Sidoine Apollinaire, ep. 5, 8 : Constantin le Grand, nouveau Néron
p. 239-260
Texte intégral
1Si le passé de Rome occupe une certaine place dans l’épistolaire de Sidoine Apollinaire, en particulier à travers les exempla historiques1, l’Histoire plus récente n’est pas non plus absente, ainsi Constantin le Grand cité en ep. 5, 82. Sidoine y loue le talent poétique varié de son destinataire Secundinus (§ 13), et admire « le degré de fiel, de grâce et d’éloquence piquante », quid […] fellis, leporis piperataeque facundiae (§ 2) de ses satires4. Il lui reproche cependant sa réserve dans la critique des personnes et introduit une comparaison avec le passé :
[…] ut mihi non figuratius Constantini domum uitamque uideatur uel pupugisse uersu gemello consul Ablabius5 uel momordisse disticho tali clam Palatinis foribus appenso:
«Saturni aurea saecla quis requirat?
Sunt haec gemmea, sed Neroniana»
Quia scilicet praedictus Augustus isdem fere temporibus extinxerat coniugem Faustam calore balnei, filium Crispum frigore ueneni.6
2Trois éléments attirent notre attention : cet éloge de la satire7 étonne si l’on songe à l’ep. 1, 11, où Sidoine nie ardemment avoir écrit une satire en 461, à Arles8 ; c’est, dans l’œuvre de Sidoine9, l’unique mention de Constantin le Grand, malgré son envergure politico-religieuse10 ; enfin, Sidoine insère l’Histoire selon deux modalités complémentaires : il cite un document d’époque – l’épigramme en hendécasyllabes11 d’Ablabius – puis le glose, tel un historien, ce qui nuance sa recusatio du genre historiographique12.
3Je voudrais montrer que l’ep. 5, 8 est emblématique de la conception, poétique et éthique, de l’Histoire dans l’épistolaire de Sidoine et qu’elle constitue le précieux relais d’une tradition faisant de Constantin un nouveau Néron. J’étudierai donc l’insertion de l’Histoire au service de l’épistolier, pour voir comment Sidoine légitime la lecture que l’on fait de sa correspondance comme témoignage historique13. J’analyserai ensuite la tradition historiographique de ce drame pour évaluer l’apport du récit sidonien.
L’histoire au service de l’épistolier : conception poétique et éthique de l’histoire
4Cette lettre révèle une véritable réflexion sur l’art et le devoir d’écrire l’Histoire.
Conception poétique de l’Histoire : rhétorique épistolaire, esthétique épigrammatique en miroir
5C’est d’abord l’insertion de l’Histoire au service de la rhétorique épistolaire qui révèle une conception poétique de l’Histoire. En effet, Sidoine pique la curiosité du destinataire en annonçant une satire mordante (momordisse14), promesse d’une anecdote scandaleuse centrée sur la famille et la vie privée (domum, uitam) d’un empereur (Augustus). En outre, il dévoile progressivement l’identité du souverain. D’une part, Constantinus peut renvoyer à Constantin Ier, à son fils Constantin II15, ou à l’usurpateur Constantin III16 cité dans la lettre suivante (ep. 5, 9) : Sidoine y évoque son inconstance (in Constantino inconstantiam17) avec un goût caractéristique du jeu de mots18. D’autre part, le lecteur cultivé peut identifier Constantin Ier s’il reconnaît les personnages, cités dans le sens inverse de leur importance hiérarchique (consul, Augusta, Caesar) :
Consul en 331, également préfet du prétoire (329 à 337), Flavius Ablabius19, est tué en 337 au moment de la révolution de palais qui suit la mort de son protecteur Constantin20 ;
Flavia Maxima Fausta21, fille cadette de l’empereur Maximien, épouse Constantin en 30722et lui donne des enfants à partir de 31723. Dotée du titre de nobilissima femina, puis élevée à la dignité d’Augusta en 324 avec sa belle-mère Hélène, elle figure sur des monnaies comme symbole d’harmonie24. Pourtant, Constantin la fait mourir en 326 et elle est frappée de damnatio memoriae25 ;
Nommé César en 317, Crispus26, le fils aîné de Constantin et de son ancienne concubine Minervina27, occupe lui aussi une place reconnue dans le régime28 : trois fois consul (en 318, 321, 324), il apporte notamment une aide décisive à son père pour vaincre Licinius en 324. Mais Constantin le fait tuer en 326 quelques mois avant Fausta29 et il est frappé de damnatio memoriae30.
6Sidoine renforce ainsi la connivence avec Secundinus par ces allusions érudites. Mais il cherche aussi à le séduire. De fait, il ajoute au plaisir de l’anecdote le charme d’une épigramme, qu’il est le seul à nous transmettre. Ce document historique unique révèle une contestation du pouvoir de Constantin au sein même de son entourage31, et constitue l’un des derniers exemples de la poésie d’invectives à l’époque romaine32. Il rappelle un distique contre Tibère33 :
Aurea mutasti Saturni saecula, Caesar:
Incolumi nam te ferrea semper erunt.34
7Suétone, en tant que biographe recherchant l’exhaustivité, rassemble dans ce passage quatre autres épigrammes, alors que Sidoine, en tant qu’épistolier, en cite une seule, et la commente. De plus, l’attaque directe contre Tibère ne ménage pas d’effet de surprise, tandis qu’Ablabius interpelle le lecteur et feint de louer l’époque de Constantin, faite de pierres précieuses (gemmea) surpassant l’âge d’or. Mais il ajoute à l’opposition aurea/gemmea un rapprochement entre gemmea et Neroniana. Outre une possible allusion érudite à l’intérêt marqué par Néron pour l’émeraude35, la pointe finale sed Neroniana est une attaque très virulente reposant sur l’allusion et la disparité36 : Ablabius détourne l’épithète de sa valeur positive dans l’esthétique tardive37 pour lui donner un sens ironique et suggérer que l’époque de Constantin égale, voire surpasse celle de Néron. Sidoine explicite ensuite ce propos : Constantin a fait périr sa femme et son fils.
8Or, par un remarquable effet de miroir, Sidoine redouble « l’économie du distique » satirique38 d’Ablabius en choisissant l’esthétique de l’épigramme dans la glose : elle se lit dans la breuitas, la symétrie et la pointe finale. La structure symétrique est renforcée par les jeux phoniques : pour chaque victime, il y a autant de mots, cités dans le même ordre – statut familial, nom, cause de la mort avec un ablatif en-ore suivi de son génitif – avec le même nombre de syllabes, voire le même schéma métrique :
extinxerat cōniŭgēm Faūstām calore balnei, fīlĭūm Crīspūm frigore ueneni.
9La construction symétrique rehausse par contraste la pointe finale fondée sur une double antithèse entre le chaud et le froid et la manière de mourir, insolite (bain) ou « classique »39 (poison). L’esthétique rejoint la recherche de vérité et participe de l’affirmation d’une conception éthique de l’Histoire.
Conception éthique de l’Histoire
10Tout d’abord l’anecdote d’Ablabius, certes inscrite dans une tradition d’invectives, suggère que la satire constitue le seul moyen pour l’élite de ne pas être complice du tyran. Le parallèle avec le consul invite Secundinus à actualiser l’efficacité de la satire (pupugisse, momordisse), car il possède les qualités nécessaires (fellis, leporis piperataeque facundiae).
