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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral I. L’Indipendente ou la chronique de la corruption II. Un journalisme pamphlétaire III. Le citoyen journaliste Notes de bas de page Auteur

    Un mousquetaire du journalisme : Alexandre Dumas

    Ce livre est recensé par

    • Angels Santa, Studi Francesi, mis en ligne le 15 septembre 2021. URL : https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/45264 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.45264
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    Table des matières

    12

    La lutte éditoriale d’Alexandre Dumas
    contre le brigandage dans L’Indipendente

    Alvio Patierno

    p. 165-178

    Texte intégral I. L’Indipendente ou la chronique de la corruption II. Un journalisme pamphlétaire III. Le citoyen journaliste Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    Ce n’est pas une loi contre le brigandage qu’il faut faire ; parce que cette loi-là ne diminuera pas le brigandage d’un seul brigand. Il est par contre essentiel de faire une loi pour la défense de ceux qui combattront le brigandage1.
    Alexandre Dumas

    1Il ne fait aucun doute que le titre de cette étude sur L’Indipendente, au profil assez bas, ne rend pas véritablement justice à la mission civilisatrice accordée au quotidien par son directeur : à ses yeux, il s’agit de frapper « d’anathème trois classes qui occupaient la société de fond en comble, les trois plaies des provinces napolitaines, – la Camorra, la Consorteria, la Camarilla »2. La formule ne traduit pas à quel point le fameux journal napolitain de Dumas incarne l’idée d’un journalisme militant d’une part, et d’autre part, un engagement éditorial sans faille contre le brigandage et la corruption en général.

    2C’est justement cette notion de brigandage qu’il convient de considérer en premier lieu, en précisant tout d’abord deux choses. Premièrement, Dumas ne fait que reprendre un sujet bien connu, dans la mesure où il s’agit d’un des nombreux topoi sur l’Italie du Sud bien avant 1860 – on pense aux récits des voyageurs, de Misson3 à Stendhal4 en passant par Saint-Non5, pour ne citer que les Français, et aux ouvrages de référence6 attestant qu’il existe déjà à cette date une histoire du brigandage. Du reste Dumas lui-même, bien avant 1860, s’intéresse à certaines figures populaires, lazzaroni et hors-la-loi : faut-il rappeler la figure de Masaniello dans Le Corricolo, ou le bandit sicilien Pascal Bruno dans La Salle d’armes, pour ne pas parler des chroniques, plus tard, avec ces histoires extraordinaires de brigands, récemment proposées par Claude Schopp (Le Syndic de Baïa, Madame Monaco…)7, que Dumas ne manquait de publier dans les journaux français, La Presse, Le Petit Journal, Le Journal illustré8 ? On songe aussi aux brigands plus tristement célèbres encore de La San Felice, les Gaetano Mammone, Pronio ou Fra Diavolo…

    3En outre, la polysémie du terme « brigandage » recouvre une réalité très complexe, analysée par une interminable bibliographie9. Il faut distinguer dans la notion même de brigandage d’abord l’activité de délinquance pure, telle qu’elle apparaît de façon plus ou moins pittoresque dans la littérature de voyage ; l’organisation criminelle constituée en bandes ou sectes, visant à l’instauration et à la permanence d’un état d’illégalité en s’infiltrant dans les organismes et les institutions publics, comme la Camorra, par ailleurs largement décrite et analysée par Marc Monnier en 1863 dans La Camorra ou les Mystères de Naples10 ; et enfin, la forme de brigandage politique, après 1860, dans sa fonction de rébellion et de résistance de la classe aristocratique méridionale à l’invasion libérale conduite par les baïonnettes et les canons de l’armée piémontaise, un peu à l’image de l’insurrection vendéenne en France, et représentée par des officiers italiens attachés à la couronne bourbonienne, par des aventuriers étrangers comme le fameux général catalan José Borjès11 et des brigands de grand chemin enrôlés pour la défense du royaume des Deux-Siciles, comme la célèbre bande de Carmine Donatello Crocco12.

    4Or Dumas, aussi bien dans ses récits sur le brigandage que dans ses articles de presse de L’Indipendente, s’il traite de ces trois formes de brigandage, ne tombe pas, comme on le lui reproche13 encore injustement aujourd’hui en Italie, dans l’évocation héroïque et romantique du bandit, qui viserait à une némésis historique, une revanche sociale et psychologique et, à un degré supérieur, un idéal mythique et légendaire14.

    5Le brigandage « postunitaire », celui de la guerre sociale du Mezzogiorno, que Dumas refusera toujours de reconnaître comme guerre civile et de qualifier comme telle15, ne peut être séparé de la politique et se dégage donc du traitement exotique et romantique pour éviter d’apparaître comme une apologie du crime. Le rédacteur en chef de L’Indipendente le comprend parfaitement – il n’est pas le seul –, et passe à une littérature plus réaliste et plus scientifique, qui est celle d’un brigandage indissociable de la chronique politique. En d’autres termes, l’épopée, le mythe et la légende font place à des narrations morales qui constituent à la fois une analyse scientifique des faits et une mise en garde pour le public.

    6L’Indipendente, avec son immense activité éditoriale, mais plus encore avec la lutte sans merci qui y est menée contre toutes les formes de brigandage, procure à Alexandre Dumas un certain nombre de cittadinanza onoraria16, comme celle que lui décerne le conseil municipal de San Marco Argentano le 22 novembre 1863 avec une motivation bien précise :

    L’illustre Alexandre Dumas fut justement un de ces grands hommes qui rendirent à l’Italie le noble office d’aider la révolution par tous les moyens et d’éclairer l’opinion publique sur les causes du brigandage et sur les remèdes pour l’extirper17.

    7Les retombées de la lutte éditoriale de Dumas, contre les Bourbons et contre le brigandage, étaient telles que si, en France, comme le rappelle Claude Schopp18, l’argument lasse les rédacteurs en chef de journaux comme Rouy pour La Presse, à Naples, Dumas s’attire les foudres de la justice à bien des reprises, et malgré l’intervention personnelle de Garibaldi auprès du préfet de police pour éviter la saisie du journal, il continue de subir toutes sortes de contrôles et de vexations, comme l’histoire des faux témoins lors du procès contre son imprimeur19. Faut-il inclure dans les si nombreux déboires de Dumas journaliste la concurrence déloyale, comme la parution d’une nouvelle feuille intitulée L’Imparziale, en 1861, accusée de plagiat par Dumas à la sortie du premier numéro20 ?

    8Dans cet « océan d’encre »21 qu’est la gigantesque entreprise de L’Indipendente, journal régional, que Dumas vit comme une mission consistant à dire « la vérité », il s’agit de saisir l’ampleur du thème à partir d’une lecture par niveaux : on essaiera d’abord de cerner l’importance proprement dite, moyens stratégiques et type de présence, de la lutte contre le brigandage à l’intérieur d’un quotidien de nature politique et généraliste ; on verra ensuite dans quelle mesure le rédacteur dépasse le fait divers criminel pour transformer son journal en un véritable organe d’opinion ; enfin, on pourra accéder à un dernier « étage » du journalisme napolitain de Dumas, quand le pamphlétaire se change en sage pour proposer un certain nombre de mesures, en vue d’un projet de transformation de la société méridionale italienne. Projet démocratique et civilisateur qui n’a en soi rien d’utopique, rejoignant par là, d’une part le sens premier de son entreprise journalistique, à savoir sa fonction sociale, et d’autre part sa finalité politique pratique, qui est celle de servir les intérêts de la nouvelle monarchie constitutionnelle des Savoie représentés par le Gouvernement italien, auquel il est bien contraint de demander des subventions. C’est, du reste, ce qu’affirme le premier point du programme du journal : « La politique du quotidien poursuit exclusivement l’affirmation de l’unité italienne »22.

