Chapitre 2. Les assistés reçus dans les hôpitaux
p. 259-300
Texte intégral
1Orientée primitivement vers le soulagement de toutes les détresses, la bienfaisance hospitalière devient au xve siècle plus sélective. Les secours se tournent prioritairement vers les enfants, tout en s'adressant aussi aux malades et aux vieillards qui possèdent quelques biens ; leur entretien coûteux ne risque pas ainsi de trop grever les finances de l'établissement, transformé progressivement en maison de retraite ou en hospice pour grabataires. Les indigents, eux, toujours plus nombreux et plus démunis, sont à l'occasion nourris et hébergés une nuit si la place ne manque pas. Autrement, ils risquent d'être jetés à la rue par des institutions inefficaces ou insuffisantes, en proie à un sentiment d'injustice et d'insécurité.
2Cette situation est remarquablement illustrée par le recueil de bulles, d'actes et d'images offert à Philippe le Bon par Pierre Crapillet, recteur du Saint-Esprit de Dijon et par les frères de son établissement. Ce manuscrit, de la deuxième moitié du xve siècle, ne présente plus en effet dans ses enluminures que quatre catégories d'infortunés : les malades, les accouchées, les enfants et les nouveaux-nés. L'absence de personnes valides y est manifeste : elle met en relief une évolution vers l'accueil « des pouvres ne pouvant gaigner leur vie »1. Pourtant, un certain nombre de critères traditionnels continuent à définir l'accueil.
3L'hôpital doit être ouvert jour et nuit afin d'être accessible à toutes les misères2, surtout à celles des enfants. Aux xive et xve siècles, nombreuses sont les sources qui signalent les orphelins et les « jetons »3 que les parents exposent, généralement de nuit dans des endroits publics, sous le porche des églises ou à la porte des hôpitaux4. Même si l'établissement est ouvert à tous, on se méfie des vagabonds, des gueux et des mauvais pauvres. L'usage veut même au Saint-Sépulcre de Salins, que toute personne reçue soit interrogée sur ses origines et sur son état5. Son identité et la nature de l'accueil apporté sont consignées6, habitude qui permet un meilleur contrôle. Au Saint-Esprit, la règle précise :
« Vous écrirez leurs noms sur de l'écorce et vous l'attacherez à leurs bras »7.
4Dans cette maison, le nom des assistés est également reporté dans un livre8. Puis le pauvre reçu est lavé. La règle de l'ordre du Saint-Esprit précise au personnel :
« Vous leur laverez en entrant, les mains et les pieds, vous leur couperez les cheveux, mais vous ne les raserez pas. »9
5Chaque jour, le malade doit profiter d’un lit refait ; chaque semaine, ses draps sont changés10. Cependant, les soins du corps, réceptacle de l'âme, ne peuvent laisser négliger les secours spirituels, jugés essentiels. C'est pourquoi tous les pauvres réclamant l'hospitalité se soumettent déjà à deux usages en vigueur : l'interrogatoire et la confession11. Après avoir répondu sur la question de l’excommunication, ils sont donc confessés, puis admis dans l'établissement. Mais, s'ils se trouvent temporairement exclus de la communauté des chrétiens, leur réception est soumise à la condition unique de la cession intégrale de leurs biens. Absous de leurs fautes, ils reçoivent les sacrements, puis l'assistance à l'hôpital12. Les Juifs, eux, sont refusés depuis le concile de Vernon (1264)13.
6L'accueil est réservé à des Chrétiens qu'il convient, certes de soigner, de chauffer et d'alimenter, mais encore de guider vers la voie du Salut ; le personnel mis à leur service se charge d'ailleurs de les gouverner et de les encadrer dans ce sens14.
7Les enfants, eux aussi, sont reçus comme membres à part entière de l’Eglise. Dès leur abandon à l’hôpital, on procède avec diligence à leur baptême, après avoir vérifié au préalable, qu'ils ne sont pas déjà munis de ce sacrement15. Ce contrôle s’avère aisé car, ainsi que le rapporte P.-A. Sigal16, la coutume consiste à attacher un petit sachet de sel autour du cou du nouveau-né non baptisé. Il semble également que la majorité des parents laisse le soin aux hospitaliers de donner ce sacrement ; un laïc ne peut, selon l'usage, que baptiser un enfant en danger de mort.
8Le baptême comme la confession sont des rites d'entrée qui procèdent de la même logique : sauver des âmes et faire naître un certain nombre de pécheurs17 à la grâce, en leur accordant de surcroît, pitié et compassion.
9Si les pauvres se présentent souvent eux-mêmes à la porte, il arrive aussi qu'ils soient transportés à l'hôpital par le personnel, sur injonction du recteur. Ainsi à Gray, à la fin du xvie siècle, dans une année « d'intolerable et calamiteuse chierté », le gouverneur du Saint-Esprit les envoie chercher sur une civière, devant la croix proche de la ville18.
I. Nécessiteux, passants, pèlerins
10Les pauvres « passans et trespassans » sont fréquemment mentionnés à travers des sources de toute nature, sans qu'il soit pourtant possible de percer leur identité ou d’envisager leur nombre avec exactitude, même au sein de quelques établissements.
Les plus fréquemment nommés dans les actes
11Toutefois une certitude : leur grande « multitude » ; ce terme revient en effet constamment pour décrire « la foule »19 d'étrangers et d'errants qui se presse, tant aux portes de Besançon, de Salins, qu'à celles des autres villes du diocèse20. A Bletterans d'ailleurs, les bourgeois du lieu aménagent pour eux un hôpital Saint-Christophe meublé de six couches21 ; une situation identique prévaut à Gigny dans le diocèse de Lyon quand en 1435, les moines font bâtir un hôtel-Dieu devant leur prieuré, afin de nourrir et accueillir tous les errants22. Néanmoins, aucun document ne permet comme à l'hôtel-Dieu de Lausanne, de connaître l'hospitalité réelle qui leur est offerte et qui, dans certains cas, se teinte de mépris ; les comptes rangent en effet les pauvres dans la rubrique « coquins »23 et, lorsqu'ils décèdent à l'hôpital, leurs funérailles se font au plus juste, sauf s'il s'agit des très nombreux « peregrinans ».
12En effet, les années saintes de 1350, 1400 et 1450 jettent encore sur les routes de Rome une grande foule de pèlerins. Les archives hospitalières nous autorisent certes, à appréhender l'importance du phénomène24 dans le diocèse, mais elles ne donnent la possibilité d'aucune évaluation numérique. En revanche, les travaux d'A. Briod sur l'assistance dans le Pays de Vaud fournissent des indications intéressantes et complémentaires : sur trente-sept personnes décédées à l'hôpital de Lausanne en 1450, entre dix et treize sont des pèlerins, neuf d'entre eux sont des romipètes et cinq, des mendiants. Certains pèlerins viennent de pays très lointains comme l'Irlande et l’Islande25.
Nécessiteux, passants
13Qu'il s'agisse de maisons-Dieu de petite dimension comme Montaigu ou Vesoul, ou d’établissements plus richement dotés comme le Saint-Sépulcre de Salins, le gouverneur est tenu à la même obligation : recevoir le plus grand nombre de pauvres, sans compromettre l'équilibre du budget26. Les actes de fondation sont précis sur ce point : si les récoltes sont mauvaises ou les dons moins importants, l'assistance doit être réduite ; les personnes reçues seront moins nombreuses27 ou la nourriture offerte, moins abondante.
14La bienfaisance consiste essentiellement, en dehors des soins spirituels, en distributions de secours en nature ; les indigents trouvent « dans les lieux piteables » que sont les hôpitaux, le vivre, le couvert et le chauffage.
15A Bracon, la nourriture est dispensée aux passants par un serviteur qui se tient « a la porterie »28. Au Saint-Sépulcre de Salins, selon les vœux de Jean de Montaigu, le recteur et le sous-recteur doivent donner à chaque pauvre, du pain, un demi bol de vin pur, du potage et de une ration suffisante29. Les mêmes portions sont offertes à l'hôpital Saint-Bernard de Salins30 où, chaque lundi, a lieu encore une distribution supplémentaire d'un pain à tout miséreux demandant le secours et « que soffise a reffection d'une personne ». A Gigny enfin, les mendiants ont droit, comme tous les autres miséreux, à la moitié d'un pain d'orge et à un demi pot de vin31.
16Ces rations, très clairement réglementées dans les actes de fondation ou dans les statuts de diverses maisons, diffèrent de celles des malades qui bénéficient d'une nourriture plus recherchée et abondante. En revanche, elles ressemblent par leur nature aux distributions traditionnellement offertes par l'aumônier des abbayes aux pèlerins et passants qui reçoivent, en guise de viatique, un pain et une mesure de vin ou de « despense »32. Les principes chrétiens qui animent ces donnes ont été mis en œuvre dans les premiers établissements hospitaliers et perdurent aux xive et xve siècles. Ils mettent en pratique les paroles de l'Evangile :
« Ici, les bénis de mon Père,... car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire ; j'étais étranger et vous m'avez recueilli ; j'étais nu et vous m’avez vêtu ; j’étais malade et vous m'avez visité ; j'étais en prison et vous êtes venus me voir. »33
17Jean de Montaigu obéit encore à ces préceptes quand il ordonne que soient donnés dans son hôpital de Montaigu pain, vin et pitance à treize pauvres, en l'honneur de Jésus-Christ et de ses apôtres34. Il fait servir à ses pauvres les aliments symboliques partagés le jour du Jeudi-Saint, lors de la Cène. En outre, il leur offre l'hébergement.
18Lorsqu'ils demandent le gîte, les pauvres passants l'obtiennent pour une nuit ou deux, à moins qu'ils ne soient malades ; ils sont alors soignés et nourris aux frais de l'hôpital jusqu'à leur complète guérison. L'aumônier de Gigny, comme le recteur de Saint-Bernard de Salins, leur accorde « pendant leur dite infirmité »35, un pain et la moitié d'un pot de vin. Les couches qu'ils occupent et auxquelles ils ont droit36 semblent néanmoins de moins bonne qualité que celles attribuées aux malades et aux femmes enceintes ; sur les six lits existant à la maison Jean Sardon de Vesoul, trois seulement sont garnis de matelas de plumes37, fait qui laisse supposer un traitement différent entre « les gisants » et « les errants », même lorsque l'accueil a lieu dans la même salle. C'est dans cet endroit réservé à tous que Jean de Montaigu prévoit aussi de loger « tous les pauvres du Christ, n’ayant ni toit, ni possibilité de gagner leur vie »38, Cherchant à soulager la misère, tout en redoutant l'abus de la mendicité, il exige du recteur de ne pas mettre les ressources de l'établissement en péril. La même préoccupation tourmente les administrateurs de Gigny qui résolvent le problème de façon différente : si des miséreux se présentent plusieurs fois dans le mois, on leur offre le gîte sans leur procurer la nourriture qu'ils peuvent mendier ; elle ne leur est attribuée qu'une fois mensuellement39. Cette décision de limiter l'assistance témoigne à la fois, d'une crainte de voir l'hôpital se transformer en hospice et d'une inadaptation de l'établissement à faire face à la misère trop grande d'un nombre toujours croissant d'indigents dont les besoins semblent infinis.
19Dans ce contexte, il n'est pas surprenant de recueillir divers témoignages sur l'impossibilité ou la difficulté de loger « les povres créatures trespassans »40. Philippe le Bon dénonce en 1461, l'incapacité des maisons-Dieu de Salins à recevoir les nombreux malheureux « tant de Salins comme autres estrangiers de tous estas »41. En 1435-1436, Lambelet Vernier se plaint de devoir accueillir trop de misérables indigents, auxquels tout établissement doit offrir en plus du couvert et du gîte, le chauffage42. C'est pourquoi les actes de fondation, souvent, sont assortis de droits d'affouage pour aider les établissements à chauffer les miséreux qui se présentent43. Tel est le cas à Gray, à Chaussin ou à Bracon. Au Saint-Sépulcre de Salins, Jean de Montaigu ordonne en 1438 qu'un feu public soit allumé, depuis le jour de Toussaint jusqu'au premier mars, sous un grand arc allant vers la cuisine44. De même à Montaigu, il fait construire au bout de la nef une cheminée près de laquelle il fait aménager un endroit pour prendre les repas45. Mais s'il est vrai que le chauffage se conçoit à priori comme une œuvre de miséricorde, il n'en demeure pas moins que les autorités médicales accordent à la chaleur un rôle thérapeutique significatif : elle réveille les quatre vertus — appétives, rétentives, digestives, expulsives — endormies par le froid. Arnaud de Villeneuve conseille toutefois de ne pas trop s'approcher du foyer qui « exténue les corps, hébète la vue et provoque le vertige »46. Pour cela, il encourage les personnes à y tourner le dos tout en proposant encore de jeter dans le feu des substances odoriférantes comme le genévrier, le romarin ou l’encens.
20Pour garder une bonne santé, il est souhaitable en outre que la température d'une pièce n'excède pas celle des jours les plus chauds du printemps et que la cheminée soit disposée « au côté de l'air du nord » qui pourra ainsi assainir l'air47.
21Le coût de l'opération de chauffage pèse très lourdement sur les finances des hôpitaux, surtout de ceux de Salins, « obstant la grande chierté de bois et de charbon... par le moyen de nostredite saulnerie, de celle du bourg dessoubz et de la Chauderette »48.
Pèlerins
22Le souci de leur venir en aide transparaît encore aux xive et xve siècles à travers quelques titres de fondation ; en 1302, Othon IV destine son hôpital de Bracon « aux pauvres malades et peregrinans... » Marguerite de Bellevesvre fonde en 1306 un hospice pour recevoir « les voyageurs qui font le voyage en Terre Sainte ». Jean de Montaigu, en 1431 et en 1453, veut que ses maisons du Saint-Sépulcre de Salins et de Montaigu soient ouvertes, entre autre, aux pèlerins49. Toutefois, l'absence de documents comptables et de registres consignant les entrées et les sorties50 ne permet en aucun cas d'affirmer que l'accueil de cette catégorie de pauvres est réel ou que leur nombre est important.
23Pourtant, cette réserve faite, force est de constater que les sources les mentionnant demeurent extrêmement abondantes et variées. Il vrai que depuis des siècles, comme en témoigne l'hagiographie comtoise, la région est un lieu de passage pour tous les grands pèlerinages de la Chrétienté médiévale : Rome, Jérusalem et Saint-Jacques de Compostene. Le problème du gîte de ces marcheurs de Dieu s'est déjà posé au xiie siècle, comme en témoigne la construction de Saint-Jacques aux Arènes à Besançon. Toutes les cités comtoises disposaient au moins dès les xiiie et xive siècles, d'un lieu d'hébergement, parfois situé aux portes de la ville, voire extra-muros. Ces maisons-Dieu, comme les nouveaux hôpitaux fondés aux xive et xve siècles, se conçoivent aussi des asiles où les pèlerins peuvent réclamer la même assistance que les indigents avec lesquels ils doivent d'ailleurs cohabiter, compte-tenu de l'exiguïté des locaux. Ils reçoivent, outre les soins spirituels, le lit et le couvert pour une nuit d'étape. L'espérance d'une sépulture décente en cas de décès écarte d'eux la « male mort ».
24L'hospitalité qui leur est prodiguée n'est pas seulement une aide, elle est un dû. A Montaigu, en 1454, chaque pèlerin qui la réclame obtient obligatoirement une chambre ou une couche. Des égards particuliers accompagnent ce droit : ainsi, le recteur du Saint-Sépulcre est tenu de les visiter deux fois par jour, à neuf heures du matin et à l'heure du souper51. Cette considération envers eux témoigne de l'intérêt porté au Moyen-Age à des hommes que leur voyage place symboliquement sur la voie du renoncement et de la pénitence.
25Par leur départ, les pèlerins entrent dans une catégorie particulière et on les identifie par certains traits extérieurs, certains signes. Vêtus d'une ample cape, comme le montre deux lettrines historiées du manuscrit 138 de la bibliothèque municipale de Besançon52, ils portent encore le bourdon et la besace. Une cérémonie très simple, assimilable à un rite de séparation, les a au préalable isolés des autres : après la messe, alors que l'assistance récite les psaumes et les oraisons d'usage, le prêtre bénit besace et bâton, symboles de leur nouvel état53.
26Cette vision chrétienne du pèlerin et de l'accueil à lui réserver dans les hôpitaux paraît cependant bien belle dans l'évocation que nous venons de faire et qui s'appuie essentiellement sur les articles d'actes de fondation tardifs des xive et xve siècles.
27Or, les motivations toujours avancées par les fondateurs sont d'ordre religieux et nous présentent la charité et la miséricorde comme des vertus suprêmes. Ceci ne nous masque-t-il pas une réalité infiniment plus complexe et infiniment moins généreuse ? Les hôpitaux des villes, construits de plus en plus à l’intérieur des enceintes, peuvent par leurs nouveaux sites ignorer leur hébergement. Par ailleurs, en cette fin de Moyen-Age, certains d'entre eux sont craints. Sous leur habit, se dissimulent parfois des vagabonds, des déracinés qui ne cherchent en réalité qu'à mener en bande une vie errante. Les autorités civiles les pourchassent et les condamnent souvent à de lourdes peines, lorsque leur imposture est découverte ; sans beaucoup d'effet, si l'on en juge par le nom de « coquillards » donné aux mendiants du xve siècle.
28Enfin et surtout, les testaments de l'Officialité de Besançon54 montrent que les comtois cherchent de plus en plus à aider leurs pauvres, des « povres congnus » ou des « povres besoigneux ». La méfiance est de règle, du moins certainement, envers des pèlerins qui passent pour se rendre dans des destinations lointaines55. A Lausanne, alors que l'affluence est grande tous les sept ans lors du grand pardon de l'église Notre Dame et au moment des prédications de Carême, « les anciens et debiles qui ne se peuvent conduyre » ne doivent rester plus d'une nuit à l’hôpital s'ils sont « d'estranges lieux »56.
29En revanche, un accueil préférentiel est-il réservé dans les hôpitaux aux dévots qui fréquentent les pèlerinages locaux ? Aucune source ne nous permet de l'affirmer. Tout au plus, pouvons-nous constater que les routes qui y conduisent sont jalonnées par des hospices ou des gîtes d'étape, comme en témoignent les itinéraires conduisant à Saint-Claude. Il est à noter également que certains établissements, comme le Saint-Sépulcre de Salins, le Saint-Esprit de Besançon et même l'hôtel-Dieu de Montbéliard attirent quelques pérégrinants, favorisent le culte des reliques, organisent des pardons dans leurs chapelles et deviennent eux-mêmes centres de pèlerinage57.
