Aux marges de l’ager : forêt et… agriculture dans la montagne pyrénéenne
p. 91-106
Texte intégral
1. Une montagne en marge ?
1Le cadre de cette contribution est celui d’une montagne pyrénéenne. Le propos est un questionnement concernant sa marginalité avérée ou supposée durant l’Antiquité. La montagne est-elle seulement, selon les époques, une zone de prélèvement de ressources sylvestres et éventuellement minières ou bien un espace pastoral ? Nous verrons qu’elle peut aussi être un espace vécu pour et par le troupeau et plus singulièrement aménagé pour l’agriculture.
2Cette contribution s’appuie sur le travail conduit pendant près de vingt ans par C. Rendu et P. Campmajo (anthropologie historique et archéologie) sur la montagne cerdane, dans les Pyrénées-Orientales et, pour les études environnementales liées à la sphère végétale, sur ceux de B. Davasse (CEPAGE-École du Paysage de Bordeaux, anthracologie), de D. Galop (CNRS UMR 5602 GEODE, palynologie) et M.-P. Ruas (carpologie) et, enfin, sur les recherches de M.-C. Bal (anthracologie), P. Poupet (sciences de la Terre et du sol) et R. Harfouche (archéologie), qui sont conduites dans le cadre du PCR transfrontalier du Ministère de la Culture sur la « Cerdagne. Estivage et structuration sociale d’un espace montagnard » (coord. C. Rendu et O. Mercadal).
3La dépression de la Cerdagne est un bassin continental intra-montagneux des Pyrénées de l’Est, à climat méditerranéen et montagnard, partagé entre la France et l’Espagne (fig. 1). La montagne d’Enveitg participe de la Cerdagne qui correspond à la haute vallée du Sègre, affluent de l’Èbre. La plaine est entourée de reliefs puissants majoritairement granitiques au nord comme le massif du Carlit qui culmine à 2800 m d’altitude et dont la montagne d’Enveitg est un des versants. Ces montagnes sont entaillées de nombreuses vallées. Leurs cours d’eau alimentent le Sègre et sont à l’origine du remplissage sédimentaire de la dépression et de multiples cônes de déjection. Les conditions géologiques et l’histoire tectonique commandent certainement en partie la répartition de l’habitat, essentiellement sur le piémont, à quelques exceptions près en Cerdagne espagnole, où il est plutôt dans la plaine du Sègre. Cela est particulièrement sensible dans la partie orientale de la Cerdagne où le chapelet des habitats groupés s’égrène, adossé au piémont, au débouché des vallées torrentielles. On observe également une répartition globale des activités de production en fonction de l’altitude : actuellement, la plaine est le domaine des cultures céréalières et fourragères, tandis qu’en amont des villages, la montagne est réservée aux troupeaux et est elle-même organisée selon un étagement de la végétation et des activités pastorales, en pacages intermédiaires, forêt de pin et estives.
4Dans l’Antiquité, la Cerdagne appartient au territoire du peuple des Karretani cité par Strabon (Géographie, III, 4, 11). La capitale de la Cerdagne, Iulia Lybica (actuelle ville de Livia), est fondée en 39 avant l’ère chrétienne et, au plan archéologique, seuls onze habitats ibéro-romains sont à ce jour reconnus, le plus souvent à partir de quelques découvertes dans le sous-sol et de fouilles relativement limitées (Campmajo 1991 ; Mercadal 1995). L’historien O. Olesti i Vila a formulé l’hypothèse de l’existence d’une centuriation romaine dans la plaine (Olesti i Vila 1990). Concernant les produits de cette terre, la Cerdagne était réputée pour ses jambons, dont on possède des mentions du commerce dès le Ier siècle avant l’ère chrétienne (Strabon, Géographie, III, 4, 11). Les produits de l’élevage porcin sont également cités au Ier siècle de l’ère chrétienne par le poète Martial (Épigrammes, XIII, 54). On retrouvera mention des jambons de Cerdagne au IVe siècle dans l’Édit du Maximum de l’empereur Dioclétien promulgué en 301. Il faut ajouter dans une perspective plus large que, selon l’historien J. Peyras, les citoyens d’une colonia Iulia disposaient de privilèges, comme le droit de pâturage sur des terres distribuées en plus de leurs lots et occupées en commun (Peyras 2003 : 117-119).