    I. L’Indipendente ou la chronique de la corruption

    9Vers 1860, la ville de Naples compte plus de 650 journaux, revues et gazettes ; y prolifèrent en outre les sociétés typographiques, d’où une situation véritablement concurrentielle. La liberté de presse est sévèrement limitée par la reprise du décret23 de Ferdinand II voulu par le préfet de police Liborio Romano, déterminée par la situation intérieure – une centaine de journaux publiés à Naples (appartenant à la propagande du nouveau pouvoir) en 1859 sont dans leur majorité pour l’Unité (cavouriens, garibaldiens, mazziniens) –, la présence de Garibaldi, l’opinion internationale. Dans un tel contexte, L’Indipendente doit d’entrée se démarquer et conquérir un espace propre à travers une série de choix stratégiques – la mise en place d’un marketing –, qui vont bien entendu de la publication de romans-feuilletons, à la signature de tous les articles publiés24, des rubriques comme les « Causeries » à la vente d’objets ou l’offre de prix (des ouvrages le plus souvent) aux abonnés (dont le nombre s’élève à 6 000 dans les meilleures périodes). Ainsi, Pier Antonio Toma a pu écrire: « L’Indipendente fut un des pionniers dans la stratégie des gadgets »25.

    10Le caractère innovateur du journal passe en réalité moins par sa forme que par les tons des contenus. Dumas lui confère d’emblée un aspect polémique en s’attaquant aux grandes questions méridionales à travers les petits faits de la vie quotidienne : c’est là son second programme inclus dans un article du 19 octobre 186026, où il remercie ironiquement les autres journaux qui lui sont ouvertement hostiles ainsi que la police qui avait cherché à bloquer la publication et la distribution du quotidien.

    11Il va donc faire de son journal un miroir du boulevard du crime qu’est Naples, en s’occupant comme il le précise « des trois fléaux de l’Italie méridionale, la Camorra, la Consortia, la Camarilla »27. Et pour traiter de ce règne du « mariolage »28, c’est-à-dire du chipage comme le rappelle Claude Schopp, en recourant à ce sympathique euphémisme, où être brigand est un métier qui se transmet de père en fils, Dumas va utiliser tous les moyens éditoriaux qu’il est en mesure de mobiliser. Lesquels ?

    12On trouve, en premier lieu, la structure du journal. Les quatre pages contiennent outre les articles de fond et la correspondance, de nombreuses rubriques à caractère hétérogène, comme la rubrique intitulée « Varietà » (où Dumas publia les Mémoires de Garibaldi, remplacée par la rubrique « Causerie » conformément à sa conception journalistique caractérisée par la formule de l’entretien avec le lecteur en vue de la fidélisation de ce dernier), ou encore la rubrique – de loin la plus importante sur le plan quantitatif – consacrée à la vie théâtrale.

    13Les informations sur le brigandage et la Camorra font l’objet d’études à part entière, mais elles sont aussi insérées dans la rubrique intitulée « Cronaca e fatti diversi » (« Chronique et faits divers »), la plus vivante et la plus suivie. C’est là en effet que le journal exprime au mieux la verve ironique de son auteur, comme en témoigne le sens de cette boutade : « Par souci de clarté nous diviserons notre chronique en quatre parties : coups de bâton, coups de couteau, coups de feu, rançons »29. C’est à partir du n° 17 du 4 juin 1862 que la rubrique « Informations sur le brigandage » apparaît avec régularité en troisième page.

    14En second lieu, Dumas utilise le journal comme moyen d’écoulement, selon une pratique de vente généralisée, de brochures, d’opuscules et autres volumes traitant de sujets liés de près ou loin au brigandage, des publications reprenant souvent en volumes des articles déjà parus dans le quotidien, afin d’en renforcer la diffusion. C’est le cas des trois volumes bien connus qui s’efforcent d’analyser les causes du brigandage dans une perspective historique. Le premier s’intitule Biens ecclésiastiques. De l’origine du brigandage, des causes de sa persistance et des moyens de le détruire ; c’est un essai de 51 pages, visant à une authentique propagande selon Benedetto Croce, qui écrit en citant l’ouvrage :

    Dans l’exemplaire que je possède, on trouve la dédicace manuscrite portant la signature autographe de Dumas : « À Monsieur le Commandant de la garde nationale de Maratea » [ville de Calabre] : preuve que l’ouvrage fut sans doute diffusé dans les communes du Mezzogiorno30.

    15Le deuxième ouvrage consacré à part entière au phénomène est le fameux Cent ans de brigandage dans les provinces de l’Italie méridionale, en 1862, neuf volumes dont le public français connaît les extraits publiés dans Le Mousquetaire (29-31 décembre 1866 ; 1er-12 janvier 1867) ; le livre développe une dénonciation du mal atavique et une analyse sociologique du brigandage, dû à la misère et à l’ignorance – le quatrième livre est consacré à la Camorra. Le troisième ouvrage a pour titre Biens domaniaux. De l’extinction du brigandage (1862) ; il propose une réforme agraire à partir d’une réflexion sur l’histoire romaine, quand la République acquiert d’immenses domaines pour les revendre.

    16En troisième lieu, Dumas publie deux autres textes qui ne traitent pas spécifiquement du brigandage mais sont directement liés à ce problème, la monumentale histoire des Bourbons de Naples, supplément au journal, à partir du premier numéro de la reprise du quotidien, le 15 mai 1862, qui formera les fameux dix volumes dans lesquels il se penche sur le passé du peuple napolitain sous la domination bourbonienne, et le livret ayant pour titre La Peine de mort et le Jury napolitain31, en 1863, qui regroupe les articles de son journal consacrés au procès32 pour l’assassinat de l’horloger Francesco Ruffo, lesquels offrent à Dumas l’occasion de dénoncer les conséquences néfastes de l’abolition de la peine de mort en essayant d’isoler la question judiciaire de la question morale.

    17Si la structure du journal et la politique de propagande et de diffusion sont les deux principaux instruments de sa lutte éditoriale contre le brigandage, qu’il pousse jusqu’à ses dernières limites33, c’est bien la chronique quotidienne qui constitue la base sur laquelle repose sa lutte. En voici quelques exemples.

    18L’aspect le plus représentatif du journal, présent au plus fort de ses campagnes « anticamorristes », ce sont cet esprit et ce ton railleurs, grinçants et amusants à la fois, qui dénote son intérêt pour les personnes et son sens aigu de l’observation. Dans le n° 238 du 23 octobre 1863, il écrit en réponse à une lettre d’un touriste auquel on a volé sa montre et qui le prie de diffuser son appel : « À Naples, les objets perdus ne se retrouvent pas, à plus forte raison les objets volés… À Naples, au lieu de regretter les objets perdus, il est plus sage de regretter ceux que l’on n’a pas encore perdus… ».

    19La chronique concernant le brigandage touche à tous les aspects. Épisodes de banditisme donc, mais plus encore corruption des mœurs. Car si, chez Dumas, l’historien précède presque toujours le romancier34, et le romancier devance à son tour le journaliste, c’est à ce dernier qu’incombe le travail le plus ingrat de soulever le voile sur les connivences entre la société civile et les institutions.

    20Nous en trouvons un exemple dans le n° 15 du 2 juin 1862, lorsqu’il conteste en quatrième page au professeur Quadri, recteur de l’université de Naples, l’obtention de son poste. Dans le détail il demande au recteur de justifier son admission au concours malgré une note contraire de la police. Il poursuit en demandant au même comment il a pu obtenir son doctorat en médecine et chirurgie, sans avoir jamais passé un examen !

    21Dans ce Naples souvent anarchique, ordinairement frauduleux ou parfois terrifiant, aux antipodes de celui qu’il a peint dans Le Corricolo, Dumas fait de son journal, comme pour prendre une bouffée d’air pur, un relais de l’information des actes administratifs officiels contre le brigandage. C’est le cas notamment dans le n° 129 du 18 octobre 1862, où il publie une ordonnance du préfet d’Avellino demandant aux maires de signaler l’identité de tous les brigands et de leurs parents et complices et d’effectuer un recensement des résidents sur les territoires communaux. La simple diffusion est encore une forme de chronique pour Dumas qui y trouve l’occasion de gloser contre les méfaits de la Camorra ! Exactions de toutes sortes, allant de l’extorsion au rançonnement, vols et assassinats, le journal charrie un ensemble de nouvelles qui pourrait laisser croire que son responsable cherche à s’assurer une part du public en quête de sensationnalisme. Or, la corruption étant à l’ordre du jour, la politique éditoriale du quotidien poursuit la voie édifiante de l’indignation qu’il essaie de faire naître ou d’entretenir auprès de son public en distillant une information continue et détaillée des méfaits : n° 7, 22 mai 1862, quatrième colonne de la quatrième page, mort d’un brigand tué à Castrovillari, connu comme un féroce assassin ; n° 10, 26 mai 1862, quatrième page, Dumas déplore que le journal n’est pas distribué depuis vingt jours à Copertino dans le Salento (Pouilles), et s’en prend à la fois aux bandits qui brûlent le courrier qu’aux employés du service postal qui l’égarent ; n° 11, 27 mai, article de fond contre le Gouvernement italien, dans lequel Dumas fait l’énumération de toutes les violations de la loi par ledit gouvernement en matière de justice ; n° 14, 31 mai, troisième colonne de la quatrième page, le journal publie la menace des avocats de la Camorra contre leurs collègues qu’ils défient de participer aux audiences – sous peine d’être poignardés – en réaction contre la loi constitutionnelle concernant les droits d’enregistrement.