II. Vieillards, donnés
30La peste de 1348 et ses récurrences, les guerres, les dépressions économiques des xive et xve siècles ont conduit certains couples et certaines personnes vieilles et malades, à se réfugier dans les hôpitaux ou à se vouer au service « des pauvres du Christ » pour le reste de leurs jours. En apportant leurs biens, ils recherchent dans les établissements hospitaliers une relative sécurité matérielle et morale. Parfois appelés « donnés », ils forment une catégorie d'assistés ambivalente, difficilement classable. Ni malades, ni indigents, ni personnel véritablement, ils occupent dans les établissements, des places qui ne sont plus dévolues aux pauvres passants, transformant ainsi les hôpitaux en hospices.
Les vieillards
31L'espérance de vie relativement faible ne dépasse pas trente à quarante ans comme dans la période postérieure du xvie siècle58 et l'âge de trente-cinq ou quarante ans est facilement considéré comme canonique ; c'est pourquoi l'hôpital de Bracon accueille au xvie siècle, « [des vieillards] tres anciens, de quarante ans et au dessus, impotenz, estropiez et vraiment povres. »59
32Tous sont considérés comme « miserables », parce « qu'impotents », « faibles » et « incapables de gagner leur vie »60. Cette dernière condition leur donne droit en théorie à une tutelle, à une place dans les hôpitaux où ils devraient former une clientèle privilégiée61, bénéficiant de l'assistance en tant que « pauvres du Christ », méritant à la fois soins physiques et assistance matérielle.
33Mais, à lire les articles de l'acte de fondation de l'hôtel-Dieu de Montaigu, la situation diffère : si la couche ou la chambre leur sont assurées selon les capacités de la maison62, la nourriture ne leur semble pas automatiquement offerte. En fait, si leur état de santé le permet, ils doivent être autorisés à chercher eux-mêmes leur nourriture, pour ne pas trop grever le budget de l'hôpital63.
34De plus, en entrant à l'hôpital, quand leurs moyens le leur permettent, ils se dépouillent de tout ou partie de leurs biens. Ainsi, en 1314, Renaud Abonier d'Arbois lègue un chasal à l'hôpital, à condition que sa femme soit hébergée pour le reste de ses jours64. Vingt ans plus tard environ, un couple donne encore tous ses biens à ce même hôtel-Dieu afin, spécifie-t-il, d'y être logé, entretenu, et nourri à la table du gouverneur65. Un registre de l'hôpital du Saint-Esprit de Besançon conserve encore un modèle de cession des biens au moment de l'entrée dans l'établissement.
« Je, N. de N., considerant que je suis malade et impotent de tous mes membres, et que je ne puis gaingnier d'icy en avant ma povre vie, pour gaingnier les pardons et indulgences de l'ospital Sainct Esperit de Besançon, me suis donner et renduz audit hospital pour y estre participans esdits pardons et indulgences. Ay donner tous et singuliers mes bienz oudit hospital en tant que j'ay pehu..., fait le Xe jour de l'an N. »66
35Ces donations offrent l'assurance d'une fin de vie paisible, alors que les personnes âgées incapables d'exercer leur métier semblent, comme l'indique B. Geremek, constituer une part importante des mendiants qui ne sont pas nécessairement admis dans les maisons-Dieu67. Les officiers de Philippe le Bon déplorent d'ailleurs le nombre trop important d'ouvriers de la saline de Salins qui, trop vieux pour travailler, sont contraints de vivre d'aumônes et de mendicité. Ils souhaitent les voir accueillir dans les hôpitaux de la ville, ce qui ne semble pas être le cas68.
36Ainsi, tous les vieillards reçus à l'hôpital pour finir leurs jours sont donc loin de vivre dans l'impécuniosité ou d'être dépourvus d'alliances familiales.
37Certains considèrent leur séjour dans un hôtel-Dieu comme le moyen de participer humblement aux œuvres de miséricorde afin de préparer leur Salut. Tel est le cas de Jacques Scaglia, membre de la famille des Tiffi de Florence, ancien intendant et receveur des domaines de Hugues et Renaud de Bourgogne, qui choisit de demeurer au Saint-Esprit de Besançon où il décède le 25janvier 133269. Sans être aussi fortunée, Jehannette Grant, mère de Jean et Guion de Guerri, meurt au Saint-Sépulcre de Salins après y avoir vécu grabataire pendant onze ans70. Peu avant son décès, qui survient en 1470 dans ce même établissement, Jean de Colombette, tonnelier, lègue à l'hôpital une somme de 10 florins71. En 1364, une veuve cette fois, Hugonnette de Mancenans « relicte Viennin de Saint Lieffroy » donne tous ses biens au Saint-Esprit contre son entretien à l'hôpital. Un prêtre, chapelain au château de Quingey, reconnaît à maintes reprises en 1363, avoir donné son corps et ses biens au Saint-Esprit de Besançon72. Enfin R. Cuisenier, dans son étude sur l'hôpital de Montbéliard, démontre qu'au début du xive siècle, la réception des douze pauvres de cet établissement est conditionnée par le versement d'une somme de 10 francs73.
38Ces quelques exemples posent la question de la réelle efficacité des institutions d'assistance face aux besoins des vieillards indigents qui n'ont, pour reprendre l'expression de M. Mollat, « ni réserves, ni relations pour échapper, comme le riche, aux tortures de la faim »74. Mais, comment ne pas comprendre également que des destinataires misérables peuvent, en bénéficiant constamment et de plus en plus de bienfaits coûteux, risquer de compromettre les finances de l'établissement d’accueil.
39En fait, nombre des vieillards reçus voient dans l'hôpital, un hospice où ils viennent trouver refuge et mourir dans la paix de Dieu. Comme les malades, ils règlent eux-mêmes leurs dernières volontés, réfléchissent sur leur vie, leur mort, le sens à lui donner, aidé en cela par les exhortations du personnel75. Ainsi en 1431, Jaquette Puresot de Gray, voulant éviter « le pechier de ingratitude » et « esperans plus tot la mort que la vie », donne au Saint-Esprit de Gray, cinq ouvrées de vigne76.
40Le décès de chacun est salué par l'ensemble des pauvres et du personnel qui accompagne le défunt de ses prières. A Montaigu, le chapelain est tenu d'en recommander l'âme en récitant à voix basse trois Kyrie Eleison, le Tu n'entreras pas en Jugement ainsi que les sept psaumes de la pénitence77. Chaque lundi78, il doit en outre se rendre au cimetière asperger les tombes d'eau bénite et dire le De Profundis.
41L'accomplissement de ces rites familiers et l'inhumation en terre chrétienne79 procure aux pauvres le repos, avec l'assurance que leur corps n'ira pas pourrir sans être enterré comme celui des excommuniés ou des suppliciés80. Les statuts de l'hôtel-Dieu de Gigny fondé en 1435 précisent à ce propos :
« Et s'il arrivoit qu'un pauvre vint a mourir dans ledit hospital qui n'eust pas de quoy l'ensevelir, ledit ausmonier le fera ensevelir par charité. »81.
42Néanmoins, les plus miséreux sont ensevelis dans un drap ou un linceul et les plus aisés, à l’instar de Pierre Morel, prêtre chapelain de Saint-Anatoile inhumé au Saint-Sépulcre de Salins, dans un cercueil de bois82. Quand ils possèdent quelques biens, ils les laissent à l'hôpital pour finir leurs jours et prévoient en général dans leurs actes de donation des clauses concernant leurs obsèques83.
Les « donnés »
43Il est souvent difficile de les distinguer des vieillards, catégorie à laquelle ils appartiennent fréquemment. En fait, des personnes de tout âge peuvent se présenter dans les hôpitaux comme « donnés » ; tantôt, elles se donnent pour leur vie entière avec tous leurs biens, tantôt elles ne promettent que pour un temps déterminé, résidence et services. A titre d'exemple, Julienot Gautherot et Marion sa femme rendent leurs corps et leurs propriétés au Saint-Esprit, mais continuent à se réserver pourtant l'administration de leurs possessions.
44Ceux qui se donnent ainsi aux hôpitaux revêtent habituellement, du moins pour le Saint-Esprit, le costume de la maison ; au bout d'un certain temps, un bon nombre d'entre eux fait même profession. En 1307, Perrenin de Valentin, Jaquette sa femme et leurs enfants offrent leurs personnes et leurs biens au Saint-Esprit de Besançon. L'accord stipule dans ce cas, que le survivant des deux époux recevra l'habit de l'ordre84. En 1326, Eberard, le fils des précédents, se donne lui-aussi à l'hôpital et promet toute obéissance au recteur.
45Tous ces contrats sont suivis, ainsi que l'exprime J. Caille, « d'un cérémonial de réception et d'un véritable hommage avec flexion des genoux » ou la formule « se donner entre les mains de » prend tout son sens85.
46Souvent, les actes exposent les motivations de ces « donnés ». Parfois, il s'agit de se consacrer au secours des pauvres, parfois, la dévotion est mise en avant. Leur considération pour les œuvres de miséricorde cache sans doute d'autres raisons, sociales ou économiques cette fois. Comment ne pas penser que des veuves ou des orphelines, sans protection masculine, ne préfèrent pas vivre en sécurité à l'hôpital en lui laissant les biens qu'elles possèdent86. La marge entre assistés et personnel est en fait très ténue. De même, les enfants donnés, nombreux dans un hôpital comme le Saint-Esprit de Besançon, sont admis à faire leur noviciat s'ils le désirent et dès qu'ils atteignent un âge suffisant. Perrin Vivant consacre ainsi son fils en 1452 sous l’habit du Saint-Esprit et donne tous ses biens à l'ordre87.
47Le nombre de tous ces donnés, impossible à cerner à travers les sources, ne peut que limiter les places dans les maisons qui s'écartent toujours plus de la destination fixée par les fondateurs et les bienfaiteurs. Certaines admissions deviennent même des affaires de famille comme à Arbois, où en 1374, Gérard Rondet, maître de l'hôpital, reçoit « Vernier Rondet... luy et ses biens... Ha promis ledit messire Gerard Rondet... en bonne foy, sougnier et administrer ledit Vernier, tant comme il vivra, ensemble boire, manger, vestir et chaucier et ses aultres neccessités seguant selon son estet »88. Ces abus donc, illustrations d'une inadaptation hospitalière conjuguée à de réelles outrances, risquent de transformer certains hôtels-Dieu en simples maisons de retraite pour personnes aisées ; ils conduisent à des propositions de réforme, comme à Salins au milieu du xve siècle.
La réception des vieillards méritants
48En effet en 1443, les officiers de la saline proposent à Philippe le Bon d'accueillir dans les hôpitaux de Bracon et de Saint-Bernard, tous les vieillards qui, après une vie de travail, se retrouvent dans l'incapacité de gagner leur vie. Considérés comme de véritables pauvres dont l’infortune mérite d'être secourue, ils sont distingués des indigents déchus par leur propre faute, parce que paresseux et gueux.
49Leur requête fonde en fait l'aumône et l'assistance sur la notion de justice89 et rejoint une réflexion propre au xve siècle concernant les problèmes posés par l’argent et la charité. On pense à cette époque que la solidarité humaine et sociale impose certes, le devoir d’aide aux nécessiteux, mais on préconise aussi, à la suite de saint Thomas, d'offrir les secours aux justes avant les pécheurs, aux parents avant les étrangers, aux vieillards handicapés avant les valides. Les bénéficiaires de dons doivent le mériter par une vie exemplaire de travail. C'est pourquoi on propose aux vieillards de Salins, ayant « œuvré » toute leur vie, le gîte, la nourriture, accompagnés des soins physiques et spirituels dans les hôpitaux90.
50L'assistance qui leur est offerte devient aussi une récompense leur donnant la certitude d'avoir droit aux secours pendant leur vieillesse ou leurs maladies. Or, si cette requête aboutit, elle permet l'installation d'une catégorie de pauvres travailleurs dans les hôpitaux qui, par ailleurs, risquent de se fermer à l'accueil d'autres types d'assistés comme les malades.
III. Malades
51Impossible à évaluer dans sa globalité en l'absence totale de registres et de séries comptables longues et suivies, cette catégorie de pauvres nous est principalement connue par des actes de donation ou par les legs pieux des testaments de l'Officialité de Besançon. La qualité de l'accueil qui doit leur être réservée, nous est, elle, rendue perceptible à travers les actes de fondation de Bracon, de Vesoul, du Saint-Sépulcre de Salins et de l'hôtel-Dieu de Montaigu91. Tous les malades, en théorie, sont reçus à l'exception des lépreux92 qui, pour des raisons de contagion, ne peuvent y être admis.
52Néanmoins, leur proportion ne peut être estimée dans les divers établissements du diocèse, contrairement à l'étude menée par A. Briod sur les hôpitaux du Pays de Vaud : à Lausanne en 1475, les malades vivent nombreux à l'hôpital, surtout ceux atteints d'érysipèle ou mal saint Alexis. Au xve siècle encore, à Fribourg, on accepte des aliénés qu'on enchaîne à leurs couches93. Un pauvre de Forel, victime d'une fracture du tibia, est conduit dans l'hôtel-Dieu de Moudon où il reste six mois ; cette maison verse par ailleurs quelques aides à des familles pour éviter l'encombrement de ses locaux : elle accorde ainsi en 1433, 15 livres et 7 sous à une pauvre veuve pour l'entretien de son frère, malade depuis trois ans.
53Pourtant comme dans le Pays de Vaud, les documents comtois nous livrent quelques exemples sur l'identité des malades, sur leur condition matérielle et sociale, sur l'affection dont ils souffrent et enfin, sur les soins qui leur sont dispensés. L'acte de fondation de Bracon nous renseigne même sur le régime alimentaire à leur proposer.
Conditions d'accueil
54Si on se réfère à la règle du Saint-Esprit et aux articles de l'acte de fondation du Saint-Sépulcre, les malades, accueillis comme des « seigneurs »94, font l'objet de soins respectueux et diligents ; tous sans exception95, doivent être reçus et bénéficier de la charité hospitalière. A Pontarlier, il est d’usage de faire crier « aux prosnes des églises dudit Pontarlier leur maladie », afin de solliciter des aumônes nécessaires à leurs soins96.
55Pourtant la réalité apparaît tout autre. Il semble que « les pauvres souffrant dans leur corps »97 soient admis à la condition de céder quelques biens à leur établissement d'accueil. Cette pratique s'avère même si courante qu'au Saint-Esprit de Besançon, un modèle de formulaire de donation est établi.
« Prothocole de donnation a ung hospital faicte par ung malade y estant.
« Personnelment establi et ad ce spécialement venant .N. de .N., sain de sens etc, combien qu'il soit enferme de son corps etc, pour luy et les siens et affin que messieurs les maistre et freres de hospital du Sainct Esperit de .N. soient plus enclins, et pour estre participans es bienffait d'iceluy, aussi pour la sustentation des pouvres, par donnation faicte entre les vifz, irrevocable etc, a donné oudit hospital une piece de prelz dudit .N. contenans etc, sise etc entre etc, denunçans icelle piece de prelz devoir etc au jour etc, lesdits maistre et frere presens et acceptans etc. Et ou cas que ledit .N. revient a convalescence de ceste maladie, venet ceste donnation avoir effect parmy ce qu'il demeurera oudit hospital et servira en toutes choses selon son estat et l'on ly administrera sa vie etc, present etc, promectant etc, devestant etc, investant etc, obligeant etc.
« Donné audit hospital le etc presens etc. »98
56Les exemples, sans être nombreux, n'en sont pas moins significatifs. Catherine Rousseau d'Arbois, atteinte de gangrène99 et invalide, considérée « comme fole et inscencee » par son père100, est enfermée en 1453 à l'hôpital d'Arbois101, après avoir cédé à l'établissement son héritage maternel. En 1510, Guillaume Belin, « enferme de son corps », donne tous ses biens au Saint-Esprit de Besançon avant de s'y rendre102. Des cas similaires sont enregistrés dans le cartulaire de Gray : Jacquote Puresot donne cinq ouvrées de vigne en 1431, « considerans les biens, bontés, curalités que l'on fait en l'ospital du Sainct Esperit de Gray, ouquel [elle est] recehue bien et convenablement, selon [son] estat et [sa] maladie » ; Viennot Querenillot remercie l'hôpital des services rendus pendant sa maladie, en lui cédant en 1364, trois meix, cinq terres, un verger, une combe, un pré et tous ses biens meubles103. En 1322 cette fois, Etiennette Guibert lègue avant de mourir au Saint-Esprit de Besançon, douze pièces de terre à Villers-le-Sec, avec le consentement de sa mère Galie, qui ajoute par gratitude deux autres terres104. Enfin en 1511, Jean Perrot, originaire d'Autechaux, blessé et malade, est accueilli au Saint-Esprit contre la cession de tous ses biens105.
57Ces quelques cas, glanés sur les xive, xve et début du xvie siècles, permettent peut-être de mieux comprendre pourquoi en 1463, Lambelet Vernier, recteur du Saint-Esprit de Besançon, refuse de recevoir à deux ou trois reprises, Jean Boudreur « griefment malade »106. Son impécuniosité en est peut-être la cause. Si une incertitude plane sur les raisons du rejet de ce pauvre, le doute n'est plus permis pour ceux qui sont « déboutez des hospitalx de Salins ». En 1443, les officiers de la grande saline se plaignent de ce que les malades impotents et blessés de la saunerie ne peuvent trouver un refuge à Saint-Bernard et à Bracon, établissements qui accueillent par ailleurs des passants étrangers107. Il est vrai que la réception de cette dernière catégorie de pauvres risque moins de grever les budgets hospitaliers. Pas plus que les vieillards, les malades reçus ne sont donc des indigents. D'une certaine façon, par leurs dons, ils paient les services qui leur sont rendus à l'hôpital108. Les autres, ceux qui ne possèdent aucun bien, sont condamnés quand la maladie les frappe, à quémander leur nourriture par des aumônes109.
58Mais malgré leur relative aisance, leur origine sociale, en dehors de celle de Catherine Rousseau, d'Arbois, nous est peu connue. Par sa mère Adeline, elle descend de Renaud de Montbozon110. Son père, Humbert Rousseau, par un deuxième mariage contracté après son veuvage, s'est allié à la famille de Jean le Pelletier, tabellion général du duc de Bourgogne, en épousant sa fille Louise111. Il déclare en 1453 placer sa fille Catherine à l'hôpital, à cause de la folie qui la gagne et qui empêche ses parents maternels de la prendre en charge112. En revanche, celle-ci se déclarant saine de pensée, « bien advisee » et de « mehure deliberacion », donne pour son entretien, les biens hérités de sa mère à l'établissement d'accueil.
59Néanmoins, dans tous les actes en notre possession — quels que soient l'établissement intéressé et la date — on constate que les mobiles pieux sont toujours exposés et dans des termes identiques. Les malades s'associent déjà aux œuvres de miséricorde, désirant éviter « le pechié de ingratitude »113. Voulant remercier les hospitaliers « de leurs bontez, services, secours »114, ils insistent aussi, à l'instar de Catherine Rousseau, sur l'obligation faite au recteur de leur distribuer nourriture et « aultres nécessitez », en compensation de donations faites. Ils attendent enfin, comme Guillaume Belin d'Avoudrey, que les hôpitaux se préoccupent de leurs obsèques115.