5Enveitg est d’abord un village à 1200 m d’altitude en bordure de la plaine de Cerdagne et une commune de 3000 ha dont les limites se confondent avec celle du versant montagneux granitique (fig. 2). Derrière l’agglomération, la montagne est comme un « bout du monde » avec, au plus près, ses hameaux dans les vallées torrentielles de Bena et du Brangoli entourés de friches boisées, et ses 2000 ha abandonnés à la forêt de pins et aux espaces herbus, dévolus aux troupeaux. Depuis les années 1830 et les premiers levés planimétriques, le plan cadastral est presque sans parcelle, sinon de très grandes atteignant les 500 ha, ce qui exclut l’analyse de la forme parcellaire et son éventuelle transparence historique. Les terrains de parcours s’élèvent entre 1600 et 2600 m d’altitude. Ils sont ponctués par trois étagements, qui correspondent aux paliers ou plas de l’estive contemporaine (l’Orri d’en Corbill vers 1900 m d’altitude, le Pla de l’Orri à 2100 m d’altitude, Maura et le Serrat de la Padrilla vers 2350 m d’altitude) (fig. 3). Le couvert végétal est une mosaïque irrégulière de landes à genêts purgatifs et genévriers et de gispetières (Festuca eskia Ramond), alternant avec des plaques de trèfle alpin et de nard (Soutadé 1980 : 170). En moyenne montagne, on croise des bosquets de pins à crochets et des arbres isolés, puis, à partir de 2200 m, c’est le domaine de la pelouse à lande rase à callune et genévrier.
6La montagne est vide en apparence. Pourtant, dans ce paysage, des sites archéologiques ont été reconnus, hors des zones au couvert végétal ligneux et dense, dans les étendues de pelouses et au sein des affleurements granitiques. Il est rapidement apparu que cet espace recouvrait l’échelle spatiale la plus appropriée au dialogue entre les différentes disciplines qui participent à la reconnaissance de l’histoire environnementale et des rapports homme/milieu. Vue à cette échelle, la montagne d’Enveitg peut-elle être considérée comme une éternelle marge, une sorte d’intervalle entre des zones intensément exploitées proches de l’habitat et une limite confondue avec la crête de la montagne ? Cette périphérie entre-t-elle, comme par fatalité, dans une logique économique centralisée, l’espace étant appréhendé selon un gradient altitudinal qui conditionne à la fois le statut territorial et un mode unique d’exploitation, selon un modèle gravitaire ? Toutes ces approches semblent liées, de façon plus ou moins consciente, à la théorie économique du marginalisme, apparue en Autriche vers la fin du XIXe siècle. Mais identifier une marge dans l’histoire, loin des économies modernes, n’est-ce pas d’abord connaître les lois technico-économiques du moment ?
7Il est vrai que dans le modèle de la cité grecque, les marges aussi nommées « déserts », les eschatiai, sont des espaces non organisés de façon systématique et permanente par l’Homme, parce que celui-ci « ne cherchait pas à les soumettre à la géométrie et à la chronologie de ses labours régulièrement repris » (Bertrand 1992 : 17). Dans le monde romain, les modalités d’organisation du territoire exploité font aussi une place aux marges ou confins et aux controverses dont ils faisaient l’objet. La montagne d’Enveitg de l’Antiquité entre-t-elle dans ce type d’espace ? Quand on sait qu’il peut exister des découpages territoriaux avec des logiques spatiales différentes, comme la construction territoriale a-centralisée ou bien encore la centralité de complémentarité, le regard porté sur les paysages, les sites et le système de production qu’on peut y deviner doit être prudent (fig. 4).
8Comprendre la logique d’un paysage cultivé ou celle d’un paysage de montagne exige que l’on appréhende leur mobilité, dans des transformations successives lentes ou brutales, dans les entorses au modèle bioclimatique, que l’on atteigne leur fixité aussi, dans la lenteur extrême des processus bio-géo-physico-chimiques de la pédogenèse, en fait tout ce qui réside dans la dynamique des milieux au cours de la longue durée (Poupet 1988). Mais les habitudes ont la vie dure et il vaut mieux rappeler les réserves émises par G. Bertrand à propos du tableau géographique introduisant bon nombre de recherches historiques ou archéologiques : « Si habile et si nuancé soit-il, le tableau ne peut retenir que les traits généraux et permanents au détriment des dynamismes de toutes sortes, éphémères ou durables, réversibles ou irréversibles, qui forment la trame même de l’histoire rurale » (Bertrand 1975 : 37).
9De la même façon, envisager les marges d’altitude enforestées ou broutées, c’est aussi vouloir atteindre le temps social de ceux qui gèrent et exploitent ces espaces. Et ceci ne peut se faire que sur le temps long, comme l’a si bien exprimé G. Ravis Giordani : « Dire qu’une structure sociale est temporelle c’est dire que le temps est dans la structure, qu’elle se déploie en lui, le détermine, et qu’on ne saurait donc la saisir toute entière en un moment donné » (Ravis Giordani 1983 : 13). Il est donc impossible de traiter de la montagne d’Enveitg dans l’Antiquité ibéro-romaine, sans inscrire sa démarche dans la longue durée (Rendu 1998).
