La circulation des idées économiques écossaises au dix-huitième siècle : l’exemple des Discours politiques de David Hume
p. 59-80
Texte intégral
1« There is a word, which is here in the mouth of every body, and which, I find, has also got abroad, and is much employed by foreign writers, in imitation of the ENGLISH ; and this is CIRCULATION. This word serves as an account of everything. »1 Comme Hume dans cet extrait de l’essai « Of Public Credit », nous prendrons ce terme dans une acception large, pour nous référer aussi bien à la circulation des idées qu’à celle des livres et des hommes qui les diffusent. Les Discours politiques de Hume, qui paraissent en 1752, marquent indéniablement un tournant dans la carrière du philosophe écossais et contribuent à la diffusion des idées écossaises à travers l’Europe, dans le domaine économique mais aussi dans le domaine politique ; c’est d’ailleurs peu après leur publication que le terme « économiste » fait son apparition en France. Il s’agit du premier ouvrage de Hume traduit en français, et le français étant la langue de l’élite en Europe, et la France une sorte de laboratoire intellectuel, c’est par le biais des éditions françaises de ses livres que la diffusion de ses idées et de ses œuvres a été assurée. Avec pas moins de 23 éditions en cinq langues du vivant de Hume (dix éditions anglaises, six éditions françaises, quatre italiennes, deux allemandes et une suédoise), le succès de l’ouvrage attire aussi l’attention des lecteurs et des éditeurs sur le reste des œuvres du philosophe écossais. Toutefois la circulation des idées, plus encore que celle des biens, n’a rien de linéaire. Nous nous interrogerons d’abord brièvement sur le rôle joué par les périodiques français puis par certains « ambassadeurs » de Hume pour expliquer le succès des Discours, puis nous examinerons la question de la concurrence entre libraires et traducteurs autour du livre comme marchandise, et enfin nous aborderons le problème du texte et du paratexte pour déterminer si l’œuvre reçue était bien conforme aux intentions de son auteur.
Les Discours politiques dans les périodiques français
2C’est d’abord dans un certain nombre de journaux et périodiques français que les idées de Hume furent portées à l’attention du public sur le Continent.2 Ces périodiques facilitaient grandement la circulation des idées entre des pays européens par ailleurs déchirés par la guerre, et dans un contexte intellectuel marqué par un intérêt croissant pour les questions d’ordre économique. Après la signature du traité de paix d’Aix-la-Chapelle en 1748 qui met fin de façon humiliante pour la France à la Guerre de Succession d’Autriche, la supériorité des « Anglais » dans le domaine commercial ne fait alors pas de doute, comme l’expliquent de nombreux auteurs français tels que Montesquieu, Voltaire, Melon ou Dutot. L’Angleterre a atteint un niveau de pouvoir et de prospérité sans précédent, les relations commerciales se sont étendues partout en Europe et dans le nouveau monde ; la France, sans toujours se l’avouer, cherche à suivre son exemple. Or les sujets abordés par Hume dans ses Discours, qu’il s’agisse de l’agriculture, du luxe, du rôle du commerce, de la sociabilité ou du crédit public intéressent particulièrement les Français.
3Des périodiques français tels que la Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants de l’Europe, le Journal britannique ou le Journal étranger, présentent dès 1752 des recensions élogieuses, le titre des douze essais, des traductions partielles assorties de commentaires qui font parfois allusion à des débats français, comme dans le cas de l’essai « Of the Populousness of Antient Nations ».3
4De façon très significative, ce sont les Discours politiques que l’éditeur du Journal Etranger, Toussaint, choisit de présenter dans le premier numéro du périodique et ceux qui suivent jusqu’en septembre, contribuant ainsi largement à la diffusion des idées économiques de Hume.4 Ce périodique est publié avec un « privilège du roi » et donc une autorisation des censeurs royaux. Le Journal étranger fait notamment l’éloge de Hume pour son impartialité, qu’il faut comprendre comme son absence de ressentiment à l’égard de la France, qui tranche avec le discours dominant des Whigs anglais, quitte à parfois modifier le texte original de Hume dans les traductions. Ainsi dans la phrase de Hume tirée de l’essai « Of the Balance of Power », « Our wars with France have begun with justice, and even, perhaps, from necessity ; but have always been too far pushed from obstinacy and passion », seule la fin est traduite : « La moitié de nos guerres avec la France, & toutes les dettes qu’elles nous ont occasionnées proviennent plus de notre animosité imprudente, que de l’ambition de nos voisins ».5
Un ambassadeur de Hume
5En dehors de ces périodiques, le succès des Discours politiques a été préparé par des hommes et des femmes de lettres qui ont promu directement ses écrits auprès de lecteurs potentiels, et qui étaient parfois des acteurs du monde économique. La particularité de l’approche humienne est son empirisme et sa volonté de répondre à des questions concrètes. Il se méfie des grandes théories qui commencent à être développées et cherche avant tout à comprendre et apporter des solutions aux problèmes de son temps. Comme l’écrit Roger Emerson : « Hume’s political-economic essays rejected many of the shibboleths of his age. In the Political Discourses Hume attempted to test by experience then-popular economic and political beliefs and to correct them. »6 L’expérience est tirée de l’histoire ancienne et contemporaine, mais aussi de la fréquentation de marchands qui vont en retour promouvoir son œuvre. C’est notamment le cas d’un négociant en vin, John Stewart of Allanbank (c.1723-1781) dont le rôle reste encore méconnu.
