L’orchestration épistolaire de la lutte de Guillaume de Saint-Thierry et Bernard de Clairvaux contre Abélard
p. 305-320
Texte intégral
1Nous sommes aux alentours de l’an 1140. Trois personnages sont impliqués dans un conflit dont l’élément déclencheur est une lettre, et qui ne trouvera sa résolution que par l’utilisation massive de l’arme épistolaire : Pierre Abélard, enseignant dialecticien et théologien ; Guillaume de Saint-Thierry, son contemporain, moine théologien ; Bernard de Clairvaux, d’une bonne dizaine d’années leur cadet, abbé cistercien renommé1. À l’origine de l’affaire se trouvent deux textes, réunis dans un manuscrit intitulé Theologia Petri Abaelardi, que Guillaume de Saint-Thierry a « par hasard2 » entre les mains dans les premiers mois de l’année 1140 ou 11413 : la troisième version de la Theologia Scholarium d’Abélard ; le Liber sententiarum, rédigé par un de ses disciples, mais que Guillaume pense être d’Abélard4. Ce sont des développements argumentatifs complexes, reflets, saisis par la plume, de moments d’une pensée jaillissante et mouvante. Ils seront figés, résumés de façon caricaturale.
2Guillaume, retiré depuis 1135 dans le monastère cistercien de Signy, réagit aux écrits d’Abélard par une lettre d’avertissement brève, accompagnée d’un traité : seule part apparente qu’il prendra au conflit, mais qui détermine toute la suite5. Bernard de Clairvaux en est l’un des deux destinataires. Sa contribution nous est essentiellement connue par deux séries de lettres, organisées en liasses à la fois chronologiques et thématiques dans le recueil de sa correspondance6. La première série (Ep. 187 à 1947) appartient à l’ensemble de 310 lettres8 constitué par la chancellerie de Clairvaux peu de temps après sa mort, elle s’inscrit dans un ensemble consacré à sa lutte contre les hérésies9 ; la seconde (Ep. 327 et 330-338) a été rassemblée par ailleurs, dans les Epistolae extra corpus (311-547). Elle figure dans l’édition de Mabillon, mais n’a pas fait l’objet d’une transmission aussi contrôlée, et donc d’une révision aussi précise. De fait, certaines lettres (331-336 et 338) sont répétitives et semblent n’apporter que peu d’informations nouvelles. Mais si les continuités sont nombreuses entre les deux séries, la seconde donne cependant à voir un visage et une rhétorique différents.
3La bibliographie sur la controverse entre Bernard et Abélard est immense10. À défaut d’apporter des éléments novateurs, cette contribution, préliminaire à la traduction des lettres concernées pour la collection « Sources Chrétiennes », voudrait donner une vue d’ensemble de la stratégie mise en œuvre pour transmettre une réécriture des événements qui légitime a posteriori l’attitude de l’abbé de Clairvaux. Ce faisant, nous nous inscrivons dans la lignée des travaux récents de Wim Verbaal, qui insiste sur la nécessité d’une approche littéraire et rhétorique des sources du concile de Sens11. Dans ce corpus, le genre épistolaire joue en effet un rôle déterminant, aussi bien dans le déroulement du conflit que dans sa transmission à la postérité. Beaucoup des questions encore ouvertes sont liées à une interférence entre deux fonctions données aux lettres aussi bien par Bernard que par les chercheurs modernes : servir de document historique ; permettre une construction rhétorique qui donne à voir une interprétation des faits. Or l’une et l’autre fonctions sont entravées dans ce conflit. La première, parce que les informations des lettres de Bernard sont lacunaires, mais aussi parce qu’une lettre ne se comprend que dans ce que William G. Doty, cité par Jean Leclercq, appelle « situation épistolaire » : le porteur des lettres a une mission conjointe12 à laquelle nous n’avons plus accès. La seconde, parce que Bernard n’a pas une maîtrise totale de la diffusion de ses missives… Nous verrons dans quelle mesure la lettre initiale de Guillaume de Saint-Thierry, conseiller théologique dont l’influence s’est sans aucun doute exercée au-delà du simple avertissement, fait partie intégrante de la machine de guerre épistolaire mise en œuvre contre Abélard.
De la lettre d’avertissement à la lettre-traité
L’élément déclencheur
4Lisons dans un premier temps la lettre de Guillaume comme ce que la tradition cistercienne a voulu en faire : l’élément déclencheur de l’affaire.
5Guillaume est profondément ému, angoissé même, à la lecture des textes d’Abélard13. Son engagement contre la pensée de ce dernier est de longue date, il était déjà l’un des instigateurs du concile de Soissons en 1121, au cours duquel la doctrine trinitaire du dialecticien avait été condamnée. Retiré à Signy, il veut trouver un moyen de le contrer efficacement en choisissant comme destinataires de sa missive deux personnages influents, à qui il s’adresse avec grand respect14, même s’il sait aussi leur reprocher leur silence15 : Geoffroy de Lèves, évêque de Chartres depuis 1116, nommé légat de France en 1132 par le pape Innocent II, et Bernard de Clairvaux. Geoffroy a toujours été proche d’Abélard, qu’il a notamment soutenu au concile de Soissons. S’adresser à lui en même temps qu’à Bernard, en insistant sur le rôle décisif que ces hommes puissants peuvent jouer, c’est donner un gage d’impartialité pour le jugement de la doctrine en cause16.
