Contexte : « En ce temps si chatouilleux et dangereux »
p. 9-20
Texte intégral
1Le temps des Archiducs correspond-il à une belle période pour la Franche-Comté, à une « heureuse parenthèse » pour reprendre l’expression de Francisco Elias de Tejada ?1
2Les années 1598-1633 s’inscrivent « en ce temps si chatouilleux et dangereux »2, entre deux époques dramatiques : d’une part, en 1595, le ravage de la province par les troupes du roi de France Henri IV3, et d’autre part en 1634, le début de la guerre dite de Dix Ans.4
La reconstruction
3Après les destructions de 1595, la reconstruction de la province s’impose : il faut rebâtir les fermes et les maisons, les abbayes (Acey), les églises (Baume-les-Dames, Saint-Amour...), les collèges (Dole, Montbéliard), les châteaux (Crosey-le-Petit, Malans...), et même rétablir le réseau routier.
4Durant cette période 1598-1633, l’économie semble donc dominée par l’interminable reconstruction, conséquence de l’année noire (1595), donnant l’apparence sinon d’un certain dynamisme, du moins comme l’a fort justement noté Maurice Gresset, d’« une sorte de palier d’équilibre ».5
5Chemins, routes et ponts sont remis en état (chapitres 15 et 18). Le pont de Chiprey, sur le Lison, entre Alaise et Refranche, n’est toujours pas praticable cinq ans après l’invasion française ; il est enfin reconstruit « tout à neuf de pierre » en 1601.6 Deux nouveaux beaux ponts permettent de franchir la Loue, à Ornans, en 1602 et 1607. Les officiers du bailliage de Vesoul n’hésitent pas à poursuivre et à condamner les communautés qui négligent l’entretien des chemins et des ponts, par exemple à Montbozon où « le pont menace ruine et qui est très-dangereux pour les passants ».7 La grande saunerie de Salins exerce aussi une très forte pression pour maintenir ou améliorer la qualité du réseau routier dans toute la province.8
6A l’évidence, la province connaît une croissance démographique (chapitre 1). Des villes entières, qui avaient été rasées ou fortement endommagées, sont reconstruites : Lons-le-Saunier, Saint-Amour, Pesmes, Champlitte, Baume-les-Dames, mais surtout Arbois et Quingey. Tous les bâtiments ne sont pas rebâtis au même rythme. L’hôpital de Lons-le-Saunier n’est toujours pas réédifié en 1622 (chapitre 18).9
7Quelques hôtels particuliers subsistent, témoins de cette fièvre de reconstruction mais aussi d’embellissement des villes. Parmi les édifices civils, on peut mentionner, pour Besançon, l’Hôtel Chassignet (rue Pasteur), l’Hôtel Alviset (à l’angle des rues Péclet et Martelot), ou encore l’Hôtel Buson d’Auxon (rue des Granges). De même à Montbéliard : l’Hôtel Forstner, ou la Maison des Princes, (place Saint-Martin), vers 1602, l’Hôtel de la Croix d’Or, en 1625, ou la Ferme souaberie (rue du Collège), en 1599-1602. A Ornans, l’Hôtel Sanderet de Valonne abrite aujourd’hui la Bibliothèque et les Archives municipales.
8Les constructions apparaissent aussi dans les campagnes et les zones de montagnes (chapitre 13). De nombreuses fermes, notamment dans les régions de Pesmes (Bard), Pierrefontaine-les-Varans (Guyans-Vennes...), Le Russey (Le Bizot), Montbenoît (Montflovin, Ouhans...), ont aujourd’hui encore des cheminées, des linteaux de portes, parfois des poutres (Nancray, 1610), millésimés de cette période.
