Modalités stylistiques et enjeux d’une polémique pétrarquienne
p. 383-396
Texte intégral
1Le 12 mars 1352, Pétrarque, alors en Avignon, siège de la Curie papale depuis 1305, écrivit au pape Clément VI1, vraisemblablement victime d’une énième attaque de goutte. Cette Lettre familière V, 19, pleine de sollicitude, n’est pas exempte d’une dimension comique destinée à faire rire le pape alité, ni surtout d’une dimension polémique contre les médecins de la cour papale. La lettre circula dans l’entourage de Clément VI et un des médecins du pape, piqué au vif, répliqua aux attaques de Pétrarque par un écrit que nous n’avons pas, relançant ainsi le conflit. Pétrarque lui répondit très vite, entre fin mars et début avril 1352, par une litterula écrite « en une journée, et encore pas entière, et la dernière partie de la nuit […] », déclare-t-il dans la Lettre familière XV, 5 du 3 avril 1352 à son ami Pierre d’Auvergne, qui semble l’avoir incité à ne pas garder le silence face à la riposte du médecin. La polémique enfla, le médecin ayant répondu à son tour, quoique près d’une année plus tard, par un libelle qui a disparu. S’engagea ainsi une joute oratoire dont nous n’avons que le texte de Pétrarque, qui, par des ajouts successifs, une relance systématique du débat, se révèle être tout un travail de réécriture qui s’étale sur plusieurs années2 et aboutit à un ouvrage qui comporte quatre livres, connu sous le titre des Invective contra medicum.
2Ce texte a déjà fait l’objet d’études critiques très minutieuses3 que je ne reprendrai pas. Je voudrais ici m’intéresser aux modalités stylistiques de cette polémique et m’interroger sur ses enjeux politiques.
La lettre polémique
3Plus de vingt ans après cette Lettre familière V, 19, Pétrarque, dans la Lettre de vieillesse XVI, 3 de 1374, envoyée à un ami, le célèbre médecin siennois Francesco Casini4, révèle les coulisses – si l’on peut dire – de son écrit : il avait envoyé un message oral au pape malade pour lui recommander de n’avoir qu’un seul médecin à son chevet. Le pape, n’ayant pas bien compris la teneur du message, lui avait demandé de lui écrire avec peut-être l’intention, comme l’a dit la critique5, de divertir la cour papale. Cette unique lettre écrite par Pétrarque à Clément VI débute ainsi :
Febris tue nuntius, Beatissime Pater, tremorem membris meis et horrorem attulit ; nec idcirco blandiloquens aut similis dicar illi de quo Satyricus ait : « flet, si lacrimas conspexit amici » et iterum « si dixerit "estuo", sudat », sed illi potius qui, ut ait Cicero, de salute populi romani extimescebat, in qua etiam suam inclusam videbat ; mea quidem ac multorum salus in tua salute fundata est.6
4Cet incipit manifeste le respect et l’inquiétude de Pétrarque et, par le biais de la citation des vers 101 et 103 de la Satire III de Juvénal, il vise implicitement l’entourage de Clément VI, la Curie avignonnaise7. Les flatteurs dont se distingue Pétrarque lui permettent d’affirmer sa singularité face à un groupe que le Souverain pontife saura reconnaître et autorisent aussi le poète à s’incarner immédiatement, par contrepoint, comme celui qui dit la vérité au pape, le seul peut-être, semble-t-il suggérer. Son discours est donc placé sous l’autorité de la vérité, ce qui oriente la réception de cette lettre.
5La citation du De finibus de Cicéron, I, 10, 35, que Pétrarque réécrit8, exprime une réelle empathie pour le pape qui lui avait confié, en septembre 1343, une mission à Naples et lui avait proposé en 1351 la charge de secrétaire pontifical, anticipant, comme cela a été dit par l’historien Étienne Anheim, sur la pratique classique de l’humanisme de chancellerie à partir des années 1370, et durant tout le xve siècle. Pétrarque, trop soucieux de préserver son indépendance et désireux de se tenir loin de la Curie avignonnaise, refusa cette charge. L’estime intellectuelle dont jouit Pétrarque auprès du pape se traduisit aussi économiquement par une série de bénéfices ecclésiastiques que Clément VI lui accorda sous son pontificat : les bénéfices de chanoine à la cathédrale de Pise en 1342 (même s’il n’en prit jamais possession), à la cathédrale de Parme en 1346 et à Padoue en 1349. L’exorde de la lettre témoigne donc de liens personnels relativement étroits, bien que les deux hommes ne se soient jamais rencontrés.
6Pétrarque appréciait probablement aussi les indéniables qualités de lettré, de théologien, de rhéteur et d’habile homme politique propres à Clément VI. Cette habileté politique s’exerça à Avignon par le biais d’une action culturelle novatrice en matière de musique et d’arts figuratifs9 qui témoigne du raffinement et de la magnificence du pape.
