Entre Thongue et Libron (Hérault), zone boisée et artisanat potier aux portes de la colonie romaine de Béziers (Ier-IIIe s. ap. J.-C.)
p. 147-173
Texte intégral
1« L’Europe de la forêt dégradée était la plus romanisée » (Higounet 1966). Près de quarante années après cette affirmation, doit-on toujours considérer que la « romanisation » des provinces conquises par Rome avait pour corollaire inéluctable la dégradation du couvert forestier ? Faut-il, sur le pourtour méditerranéen de Gaule méridionale, restituer un paysage antique que défrichements agricoles et exploitation artisanale auraient contribué à ouvrir toujours un peu plus ou bien considérer que finalement, comme dans le domaine de l’énergie hydraulique, ce type de poncif doit être reconsidéré ?
2Dans la cité romaine de Béziers et plus largement dans la partie occidentale de la province de Gaule Narbonnaise, la forêt reste un sujet d’étude difficile en raison de la faiblesse documentaire de nos sources. Rien ou presque dans les inscriptions de Béziers (Clavel 1970) et Narbonne (Gayraud 1981) ne nous renseigne, directement ou indirectement, sur l’existence d’espaces boisés qui, nous allons le voir, ne devaient pourtant pas manquer d’occuper de vastes portions du territoire. Dans la capitale provinciale, une inscription révèle l’existence du picator Cn. Domitius Auctus (CIL XII, 4504), et serait à mettre en relation avec l’exploitation de la poix (Gayraud 1981 : 485-486) mais plus sûrement de la résine, issue de bois de conifères peut-être localisés dans le massif de la Clape. Pour l’heure, cette inscription reste encore parfaitement isolée dans le contexte provincial. Un examen des textes des auteurs anciens débouche sur le même constat : ainsi Pline l’Ancien, naturaliste et ancien gouverneur de la province, est peu prolixe sur la forêt en Narbonnaise dans son ouvrage encyclopédique : est-ce parce qu’elle n’avait qu’une importance économique mineure dans cette région de l’Empire ou bien est-ce que son omniprésence la rendait banale ? Il y rapporte toutefois l’exploitation de la résine et sa transformation en poix ; il donne également des renseignements sur l’utilisation de certaines espèces dans l’artisanat et dans la fabrication du bitume ou du savon (HN, XVI, XXIV, XXVIII) : cependant, cela n’apporte rien de précis sur la localisation des forêts antiques1.
3Les synthèses récentes portant sur l’histoire des campagnes de Narbonnaise — qui ne traitent pas de cette question (par ex. Leveau, Sillières, Vallat 1993 : 21-26 et 250-286 ; Gros 2008) — témoignent aussi, de façon indirecte, de nos lacunes documentaires2. Pour le territoire des Trois Gaules, le problème est différent : on s’intéresse surtout, comme par exemple dans le cas bien connu de la forêt de Brotonne (Ferdière 1988 : 40-44 ; Lequoy 2007), aux occupations antiques souvent importantes recouvertes par des forêts médiévales ou modernes3 et la question de l’existence des espaces boisés antiques est assez peu abordée. Toutefois, de récentes recherches menées dans le Berry et le Bourbonnais montrent que les forêts antiques, notamment celle de Tronçais, étaient exploitées par des entreprises agricoles de faible envergure4 et surtout par des petites unités artisanales liées en particulier à la production de fer et de matériaux de construction en terre cuite (Laüt 2007). Nous y reviendrons.
4Quant aux ouvrages qui abordent le paysage du point de vue de son organisation et de son contrôle, ils restent — très certainement en raison du silence apparent des agrimensores5 — très discrets sur cette question (Chouquer, Favory 2001 ; Chouquer 2010). Pourtant comme le souligne A. Durand pour le Moyen Âge — et cette remarque est bien évidemment valable pour l’Antiquité — « dans la construction d’un terroir, la gestion des rapports de la trilogie agraire, ager-saltus-silva est déterminante » (Durand 1998 : 312, cf. aussi Durand 2002). Lorsque à la fin de l’Antiquité, Ausone évoque ses villae, ne précise-t-il d’ailleurs pas que l’herediolum qu’il a reçu en pays vasate (Aquitaine) comporte autant de forêt que de prés et d’emblavures (Domestica, I, 23)6 ?
5D’autre part, le caractère aléatoire des recherches anthracologiques concernant la période romaine ne permet pas encore de dresser un tableau vraiment pertinent de l’extension globale de la forêt, notamment dans ce que nous désignons sous le terme contemporain de Bas-Languedoc7. Les travaux effectués, par exemple, dans la région d’Ambrussum, Lunel-Viel et Nîmes montrent que, dans ce cas précis, il s’agit d’un terroir déjà fortement déboisé, avec une agriculture très développée durant le Haut-Empire (Chabal 1997 : 126-132 ; Blanchemanche, Chabal 1995 : 210-218). Doit-on pour autant considérer que dans cette vaste zone ou sur ses marges, il n’existait pas ou plus de massif forestier ? Il est en tout cas remarquable de constater que les occupants du quartier bas d’Ambrussum utilisent pour la construction, à côté d’espèces méditerranéennes classiques, du hêtre, du sapin, de l’épicéa et du mélèze dont l’origine doit être recherchée dans des zones montagneuses situées à plusieurs dizaines de kilomètres (Chabal et al. 1999 : 58-59)8.
6Par ailleurs, les études portant sur l’atelier de potiers de Sallèles-d’Aude (Chabal, Laubenheimer 1994 ; Chabal 2001 ; Vernet 1997 : 180-188), établi non loin de Narbonne, permettent de se faire une idée précise de son approvisionnement en bois pendant environ trois siècles : le modèle de fonctionnement économique de la fabrique montre qu’un rayon d’approvisionnement de 1,3 km suffisait à alimenter les fours. Cependant et comme le souligne d’ailleurs L. Chabal dans la conclusion de son article de 2001 (ibid. : 106), cette proposition n’est pas confrontée aux informations relatives à l’occupation du sol autour du site, ce qui entraîne la restitution d’un espace boisé monobloc au cœur duquel se situerait l’officine alors que l’hypothèse d’un paysage mosaïqué — et donc d’un approvisionnement en bois plus complexe — paraît ici, de notre point de vue, bien plus pertinente9. Ces deux exemples — qui renvoient à deux modèles d’occupation du sol distincts, voire opposés — sont intéressants parce qu’ils illustrent les limites des interprétations liées aux analyses anthracologiques et témoignent de la nécessité de les confronter aux résultats des études d’occupation du sol.
7Deux sources peuvent, en définitive, être sollicitées pour progresser dans cette problématique. En premier lieu, les textes médiévaux sont susceptibles de nous renseigner, de façon rétrospective, sur l’existence de forêts, indirectement par le biais des défrichages ou directement lorsque par exemple une silva est énumérée dans une liste de biens10 ou bien qu’elle fait l’objet d’un litige11. Cette approche, couplée avec des analyses anthracologiques (Durand, Vernet 1987, Durand 1998 et 1999)12, a permis de spectaculaires progrès dans la connaissance de cette problématique, notamment pour le Moyen Âge central (en dernier lieu Durand 2002 ; Durand, Ruas 2003). Ainsi, même la question des friches et des zones incultes a pu faire l’objet d’une étude précise (Bourin 2002). Dans la zone littorale située entre Agde et la Camargue, l’analyse serrée des textes disponibles a permis à M. Bourin de montrer, pour le Haut Moyen Âge, la présence de vastes secteurs boisés, halophiles ou humides, dont l’extension se confond avec celle de terres publiques, peut-être d’origine antique. À l’ouest d’Agde, le bilan est plus contrasté, qui montre, semble-t-il, la même importance des fiscs mais dépeint une zone littorale presque dépourvue de sylve, du moins si l’on s’en tient aux données textuelles, moins abondantes (Bourin-Derruau et al. 2001 : 351-357). Nous y reviendrons.
8En définitive, l’image d’une exploitation désordonnée, durant cette période, d’une forêt considérée comme fragile car située à sa limite climatique, et déjà soumise à la pression des civilisations antiques, grandes destructrices de bois (Fourquin 1969 : 27-29) doit être largement nuancée. Les résultats des analyses des charbon de bois menées en Bas-Languedoc renvoient en effet à la présence de peuplements mésophiles de chênes blancs, de frênes, de saules et d’ormes champêtres, permettant d’évoquer l’existence — principalement dans les fonds de vallée — de lambeaux encore vivaces de forêts anciennes. Par ailleurs, on évoque désormais plus volontiers « un espace familier et entretenu » (Durand, Ruas 2004 : 174), parfaitement intégré à l’économie rurale : la forêt n’est pas nécessairement un espace sauvage et hostile mais au contraire un espace maîtrisé, domestiqué.
9Le contraste est donc net avec l’Antiquité, en particulier le Haut-Empire, où finalement, le rôle et l’importance de la forêt par rapport à l’organisation et à l’exploitation du sol13 semblent largement sous-estimés en raison de l’absence de donnée textuelle.
10La seconde source est liée au développement de l’archéologie dite « spatiale » et c’est elle qui retiendra notre attention. En observant, pour l’Antiquité et notamment pour le Haut-Empire, période où l’habitat rural dispersé semble à son apogée, la répartition des sites et l’existence de vides éventuels, on peut mettre en évidence, avec prudence — notamment en raison de l’éventualité de phénomènes de recouvrement sédimentaires — l’existence d’espaces dont une bonne partie est susceptible de correspondre à des espaces boisés plus ou moins étendus14. Cette démarche suppose bien évidemment la prise en compte de multiples données car une terre dépourvue d’établissements ruraux ne prouve pas nécessairement la présence de sols occupés par une végétation sauvage et spontanée. Le croisement des sources dans la diachronie constitue également un paramètre essentiel. Enfin, il est impératif de s’interroger sur la nature de l’exploitation potentielle d’un espace boisé en examinant quelles sont les données relatives aux activités économiques locales. On verra, en ce qui concerne ce dossier, que la présence d’ateliers de potiers, tout en renforçant l’hypothèse de l’existence d’un secteur boisé important aide aussi à préciser la place de celui-ci dans l’économie régionale antique.
11À l’occasion d’une étude documentaire (Mauné, Loison 1998) réalisée au début de l’année 1998, en préalable aux prospections de surface sur le tracé de l’autoroute A7515, entre Pézenas et Béziers (fig. 1), une abondante documentation portant sur l’occupation de cette zone entre le Paléolithique et l’époque moderne a été rassemblée et analysée.

Fig. 1. Localisation de la zone étudiée dans la région de Béziers/Agde et tracé de l’A75 Pézenas/Béziers. relevés S. Mauné, DAO V. Lelièvre et S. Mauné
12La mise en perspective de ces données et l’établissement d’une cartographie détaillée établie cette année-là, puis complétée depuis, nous ont rapidement conduit à mettre en évidence un vide archéologique surprenant dans un vaste secteur compris entre les vallées de la Thongue et du Libron (ibid. : 87). Dans le même temps, la mise en perspective de ces résultats préliminaires avec nos recherches portant sur l’artisanat céramique dans la région de Béziers permettait de montrer que plusieurs sites présents dans cette zone, traversée dans toute sa largeur par la voie Domitienne, pouvaient être identifiés comme des ateliers de potiers16.
13Par ailleurs, la confrontation de ces éléments avec la carte géologique de la zone étudiée montrait que cet espace était principalement occupé par des terrasses alluviales d’époque glaciaire, à matrice argileuse et charge de galets. Il n’en fallait pas plus pour soulever alors l’hypothèse de l’existence d’une vaste zone boisée, située aux portes même de la colonie romaine de Béziers.