6John Stewart était le fils d’Archibald Stewart of Allanbank, négociant en vin à Édimbourg qui fut également Lord Provost de la ville en 1744-1745 et un ami proche de Hume. Hume le défendit contre l’accusation de jacobitisme après l’échec de la rébellion de 1745.7 John Stewart, que le philosophe appelle affectueusement « Jack Stewart » dans de nombreuses lettres, devint l’associé de son père après le transfert de son négoce à Londres et s’occupera aussi des affaires financières de Hume. Des lettres de Hume récemment découvertes montrent que le philosophe se retrouve même par son intermédiaire indirectement lié à la traite des esclaves: John Stewart investit l’argent de Hume dans des plantations à Grenade qui emploient 42 esclaves.8 Et Hume défend ouvertement les intérêts de Stewart auprès du gouverneur de la Martinique, le marquis d’Ennery: « jay recu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire de Londres le 2 février de cette année pour me recommander les interets de M. Stewart représentez par Mrs Nelson et Burnet; je leur rendray, vous pouvez en etre assuré tous les services qui dependront de moy, il y peuvent compter, je le leur ay dit ».9
7En tant que négociant en vin, John Stewart se rend fréquemment en France et cherche à chaque fois à rencontrer des hommes de lettres. À la fin des années 1740, il est à Bordeaux et va jouer un rôle important dans la relation qui se noue entre Hume et Montesquieu. C’est par son intermédiaire que Montesquieu envoie à Hume un exemplaire de l’Esprit des lois au début de 1749, probablement sur la recommandation de John Stewart puisque les œuvres de Hume sont encore inconnues en France.10 Montesquieu lut l’édition de 1748 des Essays Moral and Political et adressa à Hume le commentaire suivant dans une lettre du 19 mai 1749 :
Nous commencames aussi à lire Mr Stuart et moy un autre ouvrage de vous ou vous maltraités un peu l’ordre ecclesiastique. Vous croiés bien que Mr Stuart et moy n’avons pu entierement vous aprouver nous nous sommes contentés de vous admirer. Nous ne crumes pas que ces Messieurs furent tels mais nous trouvâmes fort bonnes les raison que vous donnez pour qu’ils dussent être tels. Mr Stuart m’a fait un grand plaisir en me faisant esperer que je trouve à Paris une partie de ces beaux ouvrages.11
8C’est également par l’entremise de John Stewart que Hume fera parvenir à Montesquieu un exemplaire de ses Political Discourses.12
9Dix ans plus tard, John Stewart est à Paris et s’est lié d’amitié avec Daniel-Charles Trudaine, qui était intendant général des finances, et avec son fils Jean-Charles, qui succédera à son père en 1769. Trudaine anime un cercle très important qui se réunit au domicile de Mme Dupré de St Maur et rassemble nombre de penseurs qui s’intéressent aux affaires économiques, notamment Turgot, Morellet, Chastellux et Helvétius. Plusieurs lettres, dont certaines en partie inédites, montrent le rôle qu’a joué Stewart pour établir et maintenir des contacts entre Hume et certains des cercles littéraires et philosophiques les plus importants.13 Le jeune Trudaine va traduire l’Histoire naturelle de la religion de Hume et Mme Dupré de St Maur l’encourage à envoyer la traduction à Hume, ce qu’il fit par l’entremise de Stewart.14 La traduction a été perdue mais Hume écrivit à Trudaine pour le remercier et cela marque le début d’une amitié qui sera renforcée lors du séjour de Hume à Paris entre 1763 et 1766.
10Plusieurs lettres indiquent également que John Stewart contribuait à la circulation de livres entre la France et l’Écosse, Stewart passant commande à Hume d’un grand nombre d’ouvrages destinés à Trudaine et à d’autres philosophes, comme The History of Great-Britain de John Robertson, The Dictionnary de Samuel Johnson ou encore la Bible en gaélique, destinée à Turgot.15 La lettre suivante du jeune Trudaine est assez révélatrice du rôle joué par Stewart :
Nous avons été bien faché de ne pouvoir pas retenir ici Mr Stewart plus longtems. Si ses affaires ne l’avoient pas appellé en Espagne je me serois flatté de jouir souvent de l’amitié qu’il a bien voulu m’accorder. J’espere qu’il voudra bien vous rendre compte du plaisir que nous avions souvent a nous entretenir de vous & de vos ouvrages mais je compte reparer a son retour la brieveté du tems qu’il a pu nous accorder. Je ne puis vous dire combien nous avons été faché de le perdre & combien nous avions de plaisir a jouir de la douceur de l’amitié de son caractere.16
11À Paris, John Stewart put rencontrer un grand nombre d’hommes et de femmes de lettres en raison de son amitié avec David Hume. Et en retour les efforts faits par John Stewart pour promouvoir l’œuvre de Hume dans différents cercles littéraires et philosophiques expliquent en partie la véritable adulation dont Hume fera l’objet lorsqu’il s’installera à Paris en 1763. Ainsi que l’écrit John Stewart dans une lettre de Paris le 1er mars 1763 :
[…] Under the title of your friend I have been more caressed here than ever stranger was by people of distinguished merit and a high rank in life. I hinted at your intention of one day paying them a visit and I assure you it gave a most general and unfeigned satisfaction to a great number of people you would like to live with… .17
12Après avoir mentionné plusieurs personnes que Hume aurait intérêt à rencontrer, notamment Mme Dupré de Saint-Maur, les deux Trudaine et Chastellux, Stewart ajoute : « To each of these you must send a copy of your last volume of History as also to M. Turgot a man of very good sense great knowledge and one of your admirers ».18
13Une fois arrivé à Paris, Hume semble en retour avoir servi d’intermédiaire pour le négoce de vin de Stewart – des vins de Bordeaux et plus de Bourgogne - comme le montre cette lettre inédite de Stewart à Hume :
I beg you may inform Mr Maltete that any one recommended by you would be sure of a preference from our house but that for some years we have left off dealing in Burgundy entirely, having found it a commodity much too ticklish in this climate to become an object of any consequence in trade. Others have found it so as well as we and there is now hardly any imported.19
14Dans l’ensemble, et sans lui accorder non plus trop d’importance, on voit bien le rôle qu’a pu jouer un négociant en vin comme John Stewart dans le succès de Hume en France et la diffusion des idées écossaises. En tant que marchand de vin, il avait bien sûr intérêt à voir le commerce entre la France et la Grande-Bretagne se développer, et les idées avancées par Hume dans les Discours politiques ne pouvaient que contribuer à cet essor.