L’insécurité dans les campagnes et des villes
9Une grande insécurité règne dans les campagnes dans le premier tiers du nouveau siècle (chapitre 10). Vers 1603-1610, la forteresse de Châteauvilain, à Bourg-de-Sirod, est attaquée et pillée par une bande de voleurs étrangers (des soldats français), tandis qu’à l’autre bout de la province, des brigands s’attaquent à Saint-Loup, rançonnent des ecclésiastiques notamment des abbés (Luxeuil, Clairefontaine), ou des seigneurs (Matal, Janey). Des hordes de voleurs parcourent les campagnes en 1611-1612. Du côté de Champlitte et vers Luxeuil, des groupes de malfaiteurs multiplient les vols, les rapines et même les crimes, ainsi en 1617.10
10De 1624 à 1631, des bandes de vagabonds mais aussi, « en grand nombre », des voleurs armés, des troupes organisées, sévissent autour de Vesoul et surtout de Fougerolles. Les prisons de Vesoul et de Baume-les-Dames sont pleines de malfaiteurs.
11Ces rapines sont dues aussi aux garnisons indisciplinées, logées en ville ou dans des châteaux, mais qui complètent leur ordinaire en se servant sans vergogne dans les campagnes aux alentours (chapitre 19). Les soldats commettent de nombreuses exactions dans les ressorts de Dole, Arbois, Baume-les-Dames, Saint-Hippolyte, Montmorot, Gray, Luxeuil, Faucogney, Quingey, Pontarlier, Gy, Cromary, Châtillon-le-Duc, en particulier à Montigny-lès-Cherlieu, Genevrey, Granges-la-Ville, Vieilley, Merey, Rioz, Quenoche, Orgelet, etc.11
Le temps des sortilèges
12Ce climat d’insécurité et de violence n’est peut-être pas étranger à la suspicion qui s’infiltre partout. Mais on l’attribue aussi à « l’inconduite des curés », notamment à Anjeux, près de Vauvillers, où le nombre de sorciers va croissant. Des dizaines de prétendus sorciers et sorcières sont jugés et souvent exécutés. En 1629, Jean Clerc, le bailli de Luxeuil, se vante auprès du parlement de condamner les auteurs de sortilèges à périr pendus ou brûlés ; leurs enfants doivent assister au supplice, en jetant dans le feu où brûlent leurs parents des petits fagots de bois épineux...12
13En juillet 1629, le parlement écrit à l’archevêque pour se plaindre de la prolifération des sorciers et des sorcières dans les villages de la Terre de Luxeuil, ces malheureux étant privés d’instruction religieuse. Le commissaire Vernerey est envoyé sur place. Il résulte de sa mission que les curés sont incapables d’arrêter le mal, les enfants étant élevés dès leur plus jeune âge dans ces pratiques par leurs parents.13
14La sorcellerie fait l’objet d’une vaste répression durant la période des Archiducs, notamment sous l’impulsion du célèbre démonologue Henri Boguet, juge à Saint-Claude (chapitre 10).
Une menace permanente : la peste
15La peste, terme générique pour désigner la vraie peste ou d’autres maladies épidémiques, traîne à l’état endémique dans la province, comme ailleurs en Europe (chapitre 11). Le fléau est présent à Gy en 1598 et 1599. Après une dizaine d’années de répit, il sévit de nouveau à Baume-les-Dames en 1612, à Arbois et dans quelques villages des alentours en 1613. On s’inquiète aussi à Saint-Claude de la présence de l’épidémie du côté du lac Léman et à Genève en 1615.14
16La peste revient dix ans après, dans divers lieux de la province dont le bailliage d’Amont. Les voleurs en profitent pour infester les campagnes. Vers 1627, la peste s’installe dans le comté de Montbéliard, à Gray, à Pesmes, à Vesoul, dans le val de Morteau et à Pontarlier : « On fit avertir dans ce pays que la foire de la Chandeleure [1628] ne se tiendroit pas à Besançon, à cause que la peste étoit à Rochefort. »15 Des villages entiers sont abandonnés durant l’automne 1628. Le fléau règne dans tous les bailliages et dépeuple les villages. Il sévit à Bart, Champagney, Montmirey, Morteau, Luxiol, Salins, Busy, Mongesoye, Vercel, Frasne-le-Château, etc. Les officiers de Baume-les-Dames demandent la suspension des foires de Montbozon, au début de l’année 1629.16 Pontarlier est à l’agonie, les paysans des alentours n’apportant plus de provisions. Partout dans la province, les foires sont interdites, jusqu’aux vendanges ou à la Saint-Martin. Les Lédoniens sont réduits à la plus grande misère. Le parlement interdit aux Pontissaliens de tenir leurs marchés. Salins et Poligny sont aussi « en grand nombre » touchés.