6Les deux amis ont déjà eu maintes fois l’occasion de faire front ensemble contre les menaces théologiques ; mais au-delà de ses compétences de théologien, c’est bien plus aux talents rhétoriques et au réseau d’influence de Bernard que Guillaume veut recourir. La foi même de l’Église lui paraît menacée, il faut pour la défendre un champion capable de se faire entendre, « car il ne s’agit pas de détails, mais de la foi en la sainte Trinité, de la personne du Médiateur, du Saint Esprit, de la grâce de Dieu, du mystère de notre commune Rédemption17 ». Les développements d’Abélard sont qualifiés de « nouveautés18 ». Ce leitmotiv willelmien peut faire écho à son homologue bernardin, qui sera omniprésent dans les lettres de la controverse, mais qu’on trouve aussi auparavant, par exemple dans la lettre-traité de Bernard sur le baptême : visant, sur le conseil d’Hugues de Saint-Victor, un « auteur » anonyme qu’il ne nomme jamais19, mais qui est vraisemblablement Abélard, Bernard écrivait que ce maître qui s’appuie par trop sur des raisonnements humains lui « sembl[ait] être plus curieux d’innovations que soucieux de vérité20 ».
7Pour Guillaume, le temps des sentiments personnels est révolu, car le mal s’est déjà répandu dans l’Église entière :
Ses livres traversent les mers, ils franchissent les Alpes, et ses nouveaux avis au sujet de la foi, ses nouveaux dogmes sont colportés de provinces en royaumes ; ils sont prêchés avec enthousiasme et défendus ouvertement, à tel point qu’ils ont même acquis de l’autorité, paraît-il, auprès de la curie romaine.21
8Aussi use-t-il de moyens divers pour persuader l’abbé de Clairvaux, chez qui il touche plusieurs cordes sensibles. L’hérésie qui s’insinue dans l’Église, ce sont les fléaux annoncés dans le Ps 90, la flèche qui vole au grand jour, l’intrigue qui chemine dans les ténèbres, sans doute le pire des dangers insidieux, parce que cet ennemi intérieur existe aussi bien dans l’âme individuelle qu’à l’échelle de l’Église tout entière22. Habilement, Guillaume reprend la description des âges de l’Église chère à Bernard23 : après les luttes des martyrs et des saints docteurs, en une époque de paix relative, l’hérésie peut ressurgir. Quant à l’allusion à la curie romaine, elle est aussi très habile : Bernard n’y a plus l’influence qu’il y avait auparavant, il sait que s’y trouvent de fervents partisans d’Abélard, comme Hyacinthe Bobone ou Guy de Castello.
9La lettre comporte un exposé succinct de treize capitula, qui rendent compte en termes lapidaires des nova dogmata d’Abélard, détachés de tout contexte et absents comme tels de ses œuvres. Certes, cette énumération n’est qu’un sommaire, Guillaume joint à sa lettre un aride traité théologique, vingt fois plus long qu’elle, la Disputatio adversus Petrum Abaelardum24, qui réfute l’un après l’autre les capitula ; il fait également parvenir à Bernard les deux livres qui l’ont ému, annotés25.
10La lettre de Guillaume est l’archétype du texte propre à déclencher chez Bernard la réponse exigée par l’amicitia, au nom de l’utilitas, c’est-à-dire de la défense de la vérité en vue du salut26. Bernard n’entrera qu’à contrecœur dans la discussion théologique, mais acceptera d’user contre Abélard de ses talents épistolaires, au service de ce qu’il pense être la sauvegarde de sa foi. Sa réponse rapide montre à quel point sa décision est tributaire de ce que lui a présenté Guillaume :
À son très cher Guillaume, le frère Bernard.
