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Les Ruines de Paris.
Une forme particulière de littérature d’anticipation
p. 111-122
Texte intégral
1Les 7, 8 et 9 mai 1855, Alexandre Dumas publie dans les Causeries de son journal Le Mousquetaire un petit texte humoristique qui aura une influence importante sur une forme particulière de la littérature d’anticipation du xixe siècle en France, car d’autres auteurs reprendront l’idée de base de ce texte et créeront ainsi un sous-genre de la littérature futuriste : le traitement comique des ruines de Paris dans un avenir lointain. Ce thème et son origine dans les Causeries de Dumas seront analysés dans les pages suivantes.
2Dans le texte de ces trois numéros du Mousquetaire, qui sera d’ailleurs – légèrement allongé – publié deux ans plus tard dans le premier recueil des Causeries sous le titre « Ah ! qu’on est fier d’être français »1, Dumas fait une âpre critique de l’inscription latine de la colonne Vendôme dont il relate d’abord l’histoire : après la victoire d’Austerlitz, Napoléon a fait construire, avec des canons pris à ses ennemis, la colonne Vendôme, dans le genre de la colonne Trajane à Rome. Ensuite il a donné à l’Institut l’ordre de faire une inscription latine, qui devrait dire à peu près : « Cette colonne, fondue avec les canons pris à l’ennemi, a été dédiée par l’empereur Napoléon à la gloire de la grande armée ».
3Les membres de l’Académie des inscriptions et belles-lettres ont rédigé l’inscription qui figure encore aujourd’hui sur la colonne Vendôme et qui cause le courroux de Dumas, parce qu’il pense que le latin utilisé est absurde. Pour illustrer sa critique, il utilise le trait d’esprit suivant qui est particulièrement heureux et sera repris plusieurs fois par ses imitateurs :
Supposons, ce qu’à Dieu ne plaise, qu’un jour les monuments de Paris seront couchés sur la poussière de son peuple, comme sont couchés sur la poussière des Chaldéens et des Arabes ceux de Babylone et de Palmyre.
Supposons qu’un vol de savants australiens s’abatte, dans 4 000 ans, à l’entour des ruines de la colonne triomphale de 1805.
Supposez, une troisième fois, que les lettres de l’inscription soient restées visibles, et que ces savants puissent lire ces dix-neuf mots latins et la date qui les accompagne.
nea. polio. imp. avg.
monvmentvm. belli. germanici.
anno. mdcccv
trimestri. spatio. dvctv. svo. profligati
ex. aere. captogloriae. exercitvs. maximi. dicavit
Voici, selon toute probabilité, quelle sera la traduction mot à mot des Champollion de 5855 :
Nea-Polio, Néarque-Polion, imp. général, Aug. d’Auguste, dicavit dédia, monumentum ce tombeau, belli de guerre, Germanici de Germanicus, gloriae à la gloire, Maximi de Maxime, anno MDCCCV l’an 1805, ex aere de l’argent, capto pris, profligati du battu, ductu suo par sa conduite, spatio dans l’espace, trimestri d’un trimestre.
En bon français, comme nous disions au collège :
Néarque Polion, général d’Auguste,
Dédia ce tombeau de guerre de Germanicus
À la gloire de l’armée de Maxime
L’an 1805
Avec l’argent pris du battu par sa conduite
Dans l’espace d’un trimestre.
4Ces chercheurs imaginaires du futur arriveront donc à une traduction de l’inscription tout à fait contraire à l’intention de Napoléon, mais Dumas souligne que leur traduction, résultat des lamentables connaissances en latin des académiciens, sera néanmoins correcte. Dans la suite, il se concentre surtout sur le fait que cette inscription en pauvre latin causera une confusion sans bornes aux scientifiques de l’avenir, qui ne comprendront jamais comment ce général Néarque-Polion pouvait, en 1805, dédier un tombeau à Maxime, qui vivait au iiie siècle, et à Germanicus, mort en 19 après Jésus-Christ. Dumas insinue donc que les hommes de l’avenir auront une image entièrement erronée de l’histoire romaine et française à cause de cette inscription ridicule.
5Avec cette causerie, Dumas invente une forme particulière de la littérature d’anticipation en France au xixe siècle, à savoir des petits contes qui utilisent comme argument principal l’idée de chercheurs de l’avenir qui visitent les ruines d’un « Paris futur » et donnent des interprétations aberrantes de ses débris et ses inscriptions, ce qui les amène à des hypothèses grotesques sur l’histoire de France. Plusieurs auteurs écrivent de tels contes, au cours de la seconde moitié du xixe siècle, et nous allons en présenter les trois plus importants dont les deux premiers publient leurs récits respectifs très peu de temps après le texte de Dumas.