60Tous cependant nous informent indirectement sur la conception de la maladie.
Vision de la maladie et de la pauvreté
61Au plan de la nature physique, la maladie exprime une déchéance116 ; la souffrance bien acceptée, est au contraire une source de salut117. Dieu, ainsi que l'écrit Catherine Rousseau en 1453 à Arbois, lui envoie cette épreuve pour vivre une Passion rédemptrice118. Il la frappe119, la rend « débilitée et impotente » de sa personne, l'obligeant, pauvre parmi les pauvres, « a administrer [sa] povre vie, mendian en icellui hospital et estant des povres d'icellui »120.
62La perte de sa santé constitue seulement à ses yeux une péripétie par laquelle elle doit passer pour entrer dans le Royaume des cieux. Destinée à vivre dans la douleur et parmi les humbles121 de l'hôpital, elle doit s'essayer à la patience et ne pas succomber au découragement, à la tristesse ou à la révolte que l'on pressent à travers la longue description des symptômes de sa gangrène :
« Ay desja... perdu ung de mes membres, mesmement l'ung de mes piedz et l'autre est envoyé de perdre et cheoir briefment par... la volenté de Nostre Seigneur... et que par lors, l'ung de mesdis piedz se tenoit seulement a deux petitz nars, et estoient desja tous noirs et comme mort, tellement que par cas de medecine ne autrement, l'on n’y eut peu trouver sancté ou guarison. »122
63Peut-être insiste-t-elle aussi par ces propos, sur la corruption de ses chairs annonciatrice de sa mort physique. Dans tous les cas, elle rejoint dans leurs discours, les prêtres moralistes qui décrivent à l'envie la pourriture des corps123 et qui, couramment, affirment que l'homme, « est né comme il mourra, dans l'infection »124.
64Les autres actes de donation de malades sont moins explicites sur la signification des souffrances. Néanmoins en 1431, Jacquote Puresot de Gray assimile au niveau du sens, « maladie » et « pauvreté »125 ; elle déclare en outre espérer la mort comme une délivrance. En 1511, Jean Perrot d'Autechaux rentre à l'hôpital, « prisonnier qu'il est de ses infirmités, pour pourvoir a ses necessitez et maladies »126 ; il désire avant tout assurer le salut de son âme.
65La maladie, comme d'ailleurs la vieillesse, se conçoivent comme des détresses génératrices de souffrance, de misère physiologique et morale. Leurs victimes, « des pauvres à l'image du Christ souffrant » méritent à ce titre charité, réconfort et compassion. Ils occupent, lorsqu'ils en ont les moyens, des lits dans les hôpitaux. Il semble d'ailleurs, au travers des quelques cas examinés, que l'achat d'un lit pour y finir ses jours devienne aux xive et xve siècles, une pratique usuelle.
Soins physiques et soutien de l'âme
66Ils se définissent déjà par l'octroi d'une nourriture abondante. Primordiale dans les soins à apporter aux malades, elle corrige déjà le déséquilibre humoral, source de l'affection127 ; en théorie abondante et soignée, elle est servie généralement deux fois par jour128. A Bracon, au déjeuner et au souper, chaque pauvre « souffrant en son corps » reçoit journellement, selon l'acte de fondation, trois sortes de viande accompagnées de deux rations de vin. Les femmes enceintes et « les povres estans en griefve maladie » bénéficient quant à eux de mets plus recherchés, selon les possibilités de la maison et d'après l'avis de la maîtresse des pauvres. Au Saint-Esprit de Besançon, l'usage veut « [qu'il soit] faict potage distinct et separé a leur goust, et meilleur que le poutage ordinaire des aultres pauvres dudit hospital, comme de quelque mouton, de quelques poulets, amandres, succre et leur sera aussi et donnée pidance a l'advenant et beaucop meilleurs et plus delicate que celle des aultres »129.
67Au Saint-Sépulcre de Salins, le recteur, après s'être inquiété de l'état de ses malades, doit leur faire administrer à volonté « pain, vin et pidance convenable ». Lorsque l'un d'entre eux, trop atteint, paraît incapable de consommer la viande qui lui est présentée, on doit l'alimenter « d'aultres viandes utilles et convenables, du conseil dudit recteur »130.
68La plupart des produits servis proviennent des propriétés rurales des hôtels-Dieu. Les trop rares comptes dont nous disposons131 mentionnent pourtant des achats de froment, de viande et de poissons, mais aussi de figues, d'amandes et de raisin132. Ces denrées, contrairement à des usages antérieurs pratiqués au xiiie siècle dans les hôpitaux de Saint-Jean de Jérusalem et consistant à satisfaire aux moindres désirs des malades, doivent être distribuées au contraire avec modération, afin de ne leur faire courir aucun risque133. Cette considération est admise à l'hôpital de Montaigu en 1453, où l'acte de fondation précise que la pitance leur est accordée selon leur état, afin de ne pas compromettre leur vie134. Rien dans ce document, en revanche, ne traite de l'hygiène.
69De même, les actes de fondation de Bracon, de Vesoul, de Montaigu et du Saint-Sépulcre de Salins, au demeurant très détaillés, ne mentionnent en aucune façon les soins de propreté à apporter aux malades135.
70Très peu de documents signalent encore le lavement hebdomadaire des pieds des hospitalisés136. Cet usage, plus symbolique que sanitaire apparaît cependant dans l'acte de fondation du Saint-Sépulcre, où Jean de Montaigu impose aux chapelains de commémorer annuellement la Cène, le Jeudi-Saint ; à la fin de l'office divin, le recteur et les prêtres doivent procéder au lavement des pieds de treize pauvres, en l'honneur de Jésus-Christ et des douze apôtres137. Cette évocation appelée « Mandé138 » montre à tous que l'humilité, la charité et les actions de miséricorde aident l'homme à accomplir son Salut. Or, « le lavement des pieds » appartient aux gestes traditionnels de l'hospitalité, comme encore, « aller à la rencontre de l'hôte et s'entretenir avec lui ». Mais, ce rite s'assimile surtout à un rite de purification.
Soins médicaux
« Que les malades veillent à leur âme avant de soigner leur corps », stipulent les canons de Latran IV (1215). » Les médecins des corps, lorsqu'ils sont appelés auprès d'eux, doivent les avertir et les exhorter par-dessus tout à appeler le médecin des âmes ; ayant ainsi pourvu à leur salut spirituel, il est possible d'appliquer dans de meilleures conditions, le remède corporel”139, tant il est vrai que la maladie procède du péché. »
71Cette vision théologique de la maladie écarte des hôpitaux tout un personnel médical vivant à demeure, qu'il soit barbier, médecin ou chirurgien ; on fait simplement appel à lui quand le besoin s'en fait sentir. Aux xive et xve siècles, les grands établissements du diocèse comme le Saint-Esprit de Besançon et le Saint-Sépulcre de Salins ne semblent pas encore employer de « phisicien » et conservent l'allure spécifique d'un lieu d'accueil. Dans le cas plus particulier du Saint-Sépulcre, si Jean de Montaigu avait voulu en 1431 embaucher un médecin, il en aurait certainement inscrit la clause dans ses actes de fondation, qui fourmillent par ailleurs de détails sur le rôle et la tenue des différents personnels œuvrant à l'hôpital140. A Besançon, il faut attendre 1525 pour avoir les premières mentions d'un médecin et d'un barbier vivant à demeure au Saint-Esprit141.
72Dans d'autres régions, les étapes de la médicalisation hospitalière apparaissent plus précoces. M. Mollat signale qu'à Tonnerre au xive siècle, l'hôtel-Dieu emploie un barbier à la vacation et un médecin. A la même époque, un personnel médical est régulièrement rémunéré au Saint-Esprit de Marseille, où les frères et les religieuses font appel en 1333 pour leurs propres soins à un médecin juif réputé, Salomon de Palerme. Les hôpitaux d'Arles (1408), disposent d'un médecin, d’un chirurgien et d'un apothicaire. En 1488, celui de Narbonne appointe les services d'un médecin, et à la même époque, celui de Nîmes fait de même. Un mouvement identique est enregistré dans le Nord et l'Ouest de la France et trouve une impulsion dans la propagation de la peste.
73Malgré l’absence d'un personnel médical laïc dans les hôpitaux, les soins ne sont pas absents, si on se réfère aux pratiques en usage au Saint-Sépulcre de Salins. Des chapelains, comme Pierre Bon et Jean Perrot, connaissent des remèdes pour soulager les fièvres, les infections intestinales, les problèmes dermatologiques tels, la gale ou la teigne142. Ils utilisent des simples pour guérir la jaunisse, les attaques de vers et le catarrhe. En donnant des purgatifs ou des laxatifs, ils tentent de lutter contre les fièvres et aussi, de combattre la peste. Les produits utilisés par eux, d'origine végétale pour la plupart — oseille, gentiane, rose, scabieuse, ellébore143 — sont macérés dans du vin ou du vinaigre pour fabriquer des décoctions. Ces mêmes herbes ou graines, mêlées aux pruneaux, à l'eau et au miel, servent à l'élaboration de tisanes144. L'essence de térébenthine apparaît dans différents remèdes réservés au traitement de la toux, des rhumatismes, des écorchures et des épidémies. Les comptes de Jean Vauchart mentionnent l'achat d'huile d'olive, de cire145 et de graisse146, tout d'ailleurs comme les comptes de Montbéliard147.
74Cette pharmacopée semble très variée : une abondante littérature guide généralement les médecins ; aux répertoires antiques148, s'ajoutent des traités comme l’Antidotaire de Nicolas. Sans pouvoir affirmer que les chapelains du Saint-Sépulcre connaissent ces ouvrages, leur culture est néanmoins étendue. Ils reprennent même des remèdes essayés par un médecin juif149. Les établissements achètent peu de médicaments, ils les fabriquent. Des comptes du Saint-Esprit de Besançon, datant de 1526 à 1529, font état à deux reprises seulement d'acquisitions de drogues chez l'apothicaire. L'hôpital se procure une première fois pour 4francs 2gros de « marchandises prins de honorable homme Loys Chassignot, apoticaire ». U fait venir ensuite des « drogues »150 pour que la maîtresse des pauvres Jehannette puisse guérir les enfants de la rache151. En revanche, les personnels du Saint-Sépulcre achètent les ingrédients, des épices et des fruits, pouvant entrer avec les autres plantes cultivées ou ramassées par eux, dans la composition de potions ou d'emplâtres. Jean Perrot, chapelain de cet établissement, réserve la célèbre thériaque152 dans le traitement des attaques de vers et dans celui des épidémies153. Toutes ces médications renseignent sur les instruments que Jean Perrot cite dans ses recettes : pots, mortiers et pilons, toiles pour confectionner des sachets contenant la poudre réalisée.
75Ainsi, les fumigations, les tisanes, les décoctions et les pommades sont les traitements utilisés pour soulager des maux courants de la vie quotidienne comme les fièvres, les écorchures, les coups, les affections dermatologiques, la toux et le rhume. Pour d'autres affections graves ou des maladies comme la peste154, les médecins ou les chapelains avouent leur impuissance. Jean Perrot, au Saint-Sépulcre, tente bien de soigner et de soulager ; il conçoit un vomitif « pour gecter... tout le venin qu'ilz sera en son corps » ; il essaie aussi avec de l'oignon de fabriquer des emplâtres pour apposer sur les bubons. Mais dans sa recette, ce chapelain du Saint-Sépulcre exprime aussi clairement l’idée que le malade ne sera pas guéri grâce à sa science, il le sera « a l'aide de Dieu »155. Les soins spirituels se révèlent donc indispensables dans les hôpitaux, consistant déjà à se résigner à sa condition mortelle en apprenant à bien mourir.
Soins spirituels
« Ceulx aussi qui se mectent en desespoir et souhaitent mourir par impacience. »156
76Les discours, prônant la patience et la résignation comme vertus rédemptrices, donnent une idée des propos tenus aux malades lors des visites des recteurs ou des chapelains. Chacun de ces personnels a pour tâche d'apprendre aux pauvres, ainsi qu'il est indiqué dans L'Horloge de Sapience157 à bien vivre mais surtout à bien mourir158. Chaque bon chrétien doit, selon l'auteur de cet ouvrage d'Henri Suso, prendre exemple sur la Passion de Jésus-Christ et redouter « le divin Jugement ».
« La mort n'est riens, ce n'est fors que privacion de vie, lit-on au folio 115. Chascun scet qu'il mourra... savoir bien morir est avoir la conscience et l’ame bien disposee... Elle [la mort] n'a pitié de jeune ne de viel, elle ne congnoist les nobles, elle ne doubte ne riche, ne puissant, elle prent aussi tost le grant comme le petit, et souvent advient qu'elle prent plus tost le jeune que le viel. »159
77Le repentir de ses fautes dès son entrée à l'hôpital, tout comme la distribution de l'Eucharistie et l'administration de l'Extrême Onction160 guident ensuite le malade vers une réflexion sur la foi et sur l'au-delà. « Penses donc d'amender ta vie, que tu ne soyes surpris en pechié », écrit encore Jean Perrot161. Insensiblement, il est conduit également à participer aux différents offices qui se déroulent dans l'établissement.
78Là, tous les pauvres malades doivent avoir en mémoire les aumônes des bienfaiteurs et fondateurs, afin de les remercier par leurs oraisons, de la miséricorde dont ils sont l'objet162. Ce faisant, ils sont amenés à s'apitoyer sur le sort de toutes les âmes du Purgatoire et à leur offrir la charité de leurs prières.
« Les chrétiens doivent penser aussi que c’est grant cruaulté de non secourir et de non aidier a ceulx qui sont en grant necessité, quant on a de quoi. Item doivent savoir et entendre que ceulx qui sont en la fournaise de Purgatoire ont moult grant joie quant ils peuvent recevoir un pou d'aide et une miete de pain de confort et de oroison. »163
79Ainsi, les pauvres malades d'assistés, deviennent grâce à leurs oraisons, des dispensateurs d'aumônes164. Ils aident par leurs suffrages les morts du Purgatoire à atteindre le Paradis165 ; en même temps, la prière les sanctifie et les classe parmi les bons chrétiens secourables. Ils concourent à la délivrance de ces pauvres âmes, vêtues selon un « exemplum » donné dans L'Horloge de Sapience, « en povre habit et de povre estat... et qui demandoient aide et aumosne en grant humilité »166
80La prière, qui les rend miséricordieux, élève leur âme vers Dieu, leur permet d'envisager les excès de vanité et de mondanité et enfin, les place sous la protection de saints intercesseurs.
81D'ailleurs, en cherchant aide et assistance dans un hôpital-église, ils logent et dorment aussi dans un lieu sacré, à proximité de saintes reliques. Cette situation n'est pas sans évoquer le rite de l’incubation, très célèbre dans l'Antiquité, ainsi que la pratique de l'endormissement des pèlerins à proximité des restes vénérés de thaumaturges, dont ils espèrent, pour soulager leurs maux, une vision pendant leur sommeil167. Mais, la présence de reliques rend surtout, selon les croyances couramment répandues, la prière plus efficiente : les « infirmes » soumis également aux pratiques pénitentielles et libératrices du péché, espèrent par ce biais, sinon la guérison du corps, du moins celle de l'âme.
82C'est pourquoi, ressentant un besoin aigu de protection céleste, ils implorent sainte Barbe, saint Michel-Archange ou saint Christophe pour éviter la « male mort ». Ils invoquent saint Germain ou saint Main contre l'érysipèle, saint Antoine contre la gangrène, saint Jean contre l’épilepsie168 et saint Sébastien ou saint Roch contre la peste. La Vierge Marie est sollicitée contre toutes les infortunes : le scorbut, l'érysipèle ou encore la peste. Elle recouvre l'humanité souffrante de toutes les infortunes. Les saints Crépin et Crépinien sont également vénérés dans les établissements hospitaliers ; une salle leur est d'ailleurs dédiée à l’hôpital Saint-Jacques de Besançon169 et la chapelle du Saint-Esprit de Gray abrite un reliquaire de saint Crépin170 ; un autel de cet établissement est aussi consacré à saint Christophe.
83Les malades, tout comme les vieillards donc, trouvent dans l'institution, le moyen d'une assistance à la fois physique et spirituelle. Pourtant, loin d'être encore spécialisée dans leur accueil, elle doit répondre à d'autres misères et accueillir un nombre croissant de veuves et de femmes enceintes.
IV. Veuves, pauvres filles, femmes enceintes
84Encore une fois, il est impossible de chiffrer cette catégorie d'assistées, faute de registres. Pourtant, les actes de fondation de Vesoul, de Montaigu et du Saint-Sépulcre de Salins insistent sur l'accueil à leur réserver et sur la sollicitude à leur manifester171. Les testaments de l’Officialité de Besançon les mentionnent à diverses reprises et les présentent comme dignes d'être secourues.
Veuves, filles
85Sans appuis masculins et éloignées de leurs parents, elles sont, hors du cadre familial, suspectes de dévergondage. Les servantes, les chambrières, célibataires affirmées, dans une société où la morale dominante est matrimoniale, deviennent souvent des femmes méprisées dont le destin s'attache étroitement à la rumeur publique. Victimes potentielles de viols, presque toujours diffamées172, elles se heurtent à l'impossibilité d'une éventuelle réinsertion sociale ; objets de scandale comme les « femmes à prêtres »173, elles risquent de tomber dans la prostitution. L'institution hospitalière peut les sauver de cette déchéance et leur proposer une dot pour un mariage éventuel174. Déjà au début du xive siècle, Mahaut d'Artois s'intéressait aux pauvres filles à marier ; au xve siècle, les testaments de l'Officialité de Besançon témoignent aussi de gestes pieux pour les sortir de la misère et de l'errance175. En 1435, l’hôpital de Gigny s’engage à accueillir « quelques pouvres femmes enceintes estrangieres »176, quand celui de Gray est tenu au xvie siècle de recevoir les « povres filles ensainctes »177. L'hôpital du Saint-Esprit de Besançon assiste une prostituée, « Marie des Estuves »178.