Je juge votre émoi à la fois juste et nécessaire. Il n’est pas stérile non plus, votre opuscule le montre bien, frappant et fermant la bouche de ceux qui profèrent des impiétés. Non que je l’aie déjà lu très attentivement, comme vous l’ordonnez ; mais, de ce que j’ai pu voir en le parcourant, je reconnais qu’il me plaît et estime qu’il a le pouvoir de renverser une doctrine impie. Mais, parce que je n’ai pas l’habitude, comme vous le savez très bien, de me fier suffisamment à mon jugement, surtout quand il s’agit de choses si importantes, je pense qu’il vaut la peine, une fois trouvé le moment favorable, que vous et moi nous nous rencontrions quelque part et échangions sur tout cela. Cependant, je pense que cela ne peut se faire avant Pâques, pour que, comme le prescrit le temps liturgique où nous sommes, la ferveur de la prière n’en souffre pas. Prenez donc en patience mon silence et ma propre patience concernant ces affaires, puisque jusqu’à ce jour beaucoup d’entre elles et même presque toutes m’étaient inconnues. Mais pour ce à quoi vous m’exhortez, Dieu peut aussi me donner le bon esprit grâce à vos prières. Portez-vous bien.27
11Dans cette lettre, hors collection officielle, Bernard apparaît peu pressé de combattre Abélard ; conscient de ses faiblesses, reconnaissant son ignorance, il montre l’importance qu’il accorde à la compétence théologique de Guillaume. On retrouve une trace discrète de cette thématique dans la lettre officielle 189, mais elle y sonne comme un procédé rhétorique soulignant l’humilité de l’abbé28, d’autant plus que cette timidité est aussitôt corrigée par la raison fondamentale du refus initial de Bernard de se mesurer à Abélard29 : il est indigne de la foi d’être confrontée à la petitesse des arguments humains30.
12Que la réponse à Guillaume ait été écartée est cohérent avec l’ellipse qui suit son envoi dans les dossiers « Abélard » de la correspondance de Bernard. D’après les études historiques actuelles, Bernard semble avoir pratiqué envers Abélard, suite à l’avertissement de Guillaume, les étapes de la denuntiatio evangelica31. Il a pris des informations auprès du bénédictin Thomas de Morigny ; il a sans doute rencontré Abélard seul à seul, puis en présence de témoins32 ; suite au refus de ce dernier de modifier ses écrits, il s’est adressé indirectement à lui par les prédications faites à la fin de 1140 et au début de 1141 devant les étudiants parisiens, prédications qui ont donné naissance à son traité De conversione. De toutes ces démarches, aucune trace dans les deux dossiers épistolaires, officiel et non officiel, qui reprennent seulement à l’aube du concile de Sens, lorsqu’il s’agit de dessiner, au moment de la publica denuntiatio, le visage décidé d’un combattant à qui la victoire est promise, face à un adversaire du salut duquel on n’a plus à se préoccuper. Cette ellipse tient bien sûr à la nature plus discrète et confidentielle des étapes précédentes. Mais pas un mot sur les craintes de Bernard devant le nombre des étudiants disposés à soutenir Abélard, évoquées dans la Lettre des évêques33, et seulement une allusion, dans la Lettre 189, aux « amis34 » qui l’ont fait changer d’avis, eux que Geoffroy d’Auxerre qualifiera d’« hommes importants35 ».
Similitudes et différences entre le dossier willelmien et le premier dossier bernardin (Ep. 187, 188, 190)
13Epistola Willelmi et Rescriptum Bernardi donnent à voir une profonde connivence théologique entre les deux amis, que la suite du dossier va confirmer. La rencontre prévue après Pâques 1140 a-t-elle ou non eu lieu ? Impossible de le dire, mais les similitudes sont multiples entre la Disputatio et la grande lettre-traité 190 rédigée par Bernard, que Mabillon intitule Tractatus contra errores Petri Abaelardi, car elle contient la véritable matière argumentative. Tout d’abord, la structuration des documents est identique : deux lettres introductives (187 et 188), un traité argumentatif (190), et, dans une trentaine de manuscrits, une liste de capitula, sans doute ajoutés ultérieurement et issus du concile de Sens36, qui reprennent, sous une forme légèrement différente car Bernard a utilisé d’autres sources, les capitula de Guillaume. Mais les similitudes concernent surtout le contenu de la Lettre 190 : Bernard ne s’est pas contenté du survol de la Disputatio mentionné dans le Rescriptum37. La Disputatio a certainement été la source première de Bernard ; Guillaume est peut-être même intervenu directement pour corriger la réfutation bernardine : le manuscrit S38, qui contient la première rédaction de la Lettre 190, semble porter des corrections très anciennes qui pourraient être l’œuvre de Guillaume lui-même39.
14Cependant le rôle de Guillaume a été occulté : la nécessité, pour combattre efficacement Abélard, du passage de la réfutation théologique à la polémique épistolaire suffit à l’expliquer. Car si les similitudes d’organisation des dossiers wilhelmien et bernardin sont flagrantes, elles ne sauraient cependant masquer un net glissement. D’abord, Bernard a certainement lu les textes d’Abélard moins attentivement que Guillaume40. Dans le Rescriptum, il ne les mentionne pas ; dans la Lettre 188, il évoque leur présence à la curie romaine, dans le cadre d’une exhortation ironique à la lecture41, cette sorte de pirouette lui permettant ensuite de les exclure du débat42. En tout état de cause, quand Bernard parle des livres d’Abélard, c’est toujours pour dire qu’ils sont désormais loin de lui. Par ailleurs, les deux lettres brèves qui préludent à la Lettre 190, écrites par Bernard entre janvier et mai 1141, ne manifestent plus un émoi individuel, mais constituent les premiers éléments d’un dossier de rhétorique judiciaire très bien analysé par Wim Verbaal43. La Lettre 187, adressée aux évêques convoqués au concile, se compose d’un exordium et d’une captatio benevolentiae.