    22Dumas esquisse en quelques lignes le récit d’une agression à un touriste étranger en plein jour dans le centre de Naples35 ; il cède à la volonté manifeste de choquer les consciences en publiant la description d’une photographie de l’exécution d’un terrible bandit36 spécialisé en tortures, par les bersaglieri de Cuneo, description visant un effet de réel afin de susciter la répugnance et l’effroi dans les brigands et la confiance dans la justice dans son public de lecteurs. Dans tous les cas, Dumas, sur le pied de guerre, entend lutter contre la banalité du mal, la routine de l’illégalité, le discrédit des institutions.

    23La consultation des numéros de L’Indipendente ne laisse aucun doute sur l’intensité37 de la lutte contre le brigandage. Le rédacteur en chef ne s’embarrasse pas de questions d’équilibre entre les rubriques, puisque l’argument du brigandage l’emporte largement du point de vue quantitatif.

    24Pas moyen pour le journal d’être soustrait à la chronique de la corruption. D’autant plus que le quotidien ressemble parfois à un bulletin de guerre lorsqu’à la rubrique « Cronaca e fatti diversi », consacrée en grande partie au menu détail des méfaits, s’ajoutent les nouvelles provenant des autres régions méridionales, Calabre, Basilicate, Pouilles, où sévit une véritable guérilla.

    25Une brève comparaison entre L’Indipendente et d’autres journaux napolitains, portant exclusivement sur la consultation d’un certain nombre de numéros limités aux années 1860-1862, montre sans l’ombre d’un doute combien le quotidien de Dumas fait de l’information sur le brigandage une véritable mission. Seul le Roma, parmi les grands organes de presse de Naples, créé en 1860, d’inspiration démocrate, qui doit beaucoup à L’Indipendente, traite sérieusement du problème, mais sans l’engagement humain qui anime les pages dumasiennes ; les autres quotidiens importants limitent essentiellement l’information à des nouvelles télégraphiques ; quant aux journaux plus modestes, disons que la chronique du brigandage n’a pas forcément bonne presse.

    II. Un journalisme pamphlétaire

    26La chronique rebondit dur et haut chez Dumas. C’est pourquoi ses comptes rendus et ses récits des méfaits sont rarement des narrations pures. Après les données informationnelles, voire en plein milieu de l’exposition des faits, les articles du rédacteur tournent à la polémique, élèvent ou abattent des barricades, s’érigent souvent en dénonciations et prennent l’air d’authentiques éditoriaux où perce, entre autres sentiments, toute son indignation.

    27Si le chroniqueur choisit de détailler les vols, les violences, les homicides pour montrer l’étendue de la plaie de la corruption, l’écrivain les analyse et les commente pour dénoncer la profondeur du phénomène. Que ce soit le brigandage dans les campagnes ou la Camorra et son pizzo, il utilise le fait divers en véritable instrument didactique. C’est le cas par exemple dans son analyse de la Camorra, avec ses codes et ses coutumes : « Si vous montez dans une voiture tirée par un ou deux chevaux, un homme que vous ne connaissez pas, et qui semble être l’ami du cocher, monte à côté de lui ; c’est un “camorriste”. Le cocher lui doit le dixième de ce que vous lui paierez »38. Ce passage illustre le fonctionnement du système afin de montrer comment ces organisations criminelles constituent un contrepouvoir, qui concurrence celui de l’État.

    28L’indignation chez Dumas, suscitée parfois par les dramatiques événements de Calabre ou d’ailleurs, son journalisme de cœur, débouche sur la froide dénonciation des lieux communs. L’opinion publique croit-elle que les brigands ne s’attaquent pas aux femmes, il se charge de prouver le contraire. Un article du 15 juillet 1863, n° 155, raconte une rétorsion des brigands : on arrête à Catanzaro deux brigands, une femme enlevée, un espion et un complice. Ces deux derniers sont remis au pouvoir judiciaire, la femme libérée, les deux brigands fusillés. La réponse est impitoyable : une bande de douze brigands se venge en tuant seize personnes dans les campagnes, presque tous pères de famille. Dumas montre un épisode de violence inouïe, où les malfaiteurs recourent à l’enlèvement des femmes pour se procurer de l’argent, et font de la cruauté un instrument de pression sur le peuple, pour donner la preuve que la justice elle-même est impotente face à leur pouvoir, pouvoir qui consiste à se faire justice de la justice.

    29Ne dit-on pas que la Camorra ne touche pas aux enfants ? Hypercritique, Dumas choisit bien entendu de raconter afin de frapper les consciences. Il ne s’agit pas ici du récit de L’Enfant enlevé, l’histoire du jeune baron Joseph Falvella, racontée dans les numéros 12-16, 16-17, 19-21 du mois de janvier 1863, publiée du 29 au 31 janvier dans La Presse, inclus dans les Chroniques napolitaines39. C’est, au contraire, le récit d’un enlèvement tragique, qui a lieu à Cervinara (province d’Avellino en Campanie), le 9 juillet 1862, raconté dans L’Indipendente, n° 46, le 11 juillet, dans toute sa froide férocité : un gamin se rend chez un riche propriétaire nommé Mainolfi pour offrir au fils de ce dernier, garçon de sept ans, un oisillon vivant. Il s’y rend le lendemain pour inviter le jeune Mainolfi à aller chercher d’autres oisillons. Dans une rue voisine, cinq brigands appartenant à une bande connue – Dumas la nomme – conduisent l’enfant dans la montagne et demandent une rançon très élevée. Dumas pose les faits et, apparemment distant, suggère qu’il est impossible qu’un tel fait se produise en plein jour dans un quartier habité sans qu’il y ait de témoins, car les gendarmes n’ont pas été prévenus. Il termine en précisant que tous les efforts pour arrêter les brigands et retrouver l’enfant furent vains. Le silence des habitants s’alliant à la cruauté des mercenaires entretient le crime : l’empire du brigandage vit de la complicité des masses.

    30Quelle est la démarche, inconsciente ou volontaire, suivie par Dumas dans ses dénonciations ? Chez Dumas l’observateur se dédouble en dénonciateur des maux du Mezzogiorno, lui-même indissociable de l’analyste : voilà pourquoi c’est souvent un historien que l’on trouve au chevet du grand malade napolitain.

    31Accusant le gouvernement et la justice des Bourbons d’inertie et de myopie, il condamne en réalité l’anachronisme d’un système judiciaire répressif en apparence seulement, « dans les prisons il y a 35 000 forçats, en nombre deux fois supérieur à la France »40 dans la mesure où ce dernier ne vise ni au rachat moral, ni à la réinsertion sociale du criminel.

    32En fait le brigandage n’est que la partie visible de l’iceberg, ce dont on parle. Car le journaliste de L’Indipendente écrit un cahier de doléances pour les malheureux parthénopéens écrasés par les problèmes réels de la ville : l’éclairage public défectueux, la saleté, l’état des abattoirs, le manque d’eau, les problèmes de logement, l’absence de plan d’urbanisme. Cela amène Dumas à prendre position contre les autorités municipales qui deviennent complices de la spéculation, de la corruption et des clientélismes. Il écrit : « La religion de l’abus est ce qui nuit à Naples »41.

