1 Notamment Ertürk Yöndem, un fameux et influent journaliste de l’époque, de la chaîne publique TRT, a consacré, dans les années 1990, plusieurs émissions de son programme d’actualité assez moraliste Perde Arkası (Derrière les rideaux) à ce quartier. Il faisait de même pour des quartiers où habitaient des transsexuels à Istanbul.
2 Dans l’article, nous employons le terme de « quartier » dans le sens de lieu de vie et de voisinage. En turc, le mot mahalle correspondant au « quartier » en français est souvent utilisé pour décrire le lieu de voisinage à des frontières flux et malléables. En même temps, il correspond également au plus petit découpage administratif avec un muhtar à la tête, élu au suffrage universel des habitants et chargé de délivrance des documents administratifs et des listes électorales. En ce sens, ce que nous appelons Sulukule renvoie au mahalle des habitants correspondant au premier sens du terme et se situe entre les deux mahalles administratifs : Hatice Sultan et Neslişah.
3 Erdi-Lelandais Gülçin, « Right to the City as an Urban Utopia ? Practices of Everyday Resistance in a Romani Neighbourhood in Istanbul », dans Understanding the City, Henri Lefebvre and Urban Studies, éd. par Gülçin Erdi-Lelandais, New Castle, Cambridge Scholars Publishing, 2014, p. 69-89.
4 Erdi-Lelandais Gülçin, « Citizenship, Minorities and Struggle for a Right to the City in Istanbul », Citizenship Studies, vol. 17, no 6-7, 2013, p. 817-836.
5 Mathieu Lilian, « Une mobilisation improbable : l’occupation de l’église Saint-Nizier par les prostituées lyonnaises », Revue française de sociologie, vol. 40, no 3, 1999, p. 475-499.
6 Les mobilisations improbables sont en générale attribuées à des groupes à « faibles ressources ». Nombreuses sont les recherches sur cette question : Cécile Péchu, « Quand les “exclus” passent à l’action », Politix, no 34, 1996 ; Droit au logement, genèse et sociologie d’une mobilisation, Paris, Dalloz, 2006, ou de Johanna Siméant, La cause des sans-papiers, Paris, Presses de Sciences Po, 1998. Pour l’ensemble de la littérature sur ces groupes à « faible ressource », sans dénier les multiples ressources économiques, sociales, culturelles et familiales que ces groupes peuvent posséder, on se réfère, en fait, au faible volume de ressources politiques détenues par ces groupes en tant que collectif, autrement dit sa position dominée dans le champ du pouvoir. La mobilisation de Sulukule confirme également ce constat. Voir Mouchard D. (2010).
7 Extrait de discussion avec Murat, un activiste-urbaniste, 20 décembre 2011, Taksim-Istanbul.
8 Agrikoliansky Éric, « Les usages protestataires du droit », dans Penser les mouvements sociaux, éd. par Éric Agrikoliansky et al., Paris, 2010, p. 225.
9 McCann Michael, « Legal mobilization and social reform movements : notes on a theory and its application studies », Law, Politics and Society, no 11, 1991, p. 225-254.
10 Il s’agit d’une forme d’expropriation sous contrainte. Dans ce processus, l’État impose les conditions d’indemnisation et fixe la somme sans laisser une possibilité de discussion et négociation. De ce fait, la solution proposée par l’État est à prendre ou à laisser pour les populations concernées sans qu’il y n’ait une autre alternative.
11 Dans ce rapport, l’Unesco indique que « le comité de mission considère que les projets de rénovation urbaine avec une focalisation sur le développement du foncier ne sont pas appropriés pour les zones appartenant au patrimoine mondial et insiste sur sa recommandation de la mission de 2006 que tous ces projets doivent être entièrement révisés pour réaliser la conservation in situ des structures historiques existantes plutôt que la reconstruction et la nouvelle construction ».
12 Chin Christine B. N., Mittelman James H., « Conceptualizing Resistance to Globalisation », dans Globalisation and the Politics of Resistance, éd. par Barry K. Gill, Hampshire, Palgrave, 2000, p. 29-45.
13 Keck M., Sikkink K., Activists Beyond Borders, New York, Ithaca, 1998.
14 Agrikoliansky E., op. cit., p. 228.
15 Notes de terrain, 31 mars 2011, Karagümrük, Istanbul.
16 Lochak Danièle et al., Les usages sociaux du droit, Amiens, CURAPP, PUF, 1989, p. 7.
17 Sarat Austin et Scheingold Stuart, Cause Lawyering : Political Commitments and Professional Responsabilities, New York, Oxford University Press, 1998.
18 Gaïti Brigitte, Israël Liora, « Sur l’engagement du droit dans la construction des causes », Politix, vol. 16, n° 62, 2003, p. 19.
19 Déclaration des associations roms, adressée à la Commission parlementaire de compromis pour une nouvelle Constitution, publiée dans le journal Akşam, 17 avril 2012, notre traduction.
20 Lefebvre Henri, Le Droit à la ville, Paris, Anthropos, 1968.
21 Neveu et al., « Introduction : Questioning Citizenships », Citizenship Studies, vol. 15, no 8, 2011, p. 961.
22 Habermas Jürgen, Théorie de l’agir communicationnel, tome I : Rationalité de l’action et rationalisation de la société, Paris, Fayard, 1987.
23 Berry-Chikhaoui Isabelle, Deboulet Agnès (éd.), Les compétences des citadins dans le monde arabe : Penser, faire et transformer la ville, Tunis-Paris-Tours, IRMC-Karthala-Urbama, 2000, p. 17.
24 Rancière Jacques, La mésentente, Paris, Galilée, 1995, p. 60.
25 Mouchard Daniel, « Les mouvements sociaux, laboratoires de la démocratie », La Vie des idées, 7 septembre 2010, http://www.laviedesidees.fr/Les-mouvements-sociaux.htm, consulté le 18 mai 2016.