imperator, même s’il devait combattre sous un commandement plus haut. Bembo se référait aussi au Rex Vrbini, Rex Mantuae au lieu de Dux et leur territoire devenait un regnum. Qui plus est, il persistait à dater selon la formule romaine ab Vrbe condita au lieu de se référer à la naissance du Christ.
Conseils pédagogiques envers les jeunes humanistes
16En tout cas, et en dépit du succès que son style avait chez les apprentis humanistes, Lipse ne les encourageait pas du tout à suivre ses traces.
17Bien au contraire, comme le montre son traité Epistolica institutio21, qui fut le résultat d’un cours donné en 1587, mais sans doute répété plusieurs fois. Lipse y indique le chemin à suivre pour aboutir à un style individuel et harmonieux, en particulier au chapitre onze, à propos de phrases, de vocabulaire et d’imitation, c’est-à-dire, l’adaptation de l’éloquence ancienne au latin contemporain dans un style élégant et cohérent22. Je résume son point de vue. Comme il n’y a que peu d’auteurs anciens qui nous sont restés, personne ne va contester qu’il faut les lire tous, à part quelques Italiens, peut-être, qui ont posé des restrictions à l’éloquence en l’enfermant entre les bornes exclusives de Cicéron, contre l’esprit des précepteurs anciens eux-mêmes23 et contre toute logique et pratique. Lipse reconnaît qu’il a, lui aussi, suivi leurs conseils quand il était plus jeune.
18Pour développer un style authentique, il distingue trois phases, indiquées par enfance, adolescence et maturité. Pour la première période, il préfère le système des Italiens et propose de lire Cicéron, non pas comme auteur principal, mais même en exclusivité, afin de développer une base solide (corpus et contextus) grâce à un seul système et au même fil de mots. Cette suggestion est illustrée par une comparaison : de même qu’un peintre, qui a accepté de faire un tableau, commence par faire une esquisse en quelques lignes du personnage en entier, avant de choisir et d’y ajouter les couleurs qui conviennent à chaque partie, de même l’imitateur doit former d’abord l’ensemble de son éloquence, avant d’y ajouter toutes sortes de pigments. Sinon, son style restera toujours disjoint, inconsistant et un conglomérat multiforme. L’humaniste insiste encore une fois sur le fait que cette première place est réservée à Cicéron tout seul. On pourrait encore y ajouter quelques humanistes italiens, de même que son compatriote, Christophe de Longueil24, non parce que Lipse les approuve vraiment, mais parce qu’ils ont eu un plaisir presque puéril à scrupuleusement suivre l’Arpinate, offrant ainsi un chemin plus sûr et facile. Pendant l’adolescence stylistique, le jeune humaniste peut lire et feuilleter les œuvres d’autres auteurs classiques, comme César, Salluste, Sénèque, Tacite, Térence et Plaute (ces derniers à cause du vocabulaire, plus proche de la langue parlée), mais aussi des auteurs modernes, dont Politien, que Lipse aime beaucoup. Nous y retrouvons donc non seulement les conseils que Politien avait proposés, mais aussi son nom comme modèle d’un style exemplaire. Ce n’est que dans la dernière phase, quand l’étudiant a atteint une maturité de style, que, toujours selon Lipse, il peut expérimenter et créer son style individuel.
19Dans une lettre écrite une dizaine d’années plus tard, en 1601, Lipse reprend ces idées à propos d’un style individuel. Erycius Puteanus (1574-1646), un jeune humaniste qui avait suivi les cours de Lipse et même vécu chez lui pendant ses années d’études à Louvain, lui avait offert un exemplaire de sa première collection de lettres, intitulée Promulsis (Avant-goût)25. Dans sa réponse, Lipse le félicite pour ses idées pointues, la pureté et l’élégance de son langage et il l’encourage à continuer sur la voie qu’il a choisie, une voie suivie aussi par les anciens et que Lipse lui a indiquée par ses conseils et ses leçons26. Il continue sa lettre en soulignant sa réprobation envers les cicéroniens :
Novicios27 istos si audias, stolidos aliquos Hermas, deflectas et ad languida quaedam aut frigida te dones, quae ipsi Tulliana vocant. O quam indignetur et colorem non teneat, si resurgat ille Tullius, et haec cernat ! Ille altus, ille excitatus et alacer, plenus spirituum et sanguinis, probet hos tabidos, iacentes et vere χαμαιπετεῖςλόγους ? Atqui phrasim eius et verba habent ! Nescio : dicunt. Sed hoc scio : non verba, sed pectus et vim mentis esse quae dissertos facit.28
Si tu écoutais ces esclaves nouveaux, ces Hermès stupides, tu dévierais et tu t’adonnerais à un style plutôt affaibli ou froid que ces spécialistes eux-mêmes appellent cicéronien. Si Marcus Tullius lui-même se relevait et remarquait ce qu’ils font, il en deviendrait tout pâle d’indignation ! Tu crois vraiment que cet homme noble, animé, vif, plein d’esprit et de sang, approuverait leurs mots corrompus, languissants, tout à fait triviaux ? Ils gardent quand même son élocution et son vocabulaire ! Je ne le sais pas : c’est ce qu’ils disent. Mais ce que je sais bien, c’est que ce ne sont pas les mots, mais le cœur et la vigueur d’esprit qui font de bons orateurs.
