Les paléoenvironnements de l’Âge du fer en Basse-Normandie : état des connaissances et problèmes posés
p. 35-49
Résumés
L’article présente un état des connaissances paléoenvironnementales intra-sites et hors-sites en Basse-Normandie. Au cours des vingt dernières années, les fouilles archéologiques et les recherches portant sur les archives naturelles des fonds de vallée se sont multipliées. Elles apportent des connaissances de plus en plus précises sur les sociétés de l’Âge du fer et leur organisation spatiale. Cependant des questions fondamentales sur l’état de l’environnement et des paysages bas-normands demeurent. Le Programme Collectif de Recherche consacrée à l’« Archéologie du Paysage de la Plaine de Caen du Néolithique à l’époque mérovingienne » permet de progresser vers la résolution de ces questions. S’appuyant sur l’espace le plus riche en études géoarchéologiques et paléoenvironnementales à l’échelon régional, il propose de premières réflexions sur l’archéologie des paysages à partir du croisement des informations obtenues hors-sites et intra-sites. Il souligne, en particulier, le rôle crucial des mutations qui se sont développées au cours de l’âge du Fer.
This paper presents the information of the palaeoenvironmental studies conducted inside and outside the archaeological sites of Basse-Normandie. During the last twenty years, archaeological excavations and palaeonvironemental studies based on the sedimentary archives of the valleybeds in the Basse Normandie have been widely developed. They allow a more precise knowledge of Iron Age societies. Nevertheless, some basic questions concerning landscape and environmental changes remain. To answer these questions, a pluridisciplinary research program focussing on “Landscape Archaeology of the Plain of Caen from the Neolithic to the Merovingian Periods” has been undertaken. This area appears favourable to cross the results of recent in-site and out-site geoarchaeological analyses because a great number of studies have been conducted here in relation with archaeological rescue or planned excavations. Following the first results of this new research, it is possible to propose some preliminary thoughts about the landscape archaeology of the Plain of Caen during the Iron Age. They underline the crucial role of the changes occurred during this period in the landscape evolution.
Texte intégral
Introduction
1Au cours des vingt dernières années, les fouilles archéologiques réalisées en Basse-Normandie se sont multipliées. Elles apportent des connaissances de plus en plus précises sur les sociétés de l’Âge du fer comme ce volume l’atteste. La densité des établissements agricoles a été forte, en particulier au cours du Second Âge du fer, et les fouilles préventives conduites autour de l’agglomération caennaise et les découvertes issues des prospections aériennes pratiquées dans la Plaine de Caen sont là pour en témoigner (Delacampagne et al. 1992 ; Desloges 2001 et 2002 ; Desloges et al. 2003 et 2004 ; Besnard-Vauterin 2009 ; Lepaumier et al. 2009 ; Le Goff 2009). Ces nouvelles données ont permis de renouveler les interrogations sur l’organisation des campagnes et sur la nature des paysages de l’Âge du fer. Elles ont amené les archéologues à formuler de nouvelles hypothèses sur l’organisation de l’espace à l’extérieur des habitats et ses implications paysagères (Van den Bossche et al. 2009 ; Besnard-Vauterin 2009 ; Lepaumier et al. 2009 ; Le Goff 2009). Néanmoins, ces réflexions s’appuient principalement encore sur les données acquises intra-sites et la comparaison avec les résultats des recherches paléoenvironnementales conduites en dehors des sites archéologiques n’a pas encore réellement été entamée contrairement à ce qui a été initiée pour des époques plus anciennes ou plus récentes (Carpentier et al. 2007 ; Marcigny et al. 2007 ; Lespez et al. 2010 ; Lespez et al., à paraître). De ce fait, on ignore encore en grande partie ce que furent les systèmes agraires et les paysages produits au cours de l’Âge du fer. Afin de progresser vers la résolution de cette question, nous avons mis en place de nouvelles recherches sur l’évolution des environnements et des paysages depuis le Néolithique, d’abord à l’échelon régional, puis aujourd’hui à celui plus restreint de la Plaine de Caen. Ces recherches n’ont pas encore produit tous leurs résultats et ne permettent pas de soumettre à la critique de nouveaux modèles d’organisation des paysages bas-normand. Néanmoins cet article se propose de dresser un premier bilan de ces nouvelles investigations. Le choix a été fait d’écarter de la discussion les environnements et les paysages littoraux car ils sont souvent l’objet d’investigations spécifiques où les variations du trait côte occupent une place centrale (voir par exemple : Bonnot-Courtois et al. 2002 ; Frouin et al. 2009 ; Lespez et al. 2010). Notre contribution s’organise donc en trois temps. Tout d’abord, nous présenterons une synthèse rapide des connaissances disponibles sur les paléoenvironnements de l’Âge du fer à l’échelle régionale à partir des recherches produites hors-site et intra-site. Ensuite, nous présenterons la nouvelle démarche de recherche initiée dans le cadre du PCR « Archéologie du paysage de la Plaine de Caen du Néolithique à l’époque mérovingienne » avant d’en proposer les premiers résultats à la discussion.
1. Les paléoenvironnements de l’Âge du fer en Basse-Normandie, état des connaissances
2À l’échelle régionale, les recherches paléoenvironnementales sont anciennes. Les travaux fondateurs de H. Elhaï (1963) ont depuis longtemps posé la question du rapport entre les populations et leur environnement. Elles ont en particulier soulevé la question du façonnement des paysages sous l’action des premiers défrichements néolithiques puis des sociétés agraires plus complexes des âges des Métaux, puis des périodes historiques. Néanmoins, en Basse-Normandie, l’Holocène et les trois derniers millénaires en particulier n’ont pas été les périodes privilégiées par les recherches pluridisciplinaires sur les interactions Nature/Sociétés. Les recherches se sont principalement concentrées sur le Paléolithique s’appuyant sur des archives sédimentaires exceptionnelles, des sites archéologiques majeurs et des chercheurs de grand talent comme en témoignent par exemple, les numéros spéciaux de la revue Quaternaire consacrées en 2006 puis en 2009 à la Normandie. Cet état de fait a rendu délicate la production de synthèse sur l’évolution de l’environnement régional en relation avec l’anthropisation et les rares publications ont plutôt été amenées à souligner, au-delà de grandes tendances assez ubiquistes, la disparité voire la faiblesse de l’information disponible (Clet-Pellerin et Verron 2004).