2. Historique des recherches
2.1. Les premières études géographiques
10Il y a longtemps que l’archéologie agraire, alors qu’elle n’était pas encore nommée ainsi, ne se limite plus aux recherches concernant exclusivement les terres cultivées. Les zones humides et les espaces accidentés des reliefs montagnards étaient déjà la matière vivante soumise à des investigations diverses, ethnologiques, historiques, géographiques et archéologiques, quand l’archéologie agraire devenait un manifeste (Guilaine 1991), rendu nécessaire pour notamment réviser quelques concepts relatifs aux montagnes, singulièrement quant à leur exploitation exclusivement sylvo-pastorale par des populations mobiles de la Préhistoire et de la Protohistoire puis, aux périodes historiques, par des gens habitant au piémont ou dans les vallées.
11Les grandes monographies géographiques consacrées aux Pyrénées concèdent volontiers une place à l’Homme dans l’histoire de la chaîne de montagne, mais l’incluent dans une vision primitiviste qui manie aisément les qualificatifs de « traditionnel » et d’« immuable » quand il s’agit de se pencher sur les modes de vie, les outils et les pratiques (Cavaillès 1931 ; Lefebvre 1933 ; Birot 1937). Pour la plupart des études, dater des cabanes et des aménagements liés à l’exploitation pastorale selon des méthodes adaptées n’est pas immédiatement apparu comme une nécessité, tant les analogies entre l’architecture de ces bâtiments et les habitats et monuments funéraires de la Protohistoire méditerranéenne étaient évidentes. Ces constructions intemporelles ne pouvaient être que « préhistoriques » ou éventuellement appartenir aux âges sombres du début du Moyen Âge, période pendant laquelle ressurgissaient la primitivité et l’archaïsme qui prévalaient avant les grandes civilisations grecques et romaines.
2.2. Les recherches sur l’anthropisation de la montagne
12Il faut attendre la fin des années 1960 pour constater un intérêt pour la recherche sur l’anthropisation des Pyrénées avec les travaux pluridisciplinaires du Centre d’Anthropologie des Sociétés Rurales et ceux des géographes de Toulouse à partir des années 1980. L’écologie historique, avec les travaux des géographes, palynologues et anthracologues, notamment le programme interdisciplinaire coordonné par J.-P. Métailié et G. Jallut sur l’Histoire des forêts et impact de la métallurgie dans les Pyrénées ariégeoises, apporta son lot de réponses aux questionnements multiples qu’évoquaient les bases minérales des cabanes. Les données concernaient la dynamique des pâturages, de la forêt et de la pression pastorale selon un enregistrement qui balaie 6000 ans d’histoire (Dubois 1997 ; Galop 1998 ; Davasse 2000).
13De leur côté, les historiens, dans les années 1990, se pencheront sur la montagne avec, concernant l’Antiquité, la monographie de C. Rico sur les Pyrénées à l’époque romaine et un programme de recherche coordonné par R. Sablayrolles sur les Pyrénées centrales, qui a appréhendé la montagne comme une réserve de ressources naturelles, un lieu de prélèvement de matières premières avec ses carrières de pierre et ses mines (Rico 1997 ; Sablayrolles 2001). Le souci était déjà présent en 1990, lors du colloque de la SOPHAU de Pau consacré à la montagne dans l’Antiquité, de « dépasser les poncifs sur la spécificité du milieu, d’aller au-delà des clichés sur un monde naturellement voué au sauvage, au danger, au refus, pour interroger l’ambiguïté des données antiques sur les montagnes » (Clavel-Lévêque 1990 : 3). Le constat salutaire qui en découla tout naturellement fut la nécessité d’une approche pluridisciplinaire et systémique de ces espaces. Des études récentes ont montré sur le terrain l’intérêt d’une telle approche qui se doit aussi d’être diachronique pour révéler la complexité de ces zones en marge et des rapports sociaux qui les animent (Geyer 2001).
2.3. Une archéologie de l’instant et du temps long
14Dans les années 1950, P. Ponsich fut le premier à préconiser la fouille et les sondages systématiques (Ponsich 1956). Depuis C. Parain et ses travaux sur l’Aubrac, et grâce à sa réflexion élargie aux Pyrénées, aux Alpes et aux Carpathes, l’hypothèse d’une relation entre l’évolution des aménagements d’estive et le canevas historique propre à chaque système est avérée, les différents facteurs, milieux naturels, facteurs sociaux, nécessités économiques et techniques, circonstances historiques ne pouvant être abordés que par la pluridisciplinarité (Parain 1979 : 374).
15Il y a vingt ans une étude est entreprise sur les systèmes pastoraux, c’est-à-dire des cadres sociaux de la vie pastorale à l’estive (Rendu 2003 : 21). L’approche de la montagne est multiple, réalisée sous des angles de vue variés car pluridisciplinaires : l’archéologie d’abord, avec les prospections puis rapidement les sondages et les fouilles, l’ethnologie ensuite et ses enquêtes orales, puis sont venues l’histoire et le dépouillement des archives, la géographie avec les analyses anthracologiques et palynologiques, l’écologie appuyée sur la carpologie et l’anthracoanalyse et, en dernier, l’archéologie des aménagements des pentes et la science du sol.