20Pour souligner cette remarque, Lipse recourt à la lettre de Politien que nous venons d’examiner : Scite nuper a Politiano dictum meliorem honestioremque leonis faciem esse quam simiae, etsi ista ad hominem propius accedit (« Récemment, Politien a exprimé finement que le museau d’un lion est meilleur et plus honnête que celui d’un singe, quoique celui-ci soit plus proche de l’homme »)29. Ensuite, il retourne à ses conseils et encouragements envers son ancien élève :
Nihil est hoc imitari, si a te nihil inspiras ; imo si omnia tua non facis et velut e tuo fonte emittis.
Qui sibi fidit
dux, regit examen30.
[…] Stuporem ! Ad unius illam imitationem nunc nos vocari, quod nemo veterum aut priorum somniavit ! Scilicet plus cordis nostri magistri habent quam Fabius et ipse Cicero, qui ad omnes non oratores solum, sed historicos, poetas etiam ducunt. Sed omitto has lacunas quae non nisi ab imbre implentur, a se arentes : tu inter vivos fontes esto et, quod sequi solet, perennes.
Cette imitation ne vaut rien, si tu n’y ajoutes rien de toi-même, ou plutôt si tu n’absorbes pas tout et ne le fais jaillir pour ainsi dire de ta propre source.
Qui a confiance en soi
vole en tête de l’essaim.
Quelle bêtise de nous inciter maintenant à une imitation d’un seul modèle, chose que personne des anciens ni de nos prédécesseurs n’aurait jamais imaginée ! Nos pédants maîtres, bien sûr, ont plus de bon sens que Quintilien ou que Cicéron lui-même, qui nous mènent non seulement vers tous les orateurs, mais aussi vers les historiens et les poètes mêmes ! Mais assez parlé de ces crevasses qui, arides par elles-mêmes, ont besoin de la pluie pour se remplir : toi, vis plutôt parmi les sources vivantes et, par conséquent, inépuisables.
Conclusion
21Dès la fin du Quattrocento, le souci d’écrire un latin aussi correct et élégant que possible suscitait des querelles entre les humanistes italiens, dissensions qui, un siècle plus tard, accompagnaient l’humanisme naissant au-delà des Alpes. Quoique Juste Lipse ne se soit jamais mêlé explicitement à cette controverse, son style caractéristique – concis, nerveux, antithétique – développé au cours des années, fut interprété par nombre de ses contemporains comme un mépris pour celui de l’Arpinate, une conviction qui a continué jusqu’à nos jours. Avec cet aperçu, j’espère avoir montré que, bien au contraire, Lipse était persuadé de l’importance primordiale de l’orateur et philosophe romain pour apprendre à fond le latin. Mais, suivant la piste déjà choisie par Ange Politien, il refusait d’accorder à Cicéron un rôle de modèle exclusif. Une fois acquise une certaine maîtrise du langage, l’apprenti humaniste était encouragé à choisir entre toute une liste d’autres auteurs afin d’aboutir à un style plus libre et individuel. C’était, au fond, le chemin que Lipse lui-même avait suivi : ses années de formation, passées d’abord chez les pères jésuites à Cologne et ensuite à l’Université de Louvain, l’avaient initié à tous les secrets du style cicéronien. Ensuite vint le moment-clef dans sa carrière de jeune humaniste : à Rome, où l’humaniste français Marc-Antoine Muret le prit sous son aile, il profitait volontiers de l’opportunité de fréquenter des bibliothèques richissimes en manuscrits et livres précieux. Il y découvrit les œuvres de Tite-Live, de Plaute, mais surtout de Tacite et de Sénèque, qui devinrent ses auteurs favoris et allaient de plus en plus marquer sa langue et son style.
Notes de bas de page
1 Voir, entre autres, D’Amico John F., Renaissance Humanism in Papal Rome : Humanists and Churchmen on the Eve of the Reformation, Baltimore-Londres, Johns Hopkins University Press, 1983 ; McLaughlin Martin L., Literary Imitation in the Italian Renaissance : The Theory and Practice of Renaissance Rhetoric in Italy from Dante to Bembo, Oxford, Clarendon Press, 1995 ; Fumaroli Marc, L’Âge de l’éloquence : Rhétorique et « res litteraria » de la Renaissance au seuil de l’époque classique, Genève, Droz, 1980 ; Chomarat Jacques, Grammaire et rhétorique chez érasme, 2 vol., Paris, Les Belles Lettres, 1981.