3Cependant, les recherches sur l’Holocène ont connu un renouveau au cours des dix dernières années. Elles ont prospecté des archives sédimentaires riches, variées et dilatées, constituées principalement par les sédiments accumulés dans les fonds de vallée (Germain et Lespez 2006 ; Lespez et al. 2004, 2008c, 2010). Menées dans le cadre de programmes de recherches collectifs privilégiant l’étude sur le temps long (Marcigny dir. 2009 ; Lespez et al. 2008a, à paraître), les fenêtres ouvertes sur l’Âge du fer ne constituent souvent qu’une étape de l’étude des métamorphoses des campagnes bas-normandes. Néanmoins, celle-ci apparaît souvent cruciale et fait, à ce titre, toujours l’objet d’investigations importantes et de discussions poussées. Parallèlement, les investigations géoarchéologiques appuyées de plus en plus souvent sur l’analyse de plusieurs écofacts sont en plein essor. Au-delà de leur intérêt économique et social, elles offrent l’opportunité pour le spécialiste ou l’archéologue de discuter de l’environnement du site, des ressources qu’il pouvait offrir et de son façonnement par les sociétés de l’Âge du fer. Elles sous-tendent en fait fréquemment des interprétations paysagères de l’environnement qui stimulent la comparaison des données acquises intra-site et hors-site.
1.1. Les données paléoenvironnementales intra-sites
4Les analyses paléoenvironnementales intra-sites se sont considérablement enrichies depuis une quinzaine d’années mais l’étude de leur répartition régionale révèle une forte disparité inter-départementale (tabl. 1 ; fig. 1). La Plaine de Caen apparaît le secteur bas-normand le mieux fourni. Les causes sont à rechercher à la fois, dans la répartition géographique des opérations d’archéologie préventive récentes, souvent liées au développement de l’agglomération caennaise et dans les conditions taphonomiques inhérentes à la conservation des écofacts osseux ou organiques. Ainsi, 27 des 42 sites de l’Âge du fer bas-normand ayant fait l’objet d’analyses paléoenvironnementales (analyses géomorphologiques et pédologiques, carpologiques, anthracologiques, xylologiques, palynologiques, archéozoologiques et entomologiques) se concentrent dans la Plaine de Caen. Profitant de bonnes conditions de conservation des ossements et des graines, ce sont les analyses carpologiques et archéozoologiques qui ont le plus souvent été réalisées. En dehors de cet espace privilégié, des études archéozoologiques ont été réalisées à Exmes « l’Oppidum » (61), Cerisé « Parc d’Activité » (61), Urville-Nacqueville (50) et Dives-sur-Mer « la Vignerie » (14) (Auxiette et al. infra) alors que les sites d’Isigny-sur-Mer « le Tuiley » (14), Mosles « la Pièce du Pressoir » (14) et Guilberville (50) ont fait l’objet d’une étude carpologique (Matterne et al. 2009). Par comparaison, les autres études paléoenvironnementales apparaissent beaucoup moins nombreuses. Les analyses polliniques se sont récemment multipliées et ont été concentrées sur les niveaux de remplissage de fossés comme à Isigny-sur-Mer « le Tuiley » (14), Dives-sur-Mer « la Vignerie » (14), Orval « les Pleines » (50), Bricqueville-la-Blouette « la Butte au long/la Rocquerie » (50), Goulet « le Mont » (61) et Marcei/Boissey-la-Landes « le Maréchal » (61) (Carpentier 2006 ; Carpentier et al. 2006 ; Jahier 2005 ; Lepaumier et al. 2007 et 2008 ; Marcigny dir. 2009b). Les études xylologiques et les études anthracologiques apparaissent peu développées et sont souvent concentrées sur des sites qui fournissent des conditions exceptionnelles de conservation des restes animaux et végétaux brûlés ou non comme à Touffréville « la Saussaye » (Ponel et al. 2000). Les études géomorphologiques et pédologiques sont peu nombreuses que ce soit en Plaine de Caen ou dans les espaces voisins de la Basse-Normandie. Elles ont principalement été effectuées dans des sites possédant des contextes topographiques particuliers, comme ceux localisé en fond de vallée (par exemple à Marcei/Boissey-la-Landes « le Maréchal » (61) et à Fierville-les-Parcs « le Pré de la Val » (14) (Jahier 2002 et 2005). Cependant, elles se sont récemment étoffées dans la Plaine de Caen en s’appuyant sur les moyens et les compétences du PCR consacré à l’« Archéologie du paysage du Néolthique à l’époque mérovingienne » (cf. infra). Ainsi des analyses micromorphologiques ont été menées sur des remplissages de structures en creux (fosses ou fossés) ou sur des paléosols (Lespez et Germain-Vallée 2009 ; Lespez et al. 2008).
5Ces informations sont donc très disparates à l’échelle régionale. Dans les fenêtres les plus étudiées, comme au sud de Caen, les données archéologiques abondantes montrent une augmentation du nombre de sites et sans doute de la population (Van Den Bossch et al. 2009). Les données géaorchéologiques suggèrent parallèlement une expansion agricole correspondant à un aménagement structuré des territoires (Besnard-Vauterin dir. 2009), qui semble reposer sur des pratiques plus intensives en particulier au cours du Second Âge du fer. Cette intensivité des pratiques agricoles est suggérée par les recherches carpologiques qui montrent localement la pratique d’une alternance des cultures de céréales et de légumineuses et d’un traitement des récoltes mobilisant davantage de main-d’œuvre (Zech-Matterne in Giraud dir. 2009). Les données archéozoologiques témoignent également d’un élevage préférentiellement tourné vers le bœuf avec une évolution vers le recul de l’abattage des bovins (entre 2- 4 ans) suggérant une volonté d’obtenir une masse de viande plus importante afin de nourrir une population croissante (Méniel et al., 2009 ; Giraud dir., 2009). Les recherches palynologiques conduites dans les fosses et les fossés des sites archéologiques indiquent parallèlement des paysages localement très ouverts, avec un faible taux d’espèces arborées, où coexistent parcelles cultivées et prairies. Les témoignages de la présence d’arbres et d’arbustes sont d’ailleurs souvent associés à la présence de haies longeant les fossés par les études polliniques ou xylologiques. Ainsi, par delà des spécificités locales, l’évolution attestée dans la Plaine de Caen reflète un mouvement plus général qui a du toucher l’ensemble de la Basse-Normandie et qui est bien attesté au-delà (Malrain et al. 2002).