14Enfin, à la fin de l’année 1998, les prospections systématiques très fines conduites sur le tracé de l’A75 sous la direction de J. Kotarba (Kotarba dir. 1998) confirmaient l’absence de sites antiques dans ce secteur et surtout d’épandages agricoles du Haut-Empire, bien présents en revanche sur la rive gauche de la Thongue et surtout sur le rebord du plateau de Montimas, situé immédiatement à l’est de la ville antique de Béziers. En 2004-2005, des diagnostics mécaniques conduits par l’INRAP sur une grande partie du tracé de l’autoroute ont confirmé l’existence d’une zone vide de sites et d’épandages, entre Thongue et Libron, validant par la même occasion notre hypothèse de 1998.
1. Des conditions naturelles spécifiques ?
1. 1. L’importance des données géologiques, géomorphologiques et sédimentaires
15La zone située entre la Thongue au nord, et le Libron au sud, bien qu’a priori caractérisée par une certaine hétérogénéité géomorphologique, présente en fait une certaine unité de sols, marquée par l’omniprésence d’argile et de cailloutis ou galets (fig. 2). D’ouest en est, de l’amont des deux vallées parallèles, vers l’aval, on trouve d’abord une vaste formation continentale détritique du Pliocène continental (Pc), qui remblaie les anciennes vallées sur des épaisseurs variables. Elle est composée de limons rouges caillouteux et gréseux, associés à des poudingues compacts de galets siliceux.
16Entre cette zone et le tracé de l’A75, ainsi que le long de la rive droite de la Thongue, affleure une vaste formation de cailloutis villafranchiens (Fv) correspondant aux alluvions fluviatiles les plus anciennes (Pléistocène inférieur). Ces alluvions argileuses comprennent de nombreux galets siliceux arrondis ; elles sont associées à des dépôts de type Flwb (sables et graviers, cailloutis) et parfois couronnées par des épandages caillouteux en glacis-terrasse Hwd. C’est sur ces niveaux (alt. 35-60 m) que sont établis les ateliers de potiers antiques. Enfin, le long du Libron et de ses affluents, on trouve des colluvions du Pléistocène supérieur différenciées (Cyb) ou indifférenciées (Cy), largement recouvertes d’alluvions récentes de l’Holocène (limons, sables, graviers).
17On comprendra aisément, à la lecture de cette description synthétique, que les Gallo-romains étaient confrontés, dans cette zone et sur une très importante superficie, à des sols particulièrement difficiles à travailler. Certes, la physionomie de ce secteur a pu, depuis l’Antiquité, fortement évoluer et une bonne partie des sols a pu, à cause de l’érosion, être entraînée vers les cours d’eau. Toutefois, outre l’absence d’établissements ruraux antiques on doit aussi préciser que la carte d’occupation du sol pour les autres périodes — du Néolithique à la fin du Moyen Âge — reste vide et que l’on ne peut imputer à l’érosion cette absence chronique de trace d’occupation.
18Cependant, la présence d’argile — répulsive pour l’agriculture surtout lorsqu’elle est mêlée à des galets et du cailloutis — a manifestement attiré l’attention d’artisans, peut-être établis dans la ville proche de Béziers, au moment où la demande en matériaux de construction, céramiques et emballages vinaires était à son plus haut niveau.
19Pour leur approvisionnement en argile, les potiers gallo-romains avaient deux possibilités : soit la prélever dans les terrasses anciennes ; soit aller chercher, dans les niveaux miocènes entaillés par les cours d’eau, les marnes bleues présentes sous la forme de poches plus ou moins importantes. La présence, à proximité de l’atelier de Capitou, d’une vaste excavation (voir infra) et la découverte récente, par O. Ginouvez, de longs et profonds creusements linéaires, situés à quelques centaines de mètres de l’atelier de Bourgade (renseignements inédits) constituent une série d’indices qui tendent à montrer que la première solution fut peut-être privilégiée par les artisans. Toutefois, cette solution obligeait les potiers à traiter l’argile ainsi collectée en raison de son hétérogénéité. De plus, la diversité des productions locales ne nécessitant pas la même qualité de pâte — amphores, matériaux de construction, céramiques fines et communes, etc. — a pu imposer le recours à des gisements différents.

Fig. 2. Carte géologique de la zone étudiée d’après les fonds de cate 1/50 000e n° 1015 Pézenas/BRGM 1981 et n° 1040 Agde/BGM 1978. Rel. G. Loison, DAO V. Lelièvre
20On observe ainsi que les amphores Gauloise 4 de Bourgade ont une pâte calcaire très épurée alors que la céramique commune Brune Orangée Biterroise présente une pâte sableuse. Cette différence s’explique-t-elle par le travail de l’argile (décantation, ajout de dégraissant, etc.) ou bien par un approvisionnement différent en matière première ? Seule une série d’analyses physico-chimiques et l’examen détaillé de lames minces pourraient le préciser.
1. 2. La question du Libron et de ses affluents
21Au sud-ouest de la zone étudiée se trouve la vallée du Libron qui constitue sa limite occidentale. Il s’agit d’un petit fleuve côtier qui, à partir des avant-monts de Faugères (alt. 150 m), se développe sur une longueur d’environ 42 km en drainant un bassin versant de plus de 165 km2. Ses lignes de faîte sont peu marquées mais l’étroitesse de sa vallée entraîne de très forts ravinements et des crues très violentes dans son cours inférieur. J. Coulouma a consacré à ce fleuve côtier un article dans lequel il se livre à un examen des terrains géologiques traversés par le fleuve, à la botanique, à l’histoire et à l’archéologie de cette vallée (Coulouma 1930). Il a complété ce premier travail par quelques remarques comparatives publiées en 1937 (Coulouma 1937).
22Concernant directement le fleuve, l’auteur rapporte diverses crues ayant touché les communes de Boujan, de Béziers et de Vias. Il cite ainsi celle de 1907 qui a emporté le pont de chemin de fer et la route nationale de Béziers à Pézenas. Six ans plus tard, en 1913, une nouvelle crue détruit à nouveau la route nationale à deux endroits différents, ce qui confirme donc le caractère torrentiel du fleuve.
23Selon J. Coulouma qui le compare à un véritable oued nord-africain, ces crues seraient causées par plusieurs facteurs : la spontanéité des pluies qui s’abattent sur les collines biterroises, la vitesse de l’eau due à la direction rectiligne du fleuve, sans réelle boucle, et la différence d’altitude entre le cours supérieur et le cours inférieur. En fait, les crues du Libron sont surtout sensibles à partir de Boujan puisque le fleuve passe alors d’un lit contenu par des reliefs à une plaine qui va en s’élargissant jusqu’à la mer. De plus, alors qu’en amont de Boujan, ses affluents sont peu nombreux et intermittents, l’Ardaillon et le Rendolse lui apportent leurs eaux entre la RN 9 et le domaine de Clairac, contribuant ainsi à grossir son débit dans des proportions importantes. Ainsi, en 1633, le Libron recouvre de graviers et décombres treize champs du domaine de Coussergues et emporte le sol de la parcelle dite « Rompue de Madame » sur près de quatre hectares (Chéron, de Sarret de Coussergues 1963 : 227). En 1683, il fait de tels dégâts qu’une expertise et un état précis des terres du domaine sont établis : cent six hectares sont cultivés (ou cultivables) et cent quatre-vingt huit hectares — dont la liste parcelle par parcelle est fournie — sont remplis d’eau marécageuse, ravagés, gâtés par les eaux ou bien traversés par des agals (ibid. : 234). Cette situation n’est pas nouvelle puisque l’on observe que le tracé antique de la voie Domitienne, rectiligne jusqu’à la rive gauche du Rendolse, se perd complètement dans la topographie actuelle et ce sur toute la largeur de la vallée soit 2,5 km17. C’est la plus grande interruption du tracé de cette voie par un cours d’eau, entre le Rhône et les Pyrénées, puisque même au franchissement de l’Hérault, à Saint-Thibéry, la voie n’est coupée que sur un kilomètre (Mauné 2002).
24Dans ce secteur, il ne subsiste rien d’éventuels ouvrages de franchissements antiques et/ou médiévaux comme l’ont montré les minutieuses prospections de P.-Y. Genty et de G. Sachot le long de ces cours d’eau, effectuées à l’occasion d’une enquête sur les ponts situés dans la zone de Pézenas, Saint-Thibéry et Béziers, en février 1998. La traversée, dans l’Antiquité, de la vallée du Libron devait se faire grâce à un certain nombre d’ouvrages d’art dont malheureusement aucun vestige n’est parvenu jusqu’à nous, sans doute en raison des caprices du Libron et de son affluent, le Rendolse. Comme nous y invite l’exemple de Bougariu Alt dans les Pyrénées-Orientales (Comps 1997 : 94-100), on peut envisager qu’une chaussée bâtie ait assuré le passage de la Domitienne dans ce secteur difficile. La question qui reste en suspens, outre celle de leur localisation et de leur ampleur précise, est celle de l’époque de leur destruction.
25D’après A. Chéron et G. de Sarret de Coussergues, le lit du Libron ne fut réellement fixé qu’à partir de la fin du XVIIe s. : avant cette date, il disposait de quatre lits différents dans une zone — comprise entre Saint-Bauzille, Saint-Jean-de-la-Cavalerie et Coussergues — dont la largeur était comprise entre 500 et 1000 m (Chéron, de Sarret de Coussergues 1963 : 217). Le plan détaillé de la seigneurie, dressé en 1732, montre d’ailleurs le cours du fleuve et le tracé de deux « vieux Libron » (ibid. : 255 et pl. XXX). En 1690 donc, après les ravages causés par les inondations de 1684, quatre entrepreneurs de Béziers et de sa région ramenèrent, pour une somme de 7000 livres, le Libron dans son lit principal qui fit l’objet de travaux d’envergure : élargissement de son lit de 14 m, établissement de chaussées neuves et de fossés, aménagement d’un canal, etc. (ibid. : 239). Cependant, ces travaux ne suffisent pas puisqu’en 1741 le fleuve recouvre toutes les terres basses qui venaient d’être labourées, de sable et de gravier : 8 ha de terre sont inexploitables, 21 ha ont été affouillés et les digues de 1690 sont très endommagées (ibid. : 266)18. Certes, ces ravages sont vraisemblablement liés à la péjoration climatique du Petit Âge glaciaire qui s’étend du premier tiers du XIVe s. jusqu’au milieu du XIXe s. (Carozza dir. 2009) et il serait imprudent de considérer que le régime du fleuve et les résultats de ses débordements étaient similaires aux Ier et IIe s. ap. J.-C.19. Rappelons néanmoins que Strabon (IV, 1, 12), lorsqu’il évoque la Domitienne, affirme que c’est une « route excellente en été, mais en hiver et au printemps, c’est un bourbier inondé par les débordements des cours d’eau, qu’on franchit soit par des bacs, soit par des ponts de bois ou de pierre ». L’argument n’est pas irréfutable mais il doit tout de même être pris en considération puisque, parallèle au littoral, la voie antique recoupe à la perpendiculaire une multitude de cours d’eau, et ce dans leur partie aval, la plus soumise aux inondations.
2. Les données archéologiques
2. 1. Une carte d’occupation du sol contrastée
26Deux niveaux d’informations ont été utilisés. Le premier rassemble les données rassemblées dans le cadre du projet A75 Pézenas-Béziers. L’enquête documentaire effectuée en 1998 a fait apparaître des concentrations très nettes de sites de toutes époques entre Pézenas et la Thongue d’une part et entre la Libron et les faubourgs actuels de Béziers d’autre part. Les prospections réalisées en 1999 sous la direction de J. Kotarba ont permis de compléter cette première synthèse et ont notamment révélé l’importance des occupations et artefacts du premier Âge du Fer dans ces deux zones. Durant l’hiver et le printemps 2005, des diagnostics mécaniques de grande ampleur effectués jusqu’à la rive gauche du Libron20 ont, nous l’avons déjà précisé, confirmé l’existence d’un vide archéologique entre les deux rivières21.