11L’Histoire prend ainsi une fonction parénétique : Secundinus doit enrichir ses satires « avec les vices croissants des sujets de nos tyrans », nostrorum uitiis proficientibus tyrannopolitarum (§ 3) – allusion aux rois burgondes40. Dénoncer les vices de l’époque41 relève donc du devoir éthique de l’homme de lettres, face au pouvoir tyrannique et au regard de la postérité. Grâce à la littérature, conclut-il (§ 3), « les crimes des méchants demeurent immortels, autant que les éloges des hommes bons », improborum probra aeque ut praeconia bonorum immortalia manent. Il légitime ainsi la lecture de sa correspondance, critique ou élogieuse, comme témoignage historique et en précise les conditions.
Comment lire la correspondance de Sidoine
12Outre l’allusion érudite, ce témoignage historique repose sur des choix d’écriture. Ainsi, le dédoublement de l’esthétique épigrammatique dans le commentaire de Sidoine affirme d’une part que le distique et sa glose doivent être lus ensemble42, d’autre part que la dimension poétique de la « lettre d’art » est essentielle pour comprendre sa valeur historique43.
13De plus, Sidoine construit l’édition de ses lettres comme un opus, avec des effets d’écho dans son œuvre et dans celle de Pline le Jeune : d’une part, le livre I avec l’éloge du roi barbare Théodoric (ep. 1, 2) et le refus d’être un satirographus sous Majorien (ep. 1, 11, 8) s’inverse dans le livre V avec la critique de tyrans barbares et un éloge de la satire en ep. 5, 8 ; cette lettre nuance en outre la recusatio de l’histoire de l’ep. 4, 22. D’autre part, Sidoine dédouble le modèle de l’ep. 5, 8 de Pline le Jeune dans l’ep. 4, 2244 et dans l’ep. 5, 8. Cette identité de “numérotation” (ep. 5, 8) pour deux lettres consacrées à l’histoire, avec des préoccupations similaires45, ne saurait être un hasard et apporte un élément supplémentaire à la fructueuse interprétation de Roy Gibson, pour qui Sidoine construit sa correspondance au miroir de celle de Pline46. Bien plus, l’ep. 5, 8 de Sidoine, qui n’offre pas seulement le récit de meurtres mais une réflexion sur l’Histoire, ne répond-elle pas avec un certain humour à l’ep. 5, 8 de Pline pour qui « l’histoire charme, de quelque manière qu’elle soit écrite […] grâce à des racontars et à de petites anecdotes »47 ?
14Par ailleurs, Sidoine invite à déceler dans son œuvre épistolaire le style figuré (figuratius § 248), qui permet une critique politique voilée et reflète le contexte moral de l’élite gallo-romaine : de fait, l’ep. 4, 22 cache une attaque contre Euric49. Enfin, son silence n’est pas anodin50 : l’absence de Constantin dans le reste de son œuvre, même dans l’éloge de Constantinople du Panégyrique d’Anthémius (v. 30-67), reflète le choix moral de taire, quand cela est possible, les actions d’un tyran. Qu’il ait renoncé à écrire une œuvre historique pourrait donc aussi venir d’un souci éthique d’écrire l’Histoire51. Ainsi Sidoine, qui ne retient rien de l’action de Constantin mais l’accuse de meurtres, n’est pas prisonnier d’une vision idéalisée du premier empereur chrétien : reflète-t-il une doxa ?
Une tradition anti-constantinienne, vraisemblablement païenne : constantin, nouveau néron
15Maintes hypothèses sur le motif des deux exécutions ont été avancées52 : politique53, dynastique54, matrimonial55, psychologique56. Il ne s’agit pas d’en donner une nouvelle57, mais d’étudier dans quelle tradition se situe le récit de Sidoine58.
Taire le drame ?
16Certains auteurs chrétiens choisissent le silence, tel Eusèbe de Césarée : il fait un vibrant éloge de Crispus dans la 4e version de son Histoire ecclésiastique écrite entre 324 et 32659 ; puis il supprime les noms de Crispus et de Fausta de ses écrits postérieurs à 32660 pour louer les actions de Constantin au service de Dieu61. Vers 397, une homélie de Jean Chrysostome dénonce la corruption dans la famille impériale à travers un adultère à la Cour, mais sans donner de nom : on y a vu une allusion au drame de 326 car le mari tue les coupables, son épouse et son fils. Cet élève de Libanios semble refléter la doxa en cours à Constantinople62.
17Sidoine, plus d’un siècle après les faits, est au contraire (en partie) explicite, et je le comparerai donc aux huit sources antérieures qui citent l’un des deux meurtres, et au témoignage important de Zosime. Ces textes ne s’accordent que sur la mort violente de Crispus voulue par Constantin – seul Ammien Marcellin ne précise pas son rôle63. Je relève trois récits différents.
Typologie des récits
18La première variante païenne cite Crispus seul (2e moitié du ive siècle64). Aurelius Victor et Ammien Marcellin évoquent incidemment sa mort, comme un événement bien connu du lecteur, mais secondaire dans leur propos65. Aurelius Victor66 précise qu’elle est inexpliquée67 :
Quorum cum natu grandior, incertum qua causa, patris iudicio occidisset, repente Calocerus […]68
19Une deuxième variante (dernier tiers du ive - ire moitié du ve siècle) évoque la mort de Crispus parmi celle d’autres proches de Constantin. Eutrope, le seul à mentionner Fausta, condamne l’exécution d’un fils et d’un neveu pleins de qualités (egregium ; commodae indolis) :
Verum insolentia rerum secundarum aliquantum Constantinus ex illa fauorabilis animi docilitate mutauit. Primum necessitudines persecutus, egregium filium et sororis filium, commodae indolis iuuenem, interfecit, mox uxorem, post numerosos amicos. Vir primo imperii tempore optimis principibus, ultimo mediis comparandus.69
20L’énumération, scandée par les adverbes primum… mox… post illustre la cruauté et l’hubris de Constantin70, ce que le commentaire sur l’évolution négative de son règne (primo/ultimo) confirme71.
21Trois auteurs chrétiens illustrent ensuite cette version, dans une autre perspective. Jérôme et Orose soulignent la dimension familiale du drame en associant la mort de Crispus à celle de Licinius II, neveu de Constantin72. Jérôme, dans sa traduction de la Chronique d’Eusèbe condamne les meurtres avec le superlatif crudelissime sans apporter d’explication, puis il cite dans la Continuation la mort de Fausta en 328, sans aucun commentaire :
Crispus, filius Constantini, et Licinius iunior, Constantiae
Constantini sororis et Licinii filius, crudelissime interficiuntur.
Constantius uxorem suam Faustam interficit.73
22Orose précise que les motivations de Constantin sont inconnues :
Sed inter haec latent causae cur uindicem gladium et destinatam in impios punitionem Constantinus imperator etiam in proprios egit affectus: nam Crispum filium suum et Licinium sororis filium interfecit.74
23S’il justifie ces morts comme le juste châtiment pour des crimes impies, une certaine gêne perce dans etiam in proprios… affectus. Elle se confirme si l’on songe que cette justice intransigeante, uindicem gladium, trouve un modèle implicite dans le premier consul Brutus75 qu’Orose condamne – contrairement à la tradition – pour avoir fait périr ses deux fils et deux frères de sa femme76.
24Enfin, Sozomène veut récuser la version païenne, issue de Julien et reprise par Zosime77, de la conversion tardive de Constantin pour soulager sa conscience de la mort de Crispus et Fausta78 :
Oὐκ ὰγνοῶδέ ὡϛ῞ Eλληνες λἑγονσι Kωνσταντȋνον ὰνελóντα τινὰς τῶν ἑγγντάτω γἑνους кαὶ τῷ θανάτῳ Kρίσπου τοὓ ἑαυτοὓ παιδòς συμπράξαντα µεταµεληθῆνατ […].79
25Il reste donc vague sur les victimes, atténue la responsabilité de Constantin dans la mort de Crispus, ne cite pas Fausta, mais poursuit en accusant les païens d’avoir inventé ce meurtre pour diffamer la religion chrétienne80. Ainsi, l’insistance d’Orose sur l’impiété des victimes et les propos de Sozomène suggèrent qu’ils répondent aux attaques contre l’impiété de Constantin, meurtrier de ses proches81.