6À l’échelon régional, les études intra-sites demeurent limitées et de toute évidence les données sont encore trop peu nombreuses pour comprendre les répercussions environnementales et paysagères des transformations socio-économiques mises en évidence par les recherches archéologiques. Leur répartition inégale dans la région est à la fois liée aux opportunités des opérations de fouilles préventives, qui se sont plutôt concentrées dans la périphérie de l’agglomération caennaise, et aux problèmes de conservation des écofacts. L’absence par exemple, d’analyse archéozoologique dans les départements de l’Orne et de la Manche est à mettre en relation avec les sols acides du Massif Armoricain (Auxiette et al. 2009).
1.2. Les données paléoenvironnementales hors-sites
7Si on laisse de côté les environnements strictement littoraux, les recherches paléoenvironnementales conduites en Basse-Normandie apparaissent peu développées (fig. 2). En effet, les espaces ayant fait, depuis un demi-siècle au moins, l’objet d’investigations récurrentes et approfondies sont la Baie du Mont Saint-Michel et le marais de Dol (Bonnot-Courtois et al. 2002), la baie de Seine et le marais Vernier (Frouin et al. 2009), la Baie des Veys et les marais de Carentan (Elhaï 1963), les zones humides côtières du littoral du Cotentin (Billard et al. 1995 ; Lespez et al. 2004 ; Coutard et Clet-Pellerin 2006…) et les îles anglo-normandes (Campbell 2000). De plus, les nouvelles recherches, qui se sont progressivement orientées vers les espaces continentaux, se sont d’abord principalement attachées à des basses vallées côtières comme les petites vallées de la presqu’île de la Hague (Lespez et al. 2004) ou de la Dives (Lespez et al. 2010) par exemple. Comme le relève la figure 2, les recherches conduites à l’écart des dynamiques littorales sont encore rares. Elles concernent principalement les vallées affluentes de l’Orne, de la Dives et la Seulles traversant la Plaine de Caen (Germain et Lespez 2006 ; Lespez et al. 2008b et 2008c ; Lespez et al. 2010). Ainsi subsistent de larges angles morts à l’échelon régional : le Pays d’Auge, le sud de l’Orne et l’ensemble du Bocage normand. Dans ce contexte, on est souvent obligé de recourir à des données produites dans les espaces voisins pour disposer d’informations de cadrage. Heureusement, localement, il s’agit de travaux remarquables comme les recherches polliniques conduites dans le nord de la Mayenne par Delphine Barbier (1999) qui fournissent une information de référence pour l’évolution des paysages végétaux de la partie orientale du monde armoricain.
1.2.1. Les enregistrements polliniques
8Les données polliniques disponibles sont le fruit d’investigations sous forme de carottages dans les plaines alluviales des basses vallées des cours d’eau côtiers et plus rarement de petits affluents. Elles bénéficient de l’ampleur de la sédimentation organique qui atteint de deux à quatre mètres pour les trois derniers millénaires. Malgré ce potentiel, elles sont de qualités diverses. Les travaux anciens sont souvent dépourvus de datations par la méthode du radiocarbone. L’interprétation chronologique des enregistrements repose souvent sur la transition entre deux palynozones et pour ce qui concerne l’Âge du fer entre le Subboréal et le Subatlantique. Cela rend extrêmement délicat l’utilisation des données polliniques anciennes, en particulier pour les trois derniers millénaires où l’influence des sociétés se fait de plus en plus sentir. Malgré ces réserves, la synthèse des données réalisées en 2004 par Martine Clet-Pellerin et Guy Verron, souligne le rôle charnière de l’Âge du fer (Clet-Pellerin et Verron, 2004). Cette période est marquée par les premiers changements importants de la végétation sous l’action des hommes à la fois autour des espaces habités, dans les zones humides littorales et les plaines alluviales. Les données obtenues récemment, principalement grâce au travail de Martine Clet-Pellerin, permettent de renforcer et d’approfondir ce diagnostic (fig. 3).
