8- La lumière éclaire les ténèbres
p. 173-186
Texte intégral
Les juges doutent
1Les discussions qu’ont soulevées les procès qui découlent de celui de Gaufridy, à savoir celui de Loudun (1634) et plus tard ceux de Louviers1 (1647) et d’Auxonne (1658)2, ont déclenché de nouvelles réflexions autour de l’affaire aixoise. Certains esprits affirment même que Gaufridy n’a jamais été magicien. Honoré Bouche en est un exemple frappant3 :
L’année suivante 1611, la Provence fournit un grand sujet de parler avec étonnement, non seulement en France, mais dans toute la Chrétienté, à l’occasion d’un Messire Louis Iauffred […]. Je ne veux point ici inserer des fables parmi des veritez. Il est vrai que j’ai veu brûler en mes plus jeunes ans ce personnage dans la ville d’Aix, cette même année 1611, mais qu’il fût sorcier et Magicien, et que ces filles, dont il est parlé dans son Histoire, fussent véritablement possédées, comme on l’a creu, et que les livres le disent ; les plus clairvoyans de ce temps-là, et de celui où j’écris, estiment que c’est une imposture, une illusion et un aveuglement d’esprit4.
2Le chanoine Bouche est l’un des premiers à publier, en 1664, que Gaufridy n’a jamais été sorcier. D’autres partageaient très certainement cet avis bien avant la publication du religieux, mais le rendre public présentait des risques, car cela remettait en cause les décisions émanant des pouvoirs spirituel et temporel5. C’est la raison pour laquelle l’auteur ajoute que Gaufridy a été légitimement condamné, non pas comme sorcier, mais comme séducteur :
Un grand prélat en l’Eglise de Dieu m’a souvent dit avec asseurance, d’avoir oüi dire à un des Magistrats de ce Parlement (qui vrai-semblablement avoit assisté au jugement de cet infortuné Ecclesiastique) qu’il estoit vrai que ce malheureux meritoit la mort, pour beaucoup d’impuretez dont il estoit accusé et convaincu : mais qu’il ne croyait pas qu’il fût Sorcier ni Magicien6.
3Honoré Bouche, en relatant cette discussion, apporte une donnée fondamentale : la réserve qu’émet la magistrature à l’égard du crime de sorcellerie dont le curé a été accusé. Le magistrat ne remet pas en question le jugement émis par ses pères, mais il avoue tout de même que Gaufridy a été accusé à tort d’un tel crime. Cette pensée éclaire l’évolution des structures mentales des juges et reconstitue un imaginaire démoniaque en dégénérescence. Les représentations du groupe parlementaire semblent évoluer à ce moment : se produisent progressivement une décomposition et une recomposition de la frontière mouvante du « naturel »7. Peu à peu, la perception de la sorcellerie tend à se modifier. Les élites deviennent les témoins d’un nouveau mode de réflexion, qui puise sa source dans une prise de conscience à travers laquelle s’introduit une nouvelle « raison » socio-culturelle8. Les juges sont au centre de ces strates élitistes et leur idéologie, en constante évolution, les incitent à réexaminer le phénomène social que représente la sorcellerie9. Selon Robert Mandrou, les juges entérinent petit à petit ce que d’abord ils ont combattu, à savoir un malaise religieux et culturel, mais en lui fournissant une rationalisation cohérente et désormais non religieuse10. La réflexion du magistrat aixois sur la condamnation de Gaufridy fait parfaitement état de ce phénomène mutationnel.
4Les nombreux désaveux de Madeleine de Demandols lors de son procès en 1653 s’inscrivent dans cette évolution, en entraînant une remise en question du bien-fondé de ses anciennes accusations. La principale protagoniste de l’affaire de 1611, en se rétractant plus de quarante ans après l’événement, fissure cette image noire du curé des Accoules, jusque-là figée. Les magistrats du parlement d’Aix commencent désormais à comprendre que Gaufridy n’a jamais été sorcier. Bouche, qui a participé au procès de Madeleine en l’interrogeant, émet de sérieuses réserves quant à la véracité de ses accusations de 1611 :
Pour la preuve de quoi je ne veux avancer le témoignage de cette infortunée Damoiselle Magdeleine, dont il est si souvent parlé dans cette histoire, laquelle quarante-deux ans apres que ceci arriva, sçavoir l’an 1653, estant remise en la Conciergerie de la même ville d’Aix, accusée de beaucoup de niaiseries qu’on lui avoit suscitées en la ville de Marseille, où elle s’estoit retirée ; enquise par moi, et priée de me dire la verité, si elle avoit leu le livre qui avoit esté composé sur ce fait, et si tout ce qui estoit écrit d’elle estoit véritable, me répondit, « Que ces bons Peres qui avaient donné les mémoires, ou écrit ce livre là, avoient creu fort legerement, qu’ils s’estoient fort trompez ; et qu’en ce livre il n’y avait que des illusions » : voilà les mêmes mots dont elle se servit en sa réponse11.