26La dernière variante associe les morts de Crispus et de Fausta dans trois sources plus tardives (extrême fin du ive siècle-début du vie siècle82), ce qui suggère une reconstruction des événements. Elles s’accordent sur la mort de Fausta (étouffée ou ébouillantée ?) dans un bain brûlant. Dans l’Epitomé83 et chez Zosime, la mort de Fausta est liée à Hélène, qui use de son influence sur Constantin. L’Epitomé mentionne une possible responsabilité de Fausta dans la mort de Crispus, dont il ne précise pas le motif :
At Constantius, obtento totius Romani imperii mira bellorum felicitate regimine, Fausta coniuge ut putant suggerente, Crispum filium necari iubet. 12 Dehinc uxorem suam Faustam in balneas ardentes coniectam interemit, cum eum mater Helena dolore nimio nepotis increparet.84
27Le récit de Zosime, détaillé mais embrouillé85, s’insère comme dans l’Epitomé après celui de la victoire de Constantin contre Licinius86 : Crispus est tué sur un soupçon d’adultère avec Fausta87. Sa mort soulève l’indignation d’Hélène, sans que le motif en soit précisé88. Zosime détaille le meurtre de Fausta :
παραµυθοςὐµενος ὣσπερ αύτὴν ὁ Kωνσταντȋνος кαкῷ τò кαкòν ἰάσατο µείζονι βαλανεȋον γὰρ ὑπὲρ τò µέτρν ἐкπυρωθῆναι кελεύσας кαì τούτῳ τὴν Фαὓσταν ἐναποθέµενος ἐξήγαγεν νεкρὰν γενοµένην.89
28Outre ces sources païennes, Philostorge représente une tradition « arienne » en partie hostile à Constantin90 : quoique baptisé par un évêque arien91, il a combattu l’arianisme92. Pour ce drame, trois témoins de son œuvre perdue (écrite vers 430-440) existent : le résumé de Photios, une Vie anonyme et la Passio Artemii93. Je m’appuierai sur le premier. Son récit polémique relie le concile de Nicée et le drame familial pour montrer que Constantin manque alors de discernement, au point de se laisser tromper par les anti-ariens (325) et par sa femme (32694). Suite aux calomnies (διαβολȋς) de Fausta, il fait périr Crispus puis elle est convaincue d’adultère avec un messager (τινι τῶν Kουρσώρων95) :
кἀкείνην […] τᾐ τοὓ λουτροὓ ἀλεάᾳ ἐναποπνιγῆναι προστάξαι.
Καὶ τῷ παιδίῳ τοὓ ξίϕους διδοὓντα Kωνσταντȋνον τὴν δίкην µετ οὑ πολὑν Xρóνον ὑπò τῶν ἀδελϕ ῶν ϕαρµάкος кαкὰ τὴν Nιкοµήδειαν διατρίβοντα ἀναιρεθῆναι.96
29La nature de l’accusation de Fauta contre Crispus (adultère) est donc amenée implicitement par le flagrant délit ultérieur avec un cursor : l’intervention d’Hélène est inutile97. Le meurtre de Constantin, directement lié à celui de son fils, apparaît comme un juste châtiment98. Ainsi, Fausta est explicitement coupable de calomnie et d’adultère chez Philostorge, qui accentue sa culpabilité. On peut en tirer deux conclusions : Constantin meurtrier reflète bien la doxa ; le schéma de Fausta nouvelle Phèdre, qui irrigue explicitement deux témoins de Philostorge (Vita et Passio)99, est vraisemblablement présent dans l’original de Philostorge – son absence chez Photios s’expliquant par le fait qu’il écrive un résumé100. Il est en outre, selon François Paschoud, implicite dans la version païenne originelle dont l’Epitomé et Zosime s’inspirent101. Or, il résulte de cette présentation implicite de Fausta-Phèdre chez des païens que le rôle d’Hélène est alors davantage souligné, alors que c’est l’inverse dans des sources chrétiennes (cf. Philostorge), qui accentuent justement la version phédrienne et suppriment le rôle d’Hélène. Sidoine, par le double meurtre, par le détail du bain, par le silence (ou l’implicite)102 sur Fausta nouvelle Phèdre, relève d’une tradition anti-constantinienne de la fin du ive siècle. De plus, il apporte des précisions, probablement lues avec le poème d’Ablabius, qui suggèrent une autre interprétation.
Le récit reconstruit de Sidoine : Constantin nouveau Néron, relais d’une tradition païenne ?
30Sidoine fournit la clé de lecture essentielle de son récit : sa glose est le miroir esthétique de l’épigramme, de même que les deux meurtres de Constantin sont le miroir de ceux de Néron (Neroniana). On songe alors aux nombreux meurtres « en famille » de Néron, perpétrés par ambition (Claude, Britannicus, Agrippine) puis par cruauté gratuite (Octavie, Poppée, Antonie103), qui se reflètent dans ceux de Constantin (son beau-père l’empereur Maximien, Maxence, frère de Fausta, son beau-frère Licinius, son neveu Licinius II, Crispus, Fausta…104). En outre, Sidoine agence poétiquement les éléments du drame.
31Selon moi, Sidoine reconstruit d’abord le récit afin de dénoncer le tyran, la vérité poétique primant sur la stricte vérité historique. Ainsi, quand il inverse l’ordre chronologique admis pour les deux morts, dont il connaît la proximité temporelle (isdem fere temporibus), Sidoine ne commet pas une erreur, mais choisit la gradation dans la saeuitia du tyran impie, qui tue une épouse, puis un fils105. De plus, le silence sur le motif de la mise à mort106 rappelle l’Épitomé et dit tout l’arbitraire du prince107. Enfin, Sidoine est le seul – il sera imité par Grégoire de Tours108 – à citer le poison109, froid selon le topos, ce qui permet aussi une antithèse avec le bain chaud.
32Cependant, dans la mesure où le poison est une innovation et que le motif du bain brûlant, qui a inspiré bien des hypothèses110, est en fait tardif, je propose de les considérer, non comme des faits, mais comme les indices d’un récit réélaboré111. Certes, le bain évoque le châtiment symbolique d’une femme adultère, humiliée et mise à nu – ce que la version unique de Jean Chrysostome confirme112. Mais le poison et le bain sont surtout le reflet des meurtres néroniens : le poison est employé contre Claude, Britannicus113 et Agrippine114, le bain brûlant contre Octavie – ce qui n’a jamais été relevé à ma connaissance115. Selon Tacite116, quand la mort de l’épouse de Néron, déjà exilée sur une fausse accusation d’adultère1117, est décidée, on lui ouvre les veines. Mais comme le sang s’écoule trop lentement, praefervidi balnei vapore enecatur, « elle est tuée dans la vapeur d’un bain brûlant118 ».
33De plus, la construction spéculaire entre les deux règnes est parfaitement cohérente : on trouve une mère impliquée dans le pouvoir (Agrippine, Hélène), une épouse légitime, Augusta, fille d’empereur (Claude, Maximien), tuée dans un bain brûlant (Octavie, Fausta), un jeune homme brillant119 empoisonné (Britannicus, Crispus). Or cette présentation des faits rapproche plutôt Sidoine des sources païennes.