Femmes enceintes
86Les fondateurs d’hôpitaux s'intéressent prioritairement à leur sort. Que ce soit à Bracon, à Montaigu, à Vesoul ou au Saint-Sépulcre de Salins, elles doivent être hébergées, soignées, nourries, surtout semble-t-il lorqu'elles sont dans la gêne et le besoin. A Salins, à l’hôpital Saint-Bernard en 1394, il est précisé que « toutes pouvres femmes grosses doibvent estre receues oudit hospital pour aller accouchier et gesir d'enffans bien et honnestement, et doibvent avoir double provende et doibvent gesir feur du commung des hommes et de leur veue »179. Au Saint-Sépulcre de Salins en 1431, Jean de Montaigu prévoit d’entourer leurs couches de tentures, afin de les soustraire à la vue des autres malades180. Après l’accouchement, elles bénéficient de soins particuliers : à Saint-Bernard, elles reçoivent quatre bains chauds181, des « curtynes » et de la lumière près de leur lit la nuit182. Elles sont servies « par des femmes licites et honnestes commises ad ce par le recteur ». S'il arrive que le gouverneur de l'hôtel-Dieu ne remplisse pas ce devoir d'assistance envers elles, son attitude est considérée comme pécheresse et scandaleuse. C'est la raison pour laquelle le recteur de l'hôpital Saint-Bernard de Salins est considéré en 1394 comme malhonnête, car entre autre, « les pouvres femmes gesant d'enffans ne ont poinct approvandees doublement, ne ont pain, vin et pidance souffisant, ne ont bains pour leur baigner, ne servandes pour leur servir, comme fere se doit oudit hospital183.
87Ce défaut d'hospitalité caractérisant Saint-Bernard de Salins à la fin du xive siècle, ne doit pas nous cacher la volonté d’accueil offerte dans les hôpitaux, surtout dans ceux nouvellement créés au xve siècle. En de nombreux endroits comme Vesoul, Salins, Montaigu, Arlay, des bienfaiteurs s'efforcent d'apporter aux femmes enceintes et à leur enfant à naître, un réconfort moral et spirituel autant que physique. Leur souci premier est d'écarter d'elles « la male mort » en les plaçant sous la protection de la Vierge ou de sainte Marguerite, intercesseur des femmes en couches. Cette sainte, dont le Saint-Esprit de Besançon possède des reliques et celui d'Arlay, une statue, a en effet la réputation « d'accorder d'enfanter heureusement à toutes celles qui se recommandent à elle dévotement »184. Les parturientes ainsi protégées, ne peuvent que se sentir sécurisées, pour elles et le nourrisson à venir. Il est vrai que les dangers qu'elles encourent sont multiples, surtout si elles sont primipares. Souvent aussi, l'enfant qu'elles portent échappe de justesse à la mort ; il risque également le handicap ou la difformité après un accouchement trop long185.
88Contre les douleurs de l'enfantement, contre la peur que cet événement provoque, l'usage veut que l'on recourt fréquemment à l'application de reliques. P.-A. Sigal montre comment, de façon très courante, on les place sur le ventre des femmes en couches. II cite le cas d'une parturiente qui se déclare soulagée par l'apposition d’un morceau de la cape du bienheureux Ambroise Sansedoni ; et encore celui d’une autre, qui manifeste de l'apaisement après avoir été en contact avec une cordelette ayant touché le corps de Rose de Viterbe186.
89Mais, tout en assistant la mère, l'hôpital offre au nouveau-né une naissance de chrétien : comme à Montaigu187, on procède à un baptême rapide, tant il faut éviter de laisser mourir ce bébé encore entaché de la faute originelle. Sinon, ainsi que le démontre P.-A. Sigal, son cadavre, enseveli en terre profane, n'est digne d'aucune attention. Au xiiie siècle encore, exemple extrême, deux corps de morts-nés sont jetés sur le tas de fumier de l'étable188.
90Le rôle des institutions hospitalières ne se limite pas envers les femmes et leurs nourrissons au moment de la naissance. Ces « gisantes » sont reçues jusqu'aux relevailles189 et une nourriture abondante leur est offerte190, selon les disponibilités de la maison. Ensuite et parfois, elles partent, laissant là leurs nourrissons qui viennent grossir le nombre des enfants exposés191.
V. Enfants
91Le nombre d'enfants, en l'absence de registres, est difficile à quantifier ; mais gageons qu'il fut important, tant les sources les évoquant sont multiples. Les actes de fondation de Montaigu et du Saint-Sépulcre de Salins192 insistent sur leur réception et le Saint-Esprit de Besançon évolue dès la fin du xve siècle vers une spécialisation de leur accueil. Au xvie siècle, celle-ci est effective puisqu'en 1552, le recteur de cet établissement, Claude Buffet, affirme contre toute vérité que son hôpital n'a jamais été fondé pour d'autres personnes que pour eux193.
Enfants abandonnés
92Justifiant par cet argument sa volonté de ne plus recevoir aucun autre pauvre en dehors des enfants, le recteur refuse l'hospitalité aux indigents, obligés alors de coucher dans les rues194. En conflit avec la municipalité, il doit démontrer aux gouverneurs de la ville que son attitude ne trahit aucunement un manque de charité envers ces démunis ; au contraire, affirme-t-il, elle s'avère nécessaire pour secourir en priorité, « des petits enffans, a raison de la grande multitude d'iceulx et que quasi tous les jours, il en survient de nouveaulx... A cest effect, il a d'ordinaire oudict hospital dix huict nourrices que servent aux enffans estans en icellui, oultre le nombre de quatre vingtz enffans ou environ qu'ilz faict nourrir par les villages circumvoisins. »195
93Cette « grande multitude » de jeunes enfants reçus au Saint-Esprit s'accroît vraisemblablement encore jusqu'à la fin du xvie siècle ; en effet en 1571, cet hôtel-Dieu ne veut plus accueillir que les bébés, « petitz enffans exposez, de l'aage de deux ans et dessoubz » ainsi que les femmes enceintes196.
94Ailleurs dans la Comté de Bourgogne, et plus particulièrement dans les divers établissements de Salins, l'hospitalité réservée aux enfants se développe, même si le nombre des jeunes assistés recueillis est plus modeste que dans l'hôpital bisontin : dix environ dans chaque établissement de Salins en 1584197.
95Mais partout dans le diocèse de Besançon, le souci de porter secours aux plus petits apparaît nettement dès 1440 : les testaments de l'Officialité de Besançon traduisent à travers leurs clauses pieuses la volonté manifeste de les aider précisément, sans cependant apporter de renseignements sur le sort à leur réserver. Sur ce point, les comptes de 1526 à 1529 du Saint-Esprit nous donnent quelques éclaircissements ; ils indiquent même le nom des enfants et les conditions de l'abandon, telles celles concernant un petit Claude apporté devant la porte de l'hôtel-Dieu de Vesoul et conduit ensuite à Besançon198.
96Cette « laisse d'enfants » souvent tragique199 est décrite de façon très circonstanciée dans un document de 1554 conservé à la bibliothèque de Besançon200.
Conditions de l'abandon
97Cette source présente un abandon qui s'effectue de nuit : « vers les dix heures de nuict » précise le texte et concerne un nourrisson, enfant naturel d’une dénommée Jeanne. Ce dernier, caché dans les bras d'un certain Jean Boulet, vigneron de vingt-cinq ans, est déposé au Saint-Esprit. Surpris par des témoins, le jeune homme est sommé d'expliquer son geste. Aucune sanction n'est prise à son encontre ; on condamne seulement les grands-parents du bébé à verser une somme de quatre francs à l’hôpital du Saint-Esprit pour payer la nourriture de leur petit-fils qui demeure « en la norricerie » de l’établissement. L’enfant, dont la famille est connue, continue d’être entretenu par elle, du moins partiellement201. Encore s’agit-il d’un simple arrangement amiable entre les parties.
98Jean-Louis Goglin indique aussi qu’à Paris, un abandon est moins sévèrement puni qu'un vol. Il illustre son propos par un exemple daté de 1489 où le parlement confirme une sentence pour une mère défaillante. Contrainte de reprendre son enfant et de le garder, elle est « battue de verges » et bannie pour trois ans202.
99Si l’exposition d’enfants dans un lieu public n’entraîne pas plus à Besançon qu’à Paris, une sanction trop lourde, l’infanticide, assimilé à un crime de bestialité contre nature, mérite une peine des plus dures. C’est bien ce crime, ou du moins une tentative de celui-ci, qui est reproché à Jean Boulet. Des témoins l’accusent et affirment en parlant de l’enfant « que par la Mort-Dieu, ledit déposant l’alloit periller »203. Jean Boulet n’échappe à la prison et à la justice qu’en prouvant son intention d’abandonner le nourrisson et de le laisser à l’hôpital, où par la suite il est mis en nourrice.
Mise en nourrice
100Quelques jours après la réception des enfants, l’hôpital204 se préoccupe de leur placement en nourrice à la campagne, dans des localités souvent éloignées de dix à vingt kilomètres. Ainsi, le Saint-Esprit de Besançon recrute des femmes vivant à Avanne, Osselle, Rancenay, Soye, Damnemarie... Il arrive également que les nouveaux-nés recueillis restent tout simplement « en la norricerie » de l’établissement, laissés aux bons soins de quelques nourrices205.
101D'abord, pour élever un bébé, le choix d'une personne alliant une solide santé à des qualités morales incontestables impose une mûre réflexion. C'est du moins le point de vue des médecins et des moralistes qui préconisent la sélection d'une femme à l'haleine douce, à la bouche meublée de belles dents et à la gencive vermeille. D'emblée, ils refusent l'embauche des rousses dont le lait, réputé aigre, rend les enfants chétifs206.
102La réalité diffère : les femmes pressenties pour ce travail ne se montrent pas toujours capables, physiquement ou moralement, de subvenir aux besoins du nourrisson qui leur est confié, comme en témoigne la comptabilité du Saint-Esprit de 1526 à 1529 : « une enffant femelle nommee Guillemette fust rappourtee au bout d'un an et que ladite enffant n’estoit pas tres bien nourry jusqu'au jour d'aujourd'hui comme appris au papier des enffans. »207
103En fait, la politique de l'hôpital dans l'embauche de son personnel nourricier obéit à divers critères ; si les religieux doivent évidemment assurer l'alimentation du nourrisson, il leur faut aussi secourir des personnes dans le besoin. Il n'est pas rare de rencontrer parmi les nourrices recrutées, des « pouvres vesves »208. Celles-ci perçoivent un salaire qui leur permet d'échapper à la mendicité, dans une période où on éprouve une irrésistible méfiance envers « les mechants mendiants et les mauvais pauvres ». De plus en plus en effet la notion de travail accompagné d'un salaire modique, remplace l'idée d'aumône dans une vision plus générale d'assistance. La rémunération peut être remplacée par un traitement en nature pour les nourrices logées à l'hôpital. Au Saint-Esprit de Besançon, « elles auront une chascune durant qu'elles allaicteront leur enffant, ung chauveau209 de vin par jour, de la souppe deux fois le jour, de bon pain leur saol, et de la pydance deux fois la journée »210.
104En 1552, elles vivent à dix-huit au sein de l'hôpital du Saint-Esprit de Besançon où elles allaitent en théorie deux enfants chacune211. D'après ces indications donc, trente-six enfants au moins vivent à cette date dans l'établissement. Toutefois, les gouverneurs de la ville de Besançon laissent entendre un chiffre beaucoup plus élevé, entre cinquante-quatre et soixante-douze, car selon eux, les dix-huit nourrices allaitent chacune trois ou quatre bébés212.
105Le recteur de l'hôpital justifie pourtant cette situation en expliquant « que par quelquefois, les nourrices donnent la mamelle a ung enffant d'ung an ou plus, auquel il ne fault pas grandement du laict d'une nourrisse, car il peult estre sustenté d'aultre chose »213. Pour lui donc, le nombre d'enfants en cours de sevrage précoce214 diminue l'opportunité d'embaucher d'autres femmes que celles déjà en place ; mais son argument, apparemment recevable, est considéré comme spécieux par les co-gouverneurs, car il va à l'encontre des théories médicales du temps héritées de celles d'Hippocrate : la nature seule peut indiquer le temps du passage à une alimentation solide et l'idéal serait d'attendre jusqu'à deux ans environ, que l'enfant perce ses vingt premières dents.
« Les dents qui viennent annoncent... que leur estomac encore faible est pourtant assez fort pour digérer des aliments plus solides que le lait. »
106D’ailleurs, dans les familles aisées où ces principes sont respectés, les enfants tètent jusqu'à dix-huit et vingt-deux mois, comme entre 1533 et 1535, le petit Pierre, fils aîné du parlementaire franc-comtois Anatole Froissard215. En comparaison, la situation au Saint-Esprit en 1540 paraît scandaleuse et la réaction des magistrats de la ville, compréhensible : ils réclament donc des soins plus attentifs pour les petits assistés216 et souhaitent « que les enffans sortissans du norrissage » reçoivent « journellement du laict et de bonne farine pour leur faire papins217, beurre, oeufz et aultres choses necessaires pour leur faire souvent la journée, poutage et souppe jusque a temps qu'ils soient bien convenablement norryz et parvenuz en l'eage de cinq ans »218. Ils reprochent encore au recteur du Saint-Esprit de proposer aux malades et aux nourrices une alimentation insuffisante, préjudiciable à leur santé et en voie de conséquence à celle des bébés qu'elles nourrissent. Pour remédier à cet état de fait, ils exigent qu'on leur distribue : « bon pain, pidance et vin deux fois le jour », soit une ration équivalente à celle des malades alités, mais supérieure en qualité et en quantité à celle attribuée aux pauvres219.
107Certains de ces enfants ne restent que peu de temps à l'hôpital ; ils sont confiés à des nourrices qui vivent en général dans la proche campagne220.
Placement des enfants à la campagne
108L'enfant est confié dans un premier temps, pour une durée d'un an et après signature d'un accord entre les parents nourriciers et l'hôpital.
« Personnellement estably N, lequel a retenu et retient de N, un petit enffant nommez N fils de N, le terme d’ung an à la feste de Sainct N prochainement venant et continuellement finissant pour le norrir... pour le pris et somme de N... »221
109La somme allouée varie d'un contrat à l'autre. Certaines nourrices perçoivent six gros pour trois mois et d'autres, dix-huit gros pour six mois. Ces gages ne concernent pas l'habillement de l’enfant, pour lequel l'hôpital verse des émoluments supplémentaires222. Au bout d'un an, le sevrage inévitablement effectué, l'enfant retourne à l'hôpital, à moins que la nourrice ne négocie avec le recteur un nouvel accord qui n'excède jamais six mois223.
110Une rupture de « contrat de nourrissage » survient dans deux cas : grossesse de la nourrice et mort de l'enfant.
111En aucun cas, une nourrice devenue enceinte ne peut garder l'enfant qui lui a été confié. Il risque la mort : les pratiques populaires comme les textes médicaux, inspirés par les théories des humeurs de Galien, s'accordent sur ce point, exprimant l'impossibilité de nourrir deux enfants à la fois, l'un avec du sang et l'autre avec du lait considéré comme du sang blanchi ; l'un des deux bébés est irrévocablement condamné : ou celui qui tète, ou l'autre dont « les pieds sont aspirés par le premier ».
112Pour leur éviter ce sort, l'hôpital reprend les nourrissons qu’il a confiés. Ainsi en 1526, le Saint-Esprit de Besançon enlève le 29 juillet un bébé confié à une nourrice en mai, vraisemblablement peu après la naissance224, avant de le placer chez une autre personne le 16août 1527, pour la durée d'un an225. Il n'en reste pas moins que la mort frappe durement les bébés.
113Sur vingt-six cas de placements étudiés à travers les comptes de 1526, 1527, 1528, 1529 au Saint-Esprit de Besançon, quatre enfants meurent dans leur première année, soit environ la proportion d'un enfant sur six. Si la série comptable, trop courte, ne nous autorise pas à conclure à un taux de mortalité infantile élevé, certaines mentions en revanche semblent en indiquer l'importance ; la mort revêt même une quotidienneté mêlée d'une indifférence aujourd'hui choquante. Tous les témoignages qui nous sont rapportés, dénués de la moindre émotion, signalent avec sécheresse et brutalité le souci de l'hôpital d'éviter les abus en contraignant les nourrices à rapporter le cadavre du nourrisson comme preuve de son trépas226. Par cette mesure, le Saint-Esprit cherche sans doute à limiter la malhonnêteté possible des nourrices capables de demander de la layette pour l'enfant mort, supercherie leur permettant un rapport intéressant lors de la revente des vêtements. Ainsi donc, l'hôpital exige le corps de l'enfant...
« Paioit a Jehanne, vesve de Jehan Mygard, qui avoit prins ung enffant pour nourry, masle nosmez Nicolas, lequel le mardi seze juillet le rappourte audit hospital, mort... »227
114Comment ne pas imaginer le transport de ce cadavre d’un lieu de placement distant de dix à vingt kilomètres jusque Besançon, où l'hôpital procède alors à son inhumation ! Par cet acte pourtant, le Saint-Esprit joue envers l'enfant un des rôles de miséricorde qu'il s'est assigné : ensevelir les morts.
115Si les comptes du Saint-Esprit révèlent les décès, ils se montrent avares de renseignements en ce qui concerne les causes de mortalité des enfants. Tout au plus, nous indiquent-ils l'achat de médicaments pour tenter de les guérir de la « rache »228. Les nourrissons doivent en fait succomber souvent aux conséquences de la venue des premières dents. Ceux qui nous sont signalés morts dans les comptes du Saint-Esprit, sont décédés dans les premiers mois de leur placement.
116Le temps de la dentition s'avère sans doute la plus critique de toutes les périodes de l'enfance ; il est accompagné parfois de toux, de difficultés respiratoires, de fièvres, de selles verdâtres impossibles à juguler. A cela, s'ajoutent les vers, considérés à l'époque comme une grande cause de troubles chez les nourrissons. On les croit capables « de ronger le cœur par dessous ». Enfin, à ces incidents inévitables, il faut ajouter le cortège de toutes les maladies qui guettent les jeunes enfants : convulsions, troubles digestifs et simples diarrhées estivales qui en tuent un grand nombre pendant la période des chaleurs.
117A aucun moment, une nourrice rapportant un enfant mort ne reprend un autre bébé, d'après les comptes du Saint-Esprit. Etant donné le faible nombre de cas examinés, il s’agit peut-être d'une coïncidence. Mais on peut aussi penser que l'hôpital ne souhaite plus confier un nourrisson à une personne incapable de le maintenir en vie.
Orphelins
118Si les bâtards, les enfants trouvés, exposés ou abandonnés sont reçus au Saint-Esprit et mis en nourrice, les orphelins connaissent dans cet établissement le même genre d'accueil comme en témoignent les comptes de 1526, lorsqu'ils signalent « ung enffant femelle nommee Guillemette qu’est l'enffant de feu Bernardin, de longtemps serviteur oudit hospital, et de Nicole sa femme, lequel derrierement mort de peste, par quoy a laissyé ladite Guillemette sondit enffant oudit hospital... »229.
119Pourtant, si la comptabilité du début du xvie siècle laisse entrevoir un traitement apparemment identique entre enfants abandonnés et orphelins lors de la mise en nourrice, d'autres sources infirment cette vision : des lettres patentes de Charles VIII ou de Louis XII, autorisant les quêtes pour subvenir aux besoins des assistés, mentionnent les orphelins mais oublient les enfants trouvés230. En 1534, Charles Quint octroie le même privilège, uniquement « pour la sustantation, aliment et nourriture des pouvres malades et enfans orphelins estans audit hospital et y affluant journellement en grande multitude... a cause des années steriles... »231.