    33Si, comme l’a reconnu du bout de la plume Gino Doria42, l’un des dénominateurs communs de toutes les causes de l’existence du brigandage, pourrait être la dynastie bourbonienne, cette dernière entre à part entière dans les responsabilités d’une mauvaise justice et d’un pouvoir ouvertement obscurantiste de l’Église. Pour Dumas, le brigandage en Italie méridionale est l’expression d’un système qui s’est glissé dans le corps même des institutions et a instauré une dictature dont le pouvoir dépasse les actes de violence eux-mêmes. Dans un article du 18 août 1863, n° 183, il dresse un premier bilan de la lutte de L’Indipendente et s’en prend aux prêtres, aux juges et aux fonctionnaires de l’administration qui ont renversé l’ordre moral. En effet, le pouvoir, entendons les souverains, s’est adressé à plusieurs reprises aux « camorristes » pour combattre aussi bien les carbonari que les libéraux ; la police a parfois confié à des individus la solution de délits communs et, en 1860, Liborio Romano, préfet de Naples, recourt une nouvelle fois à la Camorra pour maintenir l’ordre durant le passage du royaume des Deux-Siciles au royaume d’Italie. Donc, le brigandage légalisé pour repousser la menace de l’armée française, les amnisties et les pensions accordées aux assassins, ont fait des années de la domination bourbonienne une période favorable à la croissance du phénomène.

    34Plus que les causes du brigandage, c’est le discours journalistique de Dumas qui attire l’attention, aujourd’hui peut-être autant qu’alors, dans la mesure où l’expression de son opinion passe toujours à travers la dénonciation d’une responsabilité des institutions. Alors que d’autres feuilles de premier plan fournissent les informations en commentant l’actualité de façon franchement satirique ou de manière très détachée, les articles de Dumas introduisent une saine polémique avec un art consommé de la rhétorique : il reconnaît d’abord les éventuels mérites et prérogatives des institutions pour mieux les démasquer ensuite. L’article dans le n° 7 du 22 mai 1862 est exemplaire. Dans un éditorial intitulé « Réclamations contre le Gouvernement », il établit clairement le principe selon lequel l’administration de la justice doit être rendue avec le minimum d’embarras et au coût le plus bas, puis observe que la distribution des tribunaux est tout à fait disproportionnée : la cour d’appel de Naples exerce ses compétences sur une population d’environ quatre millions d’habitants ; la région du Piémont, par contre, pour une population à peu près semblable, peut compter sur quatre cours d’appel ! Compte tenu des conditions du Mezzogiorno, le rapport ne devrait-il pas être inversé ?, se demande alors Dumas.

    III. Le citoyen journaliste

    35Le dernier aspect de la lutte éditoriale de Dumas contre le brigandage concerne le passage du journaliste (entendu comme détective, chroniqueur, polémiste) à un niveau supérieur (là où les contradictions politiques se dissolvent dans une praxis sociale), c’est-à-dire au niveau de grand sage, ou pourquoi pas, à un niveau institutionnel zéro : celui du citoyen.

    36Engagé à fond dans les problèmes sociaux de Naples, Dumas, en (pré)sociologue et en citoyen, se préoccupe des conséquences immédiates et futures d’une criminalité qui prend sa sève dans la complicité intégrée dans le quotidien, à tel point qu’elle n’apparaît pas comme une transgression : « La transgression est légalisée par l’usage du quotidien »43.

    37Dumas entend le journalisme à Naples selon un principe d’utilité. Il s’agit d’abord d’offrir un service ayant une validité civique. Sur le plan du brigandage cela veut dire essentiellement publier tous les actes officiels, judiciaires, administratifs ou encore historiques, servant à monter l’opinion contre le phénomène.

    38Joignant l’utile (culturel) à l’agréable (critiquer les Bourbons), il utilise souvent la première et/ou la deuxième page des numéros de 1862 pour publier des extraits de la correspondance de 1799 entre les grandes figures de cette période, comme celle entre le roi Ferdinand et le cardinal Ruffo.

    39Bien plus utile, l’attention accordée aux problèmes de la société civile. Ainsi, L’Indipendente se fait-il le porte-parole d’initiatives nationales contre la corruption dans le Mezzogiorno, comme la souscription en faveur des victimes du brigandage lancée par les journaux piémontais (La Stampa, La Perseveranza, La Gazzetta di Torino), accueillie dès le 9 janvier 1863. Dumas n’hésite pas à publier des demandes de pension pour les familles les plus humbles qui ont participé à la lutte contre l’ennemi.

    40Le raisonnement de Dumas est connu. Il n’en est pour autant sans intérêt. Pour améliorer les conditions de vie de l’Italie du Sud, il faut avant tout détruire le brigandage, condition sine qua non. Pour éliminer le brigandage il faut s’en prendre à sa source : la misère. Il ne s’agit donc plus seulement de réprimer sévèrement, même si ce moyen a montré toute son efficacité avec le général Joseph Manhès, à l’époque de Murat, comme il l’a plusieurs fois affirmé dans les pages de son journal (20 septembre, 6 octobre et 29 octobre 1862 ; 21 juillet 1863), il s’agit de revoir l’organisation sociale elle-même dans le sens d’une progressive démocratisation.

    41Certes, les propositions du rédacteur en chef n’ont rien d’exceptionnel ou de simplement nouveau, elles sont souvent l’expression du bon sens, et on peut les loger à l’enseigne de la moralité.

    42Dumas exhorte en somme à « moraliser et instruire »44 ; il propose la vente des biens de l’Église et des biens domaniaux avec finalement un projet de réforme agraire, une redistribution des terres en vue de créer une nouvelle classe de propriétaires terriens45, à même d’apporter par leurs impôts des rentes au gouvernement, qui pourrait les réinvestir dans les œuvres d’utilité publique. Mais là encore Dumas veut faire réfléchir :

    Dans la position où se trouve l’Italie méridionale, n’hésitons pas à le dire, la vente des biens ecclésiastiques, comme on prévoit de le faire, est immorale, peu politique et impopulaire. Immorale car elle augmente la richesse des seigneurs [on ne vendrait qu’aux riches], et redouble par conséquent la misère et le servage du peuple. Peu politique parce qu’elle met dans les mains du clergé une arme à double tranchant pour maintenir les masses dans la haine perpétuelle du Gouvernement. Impopulaire, parce qu’au lieu de penser à améliorer le sort du peuple, vous l’oubliez46…

    43Il ne s’agit pas d’un humanisme utopique, mais d’une réflexion sociologique lucide.

    44En dernier lieu évoquons l’élévation du débat lorsque Dumas revient sur le problème de l’approbation d’une loi contre le brigandage au moment où le Parlement italien discute le projet de loi Minervini47, loi liée au brigandage en raison des fonds à octroyer à la lutte contre le phénomène. Le journaliste compare ce projet de loi, qui prévoit une réduction du budget, aux propositions présentées par la Commission d’enquête sur le brigandage, publiées dans le n° 129 du 9 juin 1863, et dans le n° 143 du 30 juin ; il demande au Parlement de tenir compte des propositions de la commission d’enquête, après avoir montré que le brigandage ne peut être combattu par des moyens ordinaires. Dumas insiste sur des priorités : moyens financiers, rigueur dans les peines, concentration du pouvoir d’investigation contrairement à une division de ce pouvoir au sein de plusieurs autorités48. Précisons à cet égard que la loi Pica, votée le 15 août 186349, pour éradiquer le brigandage, établit un véritable état de siège intérieur en suspendant les libertés constitutionnelles dans les provinces méridionales et en confiant les procès aux tribunaux militaires.

    45Faut-il dire que ces principes ont été largement employés en Italie dans les dernières décennies, aussi bien contre les Brigades rouges que contre les associations de la mafia et de la Camorra ?… On peut rappeler la loi n° 41 bis50 sur la réclusion des condamnés pour terrorisme et association mafieuse et « camorriste », prévoyant un régime d’incarcération très dur.

    46À Naples, ville de toutes les contradictions, l’objectivité, entendue comme témoignage absolument fidèle, n’est pas du ressort de Dumas. Si L’Indipendente est en même temps qu’une extraordinaire entreprise journalistique une gigantesque œuvre littéraire, nous en concluons que l’écrivain français, tout en recherchant toujours la vérité des faits, nous y offre sa reconstruction personnelle de la réalité napolitaine. Cette réalité et cette vérité parthénopéennes de l’auteur des Trois Mousquetaires sont, hélas, encore exactement celles qu’a décrites l’écrivain napolitain Roberto Saviano dans le récent Gomorra51, avec le même souci de raconter et de faire comprendre. L’Indipendente ne traduit donc plus l’esprit fantastique d’une ville, celui qui animait Le Corricolo – et que l’on retrouve dans le Naples des tableaux orgiaques et imaginaires d’écrivains comme Dominique Fernandez ou Jean-Noël Schifano –, mais bel et bien la ville démoniaque et réaliste des témoignages du jeune Saviano.