16Les travaux archéologiques sur les sites pastoraux ont principalement documenté trois zones de la moyenne et de la haute montagne sur 2000 ha environ étagés de 1600 à 2600 m. Environ 120 structures bâties (cabanes, abris, enclos, couloirs de traite, murettes…) ont été répertoriées en prospection dont 20 ont fait l’objet de fouilles plus ou moins approfondies, plus ou moins extensives. Ce travail archéologique a conduit à dresser une typo-chronologie de ces constructions qui va des cabanes actuelles aux unités simples ou complexes, leur organisation variant au cours du temps en liaison avec l’orientation technico-économique de l’élevage (Rendu 2002) . Comme dans toute recherche archéologique, la documentation issue des fouilles et des prospections reste lacunaire. Cet échantillon reconnu n’a qu’une valeur indicative, mais il fournit un répertoire de formes et une trame chronologique et fonctionnelle. L’ampleur du travail déjà réalisé sur un espace inexploré auparavant et son caractère pluridisciplinaire ont permis de dessiner progressivement l’évolution d’un anthroposystème montagnard du Néolithique à l’actuel, en l’abordant jusqu’à présent essentiellement sous l’angle pastoral de l’estivage. L’étude de l’occupation pastorale a ainsi conduit à intégrer ces espaces aux rythmes de l’histoire et à ne plus les considérer, sous cet angle, comme des marges.
17Globalement, en fonction de l’échantillon fourni par les fouilles, rien ne différencie une cabane de l’âge du Bronze d’une cabane médiévale. On identifie des permanences dans le choix des implantations et dans l’architecture entre le Néolithique moyen et le Moyen Âge, quand les cabanes et les enclos se recouvrent. Entre ces deux périodes, 3 ou 4000 ans sans traces ou presque, véritable hiatus chronologique et stratigraphique. Cabanes de bergers en pierre, cabanes de charbonniers en bois, terre et gazon, l’archéologie ne peut aller bien loin, car le modèle pourrait bien déteindre sur la trace réellement observée. Le passage du bois à la pierre s’effectue quelque part entre le XIIe et le début du XVe siècle, puis viennent les grandes cabanes vers le XVIIe siècle et leur standardisation dans le courant du XVIIIe siècle. On peut aussi parler d’une archéologie de l’instant, puisque la plupart des datations ont été effectuées sur les charbons de bois d’un bref incendie, d’un dernier foyer, des restes d’une meule de charbonnier. Seules les dates obtenues à partir de la matière organique des sols hydromorphes (histosols) des tourbières balisent une durée plus longue, comme les analyses polliniques et anthracologiques. Ceci vaut aussi pour l’époque romaine.
18On ne peut cependant affubler ces habitats du qualificatif d’archaïque au prétexte qu’ils semblent ne pas évoluer sur la longue durée, qu’ils répondent au besoin d’un habitat exclusivement temporaire, au moins pour ceux des époques historiques, et qu’ils sont bâtis aux marges de l’espace que l’on imagine intensément cultivé. La marginalité et l’immobilisme supposés de la montagne ne sont pas non plus inscrits dans les pratiques, bien au contraire. L’enquête orale et les archives modernes montrent que chaque site pastoral (la cabane ou le groupe de cabanes et son enclos) possède son propre espace de parcours journalier à la fois inscrit dans la mémoire des hommes et dans celle du troupeau d’ovidés (Rendu 2003). Ce parcours journalier en boucle suit une logique déterminée par les facteurs climatiques et saisonniers ainsi que par le souci d’une alternance des pacages. La montagne est donc un véritable puzzle constitué de l’assemblage, aux limites quasi invisibles, des réseaux des cabanes avec leurs espaces de parcours. Elle n’est résolument pas un univers immobile. Plus généralement, l’économie extensive n’est pas synonyme d’économie figée, archaïque, tout juste bonne pour des populations nomades, selon une vision colonialiste de l’élevage.
19En l’état actuel des recherches, la période antique n’est pas documentée au-dessus de 2000 m d’altitude. Des vestiges de l’âge du Fer et de l’époque romaine ont seulement été découverts en basse et moyenne montagne, dans des cabanes distribuées en bordure du premier pla (fig. 5). L’une d’elles a livré des traces d’occupation entre le IVe siècle avant l’ère chrétienne et le VIIe siècle. Un abri est également fréquenté entre le IIe siècle avant l’ère chrétienne et le Ier siècle. On connaît aussi des charbonnières dont une, datée de l’époque romaine, a fourni la matière à une analyse anthracologique (Davasse 2003, p. 387-388 pour le passage sur la charbonnière). Une mouillère, située sur le deuxième pla, a fait l’objet de deux sondages palynologiques dont l’un a été étudié et l’autre est en cours d’analyse (Galop 1998). Enfin, trois zones de terrasses sont réparties dans la vallée du Brangoli et sur le premier pla, entre 1700 m d’altitude et 2000 m d’altitude, dont deux sont l’objet de son dages archéo-pédologiques. Un versant construit en terrasses encloses de la vallée du Brangoli appelé les Devèses et le premier pla appelé l’Orri d’en Corbill se trouvent au plan biogéographique dans les étages montagnard et subalpin. Ils ont comme environnement végétal une pinède clairsemée et des étendues landicoles avec leur cortège de plantes (fig. 6).