I. Joseph Méry, Les Ruines de Paris
6Le premier de ces auteurs est Joseph Méry, qui reprend l’idée de Dumas un an seulement après la parution des causeries du Mousquetaire. Méry s’occupe à cette époque intensivement du Paris de l’avenir : en 1854 déjà, il avait publié deux écrits sur ce thème, dont l’un s’intitule justement Paris futur et l’autre Paris port de mer2. Ce dernier texte est publié sous la forme d’une lettre à Alexandre Dumas, et Méry y affirme la nécessité que Paris devienne un port de mer3. La réflexion se prolonge dans le texte qui nous intéresse ici : en 1856, Méry publie dans le recueil Un mariage à Paris le conte Les Ruines de Paris4, où il donne au lecteur une image de l’avenir de la capitale en développant sous la forme d’un véritable récit l’idée de Dumas de combiner les ruines de Paris – c’est-à-dire un sujet sérieux – avec les interprétations ridicules de chercheurs du futur, ce qui aboutit à un texte hilarant.
7On peut même supposer que Dumas et Méry avaient parlé de ce sujet, car Dumas ne connaissait pas très bien le latin et consultait fréquemment son ami sur la question. Dans une lettre du 4 mars 1855, Dumas prie Méry de lui traduire quelques vers en langue latine, et à la fin de la lettre lui confie : « J’ai à vous consulter sur une chose que je fais »5. On peut supposer que Dumas parle de son projet concernant l’inscription de la colonne Vendôme, dont il souhaite discuter avec Méry et dont il publie le résultat seulement deux mois après cet échange épistolaire. Ainsi, on pourrait penser que Dumas lui-même avait parlé avec Méry de son idée d’écrire un petit texte sur les débris futurs de la colonne Vendôme et que ce dernier, en tant que conteur, s’est rendu compte de la valeur littéraire du trait d’esprit dont il nourrira son propre récit une année plus tard.
8Le conte de Méry se situe en 3844 et, dans cet avenir imaginaire, l’Europe a perdu sa position dominante dans le monde alors que le nouveau centre de la civilisation est formé par la « Fraternité africaine ». Méry utilise donc le principe de la translatio imperii que Dumas avait déjà évoqué, en imaginant que Paris et les Français auront perdu leur statut privilégié dans l’avenir comme l’avaient perdu avant eux les peuples de Babylone et de Palmyre – deux illustres cités détruites qu’il compare avec la capitale française6. En abaissant les anciens maîtres du monde, Dumas élève les anciens peuples « barbares », car il choisit les Australiens comme chercheurs du futur. Ce principe d’une translatio imperii, également utilisé par Méry, est constitutif de tous les récits que nous analysons ici7, ce qui montre que l’optimisme de l’Europe colonialiste du xixe siècle a rapidement eu pour adversaires ceux qui regardaient l’avenir d’un œil plutôt pessimiste, et craignaient un déclin de la civilisation occidentale.
9Chez Méry, les Africains occupent la position dominante dans le monde, tandis que l’Europe est devenue un désert inhabité, ce que montre déjà la première étape de l’excursion des héros de ce conte : « Ils firent leurs premiers repas sur le rivage désert où l’on dit que florissait autrefois une ville nommée Marseille »8. Les héros, Denis Zabulon et Jérémie Artémias, sont d’ailleurs deux archéologues du nouveau centre de la civilisation, qui font un voyage de recherche dans Paris, tombé en ruines depuis bien des siècles. Ces deux hommes sont « les flambeaux de la science moderne », mais les résultats de leurs recherches montreront vite le caractère lamentable de ces savoirs.
10Peu après leur repas près de l’ancienne Marseille, les deux amis arrivent à Paris – ou plutôt aux restes de la capitale, qui ne consiste plus qu’en « quatre-vingts kilomètres de ruines moussues ». Les chercheurs commencent leurs fouilles dans les ruines, et leur première trouvaille est une mosaïque de l’église de la Madeleine qui montre une scène de la crucifixion. Les protagonistes arrivent à leur première supposition ; ils pensent que les Parisiens du xixe siècle sont vêtus comme des Romains, car ils prennent la date de la fabrication de la mosaïque pour la date de la scène représentée. Denis Zabulon tire cette conclusion :
Cette mosaïque […] donne une idée exacte de l’ameublement et des costumes de cette époque, dont elle garde la date, 1848. Quelle antiquité ! Les jeunes gens de Paris portent un costume à peu près romain, une cuirasse, des brassards, un casque et des sandales9.