34En effet, le corpus étudié montre que, pour construire l’image de Constantin, la tradition chrétienne qui lui est favorable, tait le meurtre (Eusèbe), l’atténue (Orose, Jean Chrysostome120) ou le nie (Sozomène), alors que la tradition anti-constantinienne, païenne comme arienne, fait du souverain un père contre-nature (Eutrope, Zosime, Philostorge121) – ce qui correspondrait chez Sidoine au parallèle avec Néron et aux symétriques coniugem/filium.
35De plus, le traitement de Fausta oppose païens et chrétiens : Julien la loue122, l’Epitome et Zosime ne l’accablent pas et semblent plutôt hostiles à Hélène ; au contraire, Fausta, païenne123, nouvelle Phèdre124, est l’antithèse d’Hélène, construite comme le double féminin de Constantin125. La damnatio memoriae le confirme : nom et statues de Fausta sont remplacés par ceux d’Hélène126. Sidoine, qui fait de Fausta une victime et qui explicite le modèle de Tacite dans ces meurtres ‘‘néroniens’’, me semble donc le relais d’une source païenne : il permet de comprendre une construction du récit selon deux modèles antithétiques, celui de Fausta-Octavie chez des païens et celui de Fausta-Phèdre chez des chrétiens127.
36En conclusion, l’ep. 5, 8, qui offre un éloge de la satire et rapporte une anecdote sur Constantin meurtrier, nuance donc la vision d’un Sidoine refusant les genres historiographique et satirique. Il y théorise les conditions de la lecture de sa correspondance comme source historique et les met en pratique dans une anecdote très travaillée.
37Sidoine révèle une conception poétique et éthique de l’Histoire. Dans cette anecdote au service de sa rhétorique épistolaire, il réélabore les événements, en apparence bruts, par de subtils jeux d’écriture. Pour en apprécier le témoignage historique, le lecteur est invité à tenir compte de la dimension poétique de son œuvre épistolaire, dans le microcosme de la « lettre d’art » et le macrocosme d’un opus construit avec minutie – l’ep. 5, 8 rappelant l’ep. 5, 8 de Pline. En outre, le premier destinataire Secundinus est appelé, par l’exemple du passé, à témoigner pour la postérité des drames de son temps. Sidoine suggère le devoir moral de l’homme de lettres face à la tyrannie – il peut choisir la critique ouverte, la satire, le discours voilé, le silence – et indique que critiques, éloges et simples anecdotes sont autant de témoignages du contexte historique et moral d’une époque. Sidoine l’illustre précisément ici.
38L’ep. 5, 8 constitue en effet une précieuse source historique : par l’épigramme d’époque qu’elle rapporte ; par la glose qui rattache Sidoine à une tradition anti-constantinienne ; par l’effet de miroir esthétique et historique entre le distique et la glose, qui invite à une relecture cohérente du règne de Constantin, double du tyran Néron. L’ensemble du récit témoigne d’une réélaboration, vraisemblablement issue des milieux païens, du double meurtre sur le modèle du récit anti-néronien de Tacite, qui, en assimilant Fausta à Octavie, se superpose au récit de Fausta nouvelle Phèdre particulièrement prisé chez les chrétiens, pour s’en distinguer et accabler un Constantin pire que Néron.
Notes de bas de page
1 Cf. Stoehr-Monjou, 2009 a et 2009 b, p. 226, n. 106.
2 Cf. Sidoine Apollinaire, Correspondance, éd. A. Loyen, CUF 2, Paris, Les Belles Lettres, 1970, p. 186-187. Pour l’œuvre de Sidoine Apollinaire, voir aussi Amherdt D., Sidoine Apollinaire. Le quatrième livre de la correspondance. Introduction et commentaire, Berne-Berlin…, Peter Lang, 2001 ; Anderson W. A., Sidonius Apollinaris, Poems and Letters I-II, tome I, Loeb, Cambridge-Londres, Harvard Univ. Press-W. Heinemann, 1936 ; idem, Sidonius Apollinaris, Letters III-IX, t. II, Loeb, Cambridge-Londres, Harvard Univ. Press-W. Heinemann, 1965 ; Köhler H., C. Sollius Apollinaris Sidonius. Briefe Buch I, éd. et trad., Heidelberg, 1995 ; Van Waarden J. A., Writing to Survive. A Commentary on Sidonius Apollinaris…, Peeters, 2010 ; Concordances : Christiansen P. G. & Holland J. E., Concordantia in Sidonii Apollinaris carmina, Hildesheim, Olms-Weidmann, 1993 ; eidem, Concordantia in Sidonii Apollinaris epistulas, Hildesheim, Olms-Weidmann, 1997.
3 Voir aussi epist. 2, 10, 3 (éd. cit., p. 69) ; Schetter, 1964 ; Kaufmann, 1995, p. 346 ; Condorelli, 2008, p. 197.
4 Les traductions sont miennes, sauf mention contraire.
5 Ablabius Wilamowitz : ablauius codd.
6 Ep. 5, 8, 2 (éd. cit., p. 186) : « […] de sorte que le consul Ablabius n’a pas, me semblet-il, tourmenté la maison et la vie de Constantin en deux vers, ni ne les a déchirées dans le distique suivant, suspendu en secret aux portes du Palatin, dans un langage plus figuré : ‘‘Qui regretterait les siècles d’or de Saturne ? Le nôtre est de pierres précieuses – mais néroniennes’’. Et ce, parce que ledit Auguste avait fait mourir à peu près à la même époque son épouse Fausta, dans la chaleur d’un bain, et son fils Crispus, par le froid du poison ».
7 Sur Sidoine et la satire, cf. Blänsdorf, 1993 et p. 128-29 pour ep. 5, 8 ; Mazzoli, 2005-2006 ; Condorelli, 2008, p. 125-126.
8 Si l’on suit Loyen, Sidoine passe de l’éloge (ep. 5, 8 en 467, éd. cit. CUF 2, p. 255) au refus de la satire (ep. 1, 11 datée de 469, en raison de l’âge supposé de Sidoine, cf. 1, 11, 1) ; de même Blänsdorf (1993, p. 127 : 5, 8 en 465 et 1, 11 en 469). Anderson (éd. cit., t. 1, p. 394) lie 1, 11 à carm. 12, 22, en 461. Köhler 1995, éd. cit. : rien ne permet de dater ep. 1, 11 (p. 289), sinon au plus tard de 477, au retour d’exil (p. 8-9). Je propose de tenir compte non de la date d’écriture, mais du choix d’éditer la lettre au livre 5, voir infra p. 245-247.
9 Cf. Christiansen & Holland, 1993 ; eidem & Dominik, 1997, voir n. 2.
10 Cf. Vogt, 1957.
11 Cf. Nougaret, 1986, § 285-6. Sidoine cite son schéma métrique (spondée, dactyle, trois trochées) en carm. 23, 25-6, Sidoine Apollinaire, Poèmes, éd. Loyen, CUF 1, Paris, Les Belles Lettres, 1961, p. 145 ; ep. 2, 10, 3 éd. cit. CUF 2, p. 69.
12 Ce topos trouve son expression la plus complexe en ep. 4, 22 (éd. cit. CUF 2, p. 160-162) : cf. Cugusi, 1990 ; Amherdt, éd. cit., n. 2, p. 451-455 ; Condorelli, 2003, et dans ce volume B Näf et É. Wolff. Sur le choix esthétique et éthique du panégyrique, cf. ep. 8, 15 (éd. Loyen, CUF 3, Paris, Les Belles Lettres, 1970, p. 126) et Condorelli, 2003, p. 65-66 ; Stoehr-Monjou, 2009 b, p. 227. Sur le choix de l’épistolaire, cf. ep. 1, 2, 10 (éd. cit. CUF 2, p. 8) et Köhler, éd. cit., n. 2, ad loc.