La concurrence entre libraires et traducteurs
15Le dix-huitième siècle voit l’émergence d’un véritable marché du livre. Or le public manifeste un fort intérêt pour les écrits de Hume qui acquiert donc une indéniable valeur marchande.20 Dans une célèbre lettre de juillet 1757, Hume se réjouit de voir que les Écossais soient devenus « the People most distinguish’d for Literature in Europe ».21Et comme le souligne Richard Sher, « Hume was not merely an observer of the phenomenon he was describing but also one of its prime movers »22. Cela explique que des rivalités soient apparues entre traducteurs et éditeurs, et que pas moins de deux traductions des Discours politiques aient été publiées presque simultanément en 1754 par deux éditeurs différents.
16Dès 1751, le libraire parisien Lambert avait soumis à la censure royale le manuscrit d’une traduction des Essays Moral and Political parus en 1741 et 1742, mais l’autorisation lui avait été refusée. Il faudra donc que les traducteurs et les libraires adoptent des stratégies spécifiques pour contourner la censure ou obtenir au minimum, à défaut d’un privilège du roi, une permission tacite, quitte à indiquer un faux lieu de publication.23
17La première traduction publiée fut celle d’Eleazar de Mauvillon (1712-1779), historien, grammairien et un temps secrétaire du Roi de Pologne. Elle parut chez l’éditeur hollandais Schreuder.24La traduction de Mauvillon fit l’objet de plusieurs recensions, dans la Nouvelle bibliothèque germanique25 ou dans la Bibliothèque des sciences et des beaux-arts, 26 mais elle ne rencontra pas le succès espéré.27
18L’une des raisons pour cette absence de succès est la parution d’une autre traduction, par l’abbé Le Blanc, qui choisit de publier les Discours en même temps qu’une traduction du texte du penseur tory Bolingbroke sous le titre Réflexions politiques sur l’état présent de l’Angleterre.28 Jean-Bernard Le Blanc (1707-1781) bénéficiait d’une certaine notoriété en tant qu’anglophile : il avait publié en 1745 les Lettres d’un François concernant le gouvernement, la politique et les mœurs des Anglois et François, suite à un séjour de 18 mois en Angleterre en 1738- 39. Contrairement à Mauvillon, Le Blanc a correspondu plusieurs fois avec Hume et lui a envoyé des exemplaires de sa traduction. La lettre qu’envoie Hume à Le Blanc le 15 Octobre 1754 est révélatrice de l’intensité de la concurrence entre traducteurs et libraires et la volonté de Le Blanc de devenir le traducteur officiel des œuvres de Hume :
As you thought, that the informing the Public of the Correspondence carry’d on betwixt us, wou’d prevent any other Translator from interfering with you, I have subjoind in the next Page, a Letter, such as may not be improper to insert in some of the literary Journals… The booksellers in London have a Custom, that when an Author enters into any Engagement with any of them for a Translation, no other Bookseller will engage any other person in the same Translation. I hope this is also the Custom at Paris.29
19De même, dans une lettre du 25 décembre 1754, Le Blanc critique ainsi la traduction de Mauvillon pour valoriser la sienne :
J’ay vu ici la traduction de vos Discours Politiques imprimée en Hollande; elle ne se peut pas lire; vous souffririez, Monsieur, de vous voir ainsi défiguré. Le traducteur quel qu’il soit ne sait constamment ni l’anglois ni le françois. C’est probablement un de ces auteurs qui travaillent à la foire pour les libraires de Hollande et dont les ouvrages bons ou mauvais se débitent aux foires de Leipsig et de Francfort… . Cette traduction passe ici pour être d’un Mr Mauvillon de Leipsig dont le métier est de faire des livres françois pour l’Allemagne et d’enseigner ce qu’il ne sait pas, c’est-à-dire votre langue et la nôtre.30
20Le Blanc explique à Hume que sa traduction rencontre un vif succès : « Il est bon de vous dire que cette traduction, grâce à l’excellence de l’original, se débite ici comme un roman […] Le libraire m’avertit qu’il sera bientôt temps de penser à la seconde édition. »31
21La traduction de Le Blanc parut en août 1754 et une critique de l’ouvrage fut publiée presque immédiatement dans l’Année littéraire.32 Le succès de l’ouvrage fut tel que l’année suivante une seconde édition du livre fut publiée, cette fois avec un privilège du roi, et sans le texte de Bolingbroke. Le Blanc connaissait bien le système de censure français – il ira jusqu’à publier une fausse traduction d’un texte d’un faux député anglais, Le Patriote Anglois de John Tell Truth, pour le détourner — et le fait que le livre de Hume se voie accorder un privilège du roi un an seulement après sa première publication avec une simple permission tacite est indéniablement le signe de la pénétration de la pensée de Hume parmi les classes dominantes en France.