    47Comme l’a écrit Pier Antonio Toma :

    Dumas est le précurseur d’une information de type « populaire » ou « démocratique », reprise par le journal Roma et, une dizaine d’années plus tard, par Il Mattino, et d’un journalisme européen engagé, fermement opposé à la marginalisation de Naples par rapport au reste de la péninsule […] Sans lui et sans L’Indipendente […] la ville aurait été encore plus étrangère à elle-même et plus provinciale52.

    48C’est encore Benedetto Croce, bien que peu convaincu par le discours politique du journaliste, qui résume parfaitement la valeur du combat éditorial d’Alexandre Dumas :

    Bien plus que les fragiles concepts politiques, il faut louer la bonté, la loyauté, la rectitude qui régnaient sans partage dans le cœur de Dumas, et qui transparaissaient dans les pages de son journal, entre autres, dans l’effort d’éloigner et de refroidir, en ces temps bouleversés, les vendetta, la brutalité, les injustices53.

    49La lutte contre le brigandage offre à Dumas la possibilité de réunir les facettes de son génie. Le panache du journaliste s’appuie sur la raison de l’historien et révèle l’engagement du citoyen dans ses prises de position, parfois très dures, contre tous les puissants. Comme mot de la fin, voici sa mise en garde contre le Gouvernement italien, auquel il rappelle : « Il est facile de prendre Naples, il est plus difficile de le conserver »54.

    Notes de bas de page

    1 L’Indipendente, n° 183, 18 août 1863. La traduction de toutes les citations italiennes provenant des articles du quotidien napolitain, ainsi que des extraits d’autres ouvrages ou journaux italiens, sont proposés par l’auteur de cet article.

    2 Ibid. L’écrivain dresse un bilan de l’action de son journal.

    3 Misson François Maximilien, 1691, Nouveau voyage d’Italie, La Haye, Henri van Bulderen.

    4 Colomb Romain et Stendhal, 1833, Journal d’un voyage en Italie et en Suisse pendant l’année 1828, Paris, Verdière.

    5 Saint-Non Jean-Claude Richard (de), 1781-1786, Voyage pittoresque ou Description du royaume de Naples et de Sicile, Paris, Imprimerie de Clousier.

    6 Voir Musci Mauro, 1850, Storia civile e militaire del regno delle Due Sicilie sotto il governo di Ferdinando II dal 1830 al 1849, Naples, Poliorama ; Colletta Pietro, 1852, Storia del Reame di Napoli, dal 1734 al 1825, Turin, Pomba ; Lazzaro Guiseppe, 1854, Saggio storico cronologico di fatti pubblici delle Due Sicilie, Naples, Lauriel ; Bianco di Saint-Jorioz Alessandro, 1864, Il brigantaggio alla frontiera pontificia dal 1860 al 1863, Milan, Daelli. Par ailleurs, on pense aux militaires qui se sont particulièrement distingués dans la répression du phénomène. Le général français Charles Antoine Manhès (1777-1854), neveu du général Milhaud, décoré par Napoléon Ier de la légion d’honneur lors de la bataille d’Austerlitz. Époux d’une aristocrate italienne, Carolina Pignatelli, il reçoit la mission de réprimer le brigandage dans le royaume des Deux-Siciles. Dumas rappelle longuement l’efficacité de ses méthodes dans I Borboni di Napoli (Naples, Universale, 1862, livre vi, chap. iii) ; ibid. (livre vi, chap. vii) ; et il rapporte ses succès dans les numéros 137, 138 et 139 de l’année 1863 dans L’Indipendente. En 1817, Sir Richard Church (1784-1873), général britannique, reçoit le commandement de la 6e division militaire comprenant les provinces de Bari et de Lecce, pour combattre le brigandage florissant dans les Pouilles, souvent associé à des sociétés secrètes. Les larges pouvoirs dont il est investi, à l’exemple du général Manhès, lui permettent d’obtenir de grands succès.

    7 Schopp Claude, 2007, Chroniques napolitaines d’hier et d’aujourd’hui, Paris, Pygmalion.

    8 Par exemple Les Brigands aux portes de Naples, publié dans L’Indipendente, année iii, n° 217, 29 septembre 1863 et dans La Presse, 8 octobre 1863 (Dumas précise dans sa correspondance au journal parisien qu’il a lui-même failli être emmené dans la montagne avec les 120 voyageurs arrêtés par une bande de brigands aux portes de Naples).

    9 Dans Storia d’Italia, vol. xxii, Milan, Rizzoli, 1977, p. 96-97, le fameux écrivain et journaliste italien Indro Montanelli (1909-2001) cite le président du Conseil italien Francesco Saverio Nitti (1868-1953) lequel, parlant des causes et des conséquences du brigandage de la seconde moitié du xixe siècle, affirmait : « […] Pour le paysan, il n’y avait pas d’alternative : soit émigrant, soit brigand, mais il peut devenir l’une et l’autre chose. Le gangstérisme américain le montre bien ».

    10 Édité à Paris, chez Michel Lévy. Voir aussi Monnier Marc, 1862, Histoire du brigandage dans l’Italie méridionale, Paris, Michel Lévy.

    11 (1813-1861). Envoyé par François II dans les Abruzzes pour unifier les bandes de brigands et organiser la révolte contre le royaume d’Italie. Il est fait prisonnier et fusillé en 1861.

    12 (1830-1905). S’il adhère d’abord à l’insurrection libérale (1860), confiant dans la promesse de grâce de Garibaldi aux soldats déserteurs qui s’engageraient contre les Bourbons, il passe rapidement au service de François II (1860-1861), déçu par le général italien. En quelques années il devient le commandant d’une troupe de mille hommes qui tient tête aux Piémontais dans la Lucanie et les Pouilles. Battu le 25 juillet 1864 par les armées libérales, il est capturé par les soldats du pape Pie IX pour lequel il avait combattu. L’incarcération de Crocco entraîne partiellement la fin du brigandage dans la région. Condamné à mort en 1872, sa peine est commuée en travaux forcés.

    13 On peut songer à l’observation somme toute malveillante de Sergio Morando concernant la part de Dumas dans l’aventure de Garibaldi dans Morando Sergio, 1984, « Alessandro Dumas », in Dizionario Bompiani degli autori di tutti i tempi e di tutte le letterature, vol. ii, Milan, Bompiani, p. 669 : « […] s’imaginant [Dumas] de bonne foi avoir contribué aux exploits des Mille ».

    14 Lorsqu’il évoque les grands bandits italiens de 1799 dans La San Felice, le caractère épique et fantastique du récit recherchant l’acmé de la tension a pour but le déclassement moral du bandit et la catharsis du lecteur.

    15 L’Indipendente, n° 184, 18 août 1863.

    16 Citoyen d’honneur.

    17 Délibération n° 36 du 22 novembre 1863, fonds d’archives historiques de la commune de San Marco Argentano citée dans Longo Rinaldo, 2007 (24 juillet), « Garibaldi e Dumas, la spedizione dei Mille e il brigantaggio » [en ligne], n. 8, disponible sur URL : https://www.bitculturali.it/2007/07/in-primo-piano/1127/.

    18 Voir Schopp Claude, 2002, Alexandre Dumas. Le génie de la vie, Paris, Fayard, p. 539.

    19 L’Indipendente, n° 17, 30 octobre 1860 ; ibid., n° 154, 17 avril 1861.

    20 L’article en question concerne le préfet de police de Naples et ministre de l’Intérieur du tout nouveau royaume d’Italie, Liborio Romano (1793-1867), et reprend le n° 29 de L’Indipendente du 14 novembre 1860. Voir Cafasso Giuseppina, 2004, « Alexandre Dumas, redattore capo de L’Indipendente », in Patierno Alvio (éd.), Alexandre Dumas e il Mezzogiorno d’Italia, Naples, Cuen, p. 201-202.