120En réalité, la population ne considère pas de la même manière les orphelins et les enfants trouvés, assimilés quant à eux aux bâtards. Ces derniers jouissent dans l'ensemble d'un sort moins enviable que les précédents232. Certes, les hôpitaux du diocèse subviennent généralement à leurs besoins, mais on constate dans d'autres régions et notamment à Paris, que certains hôtels-Dieu refusent de les recevoir. Mieux, l'hôpital du Saint-Esprit en Grève ne secourt que des enfants légitimes ; il estime avoir pour vocation unique « d'aider les pauvres orphelins privés de leurs parents, en tout ou en partie, à cause de l'impuissance et disette d'amis ou de parents... »233. Chez les enfants comme chez les adultes, il existe de « bons pauvres », des pauvres connus. Les autres, inconnus, inspirent la méfiance et sont à la fois assimilés aux vagabonds sans qualification ni attache familiale ; ils sont méprisés et craints. Sans doute est-ce pour cette raison qu'Henri de Doubs précise dans son testament de 1439 sa volonté d'avoir autour de sa sépulture « des enfans de ses homes », enfants connus et « plus povres pupilles si point en y a ».
121Certains de ces enfants orphelins ou abandonnés sont adoptés.
L'adoption des enfants
122Un seul exemple nous renseigne sur cette pratique : en 1468, une fillette de quatre ans, « norrie » au Saint-Esprit de Besançon, est recueillie par Henri de Chargey et son épouse. Le couple s'engage : « a la garder de faim, de froit, lui administrer bon mangier, vestir et chaulcier selon son estat »234. Il promet encore, lorsqu'elle parviendra à l'âge du mariage, de la doter convenablement, « comme il feroit a sa propre fille procree »235. En contrepartie, la fillette s'engage à servir le couple « en toutes choses licites et honnestes » qu’il ordonnera de faire.
123La décision de lui confier l’enfant est prise, comme tout acte grave, lors de la tenue d'un chapitre. Un cas d'adoption est également relevé à la même époque par A. Briod à l'hôpital de Lausanne : Catherine veuve d'Etienne d'Orny, bourgeois et marchand de la ville, adopte une petite fille prénommée Madeleine, orpheline de mère236 et abandonnée par son père, un pèlerin hongrois revenant de Saint-Jacques de Compostelle237.
124Quand ils ne sont pas adoptés, les enfants, orphelins ou bâtards abandonnés, sont contraints de travailler dès leur plus jeune âge.
Travail des enfants
125Ce travail concerne des enfants jeunes, âgés de sept à dix ans, jugés capables de gagner la pitance qui leur est distribuée à l’hôpital238. Nous savons peu de choses sur les tâches effectuées par eux : quelques mentions laconiques des comptes du Saint-Esprit évoquent simplement le travail aux champs ou la garde des animaux239.
126Toutefois, ce n’est pas tant la besogne effectuée qui offre un intérêt : elle ne doit pas beaucoup différer de celle d'autres petits paysans. En revanche, l'obligation de gagner sa vie afin de mériter sa nourriture est infiniment plus importante : elle nous montre qu'au-delà de sept ans, un enfant valide ne peut plus bénéficier complètement de l'assistance hospitalière, car la société ne le considère plus entièrement comme un pauvre à secourir. S'il ne travaille pas, il devient un oisif, « un meschant povre », assimilé au vagabond ou au mendiant valide.
127Dans cette perspective, seuls les tous jeunes enfants ainsi que les estropiés, les malades, les vieillards, les veuves et peut-être les orphelins constituent selon l'expression de B. Geremek, « la masse admissible des assistés ». Eux seuls ont droit à une tutelle. A titre d'exemple, dans l'hôpital de Bracon, on reçoit treize personnes en 1583, « a scavoir six tres anciens..., impotenz, estropiez et vraiment povres, quatre petits enffans de quatre a six ans. Les aultres trois enffans sont d'assez bon aige pour gaigner leur vie »240.
128L'enfant de plus de sept ans, ne pouvant plus prétendre à l'aumône, doit éviter de tomber dans le désœuvrement et œuvrer pour demeurer un individu utile à la société et un bon chrétien, se rachetant par le travail.
129Cette idée, soutenue par la pensée largement répandue que « l'oisiveté est mère de tous les vices », trouve une partie de ses racines dans la vision traditionnelle du pauvre, considéré comme un pécheur frappé par Dieu et devant expier.
130Ainsi, dans un hôpital, obliger un enfant à travailler, c’est avant tout l'éduquer en bon chrétien en lui faisant saisir le caractère pénible d'une tâche humaine à mettre en relation avec la punition des premiers parents et avec la puissance rédemptrice de la souffrance.
« A la sueur de ton visage, tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes au sol... »241
131C'est aussi dans une vue augustinienne, le conduire de la Cité terrestre à la Cité céleste en lui faisant prendre conscience de la misère de sa condition. Enfin et surtout par le travail, c'est l'éloigner de la gueuserie, de la mendicité, de la marginalité, du désordre et de la contestation. La société chrétienne ne peut se concevoir qu'harmonieuse ; Dieu a placé chaque homme dans un « ordo » et lui a fixé au préalable un devoir à accomplir.
132En contraignant les enfants à travailler, l'hôpital continue encore à jouer envers eux son rôle d'assistance spirituelle. Il conçoit cette fonction d'une façon différente de celle charitable, traditionnellement en usage au xiiie siècle. Il entre désormais dans une logique plus pragmatique et favorise l'insertion sociale future de ce jeune assisté, en multipliant les contrats d'apprentissage.
133En ce qui les concerne, les marchés sont passés entre l'hôpital et les artisans de la ville. Les archives du Saint-Esprit de Besançon nous en offrent quelques exemples. Ainsi en 1510, l'hôpital place un enfant chez un maître brodeur242. En 1512, il en « afferme » un autre chez un vigneron. Enfin la même année, il passe pour un troisième un contrat chez un notaire
« Estienne Milet, maistre et recteur de l'hospital du Sainct Esperit de Besançon afferme Jehan Milet, filz de Jehan Milet, a messire Girard Abry, prebstre notaire de la court de Besançon, pour icellui Jehan Milet instruire en l'art et praticque de notayre... »243
134Ce dernier contrat pose de multiples interrogations et présente un abus : le jeune bénéficiaire de ce contrat est un parent du recteur, qui ainsi usurpe une aide hospitalière destinée avant tout aux orphelins. Apparemment, ces derniers, plus que tous les autres, bénéficient de l'aide publique et de ces « affermages en apprentissage », comme l'attestent différents documents des xve et xvie siècles. Ainsi, à Salins en 1583, un chanoine de Saint-Anatoile fonde à leur intention un hôpital, « pour que ladite ville puisse estre peuplée de gens industrieulx et proffitables pour le service de Dieu et du publicque... ». Son établissement doit, tous les trois ans, choisir dix garçons de la ville de douze a quatorze ans, nés en mariage légitime, sains et honnêtes, et leur apprendre un métier. Un contrat passé au Saint-Esprit de Besançon en 1512 précise que le jeune apprenti a l’obligation en outre de servir loyalement son maître. En compensation il bénéficie du gîte, du couvert et de l'habillement244. Ainsi les orphelins, « destitués des secours et soings paternels et maternelz », s'initient-ils un métier pendant trois ou quatre ans.
135Cependant l'aide apportée par les hôpitaux dans ce domaine particulier est sans doute infime par rapport aux besoins de tous les enfants à secourir et à éduquer. Nombreux sont en effet tous ceux qui continuent à mendier et à se marginaliser245. La misère qu'ils connaissent trahit en fait la faible capacité d'accueil des établissements. La fondation Coquelin de Salins ne reçoit que dix entants simultanément. Mieux, elle choisit préférentiellement des orphelins, et plus particulièrement encore des orphelins de la famille du fondateur !
« pource que la famille des Cocquelins et fort ample et en grand nombre... que bien souvent les enfans qui sont venuz de pere riches et oppulentz se treuvent reduictz a indigence et pauvreté... veut que les filz de ladite famille qui se treuveraient en difficulté... soient préférés a tous aultres... »246.
136Charité bien ordonnée commence par soi-même ! Le chanoine Coquelin utilise cette maxime avec force dans l'acte de fondation de son hôpital pour orphelins.
« Et attendu que l'ordre de charité veult que les nostres nous soient plus recommandés que les autres... »
137Selon lui, il faut avant tout créer une institution mettant les siens à l'abri de la misère. On est loin de l'idéal d'aide envers « tout pauvre du Christ ». La multiplication des personnes incapables d'assurer elles-même leur existence matérielle — dans le cas présent des enfants — a mis, dans le diocèse de Besançon comme ailleurs, la doctrine traditionnelle de la bienfaisance et de l'assistance aux plus démunis à rude épreuve.
138Néanmoins, l'image d'un accueil restrictif envers des enfants considérés comme des pécheurs et mis au travail pour cette raison s'avère, sans doute, par trop pessimiste. Elle traduit cependant fort bien l'une des ambivalences de l'attitude médiévale face aux « povres enfants ». Certes, la pauvreté leur est envoyée par Dieu en pénitence, mais en même temps elle les transforme en élus, en intercesseurs privilégiés qu'il convient de secourir en priorité.
Enfants intercesseurs
139L'intérêt manifesté à la fin du Moyen-Age vis-à-vis des enfants trouvés et des orphelins répond à une attente sociale tout en correspondant à un courant spirituel. Les textes religieux valorisent l'innocence enfantine ; la prière des petits, reconnue comme agréable à Dieu, se montre capable de racheter les fautes des adultes247.
140De plus en plus, les enfants représentent des intercesseurs privilégiés et leur nombre s'accroît dans les cortèges d'obsèques. Les testaments de l'Officialité de Besançon attestent leur présence248 et les testateurs ne semblent pas douter de l'efficacité de leurs prières dans une période où justement, se développe le culte de l'ange gardien, et à peine plus tard, l'iconographie des « putti ».
141Au sein des établissements comtois, à n'en pas douter, les enfants jouent le rôle d'intercesseur auquel les mendiants proches de la gueuserie ne peuvent plus prétendre. Ils remplacent dans l'idée « les pauvres du Christ » des xiie et xiiie siècles, louant la charité des plus riches et leur faisant espérer le Paradis249. Alors, ils deviennent l’objet de toutes les miséricordes.
142En les accueillant, les hôpitaux se transforment, se spécialisent mais paradoxalement se rattachent au principe fondamental qui a prévalu lors de leur fondation : recevoir les pauvres du Christ.
Spécialisation des établissements
143La réception des enfants, privilégiée dans les établissements comtois dès le xve siècle, devient quasiment exclusive au Saint-Esprit de Besançon qui, selon A. Castan, tend à former deux sections distinctes dès 1436 : les bâtiments du bourg les reçoivent principalement avec les femmes en couche ; les anciens locaux de Saint-Jacques, y étant désormais annexés, accueillent maintenant pèlerins, passants et malades250. En tous cas, dès la fin du xve siècle et au début du xvie siècle, sa spécialisation dans l’accueil des petits semble reconnue dans l'ensemble du diocèse ; des enfants exposés ou trouvés à Montbéliard, Vesoul, Dole ou Salins sont d'ailleurs envoyés à Besançon, tant l’efficacité et le rayonnement du Saint-Esprit ne semblent faire aucun doute251. En 1571, l'idée d'un hôpital réservé aux plus jeunes est rentré dans les mœurs et le recteur peut considérer que sa maison est de toute éternité conçue pour « les petits enffans exposés » et leurs mères252.
144Toutefois, cette remarque soulève la colère des gouverneurs de Besançon, qui décèlent une contradiction avec la règle instituée dès la fondation de l'ordre par Gui de Montpellier. Ils critiquent avec véhémence la spécialisation de cet hôpital qui, selon eux, ne pratique plus « une large hospitalité » et n'effectue plus son œuvre de miséricorde dans toutes les directions, même si en 1552, le recteur du Saint-Esprit, Claude Buffet, rétorque en exprimant sa crainte de contaminer les enfants en accueillant les malades253.
145L'exemple bisontin incite sans doute à la création d'autres établissements à fin du xvie siècle. A Beaufort, on manifeste un sentiment de compassion envers « cinq povres enffans » en fondant pour eux un hôpital en 1575 ; de même, à Salins en 1583. Ce souci des enfants, pour constant qu'il soit, semble cependant en décalage chronologique avec l'assistance accordée plus tôt dans le Nord de la France et dans les cités italiennes. Là, dès le xive siècle, la pauvreté des plus jeunes paraît insoutenable254. Il convient donc de les accueillir pour les aider mais aussi pour les instruire. Leur vie quotidienne peut être ainsi partagée entre la chapelle et l’école : ils reçoivent dans certains cas, une éducation religieuse et morale, apprennent à lire, à écrire et à parler si possible latin. Les filles doivent savoir les dix Commandements et quelques prières. De surcroît, elles s'adonnent aux travaux manuels comme la couture.
146Nous possédons très peu d'exemples de ce programme décrit par J.-L. Goglin255, qui rythme la vie des plus jeunes jusqu'à l'âge de douze ans. Nous savons cependant qu'en 1459, à Belfort, Pierre de Horsberg, bailli de Ferrette et d’Alsace, décide au nom de Sigismond, archiduc d'Autriche, de réduire de moitié les revenus de l'hôpital pour financer la fondation « d'un maistre d'ecole et de quatre enfants de chœur »256. A l'hôpital du Saint-Sépulcre de Salins, Jean de Montaigu fonde en 1438 quatre enfants « choriaux », pris parmi les plus pauvres257.
147Certains enfants, parmi les plus doués, poursuivent des études, les autres sont placés en apprentissage. Très peu d'entre les orphelins accèdent à la tonsure ; les enfants trouvés, eux, ne peuvent prétendre à la prêtrise sans obtenir une dispense258.
148Néanmoins, certains enfants du Saint-Esprit prennent l'habit à l'âge adulte.
Notes de bas de page
1 Lire sur ce point l'article de Raynaud (C.), "Le pape, le duc et l'hôpital du Saint-Esprit de Dijon", Médiévales, 1992, no 22-23, p. 71-90. L’auteur y présente un manuscrit offert à Philippe le Bon en remerciement de son intervention en faveur du Saint-Esprit de Dijon, lors de sa querelle avec la maison de Besançon. Ce volume est orné de vingt-deux grandes enluminures (Arch. hospitalières de Dijon, A 4).
2 ADD, 53 J I 5, 1446. « La maison ancienne dudit hospital de Poligny qui est assise hors nostre bourg est trop plus spacieuse... pour les necessités des pauvres miserables personnes, ceux y retrayans et qui tant de nuit que de Jour y peuvent arriver... »
3 Jeton : nom donné à l'enfant "jeté" ou abandonné.
4 Un document de 1554 témoigne de l’abandon d'un nourrisson au Saint-Esprit de Besançon (AMBes., GG 424). Brocard, Etablissements..., ann., t. II, p. 157. En ce qui concerne les abandons d'enfants, voir Boswell (J.), Au bonheur des inconnus, les enfants abandonnés..., p. 275-298 ; Michaud-Fréjaville (F.), “Enfants orphelins, enfants séparés, enfants élevés...”, Cahiers du CRISIMA, nov. 93, t. II, p. 297-308.
5 AHSaf. B 7, 3e fondation, ordonnances de Martin Gruart.
6 L'identité des pauvres et la nature de l'accueil sonr reportées dans un registre. AHSal., B 2, 2e fondation, 1438.
7 Mollat (M.), dans l'Histoire des Hôpitaux en France, sous la dir. de J. Imbert, p. 119.
8 ADD, 53 J XVI 16. Les comptes du Saint-Esprit de 1526 à 1529 font état de registres dans lesquels sont consignés les noms des enfants vivant dans l'établissement ou placés en nourrice.
9 Mollat (M.), dans l'Histoire des Hôpitaux en France, sous la dir. de J. Imbert, p. 119.
10 BMBes., ms. 1017, fos 51 à 54. Dans les Chroniques de Besançon, quatre folios sont consacrés à la vie quotidienne au Saint-Esprit du lieu. On y mentionne la nourriture qui doit être attribuée aux pauvres et au personnel ; on y détaille certaines mesures d'hygiène concernant la tenue des literies.
11 « Que le confesseur, écrit Gerson, évite avec le plus grand soin de se montrer, dès le début, austère, sévère et exigeant : bientôt en effet, devant pareille attitude, se ferme la bouche du pécheur obstiné. Qu'il commence par s'exprimer de façon aimable, même dans les cas où la nature des péchés semblerait exiger une telle sévérité, Jusqu'à ce que soit établie une espèce de confiance réciproque. » Cité par Delumeau (J.), L'aveu et le pardon, p. 22. La confession est considérée comme une planche de salut capable d'évacuer les mauvaises humeurs et de soigner les causes de la maladie. La contrition du pécheur est requise. Jean Perrot, chapelain du Saint-Sépulcre, écrit en 1461, quelques prières en français, dont l’une concerne l'Extrême-Onction (BMSal., ms. 13).
12 Cette pratique de la confession, en usage au Saint-Esprit de Besançon et dans ses dépendances, se retrouve dans les actes de fondation du Saint-Sépulcre et de Montaigu. (AHSal., A 1 et H 7). Pour Montaigu, Brocard, Etablissements..., ann., t. II, p. 32.
13 Mollat (M.), Les pauvres au Moyen-Age, p. 220.
14 AHSal., H 7. 1454. La fondation de Montaigu précise que le chapelain aidé de serviteurs et de une ou plusieurs femmes doit gouverner les pauvres en même temps que les servir.
15 « Un prêtre, convaincu d'avoir baptisé une seconde fois un chrétien, était condamné à porter sur ses vêtements un signe d'infamie : il s'agissait de deux pièces de feutre Jaune en forme de vases, l'une par devant, et l'autre par derrière. Le baptême, d'après l'enseignement de l'Eglise, imprime un caractère ineffaçable et confère l’état de grâce ; le renouvellement du rite laissait donc supposer que le ministre du culte ne croyait pas à cette doctrine. Son acte passait pour avoir saveur d'hérésie » Bernard GUI, Manuel de l'Inquisiteur, p. LIV de l'introduction.
16 Sigal (P.-A.), “Comment l'Eglise a sauvé les enfants abandonnés”. Revue l'Histoire, no 161, déc. 1992, p. 18-24.
17 Dans les psaumes 109, 10, la mendicité fait l'objet d'une malédiction lancée par le poète à l'adresse de son ennemi. L'intendant de Luc 16-3 a honte de mendier. La mendicité dégrade et mieux vaut parfois mourir que mendier. Les pauvres qui craignent Dieu et gardent ses commandements peuvent trouver le bonheur. Tob. 4-23.