27Dans un second temps et parallèlement aux recherches engagées dans le cadre des évaluations de l’archéologie préventive, nous avons élargi le périmètre d’investigation afin de mieux cerner les contours de cette zone.
28L’enquête a porté sur un large rectangle de 12 x 13,5 km, soit une surface de 160 km2, au sein de laquelle nous avons pu reporter la position de 130 sites occupés durant le Haut-Empire (fig. 3), et pour plus de la moitié d’entre eux jusqu’à l’Antiquité tardive22. Dans ce secteur, les recherches ont principalement été menées par deux chercheurs locaux23, parfaitement intégrés dans la communauté scientifique régionale et qui ont patiemment collecté, depuis les années 1950, toutes les informations issues de la surveillance systématique des travaux agricoles. Le résultat est certes empirique mais il est largement supérieur — du moins en ce qui concerne la période antique — à une carte d’occupation du sol qui aurait été dressée à partir de prospections systématiques. En effet, la plupart des gisements ont fait l’objet d’observations et de ramassages fructueux, étalés dans le temps et consécutifs à des arrachages de vigne ou à des labours profonds.

Fig. 3. L’occupation du sol à l’est de la colonie romaine de Béziers aux Ier et IIe s. ap. J.-C. 3a : carte de répartition des sites du Haut-Empire. 3b : carte de répartition des établissements ruraux, villae, nécropoles et ateliers de potiers du Haut-Empire. Relevé et DAO S. Mauné..
29La nature de ces sites est assez diverse et il ne nous a pas semblé opportun, à ce niveau de présentation et compte tenu de notre problématique, d’entrer dans une classification précise. Il s’agit pour plus de 90 % des sites, d’établissements ruraux ou de villae24, le reste correspondant à des nécropoles à incinération du Haut-Empire ou à des sites ponctuels de nature indéterminée. La très grande majorité de ces gisements ont été découverts, nous l’avons déjà signalé, à l’occasion de la surveillance de travaux agricoles et ont fait l’objet de multiples séances de prospection. Par ailleurs, les fouilles préventives effectuées en 2007 et 2008 dans le cadre des travaux de l’A75 sur les communes de Tourbes et Valros ont confirmé l’extrême anthropisation de la zone qui se situe sur la rive gauche de la Thongue.
30La carte de répartition de ces sites confirme l’existence d’une vaste zone qui, à l’exception d’ateliers de potiers, semble pratiquement vide d’occupation. Enfin, l’examen, sur la carte IGN au 1/25000 et sur les cadastres communaux du XIXe s., des limites parcellaires et du réseau vicinal isoclines aux trois centuriations biterroises (Clavel-Lévêque 1995a et b ; Clavel-Lévêque 1998 et 2002) fait apparaître que cette zone est — mis à part un groupe de linéaments de même orientation que le Béziers E, — vide de trace (Mauné, Loison 1998 : 65-73)25. On pourrait bien évidemment supposer que celles-ci ont été effacées par les mises en culture d’époque moderne : cependant, la limite nord-ouest de cette zone est bordée par le cardo maximus très bien conservé de la centuriation Béziers B qui a puissamment structuré l’organisation parcellaire et la répartition de l’habitat du nord-Biterrois (Dodinet 1985) entre la fin du IIe s. et la fondation de la colonie romaine en 36 av. J.-C. Très denses à proximité de cet axe majeur, ses traces, considérées comme fossiles, sont absentes dès que l’on se dirige vers le sud-est comme si elles n’avaient jamais pénétré cet espace. Plus à l’est, sur la rive gauche de la Thongue, sur les terrasses miocènes qui s’étendent entre Valros et Saint-Thibéry, de nombreux chemins vicinaux et limites parcellaires actuels présentent également une orientation à N 32° E tandis que la densité des établissements d’époque tardo-républicaine et les traces d’épandages du Ier s. av. J.-C. y sont particulièrement fortes (Mauné 1998 et 2001b).
2.2. Les ateliers de potiers antiques
2.2.1. Inventaire et description des ateliers
31Six ateliers au moins sont connus dans l’emprise ou sur les marges de la zone boisée antique que nous restituons ici. Il a semblé utile de résumer brièvement, pour chaque site, l’état de nos connaissances actuelles afin de mettre en évidence l’importance de cet artisanat.
Saint-Louis (Béziers)
32Cet atelier (fig. 3b, n° 1) est situé dans la périphérie de la ville de Béziers. Il a été découvert au début des années 1970 par G. Fédière qui a observé dans les labours les vestiges d’un ou plusieurs fours de tuiliers, actifs au Ier s. ap. J.-C. d’après le mobilier céramique recueilli en surface (Fédière, Giry 1972 : 87 sq.). La superficie de ce site et de l’établissement rural qui lui est associé, est d’environ 7000 m2. Sa durée d’occupation couvre les Ier et IIe s. ap. J.-C.
Clairac (Béziers)
33Implanté au confluent du Libron et de son affluent, le Rendolse, sur une légère éminence qui domine de quelques mètres le Rendolse, cet atelier (n° 2) qui regroupe trois zones distinctes est le plus mal connu de cette zone car il est recouvert en partie par des cultures horticoles et peut-être aussi par les constructions modernes du domaine de Clairac. Il a été découvert par G. Fédière qui a observé, à au moins deux endroits séparés par plusieurs centaines de mètres, les vestiges de fours en partie détruits par les travaux agricoles et qui produisaient matériaux de construction et céramique commune de type Brune Orangée Biterroise (Fédière, Giry 1973 : 63 sq. ; p. 87 sq. ; Dodinet, Leblanc 1988 : 140)26. Entre les deux zones de fours a été localisé un habitat, également mal connu, associé à un four (ibid. : 75 sq.). Les rares céramiques fines recueillies en surface datent l’occupation des Ier et IIe s. ap. J.-C. L’intérêt de ce site est réel car on pourrait se trouver en présence d’un vaste quartier artisanal, s’étendant de la voie Domitienne jusqu’au confluent Libron-Rendolse, en un lieu particulièrement intéressant car en contact étroit avec le réseau de communication.
Les Demoiselles (Boujan-sur-Libron)
34Cet atelier de la périphérie de Béziers a été découvert dans les années 1960 par G. Fedière (Fédière, Giry 1979 : 48-50) et a été régulièrement prospecté dans les années 1980-1990 par son inventeur, M. Dodinet, J.-L. Espérou et nous-mêmes. Il est installé sur une terrasse qui domine de quelques mètres le lit majeur, très large à cet endroit, du Libron qui coule actuellement à environ 350 m au nord (n° 3). Les ramassages de restes d’architecture de fours (deux unités au moins), de surcuits de matériaux de construction et de céramique commune dont G. Fédière avait déjà noté qu’il s’agissait d’imitations de céramique africaine de cuisine (en fait de la Brune orangée biterroise)27, ont permis d’identifier ce site comme un centre artisanal, associé à un habitat relativement modeste (ibid. ; Dodinet, Leblanc 1988 : 140-141). La superficie de cet établissement, occupé à partir du milieu du Ier s. ap. et jusque dans le courant du IIIe s., peut être estimée à environ 3000 m2, mais des structures annexes semblent devoir être restituées dans un périmètre plus large, d’environ 8000 à 10 000 m2. Le site est aujourd’hui complètement détruit28. Il a livré à G. Fédière, en prospection, près d’une dizaine de marques tégulaires M. CVRTI (fig. 4, n° 1).
Bourgade (Servian, figure 3b, n° 4)
35Connu depuis les années 1870 (Noguier 1873 : 204)29 pour avoir livré les vestiges d’un atelier de potiers et des marques sur tuiles ONESIPHORI NATVRIORVM (fig. 4, n° 2), le site de Bourgade est installé sur une large terrasse orientée au sud-ouest, sur la rive gauche du Rendolse. La répartition et l’analyse des artefacts à la surface des labours permettent de saisir les grandes lignes de l’organisation topographique de l’atelier (fig. 5). Les fours se concentrent sur la moitié orientale de l’atelier, mais on remarque la présence de deux unités isolées, situées de part et d’autre du chemin rural. Dans le quart nord-est, ils semblent avoir produit des matériaux de construction et des amphores Gauloise 4 ; contre le ruisseau, une zone très sombre et riche en débris céramiques évoque la présence d’un vaste dépotoir. Dans le quart sud-est, au moins deux autres fours ont été individualisés qui produisaient de la vaisselle de table et de cuisine, peut-être de l’amphore, des matériaux de construction et des dolia. Enfin, sur toute la partie basse de l’officine et plus particulièrement en contrebas des fours mixtes, des taches verdâtres et des concentrations de fragments de céramique évoquent l’existence de bassins de décantation et d’aires de travail (Mauné 2003a).
36Les déchets de cuisson sont très abondants et signalent l’importance et/ou la durée de fonctionnement des fours ; on produisait ici toute une gamme de produits : tegulae, imbrices, briques, pilettes d’hypocauste, briques en quart de rond, dolia et couvercles de dolium ; vaisselle à pâte sableuse brune-orangée réfractaire à double vocation : cruches, gobelets-pichets, urnes de stockage et coupes carénées pour la table ou le service ; plats à cuire, marmites et leurs couvercles imitant des formes produites en Afrique du Nord (en dernier lieu, Mauné 1998 : 213-217) pour la cuisson des aliments.

Fig. 4. Marques tégulaires M. Curti (n° 1) et Onesiphori Naturiorum (n° 2) des ateliers des Demoiselles à Boujan-Libron et de Bourgade à Servian (Hérault).
Dessins G. Fédière ; DAO S. Mauné.
37La production de céramique Brune Orangée Biterroise (BOB), semble avoir constitué la principale activité de l’atelier si l’on en juge par les énormes quantités de fragments visibles à la surface des labours. Les potiers fabriquaient également des amphores vinaires Gauloise 430 mais le ramassage de plusieurs lèvres de Gauloise 1 laisse supposer que la production était plus diversifiée qu’il n’y paraît. Il est également probable que les artisans aient tourné un peu de vaisselle à pâte claire, des cruches essentiellement. Enfin, le ramassage de plusieurs bords de grands dolia dont la pâte est identique à celle de la BOB évoque une production locale de conteneurs vinicoles.
38L’habitat est localisé entre le chemin et la zone artisanale et couvre environ 4000 m2. Aucun élément matériel ne montre une production locale de vin, activité attestée dans l’ensemble des villae et établissements de cette zone du Biterrois. L’analyse détaillée du mobilier recueilli en surface invite à privilégier l’hypothèse d’un groupe de bâtiments liés au travail artisanal et au logement de la main-d’œuvre, peut-être similaires à ceux dégagés à Sallèles-d’Aude (Laubenheimer 1990), à Loupian, dans l’atelier du Bourbou (Bermond, Pellecuer 1998 : 63, fig. 9) ou bien encore à Aspiran (Mauné 2007). La chronologie de l’atelier a pu être fixée grâce aux céramiques fines exogènes — essentiellement de la sigillée sud-gauloise — et couvre une assez longue période qui s’étend du second quart du Ier s. à la première moitié du IIIe s.

Fig. 5. Plan de l’atelier de Bourgade (Servian, Hérault) d’après les observations de surface. 1- emplacement des bâtiments ; 2- fours à BOB ; 3 et 4- fours excentrés ; 5- zone de travail de l’argile (bassins ?) ; 6- fours nord. Dessin et DAO S. Mauné.
39Une dernière particularité mérite enfin d’être signalée : l’implantation du site sur le cadastre communal de 1832 (fig. 6) montre que celui-ci est installé dans une zone d’environ 180 ha limitée au sud par la Domitienne et, au nord, par un talus-fossé de 1300 m de long qui, partant du chemin poissonnier et buttant contre le Rendolse, est rigoureusement parallèle à la voie antique (fig. 7). Ces éléments nous avaient conduit à supposer, à titre d’hypothèse prudente (Mauné 2003a : 19-20), que le développement de l’officine avait pu être soigneusement encadré, à partir des années 70 ap. J.-C. — période à partir de laquelle Vespasien réorganisa la fiscalité foncière et limita les abus et les occupations de terres publiques — et que l’exploitation des ressources proches s’était faite dans un cadre spécifique (domaine excepté ou concédé ?)31.