11L’interprétation erronée des restes de l’église de la Madeleine continue, car les deux amis s’occupent aussi de l’inscription du portail de l’église qu’ils traduisent d’une manière absurde. Cette interprétation fautive d’une inscription nous fait déjà penser au texte de Dumas, et l’épisode suivant prouve ce lien d’une manière convaincante. Les deux chercheurs regardent l’inscription de la colonne Vendôme que nous connaissons déjà :
nea polio. imp. aug. monumentum belli germanici anno 1805 trimestri spatio ductu sub profligati ex aere capto gloriae exercitus maximi dicavit.
12Nos experts concluent ceci :
Cette colonne triomphale a été dédiée à la gloire d’une armée très considérable, exercitus maximi, par Nea Polion, général d’Auguste, Nea Polio, imperator augusti. Rien de plus clair. C’est le monument de la guerre de Germanicus, monumentum belli Germanici, achevée dans un trimestre, trimestri spatio ; fort mauvais latin, mais fort clair. La colonne fut construite avec le bronze pris du vaincu, ex aere capto profligati, c’est-à-dire avec toutes les pièces de monnaie de cuivre trouvées chez l’ennemi, ou avec son trésor, aere10.
13Méry copie presque mot à mot l’interprétation que Dumas avait mise dans la bouche de ses archéologues. En outre, il prolonge l’âpre critique dumasienne de l’inscription – non seulement avec ce commentaire du scientifique qui juge « fort mauvais » le latin qu’il déchiffre, mais aussi en ajoutant une note explicative à l’inscription latine : « Inscription absurde par le fond et la forme, et qu’on est honteux de lire sur le stylobate de la colonne Vendôme ; et il y avait en 1805 une académie d’inscription et belles-lettres ! ! ! »11. Cette violente critique est révélatrice car, dans Paris port de mer, Méry critique également l’Institut. Là aussi, cette critique est liée à une anecdote sur Napoléon, auquel les académiciens donnent de mauvais conseils – exactement comme dans la causerie de Dumas et la nouvelle de Méry qui la suit. Dumas et Méry combinent ainsi leurs descriptions spirituelles de « Paris futur » toujours avec une âpre critique contre les académiciens12. Par ailleurs, cette proximité semble démontrer que Dumas et Méry avaient parlé de cette idée d’une interprétation fautive de l’inscription de la colonne Vendôme avant la rédaction de leurs deux textes.
14Cependant, contrairement à Dumas, Méry ne se contente pas de l’interprétation absurde de cette inscription, mais l’intègre dans un contexte plus large d’une vue globale – totalement erronée – du passé de la France par ses savants. Après avoir traduit l’inscription de la colonne, les chercheurs raisonnent :
Nea Polion, général d’Auguste, eut donc la gloire de terminer la guerre de Germanicus ; et il éleva cette colonne, à Paris, probablement sous le règne du roi de Rome […]. L’inscription est d’autant plus précieuse qu’elle relève une erreur chronologique de seize siècles environ ; qu’elle fixe le règne d’Auguste en 1805 ; qu’elle précise exactement la fin de la fameuse guerre de Germanicus, et qu’enfin elle prouve qu’en 1805 la langue latine quoique bien dégénérée, était parlée à Paris. Ce ne fut donc qu’à la fin du dix-neuvième siècle que la langue française se forma de la putréfaction du latin13.
15L’interprétation de la colonne Vendôme renforce donc leur conviction que la vie dans la France du xixe siècle était celle de l’Antiquité romaine, et cette fausse croyance domine le récit entier. La religion des Français est aussi intégrée dans ces thèses ineptes, car quand les amis découvrent le Panthéon, ils pensent qu’il s’agit d’un monument païen et concluent :
Paris conservait le culte des dieux en 1875. Ce monument dominateur résumait dans les airs les croyances religieuses de cette époque. La croix du Christ n’était pas connue à Paris en 1875 ; si elle eût été connue, nous la verrions certainement sur le plus élevé de tous ses édifices, et sur ce dôme où planait un génie païen. En 1875, Paris avait encore foi aux génies14.
16Avant de terminer leur excursion, ils remarquent un panneau de la faculté des droits indiquant « Ius romanum. 1853 », ce qui leur inspire cette remarque :
Jus romanum ! dit Artémias en croisant les mains par dessus son front. En 1853, Paris était gouverné par le droit romain ! Les pères y coupaient la tête à leurs enfants, et l’esclavage n’y était pas aboli ! Grand Dieu, que la terre a été longtemps acharnée dans ses erreurs15.
17Ce n’est pourtant pas la terre, mais bien les deux héros qui sont acharnés dans leurs erreurs car, à la fin de leur voyage, ils sont convaincus que la France du xixe siècle n’était qu’une colonie romaine parlant latin et restée païenne.