18 ADHS, 279 E suppl. 803, comptes de l'hôpital de Gray, 1573-74. « ... A la belle croix proche et devant ledit Gray, ou illec treuvoit certains pouvres tant estropiates comme aultres. »
19 ADJ, 128 H 1. Ce terme de foule est employé pour décrire l'affluence de miséreux se précipitant à l'aumône de Bracon.
20 Lambelet Vernier signale à plusieurs reprises l'affluence des pauvres au Saint-Esprit de Besançon, 1436 (ADD, 53 JX 3). Philippe de Bourgogne relève quant à lui, le grand nombre de passants qui convergent vers Salins : « pour la grande habondance de povres personnes, pelerins et aultres qui chascun Jour affluent audit hospital », 1461 (AHSal., T 1 1).
21 ADD, II B 574, visite de l'hôpital de Bletterans, enquête de 1583.
22 ADD, 23 H 7, construction d'un hôpital à Gigny, 1435, copie de 1683.
23 Briod (A.), L'assistance des pauvres... p. 44-45.
24 Les actes de fondation des hôpitaux créés au xve siècle dans le diocèse laissent une large place à l'accueil des pèlerins.
25 Briod (A.), L'assistance des pauvres..., p. 43-45.
26 AHSal, A 1, 1431, 1er acte de fondation du Saint-Sépulcre. AHSal., H 7, 1454, fondation de Montaigu.
27 L'accueil limité des personnes en cas de manque de ressources apparaît très nettement lors de la fondation de Montaigu, AHSal., H 7, 1454. En 1438, le gouverneur du Saint-Sépulcre de Salins peut limiter la nourriture des pauvres et couper le vin si besoin est. AHSal., B 2, 2e fondation du Saint-Sépulcre.
28 ADD, B 2067, 1327, fondation de Bracon. Brocard, Etablissements., ann t. II p. 13.
29 AHSal., B 2, 1438, 2e fondation du Saint-Sépulcre.
30 AHSal., F 21, 1394.
31 ADD, 23 H 7, fondation de Gigny, 1435, copie de 1683.
32 Despense : boisson faite avec de l’eau Jetée sur le marc foulé ; piquette, petit vin. La despense était offerte aux pauvres de l'hôpital de Gray, ainsi que l'atteste un arrêt du Parlement de Dole rendu en 1557, ADHS, 279 E suppl. 803.
33 ADD, 23 H 7, 1435. Ces paroles de l'Evangile (Matthieu 25, 34-40) figurent dans le préambule de l'acte de fondation de Gigny.
34 AHSal., H 7, 1454, fondation de Montaigu.
35 ADD, 23 H 7, 1435. Expression reprise de la fondation de Gigny.
36 AHSal., H 7, 1454. Le droit d'occuper une couche est clairement exprimé dans la fondation de Montaigu.
37 ADHS, G 81, fondation de Vesoul, 1443.
38 AHSal., H 7, 1454, fondation de Montaigu.
39 ADD. 23 H 7, 1435, fondation de Gigny. « Sera tenu ledit aumosnier de donner aux pauvres de Jesus Christ qui arriveront dans ledit hospital pour leur refection, la moitié d'un pain de froment et la moitié d'un pot de vin pendans le tems qu'ils demeureront dans ledit hospital, pourvu que ils ne viennent qu'une fois par mois. Que s'il venait quelqu'un plusieurs fois... ne sera tenu de lui donner que le lit dans ledit hospital... »
40 AHSal., F 21, 1394 ; AHSal., T 11, 1461, Hôpital du Saint-Sépulcre
41 AHSal., T 11, 1461. « Souventeffoiz, pluseurs desdis povres mourroient aux champs et par les rues et autrement... car es autres hospitaulx dudit lieu de Salins, a grant peine les veult on recevoir, mais souventeffoiz pluseurs y sont reffusez... »
42 BMBes., ms. 1859, notes d’A. Castan.
43 ADD, B 2067, fondation de Bracon.
44 AHSal., B 2, 1438, 2e fondation du St-Sépulcre. Voir Brocard, “L'hôpital...”, p. 63.
45 AHSal., H 7, 1454, fondation de Montaigu.
46 Opsomer (C.), L'art de vivre en santé, p. 179. Voir aussi Hippocrate, De l'art médical, ; Lulle (R.), Principes de médecine ; Dulteu (L.) La médecine à Montpellier, (t. I, p. 114 et suiv., pour Arnaud de Villeneuve et ses théories médicales).
47 Le vent du Nord écarte la putréfaction, restreint les mauvaises humeurs, serre le ventre et fait uriner. Razi, Avicenne et Constantin le reconnaissent comme le vent le plus sain ; il rend les corps robustes et la tête légère, alors qu'une trop forte chaleur excite le sang. Opsomer (C.), L'art de vivre en santé, p. 179, 182.
48 AHSal., T 11, 1461.
49 AHSal., A 1, 1431, 1er acte de fondation du Saint-Sépulcre de Salins. AHSal., H 7, 1454, fondation de Montaigu.
50 De tels registres sont tenus au Saint-Esprit de Besançon et au Saint-Sépulcre de Salins, mais ne sont pas parvenus Jusqu'à nous. AHSal., B 2, 1438, 2e fondation de Salins.
51 La visite concerne les pèlerins, les malades et les femmes enceintes. En revanche, elle n'inclut pas les indigents. AHSal., B 2, 1438, 2e fondation du Saint-Sépulcre de Salins.
52 BMBes., ms. 138, fo 156 ro.
53 Au moment de bénir la besace et le bâton, le prêtre prononce une prière dont voici le passage le plus caractéristique : « Recevez ces besaces et ces bâtons et dirigez-vous vers les reliques des apôtres au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit pour que, par l'intercession de Sainte Marie Mère de Dieu, de tous les apôtres et de tous les saints, vous méritiez de recevoir dans ce siècle la rémission de tous vos péchés et, dans la vie future, d’être admis dans la communauté des bienheureux. » Cité dans Sigal (P.-A.), “Marcheurs vers la maison de Saint-Jacques”, Dossiers de l'Archéologie, no 20, p. 8-22. A propos des pèlerins et des pèlerinages, voir “Le pèlerinage”. Cahiers de Fanjeaux, 15 ; Oursel (R.), Les pèlerins du Moyen-Age ; Dupront (A.), Valade (D.), Saint-Jacques de Compostelle ; Slgal (P.-A.), L'homme et le miracle... ; Slgal (P.-A.), Les marcheurs de Dieu....
54 Robert (U.), Testaments de l'Officialité de Besançon.
55 En Angleterre, les vagabonds et les mendiants ne sont plus acceptés dans les hôpitaux dès la deuxième moitié du xive siècle. Pento (M.), “L'institution hospitalière en Angleterre au xive siècle”, Cahiers de ta Pauvreté, 1972-1974. Voir aussi Goglin (J.-L.), Les misérables dans l'Occident médiéval.
56 Selon l'ordonnance de 1550, tous les étrangers n’ont pas le droit à la réception à l'hôpital. Briod (A.), L'assistance des pauvres..., p. 43.
57 Le Saint-Esprit de Besançon et le Saint-Sépulcre de Salins possèdent des reliques de la Passion. Voir supra pages 68-39.
58 Germain (R.), “Démographie différentielle à la fin du Moyen-Age...”, Santé, médecine et assistance au Moyen-Age. Dans une étude portée sur la Hongrie, R. Delort estime l'espérance de vie à 28-30 ans. Si les nonagénaires et les octagénaires existent, aucun roi capétien n'atteint cependant l'âge de soixante ans. Delort (R.), La vie au Moyen-Ag, p. 55. Voir aussi Lorcin (M.-T.), “Vieillesse et vieillissement vus par les médecins du Moyen-Age", Bulletin du Centre d'histoire économique et sociale de la Région lyonnaise, 4, p. 5-22.
59 ADD, B 576.
60 La vieillesse est synonyme de faiblesse dans une requête des officiers de la saline auprès de Philippe le Bon pour lui demander qu'un accueil préférentiel soit réservé aux "ouvriers anciens" dans les hôpitaux salinois. 1443, ADD, B 238.
61 AHSal., A 1, 1431 ; AHSal., H 7. 1454. Les actes de fondation du Saint-Sépulcre de Salins et de l'hôpital de Montaigu mentionnent l'accueil de ceux qui ne peuvent gagner leur vie.
62 AHSal., H 7, 1454, fondation de Montaigu.
63 ADD, 23 H 7, Gigny. Geremek (B.), Les marginaux parisiens..., p. 192, indique qu'un certain nombre de personnes en relative bonne santé sont admises à mendier en ville. Le cas est fréquent lorsqu'il s’agit des femmes d'aveugles accueillies avec leur époux aux Quinze-Vingt.
64 AMArb., fonds de l'hôpital, B 14, legs de Renaud Abonier, 1314.
65 AMArb., fonds de l'hôpital, B 20, Janvier 1336.
66 Brocard, Etablissements..., ann., t. II, p. 153. ADD, 53 J 111 4.
67 Geremek (B.), Les marginaux parisiens..., p. 216.
68 ADD, B 238, 1443. « Lesquelx par vieillesse et grande faiblesse leur convient d'abandonner leurs œuvres en ladicte saulnerie et aler mendier... »
69 ADD, 53 J XXVII. Sur la famille Scaglia, Gauthier (L.), Les Lombards des deux Bourgognes. Le chap. III est particulièrement consacré aux conseillers lombards d'Othon IV et en particulier à Jacques Scaglia. Au lendemain de ses obsèques, le cordelier Mino de San Quirice, inquisiteur de la foi en Toscane, reçoit une dénonciation en règle accusant le défunt d'hérésie. Celle-ci fut réfutée en présence d'un ancien inquisiteur du diocèse, frère Hugues, prieur des Dominicains de Besançon.
70 AHSal., P 28, 1486.
71 AHSal., L 2. Jean de Colombette Justifie sa donation en louant les secours apportés Jour et nuit par les chapelains et les autres personnels du Saint-Sépulcre.
72 ADD, 53 JLX.
73 Cuisenier (R.), “La vie d'une communauté vers l'an 1500”, Société d'émul. de Montbéliard, fasc. 109, p. 36 et suiv.
74 Mollat (M.), Les pauvres au Moyen-Age, p. 228.
75 Le recteur doit visiter les malades deux fois par Jour et leur prodiguer des paroles de réconfort.
76 ADD, 53 J 1 4a, donation de Jaquote Puresot, 11 Juin 1431, reportée dans le cartulaire de Gray, fo 57.
77 AHSal., H 7, 1454, fondation de Montaigu. Les psaumes de la Pénitence sont les Ps. 6, 31, 37, 50, 101, 129 et 142 ; le Ps 129 est le De Profundis. Le premier témoigne de l'angoisse du Jugement ; « Seigneur, ne me reprenez pas dans Votre fureur, et ne me châtiez pas dans Votre colère... Mon âme est remplie d'un trouble profond... » Le second traduit l'espérance : « Heureux ceux dont les iniquités ont été remises, et dont les péchés ont été pardonnés... » Dans les suivants, on évoque la colère et la Justice divine ; on implore le pardon.
78 AHSal., H 7, 1454, fondation de Montaigu. Cet usage est aussi en vigueur au Saint-Sépulcre de Salins, 1431 et 1438, 1ère et 2eme fondations.
79 Ariès (Ph.), L'homme devant la mort, p. 48 : on reprochait « aux hérétiques de refuser au cimetière le caractère de locum publicum et ecclesiasticum ; les Vaudois croyaient qu'il n'importait en aucune manière en quelle terre on ensevelît les morts, qu'elle fût sacrée ou qu'elle fût profane. »
80 Ariès (Ph.), L'homme devant la mort, p. 50 : les corps des suppliciés et des excommuniés étaient simplement recouverts de blocs de pierre.
81 ADD, 23 H 7, 1435, fondation de Gigny.
82 AHSal., L 1, 1434.
83 AMArb., fonds de l'hôpital, B 20, 1336. Humbert Sarrasin et Rose sa femme, habitants d'Arbois, prévoient de terminer leur vie à l’hôpital du lieu, en exigeant de ce dernier qu'il organise leur obit et leur enterrement.
84 L'acte stipule également que si la fille de ce couple veut se marier, le Saint-Esprit s'engage à lui constituer une dot de 30 livres. ADD, 53 J LXXIII.
85 Caille (J.), Hôpitaux et charité publique à Narbonne au Moyen-Age, p. 93.
86 Rossiaud (J.), La prostitution médiévale, p. 36, rapporte que fréquemment, les Jeunes veuves sont victimes de viols collectifs qui les conduisent à la prostitution. L'éloignement familial, la disparition du père ou de la mère, rendent les filles vulnérables. Au xve siècle, les secours aux prostituées repenties se multiplient. A Abbeville, Amiens, Lyon, Avignon ou Paris, les institutions charitables s'intéressent à elles, même si l'accueil est réduit.
87 ADD, 53 J I 5, hôpital de Poligny.
88 AMArb., fonds de l'hôpital, B 30.
89 Le texte emploie le terme « d'équité ».
90 ADD, B 238, 1443, requête des officiers de la saline.
91 A 1, B 2, B 7, 1431, 1438, 1454, fondations du Saint-Sépulcre de Salins. AHSal., H 7, 1454, fondation de Montaigu. ADHS, G 81, 1443, fondation de Vesoul.
92 Cette exception concernant les ladres est clairement exprimée dans l'acte de fondation du Saint-Sépulcre de Salins, 1431, AHSal., A 1.
93 Briod (A.), L'assistance des pauvres..., p. 50-60.
94 Les frères du Saint-Esprit se donnent à Dieu et à leurs seigneurs les malades en rentrant dans l'ordre.
95 AHSal., A 1, B 2, B 7, 1431-1438-1454, fondation du Saint-Sépulcre. AHSal., H 7, 1454, fondation de Montaigu. ADHS, G 81, 1443, fondation de Vesoul.
96 ADD, 11 B 575, 1584. Visite de l'hôpital Saint-Pierre de Pontarlier « sis aux faulbourgs du coustel de la champagne ».
97 Cette expression apparaît couramment dans les actes.
98 ADD, 53 J III 4, registre in folio, 189 feuillets, fo 137. En 1571, le recteur du Saint-Esprit Claude Buffet affirme aux gouverneurs de Besançon que les malades reçus à l'hôpital sont en fait : « de bonnes personnes devotieuses, lesquelles pour gagnier les pardons et indulgences octroyés et concédés oudit hospital par le Sainct Siege Apostolique, se y faisoient transporter avec leurs biens... » (ADD, 53 J IV 2).
99 AMArb., fonds de l'hôpital, B 36.
100 Brocard, Etablissements..., ann., t. II, p. 138. AMArb., fonds de l'hôpital, B 35.
101 Catherine Rousseau explique qu'elle est "colloquee" à l'hôpital. L'idée d'enfermement est très nettement exprimée par cette malade.
102 ADD, 53 J III 3, fo 3 vo, donation de Guillaume Belin, malade d'Avoudrey.
103 ADD, 53 J I 4a, extrait du cartulaire de Gray.
104 ADD, 53 J LXXVI.
105 ADD, 53 J III 4, fo 259.
106 AMBes., BB 7, fo 17.
107 ADD, B 238. « Item pour ce que en ladite saulnerie, a pluseurs ouvriers et ouvrières ouvrons Journelment en icelle, de Jour et de nuyt, qui n’ont aucuns heritaiges, fuer que seulement leurs Journées qui peuvent fere en ladite saulnerie. Lesquelx aucuns d'eulx, aucuneffoiz par orvale ou inconvénient, se blessent leurs membres en telle maniere, qu'ilz demeurent impotens leurs vies durons, et les autres que tout leur temps ont servy en ladite saulnerie, lesquelx par vieillesse et grande faiblesse leur convient abandonner leurs œuvres en ladicte saulnerie et aler mendier, et en lieu d'eulx y pourveoir d'autres, sans ce que Jamais ilz aient autre secours ou ayde en ladite saulnerie. »
108 AMArb., fonds de l'hôpital, B 35, B 36. Catherine Rousseau donne ses biens à l'hôpital après sa réception et en compensation des soins reçus.
109 ADD. B 238.
110 AMArb., fonds de l'hôpital, B 35, 8 mars 1453.
111 AMArb., fonds de l'hôpital, B 37, décembre 1453.
112 AMArb., fonds de l'hôpital, B 35. « [Parce qu'elle] estait fole et inscencee, et ne la pouhoit condure ne gouverner en la maniere que lesdis parens maternelz querroient, et que lesdis parens n'ont voulu prendre la charge de la gardé et gouverner... Ladite fille sera mise en hospital dudit Arbois. »
113 AMArb., fonds de l'hôpital, B 36 ; ADD, 53 J I 4a, extrait du cartulaire de Gray. Cas de Catherine Rousseau d'Arbois (1453) et de Jacquote Puresot de Gray (1431).
114 Tous les actes mentionnés ci-dessus reprennent cette formule.
115 ADD, 53 J III 3.
116 La maladie et la faiblesse corporelle, tout comme la mort, font partie de la nature humaine depuis la faute originelle. Consulter également les réflexions sur la douleur physique au Moyen-Age dans Duby (G.), Mâle Moyen-Age, p. 203-209.
117 Grégoire de Naziance conseille à un malade : « Je... ne considère pas... que tu gémisses de ta souffrance comme d’une chose irrémédiable ; il faut au contraire que tu fasses la philosophie de ta souffrance... que tu te révèles supérieur à tes chaînes et que tu vois dans la maladie un cheminement supérieur vers ton bien. » Lettres, XXXI, 2-3, cité par Larchet (J.-C.), Théologie de la maladie, p. 56-57.
118 AMArb., tonds de l'hôpital, B 36. Catherine Rousseau écrit : « par la volonté de Nostre Seigneur, la Passions que J'ay ehues et souffrîtes... »
119 Catherine Rousseau emploie le terme « verberacion » dont les sens les plus fréquents sont « coup, action de frapper ».
120 AMArb., fonds de l'hôpital, B 36.
121 « Et qui ne saisit pas sa croix et ne marche pas à ma suite n'est pas digne de moi. » Matthieu 10, 38.