Capitou (Servian)
40L’atelier est situé entre les ruisseaux de Perpignan et de la Baume, affluents du Rendolse, sur une terrasse exposée au sud (fig. 3b, n° 5). Couvrant au moins 8000 m2, il a livré, en surface, des éléments de datation qui permettent de fixer son activité entre le début du IIe s. et le début ou le courant du IIIe s. ap. J.-C. Il a fait l’objet d’une fouille de sauvetage urgent par J.-L. Espérou et D. Rouquette à la fin des années 1980 et a bénéficié, en 2006, d’une publication exhaustive qui fait suite à un mémoire de maîtrise soutenu en 1996 (Guerre 1997 ; Guerre 2006). Deux fours ont été dégagés et un seul a pu être fouillé finement mais il devait exister d’autres unités de cuisson comme semblent l’indiquer des fragments de parois de fours récemment observés dans la partie nord-est de l’atelier. A quelques dizaines de mètres à l’ouest de l’atelier existe encore, creusée dans la terrasse alluviale ancienne, une vaste excavation qui pourrait en tout ou partie correspondre à la carrière d’argile utilisée par les artisans.
41Le four le mieux connu mesure 2,60 m de long sur 1,80 m de large et son plan original (fig. 8) pose un certain nombre de problèmes. Deux hypothèses sont envisageables. Si l’on admet que le plan ne constitue qu’une partie des vestiges du four, situés sous le niveau du charruage, on peut considérer qu’il est partiel et ne permet d’observer que la partie inférieure de la structure correspondant à l’alandier et à la chambre de chauffe. Le chemisage extérieur constitué de blocs divers pourrait, dans ce cas, n’être que la base de la fondation des massifs supportant la sole et le laboratoire. Sa faible largeur s’expliquerait par l’arasement de la structure et l’éventuel profil en pente de cette dernière. On serait alors en présence d’un four pouvant mesurer au minimum 2,60 x 2,60 m pour une capacité de production d’environ 17,5 m3.

Fig. 6. Extrait du cadastre communal de Servian, section D1 dite « Bois du Roi », achevée en octobre 1832, avec la limite rectiligne qui sépare deux blocs parcellaires très différents. Archives départementales de l’Hérault. Relevé et DAO S. Mauné.

Fig. 7. Occupation du sol entre les rivières Thongue et Libron, entre les années 70 ap. J.-C. et le milieu du IIe s. : 1- nécropole et établissement rural de Prunelle (Montblanc) ; 2- établissement rural de la Plaine Mazel (Montblanc) ; 3- établissement rural de Saint-Martin (Montblanc) ; 4- villa (?) de Saint-Adrien (Servian) ; 5- établissement rural de Saint-Adrien-ouest (Servian) ; 6- carrière antique de Saint-Adrien ; 7- établissement rural d’Amilhac (Servian) ; 8- officine de potiers de Capitou (Servian) ; 9- officine de potiers de Bourgade (Servian) ; 10- officine de potiers de Clairac (Béziers). Les flèches indiquent les limites de la zone d’exploitation peut-être dévolue à Bourgade. Relevé et DAO S. Mauné.
42La deuxième hypothèse tient compte des observations faites lors de la fouille par J.-L. Espérou : excluant la présence d’une sole à cause de l’absence totale de fragments de torchis munis de carneaux ou de briques en T et ayant observé que plusieurs vases et les séparateurs avaient été abandonnés ensemble au fond du four, posés sur le sol de la chambre de chauffe, dans la position dans laquelle il avaient été installés pendant la cuisson, celui-ci privilégie, non sans raison, l’existence d’un four canal à flammes directes. Quant à la fosse rectangulaire couverte d’imbrices et installée au fond du four, elle constituerait un dispositif de drainage destiné à tenir la chambre de chauffe au sec entre les cuissons. La capacité de cette unité serait très faible — de l’ordre de 6 m3 — mais sa simplicité de construction et probablement d’utilisation en ferait un outil de production très souple.
43Le second four a été simplement observé à la surface du décapage et rapidement dégagé à la pelle mécanique : rectangulaire, de très grande taille, il était associé à une fosse d’accès communicant avec celle du four 1. D’après J.-L. Espérou, ce four était utilisé pour cuire des matériaux de construction. Cependant, nous pensons, en raison de ses grandes dimensions (7 x 6 m hors-œuvre), mais également parce que son alandier est très large (3,20 m) et peu profond (2 m), qu’il pourrait s’agir d’un four à dolium de plan identique ou proche du four rectangulaire fouillé en 2005, à vingt-cinq kilomètres plus au nord, dans l’atelier de Saint-Bézard à Aspiran (Mauné et al. 2006). Rappelons que des indices indiscutables d’une production de dolium existent à Bourgade et que ce type de conteneur était très employé au sein de la filière vitivinicole régionale jusqu’à la fin du IIIe s.
44L’atelier dont la production a été étudiée par J. Guerre fabriquait des amphores de type Gauloise 1-2 ou apparenté, de la céramique fine à glaçure plombifère, de la céramique Brune Orangée Biterroise (urnes, marmites, cruches, coupelles et gobelets de type G2 notamment) et des matériaux de construction, peut-être aussi des dolia. On connaît encore assez mal la diffusion de la céramique à vernis plombifère de Capitou, mais on la retrouve de façon systématique, avec d’importants lots de BOB, dans les dépotoirs du IIe s. du site de L’Auribelle-Basse à Pézenas, distant d’une quinzaine de kilomètres (Mauné et al. 2004).
45La mise en évidence d’une production de céramique fine en contexte rural est un élément qu’il convient de souligner. La découverte de plusieurs exemplaires de supports de cuisson tripodes et la production de céramique plombifère de qualité doit être mise en relation avec la présence d’artisans disposant d’un certain savoir-faire, ce que ne dément pas la possibilité de la présence d’un four à dolium32. Enfin, si l’on retient la proposition de J.-L. Espérou concernant la typologie très originale du four 1 — par comparaison avec le corpus de presque trente fours connus à quelques kilomètres au nord, dans la moyenne vallée de l’Hérault — on est bien obligé d’admettre que nous sommes en présence d’un atelier très particulier, mettant en œuvre des techniques qui, jusqu’à aujourd’hui, n’ont pas été observées dans la région de Narbonne-Béziers.
La Valmalle (Servian)
46Installé sur la rive gauche du ruisseau de la Baume (n° 6), à environ deux kilomètres au nord de Capitou, cet « atelier » nous a été signalé par J.-L. Espérou en 2003. Dans une parcelle qui borde le ruisseau des Baumes, des travaux de drainage ont recoupé un four antique en partie édifié en tegulae, enfoui sous les alluvions de ce petit cours d’eau. Aucun mobilier n’est observable à la surface de la vigne si bien qu’il encore impossible de préciser quelle était la nature de sa production. Selon J.-L. Espérou, au vu du contexte local (berge de petit cours d’eau), il est possible que d’autres structures artisanales soient présentes dans les environs immédiats de ce four.

Fig. 8. Plan du four 1 de l’atelier de Capitou à Servian. Relevé et dessin J.-L. Espérou et D. Rouquette.
2.2.2. Quelques remarques sur les ateliers
47À l’évidence, ces officines ne présentent pas les mêmes caractéristiques même si l’on doit pondérer cette remarque en soulignant que les données dont nous disposons sont essentiellement issues de prospections de surface. Se détache néanmoins de l’analyse globale des informations disponibles, un certain nombre d’éléments qui indiquent que nous ne sommes pas en présence d’ateliers associés à des centres domaniaux à vocation agricole.
48L’absence de toute concentration de dolium et de vestiges d’installations vinicoles, dans une région marquée, durant le Haut-Empire, par une viticulture active dont on sait la réussite (Laubenheimer 1985 ; Mauné 2001a et 2003b), nous semble particulièrement pertinente pour appuyer l’hypothèse de sites à vocation exclusivement artisanale.
49Comme dans les ateliers du Bourbou à Loupian (Pellecuer 2000 : 225-233) ou de Sallèles-d’Aude (Laubenheimer 1990) où les bâtiments d’habitation ont été bien appréhendés, on peut penser que les constructions destinées au logement de la main d’œuvre et aux activités du quotidien offraient un confort très relatif. Les vestiges d’habitat observés sur ces sites sont toujours modestes en terme de superficie et les matériaux de construction utilisés ne trahissent la présence d’aucune installation résidentielle qui pourrait par exemple être révélée par du verre à vitre, de l’enduit peint, de la pierre ornementale, des tubuli d’hypocauste, etc.33
50Si ces ateliers n’étaient pas associés à des établissements viticoles, ils étaient en revanche très bien insérés dans l’économie provinciale des Ier et IIe s. ap. J.-C. comme l’indique la production presque systématique d’amphores vinaires, notamment Gauloise 4. La découverte, dans l’atelier de Bourgade, de plusieurs exemplaires de la marque Onesiphori Naturiorum corrobore cette hypothèse puisqu’elle semble renvoyer à une sphère économique et artisanale assez élevée. On se trouve là, en effet, en présence d’un responsable d’atelier, Onesiphorus, de statut très probablement servile comme l’indiquent à la fois son anthroponyme oriental et la position de son nom sur le timbre associée à l’emploi du génitif, travaillant pour les membres d’une même famille, les Naturii. Selon M. Christol qui a examiné ce timbre, ce libellé particulier indiquerait l’existence d’une société familiale orientée vers l’artisanat. Le fait que cette estampille sur tuile ait été trouvée dans l’emprise de ce très grand atelier pourrait témoigner de son statut particulier : on serait en présence d’une grande figlina mettant à disposition de l’économie locale, matériaux de construction et conteneurs vinicoles dont elle avait besoin. Une partie des revenus de cette fabrique provenait aussi de la vente de pièces de vaisselle à la population régionale, probablement par le biais de marchands ambulants ou installés dans les agglomérations de cette zone de Narbonnaise.
51L’atelier des Demoiselles-Ouest (Tourbes), situé à six kilomètres plus au nord (fig. 3b, n° 7), fournit un intéressant contre-exemple à cet établissement à vocation exclusivement artisanale. Même si l’on peut supposer, toujours sur la foi de la carte d’occupation du sol locale, qu’il était vraisemblablement installé à proximité d’une zone boisée, il est clair que l’on se trouve ici en présence d’un établissement étendu (Serre (de) 1950), disposant d’une pars urbana, occupée sur la longue durée et qui, à côté d’installations agricoles classiques, était équipé d’un atelier de taille respectable, destiné à la production de matériaux de construction, d’amphores et de vaisselle (Mauné 1996 ; 1998 : 209-210 ; 458-461).
52On se trouve donc ici et de façon indiscutable, en présence d’un atelier domanial étroitement associé à une villa. Plus au nord, dans la moyenne vallée de l’Hérault, les six ateliers du secteur Aspiran-Tressan-Saint-Pargoire, semblent tous, à deux exceptions près (Contours à Saint-Pargoire et L’Estagnola à Aspiran), associés à des établissements ruraux vinicoles de taille moyenne ou importante (Mauné 2001a). Le constat est similaire pour les deux officines de Corneilhan, La Teularié et de Laurens, Le Village (Laubenheimer 1985 : 174-183), situés au nord de la ville de Béziers. Tous ces ateliers ont la particularité d’avoir été fondés entre la période augustéenne et l’époque flavienne.