5Grâce aux nouvelles dépositions de Madeleine, l’auteur comprend désormais d’où provient cette sombre représentation du magicien qui a tant imprégné la culture démonologique populaire :
Et pour preuve encore que le livre composé sur ce sujet12, est rempli d’illusion, et ne contient pas par tout des veritez : beaucoup d’Eccesiastiques dignes de foi, m’ont dit, que lors que la sus-alléguée Magdeleine fut remise aux prisons d’Aix l’an 1653, […] on fit chercher dans le Greffe les procedures du jugement du precedent Messire Louis, pour voir si d’elles on tireroit quelques preuves pour convaincre cette femme de sortilège : et que ces procedures ayant esté communiquées par le Commissaire à quelques Ecclesiastiques des plus qualifiez de la ville, et à d’autres personnes tres-doctes et sçavantes, l’on avoit remarqué qu’au precedent livre imprimé de cette matiere, il avoit des choses tout à fait contraires à ce qui estoit couché dans les informations et procedures13.
6La littérature découlant de l’affaire, et notamment l’Histoire admirable de Michaëlis, est pointée du doigt par l’auteur. Le procès de Madeleine a permis d’exhumer des archives les pièces du procès de Louis Gaufridy. L’analyse de ces dernières a révélé de nombreuses variantes entre la procédure judiciaire du parlement d’Aix et les allégations rapportées par Michaëlis. Cette comparaison a permis de mettre en lumière les ambitions de l’inquisiteur à travers les modifications apportées à l’histoire. L’Histoire admirable commence dès lors à être comprise comme le besoin d’une auto-justification et non plus comme une preuve de vérité.
L’affaire Gaufridy : signe d’une rupture majeure
7Il est donc indéniable que les mentalités changent durant la seconde moitié du xviie siècle, et l’affaire Gaufridy y a contribué sur le long terme. Avant le xviie siècle, la sorcellerie est essentiellement rurale. Avec le xviie siècle, elle s’urbanise. Cette migration apporte une modification des profils des suspects : la paysanne qui gâtait les moissons ou dévastait les troupeaux se transforme en des personnes de plus haute condition sociale, comme le prêtre. Or, la sorcière du monde rural était relativement acceptée : elle guérissait ou maléficiait. Ses bienfaits étaient admis, tandis que ses méfaits étaient tolérés14. Puis, lorsque l’on considérait la mesure dépassée, elle était brûlée. Tant que ce schéma restait strictement cantonné à la communauté rurale, il ne gênait personne. Seulement, l’épisode aixois, tout en conservant les fondamentaux des affaires de sorcellerie, a remodelé l’image de sa représentation traditionnelle. En modifiant ses acteurs et son espace habituels, il a également modifié ses enjeux.
8La richesse de l’affaire Gaufridy est notamment mesurable à travers ses conséquences, qui ont marqué l’univers sorcier selon deux rythmes successifs et deux modes antagonistes. Sur le court terme, elle a engendré une intensification des peurs, qui se manifeste dans l’accroissement des faits de sorcellerie et de possession à l’échelle locale. Sur le long terme, elle opère une rupture dans la conception de la sorcellerie en France. Une rupture faisant suite à une intensification peut paraître paradoxal. Néanmoins, c’est justement de cette recrudescence du diabolique que la fracture est née. Pour saisir cette causalité, il est important de détacher l’affaire de son influence purement locale. En quelques années, sa notoriété a connu une diffusion nationale, voire transnationale. Les certitudes qu’elle a entraînées ont préparé un terrain propice à servir les ambitions d’acteurs extérieurs. En utilisant un schéma similaire, ces derniers pouvaient faire sombrer ceux qu’ils voulaient perdre sans encourir de risque. Cependant, l’esquisse d’une rupture s’est dessinée dès lors que les hautes sphères de la société ont été impliquées dans ces histoires. Les épisodes de Loudun, de Louviers et d’Auxonne, qui ne mettent plus en scène de simples paysannes mais des personnes de plus haute importance sociale (des prêtres respectés et des filles issues d’une haute lignée), ne font plus de l’affaire aixoise un événement isolé. De la même façon que pour le procès Gaufridy, ils changent entièrement les enjeux des affaires de sorcellerie en leur offrant une dimension politique. En effet, les possédées citadines sont en elles-mêmes source de scandale en raison de leur rang social : elles appartiennent aux strates qui gouvernent le pays. Ainsi, autour de ces affaires se confrontent des nobles, des évêques, des villes et des ordres différents, pour des questions de réputations et d’intérêts financiers, des provinces au pouvoir royal15. Ces affrontements d’ordre national mettent en péril la paix et l’unité du royaume, dont l’état monarchique est le garant. L’autorité royale n’a alors d’autre choix que de supprimer la matrice de ces conflits, à savoir la croyance en la sorcellerie. L’affaire des poisons constitue un véritable tournant dans cette prise de conscience du politique et l’a incité à réagir promptement16.