122 AMArb., fonds de l'hôpital, B 36.
123 « Vivre sa mort et mourir sa vie", pour reprendre l’expression d’A. Chené-Williams, est pour les prédicateurs un souci permanent. Les opuscules concernant "l'Art de mourir" sont très largement répandus, afin d'aider les mourants à s'abandonner à la grâce divine. L'hôpital du Saint-Sépulcre de Salins possède d’ailleurs un exemplaire de "L'Horloge de Sapience" et il est rappelé dans cet ouvrage d'Henri de Suso, que l'homme attendant sa fin mérite un départ plus doux. La musique et la danse trahissent aussi la résignation humaine face à la mort. Ainsi, le "Ad Mortem Festinamus", tiré du "Llibre Vermeil", est essentiellement une exhortation à la pénitence, rappelant aux pèlerins de Montserrat, la vanité du monde et le destin mortel de l’homme. Or, de nombreux traités évoquent ce mépris de l'humanité. Innocent III, au xiie siècle déjà, enseignait aux chrétiens : « N'aimez pas le monde... car tout ce qui vient dans le monde est concupiscence de la chair... et orgueil de la vie. » Les propos de ce pontife concernant le sort lamentable de l'homme furent singulièrement compris, d'après C. Martineau, après la grande peste. Les motifs macabres, qu'il développait, trouvèrent un écho particulier à la fin du Moyen-Age : « Vivant il engendrait des poux et des lombrics, mort il engendrera des vers et des mouches ; vivant il produisait la merde et le vomi, mort il produira la pourriture et la puanteur ; vivant il engraissait un seul homme, mort il engraissera plusieurs vers. Qu'y a-t-il de plus puant qu'un cadavre humain ? » Roy (B.), “Amour, Fortune et Mort...”, Le sentiment de la mort au Moyen-Age. Voir aussi Bultot (R.), “Mépris du Monde...”, Cahiers de civilisation médiévale, 4, 1961.
124 Ariès (Ph.), L'homme devant la mort, t. 1.
125 ADD, 53 J I 4a. « Pour la tres grant maladie, povretey que J'ay a present. »
126 ADD, 53 J III 4. « Vuillans pourvoir a mes nécessitez et maladies, esquelles suis présentement detenuz... » Si un infirme est considéré comme prisonnier de son corps, inversement l’âme est fréquemment présentée comme étant prisonnière du corps.
127 La maladie procède de trois types de causes : les malformations congénitales sans remède possible ; les traumatismes et blessures ; le déséquilibre des humeurs, domaine de prédilection de la médecine. Les médecins corrigent déjà ce déséquilibre en donnant une alimentation adéquate.
128 Tel est le cas à Bracon, d'après la fondation (1327), ADD, B 2067.
129 Cette nourriture est Jugée nécessaire par les gouverneurs de la ville de Besançon. BMBes., ms. 1017, fos 52 vo, 53, 2e moitié du xvie siècle.
130 AHSal., B 2, 1438,2e fondation du Saint-Sépulcre, fo 3 vo.
131 AMMbl, fonds de l'hôpital, E 10. E 11 et AHSal., II 1, comptes de Jean Vauchart.
132 ADD, 53 J XVI 14. Des extraits de comptes du Saint-Esprit de Besançon sous le rectorat de Lambelet Vernier (entre 1427 et 1476) font état de l'achat de 600 harengs blancs de la valeur de 6 francs, de 6 livres d'amandes pour 4 gros vieux, d'une boîte de gingembre vert pour 1 florin, du sucre pour 6 blancs, d'une livre d’épice et d'une once et demi de safran pour 9 gros vieux, de 12 livres d'épices pour 6 francs.
133 « Souvent les hospitaliers dépassent la mesure ; ils vont le long du lit des malades, demandant à l'un ou à l'autre ce que chacun désire manger ou boire ; dans leur ignorance ou leur simplicité, les pauvres ne consultent que leur goût, demandent du vin et de la viande, bien qu'ils soient atteints de fièvre violente, et cette nourriture occasionnent leur mort... Vous n'avez pas plus le droit de leur donner des aliments contraire à leur santé, que vous ne devriez laisser une épée entre les mains d'un fou furieux. » Le Grand (L.), Statuts d'hôtels-Dieu et de léproseries, p. 143.
134 AHSal., H 7, 1453, fondation de Montaigu.
135 L'ordonnance des hôpitaux de Besançon, début xvie siècle, Mémoires et documents inédits..., t. 13, 1946, p. 205, insiste pour que des femmes soient au service des pauvres pour les bien rebuer (laver).
136 Le lavement des pieds apparaît dans de nombreux statuts d'hôpitaux. Voir Legrand (L.), Statuts d'hôtels-Dieu et de léproserie.
137 AHSal., A 1, 1ère fondation, 1431. Voir Brocard, “L'hôpital...”, p. 15.
138 Cette évocation est appelée "Mandé" parce que la prière commence par les mots "Mandatum novum do vobis ». Pour le cérémonial, le célébrant dépose la chasuble et le manipule, revêt un tablier blanc et s'avance vers ceux qui ont été désignés pour la cérémonie du Mandatum. Pendant que s'accomplit ce rite, on chante des antiennes et leurs versets qui en rappelle le sens profond de la Cène : amour et humilité. La cérémonie terminée, le prêtre se lave les mains, reprend le manipule et la chasuble et, au milieu de l'autel il dit le Pater Noster.
139 Foreville (R.), Latran I, II, III et Latran IV. Le recours systématique au médecin de l’âme enlève le caractère traumatisant d'une visite unique du prêtre se rendant au chevet du malade pour les derniers sacrements.
140 AHSal., A 1, B 2, B 7, fondations du Saint-Sépulcre.
141 ADD, 53 J XVI 1. Dans l’inventaire de 1525 du Saint-Esprit de Besançon il est signalé que le médecin et le barbier logent dans les locaux de l'hôpital Saint-Jacques, dépendant alors du Saint-Esprit.
142 Des manuscrits écrits de la main de Jean Perrot (BMSal., ms. 10, 11, 12), contiennent quelques recettes médicales. Voir supra, p. 77-81.
143 BMBes., ms. 468, début du xve siècle. D'autres herbes ou plantes sont utilisées, telles la camomille, l'origan, la chicorée, la sauge, le romarin, la lavande... Recette contre les maux de tête : « Item camomille, melilote, rose, origain, ung chascun une pinte ; bolir en vin blanc clerc ou vermet, et de l'eal parmy sy est vermet... que l’on mette lesdites herbes dessus dites chaudes et drappeal par dessus... »
144 Le miel est aussi utilisé dans la fabrication de pommades. Une curieuse recette de Jean Perrot (BMSal., ms. 11) favorisait la repousse des cheveux : « Prenez miel crud et huille reset et faictes oignements, puis en frotez la teste et ses cheveux lui reviendront. » Mélangé avec du camphre et du natron (carbonate de soude), on en faisait un onguent contre les tâches au visage. On pense communément qu'il empêche la corruption des chairs et d'autres humeurs. « Les emplois du miel en pâtisserie ou en confiserie sont passés par la pharmacopée. Du 1er au xe siècle on en dénombre 3838 emplois dans les recettes médicales. D'après les travaux de Liliane Plouvier, ces utilisations peuvent se retrouver en quelques tendances fondamentales : les électuaires sont des médicaments mous à lécher, surtout utiles pour les voies respiratoires... le miel dans l'eau servait à fabriquer un grand nombre de sirops. » Opsomer (C.), L'art de vivre en santé, p. 152.
145 Le cérat, pommade à base de cire, mais aussi de poix et d'huile est un remède utilisé par Hippocrate pour soigner les fractures.
146 BMBes., ms. 468, début du xve siècle. Recette pour soulager les maux de pieds : « Pour garir les piedz escourchiez des soûlez. Prenez de la cire vierge du gros d'une noix, ung petit moing de tormentine (térébenthine), d'uille d’olive ou roset, environ le double, fundre et mesler tout ensemble et mectre en boiste, puis mectez sur la maladie et elle garba. »
147 AMMbl, fonds de l'hôpital, E 10, E 11, 1494-95 et AHSal., Il 1, 1458-62 comptes de Jean Vauchart.
148 Comme ceux de Dioscoride ou de Pline.
149 Jean Perrot dans ses notes fait référence à la connaissance d'un remède contre la Jaunisse connu par lui grâce à un Juif de Lausanne.
150 ADD, 53 J XVI 16, registre de comptes du Saint-Esprit de Besançon, 1526-1529.
151 Rache : teigne, gale.
152 Thériaque : « On prétend qu'inventée par Mithridate, elle fut vulgarisée par Andromaque, médecin de Néron. Galien en donna une formule qui subit ultérieurement de nombreux changements, mais le remède comprit toujours de la chair de vipère et les extraits d'une soixantaine de plantes, préparés en électuaire polypharmaque. Cette préparation de la thériaque était une véritable cérémonie publique, réservée d'abord aux pharmaciens de la République de Venise puis, à partir du xvie siècle, aux collèges de pharmaciens de Lyon et de Paris, opérant sous une surveillance rigoureuse et en présence des notables de la ville. » Encyclopédie Universalis.
153 BMSal., ms. 10, de la main de Jean Perrot. Recette contre les vers et la peste.
154 La Bible attribue la peste à l'intervention de Dieu. Cette maladie qui se propage rapidement apparaît comme le moyen approprié de l'extermination d'un peuple. (Ex. 9, 15 ; Nombre 14,12). La peste se présente parfois seule dans les Ecritures (Ex. 9,3 ; Ps. 78,50 ; 91,3-6 ; Ez. 14,19 ; Hab. 3,5), mais le plus souvent elle est accompagnée de maux qui lui ressemblent (Deut. 28,21 ; 1 Rois 8,37 ; 2 Chron. 6,28). Dans le Nouveau Testament, la peste apparaît avec la famine, la guerre et les tremblements de terre, comme un des maux qui forment les prodromes de la fin. (Mat. 24,7 ; Luc 21,11 ; Apocalypse 6-8 ; 18-8).
155 BMSal.., ms 11. Dernière page d'un volume copiée par J. Perrot (1451).
156 BMSal., ms. 12, folios 233 et 234.
157 La copie de cet ouvrage qui appartenait au Saint-Sépulcre de Salins sous le rectorat de Guillaume Vauchart, vers 1460, est conservée à Besançon : BMBes., ms. 253.
158 Le livre second de L'Horloge de Sapience, titre au 2e chapitre : « Comme il soit ainsi et apprent a bien morir qui est moulte prouffitable. »
159 BMBes., ms. 253, L'Horloge de Sapience, fo 115. Ce propos n'est pas sans évoquer à la fois, les détails de l'iconographie des danses macabres et la laisse XXXIX du Grand Testament de François Villon.
160 BMSal., ms 13. Le texte copié en 1461 par Jean Perrot, fait mention de quelques prières en français, dont l'une concerne l'Extrême Onction : « Saint Anseaulme dit ainsin comme recite maistre François de Maronnes en la XXIIIe distinction du quart sur sentences en traictant du sacrement d'Extreme Unction que pour le salut du malade et avoir considence de son saulvement, on lui doit fere les interrogacions ci apres escriptes et declairees. La premiere interrogacion est telle : “Frere ou seur, croyez vous tout ce qui appartient a la Saincte Foy chrestienne, comme les articles de la Foy et tout ce que l'Eglise determine de croyre et qu’elle croyt ?” Le malade doit respondre : “Je le croy. ” La seconde interrogacion est telle : “Vous esjouissez vous de ce que vous morrez et trespasserez en la Saincte Foy en creance de Nostre Seigneur Jhesu Christ ?” Le malade doit respondre “Ouy”. La tierce interrogacicn est telle : “recongnoissez vous avoir griefment offenser Dieu et fait contre ses commandemens ?” Le malade doit respondre “Ouy”. La quarte interrogacion est telle : “Avez vous douleur et desplaisance de ce que vous avez offensé Dieu Nostre Seigneur et fait contre son commandement et sa saincte voulenté ?” Le malade doit respondre “Ouy”. La cinquiesme interrogacion est telle : “Proposez vous que si Dieu vous donne santé et plus longue vie de emender vostre vie et de mieulx vivre que n'avez fait ou temps passé... ?” Le malade doit respondre “Ouy”. La VIe interrogacion est telle : “Avez vous espancé que vous serez saulvé par le merites de la passion de Nostre Seigneur Jhesu Christ et non par les vostres ?” Le malade doit respondre “Ouy”. »
161 BMSal.. ms. 9, fo 5 vo.
162 Cette pensée pour les âmes des donateurs et des fondateurs est sensible à travers la lecture des testaments et des actes de fondation.
163 L'Horloge de Sapience, BMBes., ms. 253, fo 160, VIIe chapitre.
164 Le terme d'aumône est utilisé dans L'Horloge de Sapience pour caractériser le don de la prière.
165 Le Goff (J.), La naissance du Purgatoire, p. 472. « Le progrès dans la purgation et l'ascension vers le ciel dépend de l'aide des vivants... Si la plupart des morts du Purgatoire réclament l'aide d'un parent ou d'un ami, d'autres font appel plus largement à la communion des saints. »
166 L'Horloge de Sapience, BMBes., ms. 253, fo 160. Entre 1216 et 1236, Alexandre de Halès — dont Jean Perrot, chapelain du Saint-Sépulcre a recopié les écrits vers la moitié du xve siècle — fait plusieurs fois allusion au Purgatoire. Il distingue à propos des péchés véniels la faute qui est effacée par l'extrême-onction, tandis que la peine n’est enlevée qu'au Purgatoire. Ailleurs il rappelle le caractère amer, dur de la peine de Purgatoire. Il parle de feu qui purge les âmes entre la mort et la Résurrection. Le Goff, La naissance du Purgatoire, p. 337.
167 Sigal (P.-A.), L'homme et le miracle..., p. 138. « La pratique des veillées de prières dans les églises de pèlerinages... constituait au xiie siècle... une condition favorable à la multiplication des rêves et des visions dans lesquels apparaissaient les saints. Au cours de la nuit, l'esprit essentiellement préoccupé par l'espoir d'une guérison qu'ils espéraient proche..., certains fidèles s’endormaient et rêvaient que le saint leur apparaissait. »
168 De nombreux saints protégeaient contre cette affection appelée couramment « grant maladie, grosse maladie, maladie obscure, mal saint Jean, mal saint Leu, mal caduc ». « Des le temps de sa nascion, le suppliant a esté entachié d'une maladie contagieuse, que l’on appelle le grant mal ou mal saint Jehan. On appelle le mal caduc « le mal de saint », pourtant qu'il se fait en une partie sainte et sacree et divine entre toutes les autres, qui est le chef. » Godefroy (F.), Dictionnaire de l'ancien français.
169 ADD, 53 J III 1, inventaire des meubles de l'hôpital Saint-Jacques réalisé par Lambelet Vernier, recteur du Saint-Esprit de Besançon, 1455. « Item un tablier en la chambre des povres de saint Crispien et Crespin. »
170 ADD, 53 JI 4b, visite de l'hôpital de Gray, 1564.
171 AHSal., A 1, fondation du Saint-Sépulcre, 1431, et H 7, fondation de Montaigu, 1453. ADHS, G 81, 1443, fondation de Vesoul.
172 Rossiaud (J.), La prostitution médiévale, p. 43.
173 AMBes., BB 13, folios 20, 39, 47, 49, 1525. Les servantes des prêtres de Besançon ont été chassées de la ville comme boucs-émissaires dans une période de peste du début du xvie siècle.
174 ADD, 53 JIII 3. En 1512, « Jehannette... [reçoit du Saint-Esprit] pour son doct et mariaige, la somme de cinq francs monnoie avec son troussel : robbes, goddetz et chaperons... »
175 L'hôpital d'Yverdon fournissait un petit trousseau aux Jeunes filles élevées dans la maison. Par ailleurs l'usage était répandu dans les hôpitaux du Pays de Vaud de doter les « povres filles », afin qu’elles échappent à la prostitution, surtout à partir du xive siècle. Briod (A.), L'assistance des pauvres..., p. 55.
176 ADD, 23 H 7, 1431, fondation de Gigny.
177 ADHS, 23 E, suppl. 803, arrêt du Parlement de Dole, 1557.
178 ADD, 53 J XVI 16.
179 AHSal., F 21, 1394. Au Saint-Esprit de Besançon, « les femmes gesantz » doivent loger dans une chambre à part, « ou elles seront bien pensees de bonnes viandes comme mouton, bon vin net et linges. Et y aura femmes expresses pour les relever et bien traicter durant leurs gessines, ainsi qu'il appartient a femmes qui sont constituées en tel estat, le tout aux fraiz, missions et despens dudict hospital. » (BMBes., ms. 1017, fo 54, 2e moitié du xvie siècle).
180 AHSal., A 1, 1431, 1er acte de fondation du Saint-Sépulcre de Salins.
181 Bains chauds : « En médecine, la principale utilité des bains chauds est d'ouvrir les pores et de faire transpirer. Cette béance des pores permet à l’humidité de provoquer un flux de ventre auquel il faut remédier par des substances astringentes. » La chaleur du bain permet de lutter également contre la fièvre tierce. Opsomer (C.), L'art de vivre en santé, p. 177. Voir aussi Laurent (S.), Naître au Moyen-Age...
182 La lumière n’est pas seulement utile pour leurs commodités, elle s'avère nécessaire pour les rassurer contre les terreurs nocturnes engendrées par la crainte des revenants, des démons et des maléfices. Delumeau (J.), La peur en Occident, p. 119 : c'est la nuit « que les ennemis de l'homme trament sa perte au physique et au moral ». La peur de l'obscurité, héritée et culturelle, apparaît dans la Bible où elle symbolise la crainte de la mort. « Quand finit le Jour, survient la peste ténébreuse » (Psaumes 91, 6), « Les voleurs et les assassins » (Job 24, 13-17). Dieu, en revanche, représente la lumière dont il illuminera les siens (Isaïe, 9, 1 ; 42,7). Des hommes comme Ronsart et Rabelais adhèrent aux croyances des démons sublunaires qui apportent « fièvres, pestes, langueurs, orage et tonnerre ». Les Vaudois éteignaient la lumière pour ne pas être surpris par des personnes étrangères à leur foi, ce qui les fit accuser de paillardise : Bernard Gui, Manuel de l'Inquisiteur, 1.1, p. 57. Voir également Lecouteux (C.), Fantômes et revenants..., et Schmitt (J.-C.), Les revenants, les vivants et les morts...
183 AHSal., F 21, 1394.
184 AMBes., BB 27, P 226. Lorsqu'ils s'enquièrent en 1555 de l'inventaire des reliquaires et des Joyaux de l'hôpital, « afin qu'alienation n'en soit faicte », les gouverneurs de Besançon apprennent des frères Parisot Gallyot et Philippe Michelot, que depuis deux ans, un reliquaire de sainte Madeleine et un autre de sainte Marguerite ont disparu. Les religieux en rendent responsable le maître.
185 Les sources ne mentionnent pas le recours à une femme pour « relever » l'accouchée ; tout au plus elles indiquent la présence de servantes pour les assister. AHSal., F 21, hôpital Saint-Bernard, 1394. En revanche, les comptes de l'hôpital de Lausanne (1394) signalent l'existence d'une femme pour assister les parturientes. Briod (A.), L'assistance des pauvres..., p. 56.
186 Sigal (P.-A.), “La grossesse, l'accouchement et l'attitude envers l'enfant mort-né...”, Santé, médecine et assistance au Moyen-Age.