7Qui dit maladie dit médecin et c’est là que la polémique devient frontale : en un long développement inspiré du livre XXIX de l’Histoire naturelle de Pline que Pétrarque a acquis en 1350, il trace un tableau à charge contre les médecins :
Lectum tuum obsessum medicis scio ; hinc prima michi timendi causa est. Discordant enim de industria, dum pudet novi nichil afferentem alterius hesisse vestigiis. « Nec est dubium » ut eleganter ait Plinius, « omnes istos famam novitate aliqua aucupantes animas statim nostras negotiari… et in hac sola artium evenire, ut cuicunque se medicum profitenti statim credatur, cum sit periculum in nullo mendacio maius ; non tamen illud intuemur, adeo blanda est sperandi pro se cuique dulcedo. Nulla preterea lex que puniat inscitiam capitalem, nullum exemplum vindicte ; discunt periculis nostris et experimenta per mortes agunt, medicoque tantum hominem occidisse impunitas summa est ». Horum turbam velut inimicorum aciem, Clementissime Pater, intuere ; instruat te illius infausti epygrammatis memoria inscribi iubentis in sepulcro hoc solum : « Turba medicorum perii ». In etatem nostram potissime videtur incidisse illud Marci Catonis senis vaticinium : « quandocunque Greci ad nos literas suas ac presertim medicos transmisissent, omnia corrupturos ». Sed quia iam sine medicis vivere non audemus, sine quibus tamen innumerabiles nationes forte melius atque salubrius vivunt et populus romanus etate florentissima, eodem teste Plinio, ultra sexcentesimum annum vixit, unum tibi de multis elige, non eloquentia sed scientia et fide conspicuum. Iam enim professionis sue immemores et dumetis propriis exire ausi, poetarum nemus et rhetorum campum petunt, et quasi non curaturi sed persuasuri, circa miserorum grabatulos magno boatu disputant ; atque illis morientibus ypocraticos nodos tulliano stamine permiscentes, sinistro quamvis eventu superbiunt, nec rerum effectibus sed inani verborum elegantia gloriantur. Ac nequid a me hodie fictum medici tui putent, quem sepe nomino Plinium, quod is et de medicinis multa et de medicis plura quam quisquam et veriora diceret, in omnibus fere huius epystole partibus ducem habui, ipsum ergo audiant : « Palam » inquit, « est, ut quisque inter istos loquendo polleat, imperatorem illico vite nostre necisque fieri. » Sed ego longius quam destinaveram, metu calamum urgente, provectus sum ; ut vero iam desinam, medicum non consilio sed eloquio pollentem velut insidiatorem vite, sicarium aut veneficum vitare debes. Huic quidem iure optimo dici potest quod loquaci coquo plautinus ille senex in Aulularia : « abi » inquit « opera hic conducta est vestra, non oratio. »10
8Avec la caution scientifique de Pline, Pétrarque déploie toute une série d’accusations polémiques :
- l’assimilation des blandiloquentes du début de la lettre aux médecins par le biais du mot mendacium. La propension des médecins au mensonge est un motif qui revient fréquemment dans les polémiques médiévales dès les xiie-xiiie siècles ;
- l’insistance sur l’ignorance basique des médecins et l’affirmation que les médecins n’acquièrent et n’accroissent leur savoir que par leur approche du corps vivant qu’ils transforment presque automatiquement en corps mort, les assimilant implicitement à des mages malfaisants ;
- l’accusation de malhonnêteté, qui est implicitement liée à la « carrière » des flatteurs qui vivent aux dépens de ceux qui les croient. Pétrarque oppose aussi ici la profession médicale stipendiée à la liberté de l’intellectuel, tel qu’il le conçoit, qui ne reçoit aucun salaire pour son activité11 ;
- le reproche fait aux médecins d’oser sortir de leur champ professionnel pour devenir poètes et rhéteurs, qui est le passage de la Lettre familière le plus théâtral où règnent l’exagération et l’hypotypose : Pétrarque critique ici la médecine enseignée à l’université et fondée sur un savoir théorique, une médecine livresque, sans rapport avec l’expérience et donc, avec ce qui est propre à une pratique médicale ;
- enfin, l’accusation la plus grave portée contre les médecins de la cour avignonnaise est celle d’attenter à la vie du pape : par l’exhortation Horum turbam velut inimicorum aciem, Clementissime Pater, intuere, Pétrarque réactualise le discours plinien et donne à sa lettre un tour volontairement tragique. La reprise de turba par acies sous-entendrait presque le complot qui se vérifie par le conseil final de renvoyer ces médecins bavards et donc charlatans, si on se souvient que le mot vient de l’italien ciarlare qui signifie « parler à tort et à travers, bonimenter ».
9Car ce qui est en jeu ici, c’est la survie du pape et, comme Pétrarque le dira en conclusion de sa lettre : Ad hec et exactam tui custodiam et, que ad salutem corporis miris modis adiuvant, spem bonam ac letum animum habeto, si te, si nos omnes, si tecum egrotantem Ecclesiam salvam cupis12.