53Le second point qui mérite d’être examiné concerne la localisation géographique des ateliers de la zone Thongue-Libron. Si Saint-Louis et Les Demoiselles de Boujan sont installés en limite du proche périmètre de la ville de Béziers, zone dense en établissements ruraux, les autres officines (Capitou, Valmalle, Bourgade et Clairac) présentent, en revanche, une situation bien différente puisqu’ils paraissent totalement isolés au sein de la zone boisée dont nous postulons l’existence. Cette observation nous conduit à supposer que les conditions d’exploitation, et peut-être aussi le statut de cette zone, ont pu évoluer dans le temps.
54Si l’on se fie aux données chronologiques dont nous disposons, il faudrait situer l’apparition de ces ateliers durant la période flavienne et leur développement tout au long du IIe s. et jusque dans le courant du IIIe s. Seul Bourgade pourrait être plus ancien (première moitié du Ier s. ap. J.-C.) mais s’agissait-il déjà, à cette époque, de la grande officine que nous connaissons34 ?
55Enfin, et pour éclairer les remarques qui viennent d’être mentionnées, les caractéristiques de la céramique Brune Orangée Biterroise, produite dans ces ateliers, méritent d’être une nouvelle fois soulignées. La BOB est en effet une famille de récipients assez originale : présentant une pâte sableuse et donc réfractaire, assez frustre, elle comprend plus d’une quarantaine de types — une dizaine étant très majoritaire — qui couvrent tous les besoins de la cuisine et de la table : bouilloire, marmites, plat à frire, plat à four, couvercle, pots-urnes à mijoter ou à stocker, jatte, mortier, cruches, coupes et coupelle, assiette et pichets-gobelets à boire (Mauné, Lescure 2008) (fig. 9).
56C’est là une grande nouveauté par rapport aux multiples groupes de céramiques spécialisées disponibles auparavant et produits dans une multitude d’ateliers. Apparue de façon timide dans le premier quart du IIe s., la BOB va devenir, à l’échelle de la cité de Béziers, la principale céramique en usage jusque dans la seconde moitié du IIIe s. : entre 150 et 250 ap. J.-C. elle constitue, au sein des dépotoirs exhumés dans les villae et établissements ruraux, jusqu’à 70 % de la céramique, en nombre d’individus35. La production devait donc être massive et très organisée : elle se développait au sein d’ateliers installés dans la vallée du Libron et sur ses marges (Dodinet, Leblanc 1988)36. Par ailleurs, les potiers ont imité les formes à succès en usage dans tout le bassin occidental de la Méditerranée37, empêchant celles-ci de pénétrer au-delà de la bande côtière (Pellecuer, Pomarèdes 1991 ; Mauné 1996). Ils ont également tourné des formes plus traditionnelles (bouilloire, cruches, urnes, coupe carénée), concurrençant ainsi, à partir de la première moitié du IIe s., les fabricants du sud du massif Central dont les vases accompagnaient, vers la Narbonnaise centrale, la vaisselle en sigillée de la Graufesenque (Mauné et al. 2004). Ces éléments corroborent, d’après nous, l’idée selon laquelle les ateliers de BOB étaient aux mains de véritables entrepreneurs — tels les Naturii ? — capables de faire travailler une main d’œuvre spécialisée — et peut-être originaires d’Italie et/ ou d’Afrique du Nord — au fait des techniques potières de l’époque. Dans l’atelier de Capitou, la maîtrise de la glaçure plombifère et la fabrication de gobelets G2-Marabini 68 sont des faits qui méritent d’être relevés, tout comme la très grande qualité — sur tous les ateliers — des patines cendrées visibles sur les formes imitant la céramique africaine de cuisine38. Il y a donc, derrière la création et le développement de ces officines, des acteurs de la vie économique qui se donnent les moyens de réussir39.

Fig. 9. Une partie du répertoire de la céramique Brune Orangée Biterroise produite dans les ateliers de la vallée du Libron (déb. IIe s.-fin IIIe s. ap. J.-C.). N° 1, urne A1 ; n° 2 et 3, urne A3 et son couvercle C1 ; n° 4, pichet G2 ; n° 5- cruche G3 ; n° 6- bouilloire F4 ; n° 7- cruche G1 ; n° 8, coupelle C5 ; n° 9, coupe B2 ; n° 10, coupe B3 ; n° 11, plat C6 ; n° 12 et 13, marmite B1 et couvercle C1 ; n° 14 et 15, plat C3 et couvercle C1 ; n° 16 et 17, plat C4 et couvercle C1. Dessin et DAO S. Mauné.
2.2.3. D’autres ressources ?
57Si l’on accepte l’hypothèse de la présence d’une zone boisée dans la zone située entre Thongue et Libron, on doit convenir que ce secteur pouvait fournir à la ville de Béziers toute proche — outre une grande partie des céramiques nécessaires à la vie de l’agglomération — les ressources en bois nécessaire au chauffage, aux diverses activités domestiques, à l’artisanat et à la construction40. Par ailleurs, cette zone située à moins d’une heure de marche du centre urbain disposait d’autres ressources naturelles, dont l’exploitation est envisageable et qui témoigne encore un peu plus de son intérêt économique : réserve de gibier, de nourriture pour le bétail41, de fruits et de végétaux divers utilisés dans l’alimentation.
58Enfin, cette zone abrite une formation volcanique (fig. 2, contre l’échangeur A75 de Montblanc et fig. 7, n° 6) dont les qualités spécifiques n’avaient pas échappé aux Gallo-romains qui semblent l’avoir abondamment exploitée. Cet affleurement, très particulier, est issu d’une formation ancienne, résultant de dépôts fluvio-lacustres qui ont comblé des petits bassins ou cuvettes installées dans la molasse miocène et dans la formation continentale détritique d’époque pliocène, voire dans des formations fluviatiles villafranchiennes. Sa nature sédimentaire correspond à une accumulation, en proportion variable, de produits de projections basaltiques en composante principale (cendres et lapilli) de calcaires lacustres en plaquettes et d’alluvions (petits galets de quartzite), le tout consolidé par un ciment calcaire. Cette formation couvre environ 2,20 km2. La nature très homogène et relativement tendre de ce type de matériau dont la constitution est assez proche du béton, se prête facilement au débitage de blocs quadrangulaires42, avec une économie de débitage optimale ce que confirme d’ailleurs la configuration des nombreux fronts de taille encore visibles. Elle possède par ailleurs une grande qualité réfractaire.
59Ce matériau a été observé, sous la forme de fragments de petits moellons, sur l’atelier de potiers de Bourgade (secteur de l’habitat) ainsi que sur la villa de Saint-Adrien à Servian où, cependant, son utilisation peut également être liée à la présence d’une chapelle médiévale en grande partie détruite (Espérou, Roques 1974). Elle a également été employée au Moyen Âge, notamment pour la construction de « La Tour » de Valros, fortification édifiée au XIIIe s. (Mauné 1994) ainsi qu’à l’époque moderne où elle a été abondamment utilisée pour l’édification des ouvrages de franchissement de la route royale de Béziers à Pézenas (Kotarba dir. 1998 : 67). Notons enfin qu’elle se retrouve dans des bâtiments des XVIIIe et XIXe s., époque durant laquelle elle était massivement utilisée dans la construction des fours à pain et des cheminées du village de Servian et de ses environs
Conclusion
60L’hypothèse de l’existence, dans l’Antiquité, d’une zone boisée située entre les vallées de la Thongue et du Libron, posée dès 1998 (Mauné, Loison 1998), s’appuie sur un faisceau concordant d’observations liées à une carte archéologique dense dont l’élaboration est le fruit d’une recherche séculaire débutée à la fin du XIXe s. et qui se poursuit encore. Les prospections systématiques menées de façon très rigoureuse sur l’emprise de l’A75, puis les sondages d’évaluation réalisés en 2004-2005, ont confirmé la présence de ce « vide archéologique » ainsi que l’absence d’artefacts antiques et médiévaux dans cette zone alors qu’ailleurs, entre Pézenas et la Thongue et entre le Libron et Béziers, la pratique de l’épandage agricole semble bien attestée, tout comme la présence de nombreux établissements antiques.
61Pour le Moyen Âge, les castra, les villae, les églises43, les manses, les moulins à eau (Durand 1998 : 111, 148, 199, 255), les toponymes relatifs aux fronts pionniers de colonisation, les condamines, les cultures en terrasse (ibid. : 192, 261, 271) et ateliers de potiers cernent cette zone sans réellement y pénétrer. Rappelons enfin, et c’est là un point capital, que la partie méridionale de ce secteur (Coussergues) connaît, dès la fin du Moyen Âge et vraisemblablement en raison de difficultés liées à la mise en valeur des ressources agricoles, un dépeuplement progressif qui finit par aboutir au rattachement de ce territoire à la commune de Montblanc. Ainsi, entre Servian et Montblanc au nord, Béziers à l’ouest, Bessan à l’est, Vias et Portiragnes au sud, ce vaste secteur ne comporte aucun habitat majeur — mis à part Coussergues qui ne parviendra jamais à polariser durablement le peuplement — alors que toute la zone littorale du Languedoc présente une densité importante de bourgs et villages castraux dont on sait la vitalité (Bourin 1987).
62Durant l’Antiquité, cette vaste zone n’a été, en définitive, occupée que par des ateliers de potiers qui mettaient à profit, selon des modalités qui nous échappent largement, les ressources naturelles locales : bois, argile et eau44. On a vu également qu’elle pouvait être exploitée pour ses ressources en pierre et on peut également supposer qu’elle a était aussi utilisée pour l’élevage et le bois de construction45. La ville de Béziers en effet se trouve à moins d’une heure de marche et sans doute cette ville et ses étals de boucherie constituaient-ils un débouché important pour les propriétaires de ce bétail.
63La présence de la voie Domitienne, qui traversait dans toute sa largeur cette forêt (soit environ 4 à 5 km), constituait un puissant vecteur de réussite commerciale pour les ateliers de potiers, tout comme d’ailleurs la présence du fleuve côtier Libron, aisément empruntable par des barques à fond plat nécessitant un faible tirant d’eau. Notons aussi que le chemin dit « Poissonnier » qui, venant de la basse vallée de l’Hérault et d’Agde, permettait de se rendre dans le nord du Biterrois et par là d’accéder à la haute vallée de l’Orb, traversait aussi cette zone. Sans doute favorisait-il l’acheminement des productions céramiques locales vers les riches terroirs agricoles du nord-Biterrois. Dépourvu d’établissements agricoles et notamment viticoles, cet espace était cependant exploité et traversé par des voies de communication actives, ce qui n’a rien d’étonnant. Loin d’être un « no man’s land », il pouvait donc constituer, pour la ville toute proche, un atout économique primordial tant pour son développement artisanal qu’agricole, sans oublier bien évidemment la question de l’approvisionnement en bois d’œuvre pour la construction publique ou privée46. En ce sens, espace boisé n’est pas nécessairement synonyme d’espace sauvage dans lequel les hommes ne pénètrent pas et il s’agissait probablement d’une zone protégée, exploitée, gérée et affermée par la puissance publique47. À quelques siècles de distance, l’histoire mêlée du Bois de Valène et de la ville médiévale et moderne de Montpellier, constitue un exemple fort révélateur des revenus que pouvait tirer d’un espace boisé, un centre urbain méditerranéen : au début du XVIe s., la gestion de ce bois de 3000 ha pouvait, selon Ch. Britton, représenter en moyenne jusqu’à 23 % des revenus de la ville et connaître des pics à 45 % dépassant les tailles et autres impôts sur les biens urbains. Le consulat de Montpellier se réservait en effet le lucratif marché de l’affermage de coupes de bois et de pâturages ainsi que le prélèvement des amendes aux contrevenants (Britton et al. 2007 : 74)48.