9Dans la partie sédimentaire de la Normandie, les diagrammes polliniques disponibles font état de transformations importantes des paysages végétaux. Partout les pourcentages de grains de pollen arboréen chutent au cours de l’Âge du fer. Ils passent de 60-70 % à moins de 30 % dans la vallée de la Dives et les marais voisins de Chicheboville-Bellengreville (Lespez et al. 2010) et leur diminution est également notable dans la basse vallée de l’Orne (Clet-Pellerin et al. 1977) et dans la petite vallée de la Mue (Lespez et al. 2005, 2008c) où ils passent de 40-50 % à moins de 30 %. Cette baisse concerne principalement les grains de pollens d’aulne et reflètent d’abord une transformation locale des zones humides. En effet, celles-ci sont souvent caractérisées par une augmentation du niveau des nappes phréatiques et des plantes associées aux zones humides au cours du Premier Âge du fer. Cependant, cette transformation est profonde et prégnante. Elle indique plus généralement un défrichement d’une partie des formations arbustives qui caractérisaient les fonds de vallée pendant la période précédente. De plus, ce sont également le nombre de grains de pollen de chêne et de noisetier qui baisse significativement indiquant des atteintes aux formations arborées et arbustives à l’extérieur des zones humides et sans doute sur les rebords de plateau et les versants qui les dominent. Enfin, parallèlement, les indices d’anthropisation augmentent comme l’atteste l’enregistrement systématique, mais discontinu, des céréales et l’augmentation des grains de pollen de plantes rudérales et adventices (Lespez et al. 2005 et 2010). Les données disponibles ne permettent pas d’établir le calendrier précis de cette anthropisation. Celle-ci semble parfois établie dès le Premier Âge du fer comme dans la basse vallée de la Dives et dans le marais voisin de Chicheboville-Bellengreville (Lespez et al. 2010), voire dès l’Âge du bronze dans la vallée de la Mue (Lespez et al. 2005 ; Marcigny et al. 2007). Dans la partie armoricaine de la Basse-Normandie, les données sont moins nombreuses et surtout plus dispersées géographiquement. Le travail le plus approfondi disponible concerne la presqu’île de La Hague (Lespez et al., 2004). Il montre une évolution similaire. Le pourcentage de grains de pollens arboréens baisse progressivement pour atteindre des niveaux faibles, inférieurs à 20 %, au cours de l’Âge du fer. Le recul de l’aulne correspond également à l’affirmation des zones humides mais parallèlement, le développement continu des courbes de céréales, des plantes de prairies ainsi que des plantes rudérales et adventices, atteste d’une transformation durable des zones humides, des versants et des rebords de plateau qui les dominent. Cette évolution n’est guère éloignée de celle qui est enregistrée dans la partie armoricaine de la vallée de la Seulles, à Cahagnes (Clet-Pellerin et Verron, 2004), et plus au sud en Mayenne par Delphine Barbier (1999). Dans cet espace, le taux de pollen arboréen chute de 75 % à moins de 30 % en même temps que les diagrammes enregistrent une recrudescence très nette des activités agro-pastorales. À La Hague comme à Cahagnes et en Mayenne, il semble que cette transformation concerne principalement l’époque laténienne. Il y a peut-être là un décalage chronologique avec la Normandie sédimentaire mais celui-ci reste à préciser pour être définitivement attesté. À partir de nos observations et malgré l’étroitesse des fenêtres enquêtées, il nous semble possible de souscrire aux propos de Delphine Barbier (1999) qui fait du Second Âge du fer, une période fondamentale car jetant les bases de la structuration des paysages dans cette partie du monde armoricain.
10Ainsi les changements des paysages végétaux sont indéniables et le premier millénaire avant notre ère apparaît comme une période charnière du point de vue de la construction de paysages anthropisés. Néanmoins, le faible nombre d’observations et la nature des milieux étudiés limitent encore la portée des conclusions.
1.2.2. Les enregistrements sédimentaires
11Les données géomorphologiques disponibles pour les fonds de vallées bas-normands sont principalement le fruit d’investigations récentes. Celles-ci entreprises sous la forme de transects en travers des fonds de vallées à l’aide de carottages multiples ont permis de révéler l’architecture des archives sédimentaires. Elles montrent souvent une transformation importante des milieux sédimentaires intervenus dans l’intervalle 1000 av. J.-C.-1000 ap. J.-C. En effet, on observe dans la plupart des fonds de vallée enquêtés le développement d’un atterrissement limoneux qui vient colmater les zones humides qui dominaient les paysages des plaines alluviales avant l’Âge du fer (Fig. 4). Cet atterrissement témoigne d’apports limoneux conséquents et indiquent le transport par les cours d’eau, de différentes dimensions, de Matière En Suspension (MES) qui sont progressivement venues se déposer dans les plaines d’inondation jusqu’à les transformer profondément et durablement.
12Dans le détail, cet atterrissement des fonds de vallées est encore mal daté. De nombreuses investigations sont encore en cours pour préciser sa chronologie à l’échelon local et régional. Néanmoins, la majorité des datations obtenues sur les dernières formations organiques recouvertes par les limons de débordement convergent avec les informations issues de l’observation de certains sites de fonds de vallée. Elles semblent indiquer une période privilégiée au cours de ces deux millénaires. Ainsi sur les dix-huit datations obtenues par la méthode du radiocarbone (Fig. 5), seules quatre (22,2 %) indiquent un développement précoce de la sédimentation limoneuse. Il s’agit principalement de sites de la plaine de Caen correspondant à de petites vallées ou à des vallons secs pour lesquels le début d’une sédimentation limoneuse remonte à l’Âge du bronze et plutôt à partir du Bronze moyen. En revanche, neuf datations (50 %) indiquent un déclenchement de l’alluvionnement détritique contemporain de l’Âge du fer et cinq (27,8 %) indiquent que celui-ci s’est poursuivi au cours de la période gallo-romaine et du haut Moyen Âge.
13Ainsi dans la métamorphose générale qu’ont connu les fonds de vallées bas-normands au cours des trois derniers millénaires (Lespez et al. 2008a), il semble bien que l’Âge du fer ait constitué une période clef comme dans la plupart des vallées du nord de la France (Petit dir., 1999 ; Pastre et al. 2006). Il apparaît probable que cela puisse être mis en relation avec le développement d’une érosion des sols importantes, seule susceptible de fournir aux cours d’eau la charge sédimentaire nécessaire comme cela est évoqué pour le centre du Bassin de Paris (Pastre et al. 2006) ou la Limagne (Ballut et Guichard 1999) pour le Second Âge du fer.
14Au bilan, les informations paléoenvironnementales disponibles pour l’Âge du fer en Basse-Normandie suggèrent des transformations importantes de l’environnement et des paysages. Le recul du couvert forestier et l’affirmation des pratiques agraires dans tous les espaces y compris les zones humides délaissées au cours des périodes précédentes semblent indéniables. Les conséquences sur le développement d’une première phase généralisée d’érosion des sols et de transferts sédimentaires importants sont également suggérées par les données géomorphologiques. Ce schéma est conforme à ce qui a pu être observé dans de nombreuses vallées du nord de la France. Cependant, l’enchaînement des processus ayant conduit à ces transformations reste en grande partie hypothétique. Les recherches doivent être généralisées pour être représentatives de la diversité régionale et approfondies afin de dépasser le simple stade de la constatation de la concomitance des phénomènes et de pouvoir conclure sur la réalité des transformations paysagères et de la « crise » environnementale qu’a pu connaître l’Âge du fer en Basse-Normandie.