II. Alfred Bonnardot, Archéopolis
18Une année seulement après Méry, Alfred Bonnardot publie un conte similaire intitulé Archéopolis, dans le journal L’Abeille impériale16. Ce journal « de la cour avec des nouvelles de la cour de la France et des cours étrangères » fut fondé, comme Le Mousquetaire de Dumas, en 185317 et, dans la mesure où Méry écrivait lui aussi dans L’Abeille impériale, on peut supposer que Bonnardot connaissait son texte – et probablement aussi la causerie de Dumas.
19Le texte de Bonnardot est constitué de quatre chapitres dont le premier porte justement le titre du petit conte de Méry, à savoir « Les Ruines de Paris ». Dans ce chapitre, le narrateur se retrouve dans un paysage plein de ruines et y reconnaît les restes de Paris. Tout d’un coup, des chercheurs apparaissent avec un engin volant et commencent à examiner ces ruines. Leurs premières suppositions donnent déjà idée de leur incompétence :
Ici, dit le doyen de la troupe, en toisant trois colonnes mutilées, et encore debout, de l’église de la Madeleine, ici s’élevait autrefois le palais dit des Invalides, c’est-à-dire Infirmes ; c’était un des plus somptueux monuments de la rive droite18.
20Chez Bonnardot comme chez Méry les fausses conjectures commencent donc avec l’église de la Madeleine qui est prise cette fois pour une partie du dôme des Invalides – lequel est d’ailleurs mal placé dans la géographie parisienne.
21Le débat des chercheurs porte la date du « 7 juillet de 9957 ». Bonnardot utilise ici un procédé traditionnel : il choisit l’époque imaginaire où il situe son récit en ajoutant un chiffre rond à la date de la rédaction19. Bonnardot ajoute 8 000 ans à la date de la publication de son conte, doublant le laps de temps choisi par Dumas, qui s’était contenté de 4 000 ans. Dumas change d’ailleurs la date de l’arrivée de ses chercheurs dans la publication ultérieure de son conte dans le recueil des Causeries : comme ce recueil ne paraît qu’en 1857 – donc au même moment que le conte de Bonnardot – il y parle « des Champollion des 5857 » et non plus de 5855, ce qui montre son souhait que l’épisode du futur se passe exactement 4 000 ans après la publication.
22Dans l’avenir lointain que Bonnardot imagine20, le monde a un nouveau centre civilisateur qui se trouve comme chez Méry en Afrique, car la capitale du monde est maintenant « […] la célèbre ville d’Archéopolis, sise en cette partie du globe que les anciens nommaient l’Afrique centrale »21. Les hommes du futur décident d’emmener le narrateur dans cette ville après avoir terminé leurs recherches dans les ruines de Paris. Le narrateur se voit transporté des « déserts de la France » dans une « immense et bruyante cité », qui est la « capitale du monde civilisé de l’an 9957 »22.
23À l’Académie des sciences d’Archéopolis, le héros peut suivre un « cours d’antiquités françaises » qui présente les résultats de l’excursion des chercheurs aux ruines de Paris, et ce qu’il y entend suit les modèles de Dumas et de Méry. D’abord quelques études sont lues qui falsifient l’histoire de la France : par exemple un académicien confirme que la phrase « Dieu vous bénisse […] s’adressait évidemment aux individus qui avait le hoquet »23. D’autres académiciens ajoutent des suppositions aussi ridicules, en affirmant entre autres que Napoléon était le successeur de Louis XVII. Ces scientifiques n’ont pas non plus peur de rejeter des connaissances correctes de leurs prédécesseurs : ainsi ils réprouvent l’interprétation que l’inscription IHS signifie « Iesus Hominum Salvator », et remplacent cette traduction correcte par leur conjecture absurde que ces trois lettres veulent dire « Johannis Henrici Sculptor », parce qu’ils pensent que ces lettres se réfèrent au sculpteur Jean Goujon.
24Ainsi tout ce cours consacré à l’histoire de la France est une série d’interprétations fausses et de convictions erronées. Enfin le narrateur veut protester contre cette falsification, mais il n’arrive pas à le faire, car le texte finit de la façon suivante :
À cet endroit du discours, je n’y tins plus ; je me levai avec la ferme résolution d’éclairer l’assemblée […] et j’allais une bonne fois lancer mon explication à la tête du tranchant discoureur, quand une sorte d’huissier, s’avançant au milieu de la salle, s’écria d’une voix de basse-taille : Messieurs, il est six heures !