22Le libraire Schreuder qui publia la traduction de Mauvillon chercha à tirer parti du succès de Le Blanc en publiant en 1761 une édition en 5 volumes intitulée Discours politiques de Mr Hume alors que seul le premier volume contenait les textes de Hume. Hume faisait désormais office d’appât pour introduire l’œuvre d’autres économistes comme Forbonnais ou O’Heguerty qui appartenaient au même cercle que Le Blanc.
23En 1766 et 1767, une troisième édition et traduction des Discours politiques fut publiée, qui ne comprenait cette fois que sept des douze essais, ceux qui traitaient directement des affaires économiques. Longtemps attribuée par erreur, en raison d’une facétie de Diderot, à une certaine Mademoiselle de la Chaux, il nous semble très probable que ces essais aient été en fait traduits par Turgot. Plusieurs lettres qui viennent de refaire surface attestent du fait que Hume et Turgot ont commencé à correspondre dès mars 1759 et se sont rencontrés en janvier 1764.33Plusieurs traductions d’essais de Hume de la main de Turgot ont été mises à jour récemment.34
24Au total il y eut donc pas moins de six différents éditions françaises des Discours du vivant de Hume, sans compter les nombreuses traductions partielles parues dans des périodiques. Il reste à s’interroger sur la qualité des traductions et l’impact que cela a pu avoir sur la réception des idées de Hume.
Questions de traduction
25La correspondance entre Hume et Le Blanc montre que Hume était enchanté que ses œuvres paraissent en France, qu’il considérait comme « the center of all fine arts ».35
26Les normes de traduction n’étaient évidemment pas les mêmes au dix-huitième siècle qu’à l’heure actuelle. Les traducteurs français devaient tenir compte de la censure et étaient parfois amenés à atténuer le texte pour qu’il puisse paraître. Il arrive aussi que le traducteur commente le texte original dans des notes volumineuses qui constituent parfois des critiques des idées de l’auteur, comme on le voit dans l’édition de Formey des Essais philosophiques, parue en 1758.36 L’idée selon laquelle le traducteur doit s’efforcer de restituer aussi fidèlement que possible le texte original n’était donc pas encore établie, et ce qu’écrit le nouvel éditeur du Journal étranger en janvier 1760 semble révélateur par contraste de la situation qui prévalait à l’époque :
Les textes que nous traduirons seront présentés avec toute la fidélité possible. On s’appliquera beaucoup moins à faire passer dans ces versions l’élégances & le coloris de notre Langue, qu’à les rendre exactes, précises, & transparentes en quelque sorte. L’objet de notre Journal est surtout de faire apercevoir dans les Ecrits dont il s’agit, le tour d’esprit, le caractère des auteurs, & s’il se peut, jusqu’au génie national. Dans nos analyses ou nos extraits, nous approfondirons & nous discuterons toutes les parties de l’ouvrage, sans cependant en détruire, du moins autant qu’il dépendra de nous, l’organisation & l’ensemble.37
27Si l’on essaie d’évaluer les trois principales éditions des Discours politiques, on s’aperçoit qu’elles présentent toutes les caractéristiques de la traduction mot-à-mot ou de la « belle infidèle », et que des divergences importantes d’appréciation existaient déjà à l’époque quant à leur qualité respective. Ainsi on a vu que Le Blanc n’était pas tendre à l’égard des talents de traducteur de Mauvillon, mais en retour dans plusieurs lettres que Friedrich Melchior Grimm envoya à Hume, l’homme de lettres bavarois dénonce le « ton insolent » de l’abbé Le Blanc, et sa traduction trop littérale : « Monsieur Hume méritait un autre traducteur que M. l’Abbé le Blanc que vous prendriez plutôt pour un Suisse que pour un français, en lisant sa traduction sans goût, sans philosophie, et avec une ignorance profonde des matières qui font l’objet de ces discours. »38 Dans une lettre partiellement inédite, J. B. R. Robinet, qui envisageait de publier une édition complète des œuvres de Hume, déplore que la traduction de Mauvillon soit « trop littérale » alors que celle de Le Blanc est « plus élégante ». Il propose d’essayer de mêler les deux et se plaint des notes trop nombreuses dans lesquelles « des pygmées essaient de frapper un colosse » ou « des enfants s’efforcent de capturer un géant avec un seul cheveu ».39
28Une différence importante entre la traduction de Le Blanc et celle de Mauvillon réside dans le fait que Le Blanc a tendance à atténuer le texte tandis que Mauvillon le surtraduit, notamment lorsque Hume critique l’Eglise catholique. Le Blanc supprime ces passages ou tente d’excuser Hume en raison de son appartenance à la « secte presbytérienne » ; l’ironie étant que Hume est menacé d’excommunication par cette même « secte » à cette époque.40 Cela s’explique sans doute par la volonté de Le Blanc d’obtenir un privilège du roi pour sa traduction, mais il n’en reste pas moins que le texte n’est pas toujours fidèle à l’original. Quant à Mauvillon, qui publie en Hollande protestante, il a au contraire tendance à renforcer ces critiques : ainsi dans l’essai « Of the Populousness of Ancient Nations », là où Hume décrit les couvent comme « Nurseries of the most abject superstition, burthensome to the public, and oppressive to the poor prisoners », Mauvillon surtraduit le texte par « ces fondations superstitieuses… des pépinières de fainéans, de gens inutiles au public où l’on opprime sous un pouvoir tyrannique les hommes et les femmes qui y sont détenus », tandis que Le Blanc omet entièrement de traduire ce passage.41