10La mention de l’Église souffrante exhibe les « deux corps du pape », mais on peut aussi voir dans la métaphore topique une dimension politique : dans l’esprit de Pétrarque – et il n’est pas le seul à le penser – si l’Église est souffrante, sa « maladie » est due à l’éloignement du pape de Rome et seul son retour dans l’Urbs lui rendra force et santé. Convaincu que le retour du pape à Rome pourra régler la situation chaotique dans laquelle la ville se trouve politiquement et que la présence du pape lui rendra tout son rayonnement culturel, politique et spirituel, Pétrarque ne cesse d’œuvrer pour que la papauté revienne à Rome13, en espérant aussi que ce retour permettra une pacification de la péninsule traversée par des luttes intestines.
Les modalités de la polémique dans les Invective contra medicum
11Cette lettre qui mettait en cause si clairement les capacités professionnelles d’un des médecins du pape et donc sa fama ne pouvait que déclencher une série de réactions en chaîne de la part de l’offensé et de l’assaillant, aucun des deux ne voulant céder le terrain.
12Les Invective contra medicum reprennent les principaux axes de la Lettre familière V, 19 : l’ignorance meurtrière des médecins, leur savoir livresque, leur prétention à sortir de leur territoire, celui d’un art mécanique, la médecine, pour s’approprier celui de la rhétorique, de la poésie et de la philosophie qui sont, elles, des arts libéraux. Aussi l’utilisation pétrarquienne dans la Lettre familière de la réplique de l’Aulularia qui remet le cuisinier à sa place, c’est-à-dire dans sa cuisine, me paraît-elle plus lourde de sens que le simple plaisir qu’on peut prendre à répéter un bon mot.
13Avec cet ouvrage polémique, Pétrarque s’exerce à un genre nouveau pour lui, en recourant à tous les procédés rhétoriques et stylistiques de ce type d’écrit. Le degré zéro de la polémique est l’injure, dont Pétrarque sature son texte pour mieux accabler, voire étouffer son adversaire en alternant d’ailleurs les critiques ad hominem, telles, par exemple, celles-ci : male nati homuncio, o nimium rudis14, et les critiques formulées contre les mauvais médecins, Pétrarque se défendant constamment dans ce texte et, plus tard dans d’autres lettres à des amis médecins, de critiquer la médecine en général.
14On peut regrouper ces critiques acerbes autour de quelques grands thèmes :
- l’accusation de bêtise : ydiota, Ydiote procaces, O ydiota, omnium tediosissime quos unquam audierim quid hic contra poeticam singulare, senex puer avec la variante de la divagation mentale senex delirantissime qui donnera un peu plus loin dans le même livre II amens vage, de même que l’on trouvera au début du dernier livre : Tu michi ergo, vesane et omnis boni expers, inter acervos iurgiorum etiam solitudinem exprobasti15, pour ne citer que quelques exemples. À ces interjections qui ponctuent le discours pétrarquien et maintiennent violemment le contact avec le médecin, cible de ces attaques en un harcèlement continu, s’ajoutent des phrases sarcastiques, telle celle-ci : Ubi enim nisi inter turbas credulas fatuorum ingenioli tui mercimonium ostentares ?16 ;
- l’accusation d’ignorance qui peut être associée à celle de fatuité : tu de tanta ignorantia, indocte, ille fatuum potius quam philosophum representat17. Cela permet à Pétrarque de rire de son opponens dans le débat qu’il a entamé avec lui, en prétendant que s’il le faisait figurer dans son ouvrage De viris illustribus, il devrait en modifier le titre et l’appeler De Insigni fatuo18. Dans le même ordre d’idées, on trouvera les antiphrases au livre III : cavillator acutissime, vir doctissime et plus loin au livre IV profundissime speculator ;
- l’accusation de sophistique : sophista ridicule, semper scolastice literato et penitus nichil estis, nisi verba inania nugeque volatiles19, ce qui se rapproche, dans l’esprit de Pétrarque, du charlatanisme ;
- l’accusation lancée contre les médecins d’être incapables de formuler un avis concordant – c’est la reprise de ce qui est dit dans la lettre V, 19 : procaces et discordes, discordes ac nescios medicos, medicos discordare et qui discordi et vario e prorsus incerto medicorum imperio, quam indecisa discordia et enfin turba[m] dissidentium medicorum20 ;
- l’accusation de vénalité exprimée en termes triviaux : magna meretrice dans le premier livre ou par un jeu de mots qui montre toute la verve et la vis comica d’un Pétrarque qui s’amuse, cette apostrophe O mendice medice ! (« Ô médecin mendiant ! ») du livre IV.