    21 Schopp Claude, Chroniques napolitaines, op. cit., p. 12.

    22 L’Indipendente, n° 1, 11 octobre 1860.

    23 Le décret du 27 mars 1849 obligeait les directeurs de journaux et les éditeurs à déposer une caution dans le but d’éviter que la liberté de presse ne fomente un esprit révolutionnaire. Bien que François II ait octroyé la Constitution, Liborio Romano craint l’anarchie et impose au souverain ce choix réactionnaire. Voir Zazo Alfredo, 1985, Il giornalismo a Napoli, Naples, Procaccini.

    24 Contrairement à la pratique traditionnelle du journalisme.

    25 Toma Piero Antonio, 1999, Giornali e giornalisti a Napoli, 1799-1999, Naples, Grimaldi, p. 95.

    26 Le titre de l’article est « Ringraziamenti » (« Remerciements ») en première page du n° 8 de L’Indipendente.

    27 L’Indipendente, n° 181, 22 décembre 1862.

    28 Schopp Claude, Chroniques napolitaines, op. cit., p. 18.

    29 L’Indipendente, n° 66, 4 août 1862.

    30 Croce Benedetto, 1927, « Alessandro Dumas a Napoli », in id., Uomini e cose della vecchia Italia, vol. ii, Bari, G. Laterza & Figli, p. 352, n. 2.

    31 Le 4 septembre 1863, dans une note incluse dans le n° 198, il informe ses lecteurs de la prochaine parution de ce livret.

    32 Francesco Ruffo avait son magasin en face des bureaux de L’Indipendente. Son homicide effrayant et le procès qui suivit, secouèrent l’opinion publique napolitaine. Les coupables échappèrent à la peine capitale grâce à la décision des jurés qui, pour protester contre l’application de la peine de mort, la changèrent en peine à perpétuité. Dumas conteste durement les juges du procès qui, simples « exécuteurs de la loi » se changent en « législateurs ». Si le journaliste est si troublé par cet acte de clémence, que l’on pourrait définir aujourd’hui de désobéissance civile, c’est parce que le procès a démontré que l’assassinat a été accompli dans la lucidité la plus totale et qu’il n’a pu faire place à aucune circonstance atténuante, et que les juges se sont laissé transporter par un vague idéalisme qui n’apporte aucun bénéfice à la justice et encore moins à l’ordre et à la légalité.

    33 Écoutons-le dissuader le parti réactionnaire dans le n° 1 du jeudi 15 mai 1862 : « La fin tragique de Borjès aurait dû ouvrir les yeux aux comités bourboniens établis à l’étranger, et qui dépensent des sommes immenses pour tromper des sots […] dans nos provinces où ces pauvres diables sont immédiatement fusillés ».

    34 Schopp Claude, Chroniques napolitaines, op. cit., p. 15.

    35 L’Indipendente, n° 21, 9 juin 1862.

    36 Ibid., n° 239, 24 octobre 1863 ; le brigand en question est Nicola Napoletano dit Caprariello.

    37 On peut consulter le n° 59 du 28 juillet 1862 pour voir comment Dumas contre-attaque les menaces personnelles.

    38 Dumas Alexandre, 1862, Cent ans de brigandage dans les provinces de l’Italie méridionale, livre iv, s. l.

    39 Schopp Claude, Chroniques napolitaines, op. cit., p. 229-262.

    40 L’Indipendente, n° 51, 17 juillet 1862.

    41 Ibid., n° 75, 16 août 1862.

    42 Voir Doria Gino, 1931, « Il brigantaggio nelle province meridionali », in Società di storia patria (dir.), Archivio storico per le province napoletane, année lvi, Naples, Cooperativa Tipografica Sanitaria, p. 388-409. Pour l’historien napolitain, la permanence du brigandage et son développement sont à rechercher dans la connivence entre ce dernier et les couches de la bourgeoisie montante. Celle-ci entend jouer la carte de l’autonomie sociale et tirer les ficelles entre les absolutistes bourboniens et les partisans de la nouvelle monarchie libérale. À décharge des Bourbons de Naples, précisons que si le brigandage a proliféré durant le long régime monarchique, les organisations criminelles n’ont jamais mis en danger le pouvoir du souverain et des autorités comme, en revanche, cela se produira après l’Unité. L’analyse de Jeuland-Meynaud Maryse, 1973, La ville de Naples après l’annexion (1860-1915). Essai d’interprétation historique et littéraire, Aix-en-Provence, Éditions de l’université de Provence, p. 49, nous semble particulièrement incisive : « Le processus de provincialisation et de paupérisation eut comme phénomène concomitant la dégradation morale de la ville que la misère à elle seule ne suffirait pas à expliquer. Le gouvernement autoritaire des Bourbons disposait d’un réseau policier aux ramifications nombreuses que les émigrés politiques ont représenté, avec quelque raison, comme une institution intolérable et corrompue. Néanmoins, s’il est probable que la police bourbonienne composait à l’occasion avec la délinquance locale, elle ne savait pas moins en contenir les abus et empêcher son immixtion dans la vie politique. Au lendemain de l’Unité, dès que le régime libéral commença à fonctionner, la ville se trouva pratiquement livrée à elle-même. Par sa définition même le nouvel État se gardait d’intervenir dans les affaires municipales ou privées, de sorte que les classes dirigeantes purent impunément faire la pluie et le beau temps et recourir, quand leur intérêt le leur commandait, aux bons offices des éléments les plus troubles de la population napolitaine ».

    43 L’Indipendente, n° 178, 18 décembre 1862.

    44 Ibid., n° 18, 5 juin 1862.

    45 Ibid., n° 13, 30 mai 1862.

    46 Ibid., n° 12, 28 mai 1862.

    47 Il s’agit d’un projet de loi sur la taxation des revenus dans le cadre de la loi de budget de l’État.

    48 La Commission d’enquête parlementaire permanente sur la mafia et autres associations criminelles, créée en 1996, a pour but de centraliser les investigations dans ce domaine sous une autorité principale.

    49 Présentée par la droite comme « un moyen exceptionnel et temporaire de défense », elle demeure en vigueur jusqu’au 31 décembre 1865.

    50 Loi concernant le régime pénitentiaire qui partage les détenus en deux catégories, communs et spéciaux. Voir la loi n° 354 du 26 juillet 1975 contre les condamnés convaincus de terrorisme, la loi n° 663 du 10 octobre 1986 et le décret-loi n° 306 du 8 juin 1992 qui concernent particulièrement les organisations criminelles (mafia, Camorra, N’drangheta…). Une application élargie et plus rigoureuse entre en vigueur après le maxiprocesso de Palerme en 1986 (superprocès, premier procès en date contre les mafieux reconnus comme tels) instruit par le juge Giovanni Falcone, et surtout à la suite de l’attentat de Capaci (mai 1992, Sicile) où le juge Falcone, son épouse et cinq membres de son escorte trouvent la mort.

    51 Roberto Saviano est né à Naples en 1979. Son roman est traduit dans trente-trois pays. À la suite du succès de son livre, des déclarations des collaborateurs de justice, des menaces prononcées durant le procès par les patrons du clan des casalese (affiliés de la Camorra de Casal di Principe en Campanie), l’écrivain vit sous escorte. Rappelons le Grand Prix spécial du jury obtenu à Cannes par l’adaptation cinématographique du roman en 2008.

    52 Toma Piero Antonio, Giornali e giornalisti a Napoli 1799-1899, op. cit., p. 100. Pour Gianni Infusino, « Alexandre Dumas mérite une place à part dans l’histoire du journalisme napolitain, il est digne de figurer aux côtés d’Edoardo Scarfoglio et de Diodato Lioy qui fondèrent Il Mattino et le Roma » (Infusino Gianni, 1972, « Préface », in Dumas Alexandre [édité par Infusino Gianni], Alessandro Dumas giornalista a Napoli, Naples, Éd. del Delfino, p. 9).