13 Cf. Stein, 1968, p. 370 et la bibliographie dans van Waarden, 2010, éd. cit. pour cette dimension.
14 Sidoine évoque ce topos (cf. Ovide, Pontiques 3, 3, 106, éd. et trad. J. André, CUF, 1977, p. 95 ; Tristes 2, 563, éd. et trad. J. André, CUF, 1987, p. 60 ; Phèdre, 4, 8, 1, éd. A. Brenot, CUF, Paris, Les Belles Lettres, 1924, p. 61) en ep. 1, 11, 2 satiricorum mordacium (éd. cit. CUF 2, p. 34) et 8, 11, 6 in satirica… mordax (éd. cit. CUF 3, p. 114).
15 Cf. Stein, 1968, p. 131-132.
16 Cf. Stein, 1968, p. 251-252.
17 Ep. 5, 9, 1 (éd. cit. CUF 2, p. 188, p. 237 n. 29).
18 Mathisen, 1991 ; Wolff, 2009.
19 Cf. Seeck, 1894 ; Barnes, 1981, p. 252 ; Marasco, 1993b.
20 Cf. Stein, 1968, p. 131 ; Barnes, 1981, p. 262 et n. 27.
21 Cf. Seeck, 1909 ; Rougé, 1980 ; Drijvers, 1992.
22 Son âge fait problème, cf. Rougé, 1980, p. 5-11 : non encore pubère (Drijvers, 1992, p. 502, n. 12), elle aurait sept ans (Rougé, 1980, p. 7-10), douze ans (Seeck, 1909), voire plus pour certains.
23 Les successeurs de Constantin (Constantin II, Constance II et Constant) sont bien les fils de Fausta, malgré Zosime 2, 39, 1 (nouv. éd. F. Paschoud, Zosime, Histoire nouvelle, t. 1, Livres I et II, Paris, Les Belles Lettres, 2000, p. 111), cf. Guthrie, 1966, p. 329-331, suivi par Drijvers, 1992, p. 501, n. 6 et Paschoud, éd. cit., p. 263, n. 52. Contra : Seeck, 1909 et Rougé, 1980, p. 16-17.
24 Cf. Drijvers, 1992, p. 503-504 ; Laurence, 2002, p. 80-82 pour Hélène.
25 Voir la dernière partie infra, p. 255-260.
26 Cf. Seeck, 1901 ; Pohlsander, 1984.
27 Elle est concubine (Lucien-Brun, 1970 ; Pohlsander, 1984, p. 80) plutôt qu’épouse (Rougé, 1980, p. 6).
28 Cf. Sozomène, Histoire ecclésiastique 1, 5, 2 (éd. Bidez, intr. B. Grillet et G. Sabbah, trad. A.-M. Festugière, not. G. Sabbah, Sources chrétiennes 306, Paris, Éd. du Cerf, 1983, p. 130-31) ; Pohlsander, 1984, p. 83-99.
29 Ils meurent avant l’arrivée de Constantin à Rome (18 juillet 326) : cf. Paschoud, 2000, p. 236.
30 Son nom est rayé des inscriptions (CIL II 4107 ; III 7172 ; V 8030 ; IX 6386a ; X 517 = Dessau ILS 708), avec celui de Fausta (CIL X 678 = Dessau ILS 710). On oublie que le palais de Trèves a été son siège pour l’attribuer à Hélène : cf. Laurence, 2002, p. 83.
31 Pour Marasco, 1993 b, p. 147-148, ces vers montrant l’indépendance d’esprit d’Ablabius remettent en cause son prétendu fanatisme chrétien.
32 Cf. Cupaiuolo, 1993, p. 84.
33 Je n’ai pas lu ce rapprochement ailleurs. Cupaiuolo (1993, p. 84) le signale, mais sans la référence.
34 Suétone, Tibère 59, 1, Vie des Douze Césars, éd. H. Ailloud, Paris, CUF, t. 2, 1967 (1957), p. 46 : « Tu as mis fin aux siècles d’or de Saturne, César : car tant que tu seras en vie, il sera toujours de fer », cf. Cupaiuolo, 1993, p. 68.
35 Elle est justement définie dans certains textes comme « pierre de Néron », cf. Wolff, 2007, p. 95.
36 Cf. Laurens, 1989, p. 364.
37 Cf. Roberts, 1989.
38 Cf. Laurens, 1989, p. 286-305.
39 Cf. Desnier, 1987, p. 300.
40 Leur identification précise est incertaine, cf. Anderson, éd. cit. t. 2, p. 198 n. 1 ; Loyen, éd. cit., CUF 2, n. 27 p. 187.
41 Sidoine emploie justement le nom saeculum pour la désigner juste après (§ 3), comme dans l’épigramme. Il y un problème textuel dépassant le cadre de cet article, on lit saeculi (Anderson, 1965, n. 2, p. 198 et p. 611) et saecula (Loyen, éd. cit. CUF 2, p. 187).
42 Marasco, 1993b, p. 147-9 les commente ensemble mais ne s’intéresse pas à l’esthétique.
43 Voir infra p. 255-260. pour un approfondissement de ce point.
44 Cugusi, 1990.
45 On lit par exemple la question de rendre immortelles les belles actions (Pline le Jeune, épître 5, 8, 1, éd. et trad. A.-M. Guillemin, CUF, t. 2, Paris, Les Belles Lettres, 1927, p. 75) et le constat de vices à blâmer (cf. 5, 8, 13, éd. cit., p. 77), ce que Sidoine concentre en ep. 5, 8, 3, éd. cit., p. 187.
46 Gibson, 2012.
47 Cf. PLIN. ep. 5, 8, 4 (éd. cit., p. 75) : historia quoquo modo scripta delectat […] sermunculis etiam fabellisque […].
48 Cf. ep. 8, 11, 3 uocabula figurata (éd. cit. CUF t. 3, p. 111) ; 4, 1, 2 satiricus figuratus (éd. cit. CUF t. 2, p. 112). Cf. Desbordes, 2006.
49 Cf. Condorelli, 2003, p. 65-7 sur le « travestissement littéraire » de ep. 4, 22.
50 Voir l’article de B. Näf dans le présent volume.
51 Näf, 1995, p. 134 : Sidoine, tenté par un tel projet, y aurait renoncé en raison du danger ; Amherdt, éd. cit., n. 2, p. 454.
52 Résumé dans Pohlsander, 1984, p. 103-106.
53 Crispus serait accusé de trahison (cf. J. Burckhardt cité par Drijvers, 1992, p. 504 n. 29), de complot et de magie (Austin, 1980).
54 Selon Guthrie, 1966, p. 326-327, Constantin supprime Crispus, qui n’est pas un fils légitime, pour asseoir sa dynastie et éviter l’anarchie à sa mort : mais Constantin lui-même n’est pas un fils légitime, et il s’affaiblit car ses autres fils ont moins de dix ans, cf. Pohlsander, 1984, p. 105-106. Fausta aurait pu vouloir s’en débarrasser pour assurer l’avenir de ses fils, cf. Pohlsander, 1984 p. 104 – hypothèse jugée vraisemblable sans être certaine par Rougé, 1980, p. 12.