15Cet échantillonnage des insultes et accusations lancées contre ce mauvais médecin n’est guère nouveau et reprend tous les topoi des vices des médecins qui serviront de matrices à des nouvelles médiévales comiques, par exemple. C’est plutôt du côté des comparaisons que l’on peut trouver une certaine originalité : Pétrarque développe à partir de la comparaison topique de l’adversaire avec un chien aboyant furieusement, dès les premières lignes de ses Invective contra medicum21 – comparaison qui est en fait négation de l’intelligibilité du discours du médecin – tout un petit bestiaire injurieux et dégradant où le médecin en une métamorphose infinie sera assimilé à un rat (In quod – gaude, prepotens orator – externa ope non eges ; nullo opus est indice, operose mus : tuo te prodis inditio, tam late tristis male coagulati eloqui fumus manat), à un âne (Flete repertores artium : fines vestros proterit asinus infulatus, non se modo philosophum, sed philosophiam insuper suam iactans), et à une huppe de plinienne et isidorienne mémoire :
Proinde omnium sophismatum et totius logice auxilium implora : michi prius upupam quam philosophum te probabis. Miraris, indocte, et « Quid michi, inquis, atque upupe simile est ? » Nil profectus similius. Volucris galeata est, cristatique verticis, et que pueris aliquid videatur ; re autem vera impurissima est avis, victusque fedissimi. Nolo aliquid obscenum loqui, non quidem propter te, qui non horres earum rerum mentionem quarum odoribus delectaris, sed propter eos qui legent ista vel audient. Sciscitare aliquem qui naturas rerum noverit : dicet tibi avis illius cibos. Inde te moresque tuos inspice, teque ipsum noli fallere – nulla enim pernitiosior, nulla capitalior fraus est, quam que proprium fallit auctorem – videbis te eisdem quibus illa rebus ali. Oro, iam, upupa : noli philosophari ; citius philosophabitur asellus. Certe preclarus platonicus Apuleius, cuius supra memini, qui, accepto veneno, asinum factum se, ut ait Augustinus, « aut indicavit, aut finxit », in eo statu philosophatum se iocando commemorat ; philosophantem upupam nulla habet historia. Eia, uppupa, fac quod soles : rimare tumulos – cetera sileo – ; philosophiam linque philosophis. Putabas te philosophum : fallebaris. Philosophus – quod ipsum nomen ostendit – sapientie amator : tu pecunie servus es.22
16Ce qui justifie l’assimilation du médecin à la huppe, c’est l’usage polémique que fait Pétrarque de l’uroscopie, un des principaux modes médicaux d’appréhension des symptômes, d’établissement du diagnostic. Le caractère fétide de cette pratique médicale à laquelle, selon Pétrarque, devrait pourtant se limiter le mechanicus est retourné contre ce dernier : le corps du médecin devient un corps malade – Pétrarque insistera sur la pâleur du médecin, sur sa puanteur – susceptible de contaminer son entourage :
Desine itaque lepram tuam et ambitionis avaritieque malum bene valentibus imponere. Tu palpator, tu non solum blandus, sed – si es quem puto – tediosissimus etiam adulator, non modo pontificum sed et pauperum latrinas, vilissimi spe lucelli, ego florentes silvas et solitarios colles ambire soleo, nonnisi vel scientie cupiditate vel glorie23
17lui lancera-t-il dès le livre I, pour parsemer ensuite son opuscule de remarques sur la pâleur maladive de son interlocuteur, lui reprocher dans le livre II d’écrire de « malsaines sottises » (tabificos iocos) et affirmer, en reprenant la Vie d’Auguste de Suétone, que lui Pétrarque ne craint rien, hormis « l’odeur fétide de tes propos24 ».
Les enjeux de la polémique
18Les deux premiers livres des Invective contra medicum sont évidemment les plus proches de la Lettre familière V, 19 et en sont une amplificatio : on y retrouve des allusions très nettes au corps du pape qu’il fallait protéger et à la lettre elle-même25. On y trouve aussi le renvoi du médecin à son statut de mechanicus, c’est-à-dire de praticien ; les points essentiels de la polémique se trouvent dans le deuxième livre des Invective, suscité par le libelle à prétention philosophique – si l’on en croit Pétrarque – que le médecin lui avait envoyé : la volonté du médecin d’assujettir la rhétorique26 (qui fait partie des sept arts libéraux) et la philosophie à la médecine et le rejet de la poésie jugée par ce même médecin contraire à la vérité. Cela permet à Pétrarque, dans sa réponse, d’ensevelir son interlocuteur sous une avalanche de citations et de références aux auteurs antiques et chrétiens, tout au long de ce qu’il définira, dans le premier livre, comme un libellum. Car l’écriture de ce traité oscille entre la volonté de répondre point par point au médecin pour mieux l’éliminer et la volonté d’affirmer la primauté de la poésie et de la philosophie et de faire l’éloge de la solitude qui permet de se tourner vers Dieu et de songer à assurer son salut. Pétrarque, qui a figé son adversaire dans la catégorie du mechanicus, lui dénie toute capacité intellectuelle et finit, de fait, par l’exclure en tant que récepteur de son discours, comme peuvent l’attester les appels au lecteur qui ponctuent les Invective contra medicum et érigent le lecteur comme unique destinataire du discours pétrarquien.