15La Lettre 188, un peu plus longue, destinée aux évêques et cardinaux de la curie, contient la propositio. Cette fois Bernard s’adresse à ceux qui détiennent l’auctoritas, par un plaidoyer qui n’est pas théologique, mais « dénonce l’arrogance de la raison humaine qui réduit la foi à l’impuissance44 ». La Lettre 190, adressée directement au pape Innocent II, contient l’argumentatio. Mais là où la Disputatio est véritablement une entreprise de réfutation de la méthode spéculative d’Abélard, par un auteur qui connaît de l’intérieur l’enseignement des écoles, la Lettre 190, même si sa teneur théologique mérite un examen sérieux, est d’abord un chef-d’œuvre de rhétorique qui centre le débat sur l’opposition entre fides et ratio. Bernard a le sens de la formule qui frappe le destinataire ; il brosse le portrait d’un homme dangereux risquant de faire sombrer l’Église dans le relativisme45. Arguant précisément du recours au genre épistolaire, il justifie le survol des propositions d’Abélard sans réfutation approfondie de ses traités46 :
Il y a dans ses autres écrits beaucoup d’autres propositions qui ne sont pas moins mauvaises, mais le manque de temps et la brièveté d’une lettre m’empêchent d’y répondre. Cependant je ne crois pas que cela soit nécessaire : elles sont si manifestement erronées que même la foi commune les réfuterait facilement.47
16Par une stratégie commune, Guillaume et Bernard ont donc réduit les positions complexes de leur adversaire à une série de propositions à accepter ou condamner. La flamboyante Lettre 190 a déplacé le conflit sur le terrain de l’attaque ad hominem. Or la Disputatio a une tradition manuscrite très pauvre ; on a en revanche 117 manuscrits de la Lettre 19048, qui attestent une histoire de rédaction et de transmission complexe : c’est par ce prisme ô combien déformant que les positions abélardiennes sont passées à la postérité.
La stratégie épistolaire de Bernard après le concile de Sens
17Résumons brièvement ce qui constitue une nouvelle ellipse dans l’œuvre bernardine. Nous sommes maintenant au seuil du concile de Sens. Bernard a écrit des lettres ; Abélard reste sur le registre initial de la discussion et répond aux accusations principalement par des écrits théologiques49. Il veut provoquer une discussion publique avec Bernard. Une occasion se présente : le 25 mai 1141, pour l’Octave de Pentecôte. De nombreux évêques se rassembleront et le roi Louis VII sera présent. Divers témoignages épistolaires non adressés à Bernard nous renseignent sur l’intention du théologien parisien : engager une discussion dialectique et la remporter pour prouver sa bonne foi. Bernard va retourner la situation : la veille de l’arrivée d’Abélard, il convainc les évêques présents des erreurs de son adversaire, sur la base des 19 capitula. On a à ce sujet le témoignage de Bérenger dans l’Apologie, une mention dans la Lettre 33750, mais absolument rien dans les écrits de l’abbé de Clairvaux... Quand son adversaire arrive le lendemain, tous sont prévenus contre lui et la discussion n’aura pas lieu. Défait, pris au dépourvu, Abélard refuse de se soumettre à l’autorité des évêques réunis en synode et en appelle au pape. Cette victoire provisoire pour Bernard est à conforter auprès de la curie.
Les lettres post-conciliaires du Corpus Epistolarum
18C’est à ce moment que l’activité épistolaire de Bernard reprend : les évêques ont validé la condamnation théologique, reste à obtenir du pape la condamnation de l’homme. Dans la collection, on trouve deux lettres adressées au pape Innocent II après le 2 juin. La Lettre 189, qui n’est pas à sa place chronologique dans le recueil car elle contient la narratio, fait écho sur quatre pages à la Lettre 187 en reprenant le thème de l’Épouse menacée du Cantique des Cantiques. Sa structure rhétorique est très soignée : « un long exorde avec captatio benevolentiae (1-2) suivie par l’accusation propre dans une proposition (2) ; la narration proprement dite, comprenant fabula et historia (4) ; finalement la péroraison sous forme d’exhortation (5)51. » La Lettre 191 constitue la peroratio. Écrite ex persona, au nom de l’archevêque de Reims et des évêques de Soissons, elle prolonge la précédente pour discréditer Abélard.