À cette soudaine exclamation […] plus d’un honorable collègue se réveilla en sursaut, enchanté d’en être à la clôture et de toucher à l’heure du repas. En voyant sauteler toute cette grenouillerie, j’éclatai d’un si fou rire, que je me réveillai moi-même, et me reconnus au milieu de mes ustensiles de ménage du xixe siècle. De tout ce que j’avais cru entendre, cinq mots seuls avaient réellement été prononcés : Monsieur, il est six heures ! À l’instant même, la même voix les répéta. C’était celle de mon domestique, qui, sur mon ordre de la veille, venait m’avertir qu’il était temps de m’habiller, car, à huit heures, je devais me mettre en route pour aller visiter les ruines de Rome24.
25Tout le récit n’était qu’un rêve – un rêve motivé par des faits réels, à savoir l’intention du narrateur de visiter les ruines de Rome le lendemain. De cette façon Bonnardot arrive aussi à lier les ruines de Rome à celles d’un « Paris futur » : il espère que Paris sera visité par des curieux de l’avenir grâce à ses ruines, comme était visitée Rome par ses propres contemporains, et cela peut aussi être interprété comme un hommage à Napoléon III et au baron Haussmann, car Bonnardot montre avec cette comparaison qu’il regarde Paris comme la capitale du monde, à la façon de Rome dans l’Antiquité. Ce récit s’intègre bien dans le programme de L’Abeille impériale qui, comme le montre le titre, était proche de Napoléon III.
III. Alfred Franklin, Les Ruines de Paris en 4875
26Environ vingt ans plus tard, Alfred Franklin, expert de l’histoire de Paris et conservateur de la bibliothèque Mazarine, écrit en 1875 Les ruines de Paris en 4875 (on reconnaît le procédé typique consistant à ajouter un chiffre rond à la date de la rédaction)25.
27Le texte de Franklin26 est un roman épistolaire comprenant sept lettres, qui sont présentées au lecteur sans introduction. Ces lettres sont des extraits d’un échange entre une expédition scientifique qui a pour but de découvrir les ruines de Paris et l’Académie des sciences de Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie, qui est le nouveau centre du monde, en raison d’un « cataclysme qui a bouleversé tout le vieux monde »27. Nous sommes donc pour la quatrième fois confrontés au principe de la translatio imperii et, cette fois, l’inversion des centres de la civilisation est particulièrement provocatrice : tandis que la France n’est plus qu’un pays en ruines c’est justement la Nouvelle-Calédonie, c’est-à-dire une ancienne colonie pénitentiaire, qui a atteint la position dominante dans le monde.
28Des archéologues de ce nouveau centre de la civilisation arrivent dans le Paris du cinquième millénaire, et découvrent « une ville d’aspect misérable » avec à peu près 2 000 habitants – ceux-ci aident les chercheurs à découvrir les ruines, mais, malgré l’aide de ces autochtones, ces découvertes ne mènent pas à de meilleurs résultats que celles des contes de Méry et de Franklin.
29La fin de la première lettre donne déjà une impression du travail des archéologues, car ils écrivent sur « l’arc triomphal élevé par un des derniers Poléons de la France »28. Ils pensent donc que Napoléon était issu d’une longue dynastie, dont le nom est resté sous la forme incomplète « Poléon » – forme qui est ordinairement utilisée par les enfants, et l’opposition républicaine… Les inscriptions de l’Arc de Triomphe donnent lieu à des erreurs plaisantes : Lafayette et Kléber sont des noms de batailles, tandis que Valmy et Austerlitz sont des grands guerriers !
30Les lettres suivantes décrivent beaucoup de trouvailles des chercheurs, et d’absurdes conjectures qui s’ensuivent, comme celle-ci :
M. de Beaupré démontre, en effet, avec évidence que la grande révolution géologique par laquelle la France a été anéantie s’est produite vers le milieu du dix-septième siècle, et au plus tard vers l’an 1700 de l’ère chrétienne. On doit donc, sans hésiter, regarder comme falsifiés ou interpolés, dans les fragments conservés d’auteurs français, tous les passages qui semblent accorder à Paris une plus longue existence29.
31Les chercheurs paraissent encore plus ridicules parce qu’ils affirment leurs âneries avec grande conviction ; cette arrogance sans fondement se révèle aussi dans cet épisode hilarant : les scientifiques découvrent le panneau de rue des Champs-Élysées dont seulement le fragment « Avenue des Ch…s-.l…es » est encore lisible, et nous présentent une interprétation surprenante : « Une courte conférence nous suffit pour restituer les lettres effacées par le temps, et compléter l’inscription, qui doit évidemment être lue ainsi : Avenue des Chefs-Illustres »30. En outre les chercheurs voient dans le Louvre une nécropole – ne trouvant d’autre explication pour toutes ces statues et tableaux. Les gens de l’avenir auront donc chez Franklin une image de Paris aussi erronée que celle qu’avaient décrite Méry et Bonnardot.