29Si l’on essaie d’évaluer les trois principales traductions des Discours politiques, il est difficile de dire que celle de Le Blanc est supérieure à celle de Mauvillon. Elles contiennent toutes deux des erreurs et il n’y a pas de différence stylistique significative entre elles. Seule la traduction anonyme de 1767 est de meilleure qualité d’un point de vue stylistique, même si le traducteur prend souvent des libertés excessives avec le texte.42 Un exemple significatif est celui de la traduction de la célèbre métaphore sur le fonction de l’argent : « It is none of the wheels of trade : it is the oil which renders the motion of the wheels more smooth and easy » devient en 1767 « Il peut être, à beaucoup d’égards, comparé aux voiles du vaisseau, sans le secours desquelles un bâtiment ne pourroit traverser l’espace immense des mers, et naviguer dans les pays les plus éloignés ». La traduction de Le Blanc est plus fidèle (« Ce n’est pas une des roues du commerce. C’est l’huile qui rend le mouvement des roues plus doux & plus facile »), tandis que celle de Mauvillon est sans doute trop concrète : « C’est le vieux oint dont on frotte la roue pour qu’elle roule avec plus de vitesse & d’aisance »).
30Il y a des cas où la traduction de Le Blanc est maladroite, voir erronée, ou manque de cohérence. Ainsi dans la traduction de l’essai « Of Interest », Le Blanc traduit d’abord correctement « landed interest » par « intérêt des propriétaires de terre » mais il traduit ensuite « monied interest » par « intérêt de l’argent », ce qui pourrait être compris comme « taux d’intérêt ». Mauvillon pour sa part traduit les deux formules de façon erronée par « l’intérêt des terres » et « un gros intérêt monnayé ».43 Dans l’édition de 1767, le traducteur choisit à juste titre d’expliciter le terme « landed interest » par opposition à « monied interest » : « C’est ainsi que s’est établi ce qu’on peut appeler l’intérêt de la terre, pour le mettre en opposition avec l’intérêt de l’argent, & il existe chez les peuples les moins policés ».44
31Dans d’autres cas, la traduction de Le Blanc est si littérale qu’elle en devient peu compréhensible : ainsi lorsque Hume écrit « The low profits of merchandize induce the merchants to accept more willingly of a low interest », Le Blanc traduit : « Les profits modiques de la marchandise induisent les marchands à accepter plus volontiers un modique intérêt » tandis que Mauvillon traduit de façon plus satisfaisante : « La modicité des profits dans le commerce engage plusieurs marchands à s’accommoder avec moins de répugnance d’un intérêt modique… . ».45
32On pourrait multiplier les exemples qui prouvent que la traduction de Le Blanc n’est pas aussi excellente que Hume fut poussé à le croire, mais il faut sans doute tenir compte du fait que le vocabulaire des sciences économiques n’était pas encore fixé. C’est en réalité moins dans le texte que dans le paratexte que Le Blanc va imprimer durablement sa marque.
Le paratexte
33Dans la brève introduction à sa traduction, Mauvillon explique modestement qu’il s’est « amusé » à traduire les Political Discourses tout en cherchant à être le plus fidèle possible aux idées du « gentilhomme écossais » et il ajoute :
C’est au Public à juger si Mr. Hume a toujours raison, & jusqu’à quel point on doit adopter ses sentiments. Quant à moi, il me convient de me taire. On pourroit m’accuser de prévention si je disois tout le bien que je pense de son ouvrage.46
34Si l’on tient compte de la valeur marchande de Hume à l’époque, l’entreprise peut sembler essentiellement commerciale. Le contraste est grand avec la préface de 58 pages qui précède la traduction de Le Blanc. Le traducteur explique que cette traduction représente un « devoir sacré » accompli pour le bien des générations futures en Angleterre et dans son propre pays.47 Tout en citant l’ouvrage de Jean-François Melon, Essai politique sur le commerce, et ses propres Lettres d’un français, Le Blanc explique que l’économie est une nouvelle science où de nouvelles vérités ont besoin d’être établies, et que le livre de Hume contribue à fonder cette science.48 Le Blanc ajoute pas moins de 80 notes de bas de page au texte de Hume, dans lesquelles il explique ou commente le texte original en le plaçant dans son contexte historique ou en citant des penseurs britanniques tels que Thomas Mun, John Locke ou Joshua Gee mais aussi, et surtout, des écrivains français contemporains comme Melon, Forbonnais, Dutot ou lui-même.49 Dans certaines notes, il incite le lecteur à lire l’Essai sur les Monnaies de Dupré de St Maur ou cite parfois les Essays Moral and Political de Hume qui n’avaient pas encore été traduits, contribuant ainsi à la diffusion de ses idées.50
35En fait, l’intention principale de Le Blanc semble être de créer un paratexte spécifique dans lequel le texte de Hume est inséré, destiné à promouvoir un certain nombre d’idées chères à certains réformistes français, mais le résultat final n’est pas nécessairement fidèle aux intentions de Hume. Ainsi que l’explique Istvan Hont : « Le Blanc’s edition was no simple translation, but a determined attempt to position Hume’s book directly in the matrix of French policy debates of the mid 1750s. »51 Le Blanc appartenait en fait à un groupe de membres éclairés du gouvernement français dirigé par Vincent de Gournay, qui devint intendant du commerce de 1751 à 1758 sous l’autorité de Trudaine de Montigny puis de son fils évoqué plus haut. John Stewart devint l’ami d’un nombre important des membres de ce même cercle. Il semblait essentiel à de Gournay que la noblesse française s’intéresse davantage au commerce, qui lui semblait la clé de la puissance politique ; et pour que la France puisse rattraper son retard sur l’Angleterre, il lança une campagne pour promouvoir la « science du commerce ». Or la campagne rencontra beaucoup de résistance au sein de l’administration encore très influencée par l’école physiocratique et Gournay décida de mettre en place un réseau de jeunes fonctionnaires et de penseurs favorables aux réformes économiques.52 Au sein de ce réseau on trouve aussi Lamoignon de Malesherbes qui en tant que directeur de la Librairie, était en charge de la censure et donc de la délivrance des privilèges du roi (on comprend mieux dès lors comment Le Blanc réussit à l’obtenir pour les Discours politiques). En 1753, les membres du cercle de Gournay publièrent pas moins de 9 ouvrages ayant trait à l’économie, dont la plupart étaient des traductions d’ouvrages anglais. Gournay lui-même traduisit A New Discourse on Trade de Josiah Child, ou Turgot traduisit en partie The Elements of Commerce de Josiah Tucker.53