55 Crispus et Fausta sont accusés d’adultère, argument plausible selon Drijvers (1992, p. 505, mais il conclut par le mystère, p. 506) à cause de Zosime (mais voir infra) et des lois sur le mariage et l’adultère promulguées en 326 (Code Théodosien 9, 7, 1 ; 2 ; 9, 8, 1 ; Code Justinien 5, 26). Cependant, on ignore si elles l’ont été avant (il doit les appliquer) ou après (en réaction à la trahison), cf. Pohlsander, 1984 p. 102-104 ; pour Marasco (1993a, p. 316-317), cet adultère est un inceste.
56 L’animosité d’Hélène envers Fausta prendrait racine dans le fait que Constance se sépare de sa concubine Hélène pour Théodora, fille adoptive de Maximien, le père de Fausta, qui en outre aurait eu à un moment précis un statut supérieur à Hélène (Drijvers, 1992, p. 504 ; Laurence, 2002, p. 82). Soit elle se débarrasse d’une rivale, soit elle est indignée par la mort de Crispus, cf. Pohlsander, 1984, p. 106 ; Paschoud, éd. cit., n. 23, p. 236.
57 Le drame reste pour nous un mystère, comme il semble l’être pour les contemporains, cf. Rougé, 1980, p. 13 ; Drijvers, 1992, p. 506 ; Paschoud, 2000, p. 236 ; contra : Marasco, 1993 a, p. 297 n. 2.
58 Combiner les témoignages de diverses versions peut induire le lecteur en erreur (par ex. Anderson, 1965, n. 5 p. 197 ; Loyen, éd. cit. CUF 2, n. 26 p. 237) et créer l’apparence de vérité établie.
59 Cf. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique X, 9, § 4 et 6, éd. et trad. G. Bardy, Sources chrétiennes 55, Paris, éd. du Cerf, 1958, p. 119 et n. 2). Pour la chronologie, cf. Maraval P., Eusèbe de Césarée. La théologie politique de l’empire chrétien. Louanges de Constantin (Triakontaétérikos), Paris, Éd. du Cerf, 2001, p. 15 et n. 1 ; Richard Fr. dans Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, trad. G. Bardy revue par L. Neyrand, coll. Sagesses chrétiennes, Paris, Éd. du Cerf, 2003, Introduction, p. 19.
60 Barnes, 1981, p. 150, 274.
61 Cf. Maraval, 2001 (cité n. 59) pour les Louanges de Constantin et Vita Constantini 1, 11, dans Eusebius Werke, I. Band, Über das Leben des Kaisers Konstantin, éd. F. Winkelmann, 2e éd. revue et corrigée (Heikel, Leipzig, 1902), Akademie Verlag, 1991 (1975), p. 20. Cf. Rougé, 1980, p. 12, n. 36 pour l’influence de ce silence d’Eusèbe.
62 Cf. In epist. Ad Philipp. Cap. 4, Homil. 15, PG t. 62, c. 295, 17-24 Migne, et Marasco, 1993 a, p. 313-5 : Jean Chrysostome révèle une certaine liberté de parole et laisse à penser que dans le milieu chrétien on accepte l’accusation d’adultère.
63 Cf. Ammien Marcellin, Histoires 14, 11, 20, éd. É. Galletier et J. Fontaine, CUF, t. 1, Paris, Les Belles Lettres, 1978 (1968), p. 100 : prope oppidum Polam, ubi quondam peremptum Constantini filium accipimus Crispum (« près de la ville de Pola, là où nous savons que jadis le fils de Constantin, Crispus, avait été mis à mort […] »).
64 Pour la datation de chaque œuvre, voir les éditions respectives.
65 L’un s’intéresse à la révolte de Calocerus, l’autre au lieu d’exécution, Pola.
66 Il trace un portrait nuancé de Constantin, critique surtout son ambition démesurée : cf. Bird, 1984, p. 110.
67 Marasco, 1993a, p. 297 : il désire ne pas offenser Constance II.
68 Aurelius Victor, Liber de Caesaribus 41, 11, Pichlmayr-Gruendel éd., Teubner, 1961, p. 125 : « Mais alors que l’aîné des fils avait péri, on ne sait pour quelle raison, à la suite d’une condamnation de son père, soudain Calocerus […] ». L’édition CUF (éd. P. Dufraigne, Paris, Les Belles Lettres, 1975, p. 59) donne par erreur indicio.
69 Eutrope, Abrégé d’histoire romaine 10, 6, 3 à 7, 1, J. Hellegouarc’h éd., CUF, Paris, Les Belles Lettres, 1999, p. 136 : « Mais Constantin, en raison de l’insolence que donnent les succès, changea peu à peu cette douceur de caractère qui lui attirait la sympathie. Persécutant d’abord ses proches, il tua son fils, un être remarquable, le fils de sa sœur, un jeune homme au caractère agréable, bientôt sa femme, puis de nombreux amis. 7, 1 Homme comparable au début de son règne aux meilleurs princes, il le fut à la fin aux médiocres ».
70 Guthrie, 1966, p. 328, n. 12, la lit comme un complot ; il ne cite pas Grégoire de Tours (cf. n. 108).
71 Eutrope évite de parler de son activité religieuse, cf. éd. cit., p. VIII-IX ; p. 137, n. 3. Sur une construction polémique proche, voir Epitome 41, 16, dans Ps.-Aurelius Victor, Abrégé des Césars, éd. M. Festy, CUF, Paris, Les Belles Lettres, 1999, p. 45 et pour Zosime, Paschoud, 1975a, p. 153 sq. ; 1975b, p. 92 ; Zuchelli, 1976, p. 236-239 ; Marasco, 1993a, p. 305-306.
72 Cf. Saint Jérôme, Chronique. Continuation de la Chronique d’Eusèbe, années 326-378, éd. R. Helm, 1956, trad. Jeanjean B. et Lançon B., Rennes, PUR, 2004, p. 47-53 pour les sources païennes de Jérôme ; pour celles d’Orose, cf. éd. M.-P. Arnaud-Lindet, CUF 1, Paris, Les Belles Lettres, 1991, p. XXVIII-XXIX ; Amerise, 2006, p. 331, n. 16.
73 Eusèbe, Chronique XVIIII d, dans Eusebius Werke. 7. Band, Die Chronik des Hieronymus, 2e éd. R. Helm, Berlin, Akademie Verlag, 1956, p. 231 : « Crispus, le fils de Constantin, et Licinius le Jeune, fils de Constantia, la sœur de Constantin, et de Licinius, sont tués avec la plus grande cruauté » ; Chronique XXII a, éd. cit., p. 232 : « Constantin tue son épouse Fausta ».
74 Orose, hist. 7, 28, 26 (éd. cit., CUF 3, 1991, p. 78) : « Mais au milieu de ces événements, les raisons pour lesquelles l’empereur Constantin usa du glaive vengeur et du châtiment réservé aux impies, ce contre ses propres affections, restent obscures : il tua en effet son fils Crispus et Licinius, le fils de sa sœur. »
75 Tite-Live, Ab Vrbe condita 2, 5, 5-8, éd. J. Bayet-G. Baillet, CUF, t. 2, Paris, Les Belles Lettres, 1954, p. 8.
76 Cf. Orose, Histoires contre les païens 2, 5, 1, éd. cit., t. 1, p. 93.
77 Cf. Paschoud, 1975a, p. 31-32 ; id., 1997, p. 13 pour ses emprunts aux œuvres de Julien.
78 Sur ce dossier, cf. Paschoud, 1975a, p. 29-32 et 1997, p. 17-22.
79 Sozomène, Histoire Ecclésiastique 1, 5, 1, éd. cit., p. 128 : « Je n’ignore pas que les païens disent que Constantin, après avoir tué certains de ses plus proches et contribué à la mort de son propre fils Crispus, se serait repenti […] ».