17Toute communication est interdite avec Besançon où la peste fait 1200 victimes en huit mois, en 1629.17
18Dole étant infectée, le parlement se replie à Pesmes. L’archevêque de Besançon fait transférer l’officialité à Gy. Le gouverneur de la province quitte Gray et se retire à Mantoche.
19En 1630, la peste est à Gy, Gray, Longevelle, Saint-Claude. A Naisey, elle tue 140 personnes en cinq mois. A Baume-les-Dames, la municipalité ordonne d’abattre les chiens, les chats, mais aussi les pourceaux, en raison de la contagion.18 En 1631, le fléau atteint encore Salins, Gray, Velesmes, Velet, Gy, Vesoul, Champlitte, Poligny, Fraisans, etc.19
L’épanouissement du catholicisme
20En Franche-Comté, à l’époque des Archiducs Albert et Isabelle, on assiste à l’épanouissement du catholicisme (chapitres 6 et 7).20 Le long épiscopat de l’archevêque Ferdinand de Rye, de 1586 à 1636, est marqué, dit-on, par le développement de la foi catholique, ce qui est difficile à démontrer. Incontestablement, une lutte est menée contre le protestantisme (foyers de Montbéliard, d’Héricourt) : ici, la réforme catholique s’accompagne donc aussi d’une véritable contre-réforme.21
21Cette politique religieuse se traduit d’abord par l’implantation de nouveaux ordres et de nouveaux établissements religieux, notamment des couvents de Capucins.22 Dans une liste non exhaustive, on peut citer plusieurs dizaines de créations favorisant presque toujours le milieu urbain :
22Jésuites : collèges à Besançon 1597, à Vesoul 1610
23Minimes (Franciscains) : Ornans 1606, Rupt 1610, Arbois 1621, Dole 1624, Arlay 1630
24Capucins (Franciscains)23 : Vesoul 1602-1604, Besançon 1607, Lons-le-Saunier 1612, Poligny 1615, Pesmes 1617, Champlitte 1618, Baume-les-Dames 1618, Pontarlier 1617-1618, Champlitte 1618, Belfort24 1619, Luxeuil 1619, Saint-Claude 1617-1637, Jussey 1622, Saint-Amour 1623, Lure 1627, Faucogney 1634
25Carmes : Marnay 1618, Dole 1623-1629, Salins 1625
26Tiercelins – c’est le nom donné en Franche-Comté aux Tertiaires – Chemilly près de Scey-sur-Saône, vers 1627-1629, issu d’un ermitage fondé en 1618
27Oratoriens : Poligny 1617, Salins 1622
28Annonciades Célestes ou Bleues, ordre contemplatif : Pontarlier 1612, Nozeroy 1610, Vesoul 1613, Saint-Claude 1610-1620, Champlitte 1619, Saint-Amour 1621, Dole 1622, Gray 1631 ; un couvent d’Annonciades est prévu aussi à Baume-les-Dames dès 1618
29Ursulines, qui se vouent à l’instruction et à l’éducation des jeunes filles : Dole 1606, Poligny 1614, Vesoul 1615, Arbois 1617, Salins 1629
30Carmélites, de Thérèse d’Avila : Dole 1614, Besançon 1616, Salins 1627
31Tiercelines – c’est le nom donné en Franche-Comté aux Tertiaires –, des sœurs de sainte Elisabeth sous la règle du Tiers Ordre de saint François : Vesoul 1604, Salins 1606-1607, Gray 1611, Dole 1614
32Visitandines, de Jeanne de Chantal et François de Sales, qui visitent les pauvres et les malades : Besançon 1630, Champlitte 1634. Mais Poligny refuse une implantation en 1621.25