36Les lettres de Le Blanc à Hume montrent que Le Blanc contribuait activement à faire la renommée de Hume dans les cercles dominants en France (il était protégé par le Marquis de Marigny, frère de Mme de Pompadour) mais aussi partout en Europe à partir de Dresde où Le Blanc résidait. Et il était décidé à faire du livre de Hume une partie intégrante de la campagne de de Gournay en faveur du commerce, d’où sa volonté d’en avoir l’exclusivité des droits. Ce qu’il écrit à Hume au sujet du succès des Discours politiques est très révélateur : « Nos Ministres même n’en sont pas moins satisfaits que le Public. M. le comte d’Argenson, Mr le Maréchal de Noailles, en un mot tous ceux qui ont part ici au Gouvernement ont parlé de votre ouvrage, comme d’un des meilleurs qui ayent jamais été faits sur ces matières ».54
37Dans le second appendice, Le Blanc présente un certain nombre de livres sur le commerce mentionnés dans ses notes et publiés entre 1752 et 1754 : parmi les douze ouvrages mentionnés, les seuls qu’ils critiquent sont ceux d’auteurs qui ne faisaient pas partie du cercle de Gournay.55 Et dans son introduction comme dans ses notes, dans un souci de ne pas trop citer l’Angleterre en exemple, Le Blanc s’efforce de souligner la parenté d’esprit entre Hume et une certaine tradition de pensée française, d’où son absence de préjugés à l’égard de la France : il fait notamment référence à Montesquieu et surtout à Jean-François Melon, qui est l’auteur le plus cité dans les notes.
38Un bon exemple de la façon dont Le Blanc utilise, voire détourne le texte de Hume, est le commerce du blé. C’était une question fondamentale pour les membres du cercle de Gournay en France, qui estimaient que la législation anglaise plus « libérale » était supérieure à la législation française. Dans son essai « Of the Balance of Trade », Hume critique implicitement au détour d’une phrase les arguments traditionnels des mercantilistes et Le Blanc « parasite » le texte dans une longue note qui cite abondamment Melon, Forbonnais ainsi que l’Essai sur la police générale des grains de Claude-Jacques Herbert.56Si bien que le texte de Hume ne semble plus qu’un prétexte pour faire la publicité de ces ouvrages et défendre la réforme en France. En 1755, une nouvelle édition de l’ouvrage de Herbert est publiée, qui cite Hume moins pour ses mérites propres que pour ceux de son traducteur : « Lisez les Discours politiques de M. David Hume, traduits par un auteur intelligent, qui a souvent clarifié les passages difficiles et donc les remarques instructives et sensées montrent qu’il comprend bien l’auteur et le sujet ».57
39En outre, sur certaines questions fondamentales comme les avantages comparés du commerce ou le crédit public, les désaccords entre Hume et les penseurs français étaient grands et Le Blanc s’efforce de les gommer. Les membres du cercle de Gournay voulaient instituer le crédit public en France et y voyaient une raison de la supériorité de l’Angleterre.58 Hume au contraire exprime dans plusieurs de ses essais, et notamment dans l’essai du même nom, sa crainte de voir le niveau de la dette publique en Grande-Bretagne atteindre un tel niveau que le pays fasse faillite. En tant qu’Écossais, il porte sur ces questions un regard non dépourvu d’une certaine ambivalence, qui explique à la fois l’attrait qu’il exerce sur certains penseurs français lorsqu’il paraît prédire un déclin de l’Angleterre, mais qui est parfois mal comprise par les réformateurs désireux de s’inspirer du modèle anglais : tout en souhaitant un développement du commerce, Hume critique déjà certaines conséquences négatives de ce développement.59 Gêné par ces ambiguités, Le Blanc ajoute une note dans laquelle il donne le dernier mot à Plumard de Dangeul et s’appuie sur le contexte politique britannique : il explique que Hume était tory (c’est faux) et que c’est par hostilité aux whigs censés être favorables au crédit public que Hume émet ces réserves. C’est très probablement pour renforcer ce parallèle entre Hume et Bolingbroke que Le Blanc insérera le texte du penseur tory dans sa première édition des Discours, ce qui déplaira fortement à Hume qui lui fera comprendre qu’il doit le retirer.60
40La parution des Discours politiques permit à Hume d’apparaître comme une autorité incontestable en matière de commerce et d’acquérir une notoriété très forte à travers l’Europe, ce qui contribua aussi à asseoir sa valeur en tant qu’auteur. Le succès de son livre en France peut s’expliquer autant par ses qualités intrinsèques que par le contexte politique et culturel dans lequel l’ouvrage est paru, ou par le rôle actif qu’on joué des « ambassadeurs » informels du philosophe comme John Stewart ou les membres du cercle de Gournay. Réformistes, marchands, il souhaitaient utiliser Hume pour développer leurs activités ou appuyer leur programme de réforme. Cependant l’édition qui aura le plus de succès et contribuera à la renommée de Hume à travers l’Europe, celle de l’abbé Le Blanc, présente une vision souvent biaisée de la pensée de Hume. Le texte de Hume est ainsi détaché de son contexte écossais et britannique et c’est par le biais d’une version fortement gallicisée que ses idées circulèrent en France et sur le reste du continent.