32Pierre Versins souligne la qualité littéraire du texte de Franklin : « Cet érudit français […] a porté à un haut point de perfection [ce] thème »31. D’ailleurs, ce sujet sera encore traité par d’autres auteurs à la fin du xixe et au début du xixe siècle32.
IV. Les ruines de Paris : un thème récurrent
33Les textes de Dumas, Méry, Bonnardot et Franklin s’inscrivent d’une manière hautement intéressante dans l’histoire de la littérature futuriste ; les ruines de Paris constituent une thématique récurrente dès 1771, lorsque Louis-Sébastien Mercier publie L’An 2440 dont le grand succès établit la littérature conjecturale comme genre littéraire accepté33.
34Après Mercier, ce sont encore des auteurs français qui explorent les diverses possibilités de situer une action fictive dans le futur, comme Charles Nodier qui invente le voyage corporel d’un héros dans l’avenir, ou Émile Souvestre qui développe une inquiétante utopie négative futuriste34. Dans cette période, et à la suite de Mercier, « Paris futur » devient un des sujets de prédilection35. Cette popularité est aussi due aux changements que la capitale a connus tout au long du xixe siècle. Ces changements, et particulièrement l’urbanisme dus au baron Haussmann, mènent bien des auteurs à réfléchir sur un possible avenir de leur ville.
35La place des ruines est centrale dans ce type de littérature. Déjà Mercier l’avait utilisé : à la fin de L’An 2440, le protagoniste visite les ruines de Versailles36 et y subit la piqûre d’une couleuvre – cet épisode est repris par Bonnardot, dont le narrateur voit aussi une couleuvre près de Versailles : un clair hommage intertextuel. D’autres auteurs iront plus loin et décriront Paris entier tombé en ruines, comme Émile Souvestre dans Le Monde tel qu’il sera. Cependant, chez Souvestre, ces ruines ne sont qu’un élément de sa contre-utopie, alors que la fausse interprétation des ruines est le sujet principal des textes de Dumas et ses successeurs.
36Par ailleurs, dans ces récits, on peut observer d’une manière exemplaire comment les conventions de la littérature futuriste se développent : Bonnardot utilise le cadre que Mercier a inventé pour transporter un héros à l’avenir – le rêve. Le narrateur ne se trouve jamais réellement dans le futur, et se réveille à la fin du conte. Méry, en revanche, s’émancipe de ce cadre et place directement son héros dans l’avenir, ce qui est typique de tous les récits futuristes du xxe siècle, mais était tout nouveau pour son époque. Méry est un des premiers à s’abstenir de toute explication pour le saut dans l’avenir et, en abandonnant entièrement le cadre narratif que Mercier ou Bonnardot trouvaient encore obligatoire pour légitimer une narration placée dans le futur, il inaugure une forme résolument moderne de littérature conjecturale37.
37Les récentes avancées de la recherche, avec l’ANR « Anticipation » consacrée aux romans d’anticipation dans la période 1860-1940, ont attiré l’attention sur cet important corpus jusqu’alors trop méconnu ; ces dernières années sont parues des éditions nouvelles des trois textes que nous avons présentés après celui de Dumas38. Ce regain d’intérêt souligne la richesse du corpus qui s’est constitué grâce aux Causeries de Dumas.
Notes de bas de page
1 Il y a quelques petites différences entre les deux versions, dont seul un changement de date est important pour notre contribution et sera abordé plus tard. On se concentrera sur la version originale du Mousquetaire, l’origine de la série de textes analysés dans cet article.
2 Méry Joseph, 1854, Paris futur, paru dans Semaine littéraire du Courrier des États-Unis, p. 78-80 ; et Paris port de mer, in id., Les Matinées du Louvre, Paris, V. Lecou, 1855, p. 278-282.
3 « Paris port de mer » est un sujet important dans toutes les discussions concernant le Paris de cette époque et un espoir pour beaucoup de ceux qui réfléchissent sur l’avenir de la capitale. Mercier avait déjà suggéré que la Seine devienne navigable pour de grands bateaux, et au xixe siècle, d’autres auteurs font de Paris un véritable port de mer : Gautier dans Paris futur (1851), Jules Verne dans son roman Paris au xxe siècle (écrit en 1862, mais publié seulement en 1994), ou Victor Fournel dans Paris nouveau et Paris futur (1865, Paris, J. Lecoffre, p. 325-326). Ce dernier donne un bon exemple de cet espoir des contemporains de Dumas : « Mercier […] dans son Tableau de Paris, où il revient particulièrement, avec une certaine insistance, sur le projet de rendre la Seine navigable aux grands vaisseaux et de faire de Paris un port […]. Ce projet, qui pouvait jadis paraître une utopie, est tombé aujourd’hui dans le domaine des gens pratiques, et il est probable qu’il ne se passera pas bien longtemps avant qu’il s’exécute ».