19Logiquement complémentaires de ces deux missives au pape, deux lettres brèves ont été ajoutées tardivement dans le recueil52, des exhortationes à l’adresse cette fois des cardinaux de la curie. La première, la Lettre 192, pour le cardinal Guy de Castello, ancien disciple d’Abélard, futur pape Célestin II, un homme qui était présent à Sens et que Bernard redoute ; la seconde, la Lettre 193, difficilement datable, est destinée au cardinal-prêtre Ivo de Abach, ancien chanoine de Saint-Victor et donc hostile à Abélard. Elles sont de longueur équivalente, et la différence entre leurs destinataires vient à l’appui de l’image d’impartialité que Bernard veut donner. Elles offrent un condensé particulièrement intéressant de ce qui importe pour Bernard, formulé avec plus ou moins de retenue en fonction du destinataire : la présomption d’Abélard qui « ne voit rien au travers du miroir » de 1 Corinthiens 13, 12 mais se croit digne du « face à face »53 ; le fait qu’il introduise des « nouveautés » alors même qu’il reprend des hérésies anciennes déjà combattues victorieusement par les Pères ; son essentielle dissimilitudo d’avec lui-même, en contradiction profonde avec la pensée biblique54 ; la réponse nécessaire qui en découle : un tel homme ne peut qu’être réduit au silence.
20La Lettre 194, ou bulle Testante apostolo, datée du 16 juillet 1141, illustre l’efficacité de la stratégie bernardine. Prenant appui sur les lettres et les capitula de Bernard, le pape tranche et donne le iudicium, la condamnation d’Abélard, avant que ce dernier n’ait pu venir à Rome. La discussion sur l’argumentation théologique reste absente, aucune citation n’est faite des écrits d’Abélard. En revanche, est rappelée l’autorité du Saint-Siège, et édictée l’interdiction de toute disputatio relative à la foi chrétienne55.
L’Epistola Willelmi a-t-elle été réécrite ?
21Ne faut-il pas maintenant réexaminer l’Epistola Willelmi ? Elle s’intègre en effet tout naturellement dans le dossier. Le manuscrit S paraît représentatif de l’image qu’on a voulu donner du conflit dans les milieux cisterciens peu après le concile de Sens. On y trouve, à la suite : Epistola Willelmi, Disputatio ; ajouté tardivement, le Rescriptum Bernardi ; les Lettres 188 et 189, soit une version allégée des phases antérieure et postérieure au concile de Sens ; la décision papale (Lettre 194) et enfin la Lettre 19056 en point culminant.
22L’Epistola Willelmi présente quelques incohérences qui peuvent trouver leur explication si l’on suppose une révision postérieure à l’affaire. Tout d’abord, comme le remarque Pietro Zerbi57, cette lettre est marquée par l’urgence d’un danger imminent ; or elle renvoie à un traité élaboré que Guillaume ne saurait avoir rédigé en quelques jours. Ajoutons à cet argument l’observation de Jean Leclercq : sur le manuscrit S, la main change notamment dans le 4e paragraphe : la transition de la lettre avec la Disputatio pourrait avoir été un ajout.
23Reprenons l’argumentation de Pietro Zerbi58. On peut s’interroger sur le choix des destinataires. Que Guillaume écrive à Bernard, cela paraît naturel et cohérent avec le ton de la lettre. Mais Geoffroy de Lèves peut-il vraiment avoir été destinataire initial de ce courrier ? La formule vos etiam timet homo ille et reformidat paraît l’interdire. Geoffroy s’est certes laissé convaincre par Bernard au cours des discussions préparatoires au concile de Sens, mais au moment où la lettre de Guillaume est censée avoir été écrite, ce n’est en aucun cas un adversaire d’Abélard. Il est probable que le choix de Geoffroy a été fait plus tard : Bernard se heurte à des oppositions concernant la légitimité de son intervention auprès du pape. Il critique Abélard, à la fois moine et professeur dans les écoles, mais lui n’a rien à faire non plus, comme abbé cistercien, dans les affaires de la papauté… Il a absolument besoin d’associer la responsabilité et l’autorité de l’épiscopat à sa démarche. Notons également que Guillaume semble passer outre l’étape de la réprimande privée, alors même qu’il affirme avoir été l’ami d’Abélard59. Or Bernard, on l’a vu, est réputé avoir effectué la denuntiatio evangelica. Serait-ce un élément pour contribuer, par contraste, à l’effacement de Guillaume ?
24Il semblerait donc que l’on puisse lire l’Epistola Willelmi à la fois comme la lettre initiale de l’indicateur et comme la lettre conclusive d’un dossier très complexe, révisé a posteriori pour parachever l’image de Bernard construite par la transmission cistercienne.
L’autre éclairage des lettres extra collectionem
25L’examen des lettres extra collectionem (330-338) fournit des éléments complémentaires en faveur de la réorganisation et de la réécriture du dossier a posteriori. Elles trahissent une maîtrise bien inférieure de la situation. Si l’on met de côté la Lettre 330, sans doute une première rédaction de la Lettre 189, les sept lettres qui sont parvenues jusqu’à nous sont adressées aux évêques et cardinaux de la curie romaine. Elles sont brèves60, très pressantes, toutes datables de juin 114161. Leur nombre et la rapidité de leur succession sont remarquables : elles doivent arriver à Rome avant Abélard. On y retrouve les thèmes déjà évoqués supra dans les Lettres 192 et 193, mais sur un mode plus agressif : le triptyque des hérésies d’Abélard – celle d’Arius pour la Trinité, de Pélage pour la grâce, de Nestorius pour la personne du Christ – devient un véritable leitmotiv62. L’Église est en péril, et Bernard n’est pas sûr de l’issue du combat. Les attaques ad hominem se font encore plus virulentes – apparaissent les images du serpent, de l’hydre63, du dragon64, et même du précurseur de l’Antéchrist65. L’influence d’Abélard sur des disciples nombreux, et en particulier sur les générations futures, est évoquée avec insistance66 ; mais surtout revient dans chacune des lettres le thème de son influence pernicieuse au sein même de la curie, objet de la véritable inquiétude de Bernard67. Il multiplie les courriers, comme pour « prendre d’assaut la curie romaine et lui dicter ses volontés68 ».