33Les abus constatés dans les maisons religieuses et le clergé séculier sont pourchassés. Dès le début du siècle, le parlement dénonce à l’Archiduc la vie licencieuse menée par les religieux de l’ordre de Cîteaux. A Gray, des Franciscains sont excommuniés.26 Vers 1619, on se lamente des désordres chez les religieuses de l’abbaye de Colonges, à Broye-les-Loups, près d’Autrey, ou encore chez les moines Cordeliers de Gray. Le scandale de l’abbaye de Colonges rebondit en 1622, ce qui entraîne son rattachement à celle d’Ounans. A Vesoul, des prêtres mènent une vie scandaleuse, tandis que le curé de Cemboing exerce des mauvais traitements sur ses paroissiens, en 1625.27
34Ces abus justifient la nomination de véritables réformateurs catholiques à la tête des abbayes, par exemple Jean Penevoillet, abbé de la Grâce-Dieu. La réforme de Saint-Vanne est implantée chez les Bénédictins : abbaye Saint-Vincent à Besançon, abbaye de Faverney, prieuré de Jouhe, collège Saint-Jérôme de Dole, ou encore dans les prieurés de Vaux-sur-Poligny, Bonnevaux, Damparis, etc. Pour la remise en ordre des paroisses, l’archevêque organise des visites pastorales.
35La dévotion mariale est encouragée. Le culte de Notre-Dame de Montaigu, en Brabant, vénérée par les Archiducs, se diffuse en Franche-Comté, notamment à Gray, Besançon, Ornans, au prieuré de Bellefontaine, par les bons soins de Philippe Chifflet, chapelain de l’infante Isabelle.28 A cela s’ajoutent :
- la dévotion au Saint-Sacrement (en liaison avec le miracle eucharistique de Faverney)
- les miracles et pèlerinages (Faverney, Gray, Mièges, etc)
- le développement de l’enseignement dans les paroisses (voir le chapitre que nous consacrons à l’enseignement)
- l’essor des fondations pieuses, notamment des confréries (Saint-Vernier à Arbois en 1627), y compris dans les paroisses rurales (par exemple la confrérie Saint-Sébastien à Rahon, en 1632)
- le mécénat artistique (ostensoir de Dole, Notre-Dame de Mont-Roland près de Dole, chapelle du Saint-Suaire à Besançon).
36L’œuvre religieuse des Archiducs en Comté doit sans doute beaucoup aussi à François II de Rye qui est non seulement supérieur de l’abbaye d’Acey (de 1595 à 1637) mais surtout aumônier de l’archiduchesse Isabelle à Bruxelles.29
Le marasme économique, disette et misère
37En 1616, « l’extrême misère » sévit du côté de Lons-le-Saunier et Orgelet. Le parlement intervient auprès de l’archiduc Albert pour souligner la langueur du commerce et l’état de ruine la province (chapitre 15). La disette est fréquente. Montbéliard et sa région subissent une « grande cherté » et des crises de subsistance en 1621 et 1622, en 1625, en 1627 et en 1630. Le comte de Champlitte, gouverneur de la province, impute la misère à la rareté et aux désordres monétaires, en 1621-1622. Les faux-monnayeurs en profitent, à Ornans, avant d’être emprisonnés.