9Cette dernière débute en 1676 avec l’arrestation, dans un couvent de Liège, de la marquise de Brinvilliers, recherchée depuis la mort de son amant, qui a laissé une cassette riche en documents17. Ces dossiers révèlent que le couple, pour des questions d’intérêt, s’est livré à une série d’empoisonnements sur le père, les deux frères et la sœur de la marquise, au moyen d’un poison à base d’arsenic enrichi de décoctions diverses nommé « poudre de succession ».
10En dépit de preuves irréfutables, la marquise n’avoue que quelques jours avant son exécution. À partir de ces aveux, le lieutenant de police de Paris, Nicolas de La Reynie, découvre peu à peu l’ampleur de l’affaire. Dès 1677, il fait emprisonner un groupe d’empoisonneurs. Les interrogatoires révèlent que des centaines de personnes, appartenant aussi bien au peuple qu’à la noblesse, ont eu recours à un réseau de sorcières jetant des maléfices et célébrant des messes noires.
11La Chambre ardente de l’Arsenal, créée par Louis XIV en 1679 et dénommée Cour des poisons, prononce une centaine de jugements dont trente-quatre à mort. La principale inculpée, Catherine Deshayes, dite La Voisin, a fourni en poisons et sortilèges de grands personnages de la ville et de la Cour18. Après son exécution, le 22 février 1680, l’enquête continue et concerne la maîtresse même du roi, Mme de Montespan, qui aurait tenté d’empoisonner sa rivale, Mlle de Fontanges. Elle avoue simplement avoir confectionné des philtres pour conserver l’amour du roi. Inquiet de l’expansion de l’affaire, redoutant que le trône ne soit lui-même éclaboussé, Louis XIV donne l’ordre d’arrêter l’enquête en 1682.
12Les grandes affaires du xviie siècle, en soulevant de lourdes adversités, poussent le pouvoir royal à mettre un terme à ce type d’événement. Pour cela, il est nécessaire de briser un système de croyance ancré depuis bien longtemps dans les esprits, mais qui met désormais en danger la cohésion du royaume. Dans cette perspective, Louis XIV et Colbert promulguent, en juillet 1682, une ordonnance visant à réduire le crime de sorcellerie en simple délit d’escroquerie19. D’un point de vue politique, les sorciers n’ont plus d’existence réelle. L’État les considère désormais comme de simples devins ou empoisonneurs et les inculperait pour des délits ordinaires (vol, assassinat, escroquerie). À défaut d’infraction prouvée, on ne peut plus incriminer20. Naturellement, il faudra un certain temps pour que les populations, surtout rurales, abandonnent leurs anciennes croyances pour suivre les affirmations du politique.
13Dans cette optique, l’affaire Gaufridy ne représente pas l’aube d’une nouvelle époque. Certes, elle a modifié et transcendé le schéma habituel des procès de sorcellerie. Néanmoins, cette nouvelle représentation, dont les affaires ultérieures se sont imprégnées, ne peut aller de pair avec la volonté monarchique de maintenir l’ordre coûte que coûte. Un royaume de France qui cherche l’admiration et la soumission de ses voisins européens ne peut être infecté par des affaires de ce type. Ainsi, le procès d’Aix annonce bien davantage l’épilogue de la sorcellerie. En ce sens, il constitue un tournant décisif dans l’histoire de cette croyance. L’affaire Grandier, réplique quasi exacte de l’épisode aixois, en est la preuve la plus évidente. De cette histoire sont nées des méfiances destinées à se fixer dans les esprits et à s’accroître21. Le scandale de l’événement s’est amplifié dès lors que la possession n’a pas été vaincue par la grâce des exorcismes publics et levée par la mort du prêtre22. En effet, jusqu’à présent, l’exécution du sorcier prouvait par la délivrance de sa victime l’authenticité de la possession23. À Loudun, le doute s’est renforcé par la suite. L’exhibitionnisme incessant des possédées et l’inefficacité des rituels exorcistiques (qui se sont prolongés jusqu’en 1638 et qui ont attiré de nombreux spectateurs24) ont fait germer l’idée d’une imposture25. La publicité accordée à l’affaire s’est finalement retournée contre les possédées et la remise en question s’est étendue, sur le long terme, à l’ensemble du phénomène26. L’affaire Gaufridy a connu moins de contestations car elle a été la première du genre, mais aussi et surtout parce que le déploiement théâtral qui l’accompagne a pris fin avec le bûcher du prêtre. En poussant l’exhibition spectaculaire des possédées à son paroxysme, son homologue loudunaise a engendré l’émergence du doute quant à l’honnêteté de ces scènes édifiantes. Avant même que l’État n’agisse, la défiance s’était donc introduite pas à pas dans les esprits27.
14En donnant aux affaires de sorcellerie un nouveau visage, les possessions d’Aix ont ainsi produit des prises de conscience et brisé un paradigme jusque-là cristallisé. Dans une perspective historienne de longue durée, l’affaire Gaufridy a donc collaboré à l’œuvre de dédiabolisation du Mal, en laissant peu à peu s’échapper des certitudes sociétales le spectre terrifiant et lancinant du monde démoniaque.