20Les analyses polliniques confrontées à la densité et à la répartition des cabanes ont conduit à proposer un premier modèle d’évolution de la montagne sur la longue durée qui souligne la complémentarité des différents paliers d’estivage (Davasse et al. 1997). Les défrichements importants apparaissent dès le Néolithique moyen aux lisières de la forêt, aussi bien au piémont qu’en altitude (Galop 2001) (fig. 7). Les débuts de l’âge du Bronze et le milieu de l’âge du Fer marquent une ouverture des espaces intermédiaires et des plas médians, mais c’est au Moyen Âge que l’ouverture du milieu est sans précédent.
21Dans ce modèle, l’Antiquité est une période de reforestation avec l’hypothèse d’une réorientation des activités d’élevage (particulièrement l’élevage porcin) vers le bas de la montagne (Rendu 2003 : 519-522). On observe ainsi, dans les deux siècles qui précèdent le changement d’ère, une augmentation des pourcentages de pin et une diminution des Poacées et des indicateurs pastoraux. La réduction des pourcentages du sapin et du bouleau traduirait une intensification des activités à basse altitude. Durant l’Antiquité, le pin atteint ses valeurs maximales et la présence de céréales est rattachée aux cultures pratiquées en plaine. Le rapport Pin/Poacées évolue dans le même sens d’une reforestation à l’époque romaine (Rendu et al. 1999). La variation dans l’enregistrement de l’image du couvert végétal conduit à considérer le rôle de l’homme et/ou du climat dans les changements qui animent la montagne. Or, dans une variation observée en plusieurs points à l’échelle régionale, qui évoquerait un effet de type climatique, le temps est tout. En effet, c’est la précision de la datation et la signature identique de l’évènement qui seules permettent d’envisager le rôle prééminent du climat.
22De la fin de l’âge du Fer au haut Moyen Âge, la moyenne montagne supporte une fréquentation démontrée par l’archéologie à partir de la fouille des cabanes et l’étude de charbonnières datées entre le Ier et le IIIe siècle. On sait par ailleurs la valeur équivoque de certains indicateurs comme les pollens de céréales, qui peuvent être montés dans les toisons des moutons ou provenir de cultures très proches, puisqu’ils ont une dispersion réduite.
23Les analyses anthracologiques réalisées sur les charbons d’une cabane qui a livré une trace d’occupation antique documentent également la végétation ligneuse dans l’aire de prélèvement pour le combustible ou l’architecture. Elles apportent des nuances sensibles concernant la reconstitution de la sphère végétale environnante. La cabane présente des occupations stratifiées. Les datations radiocarbones ont été effectuées sur des foyers. L’anthracologie confirme, entre le IVe siècle avant l’ère chrétienne et le VIIe siècle, la forte présence du pin, mais elle montre également, dès le changement d’ère, la présence croissante du genêt. Pour être plus clair encore, si l’on ne retient que le rapport entre le pourcentage de légumineuses et le pourcentage de pin, on constate une progression constante des légumineuses que l’anthracologue interprète, en termes d’environnement végétal, comme une tendance à l’ouverture du milieu. La place grandissante des espèces landicoles (genêt et genévrier) est encore plus sensible dans l’analyse anthracologique réalisée sur les charbons d’un abri très proche, fréquenté entre le IIe siècle avant l’ère chrétienne et le Ier siècle.
24L’exploitation de l’espace montagnard n’a cependant pas été exclusivement pastorale. Tantôt forêt, bois ou taillis, tantôt pelouses pâturées, tantôt landes à genêts, cette « marge » d’un territoire a aussi été ponctuellement mise en culture.
