Chapitre 1
Engagement et sciences sociales : un débat toujours très actuel
p. 23-30
Texte intégral
1Cet ouvrage se proposant de témoigner d’engagements et d’initiatives locales, nous ne pouvions que nous interroger, dans ce premier chapitre, non seulement sur ce que signifie « s’engager aujourd’hui dans une société d’individus », pour paraphraser Jacques Ion1, mais également sur le rapport qu’entretient le chercheur en sciences humaines avec cette notion si particulière. Nous allons donc commencer par revenir sur ce vieux débat qui continue d’agiter les sciences humaines – et la sociologie en particulier – relatif à cette notion d’engagement prise dans son acception la plus large. Nous prolongerons ces réflexions par un deuxième débat, tout aussi essentiel et qui découle du premier, sur la place du sujet dans la sociologie française. Cette place n’a pas toujours été aussi centrale qu’aujourd’hui ; comme le lecteur et la lectrice le découvriront, ce livre se situe résolument dans une vision de la sociologie qui nous tient à cœur : une sociologie compréhensive et interprétative, qui donne – entre autres – la part belle aux récits des acteurs. À cet égard, les transcriptions d’entretiens, intégrales, se veulent également des outils pédagogiques que d’autres étudiants pourront s’approprier, retravailler ou critiquer. C'est dans cette optique que nous avons souhaité qu'un entretien par enquête puisse figuer en annexe.
2Par rapport à d’autres chercheurs de domaines proches (comme l’histoire ou l’anthropologie), les sociologues présentent une particularité inhérente à leur discipline : qu’ils l’admettent ou pas, ils font partie intégrante du monde qu’ils étudient. Le chercheur en sociologie est obligé de préciser sa place par rapport au monde qu’il analyse, ainsi que son niveau d’engagement dans sa production scientifique, et sa position de neutralité, la (difficile) distinction entre la posture du sociologue et celle du politique, etc. Ces discussions sont fort anciennes, et c’est sans doute Max Weber le premier qui les a exposées dans le débat public avec son livre Le Savant et le politique2. Plus près de nous, d’autres n’ont cessé – sans doute pour tenter de donner à la sociologie un statut de science à part entière afin d’asseoir cette jeune discipline dans le monde des “grands” – de disserter sur cette nécessaire mise à distance, sur cette « rupture épistémologique » chère à Bachelard que Bourdieu reprendra par la suite avec son propre vocabulaire. Mais entre la théorie et la pratique, il existe un gouffre, et force est de constater que, bien souvent, ceux-là même qui évoquent cette fameuse distance, cette rupture nécessaire avec le sens commun, sont les mêmes qui écrivent – souvent vers la fin de leur carrière - aussi des ouvrages parfois plus proches du pamphlet que d’une sociologie réflexive3. Il nous faut donc revenir sur ce terme, très polysémique, de l’engagement.
3Sans doute faut-il commencer par essayer de définir un peu mieux ce qu’on pourrait appeler un “chercheur engagé” dans le monde universitaire, car ce terme même de l’engagement reste sujet à débat. Tout d’abord, précisons qu’on ne peut plus réfléchir l’engagement à partir de sa seule acception restreinte à l’engagement politique. L’engagement entendu de cette manière apparaît comme une pratique de moins en moins partagée et de moins en moins pratiquée par nos concitoyens, masquant finalement la partie immergée de l’iceberg qui renvoie in fine à d’autres types d’engagements, différents mais tout aussi louables. Comme nous allons tenter de le montrer dans cette recherche menée avec des étudiantes de première année, la notion d’engagement a bien changé depuis une vingtaine d’années ; cela est d’autant plus vrai chez les jeunes qui ne se désintéressent pas pour autant de la « chose publique » – comme on l’entend trop souvent – mais envisagent leur engagement de façon très différente. Jacques Ion a beaucoup travaillé sur ces changements massifs4 et nous ne pouvons que le suivre lorsqu’il constate que les citoyens d’aujourd’hui – quel que soit leur âge – ne sont pas moins engagés que leurs ainés : ils s’engagent autrement, peut-être de manière moins collective au départ, mais sans pour autant perdre de vue le vivre ensemble.