    53 Croce Benedetto, Alessandro Dumas a Napoli, op. cit., p. 349.

    54 L’Indipendente, n° 179, 19 décembre 1862.

    Auteur

    Alvio Patierno

    Alvio Patierno est diplômé des universités françaises (Strasbourg, Mulhouse, Besançon, Saint-Étienne, Lyon), docteur ès lettres, spécialisé en littérature théâtrale des <span style="font-variant:small-caps;">xix</span><sup>e</sup> et <span style="font-variant:small-caps;">xx</span><sup>e</sup> siècles. Il enseigne en qualité de Ricercatore à l’université Suor Orsola Benincasa de Naples. Auteur de publications sur les auteurs et les voyageurs français en Italie (Lamartine, Flaubert, Giraudoux ; le Vésuve), il s’intéresse principalement aux rapports entre le théâtre français et italien.

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    1 L’Indipendente, n° 183, 18 août 1863. La traduction de toutes les citations italiennes provenant des articles du quotidien napolitain, ainsi que des extraits d’autres ouvrages ou journaux italiens, sont proposés par l’auteur de cet article.

    2 Ibid. L’écrivain dresse un bilan de l’action de son journal.

    3 Misson François Maximilien, 1691, Nouveau voyage d’Italie, La Haye, Henri van Bulderen.

    4 Colomb Romain et Stendhal, 1833, Journal d’un voyage en Italie et en Suisse pendant l’année 1828, Paris, Verdière.

    5 Saint-Non Jean-Claude Richard (de), 1781-1786, Voyage pittoresque ou Description du royaume de Naples et de Sicile, Paris, Imprimerie de Clousier.

    6 Voir Musci Mauro, 1850, Storia civile e militaire del regno delle Due Sicilie sotto il governo di Ferdinando II dal 1830 al 1849, Naples, Poliorama ; Colletta Pietro, 1852, Storia del Reame di Napoli, dal 1734 al 1825, Turin, Pomba ; Lazzaro Guiseppe, 1854, Saggio storico cronologico di fatti pubblici delle Due Sicilie, Naples, Lauriel ; Bianco di Saint-Jorioz Alessandro, 1864, Il brigantaggio alla frontiera pontificia dal 1860 al 1863, Milan, Daelli. Par ailleurs, on pense aux militaires qui se sont particulièrement distingués dans la répression du phénomène. Le général français Charles Antoine Manhès (1777-1854), neveu du général Milhaud, décoré par Napoléon Ier de la légion d’honneur lors de la bataille d’Austerlitz. Époux d’une aristocrate italienne, Carolina Pignatelli, il reçoit la mission de réprimer le brigandage dans le royaume des Deux-Siciles. Dumas rappelle longuement l’efficacité de ses méthodes dans I Borboni di Napoli (Naples, Universale, 1862, livre vi, chap. iii) ; ibid. (livre vi, chap. vii) ; et il rapporte ses succès dans les numéros 137, 138 et 139 de l’année 1863 dans L’Indipendente. En 1817, Sir Richard Church (1784-1873), général britannique, reçoit le commandement de la 6e division militaire comprenant les provinces de Bari et de Lecce, pour combattre le brigandage florissant dans les Pouilles, souvent associé à des sociétés secrètes. Les larges pouvoirs dont il est investi, à l’exemple du général Manhès, lui permettent d’obtenir de grands succès.

    7 Schopp Claude, 2007, Chroniques napolitaines d’hier et d’aujourd’hui, Paris, Pygmalion.

    8 Par exemple Les Brigands aux portes de Naples, publié dans L’Indipendente, année iii, n° 217, 29 septembre 1863 et dans La Presse, 8 octobre 1863 (Dumas précise dans sa correspondance au journal parisien qu’il a lui-même failli être emmené dans la montagne avec les 120 voyageurs arrêtés par une bande de brigands aux portes de Naples).

    9 Dans Storia d’Italia, vol. xxii, Milan, Rizzoli, 1977, p. 96-97, le fameux écrivain et journaliste italien Indro Montanelli (1909-2001) cite le président du Conseil italien Francesco Saverio Nitti (1868-1953) lequel, parlant des causes et des conséquences du brigandage de la seconde moitié du xixe siècle, affirmait : « […] Pour le paysan, il n’y avait pas d’alternative : soit émigrant, soit brigand, mais il peut devenir l’une et l’autre chose. Le gangstérisme américain le montre bien ».

    10 Édité à Paris, chez Michel Lévy. Voir aussi Monnier Marc, 1862, Histoire du brigandage dans l’Italie méridionale, Paris, Michel Lévy.

    11 (1813-1861). Envoyé par François II dans les Abruzzes pour unifier les bandes de brigands et organiser la révolte contre le royaume d’Italie. Il est fait prisonnier et fusillé en 1861.

    12 (1830-1905). S’il adhère d’abord à l’insurrection libérale (1860), confiant dans la promesse de grâce de Garibaldi aux soldats déserteurs qui s’engageraient contre les Bourbons, il passe rapidement au service de François II (1860-1861), déçu par le général italien. En quelques années il devient le commandant d’une troupe de mille hommes qui tient tête aux Piémontais dans la Lucanie et les Pouilles. Battu le 25 juillet 1864 par les armées libérales, il est capturé par les soldats du pape Pie IX pour lequel il avait combattu. L’incarcération de Crocco entraîne partiellement la fin du brigandage dans la région. Condamné à mort en 1872, sa peine est commuée en travaux forcés.

    13 On peut songer à l’observation somme toute malveillante de Sergio Morando concernant la part de Dumas dans l’aventure de Garibaldi dans Morando Sergio, 1984, « Alessandro Dumas », in Dizionario Bompiani degli autori di tutti i tempi e di tutte le letterature, vol. ii, Milan, Bompiani, p. 669 : « […] s’imaginant [Dumas] de bonne foi avoir contribué aux exploits des Mille ».

    14 Lorsqu’il évoque les grands bandits italiens de 1799 dans La San Felice, le caractère épique et fantastique du récit recherchant l’acmé de la tension a pour but le déclassement moral du bandit et la catharsis du lecteur.

    15 L’Indipendente, n° 184, 18 août 1863.

    16 Citoyen d’honneur.

    17 Délibération n° 36 du 22 novembre 1863, fonds d’archives historiques de la commune de San Marco Argentano citée dans Longo Rinaldo, 2007 (24 juillet), « Garibaldi e Dumas, la spedizione dei Mille e il brigantaggio » [en ligne], n. 8, disponible sur URL : https://www.bitculturali.it/2007/07/in-primo-piano/1127/.

    18 Voir Schopp Claude, 2002, Alexandre Dumas. Le génie de la vie, Paris, Fayard, p. 539.

    19 L’Indipendente, n° 17, 30 octobre 1860 ; ibid., n° 154, 17 avril 1861.

    20 L’article en question concerne le préfet de police de Naples et ministre de l’Intérieur du tout nouveau royaume d’Italie, Liborio Romano (1793-1867), et reprend le n° 29 de L’Indipendente du 14 novembre 1860. Voir Cafasso Giuseppina, 2004, « Alexandre Dumas, redattore capo de L’Indipendente », in Patierno Alvio (éd.), Alexandre Dumas e il Mezzogiorno d’Italia, Naples, Cuen, p. 201-202.

    21 Schopp Claude, Chroniques napolitaines, op. cit., p. 12.

    22 L’Indipendente, n° 1, 11 octobre 1860.

    23 Le décret du 27 mars 1849 obligeait les directeurs de journaux et les éditeurs à déposer une caution dans le but d’éviter que la liberté de presse ne fomente un esprit révolutionnaire. Bien que François II ait octroyé la Constitution, Liborio Romano craint l’anarchie et impose au souverain ce choix réactionnaire. Voir Zazo Alfredo, 1985, Il giornalismo a Napoli, Naples, Procaccini.

    24 Contrairement à la pratique traditionnelle du journalisme.

    25 Toma Piero Antonio, 1999, Giornali e giornalisti a Napoli, 1799-1999, Naples, Grimaldi, p. 95.

    26 Le titre de l’article est « Ringraziamenti » (« Remerciements ») en première page du n° 8 de L’Indipendente.

    27 L’Indipendente, n° 181, 22 décembre 1862.

    28 Schopp Claude, Chroniques napolitaines, op. cit., p. 18.

    29 L’Indipendente, n° 66, 4 août 1862.

    30 Croce Benedetto, 1927, « Alessandro Dumas a Napoli », in id., Uomini e cose della vecchia Italia, vol. ii, Bari, G. Laterza & Figli, p. 352, n. 2.

    31 Le 4 septembre 1863, dans une note incluse dans le n° 198, il informe ses lecteurs de la prochaine parution de ce livret.