3. Des champs à l’estive
3. 1. Des plantes cueillies et des plantes cultivées…
25Des analyses carpologiques ont également été réalisées par M.-P. Ruas sur une cabane située sur le même pla (Ruas 2003 ; Ruas et Rendu 2005). Le sol incendié d’un niveau d’occupation a livré plusieurs concentrations de bois carbonisé d’où ont été extraites des semences de céréales et de plantes sauvages. Le seigle domine très largement. Quelques grains de blé tendre et des déchets de fruitiers sauvages sont également présents. Les assemblages sont surtout constitués par les sous-produits de décorticage des épis de seigle. Leur répartition spatiale et la présence de nombreux vestiges de paille ainsi que des mauvaises herbes associées suggèrent que la céréale a été récoltée dans les environs et traitée sur place. Une datation radiocarbone cerne l’incendie de ce niveau d’occupation entre le VIIe et le IXe siècle. Bien que ceci nous place en aval de la période antique, l’intérêt de ces travaux est de poser la question de l’existence d’une agriculture de montagne, dans un espace qui a été envisagé jusque-là sous l’angle sylvo-pastoral. Au plan biogéographique, ces cultures sont possibles localement et peuvent s’organiser selon un étagement altitudinal. Mais quel en serait le support ? Quelle est la lisibilité archéologique de ces champs ?
3. 2. Une approche intégrée
26Avant ces découvertes carpologiques, les pelouses de la montagne d’Enveitg n’auraient dû être que des terres vouées de tout temps au pastoralisme. Pour rappeler quelques poncifs de l’histoire, les sols de haute altitude ne pouvaient pas avoir été concernés par le flux et le reflux des cultures qui auraient pu consommer les pentes les moins fortes au moment des faims de terres provoquées par le couple insécurité-refuge ou bien par l’essor démographique. Les termes de l’histoire rurale de la montagne auraient été posés : au-dessus de 1700 m, en raison des contraintes climatiques, l’habitat ne pouvait être que pastoral et l’agriculture anecdotique.
27Il existe pourtant une frange vers 2000 m d’altitude où la classification saisonnière et alternée des espaces a été rendue possible, permettant la juxtaposition puis la superposition des cultures et des parcours sur un même lieu, en alternance. Sur le versant exposé au sud de la montagne d’Enveitg et jusqu’à 2000 m d’altitude des terrasses sont construites, comme une épitaxie sur l’espace pastoral, qui évoquent une agriculture. Aujourd’hui, ces constructions se fondent dans les espaces pastoraux de la soulane, sous la forme d’alignements de pierres qui marquent des plates-formes légèrement inclinées recouvertes d’une pelouse (fig. 8). À quand remonte la construction de ces terrasses ? Sont-elles des terrasses agricoles ? Quel type d’agriculture y était pratiqué ? Ont-elles subi des transformations au cours du temps au plan des techniques de construction et des cultures qu’elles supportaient ? Quels sols protègent-elles de l’érosion ? Quelle place occupent-elles dans le système d’exploitation de la montagne ?
28Les investigations géoarchéologiques conduites depuis 2003 portent une attention nouvelle à ces milieux au relief vif et contrasté, en ce sens qu’elles ont comme objectif la reconnaissance de l’histoire du milieu au travers de l’histoire géodynamique et pédologique du manteau sédimentaire, de la gestion des sols sur les pentes, de l’impact des pratiques agro-sylvo-pastorales sur la couverture pédologique. Elles se fondent sur le même souci, qui a été celui des recherches précédentes, d’« affranchir le regard des déterminismes qui s’attachent à la montagne » (Rendu 2003 : 10). Mais le regard porté sur les cabanes et les enclos capte-t-il tous les mouvements qui ont animé la montagne ? L’archéologie toute seule approche-t-elle toutes les transformations qui ont modelé les paysages pastoraux ? Certaines évolutions, lentes ou brutales, qui façonnent et refaçonnent l’espace montagnard, sont à l’évidence du domaine des géosciences, géomorphologie et science du sol. Le sol est généralement négligé, réduit à une portion congrue, voire ignoré des débats scientifiques et publiques, singulièrement chez les historiens et les archéologues qui se penchent sur les espaces ruraux et les pratiques agricoles. Il est pourtant le support des activités de la production agricole, la matière première du paysan. Il est également un formidable enregistreur des évolutions, des changements et des rythmes qui marquent l’histoire de l’espace rural (Poupet 1998 ; Poupet et Yaalon 1998). Les activités sociales et les phénomènes « naturels » s’y inscrivent dans la longue durée, dans le temps court (événement) et dans les changements (emprise et déprise) (Harfouche 2003).
29Les recherches conduites sur l’histoire du paysage de la montagne d’Enveitg et la construction de ses terroirs ont tenté d’apporter les premiers éléments de réponse aux questionnements posés par les travaux antérieurs à partir d’une méthode d’étude éprouvée depuis plus d’une décennie, notamment en France méditerranéenne, en Grèce et dans la montagne libanaise (Poupet 1993, 2000, 2001 ; Harfouche et Poupet 2002, 2003 ; Harfouche 2002, 2004).
3. 3. Le temps long des paysages
30Les travaux géoarchéologiques ayant tout juste débuté, il est pour le moins prématuré de dresser un tableau général de l’évolution morphodynamique et pédologique de ces paysages et de leur aménagement pour l’agriculture. Les premiers sondages archéo-pédologiques visant à comprendre ces terrassements ont été effectués en 2003 et 2004. Deux exemples illustrent une véritable stratification de paysages terrassés et cultivés.