64Dans le courant du IVe s., un nouveau semis d’ateliers de potiers fait son apparition dans le bassin-versant du Garissou, sur la rive droite de ce modeste cours d’eau : équipés de petits fours circulaires à double volume, ils produisaient des céramiques à pâte claire engobée largement diffusées ainsi que de la céramique commune sableuse oxydante dont la pâte est proche de celle de la BOB mais dont la typologie s’en écarte très nettement (Sanchez 2006 ; Raynaud, Gaillard 2006)49. Durant l’époque médiévale, aux XIIe-XIIIe s., et encore à la fin du Moyen Âge (Vayssettes 1988) des ateliers de potiers apparaissent également dans ce secteur : au Garissou (Lécuyer 1992), à Saint-Jean-d’Aureilhan50 et à Cabrials (Kotarba 1998 dir. : 61). Nous ignorons si leurs propriétaires avaient accès aux ressources en bois en en argile de cette zone, mais leur localisation comme leur proximité topographique inciteraient à répondre par l’affirmative. Les fouilles effectuées par N. Lécuyer au Garissou montrent qu’il s’agissait d’un atelier de taille importante qu’il faut mettre en relation directe avec la ville de Béziers toute proche et qui diffusait vraisemblablement, dans une partie du Biterrois, ses productions de pots gris. Quoi qu’il en soit, une comparaison intéressante peut encore être faite avec le Bois de Valène, au nord de Montpellier, où des ateliers de potiers s’étaient établis dans la première moitié du XIIIe s., diffusant leur production de céramique commune oxydante sur les tables montpelliéraines (Schneider et al. 2002)51.
65Deux facteurs peuvent expliquer la présence de cette zone boisée aux portes mêmes de la ville de Béziers qui, au moins depuis le premier Âge du Fer, constituait on le sait la capitale économique, commerciale et politique de cette région.
66On doit en premier lieu observer que les sols présents dans ce secteur n’offrent pas, mis à part les fonds de vallons, d’ailleurs soumis à de fréquents épisodes torrentiels, des terres très propices à l’agriculture, même arbustive : caillouteux et très argileux, ils présentent un caractère hydromorphe prononcé et demandent, pour leur mise en culture et leur entretien, des moyens considérables dont témoignent encore à l’époque moderne un certain nombre de documents conservés dans les archives du grand domaine de Coussergues. Par ailleurs, le caractère instable des cours d’eau qui, d’après les sources modernes, entraînait de très nombreux problèmes pour l’exploitation des terres situées à leur contact doit également être pris en considération. Inondations, ravinements, dépôts de bancs de sable, de graviers et engorgements du sol constituaient de redoutables entraves à l’exploitation de la terre et aux communications. Il faut d’ailleurs rappeler une nouvelle fois que c’est ici que le tracé de la voie Domitienne a été totalement effacé de la topographie locale sur plus de 3500 m. S’agit-il d’un phénomène consécutif à une surexploitation moderne de cette zone proche de la ville de Béziers, accentué, au début du XVIIIe s., par les effets de ce que l’on désigne sous le terme de « Petit Âge Glaciaire » ? L’argument lié aux caractéristiques géo-pédologiques et hydrographiques, s’il peut en partie rendre compte de la spécificité de cette zone, ne peut en rien expliquer à lui seul la présence, durant l’Antiquité et en particulier le Haut-Empire, de ce massif forestier. D’autres zones qui présentent également des sols, a priori ingrats, ont été largement exploitées durant l’Antiquité comme, par exemple, la vaste terrasse de Vendres-Valras située à quelques kilomètres à l’ouest et où les établissements antiques, notamment vinicoles, sont nombreux (Clavel-Lévêque 2002)52. Et puis, ce qui pose ici problème, c’est également la proximité de la colonie romaine de Béziers. Dans le cadre de l’installation des vétérans de la VIIe légion en 36 av. J.-C. par Octave (Clavel 1970 : 161-167), il va sans dire que ce secteur traversé par la Domitienne aurait dû, selon toute logique, être sinon mesuré et assigné, du moins occupé par des établissements ruraux. S’il ne l’a pas été, c’est peut-être parce qu’il avait un statut particulier.
67La prise en compte de l’ensemble du dossier invite, selon nous, à reconnaître ici une forêt publique, peut-être liée à la présence d’une limite séparant deux entités territoriales distinctes. On rappellera en effet que ce secteur était bordé, sur sa marge orientale, par la basse vallée de la Thongue qui constituait le territoire vivrier de l’agglomération indigène de Cessero. Installée au carrefour de la Domitienne et de la voie qui montait, par Luteva, vers Condatomagus et Segodunum, cette petite cité avait, on le sait (Pline l’Ancien, NH, III, 36-37), le statut d’oppidum latinum et il n’est pas impossible que cette forêt ait marqué la limite entre son territoire et celui de la colonie romaine de Béziers (Mauné 2002). Pourquoi ne pas s’interroger alors aussi sur la possibilité que cette zone ait également servi de limite entre les groupes pré-romains du bassin de l’Hérault (Cessero, Piscinae) et celui des Longostalètes53 du Biterrois ? Enfin, au Moyen Âge, le Libron séparait les évêchés d’Agde et de Béziers, affirmant peut-être alors une nouvelle fois sa fonction de limite/frontière intemporelle54.
68La présence, aux Ier et IIe s. ap. J.-C., d’au moins trois officines de potiers installées au cœur même de cet espace laisse supposer que, durant cette période, on a « autorisé » des entrepreneurs à s’y installer : selon quelles modalités et dans quel cadre juridique, nous ne le savons pas : l’hypothèse d’un domaine concédé ou excepté ayant pour centre de gravité le complexe de Bourgade reste fragile.
69La seule mention des Naturii, encore inconnus de la prosopographie biterroise, et de leur esclave, Onesiphorus, laisse cependant entrevoir que l’on se trouve ici dans une sphère élevée de la société locale, ce que ne contredit pas la physionomie de cet atelier que l’on n’hésitera pas à considérer comme un alter ego de l’officine de Sallèles-d’Aude. Enfin, la chronologie d’apparition de ces ateliers — corroborée par la typologie des amphores et céramiques produites sur place — permet d’observer que leur apparition et leur développement seraient globalement ultérieurs à la période flavienne.
70En définitive, se pose en premier lieu la question du ou des statuts des occupations antiques spécialisées reconnues dans ce territoire55. Par ailleurs, on peut également se demander sous quel régime était exploitée cette forêt ? Affermage, occupation de fait, location ? Si bien des éléments restent à éclaircir, ce dossier nous invite à examiner avec plus d’attention encore ceux relatifs à d’autres secteurs du Biterrois antique56. Qu’il s’agisse en effet de l’atelier des Demoiselles à Tourbes, des cinq officines aspiranaises, de l’officine du Bourbou, du secteur de la haute vallée du Libron57 ou bien de l’atelier de Contours, il est indéniable que leur présence pourrait signaler, en filigrane, la proximité d’espaces boisés, peut-être liés à la présence de limites territoriales antiques.
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Notes de bas de page
1 Pour un bilan des sources anciennes concernant la forêt en Gaule, on se reportera à Clavel-Lévêque 1989 (réédition d’un article de 1967) qui souligne la méconnaissance que nous avons de ce milieu malgré son importance manifeste. Le colloque « Le bois dans la Gaule romaine », organisé à Paris en 1985 (et publié sous le titre Le bois et la forêt en Gaule et dans les provinces voisines : Chevallier 1985) à surtout été consacré aux études portant sur l’utilisation de ce matériau dans la vie quotidienne, l’artisanat et la construction. Seuls deux articles y traitent de la question de la forêt (vallée de l’Ebre en Espagne et Touraine) : ils abordent surtout la question des différentes espèces d’arbres identifiées et la problématique des défrichements.
2 Tout comme le colloque de Montpellier, en 1983, qui avait pour titre « La forêt et l’homme en Languedoc-Roussillon, de l’Antiquité à nos jours » et dans les actes duquel on ne trouve qu’un seul article — sur la poix de Lozère — consacré à la période gallo-romaine (Fabrié 1984). En 1998, l’ouvrage consacré à l’histoire de la forêt héraultaise de la Préhistoire à nos jours ne traite pas de la période antique (Collectif 1998).
3 Ce que J.-L. Dupouey et alii nomment très justement « l’archéologie en forêt » (Dupouey et al. 2007 : 10).
4 Dans ce massif forestier, les enquêtes menées conjointement par des archéologues, pédologues, botanistes et palynologues ont fourni un faisceau d’indices révélant que les établissements ruraux antiques étaient implantés dans des clairières.
5 Voir cependant la vignette illustrant le traité d’Agennius Urbicus (De Controversis agrorum) et le passage consacré aux bois du mont Massique : « Et, souvent, il y a des terres cultivées, comme par exemple dans le territoire de Suessa, en Campanie, qui ont des zones boisées délimitées, dans ce cas sur le mont Massique. On débat en justice pour savoir à qui doit revenir la propriété de ces forêts. En effet, les anciens plans cadastraux montrent qu’on a procédé à de telles assignations, parce qu’on n’avait ajouté, ni assigné, aucune zone boisée au sol cultivé (en plaine) » (Chouquer, Favory 1991 : 114). Voir aussi, toujours chez le même auteur (Th. 37) le dossier du lucus Feroniae Augustinorum (bois sacré de la déesse italique Feronia) de 250 ha, dans le territoire de Mérida en Lusitanie.
6 Sur Ausone et la question de la structure de ses propriétés, voir Etienne 1992. Pour une surface de 264 hectares l’herediolum comprend 176 ha de bois, 25 ha de vignes, 12,5 ha de près et 50 ha de terres labourables. Columelle souligne également, au Ier s., que tout domaine doit être doté d’une partie boisée (De re rustica, I, V, 1).
7 La situation est différente pour les zones de montagne comme les Pyrénées où cette problématique est au centre des préoccupations des chercheurs qui travaillent sur l’exploitation des ressources minières (Dubois, Métailié 2001) ou sur l’élevage (Galop 1998). Pour la frange méridionale du Massif central, on se reportera pour ce qui concerne l’artisanat et en particulier sur la production de poix à Trintignac 2001, Trintignac 2003 et Mauné, Trintignac 2011.
8 À la lumière de récentes découvertes de fragments de bois de sapin dans les puits d’Ambrussum, L. Chabal a repris la question de la présence du sapin dans le Bas-Languedoc antique et pense à présent qu’il existait encore à cette époque d’importants reliquats de boisement locaux comportant ce type de résineux (Chabal 2012).
9 C’est en tout cas ce que montre la carte d’occupation du sol durant le Haut-Empire connue grâce aux travaux et recherches de P. Bouisse et G. Fédière. Dans un rayon de 5 km autour de l’officine sont connus 37 sites du Ier s. ap. J.-C. (dont 3 autres ateliers de potiers), installés selon F. Laubenheimer, « dans un milieu rural très exploité » (Laubenheimer 1990 : 18 et fig. 3).
10 Voir, par exemple, dans la vallée de l’Hérault, la silva Zianici entre Canet et Nébian ou bien encore, à Frontignan, la forêt des Aresquiers (Durand 1998 : 191). En ce qui concerne la silva Zianici, mentionnée à deux reprises dans le cartulaire d’Aniane (n° 269 et 270 : 395), entre 1094 et 1115, il est clair, au vu des résultats de prospections systématiques effectuées au nord de la Dourbie en février 2009, que cette forêt existait déjà dans l’Antiquité et occupait les terrasses alluviales anciennes présentes entre Clermont-L’Hérault, Canet, Nébian et la partie nord-est de la commune d’Aspiran. En septembre 2011, un diagnostic archéologique réalisé en préalable au projet d’implantation d’une base Hyper U, dont l’emprise de plus de 30 ha est située à l’est de la voie Cessero/Condatomagos, a également montré l’absence de vestiges archéologiques antiques. On se trouve ici à la limite des cités romaine et latine de Béziers et Lodève.