80 Ibid. 1, 5, 2, p. 130.
81 Julien l’inaugure dans sa conclusion des Césars : oratio X, 38, 336b 6-8, dans L’empereur Julien, Discours, éd. C. Lacombrade, CUF II 2, Paris, Les Belles Lettres, 1965, p. 71 : Constantin et ses enfants sont poursuivis par les démons vengeurs afin d’expier leur athéisme et la mort « de leurs proches » (συγγενῶν), allusion aux meurtres de Crispus et Fausta par Constantin et à ceux du père et du frère aîné de Julien par Constance II. Cf. Barnes, 1981, p. 262 ; Marasco, 1993a, p. 301. Zosime, 2, 29, § 1, 12-13 et § 2, 16-17, éd. cit. p. 100, parle de crimes contre nature. Au contraire, la Passio Artemii 45 (apud Philostorge, Histoire Ecclésiastique 2, 4, Philostorgius Kirchengeschichte, 1re éd. J. Bidez (Leipzig, 1913), 3e éd. F. Winkelmann, Berlin, Akademie Verlag, 1981, p. 15-17 Pass.) innocente Constantin, qui châtie même selon les lois de la justice et de la nature.
82 Voir Paschoud, 1997, n. 32, p. 20.
83 Il évite les allusions au christianisme (cf. Paschoud, 1975b, p. 92) et offre une critique du règne de Constantin en 41, 16. Il partage avec Zosime une source inconnue, Nicomaque Flavien, cf. Paschoud, 1975b, p. 91-94.
84 Epitome 41, 11-12, éd. cit., p. 44 : « Mais Constantin, après s’être assuré le gouvernement de tout l’empire romain grâce à une extraordinaire chance au combat, fait tuer son fils Crispus, à l’instigation, pense-t-on, de sa femme Fausta. 12. Puis il fait périr son épouse Fausta en la plongeant dans un bain brûlant, parce que sa mère Héléna, extrêmement affligée par la mort de son petit-fils, l’en blâmait. »
85 Sur les imprécisions de Zosime, cf. Paschoud, 1975 a, p. 343 et 2000, éd. cit., p. LXXVII-LXXXII et p. 236. Contra : Zucchelli, 1976, p. 235-51 y voit les indices d’une propagande anti-constantinienne.
86 Cf. Paschoud, 2006, p. 469.
87 Zosime 2, 29, 2 (éd. cit. p. 100) : εὶς ὑποΨίαν ἐλθóντα Фαύστῃ τᾐ µητρυιᾷ συνεȋναι.
88 Ibid. ; Paschoud, 2000, éd. cit., p. 236.
89 Zosime 2, 29, 2, éd. cit., p. 100, trad. Paschoud : « […] comme pour la consoler, Constantin soigna le mal par un mal plus grand ; après avoir en effet ordonné de chauffer un bain outre mesure et y avoir placé Fausta, il ne l’en ressortit que morte. ». Voir Paschoud, 1975a, p. 35-39.
90 Sa source est possiblement païenne, cf. Paschoud, 2000, éd. cit., p. 236 ; Amerise, 2006, p. 332. La recherche actuelle dit plutôt qu’il est hétérodoxe, cf. Meyer, 2011.
91 Cf. Jérôme, Chronique XXXI a, Helm éd., p. 234. Voir Fowden, 1994, p. 153-168 et Jeanjean & Lançon, 2004, éd. cit., p. 30-41 sur la question de l’arianisme chez Jérôme.
92 Marasco, 1993a, p. 309-310 ; Amerise, 2006, p. 329, 333. En novembre 327, Constantin réintègre dans l’Église les ariens revenus d’exil : cf. Stein, 1968, p. 108.
93 La Vita Constantini du Codex Angelicus 22, seule vie hagiographique parlant du meurtre – fin du ixe et début du xie siècle – est éditée et commentée par Opitz, 1934, outre l’éd. Bidez, 1913 de Philostorge, p. 14-15 ; la Passio Artemii 45 (« rédigée au plus tard au xe siècle », cf. Paschoud, 2006, p. 462) est éditée dans PHILOST. HE 2, 4, éd. cit. Bidez, p. 15-17. Paschoud (2006, p. 463-466) cite les trois textes grecs en intégralité avec leur traduction.
94 Sur la construction du récit, voir Marasco, 1993 a, p. 310-311 ; Amerise, 2006, p. 329-333.
95 Philostorge, Histoire Ecclésiastique 2, 4, éd. cit., p. 14, l. 10 à p. 16, l. 1.
96 Cf. Ibid., p. 15, l. 1 à 17, l. 2) : « et […] il ordonna de la faire suffoquer dans la chaleur d’un bain. Peu de temps après, comme il se trouvait à Nicomédie, il expia la mort de son fils en étant empoisonné par ses frères. »
97 Cf. Paschoud, 2006, p. 469 sur le rôle d’Hélène chez Zosime et Philostorge.
98 On retrouve cette « fable d’origine arienne destinée à excuser les meurtres dont il va être question au chap. suivant » chez Cédrénos et Zonaras, cf. Paschoud, 2000, p. 262-263, car Constantin meurt de maladie, même chez Zosime (2, 39, 1, éd. cit., p. 111). Amerise, 2006, p. 330.
99 Voir Amerise, 2006, p. 337-342 sur la Passio Artemii 45 (apud PHILOST. HE 2, 4 éd. cit., p. 15-17) ; Vita Constantini, dans Opitz, 1934, p. 565, l. 20 à 566, l. 17.
100 Paschoud, 2006, p. 470.
101 Paschoud, 2006, p. 466-470. Il propose (ibid. p. 471) une « reconstitution » de Zosime « s’il avait travaillé correctement ». « Bousilleur patenté » (p. 470), il omet par négligence la possible responsabilité de Fausta.
102 Voir n. 107. Je remercie vivement F. Paschoud pour la lecture de ce travail et ses remarques.
103 Suétone, Néron 33-35, éd. cit., p. 177-183. Sur l’art du crescendo, cf. Gascou, 1984, p. 697-698.
104 Sur les interprétations plus ou moins hostiles à Constantin, parjure ou justicier, voir pour la mort de Maximien, Lactance, De la mort des persécuteurs, éd. et trad. J. Moreau, Sources chrétiennes 39, Paris, Éditions du Cerf, 1954, t. 2, p. 375-378, n. 19-25 ; pour Maxence : ibid. n. 29 et 32, p. 440-442 ; pour Licinius : Paschoud, 2000, éd. cit., n. 38, p. 233-234.
105 Pohlsander, 1984, p. 100 admire l’élégance de la phrase mais s’étonne de l’inversion chronologique.
106 Contrairement à ce que prétend Woods, 1998, p. 77-78. Peut-être Sidoine songe-t-il à l’anecdote, vraie ou fausse, sur un autre couple Crispus-Fausta (il aime les jeux sur les noms : cf. n. 18) : Salluste, pris en flagrant délit d’adultère par le mari Milon avec Fausta, fille de Sylla, est fouetté, d’après une glose à Horace, serm. 1, 2, 41, dans Acronis et Porphyrionis commentarii in Q. Horatium Flaccum, vol. 2, éd. F. Hauthal, Berlin 1866, rééd. O. Schippers, Amsterdam, 1966, p. 43.
107 Cf. Woods, 1998, ibid. La construction symétrique unit Fausta et Crispus dans une fin cruelle : que ce soit une allusion à l’accusation d’adultère ou à celle de complot dont Grégoire est le seul à rendre compte (voir note suivante) reste pure hypothèse.