Conclusion
26Tout opposait Bernard et Abélard : « Pierre Abélard incarne tout ce dont Bernard se méfie : l’intelligence triomphante, l’arrogance dominatrice, les prouesses dialectiques, une célébrité immense fondée sur la foi passée au crible de la raison au détriment de la vie intérieure, l’obstination à tenir des positions qu’on croit à jamais conquises, l’orgueil que seul est venu briser, un moment, la condamnation pour hérésie, […] méthode fondée sur le doute69. » Une vraie confrontation s’imposait. Mais aucun des deux hommes n’était capable de la soutenir : Bernard, trop inquiet, paradoxalement, de ses capacités à la disputatio, et hostile par principe à la confrontation d’idées ; Abélard sans doute trop fragile – et, de toute façon, n’ayant guère le choix ! Elle n’aura donc pas lieu ; mais Bernard, au départ contre sa volonté, pour des raisons historiques complexes aujourd’hui mieux connues, va se faire le redoutable héraut épistolier des nombreux adversaires d’Abélard.
27Il agit alors avec le maître parisien comme à son habitude dans les controverses doctrinales : pas de confrontation ou de lettre directe, mais des écrits adressés à ceux qui sont ou qu’il voudrait voir devenir ses alliés, liés par l’amicitia dans une foi commune. S’il y a danger pour l’Église, comme c’est le cas avec Abélard, il convient simplement de réduire au silence le fauteur de trouble, sans nécessité d’entrer dans la logique de sa pensée pour le contredire. Cependant cette réponse pouvait sembler un peu courte à ses contemporains, et Bernard lui-même le savait bien. Il prend donc la peine, alors même qu’il a gagné son « procès » contre Abélard, de réécrire et de sélectionner soigneusement les documents de son recueil, transformant pour la postérité ce qui aurait dû être un débat d’idées en une lutte épistolaire inégale contre l’arrogance d’un rationaliste présomptueux. À Clairvaux comme à Signy, on orchestrera, très efficacement, ce procès littéraire : le véritable débat d’idées sera ainsi retardé de plusieurs siècles, puisqu’il faudra attendre les travaux d’édition critique des œuvres d’Abélard pour renouveler en profondeur la compréhension du concile de Sens.
Notes de bas de page
1 Approximativement Guillaume naît en 1075, Abélard en 1079, Bernard en 1090.
2 Casu : Guillaume de Saint-Thierry, Epistola Willelmi 2, dans Opera Omnia V, Opuscula adversus Petrum Abelardum et de fide, éd. par P. Verdeyen, CCM 89 A, Turnhout, Brepols, 2007, p. 13-15, ici p. 13, l. 25.
3 La date du concile de Sens a été longtemps controversée (2 juin 1140 ou 25 mai 1141). Une majorité se dessine dans les travaux récents en faveur de l’année 1141 : voir notamment Mews Constant J., « The Council of Sens (1141). Abelard, Bernard, and the Fear of Social Upheaval », Speculum, 77/2, 2002, p. 342-382. Nous adoptons ici cette date, qui conditionne les autres.
4 Sur l’identification de ces ouvrages, voir notamment Buytaert Eligius M., « Abelard’s trinitarian doctrine », dans Peter Abelard. Proceedings of the international conference (Louvain, 10-12 mai 1971), Louvain 1974, coll. « Mediaevalia Lovaniensia », Series I/Studia II, p. 144-148.
5 Voir note 2. Dans le corpus bernardin, c’est l’Epistola 326 (PL 182, c. 531-533), car Mabillon l’a éditée parmi les œuvres de Bernard.
6 Elle l’est aussi par des écrits hautement sujets à caution : son hagiographie par Geoffroy d’Auxerre, ancien disciple d’Abélard devenu zélé secrétaire de Bernard (Vita Prima Sancti Bernardi Claraevallis abbatis III, V, 13-14, éd. par P. Verdeyen, CCM 89B, Turnhout, Brepols, 2011, p. 141-143) et sa caricature dans l’Apologia contra Bernardum de Bérenger de Poitiers, éd. par R.M. Thomson, « The satirical works of Berengar of Poitiers : an edition with introduction », Medieval Studies, 42, 1980, p. 89-138.