15Apparaît alors en 1681 à Toulouse une affaire de possession impliquant quatre possédées dont la conclusion des juges et des médecins est significative. Elle montre l’influence qu’a exercée une longue période de doute sur les esprits en révélant une approche radicalement renouvelée des phénomènes surnaturels :
[…] les accidens ont cessé en quelques-unes par la seule persuasion qu’il n’étoit rien de ce qu’elles avoint crû du Diable à leur égard, & que ces accidens ne sont revenus à quelques-unes, qu’aprez que la tristesse a augmenté & agité la mélancholie, & qu’on a reveillé les premieres impressions en parlant de leurs sortileges ; de maniere qu’on pourroit se promerre la guerison, ou du moins le soulagement de toutes ces filles, si on les mettoit en des lieux ou elles troûvassent quelque consolation, & ou elles n’entendissent plus parler des Sorciers, ni du Diable, qu’autant qu’il faudroit pour leur faire connoître leur erreur […] Nous Jugeons qu’aucuns des sud. accidens, ou afections en particulier, ni tous ensemble ne peuvent étre pris pour une preuve de sortilege, possession, ou obsession28.
16En cette fin du xviie siècle, le scepticisme des médecins n’est plus celui de Michel Marescot face à la possession de Marthe Brossier. Dans cette affaire, les manifestations diaboliques ne sont non pas envisagées comme feintes, mais comprises autrement, selon l’émergence d’un nouveau modèle de savoir. L’écart entre la peur du diable et l’intellectuel laisse entrevoir les commencements d’un temps du refus29. Ainsi l’épisode des possédées toulousaines permet-il de modéliser un imaginaire démoniaque en pleine mutation. Les lois naturelles supplantent la puissance effective de Satan dans le monde, annonçant l’avènement d’un âge nouveau : l’âge de la raison.
François Gayot de Pitaval et le temps de la raison
17Alors que la sphère politique a établi et légitimé les fondements d’une réflexion nouvelle sur la sorcellerie, le siècle des Lumières vient balayer les résidus de cette croyance populaire. Ce mouvement intellectuel, lancé en Europe au début du xviiie siècle, prône le progrès, en dépassant l’obscurantisme afin de promouvoir la connaissance. Des philosophes et des intellectuels encouragent la science par l’échange culturel, s’opposant à la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des États. Ce climat exhorte considérablement à réévaluer le concept de sorcellerie : il tend progressivement à devenir une croyance archaïque30. Les lettrés qui, peu à peu, ont délaissé la croyance au monde des merveilles31, sont entraînés dans cet élan intellectuel. Ce dernier ne se contente pas de toucher les strates élitistes de la société : dans une moindre mesure, les couches populaires en sont imprégnées, elles aussi. Les encyclopédies sont publiées et introduites au public pour une meilleure diffusion du savoir. Malgré ces efforts de vulgarisation, l’ampleur du mouvement demeure géographiquement nuancé : c’est surtout dans les villes qu’il se déploie, les campagnes n’y étant que peu exposées. De manière générale, le monde rural s’attache encore à ses anciennes traditions.
18Le juriste et écrivain français François Gayot de Pitaval corrobore ce changement de réflexion qu’apporte le siècle des Lumières sur les esprits contemporains32. Dans son ouvrage Causes célèbres et intéressantes (1739), destiné à un public cultivé, il consacre un chapitre entier à l’histoire de Gaufridy. D’entrée de jeu, il annonce sa position quant à cette histoire vieille de plus d’un siècle :
Les hommes donnent naturellement dans le merveilleux. Il n’est pas difficile de tendre des pieges à leur crédulité, quand on leur raconte des Histoires extraordinaires. Ainsi les récits qu’on leur fait des avantures des Sorciers, les descriptions du Sabbat, trouvent facilement créance dans les esprits. Voici ce que disent là-dessus les Démonographes.
Le récit qu’on va faire servira à faire voir jusqu’à quel excès est allée l’illusion dans cette matiere, et doit précéder naturellement cette petite histoire. Le préambule pourra être divertissant ; et il porte, par ses circonstances ridicules, un préservatif contre la crédulité33.
19Son positionnement est celui d’un homme du siècle des Lumières, d’un lettré à la recherche de la raison. Entrons désormais plus en détail dans son analyse de l’affaire Gaufridy. Selon lui, le curé s’est déclaré sorcier car il le pensait réellement :
On soutient donc que Gaufridy étoit Sorcier par imagination. […] Voici l’expérience qu’on a faite dans le ressort de ces Parlemens ; c’est qu’en cessant de punir les Sorciers, & les traitant simplement de fous, l’on a vû avec le tems qu’ils n’étoient plus Sorciers, parceque ne l’étant que par leur imagination, qui ne se nourrissoit plus de pareilles idées, la saine partie du monde ne daignant pas les redouter, ils devenoient enfin raisonnables34.