38La disette entraîne une cherté des grains atteignant un paroxysme. L’exportation en est interdite. Les greniers des châtelains, dont certains accaparent les céréales, sont méthodiquement visités. Quand on y trouve des réserves, elles sont confisquées et vendues « pour la nourriture du pauvre peuple ». Le blé manquant, on interdit les plantations de vignes pour favoriser la culture des céréales (1622). Dole et Gray manquent de grains et de sel. Mais la Franche-Comté, qui se dit toujours neutre, laisse passer des chariots de blé en provenance de Gex et à destination du duché de Bourgogne...
39Les mineurs de Château-Lambert, 600 à 700 ouvriers constituant probablement le plus grand centre industriel comtois après Salins, connaissent une disette de grains. Des tentatives d’accaparement et d’exportation de blé sont pourtant décelées du côté de Gray.
40La misère est telle, notamment à Salins et à Champlitte, qu’on autorise la consommation de fromage durant le Carême 1630.30 Le parlement de Dole interdit de couper les blés avant leur maturité : cela s’est donc fait, témoignage d’une pénurie de céréales, peut-être d’un début de famine (chapitre 8).
41La pénurie s’installe à Pontarlier comme à Gy : « l’injurie du temps » provoque le manque de grains dans différents endroits de la province. Le parlement est contraint de rappeler aux communautés qu’elles ont le devoir de nourrir leurs pauvres. A Lons-le-Saunier, les habitants sont réduits en « extrême misère », une fois de plus. De même à Salins, où les pauvres errent « en grande quantité ».
Les menaces de guerre
42Aux difficultés sociales et économiques s’ajoute la menace extérieure (chapitre 19). Les ambitions françaises modifient la situation frontalière en Franche-Comté.31 En 1601, Henri IV s’empare de la Bresse, du pays de Gex, du Bugey et du Valromey : c’est dire que ces anciens territoires appartenant à la Savoie sont désormais français et que la Franche-Comté a une frontière avec la France beaucoup plus longue qu’auparavant. Elle est cernée non seulement à l’ouest mais maintenant aussi au sud.
43La neutralité de la province favorise le passage de troupes étrangères, commettant parfois des dégâts, comme à Quingey et Arbois. Les incursions de soldats étrangers sont fréquentes, du nord au sud de la province, de Jonvelle à Saint-Amour. On ne cesse de se lamenter sur l’extrême misère de la population dans la région de Lons-le-Saunier, Arinthod et Orgelet, en 1616, à cause du bivouac des troupes du duc de Nemours et autres gendarmeries étrangères.
44La Franche-Comté se déclare « en état d’éminent péril », ce qui impose des levées de troupes et un renforcement de la garde des places-fortes (Gray, Dole), des villes (Luxeuil, Bletterans...), et des châteaux (Sainte-Anne...).32 C’est alors qu’on réalise le triste état des enceintes qui ne permettront pas de résister longtemps à l’ennemi. Les munitions sont accumulées. Pontarlier se livre à une estimation des canons que la ville peut produire.
45De surcroît, les soldats mal ou pas du tout payés refusent de réparer les fortifications au tarif insuffisant de 4 sols par jour... Faute de paiement, les garnisons s’impatientent et s’énervent à Vesoul, Orgelet (émeute en 1624), Lons-le-Saunier, Saint-Laurent-la-Roche ou encore à Bletterans.33
46Richelieu est maintenant à Dijon et son armée française menace Bletterans. C’est alors que les Suédois entrent en Franche-Comté, à la hauteur de Ronchamp. En janvier 1633, Lure et Vesoul sont menacées. La guerre de Dix Ans commence au moment où meurt l’archiduchesse Isabelle.34
*
47La conjoncture pacifique des années 1598-1633 est donc troublée par l’état d’alerte permanent, surtout à partir de 1618, début de la guerre de Trente Ans en Europe, mais aussi par la recrudescence des épidémies. La lecture des différentes délibérations municipales (Baume-les-Dames, Saint-Claude, Poligny, Besançon, Gray, etc), mais aussi de la correspondance du parlement de Dole, complétée par celle du gouverneur de la province, dévoile la grisaille quotidienne.35
48Somme toute, le temps des Archiducs s’inscrit dans un contexte plutôt contrasté, assez morose et terne, bien éloigné de l’image coruscante habituellement présentée et que nous avions nous-même en tête au début de cette recherche. Mais il faudra encore bien des dépouillements et des analyses minutieuses d’archives avant d’obtenir, dans le meilleur des cas, une plus juste vision des choses.