19La polémique contre un individu auquel Pétrarque déniait toute compétence est devenue l’occasion, pour l’auteur de ces invectives, de proposer une nouvelle figure sociale : celle de l’humaniste de cour – qu’elle soit la micro-cour d’un cardinal, la cour papale ou princière – dont la présence est recherchée pour le prestige du cardinal, du pape ou du prince et non pour une compétence administrative ou politique. Face à des médecins ou des juristes formés à l’université et payés pour leur savoir27, Pétrarque propose un rapport avec le pouvoir politique qui soit celui de « déprofessionnalisation » du savoir, pour reprendre l’expression d’Étienne Anheim. Tous les médecins sont loin de posséder seulement un savoir théorique28 sans maîtriser la pratique, et le Moyen Âge connaîtra de brillants médecins reconnus par leur ville et célébrés pour leurs mérites29 et leurs consilia, ces conseils thérapeutiques personnalisés, rédigés à l’intention d’aristocrates ou de princes laïques ou ecclésiastiques. Chiara Crisciani précise que « les “conseils” et les interventions du médecin-conseiller du seigneur au xve siècle peuvent toucher – outre les champs normaux de la diététique et de la thérapie – des domaines politico-diplomatiques, même si c’est de manière fortuite. Il est toutefois significatif qu’ils se traduisent souvent en directives pédagogiques et éthiques, jusqu’à rejoindre les avertissements religieux destinés au seigneur ou à toute sa cour30 ». Du médecin mechanicus au médecin conseiller, le pas est franchi. Cela explique peut-être la réécriture de la citation de Plaute qui figurait dans la Lettre familière V, 19 et qui devient dans les Invective contra medicum : Aut quis coquine magistrum indignetur Apitium suam literis disciplinam inserere ? Cur enim inter culinas non scribatur ? Inter latrinas scribitur […]31 ; il s’agit bien de renvoyer dans un lieu encore plus vil que la cuisine le mauvais médecin, le mauvais conseiller, pour ne laisser auprès du pape que l’humaniste indépendant pour qui, comme le rappelle Pétrarque, conseiller efficacement le pape est un devoir de chrétien.
Notes de bas de page
1 Roger de Beaufort devenu pape sous le nom de Clément VI exerça son pontificat du 7 mai 1342 jusqu’à sa mort survenue le 6 décembre 1352.
2 On a décompté pas moins de 41 manuscrits des Invective contra medicum. On sait que Pétrarque donna naissance à son ouvrage en assemblant en 1355 ou 1357 les deux textes qu’il avait adressés quelques années auparavant au médecin de la cour papale. Les livres II à IV, tels que nous les connaissons aujourd’hui, furent composés dans les premiers mois de 1353 ou 1355.
3 Voir en particulier Bausi Francesco, Petrarca antimoderno, Studi sulle invettive e sulle polemiche petrarchesche, Florence, Franco Cesati, 2008. Mais aussi l’édition des Invective contra medicum par Pier Giorgio Ricci, commentée par Bortolo Martinelli, Rome, Edizioni di Storia e Letteratura, 1978. Et sur Pétrarque et la médecine, Petrarca e la medicina, éd. par Monica Berthé, Vincenzo Fera, Tiziana Pesenti Marangon, Messine, Centro interdipartimentale di Studi Umanistici, 2006.
4 Né à Sienne, entre 1340 et 1349, mort après 1406. Il fut lecteur en 1364 de logique et de philosophie au Studium de Florence, auteur de deux traités médicaux, un Tractatus de balneis (entre 1395-1402), dédié au duc de Milan, probablement Gian Galeazzo Visconti, au service duquel Casini avait été dans les années 1387-1388, et un Tractatus de venenis, de 1375, dédié à Philippe d’Alençon, archevêque d’Auch. Francesco Casini fréquenta de près différents papes et princes italiens, il fut premier médecin en Avignon du pape Innocent VI et aussi des papes qui succédèrent à Innocent VI jusqu’à Urbain V.
5 Voir ce qu’écrit Rebecca Lenoir, traductrice des invectives pétrarquiennes, Invectives, Grenoble, Jérôme Millon, 2003, p. 7.
6 « La nouvelle de ta fièvre, Bienheureux Père, a fait passer dans mes membres un frisson d’effroi ; et ce n’est pas une raison pour me traiter de flatteur ou de dire que je ressemble à celui au sujet duquel le Satirique dit ces paroles : “voit-il couler les larmes d’un ami ? il pleure”, et ensuite : “dit-il : “j’ai chaud” ? le voilà en sueur”, mais plutôt à celui qui, comme dit Cicéron, craignait pour le salut du peuple romain, dans lequel il voyait aussi le sien. Mon salut en effet et celui d’un grand nombre reposent sur le tien. » Pétrarque, Fam. V, 19, Paris, Les Belles Lettres, 2002, p. 214, traduction du latin par André Longpré.