31Le premier espace terrassé se présente sous la forme de deux grands enclos autour de parcellaires en terrasses en rive gauche du torrent de Brangoli. Ils sont aujourd’hui couverts par une végétation herbeuse et arbustive, notamment des genêts et des genévriers. Autour de ces enclos, d’autres ensembles de champs en terrasses strient la pente. Ces aménagements occupent ce qui apparaît aujourd’hui comme un espace pastoral, mais qu’en était-il avant ?
32La fouille réalisée derrière un mur de contention des terres a révélé la présence, en amont du mur de la terrasse actuelle, d’un mur plus ancien, en partie détruit, qui correspond à la construction d’une terrasse antérieure (fig. 9). La stratification archéologique et la succession pédo-sédimentaire dans ces terrasses révèlent trois phases de mise en culture du versant. Une datation radiocarbone réalisée sur une épaisse lentille de charbons située à la surface du paléosol de la terrasse la plus ancienne indique que cet espace construit a été fréquenté dès l’âge du Bronze (fig. 10). Le sol de la terrasse visible actuellement s’est constitué à partir d’un dépôt colluvial, sédiment mis en place rapidement pour soustraire l’horizon organique sous-jacent aux processus de la pédogenèse. Le sédiment a ensuite été lui-même soumis à l’altération pour donner naissance à un sol. Le degré d’évolution de ce sol (de type podzosol) indique qu’il s’est constitué sur la longue durée. Sa mise en place peut être antique. D’une manière générale, l’analyse pédologique montre que ces changements qui affectent les pentes se sont effectués sur le temps long.
33En moyenne montagne, le premier pla (Orri d’en Corbill) forme une vaste étendue de pelouse, à la tête d’un vallon aux courbes molles. Il existe une exceptionnelle configuration des structures bâties sur ce pla, avec l’alignement de cinq cabanes, au pied d’une pente boisée ou parsemée de boules de granite au milieu desquelles poussent les touffes à demi sèches et piquantes du nard (Nardus stricta L.). Le vallon est barré en travers par de multiples talus dont certains forment de très légers bourrelets herbeux. Certains sont le résultat de l’érosion naturelle, et sont issus de l’accumulation d’arène et de sédiments pédogénétisés derrière des blocs et des boules déplacés sur la pente. D’autres, de taille plus importante, sont de véritables constructions anthropiques, des murs de contention des terres. Là encore, derrière le mur de terrasse actuel, nous avons identifié le mur d’une terrasse ancienne (fig. 11). Des phases d’aménagement, d’abandon et de réaménagement du pla ont été reconnues. La terrasse ancienne et la mise en culture du sol développé en place sur le granite peuvent être datées de l’âge du Bronze au moins. La terrasse actuelle s’est ensuite constituée avec des apports colluviaux chrono-stratigraphiquement postérieurs à l’âge du paléosol sous-jacent. Un datage radiocarbone donnant un résultat du IIIe millénaire, n’est là que pour prouver, s’il le fallait, que l’érosion a toujours entraîné sur la pente du matériel anthracologique. Tous les sondages réalisés vont dans le sens d’une longue histoire des phénomènes pédo-sédimentaires qui modifient les pentes en liaison avec les activités humaines, en particulier les pratiques agricoles. Certains aménagements ont pu participer de mises en cultures antiques au regard de la cinétique des sols. La poursuite des recherches permettra d’affiner la lecture de ces paysages construits. Il reste que ces recherches permettent de mettre en évidence une construction des terroirs pour l’agriculture en montagne, là où on ne l’attendait pas, sur le terrain dévolu à la forêt et au parcours des troupeaux. L’étude de l’exploitation agricole de ces versants apparaît alors comme un angle de vue pertinent pour appréhender l’évolution et les changements des espaces intermédiaires où se rencontrent zones de culture et espaces plus spécifiquement pastoraux. C’est seulement par une approche sur la longue durée et par l’exploration archéologique de ces espaces et des collines en aval que l’on pourra caractériser la période antique.
34Dans d’autres régions méditerranéennes, une recherche pluridisciplinaire et diachronique a d’ores et déjà conduit à reconsidérer la place de la montagne généralement réduite à une réserve sauvage de matières premières minières, sylvicoles et cynégétiques, inhabitée de manière durable, aux confins des villes antiques et de leurs terroirs, ces derniers se limitant à la plaine et aux piémonts. À la lumière d’une étude intégrée, ces reliefs apparaissent aménagés durablement aux fins d’agriculture et participant pleinement au réseau économique et au tissu du peuplement dès la plus haute Antiquité, aussi bien dans les Alpes suisses qu’en Méditerranée, depuis la montagne proche-orientale (Mont-Liban, Djebel Druze syrien, Golan etc.), jusqu’aux Sierras espagnoles, en passant par les Djebels pré-sahariens (Harfouche 2003). C’est seulement en se détachant des modes de représentation des sociétés antiques, qui privilégient le découpage géométrique des surfaces et accordent une attention privilégiée à la caractérisation des limites dans une vision idéalisée et rigide du territoire, au profit d’une approche dynamique et englobante de ces espaces, que l’on pourra réellement questionner dans toute leur complexité et leur diversité ces milieux ambivalents qui sont aujourd’hui vécus à la fois comme des espaces menaçants, à l’abandon, et pleins de promesses dans le cadre d’une agriculture raisonnée.