4Cet engagement renvoie aussi le chercheur à la façon dont il conçoit et mène ses propres enquêtes. Ainsi, un chercheur engagé serait tout d’abord celui qui reste libre dans sa recherche et dans les thématiques qu’il souhaite aborder. C’est la position que défendent Gérard Noiriel et Stéphane Beaud dans leur dernier ouvrage, Race et sciences sociales. Essai sur les usages publics d’une catégorie, paru en février 2021 aux Éditions Agone. Nous ne souhaitons pas revenir ici sur les polémiques qui ont suivi sa parution, d’abord et avant tout parce que ces dernières, nombreuses, étaient tout autant prévisibles que déjà prévues par les deux auteurs5. Dans leur introduction, ces deux chercheurs militent d’abord et avant tout pour « une science de la société se tenant à distance des enjeux politiques et des polémiques médiatiques »6. Un chercheur engagé devrait donc rester éloigné des “feux de la rampe” ; Beaud et Noiriel (avec Bourdieu) ferraillent contre tous les experts, chercheurs, intellectuels et autres spécialistes souvent autoproclamés qui franchissent cette ligne rouge. Pour ces deux auteurs, il faudrait donc aussi « analyser le rôle de ceux qu’ils appellent [que nous appelons] “les professionnels de la parole publique” (journalistes, politiciens, experts, intellectuels, etc.) car ils exercent un pouvoir décisif dans la politisation des questions sociales et dans la fabrication des identités collectives7 ». Dans une contribution plus ancienne, Noiriel était encore plus explicite : « En se tenant à distance du politique, le sociologie produit des connaissances qui enrichissent l’esprit critique des citoyens, leur permettant de combattre les “faux problèmes” qui alimentent quotidiennement l’actualité8 ».
5C’est peut-être par cette première “mise à distance” que le sociologue pourra continuer à travailler, sans pour autant se transformer en un défenseur aveugle des objets qu’il étudie. Pour en revenir à ce qui constitue la spécificité de notre métier – et pourrait-on dire aussi son éthique – c’est bien son ancrage dans et par le terrain, et dans un deuxième temps la restitution de celui-ci par des interprétations limitées qui donnent à nos résultats une pertinence scientifique et une reconnaissance par les pairs. Dans un ouvrage consacré à l’éthique dans les sciences sociales9, Gabriel Gosselin l’évoque à sa manière : « L’homme de science est un homme ordinaire quand il s’agit de dire l’éthique, sauf à redire qu’il lui revient de vérifier collectivement la pertinence scientifique de la question en débat10 ». Là encore, Beaud et Noiriel ne disent pas autre chose quand ils affirment que « seules les enquêtes empiriques menées au plus près des acteurs sociaux peuvent permettre de montrer comment se conjuguent les facteurs qui entrent dans l’identité des personnes11 ». De cette réflexion que nous partageons découle notre scepticisme sur l’usage des questionnaires et des statistiques en sociologie, et notre prédilection pour les méthodes qualitatives.
6Mais peut-on aller plus loin pour essayer de définir plus précisément ce qu’on appelle l’engagement, en sociologie ? Un ouvrage très complet sur cette thématique peut nous y aider. Il s’agit de celui dirigé par Jean-Pascal Higelé et Lionel Jacquot, intitulé Engagements et sciences sociales. Histoires, paradigmes et formes d’engagement12. Plusieurs sociologues sont appelés à en débattre et nous retiendrons ici les contributions de Marnix Dressen et de Philippe Corcuff. Le premier reste dans une définition restrictive de l’engagement, qui le réduit à son acception très classique de l’engagement politique ; ainsi, pour Dressen, l’engagement serait une « prise de position intellectuelle sur la scène publique », « un concept fort qui implique en principe toute la personne »13. Philippe Corcuff, quant à lui, préfère définir la sociologie critique (qui apparaît donc comme une branche spécifique de la sociologie), plutôt que le sociologue lui-même : « Nous entendons sociologie critique au sens large de sociologies pointant des aspects négatifs structurels dans nos sociétés14 ».