108 Grégoire introduit l’explication du drame par une formule proche de Sidoine (quia scilicet devient scilicet quod), abrège filium Crispum frigore ueneni en Crispum filium ueneno et rivalise avec calentem balneo, variante plus imagée du calore balnei chez Sidoine – banalisée en calente dans deux mss (A 1 – Casinensis 275 (XIe ou XIIe siècle) et D 5 (Vaticanus reginae Christinae 556, du xe siècle) ; cf. Grégoire de Tours, Historia Francorum 1, 36, dans Monumenta Germaniae Historica Series 2, Scriptores rerum Merovingicarum 1, 1 éd. W. Arndt et B. Krusch, pars I, Historia Francorum, Hannover, 1884, p. 51 : Hic Constantinus anno uicessimo imperii sui Crispum filium ueneno, Faustam coniugem calentem balneo interfecit, scilicet quod proditores regni eius esse uoluissent (« Pendant la vingtième année de son règne, ledit Constantin tua son fils Crispus par le poison et sa femme Fausta en la faisant chauffer dans un bain, parce qu’ils avaient voulu trahir sa souveraineté […] »). Grégoire est peutêtre le relais d’une tradition perdue. Eusèbe de Césarée, Vita Constantini 1, 47, 2, éd. cit., p. 40, signale, sans donner de nom, une conjuration formée par des proches de l’empereur mais révélée à temps ; elle a été lue comme une allusion au drame de 326 mais surtout comme la tentative de révolte de Bassanus : cf. Tartaglia L., Eusebio di Cesarea, Sulla uita di Constantino, Napoli, M. d’Auria, 1984, p. 73 ; Cameron Av. et Hall S. G., Eusebius, Life of Constantine, Clarendon Ancient History Series, Oxford, Clarendon Press, 1999, p. 223.
109 Moyen excluant une exécution officielle : Pohlsander, 1984, p. 104. Philostorge dit deux fois que Constantin est empoisonné par ses frères : Histoire Ecclésiastique 2, 4 – voir n. 96 et 98 – et 2, 16 – éd. cit., p. 26-27 (d’après Photius) ; Marasco, 1993a, p. 307 ; Amerise, 2006, p. 330. Sidoine pourrait être le relais d’une tradition perdue selon laquelle Crispus périt comme il a tué son fils.
110 Ordalie pour un parjure selon Desnier, 1987 ; accident en voulant avorter d’après Woods, 1998.
111 Rougé, 1980, p. 12 sur l’aspect romanesque de la tradition tardive de Fausta nouvelle Phèdre.
112 L’épouse est exposée nue, aux bêtes sauvages, dans la montagne : voir n. 62. Pohlsander, 1984, p. 103 conclut de cette différence de version que le détail du bain est douteux.
113 Suétone, Néron 33, 1-2, éd. cit., p. 177-78 ; Tacite, Annales 12, 66-6 (éd. J. Hellegouarc’h, CUF, t. 3, 2e tirage revu et corrigé, Paris, Les Belles Lettres, 1994, p. 97-99) et 13, 15, 3-16, 3 (éd. P. Wuilleumier, CUF 4, Paris, Les Belles Lettres, 1978, p. 17-18).
114 Lors des trois premières tentatives selon Suétone, Néron 34, 2, éd. cit., p. 179, et Tacite, Annales 14, 3, 1, éd. cit. CUF 4, p. 70.
115 Cf. Marasco, 1993 b, p. 148 : il relève l’allusion aux meurtres de familiers grâce à Néron, mais il rapproche Fausta de Poppée.
116 Suétone, Néron 35, 4 (éd. cit., p. 181) et Dion Cassius, 62, 13, 1 (dans E. Cary-H. Baldwin Foster éd., Dio’s Roman History, Loeb, t. 8, London-Cambridge, 1968, p. 105) ne disent pas comment elle meurt.
117 Chez Suétone, Néron 35, 4, éd. cit., p. 181, elle est exilée puis tuée sous prétexte d’adultère.
118 Tacite, Annales 14, 64, 2, éd. cit., CUF, t. 4, p. 126. Le récit de la mort de Sénèque en est le double : ibid. 15, 63, 3 à 64, 4, p. 191-192. On lit aussi ce schéma (veines ouvertes et bain chaud) ibid. 15, 69, 2 et 16, 11, 2, p. 196 et 216.
119 Ibid. 13, 15, 2-3, p. 17 ; Pohlsander, 1984.
120 Il dénonce l’adultère, non la mise à mort.
121 C’est implicite chez Photios avec le détail de l’empoisonnement de Constantin et explicite dans la Vita Constantini, mais non dans la Passio Artemii où Constantin est loué : voir n. 81 et 98.
122 Cf. Julien, Discours I, 7, 15-25 (9 b-c), J. Bidez éd., CUF, t. 1, Paris, Les Belles Lettres, 1932, p. 19-20 : discours de 356, à Constance II.
123 C’est la fille du persécuteur Maximien. Pour Philostorge, voir Marasco, 1993a, p. 309-11. Zonaras mentionne le zèle païen de Fausta et son influence sur Constantin (Annales 13, 1, B, p. 172, 14-20, éd. L. Dindorf, Joannis Zonarae Epitome historiarum, Leipzig, Teubner, vol. 3, 1870) ; cf. Paschoud 1975a, p. 33-34 sur le sens de cette tradition du paganisme de Fausta. Contra : Rougé, 1980, p. 13.
124 Cette présentation chrétienne (Bleckmannn, 2004, p. 228-229) de Fausta adultère et nouvelle Phèdre, s’accentue après Philostorge : cf. Marasco 1993a, p. 312. Voir Amerise, 2006, 337-342 sur la Passio Artemii 45 (apud Philostorge, Histoire Ecclésiastique 2, 4 éd. cit., p. 15-17) ; Opitz, 1934, p. 565, l. 20 – p. 566, l. 17 pour la Vita Constantini du Codex Angelicus 22, seule vie hagiographique parlant du meurtre – fin du IXe et début du XIe siècle) ; Zonaras (Annales D l. 13 à 13, 3, A, l. 24, p. 179, éd. cit. Dindorf) ; d’après Marasco 1993a, n. 2 p. 306-307, dans la Patria Constantinopolitana 2, 93 [non uidi] (dans T. Preger, Scriptores originum Constantinopolitanarum II, Leipzig, 1907, p. 200), après la mort de Fausta dansle bain et celle de Crispus décapité, Constantin fait pénitence, poussé par Hélène, et fait élever une statue à son fils.
125 Cf. Laurence, 2002, p. 95-96.
126 Ibid., p. 83.
127 Cela rejoint en partie la version païenne (dès le milieu du IVe siècle) de la conversion tardive de Constantin pour expier le drame de 326, comme réponse à la diffusion de la version hagiographique de la vision du Pont de Milvius : cf. Paschoud, 2000, p. 234, note 39. On peut y ajouter la légende de l’invention de la croix par Hélène, précisément forgée dans la deuxième moitié du IVe siècle (Laurence, 2002, p. 91-94). L’événement vient juste après le drame de 326 chez Grégoire (Historia Francorum 1, 36 éd. cit., p. 51). Le pèlerinage à Jérusalem a été lu comme un acte d’expiation pour la mort de Fausta, cf. Pohlsander, 1984, p. 106.
Auteur
Université de Clermont-Ferrand II
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les écritures de la douleur dans l’épistolaire de l’Antiquité à nos jours
Patrick Laurence et François Guillaumont (dir.)
2010