7 La curie avignonnaise fut l’objet de critiques féroces de la part de Pétrarque depuis 1351, critiques que l’on peut lire, par exemple, dans les sonnets 136-138 de son Rerum vulgarium fragmenta qui datent des années 1351-1353 et dans ses épîtres IV à XIII dites Sine nomine rédigées à la même époque.
8 Le texte de Cicéron disait : Filium morte multauit. – Si sine causa, nollem me ab eo ortum, tam importuno tamque crudeli ; sin, ut dolore suo sanciret militaris imperi disciplinam exercitumque in grauissimo bello animaduersionis metu contineret, saluti prospexit ciuium, qua intellegebat contineri suam. « “Il condamna son fils à mort.” – Si ce fut sans raison, je voudrais n’être pas le descendant d’un homme si intraitable et si cruel ; mais si ce fut pour affermir, au prix de sa douleur paternelle, le respect de la discipline militaire et pour maintenir les troupes, au cours d’une campagne très critique, par la crainte du châtiment, il pourvut par là au salut de ses concitoyens ; mais il savait bien que de leur salut dépendait le sien propre. » Cicéron, De finibus, texte établi et traduit par J. Martha, revu par C. Lévy, Paris, Les Belles Lettres, 1990, p. 24.
9 Voir l’article en ligne d’Étienne Anheim, « Le pape et les artistes au milieu du xive siècle. Réflexions sur les notions d’acteur et d’institution », Circé. Histoires, Cultures & Sociétés, no 1, 2012 dont je résume quelques éléments essentiels pour mon propos : le pape, en effet, a su faire de la chapelle pontificale – organisme central de la vie religieuse de cour qui avait déjà été réorganisée par son prédécesseur, le pape Benoît XII (1334-1342) quelques années auparavant – le lieu d’innovations qui transforment son rôle et modifient sa fonction au sein de l’institution pontificale : d’instrument liturgique, elle devient progressivement un instrument politique et esthétique de prestige par le recrutement de musiciens professionnalisés, venus de la France du Nord, rompus aux techniques musicales les plus avant-gardistes, celles de la polyphonie dite d’ars nova qui tend dans la seconde moitié du xive siècle à se répandre dans tout l’Occident. De même, dès 1343, l’organisation du travail des peintres à la Curie se modifie en profondeur : si jusqu’alors les peintres, recrutés, selon les circonstances, dans une aire géographique assez vaste, France, Espagne, Italie, Angleterre jusqu’en 1342 étaient employés ponctuellement pour des tâches spécifiques, sans qu’existe une véritable coordination d’un chantier à l’autre, l’arrivée à Avignon de Matteo Giovannetti, originaire de Viterbe, qui reçoit le titre de pictor pape et qui occupe très rapidement une fonction éminente au sein de l’équipe des peintres avignonnais, permet désormais une coordination des travaux et le recrutement d’un personnel spécifique et stable venu d’Italie centrale.
10 « Je sais que ton lit est assailli par les médecins ; voilà la première raison que j’ai de craindre. “C’est à dessein qu’ils sont en désaccord entre eux, car ils ont honte de paraître suivre les traces d’un autre, comme le dit Pline avec élégance, que tous ces intrigants, cherchant la renommée par n’importe quelle nouveauté, ne l’acquéraient qu’au prix de notre vie [...] et la médecine est le seul art où l’on donne aussitôt sa confiance au premier venu se disant médecin, alors qu’il n’en est point où l’imposture ne soit plus redoutable. Cependant, c’est à quoi nous ne prêtons pas attention, tant chacun est séduit par le doux espoir de la guérison. Aucune loi d’autre part ne punit l’ignorance meurtrière ; il n’est pas d’exemple qu’elle ait été châtiée. Les médecins s’instruisent à nos risques et périls, ils poursuivent leurs expériences grâce à des morts, et c’est seulement chez le médecin que l’homicide est assuré de l’impunité totale.” Regarde cette troupe, Père très clément, comme une armée d’ennemis ; que t’instruise le souvenir de l’épitaphe de ce malheureux qui a ordonné qu’on inscrive sur son tombeau seulement ces mots : “Je suis mort de trop de médecins”. Semble s’appliquer parfaitement à notre époque cette prédiction du vieux Marcus Caton : “Le jour où les Grecs nous apporteront leurs sciences et surtout leurs médecins, ils corrompront tout.” Mais parce que nous n’osons plus vivre sans médecins, sans lesquels toutefois d’innombrables nations vivent peut-être mieux et plus en santé et le peuple romain, selon le témoignage du même Pline, a vécu au-delà de six cents ans quand il était dans toute sa vigueur, choisis-en un parmi eux, qui se fasse remarquer non par son éloquence mais par sa science et son honnêteté. Maintenant