7Finalement, peut-on dire que les sociologues qui travaillent sur des sujets sensibles comme les migrations (cf. chapitre 6 de cet ouvrage) ou de manière plus large sur des trajectoires d’individus – voire d’institutions (cf. chapitre 7 relatif à l’école Montessori) – ayant choisi de sortir peu ou prou de notre société consumériste et qui réfléchissent à une autre manière de faire société, sont des personnes engagées ? La réponse semble difficile, et tout doit nous pousser à la plus grande humilité. Néanmoins, comme le rappelle Gérard Mauger, citant Pierre Bourdieu, si « le seul fait de donner de la force à la parole hérétique du sociologue est [était] un acte militant15 », alors nous pouvons inscrire les recherches qui suivent comme des enquêtes engagées. On peut aussi faire notre cette réflexion de Gabriel Gosselin : « Si le sociologue et l’anthropologue ont parfois plus à dire dans le débat, c’est de connaître les arcanes de leurs productions : mais ce n’est là qu’un privilège de fait, lié au pouvoir d’une formation et d’une information particulières. Ce n’est pas la légitimité d’une exclusivité de droit. Leur seule spécificité est dans leur pouvoir, et leur devoir, de dire ce qui serait un faux débat16 ». Philippe Corcuff, dans sa contribution déjà citée, ne dit pas autre chose : « L’autonomisation de la science passerait plutôt par la mise en œuvre d’une réflexion sociologique, c’est-à-dire d’un retour réflexif du chercheur sur ses implications (adhésions et surtout adhérences, les plus difficiles à saisir) et sur leurs effets sur le cours de la recherche17 ». On peut donc partager la réflexion de cet auteur qui en appelle finalement, pour gérer au mieux cette proximité/distance, à ce qu’il nomme la distanciation compréhensive : « Nous nommerons distanciation compréhensive la position d’équilibre entre engagement et distanciation, récusant le scientisme tout en défendant l’autonomie scientifique des sciences sociales18 ».
8Le deuxième débat est intimement lié à celui-ci : il concerne la place du sujet dans la sociologie française qui, en consacrant son « retour » depuis une trentaine d’année, a permis d’accorder toute sa place à des études comme celle-là qui laissent une place prépondérante aux discours des acteurs. Nous souhaitons ici esquisser les principaux traits de cette histoire, la place du sujet ayant longtemps été occultée dans la sociologie. Comme nous allons le voir, pendant longtemps, la sociologie structurale (celle de Pierre Bourdieu) a dominé le champ théorique en France, une perspective qui ne laissait pas de place aux acteurs. Certains sociologues ont fini par prendre du recul avec ce qui était devenu pour eux une véritable « école de pensée » pour proposer une sociologie plus ouverte aux sujets, et notamment aux sens que les acteurs donnent de leur conduite. Parmi eux, Luc Boltanski (qui a longtemps travaillé avec Pierre Bourdieu) et Daniel Bertaux qui a eu le mérite de réintroduire l’intérêt pour les récits de vie dans la sociologie française.
9Luc Boltanski tout d’abord. Ce dernier explicite sa démarche dans De la critique. Précis de sociologie de l’émancipation19. Après avoir fait ses armes auprès de Pierre Bourdieu, Luc Boltanski a pris peu à peu ses distances avec la “sociologie critique” du maître. Dans cet ouvrage, il confronte donc la sociologie critique à la “sociologie pragmatique de la critique” (ou sociologie de la critique) qu’il est censé représenter, ce qui rend la réflexion stimulante. Cela va le conduire à s’éloigner d’une sociologie surplombante pour proposer une sociologie qui se retrouve « au plus près des acteurs20 » . Le problème, pour lui, c’était de lutter contre ce qui était devenu – après l’inventivité des années 1970 autour de Bourdieu – une sorte de dogmatisme, de routine intellectuelle. Il voulait rouvrir des problèmes théoriques de la sociologie qui, d’ailleurs, ne sont toujours pas résolus. Pour lui, les théories critiques doivent s’appuyer sur les insatisfactions des acteurs eux-mêmes, et par cette opération de mise en lumière, les aider à envisager, ensuite, des possibilités d’actions pour changer leur réalité.