7 Les Lettres 195-196 peuvent y être rattachées, car elles traitent d’un disciple d’Abélard présent au concile de Sens, Arnaud de Brescia.
8 Sur l’histoire de la constitution du recueil des lettres, voir Leclercq Jean, « Lettres de saint Bernard : histoire ou littérature ? », Recueil d’Études sur saint Bernard et ses écrits, Rome, Edizioni di Storia e Letteratura, 1987 (ci-après Recueil), tome 4, p. 125-225.
9 Sur l’ensemble de cette section, voir Verbaal Wim, « Sens : une victoire d’écrivain. Les deux visages du procès d’Abélard », dans Pierre Abélard, Colloque international de Nantes, J. Jolivet & H. Habrias (dir.), Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 79-80.
10 On pourra prendre comme point de départ les travaux de Pietro Zerbi, notamment « Bernardo e le controversie dottrinali », dans Bernardo di Chiaravalle cisterciense, Spolète, Centro Italiano di Studi sull’alto Medioevo, 1990, p. 131-163, ainsi que Mews C. J., « The Council of Sens… », art. cit.
11 Voir Verbaal W., « The Council of Sens reconsidered : masters, monks, or judges ? », Church History, 74.3, 2005, p. 460-493, ici p. 464.
12 Leclercq J., « Lettres de saint Bernard… », op. cit., p. 131, 137-138, 152-156 et spéc. p. 154-155, sur le porteur de l’une des lettres de notre corpus, Ep. 189.
13 Epistola Willelmi, op. cit., p. 13, 1. 9-10, etc. Les mots de la famille de motus abondent.
14 Ibid., p. 13, titre et l. 1-3.
15 Ibid., p. 13, l. 19.
16 Déjà dans cette lettre, on trouve du vocabulaire juridique : ibid., p. 14, l. 35-36.
17 Ibid., p. 13, l. 11-14.
18 Ibid., p. 13, l. 14-15 ; 32-33.
19 Ep. 77, Prol. (Sources Chrétiennes 458, Paris, Éditions du Cerf, 2001, p. 312, l. 12).
20 Ep. 77, 11 (op. cit., p. 340, l. 4).
21 Ibid., p. 13, l. 14-18.
22 Voir par ex. Ep. 330, Sancti Bernardi Opera VIII, éd. par J. Leclercq & H. Rochais, Rome, Editiones cistercienses, 1977 (ci-après SBO) VIII, p. 267, l. 3-7.
23 Ibid., p. 13, l. 6-7.
24 Guillaume de Saint-Thierry, Opera Omnia V, Opuscula adversus Petrum Abelardum et de fide, éd. par P. Verdeyen, CCM 89 A, Turnhout, Brepols, 2007, p. 16-59.
25 Epistola Willelmi 2 (op. cit., p. 13, l. 30-31).
26 Voir notre article « Bernard de Clairvaux. Une entrée en dialogue au nom de l’“utilité” », dans Pensée et dialogue au Moyen Âge, Actes du Colloque international de Philosophie médiévale (Lyon, 5-7 décembre 2012), éd. par M.-E. Bély, P. Gire & E. Mangin, PROFAC no 120, 2013, p. 121-130.
27 Ep. 327 (SBO VIII, p. 263). Trad. A. Louf, révisée.
28 Il se qualifie de puer face à un homme mûr : Ep. 189, 4 (SBO VIII, p. 14, l. 18).
29 Ce refus est également attesté dans la Lettre 337, envoyée par les évêques réunis à Sens au pape Innocent II et rangée à tort parmi les lettres de Bernard. Elle est éditée par Jean Leclercq dans « Autour de la correspondance de saint Bernard », Recueil, tome 4, p. 337-341. Ici, p. 339, l. 47-51.
30 Humanae ratiunculae : Ep. 189, 4 (SBO VIII, p. 14, l. 19).
31 Voir Verbaal W., « The Council of Sens… », art. cit., p. 481-486.
32 Vita Prima III (op. cit., p. 142, l. 340-342) ; Ep. 337 (op. cit., p. 338, l. 34-36).
33 Ep. 337 (op. cit., p. 339, l. 52-56).
34 Ep. 189, 4 (SBO VIII, p. 14, l. 26).
35 Vita Prima III, 13 (op. cit., p. 143, l. 354).
36 Voir à ce sujet la position de Leclercq Jean, « Les formes successives de la lettre-traité de saint Bernard contre Abélard », Recueil, tome 4, p. 282-283.
37 Elles ont été relevées notamment par Leclercq J., « Les lettres de Guillaume… », op. cit., p. 355-357.
38 Ce sigle désigne le manuscrit Charleville-Mézières, Bibliothèque municipale 67, en provenance de l’abbaye de Signy, analysé par Jean Leclercq dans « Notes sur la tradition des épîtres de saint Bernard », Recueil, tome 3, 1969, p. 307-310.