2 Cette première lettre n’a pas été conservée ; nous ne possédons que la réponse de Politien et la réaction de Cortesi, toutes les deux sans date. Voir Politien, Epistolae, 8, 16-17 (= Illustrium virorum epistolae XII libris distinctae), parues pour la première fois dans l’édition des Omnia opera, Venise, Alde Manuce, 1498, donc quatre ans après la mort de Politien. Pour une édition moderne avec traduction anglaise, voir Dellaneva Joann (éd.) – Duvick Brian (trad.), Ciceronian Controversies, Cambridge, Mass. – Londres, Harvard University Press, 2007, coll. « I Tatti Renaissance Library », 26, p. 2-15.
3 Voir Horace, Ars poetica, 359.
4 Les traductions sont miennes.
5 Postremo scias infelicis esse ingenii nihil a se promere, semper imitari.
6 Cette métaphore se trouve aussi chez Quintilien, Institutio oratoria, 10, 1, 19 ; Sénèque, Epistulae ad Lucilium, 84, 6-7 et Pétrarque, Epistolae ad Familiares, 22, 2.
7 Horace, Sermones, 1, 4, 120 ; Érasme, Adagia, 1, 8, 42.
8 Le contraire donc de calcar addere currenti (Érasme, Adagia, 1, 2, 47).
9 Plaute, Trinummus, 38.
10 C. Cornelii Taciti Historiarum et Annalium libri qui exstant, Anvers, Christophe Plantin, 1574, suivi de plusieurs éditions améliorées et augmentées. La dernière édition, à titre posthume quoique encore révisée par Lipse, date de 1607. À propos des éditions successives, voir De Landtsheer Jeanine, « Commentaries on Tacitus by Justus Lipsius. Their Editing and Printing History », dans The Unfolding of Words : Commentary in the Age of Erasmus, ed. by Judith Rice Henderson with the assistance of P. M. Swan, Toronto, Toronto University Press, 2012, p. 188-242. L’édition de Sénèque le Philosophe ne parut que quelques mois avant la mort de Lipse : L. Annaei Senecae philosophi opera quae exstant omnia, Anvers, Jean Moretus, 1605.
11 À propos du style lipsien, voir Deneire Tom, « The Philology of Justus Lipsius’s Prose Style », Wiener Studien, 125, 2012, p. 189-262. Il y présente un état exhaustif de la question, avant de compléter et corriger les conclusions de ses prédécesseurs par les résultats de sa propre analyse, basée sur la correspondance de l’année 1598.
12 ILE I, 77 06 13, l. 23-27. ILE I renvoie à Iusti Lipsi Epistolae, pars I : 1564-1583, éd. par Alois Gerlo, Marcel A. Nauwelaerts et Hendrik D.L. Vervliet, Bruxelles, 1978. Il y a aussi une lettre à Hieronymus Berchemius, publiée comme ILE I, 76 10 13, dont la date, selon une copie découverte plus récemment, devrait être corrigée en I, 77 11 20, voir De Landtsheer Jeanine, « Three Overlooked Letters of Lipsius (1547-1606) in ms. Lips. 5 of Leiden University Library », Lias, 26, 1999, p. 143-155 (plus particulièrement p. 150, la note à la l. 4).
13 Epistolicarum Quaestionum Libri V. In quibus ad varios scriptores pleraeque ad T. Livium notae, Anvers, Christophe Plantin, 1577.
14 De Lipsii Latinitate (ut ipsimet antiquarii antiquarium Lipsii stilum indigitant) Palaestra I, Henr[ici] Stephani Parisiensis, nec Lipsiomimi, nec Lipsiomomi, nec Lipsiocolacis multoque minus Lipsiomastigis, Francfort, s.n., 1595.
15 Voir ILE VIII, 95 05 31, l. 7-20. ILE VIII renvoie à Iusti Lipsi Epistolae, pars VIII : 1595, éd. par Jeanine De Landtsheer, Bruxelles, 2004.
16 Voir De Lipsii Latinitate, p. 145, où « Coronellus » (traduction latine du nom Στέφανος– Stephanus mis en diminutif) explique : Aliud alii obiiciunt, sed ad Lipsium quod attinet, hoc ei (si bene memini) obiicitur quod Ciceronis stylum non satis aptum scribendis epistolis dixerit. Praeterea laudantur ab ipso epistolae Politiani (« On peut faire toutes sortes de reproches, mais quant à Lipse, on lui a reproché (si je me rappelle bien) d’avoir avancé que le style de Cicéron n’est pas assez approprié à écrire des lettres. Qui plus est, il loue les Lettres de Politien ! »).