10Héritière des courants critiques d’inspiration marxiste et de l’École de Francfort, la sociologie critique de la domination énoncée par Pierre Bourdieu opère un décrochage par rapport à des approches surtout philosophiques et propose un enracinement dans la recherche empirique (de terrain) ce qui, dans la France des années 1960, représente un profond bouleversement méthodologique (avec des entretiens, mais aussi des tableaux, des statistiques). La sociologie de Pierre Bourdieu est une entreprise pour tenter de faire tenir dans une même construction théorique une démarche sociologique et une position radicalement critique. Mais cela la rend aussi compliquée car elle n’écarte pas cette tension qui habite tout projet de sociologie critique : celle entre les exigences d’objectivité d’un côté, et la critique sociale de l’autre.
11Mis en place par des sociologues qui, pour la plupart, avaient d’abord travaillé dans le cadre du paradigme bourdieusien, le programme de la sociologie de la critique repose à nouveau frais la question de la critique, en essayant de contourner le problème de « l’asymétrie entre, d’un côté, le sociologue éclairé par les lumières de sa science et, de l’autre, les personnes ordinaires plongées dans l’illusion ».21 Boltanski souhaite rester dans une sociologie empirique, en offrant de meilleures descriptions de l’activité des acteurs en situation. Pour reprendre les propos de Xavier Molinat22 dans un article qu’il consacre à ce chercheur : « Il s’agit donc de passer d’une sociologie critique, qui revendique le monopole de la lucidité sur le monde social, à une “sociologie de la critique” qui prend pour objet les capacités critiques que les individus mettent en œuvre de façon quasi permanente dans le cours de la vie sociale. D’où un changement de posture du sociologue qui renonce à se prévaloir d’une capacité d’analyse radicalement différente de celle de l’acteur et donc à avoir le “dernier mot” sur lui ». Boltanski propose donc une sociologie tout en retant critique mais qui prenne davantage en compte le point de vue des acteurs dans leur construction théorique. C’est aussi le type de sociologie que nous défendons et dont le lecteur aura un aperçu très concret dans cet ouvrage.
12Après avoir expliqué la manière dont Boltanski souhaitait revaloriser la place du sujet dans la sociologie contemporaine, revenons à présent aux thèses de Daniel Bertaux, lui aussi partisan de ce “retour du sujet” qu’il appelle d’ailleurs de ses vœux. Bertaux nous intéresse autant pour son analyse détaillée de ce retour progressif du sujet dans la sociologie française (depuis les années 1980) que parce qu’il a aussi réfléchi aux méthodes, en contribuant largement à (re)donner leurs lettres de noblesse aux récits de vie23. Bertaux a retracé ce renouveau du sujet dans la sociologie française dans une contribution à un ouvrage collectif24 intitulée « Alternatives conceptuelles sur la question du sujet dans la sociologie française » sur laquelle nous allons nous appuyer pour expliciter sa position.
13La tonalité de l’article apparaît souvent quelque peu caustique (ce qui lui fait perdre parfois un peu de sa force), mais n’est-ce pas une façon pour l’auteur qui ferraille contre Bourdieu de ne pas laisser à ce dernier le monopole de l’ironie ? Bertaux “annonce la couleur”, si l’on peut dire, dès le début de son article : « La question du Sujet fait aujourd’hui l’objet de nombreuses discussions parmi les sociologues français. Elle n’a cependant pas toujours été au centre de leurs pensée : comme on le verra ci-après, la tradition sociologique française s’est plutôt montrée hostile au Sujet. Je veux dire par là que dans le très ancien débat, qui a traversé nécessairement toutes les traditions sociologiques, entre individu et société, liberté et déterminismes, action et structures, acteur et système, la tradition sociologique française s’est massivement placée du second côté25 ». Quelques lignes plus loin, Bertaux fait sienne la définition du sujet telle qu’Alain Touraine l’avait définie : « “J’appelle sujet la construction de l’individu (ou du groupe) comme acteur, par l’association de sa liberté affirmée et de son expérience vécue assumée et réinterprétée. Le sujet est l’effort de transformation d’une situation vécue en action libre ; il introduit de la liberté dans ce qui apparaît d’abord comme des déterminants sociaux et un héritage culturel” (Touraine, 1994, p. 23-24)26 ».