20Le système de croyances des hommes est toujours celui de leur époque. Les Parlements, qui cherchaient constamment à pourchasser et punir les sorciers, avaient dramatisé le mythe sorcellaire et diffusé ce modèle à travers toutes les couches de la société, y compris chez les personnes accusées de fait de sorcellerie. Les dénonciations, l’incarcération, les interrogatoires et l’usage de la torture ont quant à eux un impact psychologique considérable sur l’accusé. La répétition acharnée des méfaits présumés instaure le doute et provoque une forme de persuasion progressive. Gaufridy, au fur et à mesure de l’enquête, aurait donc pu se croire réellement l’auteur des crimes dont il était accusé. L’auteur ajoute ensuite une donnée qui éclaire les progrès de la médecine :
Quant aux marques insensibles qu’elle avoit sur son corps : sans avoir eu ces sceaux du Démon, combien de personnes ont sur eux des endroits où il n’ont point de sentiment ? N’y a-t-il point des secrets pour les rendre insensibles ? Et les Medecins de ce tems-là, qui ont jugé que ces marques insensibles étoient surnaturelles, seroient traités d’ignorans par nos Medecins d’à présent35.
21L’époque des Lumières est aussi celle d’un progrès marquant dans le domaine des sciences. D’un point de vue médical, les efforts de définition et d’analyse ne manquent pas : se développent l’observation clinique et anatomique, à peine esquissée jusque-là, des expériences de laboratoire et des débats théoriques qui font se multiplier lettres et traités36. Si les médecins ne forment pas encore une véritable communauté, ils cherchent néanmoins à rassembler l’éclatement de leurs pratiques dans un savoir partagé. À ce moment, la médecine commence à s’établir comme une discipline et à jouer un rôle politique. Ce rôle se décline tant à travers la médecine des armées et l’accroissement d’organismes hospitaliers que dans le combat contre le charlatanisme et les controverses sur l’hygiène, l’inoculation37, la prévention et le perfectionnement de l’espèce humaine38.
22Les stigmates démoniaques sont devenus une croyance désuète, appartenant à un imaginaire désormais considéré comme archaïque. Gayot de Pitaval témoigne du changement d’attitude qu’a introduit une période nouvelle sur les esprits contemporains. Selon lui, l’affaire Gaufridy, dans toutes ses composantes, peut être expliquée par un raisonnement rationnel, complètement détaché des anciennes affirmations démonologiques. Ses analyses reflètent un mode de réflexion renouvelé, qui puise sa source dans un mouvement global de recherche d’un savoir désormais envisagé comme primordial pour le développement de l’homme et de la société.
Jean-Pierre Papon ou le témoin du progrès intellectuel
23Près d’un demi-siècle plus tard, l’abbé provençal Jean-Pierre Papon publie une histoire complète de la Provence, qu’il intitule Histoire générale de Provence (1786)39. Dans cette œuvre monumentale est insérée l’histoire de Gaufridy, indissociable de celle de la province. Elle laisse un précieux témoignage de la vision de l’affaire au crépuscule de l’époque des Lumières et à l’aube de la Révolution. Il voit en cet événement les ravages que peut engendrer la passion d’amour :
Une inquiétude secrète et le remords, peut-être joint à une sombre mélancolie, la [Madeleine de Demandols] firent rentrer dans son Couvent ; elle y porta les transports de l’amour, et des idées de sorcellerie, qui, se mêlant au délire de la passion, donnèrent aux égarements de son esprit tous les symptômes d’une maladie surnaturelle : elle a dit que Gaufridi l’avoit ensorcelée : ce sortilège étoit l’ascendant que le talent de séduire donne à un homme d’esprit sur une personne du sexe, sensible, foible et sans expérience : mais alors on crut réellement que Gaufridi avoit employé le pouvoir surnaturel du Diable, pour triompher de la vertu de la jeune Religieuse40.
24Voilà la première publication qui désigne véritablement l’esprit de Madeleine comme responsable de son état pathologique et de ses déclarations. Les passions qu’a provoquées son amour pour le curé l’ont déstabilisée et amenée à se comporter étrangement. Les croyances de l’époque ont favorisé l’assimilation de cette attitude à l’incursion du démon dans le corps de la jeune noble. L’auteur pousse davantage l’analyse en expliquant ses symptômes de possession :
On jugea qu’il y avoit de l’artifice de la part du malin esprit : on ne voyait pas que ces convulsions n’étoient que des attaques de nerfs, produites par le dérangement de sa santé, et occasionnées par la présence de Gaufridi41.
25Son interprétation laisse entrevoir les prémices d’une science contemporaine. Elle souligne un déplacement de la critique intellectuelle des croyances à une approche médicale42 : le savoir prend une trajectoire nouvelle. Papon tente ici d’intégrer les convulsions de l’Ursuline dans une analyse scientifique, voire psychologique, afin de mettre en lumière l’ingénuité des divers acteurs de l’affaire. D’ailleurs, il apporte des précisions quant à cette ignorance générale :
L’ignorance des Juges, celle des Médecins et des Chirurgiens, nommés pour examiner quelques taches que les accusés avoient sur le corps, est une chose bien surprenante : ils prenoient pour des effets d’une puissance surnaturelle, des affections nerveuses, et quelques marques, produites par des coups d’épingle, ou avec de l’eau-forte43. Plaignons le siècle où l’on n’eût pas la force de combattre l’opinion qui faisoit croire à la magie : opinion dangereuse, en ce qu’elle fournissoit aux fourbes des moyens de séduire les simples, et aux méchans des prétextes pour persécuter ceux dont ils envioient les talens ou les richesses44.