2. L’opportunité d’un programme de recherche sur l’histoire des paysages de la Plaine de Caen
15Le choix de la Plaine de Caen correspond d’abord à la volonté de saisir une opportunité. D’une part, l’abondance des études géoarchéologiques conduites en relation avec des fouilles préventives ou programmées liées à la croissance de l’agglomération caennaise et, d’autre part, le renouveau des études paléoenvironnemntales exploitant les archives naturelles des vallées la traversant, fait de la Plaine de Caen un lieu privilégié en Basse-Normandie, pour mener à bien une recherche sur l’évolution des paysages sous l’action des sociétés. De plus, l’échelle d’analyse choisie est volontairement étroite. Elle permet d’envisager un véritable croisement des données et de tenter de comprendre les liens entre les exploitations agricoles, les réseaux et leurs fonctions, leur environnement et les paysages qu’ils ont créés. Ainsi, il s’agit d’envisager le paysage depuis les parcelles jusqu’aux unités paysagères élémentaires afin d’approcher la diversité des paysages de la Plaine de Caen et des systèmes de production qui en sont à l’origine. Bien sûr, située à l’écart du monde armoricain, l’espace étudié n’est pas caractéristique de la diversité régionale. Il possède cependant l’avantage de constituer un espace représentatif des plaines et des plateaux de l’ouest du Bassin de Paris et, à ce titre, d’être comparable à des espaces similaires par leurs conditions géographiques au-delà des limites régionales.
16C’est à partir de ces constations que nous avons décidé de développer une approche pluridisciplinaire sur la longue durée des paysages de la Plaine de Caen. Elle se propose d’analyser un espace continental en employant une méthodologie qui intègre à part égale des données issues de disciplines et de contexte d’acquisition différents : données paléoenvironnementales acquises hors-sites ou intra-sites. Dans l’ouest de la France, ces recherches ont été plutôt centrées sur des espaces littoraux (voir par exemple : Carpentier et al 2007 ; Daire et Langouët 2008 ; Laporte dir. 1998, 2009 ; Lespez et al. 2010 ; Marcigny dir. 2009) délaissant les espaces continentaux. Ces recherches entamées en 2007 s’appuient sur le PCR « Archéologie du Paysage de la Plaine de Caen du Néolithique à l’époque mérovingienne ». Sa démarche fondée sur le croisement d’informations paléoenvironnementales de nature variée permet aujourd’hui de proposer de premières réflexions sur l’archéologie des paysages de la Plaine de Caen à la période de l’Âge du fer.
2.1. La Plaine de Caen, un terrain d’étude privilégié en construction
17La zone d’étude occupe une surface d’environ 1240 km2 et délimite un espace d’une cinquantaine de kilomètres de long, du nord au sud, pour une largeur, ouest-est, de presque trente kilomètres (fig. 6). Elle correspond à de vastes plateaux au relief faiblement ondulé possédant un substrat constitué de calcaires jurassiques surmontés d’une couverture plus ou moins épaisse et discontinue de limons lœssiques. Les paysages qu’elle porte, sont très ouverts et dominés par de vastes parcellaires et leurs cultures céréalières et industrielles. Les quelques vallées encaissées (les vallées de la Seulles et ses affluents de rive droite (Mue et Thue), de l’Orne, de la Muance, du Laizon et de l’Ante) et vallons drainés par de petits ruisseaux qui alimentent les marais de Vimont et Chicheboville-Bellengreville, correspondent aux rares espaces où dominent des prairies et des zones boisées créant ainsi, d’étroits corridors verts rompant la monotonie des plateaux.
18L’abondance des études géoarchéologiques est particulièrement remarquable pour l’Âge du fer, qui constitue la période la mieux renseignée du fait du nombre de sites fouillés et de l’importance des moyens consacrés à ces études. Les grandes opérations de fouilles préventives ont conduit à l’étude de nombreux établissements ruraux et ont permis d’étudier le mode de mise en valeur du paysage entourant immédiatement les zones d’habitat grâce à l’analyse du réseau viaire et parcellaire ainsi que des restes archéozoologiques et carpologiques. Par ailleurs, cet espace a bénéficié depuis une vingtaine d’années, de nombreuses campagnes de prospections aériennes. Elles ont révélé une grande densité d’habitats à enclos fossoyés attribués majoritairement à l’Âge du fer ainsi que les grandes lignes de leur organisation. L’ensemble de ces recherches a aboutit à la réalisation de plusieurs restitutions paysagères provisoires. Pour certains, les paysages de la Plaine de Caen étaient bocagers au moins autour des exploitations agricoles et dans les espaces de forte densité d’habitats comme le montre par exemple la maquette de restitution du site d’Objectifs Sud visible au Musée de Normandie à Caen réalisées à partir des travaux d’Elven Le Goff (2009). Pour d’autres, la restitution proposée montre un paysage ouvert comme autour du site de Cagny comme l’illustre le dessin de Clément Pelletier réalisé d’après les travaux de Pierre Giraud (2009). Ces divergences révèlent en fait plus la faiblesse de nos connaissances que de divergences quand aux interprétations des données existantes. En effet, les investigations intra-sites se sont souvent concentrées sur l’espace entourant immédiatement les sites et n’ont pas encore intégrées d’espace suffisamment vaste, même au sud de Caen, pour envisager une restitution à l’échelle du paysage d’ensemble d’une région. À ce propos, nous pouvons reprendre à notre compte les conclusions de Marie-France Dietsch-Sellami et al. (in Marcigny et Ghesquières dir. 2003) qui notaient à propos des observations paléoenvironnemantales réalisées sur l’île de Tatihou que « L’ensemble [des données] ne fournit pas une véritable image de l’ensemble de l’environnement du site, mais plusieurs instantanés sur certaines activités réalisées lors de l’occupation ». Par ailleurs, les investigations hors-sites ont souvent été limitées aux vallées et sont souvent prisonnières des conditions d’enregistrement qui renvoient plus aux zones humides voire aux versants qui les dominent immédiatement, qu’aux espaces environnants qui servaient de support principal au développement des activités agricoles. Elles ont ainsi rarement posé avec acuité la question des relations entre ces paysages spécifiques et ceux des plateaux qui les encadrent (Lespez et al. sous-presse). Enfin, les analyses effectuées sur les sites archéologiques n’ont pas toujours été comparées, ni entre elles, ni avec les résultats des investigations paléoenvironnementales hors-sites et, malgré les efforts réalisés récemment, l’histoire des paysages d’openfield comme ceux de la Plaine de Caen demeurent encore mal connus.