    32 Francesco Ruffo avait son magasin en face des bureaux de L’Indipendente. Son homicide effrayant et le procès qui suivit, secouèrent l’opinion publique napolitaine. Les coupables échappèrent à la peine capitale grâce à la décision des jurés qui, pour protester contre l’application de la peine de mort, la changèrent en peine à perpétuité. Dumas conteste durement les juges du procès qui, simples « exécuteurs de la loi » se changent en « législateurs ». Si le journaliste est si troublé par cet acte de clémence, que l’on pourrait définir aujourd’hui de désobéissance civile, c’est parce que le procès a démontré que l’assassinat a été accompli dans la lucidité la plus totale et qu’il n’a pu faire place à aucune circonstance atténuante, et que les juges se sont laissé transporter par un vague idéalisme qui n’apporte aucun bénéfice à la justice et encore moins à l’ordre et à la légalité.

    33 Écoutons-le dissuader le parti réactionnaire dans le n° 1 du jeudi 15 mai 1862 : « La fin tragique de Borjès aurait dû ouvrir les yeux aux comités bourboniens établis à l’étranger, et qui dépensent des sommes immenses pour tromper des sots […] dans nos provinces où ces pauvres diables sont immédiatement fusillés ».

    34 Schopp Claude, Chroniques napolitaines, op. cit., p. 15.

    35 L’Indipendente, n° 21, 9 juin 1862.

    36 Ibid., n° 239, 24 octobre 1863 ; le brigand en question est Nicola Napoletano dit Caprariello.

    37 On peut consulter le n° 59 du 28 juillet 1862 pour voir comment Dumas contre-attaque les menaces personnelles.

    38 Dumas Alexandre, 1862, Cent ans de brigandage dans les provinces de l’Italie méridionale, livre iv, s. l.

    39 Schopp Claude, Chroniques napolitaines, op. cit., p. 229-262.

    40 L’Indipendente, n° 51, 17 juillet 1862.

    41 Ibid., n° 75, 16 août 1862.

    42 Voir Doria Gino, 1931, « Il brigantaggio nelle province meridionali », in Società di storia patria (dir.), Archivio storico per le province napoletane, année lvi, Naples, Cooperativa Tipografica Sanitaria, p. 388-409. Pour l’historien napolitain, la permanence du brigandage et son développement sont à rechercher dans la connivence entre ce dernier et les couches de la bourgeoisie montante. Celle-ci entend jouer la carte de l’autonomie sociale et tirer les ficelles entre les absolutistes bourboniens et les partisans de la nouvelle monarchie libérale. À décharge des Bourbons de Naples, précisons que si le brigandage a proliféré durant le long régime monarchique, les organisations criminelles n’ont jamais mis en danger le pouvoir du souverain et des autorités comme, en revanche, cela se produira après l’Unité. L’analyse de Jeuland-Meynaud Maryse, 1973, La ville de Naples après l’annexion (1860-1915). Essai d’interprétation historique et littéraire, Aix-en-Provence, Éditions de l’université de Provence, p. 49, nous semble particulièrement incisive : « Le processus de provincialisation et de paupérisation eut comme phénomène concomitant la dégradation morale de la ville que la misère à elle seule ne suffirait pas à expliquer. Le gouvernement autoritaire des Bourbons disposait d’un réseau policier aux ramifications nombreuses que les émigrés politiques ont représenté, avec quelque raison, comme une institution intolérable et corrompue. Néanmoins, s’il est probable que la police bourbonienne composait à l’occasion avec la délinquance locale, elle ne savait pas moins en contenir les abus et empêcher son immixtion dans la vie politique. Au lendemain de l’Unité, dès que le régime libéral commença à fonctionner, la ville se trouva pratiquement livrée à elle-même. Par sa définition même le nouvel État se gardait d’intervenir dans les affaires municipales ou privées, de sorte que les classes dirigeantes purent impunément faire la pluie et le beau temps et recourir, quand leur intérêt le leur commandait, aux bons offices des éléments les plus troubles de la population napolitaine ».

    43 L’Indipendente, n° 178, 18 décembre 1862.

    44 Ibid., n° 18, 5 juin 1862.

    45 Ibid., n° 13, 30 mai 1862.

    46 Ibid., n° 12, 28 mai 1862.

    47 Il s’agit d’un projet de loi sur la taxation des revenus dans le cadre de la loi de budget de l’État.

    48 La Commission d’enquête parlementaire permanente sur la mafia et autres associations criminelles, créée en 1996, a pour but de centraliser les investigations dans ce domaine sous une autorité principale.

    49 Présentée par la droite comme « un moyen exceptionnel et temporaire de défense », elle demeure en vigueur jusqu’au 31 décembre 1865.

    50 Loi concernant le régime pénitentiaire qui partage les détenus en deux catégories, communs et spéciaux. Voir la loi n° 354 du 26 juillet 1975 contre les condamnés convaincus de terrorisme, la loi n° 663 du 10 octobre 1986 et le décret-loi n° 306 du 8 juin 1992 qui concernent particulièrement les organisations criminelles (mafia, Camorra, N’drangheta…). Une application élargie et plus rigoureuse entre en vigueur après le maxiprocesso de Palerme en 1986 (superprocès, premier procès en date contre les mafieux reconnus comme tels) instruit par le juge Giovanni Falcone, et surtout à la suite de l’attentat de Capaci (mai 1992, Sicile) où le juge Falcone, son épouse et cinq membres de son escorte trouvent la mort.

    51 Roberto Saviano est né à Naples en 1979. Son roman est traduit dans trente-trois pays. À la suite du succès de son livre, des déclarations des collaborateurs de justice, des menaces prononcées durant le procès par les patrons du clan des casalese (affiliés de la Camorra de Casal di Principe en Campanie), l’écrivain vit sous escorte. Rappelons le Grand Prix spécial du jury obtenu à Cannes par l’adaptation cinématographique du roman en 2008.

    52 Toma Piero Antonio, Giornali e giornalisti a Napoli 1799-1899, op. cit., p. 100. Pour Gianni Infusino, « Alexandre Dumas mérite une place à part dans l’histoire du journalisme napolitain, il est digne de figurer aux côtés d’Edoardo Scarfoglio et de Diodato Lioy qui fondèrent Il Mattino et le Roma » (Infusino Gianni, 1972, « Préface », in Dumas Alexandre [édité par Infusino Gianni], Alessandro Dumas giornalista a Napoli, Naples, Éd. del Delfino, p. 9).

    53 Croce Benedetto, Alessandro Dumas a Napoli, op. cit., p. 349.

    54 L’Indipendente, n° 179, 19 décembre 1862.

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    Patierno, A. (2019). La lutte éditoriale d’Alexandre Dumas contre le brigandage dans L’Indipendente. In S. Mombert & C. Saminadayar-Perrin (éds.), Un mousquetaire du journalisme : Alexandre Dumas (1‑). Presses universitaires de Franche-Comté. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pufc.6212
    Patierno, Alvio. « La lutte éditoriale d’Alexandre Dumas contre le brigandage dans L’Indipendente ». In Un mousquetaire du journalisme : Alexandre Dumas, édité par Sarah Mombert et Corinne Saminadayar-Perrin. Besançon: Presses universitaires de Franche-Comté, 2019. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pufc.6212.
    Patierno, Alvio. « La lutte éditoriale d’Alexandre Dumas contre le brigandage dans L’Indipendente ». Un mousquetaire du journalisme : Alexandre Dumas, édité par Sarah Mombert et Corinne Saminadayar-Perrin, Presses universitaires de Franche-Comté, 2019, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pufc.6212.

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    Mombert, S., & Saminadayar-Perrin, C. (éds.). (2019). Un mousquetaire du journalisme : Alexandre Dumas (1‑). Presses universitaires de Franche-Comté. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pufc.6047
    Mombert, Sarah, et Corinne Saminadayar-Perrin, éd. Un mousquetaire du journalisme : Alexandre Dumas. Besançon: Presses universitaires de Franche-Comté, 2019. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pufc.6047.
    Mombert, Sarah, et Corinne Saminadayar-Perrin, éditeurs. Un mousquetaire du journalisme : Alexandre Dumas. Presses universitaires de Franche-Comté, 2019, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pufc.6047.
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