4 On peut supposer que ce texte est paru antérieurement dans un journal. En 1995 une nouvelle édition a été publiée avec deux autres contes : Méry Joseph, 1995, Les Ruines de Paris. Les Deux Batailles. Infortunes amoureuses des éléphants, Poitiers, Paréiasaure Théromorphe (toutes les références à ce texte renverront à cette édition).
5 L’autographe de cette lettre se trouve à la Pierpont Morgan Library de New York (Bassan Fernande, 1981, « Lettres de Dumas père conservées à la Pierpont Morgan Library à New York », Bulletin du bibliophile, n° ii, p. 192-193). Je remercie vivement Claude Schopp de m’avoir indiqué cette lettre.
6 Voir plus haut la citation de la causerie.
7 L’importance du concept de la translatio imperii pour les textes d’anticipation du xixe siècle est traitée par : Hudde Hinrich, 1997, « “Le roman de l’avenir”. Erzählte Zukunft in der französischen Literatur des 19. Jahrhunderts », in Wehinger Brunhilde (éd.), Konkurrierende Diskurse. Studien zur französischen Literatur des 19. Jahrhunderts: zu Ehren von Winfried Engler, Stuttgart, Steiner, p. 331.
8 Méry Joseph, Les Ruines de Paris, op. cit., p. 2.
9 Ibid., p. 4.
10 Ibid., p. 6.
11 Ibid., p. 15.
12 Il existe un autre lien entre les deux auteurs car, ainsi que Méry le souligne lui-même (Paris port de mer, op. cit., p. 210), l’anecdote racontée dans Paris port de mer a déjà été utilisée par Dumas dans son drame La Barrière de Clichy, ce qui montre que les deux amis utilisaient souvent les mêmes idées pour leurs textes respectifs.
13 Méry Joseph, Les Ruines de Paris, op. cit., p. 6.
14 Ibid., p. 11.
15 Ibid.
16 En 1859, ce texte est intégré dans le recueil de Bonnardot, Fantaisies multicolores, publié à 200 exemplaires seulement, chez Castel à Paris (toutes les références à ce texte renverront à cette édition). Voir Versins Pierre, 1972, Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science-fiction, Lausanne, L’Âge d’homme, p. 121.
17 Voir Hatin Eugène, 1866, Bibliographie historique et critique de la presse périodique française, Paris, Didot, p. 526.
18 Bonnardot Alfred, Archéopolis, publié dans Fantaisies multicolores, op. cit., p. 64.
19 Ce procédé sera utilisé aussi par Hippolyte Mettais seulement quelques années plus tard : en 1865, il publie son roman L’An 5865 ou Paris dans quatre mille ans. Sur cette question, voir Hudde Hinrich, 1988, « L’influence de Mercier sur l’évolution du roman d’anticipation », in Hudde Hinrich et Kuon Peter (éd.), De l’utopie à l’uchronie, Tübingen, Narr, p. 120-121.
20 Il est étonnant qu’un auteur du milieu du xixe siècle situe un conte futuriste dans l’an 9957, car à cette époque presque tous les auteurs des contes d’anticipation se contentent de placer l’action seulement quelques centaines d’années dans l’avenir, comme Mercier (dont l’action se déroule en 2440) ou Souvestre (3000). Bonnardot est un des premiers à décrire un futur très lointain, et c’est seulement à la fin du xixe siècle que des auteurs comme Camille Flammarion ou Herbert George Wells ose situer des contes dans un avenir très avancé à plusieurs millions d’années du présent.
21 Bonnardot Alfred, Archéopolis, op. cit., p. 65.
22 Ibid., p. 68.
23 Ibid., p. 86.
24 Ibid., p. 91-92.
25 Comme le texte de Bonnardot, Les Ruines de Paris en 4875 fut d’abord publié dans un très petit tirage (250 exemplaires), mais il y a eu de nouvelles éditions la même année et en 1879. En 1908, Franklin publie une version longue (qui porte alors le titre Les Ruines de Paris en 4908), ce qui montre que cette petite œuvre a eu un certain succès ; cf. Versins Pierre, Encyclopédie de l’utopie, op. cit., p. 350.
26 Franklin Alfred, 1989, Les Ruines de Paris, in Lebailly Monique (éd.), La science-fiction avant la SF : anthologie de l’imaginaire scientifique français du romantisme à la pataphysique, Paris, L’Instant, p. 73-91 (toutes les références à ce texte renverront à cette édition).