11 Voir le cas bien connu, en Camargue, de la silva Pinencha ou Pineta, appartenant à la grande forêt Godesca, qui au XIIIe s. fut l’enjeu d’âpres conflits juridiques (Amargier 1972 ; Durand 1998 : 191).
12 Je renvoie ici aux recherches d’A. Durand qui a su étroitement associer les sources historiques et archéologiques.
13 Une récente tentative de modélisation à partir d’abondants macrorestes trouvés dans un puits de l’établissement rural de Montferrier à Tourbes fouillé par la société Archéopuits pour le compte de l’Inrap, à quelques kilomètres au nord-est de la zone étudiée ici, n’emporte pas l’adhésion (Fabre et al. 2009). Les questions relatives au mode de constitution de cet ensemble daté du courant du Ier s. ap. J.-C., à la taphonomie et à son degré de représentativité ne sont pas abordées en préambule. Les auteurs semblent notamment découvrir que la viticulture n’était pas la seule activité pratiquée dans cette région, ce qui a toujours constitué une réalité tangible. Les puits fouillés en Languedoc à Ambrussum, Lattes, Montbazin, Poussan, Tourbes, Valros, Sauvian et Béziers, présentent des comblements et des assemblages toujours très différents et spécifiques qui à mon sens indiquent qu’il faut rester très prudent sur leur capacité à restituer leur environnement contemporain dans toute sa complexité (voir dans ce sens Rovira 2012). Cela n’enlève bien évidemment rien à leur grand intérêt car ils livrent des informations, notamment sur la matière bois, tout à fait nouvelles.
14 Pour un exemple probant de ce type de démarche, on se reportera à l’étude consacrée par J.-G. Gorges et F. German Rodriguez Martin à l’occupation antique du secteur occidental du territoire de Mérida (Espagne) et en particulier aux p. 119, 123-124 et 135 ainsi qu’à la figure 3, p. 134 (Gorges, Rodriguez Martin 2000). Pour la vallée du Rhône, les prospections effectuées dans la plaine de Pierrelatte, où les centuries du cadastre B d’Orange sont pourtant assignées, indiquent l’absence totale d’établissement confirmée par la photo-interprétation et les sondages mécaniques (absence de recouvrement sédimentaire). Selon Th. Odiot, il est possible que cette zone ait été occupée par un espace boisé resté sous contrôle direct de la colonie (Odiot 1995 : 48). Dans la cité de Nîmes, les recherches en cours de Cl. Raynaud montrent l’absence d’occupation antique dans toute la zone correspondant à la Costières de Nîmes, dont la mise en valeur agricole est récente, ce qui pose également la question de l’existence d’une vaste forêt dans ce secteur. Voir déjà sur ce sujet les propositions de J.-L. Fiches qui restituait, dans le Beaucairois, des domaines en lanières, perpendiculaires à la vallée du Rhône et adossés à cette zone boisée (Bessac et al. 1987).
15 La phase I de cette opération d’archéologie préventive linéaire (étude documentaire et prospections) a été dirigée et conceptualisée par A. Chartrain, alors conservateur du patrimoine au SRA Languedoc-Roussillon, qui en avait établi le très solide cahier des charges.
16 Ces données ont été présentées au colloque international tenu à Naples en février 1999, dont les actes ont été publiés (Mauné 2003a).
17 Le relevé du tracé de la voie à 1/100 000 ne reporte pas cette interruption mais la description du tronçon de Saint-Thibéry à Béziers l’évoque brièvement (Laforgue, Castellvi, Comps 1997 : 25 et fig. 8 et 9).
18 C’est entre 1756 et 1770 que des grands travaux furent réalisés et permirent l’endiguement du fleuve et la mise en culture pérenne des parcelles dont il vient d’être question (Chéron, de Sarret de Coussergues 1963 : 280-281).
19 À Ambrussum, relais établi sur la Domitienne, au point de franchissement du Vidourle, J.-F. Berger observe cependant entre le dernier quart du IIe s. av. J.-C. et la fin du Ier s. ap. J.-C., une phase hydrosédimentaire associée à un exhaussement accéléré du plancher fluvial, à un temps de retour moyen des crues très court et à une augmentation parfois conséquente de la granularité des dépôts. Cette phase représente selon lui une contrainte majeure à l’occupation du fond de la vallée. Elle serait le résultat d’un « forçage anthropique » résultant d’une occupation et d’une exploitation denses des coteaux associées à l’éradication des ripisylves conduisant à une amplification des phénomènes de crue (Berger, Fiches, Gazenbeek 2004 : 430-431). De son côté, Th. Odiot observe que les tarifs de location des terres du cadastre B d’Orange situées en bordure du Rhône sont les plus bas en raison de l’instabilité du cours d’eau et de ses affluents (Odiot 1995 : 46). Sur ces questions des mouvements de terre consécutifs aux crues et donc des problèmes du parcellaire situé en bordure des cours d’eau, voir Blanchemanche 2003. En ce qui concerne ce secteur, c’est peut-être les déboisements d’époque moderne et une exploitation intensive due à l’extension de la vigne qui ont fragilisé les sols, entraînant une importante érosion ainsi qu’une accélération des flux hydrologiques. Cependant, ce phénomène a pu démarrer dans l’Antiquité, au moment où se sont installés les ateliers de potiers.
20 Je remercie G. Loison et A. Speller pour ces informations.
21 La seule découverte faite dans cette zone (bordure nord, rive droite de la Lène) remonte à 1924 : lors de travaux agricoles, une tombe isolée a été mise au jour au lieu-dit Saint-Macaire (Servian). Il s’agit d’une sépulture à incinération isolée, tout à fait exceptionnelle dans le contexte local du milieu de l’âge du Fer : les cendres et restes du défunt étaient vraisemblablement placés dans une grande urne en céramique modelée et accompagnés d’une pointe de lance en fer de type Alcacer, d’un talon de lance, d’une hampe de soliferrum, d’une lame d’épée, d’une lame de couteau, de plusieurs fragments d’un gobelet en bronze, d’un bracelet et d’une fibule à double timbale, d’une passoire étrusque en bronze et d’un canthare sessile à décor géométrique de type « Saint-Valentin » (Lapeyre 1987-1988).
22 J’ai utilisé pour l’élaboration de cette carte, les données provenant de plusieurs sources d’informations. Pour Béziers et les communes limitrophes, les inventaires détaillés, d’excellente qualité, rassemblés par G. Fédière (Fédière 1970 ; Fédière, Giry 1972, 1973, 1978 et 1979) ; pour Servian et Montblanc, les données publiées par J.-L. Espérou et P. Roques (Espérou, Roques 1988), complétées par des notices de sites inédits ; pour Valros, mes propres inventaires (Mauné 1998), pour Nézignan-L’Évêque et Saint-Thibéry, les inventaires, récemment mis à jour de G. Fédière et d’É Massal (Mauné 2001b), pour Bessan, les informations issues du volume de la CAG 34-2, coordonné par M. Lugand et I. Bermond. Enfin, la synthèse et les fiches issues des prospections systématiques dirigées par J. Kotarba sur le tracé de l’A75 Pézenas-Béziers ont également apporté leur lot d’informations. Tous nos remerciements à I. Bermond (SRA Languedoc-Roussillon, cellule carte archéologique) auprès de qui nous avons pu contrôler la nature et la localisation précise des sites.
23 G. Fédière et J.-L. Espérou. Nous sommes largement redevable à ces chercheurs de l’établissement de cette cartographie.
24 Seule la villa du Garissou à Béziers fait l’objet de fouilles qui témoignent de l’opulence des villae péri-urbaines de Béziers dans l’Antiquité. Malgré les nombreux cris d’alarme de G. Fédière (voir notamment Fédière 1970), tous les sites se trouvant dans les faubourgs de la ville ont été détruits par l’urbanisme de ces trente dernières années.
25 Ce groupe très compact de parcelles orientées à N 42° E (orientation qui est celle du Béziers E/Luteva d’A. Pérez 1995 : 147-157 et 222-224) a été observé contre la voie Domitienne, au nord de Saint-Thomas sur environ 125 ha et pose de redoutables problèmes d’interprétation, d’autant que sont signalés, dans les archives de Coussergues, des défrichements et des mises en culture d’époque moderne au nord de Castelfort, dans ce secteur. Nous avons entamé une étude sur cette zone qui, nous l’espérons, devrait permettre ou pas d’identifier ce parcellaire comme antique.
26 Sur cette catégorie céramique produite entre les années 120-130 ap. et la fin du IIIe s., voir en dernier lieu Mauné, Lescure 2008.
27 Restes de quarante couvercles de type Hayes 196, de 19 marmites Hayes 197 notamment.
28 En 2000, menacé par la construction d’un lotissement, il a fait l’objet d’un diagnostic conduit par une équipe de l’AFAN. Les tranchées installées de façon aléatoire n’ont pas permis de mettre au jour les fours dont on pressentait la présence en limite septentrionale du site. Malgré la découverte d’un vaste bassin rectangulaire construit en tegulae — structure largement attestée en contexte artisanal mais considérée alors comme un « bassin d’agrément » — d’un affleurement d’argile bleue miocène portant des traces d’exploitation et d’abondants fragments de BOB dans les déblais, la responsable de cette opération a rejeté l’identification de ce site comme atelier de potiers, sans aucune concertation avec les chercheurs précédemment cités ; chercheurs qui n’ont d’ailleurs jamais été prévenus de cette opération mais qui ont pu se rendre sur place à maintes reprises, dans les semaines qui ont suivi l’achèvement de l’opération. Le site, devenu « un simple établissement rural très arasé », n’a pas été fouillé, une série de prescriptions illusoires devant le protéger (interdiction d’implantation de piscines, surveillance des creusements de réseaux). Quelques mois plus tard, j’ai observé et photographié, lors des travaux de viabilisation du lotissement, des restes imposants de fours (briques vitrifiées, torchis, adobe, etc…) totalement détruits. De son côté, G. Fédière a récolté un abondant mobilier céramique dont de nouveaux exemplaires de la marque M. CVRTI sur tuile, déjà attestée sur le site (Fédière, Giry 1979 : 49, note 3). Il est probable qu’en plus des matériaux de construction et des céramiques communes, cet atelier produisait aussi des amphores vinaires Gauloise 4 comme semble l’indiquer leur abondance dans les déblais du lotissement.
29 Sur cet atelier : Dodinet 1985 ; Laubenheimer 1985 : 187- 191 ; Dodinet, Leblanc 1988 ; Mauné 1998 : 213-217 et Mauné 2003a : 13-23.
30 Dans le cadre de sa thèse, soutenue en 1986, A. Naciri a effectué des analyses physico-chimiques sur d’abondants restes de Gauloise 4 provenant des fouilles d’Ostie (Rome, Italie). Il propose de rattacher deux belles estampilles sur anse — SEPTIM en relief (OST594) et PATRICI en relief (OST311) — trouvées dans des niveaux du IIIe s., au site de Mas de Bourgade à Servian (Naciri 1986 : 254, 335-336 et 349). Un certain nombre d’objections méthodologiques — renforcées par le fait que les estampilles inédites MAF (ibid., OST200, 203 et 205 : 332) trouvées à Ostie ne sont pas originaires, comme le pensait l’auteur, du Gard bas-rhodanien mais de l’atelier du Bourbou, découvert et fouillé depuis, à Loupian (Hérault, bassin de Thau) — jettent un doute sur la véracité de ces propositions. Il faudrait analyser une nouvelle fois ces estampilles pour préciser leur provenance, en particulier le timbre SEPTIM qui, si l’on accepte notre restitution SEPTIM(anorum) pourrait, s’il est bien local, désigner collectivement les citoyens biterrois, descendants des vétérans de la VIIe légion installés par Octave à Béziers en 36 av. J.-C. et donc attester l’existence d’un atelier municipal de production d’amphores.