2.2. Démarche et méthodes de la recherche
19Les recherches s’appuient sur une démarche qui envisage trois types d’actions : (1) inventaire des données existantes ; (2) leur confrontation ; et (3) le développement de nouvelles recherches.
20L’objectif de l’inventaire des données paléoenvironnementales est de permettre la comparaison de celles acquises intra-sites avec celles acquises hors-sites. Il s’est appuyé sur la mise en place d’une base de données géoarchéologiques1, articulées autour de la base de données et le Système d’Information Géographique PATRIARCHE de la Carte Archéologique (SRA Basse-Normandie) (Lespez et al. soumis). Les données géoarchéologiques et paléoenvironnementales recensées sont géomorphologiques et pédologiques, archéobotaniques (palynologiques, anthracologiques, carpologiques et xylologiques), archéozoologiques (malacologiques, archéoentomologiques) et les analyses portant sur les matières premières en terre. La phase de confrontation est basée sur un dialogue interdisciplinaire autour de la question de la gestion des ressources environnementales et de ses conséquences paysagères. Il s’est appuyé sur l’organisation de séminaires portant sur des thèmes comme « l’eau dans la Plaine de Caen », « les paysages végétaux » ou encore « les techniques d’analyses appliquées à l’étude et l’interprétation des structures archéologiques ». Ils ont permis de constituer une équipe rassemblant des chercheurs d’horizons différents sensibilisés par la question des paléoenvironnements2 et plus largement de réunir des archéologues, géoarchéologues et paléoenvironnementalistes, intéressés par les problématiques proposées. De nombreuses discussions ont porté sur la période de l’Âge du fer (Lespez et al. 2008a ; Lespez et Germain-Vallée 2009).
21Enfin, les nouvelles recherches effectuées dans le cadre de ce projet ont été menées en collaboration avec les archéologues responsables d’opération de la région et en fonction des opportunités offertes par les opérations de fouilles préventives. Les premiers résultats issus de l’inventaire et de la confrontation des données ont également impulsé la réalisation de nouvelles investigations dans des espaces jugés privilégiés. D’un point de vue méthodologique, s’inspirant de recherches dont les résultats laissaient entrevoir leur fort potentiel (Berger 2003), nous avons décidé de privilégier les analyses géomorphologiques et micromorphologiques combinées aux analyses polliniques.
2.3. La plaine de Caen à l’Âge du fer : premières réflexions
22Les recherches, encore en cours, ne permettent pas d’établir un bilan général mais de proposer de premières réflexions pour l’Âge du fer. Elles concernent en particulier les conséquences paysagères et environnementales de la croissance du nombre d’établissements agricoles au cours de cette période et plus particulièrement au cours du Second Âge du fer. L’enquête peut s’appuyer sur 30 entités archéologiques (EA) issues de 21 sites archéologiques ayant fait l’objet d’une analyse paléoenvironnementale. Ces EA ont été l’occasion de 19 études archéozoologiques, 16 carpologiques, 9 géomorphologiques ou pédologiques, 2 anthracologiques, et une étude dans les domaines de la palynologie, l’archéoentomologie et la xylologie. Parallèlement, elle peut compter sur une information acquise hors-site correspondant à seize entités Paléoenvironnementales (EP). Elles ont toutes fait l’objet d’études géomorphologiques et sept d’entre elles ont été l’occasion d’analyses palynologiques ayant donné lieu à l’établissement de diagrammes polliniques publiés et recouvrant tout ou une partie de l’Âge du fer.