27 Franklin Alfred, Les Ruines de Paris, op. cit., p. 75.
28 Ibid., p. 79.
29 Ibid., p. 84.
30 Ibid., p. 86.
31 Versins Pierre, Encyclopédie de l’utopie, op. cit., p. 350.
32 Ce thème sera repris encore au moins deux fois après les textes que nous avons présentés ici. D’abord en 1886 par Léo Claretie dans Paris depuis ses origines jusqu’en l’an 3000, où Claretie fournit à la fin d’une histoire sur Paris trois chapitres qui se déroulent dans l’avenir ; il décrit une ville en ruines, dont les débris sont interprétés d’une manière absurde. En plus, il faut mentionner La Traversée de Paris d’Edmond Haraucourt, qui fut publié en 1904. Cf. Versins Pierre, Encyclopédie de l’utopie, op. cit., p. 351.
33 Cf. Versins Pierre, Encyclopédie de l’utopie, op. cit., p. 51-52.
34 L’expert de la littérature d’anticipation Ignatius Frederick Clarke souligne : « It is worthy of note that, although the earliest specimen of futuristic literature were in English, the glory of discovering the true potentialities of the genre belongs to the French – to Sebastien Mercier who established the first satisfactory model of the new fiction; to Cousin de Grainville whose story of Le dernier homme in 1805 introduced the theme of the last man to European literature; and to Félix Bodin who first examined the course of futuristic fiction in Le roman de l’avenir in 1834 » (Clarke Ignatius Frederick, 1979, The pattern of expectation. 1644-2001, Londres, J. Cape, p. 23).
35 Cf. Trousson Raymond et Fortunati Vita (éd.), 2000, Dictionary of Literary Utopias, Paris, Honoré Champion, p. 481-482. L’entrée « Paris » décrit cette mode de la littérature futuriste consacrée à la capitale française, et donne beaucoup d’exemples.
36 Mercier Louis-Sébastien [édition, introduction et notes par Trousson Raymond], 1971, L’An deux mille quatre cent quarante. Rêve s’il en fut jamais, Bordeaux, Ducros, p. 420-421.
37 Peu après Méry, Jules Verne commencera son roman Paris au xxe siècle (voir n. 3) directement et sans explication dans l’avenir, et cette forme s’établira dans les années suivantes en France (par exemple Pierre Véron, En 1900 [1878] et Albert Robida, Le Vingtième siècle [1882]). Cependant dans les années 1850 cette forme était toute nouvelle. Plusieurs formes de cadre étaient utilisées auparavant, dont le rêve était la plus commune ; on trouve aussi l’hypnose (Henri Le Hon, L’An 7860 de l’ère chrétienne [1860]), ou des longs sommeils (Émile Souvestre, Le Monde tel qu’il sera [1845/1846]). Voir ci-dessus surtout Versins Pierre, Encyclopédie de l’utopie, op. cit., p. 52 ; Hudde Hinrich, « L’influence de Mercier sur l’évolution du roman d’anticipation », art. cit., p. 115-120. Hudde mentionne ici un fragment de Johann Gottlieb Fichte qui fut publié en 1845 et qui se passe aussi de tout cadre narratif, mais comme ce texte est presque totalement inconnu, il est à supposer que Méry ne le connaissait pas.
38 Franklin Alfred, 2008, Les Ruines de Paris en 4908, Talence, Arbre vengeur ; Méry Joseph, 2006, Les Ruines de Paris, in Dussert Éric (éd.), La littérature est mauvaise fille, Villelongue-d’Aude, Atelier du Gué. Le texte de Bonnardot est paru dans une intéressante collection qui réunit plusieurs contes sur l’idée des ruines de Paris : Madouraud Marc (éd.), 1995, Paris, capitale des ruines – Archéopolis et autres contes, Paris, Recto Verso (malheureusement cette édition est épuisée).
Auteur
Matthias Hausmann est maître de conférences en littérature et médias français et espagnols à l’université de Vienne et à l’université technique de Dresde. Il a soutenu en 2008 un doctorat sur les antiutopies françaises du <span style="font-variant:small-caps;">xix</span><sup>e</sup> siècle, et vient de présenter sa thèse d’habilitation à diriger des recherches sur les relations entre l’œuvre d’Adolfo Bioy Casares et le cinéma. Il a publié plusieurs articles sur la littérature utopique et futuriste, sur les auteurs du « boom » de l’Amérique latine, sur les relations entre la littérature et les autres médias (bande dessinée, arts plastiques et cinéma) et sur le cinéma sud-américain et européen.
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