26Il dénonce ici une croyance qui entravait toute compréhension rationnelle et qui permettait aux hommes de légitimer un comportement agressif à l’égard de ceux qu’ils voulaient détruire. Dès la fin du xviiie siècle et encore bien davantage au xixe, la croyance au surnaturel est considérée comme un dangereux ennemi, dans la mesure où elle constitue une barrière à l’esprit critique45. Ce contexte de refus conduit Papon à analyser les marques diaboliques sous un angle totalement nouveau : ces étranges stigmates sont provoqués par des procédés chimiques ou physiques qui rendent insensibles les parties sondées. Auparavant, Gayot de Pitaval, tout en admettant la fausseté des marques diaboliques, n’a pas tenté de donner une explication biologique du phénomène. Ainsi l’analyse de l’abbé témoigne-t-elle de l’évolution et de la diffusion du savoir scientifique au sein des cercles savants durant le siècle des Lumières. Enfin, l’auteur tente d’éclaircir les causes des aveux de Gaufridy :
On jugea aisément, par tous ses discours, et encore plus par les contradictions dans lesquelles il tomboit, que la terreur de la mort lui avoit aliéné l’esprit ; et peut-être auroit-il été plus sage de l’enfermer aux petites-maisons46, que de le condamner, comme on le fit, au dernier supplice47.
27Pour Papon, c’est bien la peur du châtiment final qui a engendré des perturbations dans son système mental et qui l’a incité à avouer des crimes complètement absurdes. Selon lui, il aurait mieux valu le placer en « asile d’aliénés » afin de traiter ses troubles mentaux plutôt que de le condamner à mort. Les médecins commencent seulement en effet à cette époque à porter attention à la folie comme le fait Philippe Pinel. Notons toutefois que le débat démonologique du xviie siècle n’était pas dénué de cette vision pathologique de la sorcellerie. Les représentants d’une telle pensée, sous la plume de Gabriel Naudé notamment, n’avaient pas hésité à publier que les confessions des sorciers n’étaient pas réelles, mais résultaient plutôt d’une mélancolie qui devait être médicalement traitée48. Ils demeuraient néanmoins très rares et n’avaient que peu de poids dans le débat démonologique de l’époque.
28Jean-Pierre Papon, à travers son livre, nous offre ainsi une vision renouvelée de l’affaire Gaufridy et du monde démoniaque. Il étudie toutes les manifestations, auparavant considérées comme diaboliques, en les confrontant au savoir de son temps. Les analyses se font donc plus scientifiques et sont parsemées d’explications témoignant du progrès intellectuel d’une société en pleine mutation.
29Le choc de la Révolution engendre une redéfinition de l’homme et de sa place dans la société, et avec elle une modification du statut des possédés. La sorcellerie n’est plus reconnue politiquement depuis plus d’un siècle et la possession tend à suivre le même chemin. La loi du 22 juillet 1791 fait passer les possédés dans la classe des escrocs ou des malades49. Suivant les cas, ils sont envoyés dans des maisons de fous ou entre les mains de la police correctionnelle50. La littérature du début du xixe siècle, en relatant l’affaire Gaufridy, témoigne de cette nouvelle vision de la possession diabolique51.
30Ainsi, pendant plus d’un siècle et demi, la perception de l’affaire Gaufridy s’est considérablement modifiée. L’évolution de l’imaginaire démoniaque, par un lent dégradé des convictions et des pressions collectives, reconstitue l’histoire d’une mutation fondamentale. Cette dernière a fait passer une représentation de sa forme archaïque et religieuse (démonologique) à un statut politique (les rébellions), puis scientifique52. Elle a conduit une société à penser différemment son rapport à la nature et à elle-même et, en cela, l’a faite entrer dans une nouvelle modernité, où s’opère un véritable désenchantement du monde53.
Notes de bas de page
1 Madeleine Bavent, religieuse du couvent des Franciscaines à Louviers, est séduite par son confesseur, le Père Mathurin Picard. Les faits, qui durent de 1628 à 1642, ne resurgissent qu’à la mort du Père, en 1642. À ce moment, elle accuse le défunt de lui avoir préparé des philtres, d’avoir célébré des messes noires et organisé des sabbats, avec l’aide de son assistant, le Père Thomas Boullé. Au même moment, plusieurs religieuses du couvent se déclarent possédées et accusent Madeleine Bavent d’avoir provoqué leur possession. Chassée de l’ordre en 1643, elle est condamnée à l’emprisonnement à vie. L’enquête n’est pas arrêtée pour autant et le parlement de Rouen poursuit ses recherches jusqu’en 1647. Le 2 juillet 1644, le Père Boullé est arrêté pour sorcellerie, torturé et finalement brûlé vif, le 21 août 1647, malgré ses protestations d’innocence. Comme toutes les affaires de possessions urbaines, cet événement a suscité un engouement littéraire à travers plusieurs publications. Parmi elles : de Lampérière J., Maignart P., Response a l’examen de la possession des religieuses de Louviers. A Monsieur Levilin, Évreux, J. de La Vigne, 1643 et Piètre S., Traicté des marques des possedez et la preuve de la veritable possession des religieuses de Louviers, Rouen, C. Osmont, 1644.