Notes de bas de page
1 Francisco ELIAS DE TEJADA, La Franche-Comté hispanique, Vaux-lez-Poligny, 1977, pp. 63-77.
2 Archives municipales de Besançon : BB 44, f° 90 v°, juin 1595, comte de Fuentés, lettre aux Bisontins (au moment où le roi Henri IV de France s’intéresse de près à la Franche-Comté).
3 Bonne mise au point de François PERNOT, « janvier 1595 : Henri IV veut couper le Camino Español en Franche-Comté » : Revue historique des armées, n° 1, 2001, pp. 13-24.
4 Voir la belle synthèse de Maurice GRESSET, dans : Maurice GRESSET, Pierre GRESSER, Jean-Marc DEBARD, Histoire de l’annexion de la Franche-Comté et du Pays de Montbéliard, Roanne, Horvath, 1988, pp. 125-127.
5 L’expression est de Maurice GRESSET, dans : Roland FIETIER dir., Histoire de la Franche-Comté, Toulouse, Privat, 1977, p. 223.
6 Sur les ponts, voir André HAMMERER, Sur les chemins du sel. Activité commerciale des sauneries de Salins du XIVème au XVIIème siècle, Besançon, Cêtre, 1984, pp. 145-148, et pp. 215-224.
7 Archives départementales de la Haute-Saône : B 4152, B 4153, B 4184. Pour Montbozon, voir B 4181.
8 Archives départementales du Doubs : B 2117 ; voir aussi l’ouvrage d’André HAMMERER, Les chemins du sel, op. cit., notamment le début du chapitre VI.
9 Archives départementales du Doubs : 2 B 104.
10 Archives départementales du Doubs : 2 B 93 et 94.
11 Nombreux dossiers sur ces exactions ; Archives départementales du Doubs : 2 B 713 à 2 B 719.
12 Archives départementales du Doubs : 2 B 125. Le parlement condamne cette pratique et demande à Jean Clerc d’agir humainement.
13 Archives départementales du Doubs : 2 B 129.
14 Archives départementales du Doubs : 2 B 86 et 87.
15 « Etat de ce qui s’est passé à Besançon depuis 1612 » : Mémoires et documents inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comté, tome IX, 1900, p. 213.
16 Archives départementales de Haute-Saône : B 4158.
17 « Etat de ce qui s’est passé à Besançon... » : Mémoires et documents..., op. cit., tome IX, 1900, pp. 214-215. On y trouvera de nombreux détails sur le fléau.
18 Archives municipales de Baume-les-Dames : BB 6.
19 Voir l’excellent article de Michel PARIS, « Les Dolois face à la peste (1554-1639) » : « L’homme souffrant », Cahiers Dolois, n° 16, 2000, pp. 93-114 ; Gérard LOUIS, « Les deux dernières pestes en Franche-Comté (1628-1640) » : Mémoires de la Société d’Emulation du Doubs, 1997, pp. 63-83.