39 Leclercq J., « Les formes successives… », op. cit., p. 265-283.
40 Les citations qu’il en fait sont d’ailleurs, de l’avis des spécialistes, soit inexactes, soit franchement fausses, même si David E. Luscombe pense que Bernard pourrait avoir eu connaissance de l’œuvre d’Abélard autrement que par Guillaume.
41 Ep. 188, 2 (SBO VIII, p. 11, l. 11.14).
42 L’allusion de la Lettre 332 hors corpus, à destination d’un partisan d’Abélard, est plus subtile : Bernard précise les avoir envoyés lui-même, peut-être pour écarter l’idée d’une autre diffusion de la pensée d’Abélard auprès de la curie.
43 Nous empruntons à son article, « Sens : une victoire d’écrivain… », art. cit., p. 80, les termes de la rhétorique latine qui décrivent le contenu des lettres.
44 Verbaal W., « Sens : une victoire d’écrivain… », art. cit., p. 81.
45 Un exemple très significatif est analysé dans Verbaal W., « Sens : une victoire d’écrivain… », art. cit., p. 82, concernant le glissement de la définition de la foi d’existimatio rerum non apparentium chez Abélard à aestimatio, simple opinion, chez Bernard.
46 Au sujet de l’excusatio concernant la brièveté des lettres, voir la note 2, p. 144 du traité Le Précepte et la Dispense, Sources Chrétiennes 457, Paris, Éditions du Cerf, 2000.
47 Ep. 190, 26 (SBO VIII, p. 38, l. 22-24).
48 La liste des 116 premiers figure dans Leclercq J., « Les formes successives… », op. cit., p. 267-271. S’y ajoute un manuscrit cité par le même dans Notes abélardiennes, Bulletin de Philosophie médiévale 13, 1972, p. 71-74.
49 Deux professions de foi – Confessio fidei universis, Confessio fidei ad Heloisam –, l’Apologia contra Bernardum, et des révisions du texte incriminé, visibles dans la 4e édition de la Theologia scholarium.
50 Op. cit., p. 340, l. 90-91.
51 Verbaal W., « Sens : une victoire d’écrivain… », art. cit., p. 81.
52 Les Lettres 187-191 figurent déjà dans la série L (Longior), qui correspond au Corpus Epistolarum rassemblé en 1145 par Geoffroy d’Auxerre. Les Lettres 192-194 n’apparaissent que dans la série Pf (Perfecta), sans doute constituée après la mort de Bernard. Voir Leclercq J., « Lettres de saint Bernard… », op. cit., p. 159.
53 Ep. 192 (SBO VIII, p. 43-44, l. 19-20).
54 Voir par ex. Ep. 193 (SBO VIII, p. 44, l. 16-18).
55 SBO VIII, p. 46-48 ; spéc. p. 48, l. 7-10.
56 Respectivement fos 72vo-73, 73vo-107vo, 108, 109-110, 110-121, 121-122, 122vo-132. Voir Leclercq J., « Notes sur la tradition… », op. cit., p. 307-310.
57 Zerbi Pietro, « Guillaume de Saint-Thierry et son différend avec Abélard », dans Bur M. (éd.), Saint-Thierry, une abbaye du vie au xxe siècle, Saint-Thierry, Association des Amis de l’Abbaye de Saint-Thierry, 1979, p. 395-412, ici p. 399.
58 Ibid., p. 400.
59 Epistola Willelmi, op. cit., p. 14, l. 71.
60 La plus longue, Ep. 338, fait une page et demie, les autres entre 12 et 24 lignes.
61 À l’exception de Ep. 335, impossible à dater.
62 Ces comparaisons sont évoquées isolément dans la Disputatio, et on trouve le triptyque en Ep. 192 (SBO VIII, p. 44, l. 4-6) ; il devient omniprésent dans les lettres extra collectionem : Ep. 330 (p. 268, l. 7-10), Ep. 331 (p. 270, l. 4-5) ; Ep. 332 (p. 272, l. 4-6), Ep. 336 (p. 276, l. 1-4), Ep. 338 avec mention de Hyacinthe (p. 278, l. 12-15).
63 Ep. 331 (p. 269, l. 15-16).
64 Ep. 332 (p. 271, l. 16-17).
65 Ep. 336 (p. 275, l. 16).
66 Ep. 332 (p. 271, l. 13-14 ; p. 272, l. 1-2).
67 Ep. 331 (p. 270, l. 8) ; Ep. 333 (p. 273, l. 1) ; Ep. 334 (p. 274, l. 2) ; Ep. 335 (p. 275, l. 2) ; Ep. 336 (p. 276, l. 4-6) ; Ep. 338 (p. 278, l. 15-20).
68 Vacandard Elphège, Vie de saint Bernard, abbé de Clairvaux, tome 2, Paris, Victor Lecoffre, 1897, p. 154.
69 Aubé Pierre, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, Fayard, 2003, p. 408.
Auteur
CNRS, Institut des Sources Chrétiennes, Lyon
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Les écritures de la douleur dans l’épistolaire de l’Antiquité à nos jours
Patrick Laurence et François Guillaumont (dir.)
2010