2 De 1658 à 1663, le couvent des Ursulines d’Auxonne est le théâtre d’une affaire diabolique, calquée sur celles d’Aix-en-Provence, Loudun et Louviers, au cours de laquelle des religieuses se disent possédées. En 1660, la religieuse Barbe Buvée est accusée de magie et d’infanticide. Elle est reconnue comme la principale coupable de cet ensorcellement collectif. Le procès aboutit néanmoins à son innocence en 1663. Sur cette affaire, voir les deux monographies de Benoît Garnot : Le diable au couvent. Les possédées d'Auxonne (1558-1663), Paris, Imago, 1995 et Une affaire de possession au xviie siècle : les religieuses d’Auxonne (1658-1663), Paris, Imago, 2018..
3 Né à Aix-en-Provence en 1599, Honoré Bouche est le fils d’un consul d’Aix. Il est principalement connu pour avoir écrit son Histoire chronologique de Provence. Il donne gratuitement son manuscrit à la province qui le fait imprimer à ses frais. Il prononce par ailleurs à Rome l’éloge funèbre de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc devant le pape, les cardinaux et une foule de savants en 1637.
4 Bouche H., Histoire chronologique de Provence, t. 2, Aix-en-Provence, C. David, 1664, p. 851.
5 Rapley R., A Case of Witchcraft: The Trial of Urbain Grandier, Manchester, McGill-Queen’s University Press, 1998, p. 95.
6 Bouche H., op. cit., p. 852.
7 Chaunu P., « Sur la fin des sorciers au xviie siècle », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 24e année, n° 4, 1969, p. 908.
8 De Certeau M., « Une mutation culturelle et religieuse : les magistrats devant les sorciers du xviie siècle », Revue d’histoire de l’Église de France, t. 55, n° 155, 1969, p. 300.
9 Chassaing J.-F., « Jurisprudence et sorciers », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19, 1997, mis en ligne le 20 février 2009, [consulté le 17 mars 2015].
10 Mandrou R., Magistrats et sorciers en France au xviie siècle : une analyse de psychologie historique, Paris, Éditions du Seuil, « L’Univers historique », 1980, p. 548.
11 Bouche H., op. cit., p. 851.
12 Il fait ici référence à l’Histoire admirable de Michaëlis.
13 Bouche H., op. cit., p. 851.
14 Bechtel G., Sorcellerie et possession : l’affaire Gaufridy, Paris, Culture, Art, Loisirs, 1972, p. 263.
15 Ibid., p. 262.
16 Cette affaire est étudiée dans l’ouvrage de référence : Quétel C., L’affaire des poisons : crimes, sorcelleries et scandale sous le règne de Louis XIV, Paris, Tallandier, « Texto », 2015.
17 Extrait du procès de la dame de Brinvilliers, 1672-1676, Paris, Bibliothèque nationale de France, Fonds français, Ms 14055, f° 2v.
18 Angliviel de La Beaumelle L., Mémoires et lettres de Madame de Maintenon, t. 2, Maestricht, J. Edme Dufour & P. Roux, 1778, p. 175.
19 Louis xiv, Édit du Roy, Pour la punition de differents crimes. Registré en Parlement le 31. Aoust. 1682, Paris, F. Muguet, 1682.
20 Bechtel G., op. cit., p. 260.
21 Marc Duncan, éminent médecin et philosophe écossais du xviie siècle, confesse à propos des possédées de Loudun dès 1634 : « Et en obeissant à cette deffense j’estime qu’il m’est loisible de douter si les Religieuses Ursulines de Lodun sont possedées & agitées du malin esprit : dautant que les raisons qu’on allegue pour le prouver me semblent foibles et insuffisantes. » (Duncan M., Discours de la possession des Religieuses Ursulines de Lodun, Saumur, Jean Lesnier, 1634, p. 4).
22 Goodare J., The European Witch-Hunt, New York, Routledge, 2016, p. 348.
23 Almond C. P., Demonic Possession and Exorcism in Early Modern England: Contemporary Texts and their Cultural Contexts, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, p. 16.
24 Sauzet R., « Sorcellerie et possession en Touraine et Berry aux xvie-xviie siècles », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 101, n° 3, 1994, p. 74.
25 En septembre 1637, l’abbé d’Aubignac, François Hédelin, arrive à Loudun pour assister au spectacle dont tout le monde parle. Les exorcismes l’exaspèrent rapidement et il décèle aussitôt dans ces séances publiques très répétitives la récitation d’une leçon bien apprise qui ne peut tromper que les crédules et les ignorants. Selon lui, le théâtre de ces possessions n’est autre qu’une représentation qui vise à conforter dans la foi ou à convertir.