en effet ils oublient leur profession et osent sortir de leurs fourrés, pour envahir le bois des poètes et le champ des rhéteurs, et comme s’ils ne devaient pas guérir mais persuader, ils disputent à grands cris autour du lit des pauvres malades ; pendant que ces derniers sont en train de mourir, ils mêlent les nœuds d’Hippocrate à la toile cicéronienne, s’enflent d’orgueil même dans les événements malheureux et se glorifient non pas de résultats concrets mais de la sotte élégance de leurs paroles. Et pour que tes médecins n’aillent penser que j’invente aujourd’hui ce que je dis, qu’ils sachent que dans presque toute ma lettre j’ai eu comme guide Pline, que j’ai souvent nommé et qui a tant écrit au sujet de la médecine et encore plus et avec plus de vérité que tout autre au sujet des médecins ; qu’ils l’écoutent donc encore : “Il est notoire, dit-il, que le plus habile à discourir d’entre eux devient aussitôt le maître de notre vie et de notre mort”. Mais poussé par la crainte, je me suis laissé emporter plus que je n’avais prévu ; pour conclure, tu dois éviter comme quelqu’un qui attente à ta vie, comme un assassin ou un empoisonneur, le médecin qui brille non par sa science mais par ses belles paroles. À lui on peut dire à très bon droit ce que dans l’Aululaire de Plaute le vieillard dit au cuisinier bavard : “Va, dit-il, on vous a engagés pour travailler, non pour discourir” » (Lettre familière V, 19, § 3-8, p. 216-218).
11 Il affirmera, en effet, dans les premiers livres de ses Lettres familières qu’il s’est tenu à l’écart des charges publiques, malgré ses études universitaires en droit, et qu’il n’a jamais fait commerce de sa parole.
12 « Aie en outre grand soin de toi et, ce qui aide merveilleusement à la santé du corps, garde confiance et aie un bon moral, si tu désires revenir à la santé, et si tu désires que nous tous, de même que l’Église souffrante, nous revenions à la santé avec toi » (Pétrarque, Fam. V, 19, p. 218).
13 Comme en témoignent les lettres et les épîtres en vers que Pétrarque adressa à Benoît XII durant l’été 1335 et en 1336, la très longue épître métrique (II, 5) rédigée en 1342, à l’adresse de Clément VI, qui n’y donna aucune suite.
14 Invectives…, II, § 8, p. 122 ; III, 11, p. 168.
15 Ydiota (Invectives…, III, § 8, p. l57) ; Ydiote procaces (« crétins bavards », III, § 2, p. 143) ; O ydiota, omnium tediosissime quos unquam audierim quid hic contra poeticam singulare (« Ô crétin le plus répugnant que j’ai jamais entendu, que peut-on reprocher à la poésie qui lui soit spécifique ? », III, § 4 p. 146) ; senex puer (« enfant sénile », IV, § 1, p. 202), senex delirantissime (« vieux dément », II, § 9, p. 124) ; amens vage (« fou errant », II, § 10, p. 130) ; Tu michi ergo, vesane et omnis boni expers, inter acervos iurgiorum etiam solitudinem exprobasti (« Toi qui es atteint de folie et dénué de toute qualité, au milieu d’un fatras de critiques, tu as attaqué mon penchant pour la solitude », IV, 1, p. 200).
16 « Où pourrais-tu faire étalage de ton pauvre petit esprit si ce n’est au milieu des foules crédules et imbéciles ? » (Invectives…, IV, § 5, p. 214-215).
17 Invectives…, I, § 8, p. 59 ; tu de tanta ignorantia… indocte (II, § 9, p. 124) ; ille fatuum potius quam philosophum representat (II, § 10, p. 130) ; vir doctissime (III, § 8, p. 158) ; profundissime speculator (IV, § 8, p. 228).
18 Invectives…, II, § 4, p. 101.
19 Sophista ridicule (Invectives…, II, § 6, p. 106) ; semper scolastice literator (III, § 14, p. 183) ; et penitus nichil estis, nisi verba insania nugeque volatiles (« Vous n’êtes que des nullités profondes, de vaines paroles et des sornettes volatiles », III, § 15, p. 196).
20 Procaces et discordes (Invectives…, I, § 3, p. 46) ; discordes ac nescios medicos (I, § 3 p. 48) ; medicos discordare, et qui discordi et vario e prorsus incerto medicorum imperio, quam indecisa discordia (I, § 6, p. 52) et enfin turbam dissidentium medicorum (I, § 7, p. 54).
21 Quisquis es qui iacentem calamum et sopitum – ut ita dixerim – leonem importunis latratibus excitasti, iam senties aliud esse alienam famam prurienti lingua carpere, aliud propriam ratione defendere. « Qui que tu sois, toi qui as réveillé ma plume endormie et tiré le lion de son sommeil, osons le dire, par tes fâcheux aboiements, tu vas rapidement t’apercevoir que déchiqueter la renommée d’autrui, parce que la langue te démange, est une chose, mais que savoir défendre la sienne en est une autre […] » (Invectives…, p. 44-45). Les « aboiements » du médecin seront repris également au début du livre II des Invectives.