14Pour Bertaux, c’est Jean-Paul Sartre qui réintroduit le premier le sujet dans l’intelligentsia française, en influençant selon-lui Touraine, mais aussi Bourdieu (qui s’en défend). Mais c’est finalement le structuralisme qui s’impose : « À partir du début des années 1960, qui sont des années d’ordre sous la chape de plomb du gaullisme, resurgit la pensée de l’ordre sous un nouvel oripeau : le structuralisme. La trop fragile philosophie de la liberté de Sartre sera tournée en dérision et submergée par cette nouvelle vague, et la pensée du Sujet disparaîtra avec elle pendant plus de quinze ans27 ». À côté de l’apparition des travaux de Claude Lévi-Strauss qui lancèrent le structuralisme en anthropologie, Bertaux déclare qu’« en sociologie c’est Bourdieu et Passeron qui prendront la tête du mouvement avec la publication du Métier de sociologue (1968) qui contient cette phrase définitive : “c’est peut-être la malédiction des sciences de l’homme que d’avoir affaire à un objet qui parle” (p. 64, souligné dans l’original)28 ».
15Pour ce sociologue, il faut attendre Edgar Morin pour que s’opère une véritable rupture avec la tradition dominante de la sociologie française : « Pour Morin, le social-historique est fait non seulement de contraintes mais aussi de ressources. […] À partir du moment où on conçoit le social comme riche en ressources, l’individu ne peut plus être pensé comme lieu d’un désir de liberté bridé et brimé par les déterminismes sociaux, les structures ou le Système29 ».
16Pour conclure, la notion d’engagement n’est pas simple car elle fait référence à plusieurs niveaux de compréhension ; quoiqu’il en soit, elle implique en tout cas le chercheur dans son objet de recherche. La mise à distance qu’on inculque aux étudiants et aux étudiantes de première année se révèle donc être une construction intellectuelle, toujours difficile à mettre en œuvre sur le terrain. Toutes les enquêtes de cette étude ont été menées dans le Doubs, département mi-industriel, mi-rural, frontalier avec la Suisse. Dans les chapitres ci-après qui relatent ces enquêtes, le lecteur ou la lectrice remarquera parfois quelques prises de position des étudiantes lui paraissant peut-être excessives au regard de ce qui est attendu dans une recherche académique dite “objective”. Mais on pourrait aussi facilement retourner cet argument. Devant l’imminence d’une mutation de paradigme en matière de croissance pour tenter de préserver ce qui reste de notre planète, devant l’urgence qu’il y a à changer de politique migratoire en Europe pour ne pas tourner le dos à notre commune humanité, c’est sans doute celles et ceux qui ne souhaitent pas prendre position sur ces questions sensibles qui devraient endosser la responsabilité de leur “non engagement”, notamment auprès des générations futures.
Notes de bas de page
1 Cf. notamment ses deux ouvrages : Jacques Ion, La fin des militants ? Ivry-sur-Seine, L’Atelier, 1997, et Jacques Ion, S’engager dans une société d’individus, Paris, Armand Colin, 2012.
2 Max Weber, Le Savant et le politique trad. par Julien Freud, Paris, Plon, 1959 [première parution en Allemagne : 1919].