23Les changements observés dans l’environnement de la Plaine de Caen et surtout des vallées qui la parcourent apparaissent majeurs et confirment le diagnostic mené à l’échelon régional. En effet, même si de rares secteurs conservent une sédimentation tourbeuse, la sédimentation limoneuse vient progressivement colmater tous les fonds de vallée. La datation des derniers niveaux organiques permet d’avoir un âge ante quem de l’initiation de ce processus. Dans la vallée de la Mue, à Fontaine-Henry, la tourbe devient franchement limoneuse après 760-390 av. J.-C. et montre même de véritables passées de limons de débordement (Lespez et al. 2005, 2008b). Dans la vallée de la Seulles, d’après les datations obtenues sur les transects de Banville, d’Amblie, du Heuzé et le sondage de Coulvain, la fin des remplissages organiques s’amorce entre 1000 et 200 av. J.-C. (Lespez et al. sous-presse) alors que sur les affluents de rive droite de la Dives la sédimentation limoneuse se généralise au début du premier millénaire avant J.-C. (Germain-Vallée et Lespez 2005 ; Lespez et al. 2010). Comme le montrent les analyses granulométriques, les sédiments sont issus de l’érosion des limons lœssiques déposés sur les plateaux et sur les versants. Ils ont été redistribués par débordement au cours d’épisodes de crues très chargés en limons. Les nouvelles recherches entamées depuis 2007 apportent à ce sujet d’intéressantes informations. À Creully, par exemple, l’analyse du remplissage des fossés d’enclos, creusés dans le calcaire, a montré qu’ils ont joué un rôle dans le drainage des terrains voisins (fig. 7). Des circulations d’eau sont attestées mais ne semblent avoir surtout eu lieu qu’au cours d’épisodes orageux de courte durée montrant que ces fossés n’ont joué qu’un rôle temporaire dans l’évacuation des eaux et des sédiments (Lespez et Germain-Vallée 2009). Les analyses des formations pédologiques et colluviales développées à Thaon, dans la vallée de la Mue mettent parallèlement en évidence deux périodes d’érosion et deux périodes d’accumulation (fig. 8) (Lespez et al. 2008a). Bien que la chronologie précise des structures archéologiques de ce site pose toujours question, les traces d’érosion rencontrées emblent attribuables au Premier Âge du fer puis à la période laténienne (Flotté 2008). En relation avec les informations archéologiques disponibles localement (San Juan et al. 1999 ; Flotté 2008), ces observations suggèrent que la mise en valeur complète du plateau de Thaon, attestée au cours du Ier millénaire avant notre ère, a dû jouer un rôle primordial dans l’érosion des sols enregistrée par les dépôts de pente. Enfin, les nouvelles investigations menées ont également porté sur l’analyse de vallons et de vallées de petites dimensions situées à proximité immédiate des sites archéologiques. En effet, elles sont susceptibles d’apporter des informations complémentaires des précédentes et surtout de comprendre le cheminement des sédiments depuis les plateaux et leurs parcelles cultivées jusqu’aux vallées principales. Les observations réalisées dans le vallon du ruisseau de Cagny révèlent un colmatage par des limons de débordement à partir de l’Âge du fer (fig. 9) et confirment le développement d’une sédimentation détritique depuis les versants élémentaires jusqu’aux vallées principales. L’ensemble de ces résultats concordants traduit la multiplication des apports colluviaux à partir des versants, comme cela a pu être mis en évidence le long de la vallée de la Mue à Fontaine-Henry, à Thaon, à l’amont du bouchon de tuf de Reviers (Lespez et al. 2005, 2008b), et à Loucelles sur la Thue (Lespez et Germain 2009). Cet apport nouveau semble avoir été à l’origine d’un colmatage généralisé qui entraîne l’atterrissement rapide des zones humides. Il est le signe d’une véritable métamorphose des fonds de vallée qui deviennent partout caractérisés par un écoulement à chenal unique au milieu d’une plaine d’inondation régulièrement nourrie lors des crues par les limons de débordement. Par ailleurs, les analyses palynologiques attestent d’une activité hydrologique contemporaine de la Mue. À Rots comme à Fontaine-Henry, la période 800-400 av. J.-C. se traduit par une augmentation nette des plantes de zones humides indiquant une remontée de la nappe phréatique sans doute en relation avec une pulsation plus fraîche et plus humide enregistrée en Europe de l’Ouest (Lespez et al. 2005 et 2008b). Cette conjonction de facteurs anthropiques et d’une oscillation hydro-climatique est sans doute responsable de la transformation des systèmes hydro-sédimentaires au début de l’Âge du fer. Cependant la permanence du changement indique que cette métamorphose des milieux sédimentaires doit être principalement imputée au changement durable intervenu dans les bassins versants du fait d’une accentuation de l’anthropisation que les recherches archéologiques, les analyses paléoenvironnementales permettent de mieux cerner.
24Les données archéologiques montrent en effet une complexification du modèle d’occupation à partir du Bronze final et au Premier Âge du fer, époques durant lesquelles de petits habitats et nécropoles essaiment les plateaux (Marcigny et Talon 2009). Les résultats des recherches archéologiques attestent ensuite d’une augmentation notable de la densité d’habitats tout au long de La Tène (Van Den Bossche et al. 2009). Au cours de cette période, les travaux conduits à la périphérie sud de Caen et en particulier les fouilles des sites d’Ifs, Object’Ifs Sud, (Legoff 2009), de Mondeville (Besnard-Vauterin dir. 2009) et de Cormelle-le-Royal (Carpentier et al. 2002 ; Lepaumier 2007) ainsi que les travaux effectués sur le plateau de Thaon (San Juan et al. 1999) et à Basly (Baudry 2005) révèlent de grands établissements agricoles. Ceux-ci livrent un mobilier archéologique comprenant de nombreux restes archéozoologiques et carpologiques qui attestent d’une culture des céréales (blés, orges, avoines) conjointement à celle des légumineuses (pois, féveroles). Ils indiquent une véritable gestion de terroirs agricoles de plusieurs centaines d’hectares, par des groupes de fermes localisés sur les plateaux mais dont les espaces d’activités ont dû s’étendre jusqu’au bord des cours d’eau. Parallèlement, les nombreuses données archéozoologiques montrent une modification des modalités d’élevage au profit d’une forte production bouchère bovine d’animaux âgés de 2 à 4 ans (Auxiette et al. infra). Ces observations rejoignent les résultats des analyses carpologiques qui indiquent l’émergence des cultures de printemps (légumineuses, avoine), l’utilisation de la paille et le nettoyage des récoltes avant stockage suggérant une intensification des agrosystèmes des plateaux caractérisés alors par des rotations culturales complexes (Zech-Matterne et al. 2009). Plus généralement, les publications récentes concluent à un aménagement structuré du territoire en vastes ensembles parcellaires au moins autour de ces établissements (Besnard-Vauterin dir. 2009 ; Lepaumier et al., et Le Goff in P. Giraud dir., 2009, Van Den Bossche et al., 2009) en relation avec une expansion agricole traduisant le développement d’une orientation commerciale au moins depuis La Tène moyenne (Besnard-Vauterin 2009). Il semble néanmoins que cette intensification se soit accompagnée d’une extension des pratiques agraires et en particulier de l’élevage vers les fonds de vallées et leurs versants. En effet, à partir de l’Âge du fer, la tendance amorcée au milieu de l’Âge du bronze (Marcigny v 2007) s’affirme : la végétation arborée et arbustive (chênes, noisetiers) devient très faible y compris dans les fonds de vallée et les marques des activités agricoles s’imposent avec l’enregistrement des céréales et le développement des plantes rudérales et de prairie (Lespez et al. 2005).