22 « Tu n’as besoin d’aucune aide extérieure pour cela, réjouis-toi, auguste orateur ! Point n’est besoin de délateur, rat laborieux : tes propres traces te trahissent, tant les sinistres effluves de ton discours mal bâti se répandent largement » (Invectives…, II, § 1, p. 82) ; « Pleurez, inventeurs des arts, le roi des ânes foule vos terres, il n’est pas seulement philosophe, il règne sur la philosophie ! » (II, § 2, p. 88) ; « Implore l’aide de tous les sophistes et de toute la logique ; tu réussiras plus facilement à me convaincre que tu es une huppe plutôt qu’un philosophe. Tu t’étonnes, crétin, tu me demandes : “En quoi ressemblé-je à la huppe ?” Rien ne lui ressemble plus. C’est un oiseau qui porte chapeau, avec une crête au sommet, et qui impressionne les enfants. Mais en réalité c’est un oiseau des plus dégoûtants, dont la nourriture est immonde. Je ne veux pas être obscène, non par égard pour toi qui ne t’horrifies pas des choses dont l’odeur te délecte, mais par égard pour ceux qui liront ou entendront mes propos. Informe-toi auprès d’un naturaliste ; il te dira ce que mange la huppe. Puis considère ta personne et tes façons d’agir. (Ne te voile pas les yeux ! Il n’est pas de criminel plus pernicieux et coupable que celui qui nie sa faute.) Tu te rendras compte que tu as la même nourriture que cet oiseau. Je t’en prie donc, chère huppe, cesse de philosopher ; un âne y parviendra plus vite que toi. Certes le célèbre philosophe platonicien Apulée, dont j’ai parlé plus haut, ayant bu un philtre empoisonné, “indique ou imagine” comme le dit saint Augustin, qu’il s’est transformé en âne et raconte pour s’amuser que c’est sous cette apparence qu’il philosopha ; mais il n’existe aucune huppe philosophe. Courage, huppe, fais comme d’habitude, fouille les tombeaux, sans parler du reste… laisse la philosophie aux philosophes. Tu croyais en être un : tu te trompais. Le philosophe, comme son nom l’indique, aime la sagesse, toi, tu es esclave du profit » (II, 9, p. 126).
23 « Cesse donc d’imposer aux bien portants la lèpre, l’ambition et l’avarice qui te rongent. Toi l’obséquieux, tu n’es pas seulement un flatteur, mais, si tu es bien celui auquel je pense, tu es également un fétide flagorneur qui ne se contente pas de tourner autour des pots de chambre des papes mais aussi de ceux des pauvres gens, dans l’espoir de quelque gain ignoble. Moi par contre, j’ai l’habitude d’aller par les forêts riantes et les collines solitaires avec un seul désir : la connaissance et la gloire » (I, § 4, p. 50). On notera la reprise parodique du vers 74 du chant VI de l’Enfer de Dante qui stigmatise les trois vices propres aux Florentins : superbia, invidia e avarizia, « orgueil, envie et avarice ».
24 Nichil, scito, nisi verborum tuorum fetores metuo, « Je ne crains rien, sache-le, hormis l’odeur fétide de tes propos » (II, § 8, p. 116).
25 Voir, par exemple, les pages 55 et 115 des Invectives.
26 Voir le livre I, § 9, p. 58.
27 On sait que Pétrarque décline en 1351 la proposition de Boccace d’enseigner au Studium de Florence, refusant ainsi une activité stipendiée.
28 Voir à ce sujet l’article consultable en ligne de Stefano Cracolici, « Il testo medico universitario dentro e fuori l’accademia : considerazioni sul caso quattrocentesco », http://www.academia.edu/982086/Il_testo_medico_universitario_dentro_e_fuori_laccademia_considerazioni_sul_caso_quattrocentesco.
29 Voir Moulinier-Brogi Laurence et Nicoud Marilyn, « Fama ou Légende ? De la vie de quelques médecins italiens d’après les témoignages médiévaux », Micrologus XXI, The Medieval Legends of Philosophers and Scholars, Sismel, Galluzzo, 2013, p. 445-470.
30 Crisciani Chiara, « Éthique des consilia et de la consultation : à propos de la cohésion morale de la profession médicale (xiiie-xive siècles) », Paris, Médiévales 46, printemps 2004, p. 23-44 (p. 25).
31 « Qui s’indignerait que maître en art culinaire comme Apicius ait mis son savoir-faire par écrit ? Pourquoi n’écrirait-il pas dans les cuisines, si l’on écrit dans les latrines ? », II, § 1, p. 86.
Auteur
Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, CERLIM
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Les écritures de la douleur dans l’épistolaire de l’Antiquité à nos jours
Patrick Laurence et François Guillaumont (dir.)
2010