3 Les exemples sont très nombreux, nous en citerons un parmi d’autres. Il s’agit du travail des Pinçon-Charlot. Ce couple de sociologues, après avoir enquêté tout au long de leur carrière sur la grande bourgeoisie et publié de nombreux livres respectables sur cette thématique, se sont mis à écrire – la retraite arrivant – des ouvrages où l’idéologie et l’écriture journalistique ont pris le pas sur l’enquête sociologique en elle-même ; nous pensons aux titres suivants : Le Président des riches. Enquête sur l'oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy (2010), La Violence des riches (2013) ou encore Le Président des ultra-riches : Chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron (2019). Dans la page wikipédia consacrée à Monique Pinçon-Charlot, on retrouve d’ailleurs une section autour de cette « controverse de neutralité » :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Monique_Pin%C3%A7on-Charlot
4 Ion, La fin des militants, op. cit. et Idem, et S’engager dans une société d’individus, op. cit.
5 Voici ce qu’ils écrivaient dans leur conclusion : « Nous ne nous faisons pas trop d’illusion sur la réception de cet ouvrage. L’expérience nous a appris que même si on multiplie les précautions de langage, les forces qui s’affrontent sur la question identitaire utiliseront tel ou tel de nos arguments pour alimenter leurs polémiques, soit pour nous rallier à leur cause, soit pour nous dénoncer » (p. 377).
6 Beaud et Noiriel, Race et sciences sociales, op. cit., p. 19.
7 Ibid., p. 17.
8 G. Noiriel, « Émile Durkheim et la naissance de “l’intellectuel spécifique” », in Engagements et sciences sociales. Histoires, paradigmes et formes d’engagement (sous la dir. de Jean-Pascal Higelé et Lionel Jacquot), Nantes, PUN / Éditions universitaires de Lorraine, p. 171.
9 Gabriel Gosselin, Une éthique des sciences sociales. La limite et l’urgence, Paris, L’Harmattan, 1992.
10 Gosselin, Une éthique des sciences sociales, op. cit., p. 14.
11 Beaud et Noiriel, Race et sciences sociales…, op. cit., p. 20.
12 Jean-Pascal Higelé et Lionel Jacquot (dir.), Engagements et sciences sociales. Histoires, paradigmes et formes d’engagement, Nancy, Presses universitaires de Nancy / Éditions universitaires de Lorraine, 2017.
13 Marnix Dressen, « Tout a toujours commencé par une poignée d’intellectuels en révolte ? », in Engagements et sciences sociales…, op. cit., p. 55.
14 Philippe Corcuff, « Enjeux de la critique sociologique d’aujourd’hui : entre distanciation, compréhension et engagement », in Engagements et sciences sociales…, op. cit., p.°97.
15 Cité dans le livre de Beaud et Noiriel, op. cit., p. 191.
16 Gosselin, Une éthique des sciences sociales, op. cit., p. 13.
17 Corcuff, « Enjeux de la critique sociologique d’aujourd’hui… », art. cit., pp. 100-101.
18 Ibid., p. 101.
19 Luc Boltanski, De la critique. Précis de sociologie de l’émancipation, Paris, Gallimard, 2009.
20 Le lecteur peut aussi se référer à un documentaire où Luc Boltanski reprend les arguments développés dans son livre : « Mettre en cause : une sociologie de l'engagement dans la critique », un documentaire réalisé par Thomas Lacoste, La bande passante, 1h42, 2010. Ce documentaire fort riche est accessible gratuitement par le lien suivant : https://www.dailymotion.com/video/xf2ms7.
21 Idem, p. 46.
22 Xavier Molinat, « Luc Boltanski, observateur de la société critique », in La Sociologie (sous la dir. de Xavier Molénat), Paris, Édition Sciences Humaines, 2009, p. 210-216, p. 212.
23 Daniel Bertaux, Les Récits de vie, Paris, Armand Colin, 2005.
24 Roberto Cipriani (dir.), Aux sources des sociologies de langue française et italienne, Paris, L’Harmattan, 1997.
25 Daniel Bertaux, « Alternatives conceptuelles sur la question du sujet dans la sociologie française », in Roberto Cipriani (dir.), Aux sources des sociologies de langue française et italienne, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 71.
26 Bertaux, « Alternatives conceptuelles… », p. 71-72.
27 Ibid., p. 77.
28 Ibid., p. 78.
29 Ibid., p. 96.
Auteur
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