31 Sur cette question des fundi excepti et concessi et pour une plus large acceptation du sens juridique de ces termes, voir les réflexions de R. Compatangelo à propos du domaine de Tourmont (Compatangelo 1985 ; Compatangelo 1995 : 62-63).
32 L’association, sur un même atelier, de productions de céramiques fines et d’énormes dolia viticoles peut paraître surprenante. Elle a également été mise en évidence dans l’atelier de Saint-Bézard à Aspiran où étaient conjointement fabriqués, au sein d’un même quartier artisanal et dans le cadre d’une production très large (amphores, matériaux de construction, etc.), de la sigillée grésée à vernis rouge dont les estampilles sont très italianisantes et des dolia (20-40 ap. J.-C.).
33 Le seul exemple contraire que nous connaissons est celui de l’atelier isolé de Contours à Saint-Pargoire où existait un petit balnéaire seulement connu par des éléments d’architecture trouvés dans les déblais de la fouille de 2004 (Mauné 2009 : 107-108).
34 Le mobilier de la première moitié du Ier s. ap. J.-C. est en effet peu abondant : amphores Pascual 1 de Tarraconaise, sigillée italique tardive, sigillée sud-gauloise de type Dragendorff 29a, estampille d’Ingenus. Si, comme nous le pensons, la vocation artisanale de cette installation ne fait pas de doute, il faut sans doute imaginer que l’atelier initial était peu important ; ce sont peut-être les deux fours excentrés qui cuisaient les matériaux de construction, les amphores Gauloise 1 et la vaisselle à pâte claire. Seule une fouille permettrait de préciser ce point.
35 Ces pourcentages reposent sur une dizaine de dépotoirs fouillés dans la vallée de l’Hérault, dont les chronologies s’échelonnent entre 120/-130 et 260 ap. J.-C. et qui représentent un total de plus de 40 000 tessons.
36 Dans l’Aude, deux ateliers au moins (Abrens à Laure-Minervois et Roquecave à Campagne-sur-Aude) ont également fabriqué de la céramique commune à pâte sableuse dont une petite partie du répertoire est identique à celui de la BOB, mais ils sont éloignés de plus de cinquante kilomètres l’un de l’autre et ces productions ne sont pas strictement contemporaines (Passelac 1996).
37 Gobelet à parois fines Marabini 68/forme BOB-G2 ; marmite d’Afrique proconsulaire Hayes 197/BOB-B1, plat à frire Hayes 23b/BOB-C3, couvercle Hayes 21, 85 et 196/BOB-C1, coupe carénée Hayes 14/BOB-B2, plat/assiette Hayes 181/ BOB-C4 de même origine. Sur le succès de la sigillée claire A et de la céramique africaine de cuisine, « témoins du décollage de l’économie africaine » à partir des Flaviens, voir en dernier lieu Bonifay 2003 : 114-115 et Bonifay 2004.
38 La présence dans ces ateliers, d’artisans africains est hautement probable. On renverra sur cette problématique et pour comparaison à l’article de V.-G. Swan qui montre, grâce à la découverte d’imitations de céramique africaine fabriquées dans le camp légionnaire de York (G.-B.), la présence probable de soldats originaires de Proconsulaire. L’auteur propose aussi, parce que le site a également livré des imitations d’urnes A1 en BOB, totalement inconnues en Grande-Bretagne avant l’installation de ce camp, de localiser ici un contingent de légionnaires provenant de Narbonnaise et plus particulièrement de la cité de Béziers où étaient fabriqués de tels vases (Swan 1993).
39 En mars 2012, R. Haurillon a présenté, aux Journées archéologiques de l’Hérault, les résultats de ses recherches concernant un système original de puits-galeries antiques (similaire au qanat d’Afrique du Nord) mis au jour lors de fouilles préventives réalisées dans la zone de la villa du Garissou qui se trouve à quelques centaines de mètres à l’ouest de l’atelier des Demoiselles (Boujan-sur-Libron). Selon nous, l’existence de ce dispositif pourrait trahir, au même titre que la production massive d’imitations locale de céramique africaine de cuisine, la présence, au IIe s., dans ce secteur du Biterrois, de grands propriétaires originaires d’Afrique proconsulaire.
40 Sur l’importance des ressources en bois, voir Chabal et al. 1999 : 51-59 en particulier et Adam 1995 : 91-105.
41 On sait que, pour les agronomes latins, la forêt était un lieu de pacage précieux (Varron, Res rusticae, II, 5, 11) et que le feuillage des arbres pouvait nourrir le bétail en hiver (Columelle, De re rustica XI, II, 99-101). Sur la place du fourrage d’arbre dans l’élevage depuis le Néolithique, voir en dernier lieu Thiébault 2005.
42 Dans la vallée de l’Hérault, un affleurement identique est connu à la limite des communes d’Aspiran, de Fontès et de Péret : il a été exploité durant le Haut-Empire comme l’indique la présence à Vareilles et à Saint-Bézard de blocs monolithes rectangulaires mis en œuvre dans les praefurnia des thermes de ces deux villae.
43 Le seul hagionyme présent dans ce secteur est celui de Saint-Thomas-de-la-Garrigue, localisé en bordure de la voie Domitienne, à quelques centaines de mètres de l’atelier de Bourgade. Il s’agit d’une paroisse mentionnée à plusieurs reprises dans les textes médiévaux et qui comportait vraisemblablement une maladrerie (Chéron, Sarret de Coussergues 1963 : 133, p. 394), lieu habituellement relégué dans des zones très peu peuplées et situées le long des axes principaux. Compte tenu de l’existence de ce lieu habité et de sa fonction particulière, on peut considérer que le tracé antique de la voie Domitienne, et donc le franchissement du Libron, était encore en service dans ce secteur, aux XIIe-XIIIe s. En 2002, une petite opération préventive menée sur l’emprise de l’extension du golf de Saint-Thomas a permis à O. Ginouvez de mettre au jour les vestiges isolés et très mal conservés d’un petit four à céramique, probablement actif au XIIIe s. (renseignement oral d’O. Ginouvez que nous remercions ici). Il faut probablement lier cette structure artisanale à l’existence de ce petit hameau.
44 Pour un autre exemple d’association entre l’exploitation forestière antique et l’artisanat, voir, par exemple, Dieudonné-Glad 1996 à propos de la métallurgie du fer chez les Bituriges
45 L’hypothèse d’une production de tonneaux dans l’établissement du Renaussas à Valros a été récemment affirmée par C. Jung à partir de la découverte d’outils de travail du bois (Figueiral et al. 2010 : 420). On objectera que, mis à part un puits de Lattes où un tonneau était utilisé pour le cuvelage (Marlière 2002), aucun des puits antiques fouillés en Languedoc, ces dix dernières années, et en particulier sur l’A75, n’a livré le moindre élément pouvant appartenir à un tonneau ; que le fer à marquer que C. Jung mentionne est un objet dont on se sert aussi pour marquer le bétail ou des objets usuels en bois (comme à Roumèges (Poussan), sur le fond d’un seau en bois trouvé dans un puits, renseignement de R. Bourgaut), que l’établissement a livré les vestiges de chais à dolia et que cette zone est, comme nous venons de le montrer, très active du point de vue de la production amphorique jusqu’à la fin du IIIe s. A tout le moins, il nous semble que, dans l’état actuel des recherches, l’hypothèse prudente de S. Raux qui voit dans ces objets, qu’elle a identifiés et étudiés, de simples outils pour le travail du bois est déjà très intéressante et se suffit à elle-même..
46 Sur ces questions, voir Fedeli 1990 qui analyse notamment la question du déboisement et des atouts économique de la forêt italienne à travers les auteurs anciens. Pour l’importance du bois dans la construction des villes gallo-romaines, Bernard 1998 : 53-62, 118 et 140. Voir également la définition de l’Ager Tutelatus (ou agrestium solum) – « biens publics donné à une collectivité pour permettre l’entretien de ses édifices publics, de ses remparts (ex. : une forêt pour extraire du bois de construction, de chauffage pour les thermes publics) » – donnée par G. Chouquer et F. Favory dans leur ouvrage sur l’arpentage romain (Chouquer, Favory 2001, p. 410).
47 Le cas le plus explicite dans l’Empire est celui de la forêt du Mont Liban qui a livré environ deux cent cinquante inscriptions rupestres liées à la réglementation, par l’empereur Hadrien, de son exploitation (Breton 1980).
48 Analyse issue de l’étude détaillée des archives comptables et notariées ainsi que des statuts et règlements consulaires de Montpellier menée par Ch. Britton dans le cadre de son doctorat (en cours).
49 En 2007 a été fouillé, par L. Buffat et L. Leroy, un autre atelier au lieu-dit La Courondelle dans le cadre d’une opération préventive menée par le service archéologique de la ville de Béziers.
50 Ce vaste site médiéval a fait l’objet de nombreuses opérations d’archéologie préventive restées inédites mais pour lesquelles on trouvera une série de résumés synthétiques dans le Bilan Scientifique Régional annuel du SRA Languedoc-Roussillon (1991 à 1996, 1998 et 1999).
51 On peut retourner et élargir la comparaison et se poser la question de l’existence, dans le Bois de Valène, d’ateliers antiques du Haut-Empire car la proximité des deux dossiers est troublante. La seule différence tient en l’absence de grande agglomération antique aux abords de Valène…
52 Notons toutefois l’existence d’un atelier amphorique à Sauvian, au lieu-dit Brame-Reille, situé au point de contact de la terrasse de Vendres et des coteaux de la rive droite de l’Orb (renseignement de G. Fédière).
53 Au sujet de ce peuple indigène, établi entre Narbonne à l’ouest et Béziers à l’est, voir en dernier lieu Feugère, Lhermet, Py 2005 et notamment les p. 18-19.
54 Dans la moyenne vallée de l’Hérault, sur la rive gauche du fleuve, dans le secteur de la Boissière, la silva Bitoranda marquait, pendant le haut Moyen Âge, la frontière entre les territoires des cités et des évêchés de Lodève, Béziers et Nîmes-Maguelone (Clavel 1970 : 211-212, 220 et 232). Il pourrait s’agir de la partie septentrionale du massif boisé qui s’étendait sur l’emprise de la terminaison occidentale de la Garrigue de Montpellier.
55 La question n’est malheureusement pas abordée par L. Laüt dans son étude de cas exemplaire de la forêt de Tronçais où ont été reconnus un certain nombre d’établissements agricoles ou artisanaux (Laüt 2007).
56 Cette remarque peut être étendue à l’ensemble de la Narbonnaise méridionale, où sont connus plus de 140 ateliers de potiers (Mauné 2009 : 143-144), et en particulier à la vallée de l’Arc (B.-du-Rh.) où existe également une belle concentration d’officines (en dernier lieu Mauné, Silvéréano 2011).
57 M. Bourin a souligné la spécificité du glacis collinaire qui s’étend de Corneillan à Laurens. Dans cette zone située entre les vallées du Libron et de l’Orb, la rareté des sources antérieures au XIe s. semble renvoyer à l’existence de terroirs boisés et de garrigue (Bourin-Derruau 1987, 1 : 93-94). Ce secteur est particulièrement intéressant parce que c’est ici que sont connus des ateliers de potiers apparus dès la période augustéenne voire avant, et qui sont restés actifs tout au long du Haut-Empire (Laubenheimer 1998).
Auteur
Directeur de recherche au CNRS, resp. équipe TP2C de l’UMR 5140 « Archéologie des Sociétés méditerranéennes, 380 av. de Pérols, 34970 Lattes ; stephane.maune@montp.cnrs.fr Rédigé en 2004 à la suite du colloque de Rennes, cet article a reçu un certain nombre de modifications et ajouts qui tiennent compte de l’apport des connaissances acquises depuis cette date dans cette région, par le biais des fouilles programmées ou préventives. Cet article est dédié à la mémoire de Jean-Luc Espérou, récemment disparu et qui a tant œuvré pour le patrimoine archéologique de la région de Béziers.
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