3.4. Vers une modélisation des paysages antiques
35En dernier lieu et pour résumer notre démarche, les travaux réalisés sur d’autres paysages méditerranéens, notamment en Italie, nous ont conduits à envisager un parcours pour atteindre les stades successifs de l’analyse socio-économique des paysages antiques (Van Hove 2004). Cette démarche devrait aboutir à une modélisation des formes d’occupation du sol de la montagne d’Enveitg (fig. 12).
36L’espace de départ du stock d’informations est bien évidemment le paysage actuel. Il est fait de l’assemblage des traits hérités plus ou moins détectables des formes des paysages antérieurs. C’est donc à partir de cette intégrale paysagère, au sens mathématique, que nous devons restituer les paysages de l’Antiquité. Pour ce faire, la démarche est bien connue et peut être envisagée au cours d’une première étape, selon trois angles de vue : extraire des paysages actuels les données ressortissant aux sciences de la Terre et du sol, en cherchant à reconnaître les étapes de l’histoire de chaque composante et paramètre et en les organisant en plans géoréférencés ; extraire et analyser les données de la biosphère par les outils habituels des sciences de la Nature, en tentant de spatialiser les groupements végétaux selon le même système de référence que les données précédentes, ce qui est moins aisé ; enfin, l’apport strict des méthodes archéologiques, historiques et ethnographiques, fouilles et prospections concourant à la collecte des données de la biosphère. Progressivement, l’histoire de toutes les composantes des paysages de la montagne sera restituée, permettant de reconnaître la part de chaque héritage dûment situé sur l’échelle du temps.
37C’est au cours de la deuxième étape que les données spatialisées acquises grâce aux sciences naturelles pourront être mises en connexion pour établir des cartes de zones environnementales, représentatives d’une période ou d’une autre, par exemple de l’Antiquité. Parallèlement, les données relatives à l’homme, à la société et à tout l’environnement vivant seront mises en forme pour constituer le corpus des données dites « de sites ». Un autre type de corpus de variables est extrait de la littérature traitant d’économie antique. Les écueils de leur exploitation au cours de l’analyse sont connus. Il importe donc de ne pas regarder les données du terrain au miroir des textes antiques et de ne pas succomber aux charmes de l’anachronisme et de l’archaïsme.
38L’analyse se poursuit avec une troisième étape où l’environnement antique est sensé être suffisamment connu et parfaitement géoréférencé. De leur côté, les données de sites renseignent au mieux les formes d’occupation, d’où pourra être estimée la population laborieuse occupant les différents sites plus ou moins contemporains, dispersés (ou regroupés) dans la montagne.
39Dans une quatrième étape, à partir des données de sites et des formes d’occupation, il sera possible de reconnaître les grands traits des stratégies économiques. Ces dernières sont étroitement liées aux types d’espaces exploités, avec toutefois des facteurs limitants qui entrent en jeu, comme le rapport entre le coût et le rendement, entre la dépense et l’effort demandé. Les facteurs limitants concernant les espaces investis dépendent également de la situation de ces derniers par rapport au site centré sur l’habitat et ses dépendances.
40Compte tenu de tous ces paramètres, ce n’est qu’au bout de toutes ces étapes que nous atteindrons le but : savoir lire dans des paysages anthropisés les formes et les traits correspondant à la traduction des stratégies économiques dans ces paysages.
Bibliographie
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Auteurs
Chercheure associée UMR 5608 TRACES, MSH Toulouse. romana.harfouche@orange.fr
Ingénieur de recherche, CNRS, UMR 5140, Montpellier-Lattes. pierre.poupet.cnrs@orange.fr
Chercheure CNRS, UMR 5608 TRACES, MSH Toulouse, aujourd’hui rattachée à l’UMR 7209 Archéologie-Archéologie CNRS-MNHN. ruas@mnhn.fr
Chercheur associé UMR 8555, EHESS-CNRS Toulouse. pierre.campmajo@wanadoo.fr
Chercheure CNRS, UMR 5136 FRAMESPA, MSH Toulouse. christine.rendu@wanadoo.fr
Maître de conférences, université de Limoges, UMR 6042 Géolab. marie-claude.bal-serin@unilim.fr
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