26 Mandrou R., Possession et sorcellerie au xviie siècle, Paris, Fayard, 1979, p. 330.
27 Waite G., Heresy, Magic and Witchcraft in Early Modern Europe, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2003, p. 216.
28 Bayle F., Grangeron H., Relation de l’état de quelques personnes pretenduës possedées. Faite d’autorité du Parlement de Toulouse. Par Me. François Bayle Docteur en Medecine, & Professeur aux Arts Liberaux de l’Université de Toulouse, & Me. Henri Grangeron Docteur en Medecine. Ou ces Docteurs expliquent clairement par les veritables principes de la Phisique, des éfets que l’on regarde ordinairement, comme prodigieux, & surnaturels, Toulouse, Vve Fouchac & Bély, 1682, p. 110-111 et p. 118.
29 Dupront A., Le mythe de croisade, Paris, Gallimard, 1997, p. 783.
30 Chassaing J.-F., « Jurisprudence et sorciers », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19, 1997, mis en ligne le 20 février 2009, [consulté le 17 mars 2015].
31 Soman A., « La décriminalisation de la sorcellerie en France », Histoire, économie et société, 4e année, n° 2, 1985, p. 198.
32 Né en 1673 à Lyon, François Gayot de Pitaval fait ses études à Paris pour devenir abbé. Il décide cependant de quitter la religion pour l’armée. À cinquante ans, il reprend ses études pour devenir avocat. Il est l’auteur de nombreux livres d’anecdotes historiques, galantes et poétiques, ses Causes célèbres et intéressantes étant le plus renommé d’entre eux.
33 Gayot de Pitaval F., Causes célèbres et intéressantes, t. 6, Paris, T. Legras, 1739, p. 192-193.
34 Ibid., p. 277.
35 Ibid., p. 281.
36 Ehrard J., « Opinions médicales en France au xviiie siècle : la peste et l’idée de contagion », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 12e année, n° 1, 1957, p. 47. Ces discussions étaient, pour la plupart, consignées dans le Journal des sçavans, créé en 1665.
37 L’inoculation renvoie à l’introduction d’un micro-organisme dans le corps. Elle est considérée, à juste titre, comme le prélude de la vaccination actuelle.
38 Arnaud S., « Philosophie, maladie et médecine au xviiie siècle de Gilles Barroux », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 65e année, 2010/1, p. 200.
39 Né en 1734 à Puget-Théniers, Jean-Pierre Papon commence ses études à Nice. Âgé de dix-huit ans, il entre dans la congrégation de l’Oratoire. Il professe avec distinction les belles-lettres à Nantes puis à Lyon, où il devient préfet du Grand Collège. On lui confie ensuite le soin de la bibliothèque de Marseille, dans laquelle il commence son Histoire générale de Provence. Cette œuvre colossale est divisée en quatre volumes et sa rédaction s’est étalée sur une dizaine d’années.
40 Papon J.-P., Histoire générale de Provence, t. 4, Paris, Moutard, 1786, p. 426.
41 Ibid., p. 428.
42 Sempère E., De la merveille à l’inquiétude : le registre du fantastique dans la fiction narrative au xviiie siècle, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2008, p. 355.
43 L’eau-forte est un procédé de gravure en taille-douce sur une plaque métallique à l’aide d’un mordant chimique (un acide). À l’origine, l’eau-forte était le nom donné à l’acide nitrique.
44 Papon J.-P., op. cit., p. 430.
45 Gijswijt-Hofstra M., Levack B., Porter R., Witchcraft and Magic in Europe: The Eighteenth and Nineteenth Centuries, volume 5, Londres, The Athlone Press, 1999, p. 220.
46 Le nom de « petites-maisons » désigne un asile parisien d’aliénés, l’ancêtre de l’hôpital psychiatrique, créé en 1557.
47 Papon J.-P., op. cit., p. 429-430.
48 Naudé G., Jugement de tout ce qui a esté imprimé contre la cardinal Mazarin. Depuis le 6 janvier jusques à la déclaration du 1er avril 1649, s.l., s.d., p. 310.
49 Regnard P., Sorcellerie, magnétisme, morphisme, délire des grandeurs, Paris, E. Plon, 1887, p. 74.
50 Roehrig J., Procès de sorcellerie aux xvie et xviie siècles dans les terres de l’Est : Alsace, Franche-Comté, Lorraine, Escalquens, Trajectoire, 2016, p. 71.
51 Mouchet M., Dictionnaire contenant les anecdotes historiques de l’amour, Depuis le commencement du Monde jusqu’à ce jour, t. 2, Troyes, M. Gobelet, 1811, p. 551-554.
52 De Certeau M., art. cité, p. 302.
53 Nous employons ce terme de « désenchantement du monde » dans l’acception que le sociologue allemand Max Weber lui a donné, à savoir le recul des croyances et des superstitions comme mode d’explication des phénomènes.
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