Notes de bas de page
1 David Hume, Essays Moral, Political and Literary, 1741-1777, ed. E.F. Miller, rev. ed., Indianapolis : Liberty Classics, 1987, p. 636.
2 La réception de l’œuvre de Hume a été étudiée par Laurence Bongie, « Hume en France au XVIIIème siècle », thèse, Université de Paris. 1952 ; « David Hume and the Offical Censorship of the Ancien Régime », French Studies 12 (1958), pp. 234-46 ; « Retour à Mademoiselle de la Chaux », Recherches sur Diderot et l’Encyclopédie, 6 (1989), pp. 62-104 ; Paul-Hugo Meyer, Hume in 18th Century France, Thesis (PhD), Columbia University, 1954. Et plus récemment par Michel Malherbe, « Hume’s Reception in France », The Reception of David Hume in Europe, ed. Peter Jones, London : Thoemmes, 2005, pp. 43-97 ; Loïc Charles, « French ’New Politics’ and the Dissemination of David Hume’s Ideas on the Continent 1750-70 », David Hume’s Political Economy, eds. C. Wennerlind & M. Schabas, London : Routledge, 2008, pp. 181-202 et Gilles Robel, « Hume’s Political Discourses in France », The Edinburgh History of the Book in Scotland : Enlightenment and Expansion, eds. S. W. Brown & W. McDougall, Edinburgh : EUP, 2012, vol 2. pp. 221-32.
3 Journal Étranger, avril 1752, pp. 388-89.
4 ibid., avril 1754 p. xxxiii.
5 ibid., août 1754, p. 217.
6 Roger L. Emerson, « The Scottish Contexts for David Hume’s Political-economic Thinking », David Hume’s Political Economy, eds. C. Wennerlind & M. Schabas, London : Routledge, 2008, p. 26.
7 Hume publia anonymement pour sa défense A True Account of the Behaviour and Conduct of Archibald Stewart, Edinburgh 1747. Stewart fut acquitté et s’installa à Londres.
8 « Lettre à Conway », David Hume, Further Letters of David Hume, ed. Felix Waldmann, Edinburgh: Edinburgh Bibliographical Society, 2014, pp. 66-67.
9 « Lettre de Victor-Thérèse Charpentier, marquis d’Ennery à Hume », 20 juin 1766, Hume MS 23155.20.
10 David Hume, The Letters of David Hume, ed. J. Y. T. Greig, 2 vols, Oxford : Clarendon, 1932, vol. 1, p. 133.
11 « Lettre de Montesquieu à Hume », 19 mai 1749, National Library of Scotland, Hume MS 23156 f. 46.
12 « Lettre du 26 juin 1753 », The Letters of David Hume, op.cit., vol. 1, p. 177.
13 ibid., vol. 2, pp. 347-50.
14 National Library of Scotland, Hume MS 23156 f. 49.
15 The Letters of David Hume, op. cit., vol. III, pp. 347-50.
16 NLS MS 23156 f. 49. Voir également les lettres datées des 16 août et 6 octobre 1759, Hume MS 23156 f. 50 & 51.
17 Letters, op.cit, , vol. II, , pp. 347-48.
18 ibid.
19 6 March 1764, Hume MS 23157 f. 51.
20 Gregory Bouchard, « The Philosophical Publishing Life of David Hume », PhD Thesis, Montreal : McGill University, 2013, p. 199.
21 Letters, op.cit, , vol. I, p. 255.
22 Richard B. Sher, The Enlightenment & the Book : Scottish Authors & Their Publishers in Eighteenth-Century Britain, Ireland & America, Chicago : U of Chicago Press, 2006, p. 44.
23 Raymond Birn, La censure royale des livres dans la France des Lumières, Paris : Odile Jacob, 2007, pp. 16, 28.
24 Discours politiques de Mr David Hume, traduits de l’Anglois par M. de M***, A Amsterdam chez J. Schreuder, & Pierre Mortier le Jeune, 1754a.