17 Voir ILE VII, 94 04 12, l. 48-52. ILE VII renvoie à Iusti Lipsi Epistolae, pars VII : 1594, éd. par Jeanine De Landtsheer, Bruxelles, 1997.
18 Allusion à Cicéron, De natura deorum, 3, 42 : interiores et reconditas litteras scrutari.
19 Voir ILE VII, 94 08 31, l. 9-13.
20 Voir Iusti Lipsi Epistolarum centuriae duae. Quarum prior innovata, altera nova, Leyde, François Raphelengien, 1590, lettre II, 61 dans l’édition de 1590 (II, 57 dans toutes les éditions suivantes). Comme cette lettre n’a pas de date, ni aucune indication pour en suggérer une, elle sera publiée dans le dernier tome de ILE.
21 Epistolica institutio, excepta e dictantis eius ore, anno M.D.LXXXVII mense Iunio, Leyde, François Raphélengien, 1591. Voir aussi l’édition moderne avec traduction anglaise, Justus Lipsius. Principles of Letter-writing. A Bilingual Text of Justi Lipsi Epistolica Institutio, éd. et trad. par Robert V. Young et M. Thomas Hester, Carbondale-Edwardsville, Ill., Southern Illinois University Press, 1996, coll. « Library of Renaissance Humanism ».
22 Pauci relicti veteres ; quis controvertet quin ii legendi omnes sint ? Nisi forte nuper aliquot Itali, qui in arctum traductam eloquentiam concluserunt finibus tantum Tullianae lectionis. O vani et fastidiosi ! Non solum praeter mentem magistrorum veterum, sed praeter rationem praeterque usum. Quos nunc non refello, et adhaesisse olim me scio paullo iuvenilius, donec repressit et revocavit maturioris iudicii frenum. […] Discrimen aliquod temporum est, quod utiliter enotabo. Est puerilis quaedam et prima imitatio, est crescens et adulta. In illa prima Italorum haeresis mihi placeat et aliquamdiu Cicero non praecipuus solum legatur, sed solus. Cui fini ? Vt corpus scilicet illud et contextus orationis primum serio formetur uno quodam habitu et aequabili sermonis filo. […] Vt hodie res est, quis praeter Tullium periodos, membra, numeros et continuam illam orationis seriem nobis suggesserit ? A qua, me quidem iudice, necessario initium faciendum iuventuti. Vt pictor cum tabulam accepit, primum hominem totum delineat, colores mox aptos quaerit et addit cuique parti, sic meus imitator corpus eloquentiae suae formet, pigmenta deinde varie conquirat. Nisi facit, hiulca semper, incomposita et e variis varia quaedam stili forma gignetur, nec satis sibi constans […] Cicero igitur primus primas teneat, et teneat solus. […] Sub hanc ipsam curam Manutii epistolas, Sadoleti, Bembi, Bunelli atque in primis Longolii nostri legi posse, non quia ipse (libere dicam) valde probi, sed quia puerili quodam affectu Ciceronis illam orbitam anxio pede presserunt ideoque per eorum vestigia tutior et facilior tibi cursus. […] meo consilio eos hic primum adeas, qui a Cicerone minimum abeunt et qui copia, suavitate, fluxu dictionis referant beatam illam facilemque naturam.
23 Sans doute une allusion à Quintilien, voir le début de cet article.
24 À cause de son imitation trop stricte ses adversaires appelaient Longueil « la corneille de Cicéron » (avec une allusion à Horace, Epistolae 1, 3, 15-20). Voir Tucker G. Hugo, « From Rags to Riches : the Early Modern Cento Form », Humanistica Lovaniensia, LXII, 2013, p. 3-67 (en particulier p. 7-9). Il fut d’ailleurs le modèle de Nosoponus dans le Ciceronianus d’Érasme.
25 Epistolarum Promulsis, Francfort, Claude de Marne, 1601.
26 Voir ILE XIV, 01 11 02 P1 : Ad alia, longius longiusque, mi Puteane, sed pede semper recto, id est per viam quam veteres calcarunt et ego monendo aut docendo praeivi. ILE XIV renvoie à Iusti Lipsi Epistolae, pars XIV : 1601, éd. par Jeanine De Landtsheer, Bruxelles, 2006.
27 Voir Plaute, Captivi, 712 ; Cicéron, Oratio in Pisonem, 1.
28 Cf. Quintilien, Institutio oratoria, 10, 7, 15 : Pectus est quod disertos facit.
29 Voir Politien, Epistolae, 8, 16, cité supra.
30 Cf. Horace, Epistulae, 1, 19, 22-23.
Auteur
KU-Leuven
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Les écritures de la douleur dans l’épistolaire de l’Antiquité à nos jours
Patrick Laurence et François Guillaumont (dir.)
2010