25Ainsi, il apparaît clairement que l’Âge du fer et en particulier la période laténienne ont constitué des périodes d’intensification des systèmes agricoles mais également d’intégration de nouveaux espaces comme les fonds de vallées dans l’espace agricole (Lespez et al., à paraître). Dans cette perspective, il apparaît aujourd’hui vraisemblable que l’atterrissement des fonds de vallée soit le résultat d’une érosion des sols trouvant son origine dans l’intensification des agrosystèmes mais aussi dans l’augmentation des surfaces cultivées et des connectivités au sein des bassins versants, permettant aux sédiments érodés d’atteindre les fonds de vallées et de contribuer à l’atterrissement des zones humides. Ces premières observations posent ainsi la question de l’existence d’une première « crise environnementale » attribuable aux transformations de l’Âge du fer et en particulier de l’époque laténienne.
Conclusion
26La multiplication des opérations d’archéologie préventive et des recherches paléoenvironnementales ces dernières années dans la Plaine de Caen permet aujourd’hui de décrire une évolution générale proche de celle observée dans le quart nord-ouest de la France (Malrain et al. 2002). En revanche, elles révèlent pour la Plaine de Caen une intensification agricole qui repose également sur l’ouverture de fronts pionniers comme le sont encore les fonds de vallée à cette époque. En effet, par rapport à de nombreuses vallées du bassin parisien (Leroyer 1997 ; Malrain et al. 2002, 2006), les petites vallées normandes n’ont pas connu d’anthropisation notable préalable, de sorte que les transformations observées prennent ici un caractère crucial et témoignent peut-être d’une métamorphose généralisée des différents paysages de la Plaine de Caen.
27Cependant, malgré ces avancées, la compréhension des conséquences paysagères de l’intensification des systèmes agricoles et de l’extension des espaces de l’agrosystème à l’Âge du fer demeure encore incomplète. En fait, il faut bien constater que sur les plateaux comme dans les vallées, la nature des fossés et l’organisation des attributions parcellaires demeurent encore mal connues. Ainsi, la présence d’herbages autour des enclos est souvent supposée à partir de l’importance des restes archéozoologiques analysés, tandis que les fossés sont interprétés comme plantés d’espèces arbustives malgré l’absence de données attestant clairement cet état de fait (Van den Bossche et Marcigny 2009 ; Le Goff 2009). De la même manière, le rôle attribué aux vallées dans ces modèles est largement hypothétique. Ont-elles constitué des terrains de parcours saisonniers, des prairies de fauche, des prairies permanentes ou bien ont-elles abrité des établissements agricoles spécifiques ? Faute d’investigations archéologiques conduites dans ces espaces, les réponses restent le fruit d’une construction intellectuelle. De ce point de vue, la Plaine de Caen comme l’ensemble de la Basse-Normandie souffrent d’un déficit chronique d’investigations archéologiques dans les fonds de vallée. Alors que celles-ci ont souvent été primordiales ailleurs (Petit dir., 2005 ; Malrain et al., 2002), elles ont été étonnamment peu développées en Basse-Normandie, laissant un potentiel archéologique et géoarchéologique considérable en dormance, mais qu’il est sans doute crucial d’intégrer au diagnostic d’ensemble si on souhaite comprendre l’organisation des systèmes de production agricoles et paysagers à l’œuvre au cours de l’Âge du fer. Ce constat nous amène aujourd’hui, dans le cadre de la deuxième phase du PCR, à concentrer nos recherches sur deux petites vallées (Guigne et Dan) situées au cœur des plateaux intensément mis en valeur du centre de la Plaine de Caen afin d’y préciser la succession des usages et des formes paysagères. Ces recherches s’appuieront sur des analyses paléoenvironnementales multiparamètres et peuvent compter sur la réalisation de sondages et de fouilles archéologiques programmées à proximité immédiate afin de produire une image d’ensemble de ces espaces3. Elles devraient poser leur lot de questions démontrant que l’Archéologie du Paysage au même titre que l’Archéologie elle-même est l’objet d’un renouvellement constant.
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Notes de bas de page
1 Mise en ligne sur le site Web du PCR : http://www.unicaen.fr/ufr/geographie/geoarcheologie-plaine-de-caen/
2 Référents archéologues : Néolithique : J. Desloges (SRA Basse-Normandie) et J.-L. Dron (Archéologue amateur) ; Âge du Bronze : P. Giraud (Service Archéologie du CG14), Âge du fer : H. Lepaumier (INRAP) et C.-C. Bernard-Vauterin (INRAP) ; Antiquité et Haut-Moyen-Âge : C. Allinne (CRAHM – UMR 6577 CNRS-UCBN) ; Lien avec la Carte Archéologique : S. Quévillon (SRA Basse-Normandie)
Référents géoarchéologues et paléoenvironnementalistes : Archéozoologie : A. Baudry (INRAP et CREAAH-UMR 6556 CNRS) ; Anthracologie et xylologie : D. Marguerie (CREAAH-UMR 6556 CNRS) ; Carpologie : V. Matterne-Zech (CRAVO – CNRS) ; Matières premières en terre : X. Savary (Service Archéologie du CG14) ; Micromorphologie : C. Germain-Vallée (Service Archéologie du CG14) ; Palynologie : D Barbier-Pain (INRAP et CREAAH-UMR 6556 CNRS) ; Malacologie (S. Granai, INRAP)
3 Fouilles des sites de Vieux (CG 14) et de Blainville (resp. C. Allinne).
Auteurs
Geophen-UMR LETG 6554 CNRS – Université de Caen-Basse Normandie, Esplanade de la Paix, BP 5186, 14032 Caen cedex, France.
Laurent.lespez@unicaen.fr
Service d’archéologie du Conseil général du Calvados, 36 rue Fred Scamaroni, 14000 Caen, France.
Ce.germain@cg14.fr
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