25 Nouvelle bibliothèque germanique 15 (1754) : pp. 410-35.
26 Bibliothèque des sciences et des beaux-arts, The Hague, Oct-Dec. 1754, 2.2 475.
27 Hume MS 23157 f 12-14.
28 Discours politiques de Monsieur Hume, traduits de l’anglais [trad. Jean-Bernard Le Blanc], 2 vols. Amsterdam, 1754b et Discours politiques de Monsieur Hume. Nouvelle édition par M. L’abbé Le Blanc, 2 vols, Dresde : Michel Groell, 1755.
29 Letters, op.cit, , vol. I, p. 197.
30 John Hill Burton, Life and Correspondence of David Hume, 2 vols, Edinburgh : W. Tait, 1846, vol. 1, p. 461.
31 ibid., vol. 1, p. 458.
32 Année littéraire V (1754), p. 95.
33 « Lettre de Mme Dupré de St Maur à Hume », Hume NLS 23154.87.
34 Further Letters, op. cit., p. 87. Du Pont de Nemours, dans ses Mémoires sur la vie et les ouvrages de Turgot, Paris 1782, partie 1, p. 12, indique que Turgot avait traduit « Of the Jealousy of Trade » ainsi que le premier volume de l’histoire des Stuarts, traductions qui ont été perdues.
35 Letters, op. cit., vol. 1, pp. 193, 196.
36 36Michel Malherbe, « Hume’s Reception in France », The Reception of David Hume in Europe, ed. Peter Jones, London : Thoemmes, 2005, p. 76.
37 Journal Étranger, Paris, janvier 1760, pp. xxxv-xxxvi.
38 15 août 1754. Grimm, Friedrich-Melchior, Correspondance littéraire philosophique et critique, 6 vols., Paris : Longchamps & Buisson, 1813, vol. 1, p. 210.
39 Hume, MS 23157 f, .12-14.
40 Ernest C. Mossner, The Life of David Hume, Edinburgh : Nelson, 1954, pp. 336- 55.
41 Hume, Essays 1987, op. cit., p. 398 ; Hume, Discours, 1754a, op. cit., p. 210 ; Hume, Discours, op. cit., 1754b, vol. 2, p. 96.
42 Paul-Hugo Meyer, Hume in 18th Century France, Thesis (PhD), Columbia University, 1954, p. 145.
43 Hume, Essays, 1987, op. cit., p. 299, Discours, 1755, op. cit., p. 101 ; Discours, 1754a, op. cit., p. 75.
44 Essais sur le commerce, le luxe, l’argent, l’intérêt de l’argent, les impots, le crédit public, et la balance du commerce et Lettre d’un négociant de Londres à un de ses amis. Traduction nouvelle avec des réflexions du traducteur. Paris : Chez Saillant ; Lyon : Chez Aimé Delaroche, 1767, p. 97. Dans le texte original on peut lire : « Thus the landed interest is immediately established ; nor is there any settled government, however rude, in which affairs are not on this footing. » (Hume, Essays, 1987, op. cit., p. 298).
45 Hume, Essays, 1987 p. 302 ; Discours, 1754b vol. 1, p. 163 ; Hume, Discours, 1754a, pp. 83-84.
46 Hume, Discours, op.cit., 1754a.
47 Hume, Discours, op.cit., 1754b, pp. xii-xiv.
48 Jean-Bernard Le Blanc, Lettres d’un François concernant le gouvernement, la politique et les mœurs des Anglois et François. La Haye : J. Neaulme, 1745.
49 Hume, Discours, op.cit., 1754b, vol. 1, pp. 105, 113, 57.
50 ibid., vol. 2, p. 284.
51 Istvan Hont, « The ’Rich Country – Poor Country’ Debate Revisited : The Irish Origins and French Reception of the Hume Paradox », David Hume’s Political Economy, eds. C. Wennerlind & M. Schabas, London : Routledge, 2008, p. 267.
52 Frédéric Garrigues, « Les intendants de commerce au XVIIIe siècle », Revue d’histoire moderne et comtemporaine, 45, (1998), pp. 649sq.
53 Simone Meyssonier, La Balance et l’horloge : la genèse de la pensée libérale en France au XVIIIe siècle, Montreuil : Éd. de la Passion, 1989, p. 181.
54 Letters, op.cit., vol. 1, p. 197n1.
55 Loïc Charles, « French ’New Politics’ and the Dissemination of David Hume’s Ideas on the Continent 1750-70 ». David Hume’s Political Economy, eds. C. Wennerlind & M. Schabas. London : Routledge, 2008, p. 187.
56 Hume, Discours, op. cit., 1754b, vol. 1, pp. 179-84.
57 Claude-Jacques Herbert, Essai sur la police générale des grains, sur leurs prix & sur les effects de l’agriculture, Berlin, 1755, p. 356.
58 Child, Josiah, Traité sur le commerce : avec les remarques inédites de Vincent de Gournay, trad. V. de Gournay, ed. Takurmi Tsuda, Tokyo : Kinokuniya, 1983, pp. 210-11.
59 Hont, op. cit., p. 245.
60 Letters, op.cit., vol I, p. 208.
Auteur
A senior lecturer at Paris Est University, and member of LISAA (EA 4120), UPEM F-77454, Marne-la-Vallée, France. He specialises in the Scottish Enlightenment and the political thought of David Hume. He is the author of Lumières et conservatisme dans la pensée politique de David Hume (Lille: Presses du Septentrion, 1999) and David Hume, Essais moraux, politiques et littéraires et autres essais, ed. and trans. G. Robel (Paris: Presses Universitaires de France, 2001).
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