20 Outre la synthèse très brève mais commode de Jean COURTIEU, « La renaissance catholique au XVIIème siècle », dans : Maurice REY dir., Histoire des diocèses de France. Besançon et Saint-Claude, Paris, Beauchesne, 1977, pp. 106-119, il faut utiliser : A. SCHERER L’Eglise catholique en Franche-Comté de 1580 à 1640. Etude de sociologie religieuse, Paris, Thèse de l’Ecole des chartes, 1960 ; Henri MOREAU, La réforme catholique dans le diocèse de Besançon d’après les visites ad limina (1591-1714), Rome, Université pontificale grégorienne. Mémoire de licence en patristique et histoire de la théologie, 1977. Voir aussi l’article de Maurice GRESSET, « Les ordres religieux en Franche-Comté au début du XVIIème siècle : de la contemplation à l’action » : Cahiers dolois, n° 14, 1997, pp. 33-57.
21 J. M. SUCHET, « Ferdinand de Rye » : Annales franc-comtoises. Revue religieuse, historique et littéraire, tome IX, 1868, pp. 171-192.
22 On peut tirer profit de Rainer BABEL, « Freigrafschaft Burgund-Franche-Comté ; Freie Reichsstadt Besançon », dans : Die Territorien des Reichs im Zeitalter der Reformation und Konfessionalisierung. Land und Konfession, 1500-1650, Münster, Aschendorff, 1996, vol. 6 : Nachträge, pp. 198-223. Je remercie vivement Christophe DUHAMELLE qui m’a fait connaître cette synthèse.
23 J. MOREY Les Capucins en Franche-Comté, Paris, 1881 ; à actualiser à l’aide de Dominique VARRY, « Les Capucins comtois, aile marchante de la reconquête post-tridentine : le couvent de Belfort », Bulletin de la Société belfortaine d’Emulation, n° 81, 1990, pp. 43-63.
24 Rappel : Belfort est alors en Alsace.
25 Pour le détail, voir Jules de TREVILLERS, Sequania monastica. Dictionnaire des abbayes, prieurés, couvents, collèges et hôpitaux conventuels, ermitages de Franche-Comté et du diocèse de Besançon, Vesoul, s. d., 2 volumes ; pour le cas des Visitandines de Poligny, voir Archives départementales du Doubs : 2 B 100.
26 Archives départementales du Doubs : 2 B 48.
27 Archives départementales du Doubs : 2 B 81, 2 B 95, 2 B 99, 2 B 111.
28 Voir notre étude (à paraître).
29 Bénédicte GAULARD, « La politique religieuse des Archiducs Albert et Isabelle en Franche-Comté (1598-1633) » : Religion et politique, Colloque (1995), Publications de l’Université de Saint-Etienne, 1998, pp. 55-66. Je remercie vivement ma collègue Bénédicte GAULARD pour les précisions qu’elle m’a fournies.
30 Archives départementales du Doubs : 2 B 111 jusqu’à 2 B 140.
31 François PERNOT a montré que certains nobles comtois n’étaient pas étrangers à l’invasion de la Franche-Comté en 1595, laquelle a échoué ; voir son article : « Une correspondance inédite conservée à Simancas entre Henri IV et deux capitaines lorrains au sujet de l’invasion de la Franche-Comté en 1595 » : Nouvelle Revue du Seizième Siècle, 1998, n° 16-2, pp. 283-299.
32 Les principales places fortes de la province sont alors, outre Dole, Gray et Salins, Faucogney, L’Etoile, Saint-Laurent-la-Roche, Bletterans, Sainte-Anne et Vadans, selon une lettre adressée par le parlement au gouverneur, en 1604 : Bibliothèque municipale de Besançon : collection Granvelle, Ms 38, f° 304 ; Archives départementales du Doubs : 2 B 81.
33 Archives départementales du Doubs : 2 B 90 jusqu’à 2 B 111.
34 Archives départementales du Doubs : 2 B 141 jusqu’à 2 B 184.
35 La correspondance du parlement est aux Archives départementales du Doubs, dans la sous-série 2 B. Celle du gouverneur est consultable, pour une bonne part, à la Bibliothèque municipale de Besançon : collection Granvelle, notamment le Ms 38. Ces ensembles sont à compléter avec les très riches fonds conservés aux Archives générales du Royaume à Bruxelles.
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