Dans L'homme et le miracle dans la France médiévale, (xie-xiie siècles), P.A. Sigal présente l'importance du recours aux reliques au moment des accouchements : « Quant aux femmes en mal d'enfant, un moyen efficace de les soulager consistait à poser sur elles un objet ayant appartenu à un saint. » p. 266.
187 AHSal., H 7, 1453, fondation de Montaigu.
188 Sigal (P.-A.), “La grossesse, l'accouchement et l'attitude envers l'enfant mort-né...”. Santé, médecine et assistance au Moyen-Age.
189 AHSal., H 7. La réception des accouchées est prévue dans les fondations du Saint-Sépulcre de Salins et de l'hôpital de Montaigu. Elle est particulièrement bien décrite pour ce dernier. Le Lévitique, 12, 1-8, prévoit une purification de la femme accouchée. La naissance d'un enfant provoque en effet un état d'impureté temporaire pour la mère. Ce cas n'est qu'une variété des interdits liés aux phénomènes sexuels qui manifestent le mystère de la génération. Lors des relevailles, une cérémonie se fait à l'église, et l'accouchée se fait bénir par le prêtre.
190 AHSal., F 21, 1394 ; BMBes., ms. 1017.
191 ADD, 53 J XVI 16. « Payé a un norricier de Noyronte nommé Vuillemin pour [le nourrissage] d'ung enffant femelle nommee Guillemette dont la mere dicte la Jehanne Douilley est accouchée oudit hospital pour la seconde fois. » « Item paioi... pour ung enffant femelle nommee Biaise d'une femme nommee la petite Marie des estuves, de laquelle est accouchée audit hospital. »
192 AHSal., H 7, A 1.
193 AMBes., BB 26, fos 115, 116 ro et vo. « ...Que son hospital n'estoit fondé, sinon pour les petitz enffans habandonnez de pere et de mere, et que il ne recepvroit aultre. »
194 AMBes., BB 26, fos 115, 116 ro et vo. « ...Ne vouloit admettre en son hospital les povres qui y alloyent et n'avoyent moyen pour eulx nourrir, retirer ou heberger ailleurs que oudit hospital. Tellement qu'ilz sont contraintz coucher en les rues... »
195 AMBes., BB 26, fos 115 vo, 116 et 116 vo. En 1552, l'hôpital du Saint-Esprit de Besançon entretenait 80 enfants placés dans les villages voisins et au moins 36 nourrissons au sein de l'établissement. Les nourrices étaient au nombre de 18, et normalement, chacune d'entre-elles devait allaiter deux enfants or, « une seule nourrisse allayte trois ou quatre enffans a la fois... »
196 ADD, 53 J IV 2. Après un traité passé avec la municipalité, le Saint-Esprit, son recteur et ses successeurs « seront tenuz recepvoir, nourrir et traitiez les petits enffans exposez, de l'aage de deux ans et en dessoubz, et les femmes enceintes, tant de la cité que du comté de Bourgoigne. »
197 ADD, II B 576, visite des abbayes prieurés et hôpitaux, 1584.
198 ADD, 53 J XVI 16, registre de comptes, 1526-1529. « A une norice de Soye, paioi et delivroi a Nicolas Franc, pere de Jehannette, norice d'ung enffant dudit hospital nommé Claude, appourtez audit hospital de Vesoul... » Au fo 26, il est indiqué qu’une nourrice de Dannemarie reçoit un enfant abandonné près de Salins.
199 Le sort des enfants abandonnés est évoqué dans le Corbaccio de Boccace. « Combien de bébés qui entrent dans la vie contre la volonté [de leur mère], sont Jetés dans les bras de Fortune ! Regardez les hospices ! Combien meurent avant que d'avoir goûté au lait maternel ? Combien sont abandonnés dans les bois... ? » Cité dans Boswell (J.), Au bon cœur des inconnus, les enfants abandonnés..., p. 283. Voir aussi Bavoux (P.), “Enfants trouvés et orphelins du xive au xvie siècles à Paris”, Assistance et assistés ; Billot (C.), “Les enfants abandonnés à Chartres à la fin du Moyen-Age”, Annales de démographie historique, 1975 ; Carrón (R.), Enfants et parenté..., p. 113-163.
200 AMBes., GG 424.
201 Sigal (P.-A.), Comment l'Eglise a sauvé les enfants abandonnés, L'histoire, no 161, déc. 1992, p. 18-24.
202 En revanche, une femme qui a volé la fortune de son maître est condamnée à être enterrée vivante. Geremek (B.), Les marginaux parisiens..., p. 23. Sur les peines encourues par les criminels, voir Lavoie (R.), “Justice, criminalité et peine de mort...”, Le sentiment de la mort au Moyen-Age, p. 31 et suiv. Dans le Pays de Vaud, les lois protégeaient la vie de l’enfant. Si la mère faisait mourir son enfant, ainsi que l'indique une copie manuscrite du plaid général de la ville de Lausanne, son corps était pendu au gibet et sa tête y était clouée : Briod (A.), L'assistance des pauvres...
203 AMBes., GG 424. « Jehan Boulet, dit Colin, vigneron, citien de Besançon... porta un enffant vif et baptisé nommé Claude, né de Jehanne, fille dudit Anthoine. Devant la maison Dieu et hospital du Sainct Esperit, que fut environ les dix heures de nuict, et comme il fut devant la maison Loys Bernard, il rencontra Jehan le Barbier et deux aultres compaignons a lui incogneuz, portant leurs espees, lequel Jehan le Barbier dit audit déposant ou il alloit et quesse qu'il portoit. Respondit ledit deposant qu'il portoit ung enffant au Sainct Esperit. Repliqua ledit Jehan le Barbier en demandant a qui il estoit, que par la mort Dieu, ledit deposant l'alloit periller... Ledit deposant bucqua a la porte [du Saint-Esprit] et lui en fut faicte ouverture... »
204 A Besançon l'ordonnance des hôpitaux exige : « Sera tenu ledict maistre du Sainct Esperit recepvoir tous les enfants qu'on lui portera de Jour comme de nuit, leur donner nourrice et les bien entretenir et alimentez. » “Ordonnance des hôpitaux de Besançon”, Mém. et doc. inédits..., t. 13, 1946, p. 205.
205 Les abandons d'enfants sont également fréquents dans le Pays de Vaud : les nourrissons sont recueillis par les hôpitaux et placés chez des nourrices. Sur vingt enfants mentionnés dans les comptes de Lausanne de 1380 à 1450, dix meurent au bout de quelques mois. Le même phénomène est enregistré à Moudon. Les enfants là aussi sont placés en pension. Briod (A.), L'assistance des pauvres...
206 Voir : Gélis (J.), Läget (M.), Morel (M.-F.), Entrer dans la vie ; Sigal (P.-A.), “Comment l'Eglise a sauvé les enfants abandonnés”, L'Histoire, no 161, p. 18-24 ; Loux (F.), Le Jeune enfant et son corps dans la médecine traditionnelle, p. 171.
207 ADD, 53 J XVI 16, comptes de l'hôpital du Saint-Esprit, 1526-1529.
208 ADD, 53 J XVI 16. La préparation à la lactation a lieu en général au cours du dernier mois de la grossesse. L'hormone principale, la prolactine (PRL), est secrétée par l'hypophyse. D'autres hormones interviennent également : c'est le cas de l'ocytocine, secrétée par la post-hypophyse, dont le rôle est d’entraîner la contraction des fibres musculaires. Les conséquences de la lactation sont importantes : l'élévation du taux de prolactine inhibe l'ovulation, ce qui explique en général que l'allaitement assure la contraception. Secondairement, le mécanisme réflexe de la succion du mamelon entretient le maintien de la secrétion lactée en favorisant la hausse du taux de prolactine. Une stimulation régulière, même chez une femme qui a accouché depuis longtemps, peut maintenir indéfiniment la secrétion. Ainsi, il est possible d'expliquer l'embauche comme nourrices de femmes « vesves ».
209 Chauveau : une demi pinte, 63 centilitres à Arbois.
210 BMBes., ms. 1017, fo 51 vo, 2e moitié du xvie siècle.
211 AMBes., BB 26, fos 115 vo, 116 et 116 vo. « Ains, fault que une nourrisse en allaicte deux et non plus... »
212 AMBes., BB 26, fos 115 vo, 116 et 116 vo.
213 Loux (F.), Le Jeune enfant et son corps dans la médecine traditionnelle, p. 172, explique que très vite « le lait n'était plus la nourriture exclusive de l'enfant. On lui donnait très rapidement de la bouillie ; parfois soixante-douze heures après la naissance... »
214 Dans les familles d'extraction humble, les nourrissons peuvent être sevrés dès l'âge d'un an, six mois et même plus tôt.
215 Gélis (J.), Läget (M.) et Morel (M.-F.), Entrer dans la vie, p. 125.
216 Voir les textes présentés par Gélis (J.), Lacet (M.) et Morel (M.F.), Entrer dans la vie.
217 Papin : bouillie.
218 AMBes., ms. 1017, fo 52. Lorsque les enfants sont plus âgés que cinq ans, ils reçoivent la nourriture suivante : « leur sera délivré souppes et potages deux fois la Journée avecques pidance. Aussi a toutes eures qu'ils vouldront manger, leur sera donné du bon pain blanc. » Ainsi, ils deviendront « fortetz ».
219 AMBes., BB 21, registre 278 feuillets, fo 116 vo.
220 ADD, 53 J XVI 16, comptes de l'hôpital du Saint-Esprit, 1526-1529.
221 ADD, 53 J III 4, fo 137, modèle d'un contrat de "retenue d'enfant ».
222 ADD, 53 J XVI 16, comptes du Saint-Esprit de Besançon, 1526-1529. « Dehu encore a ladite nourrice par ordonnance de Monseigneur, trois groz pour acheter un pelisson pour l'enffant. »
223 ADD, 53 J XVI 16, comptes du Saint-Esprit, 1526-1529. « A une nomee d'Esvain. Le sambedi Sainct XIe dudit mois d'avril audit an... paiez et et délivrez a une nourrice d’ung enffant mis a norrir la somme de trois groz viez en entière solution du derrenier quarttemps de la fin, delay de la laissée dudit enffant nommé Pierrot, lequel enffant a esté reprins par ladite nourrice environ demy an. »
224 ADD, 53 J XVI 16, comptes du Saint-Esprit, 1526-1529. « Paioit a une norrice d'Auxoy nommee Vuillemette, femme de Symon Proudon, deux groz que lui estoit dehuz... d'avoir gardé ung enffant nommé Anthoine dict l'enffant de la Picarde et le rappourter pour ce qu'elle s’est treuvee grosse comme appris du papier des enffans. »
225 ADD, 53 J XVI 16, comptes du Saint-Esprit, 1526-1529. « Paioi le premier paiement de trois groz a Jehan Noel et a sa femme Poncette, pour le nourrissaige d’ung enffant nommé Anthoine dict enffant de la Picarde, comme appris au papier des nourrices. »
226 Jusqu'au xviiie siècle, on voit les nourrices chercher à dissimuler le décès de l'enfant qui leur est confié pour continuer à être payées.
227 ADD, 53 J XVI 16, comptes du Saint-Esprit, 1526-1529.
228 Rache : teigne, gale.
229 ADD, 53 J XVI 16, comptes du Saint-Esprit, 1526-1529.
230 ADD, 53 J V 3, lettres patentes du roi Charles VIII accordant aux hôpitaux de Dijon et de Besançon le droit de quête dans le royaume de France. En 1498, Louis XII accorde le droit de demander l'aumône dans son royaume, « pour l'entretenement du saint service Dieu et la sustentation des povres qui de Jour en Jour affluent en iceulx et mesmement pour nourrir et alymenter les povres enfans orphenins trouvez qui sont en grant nombre... »
231 ADD. 53 J V 9, pancarte en parchemin, 1534.
232 L'hôpital de Lausanne recueille des enfants que leurs parents, trop pauvres, assument difficilement. Il garde les nourrissons que les pèlerins n'osent emmener avec eux. L'hôtel-Dieu de Vevey va même Jusqu'à récompenser des personnes qui lui amènent des enfants trouvés. Morenod (J.-D.), “Jubilés et passages de pèlerins : les hôpitaux de Vevey et de Lausanne au xve siècle”, Ceux qui passent et ceux qui restent...
233 Goglin (J.-L.), Les misérables dans l'Occident médiéval, p. 179.
234 ADD. 53 J III l, fo 119.
235 ADD, 53 J III 1, fo 119. « Et quant elle viendra en eaige de la marier, la vestir, chaulcier, trosseler et faire marriage selon son estat comme il feroit a sa propre fille procree de son propre corps en loyal mariage. »
236 La mère de cette fillette est décédée à Majorque, sur le chemin de retour du pèlerinage.
237 Briod (A.), L'assistance des pauvres..., p. 53 et suiv.
238 ADD, II B 576, visite de l’hôpital de Bracon, 1584. « Que ils pouvent bien gaigner leur vie pour estre valide, senon ils ne sont pas dignes d'estre alimentez et entretenuz oudit hospital. »
239 ADD, 53 J XVI 16, comptes du Saint-Esprit, 1526-1529. « Achetez a Randot. enffans de l'ospital qui mene les moutons aux champs, une paire de souliers, trois groz. »
240 ADD, II B 576, visite de l'hôpital de Bracon. 1584. A la même date, on estime à l'hôpital Saint-Bernard de Salins que dix enfants de sept à dix ans sont "aptes a estre employé a quelque metier pour gaigner a l'advenir leur vie, sans devoir longtemps estre entretenus pour n'estre malade. » ADD, II B 576, visite de l'hôpital de Saint-Bernard de Salins 1584.
241 Gen. 3, 19.
242 ADD, 53 J III 3, P 28. Voir Michaud-Fréjaville (F.), “Enfants orphelins, enfants séparés, enfants élevés... ”, Cahiers du CRISIMA, no 1, nov. 1993, p. 297-308.
243 ADD, 53 J 111 4, registre, fo 37.
244 ADD, 53 J III 3, registre, fo 28.
245 ADJ. G 1137, fondation Coquelin, 1583. « [Ils continuent à] s’adonner a mendier, s'ascoutumant de vivre en oysiveté vraye nourrice de tous vices, d'ou advient que par tout le cours de leur vie, ils demeurent inubtilles, pauvres et nécessiteux... »
246 ADJ, G 1137, fondation Coquelin, 1583.
247 L'aumône de Bracon fut remise en cause en 1475 en raison des abus qu'elle engendrait. L'argent ainsi dégagé permit de fonder un chœur d'enfants. A Belfort, une partie des prébendes attribuées aux pauvres de l'hôpital a été détournée pour entretenir des enfants de choeur.
248 En 1472, Jacques Marlet de Frontenay ordonne que pour ses funérailles, « soient trouvez et appelez treze petits enffans masles, que soient vestuz de drap noir et chascun ung chapperon aussi de drap noir a cournette, lesquelx porteront avec son corps, chascun une torche de cyre. » De même en 1464, Philippe de Myon, curé de Dampierre-les-Conflans lègue à "treze povres vaves femmes et a treze povres orphenis, a chascun d'eux pour prier Dieu pour moi, une quarte froment pour une fois. » Robert (U.), Testaments de l'Officialité de Besançon, t. 2, p. 131 et 166.
249 Les enfants prient les anges gardiens, la Vierge et les saints intercesseurs. Au xve siècle, saint Vincent Ferrier insiste sur le rôle des anges préposés à la garde des individus, même s'il reconnaît que dans la hiérarchie céleste, certains anges plus puissants veillent sur les villes et les Etats. Le recours aux anges gardiens se développe au moment où les hommes attendent une protection des saints antipesteux et de la « Vierge au manteau ». Delumeau (J.), Rassurer et protéger, p. 293 et suiv.
250 Castan (A.), "Notice sur l'histoire du Saint-Esprit", Annuaire du Doubs, 1864 et 1865. ADD, 53 J XVI 16, comptes de l'hôpital du Saint-Esprit, 1526-1529.
251 ADD, 53 J XVI 16, comptes de l'hôpital du Saint-Esprit, 1526-1529.
252 ADD, 53 J IV 2, 1571. « Laditte eglise, maison, hospital du Sainct Esperit dudit Besançon, disoit et maintenoit, soutenoit ledit hospital avoir esté fondé, estably et institué pour recepvoir les petits enfans exposés et pauvres femmes enceintes, seulement et non austre, ce qu'il avoit tousiours fait et entendoit s'en acquitter au mieux qu'il lui seroit possible selon sa charge, fondacion et institution. »
253 AMBes., BB 26. « Neanmoings a quanteffois luy sont survenuz povres meritans d'estre admis oudit hospital, il les a receu et n'en a reffusé aulcungs, se ce n'a esté qu'ilz fussent infectz de maladie contagieuse comme de lepre, verole ou aulire semblable par laquelle les aultres povres dudit hospital, mesme les petits enffans eussent peu estre contaminez et perduz comme quelques fois il est advenu. »
254 « A Florence, la confraternité de la Miséricorde accueillit les enfants perdus ou abandonnés dès le milieu du xiiie siècle ; l'hospice Santa Maria de San Gallo fut créé à la fin du xiiie siècle ; un deuxième hospice des enfants trouvés, Santa Maria della Scala, fut fondé en 1316 pour accueillir les malades sans moyens ainsi que les petits enfants. A la fin du siècle, les hospices à eux deux, accueillaient près de deux cents enfants par an. Santa Maria degl'Innocenti, exclusivement destiné aux enfants trouvés ouvrit ses portes en 1445... En l'espace de quinze ans, il en vint à accepter à lui seul neuf cents enfants par an... Environ 50 % des enfants étaient illégitimes, mais il serait outrageusement simplificateur d'en inférer que « l'illégitimité » était la cause de l'abandon... A San Gallo, 20 % des nourrissons mouraient moins d'un mois après leur arrivée et 30 % dans l'année. Seuls 32 % parvenaient à l'âge de cinq ans. » Boswell (J.), Au bon cœur des inconnus..., p. 284 et suiv.
255 Goglin (J.-L.), Les misérables dans l'Occident médiéval, p. 179.
256 ADTB, I G 76. « Considerant... que les serviteurs de Dieu doivent estre nourris de biens ecclesiastiques, priant par ÿcelle lesdits prévots et chapitre mondit seigneur de leur octroyer quatre prebendes pour l’entretien desdits enfans de coeur et d'un maistre d'escole que feu ma tres honnoré dame comtesse a fondée dans l'hospital dudit Belfort, pour l'entretien et nourriture du chantre ou maitre d'escole, et que la conclusion de ladite requeste estait que qui est serviteur de l'Esglise est aussi pauvre en Dieu. »
257 AHSal., B 2, 1438, 2e fondation du Saint-Sépulcre. En réalité, le fils de son cousin Jean Vauchart est "chorial" à l'hôpital en 1460.
258 Brune (abbé), Histoire... du Saint-Esprit, p. 104 et suiv.
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