Mars 1837
p. 266-273
Texte intégral
11 er mars. — Viancin, lassé comme bien d'autres des tintements continuels des cloches, vient d'adresser une requête en vers à l'archevêque pour le prier de prescrire aux sonneurs de ne pas affliger les vivants sous le prétexte d'honorer les morts. Cette pièce, écrite avec beaucoup d'esprit et de facilité, ne produira certainement pas le moindre effet sur notre prélat ; s'il ne s'en fâche pas, ce sera beaucoup. Mais il a les idées trop étroites pour retrancher la moindre chose aux règlements en usage sur la sonnerie, et nous aurons comme par le passé les tintements et les glas. Viancin aurait peut-être mieux fait de s'adresser aux sonneurs eux-mêmes qui, touchés de ses beaux vers, se seraient mis à la raison.
22 mars. — Hier est mort le respectable M. de Sainte-Agathe, adjoint de la mairie depuis sa réorganisation après le 18 brumaire jusqu'à la chute de l'empire. C'est un des plus honnêtes hommes et des plus consciencieux que j’ai connus. Il est le dernier membre d’une administration dans laquelle je suis entré quelques mois après sa formation et que je n’ai quittée qu'à l'époque de la réaction de 18151. A cette époque M. de Sainte-Agathe eut les honneurs de la persécution. Accusé d'avoir vendu des rubans tricolores aux jeunes filles de Saint-Ferjeux, le jour de la fête de cette paroisse, il fut arrêté par des gendarmes et conduit en plein jour, comme un criminel, à la caserne de la gendarmerie où il resta détenu arbitrairement pendant vingt-quatre heures. Alors on s'avisa d'examiner les rubans, ceux de la dénonciation, et l'on reconnut qu'ils étaient non pas tricolores mais de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, et il fut mis en liberté. Cette vexation envers un citoyen paisible, à qui la ville avait de véritables obligations, ne fut punie que plus tard. M. de Sainte-Agathe l'avait oubliée le premier ! Homme de bien, repose en paix !
33 mars. — Le gouvernement vient d'accorder sur le fonds commun une somme de près de cent mille francs au département pour faire construire dans la cour de la mairie un bâtiment pour le service des tribunaux qui se trouvent à l'étroit. Mais la ville s'avise d'élever des prétentions sur la propriété du terrain, et il est fort à craindre que, pendant la contestation, le crédit accordé ne soit perdu, et que nous ne retrouvions de longtemps l’occasion d’achever de régulariser la cour de la mairie.
44 mars. — L’hiver se prolonge plus que de coutume ; il est tombé de la neige, depuis quelques jours, en assez grande quantité. Aujourd'hui le courrier de Paris n'est arrivé qu'à deux heures.
55 mars. — M. Furne2, libraire de Paris, est venu me proposer de revoir l'édition de la Biographie du général Beauvais3, qu’il fait imprimer par Deis. Je lui ai promis de m'en charger ; mais quand j'ai réfléchi à l'énorme tâche que je m’imposais et au peu de temps qui m’était accordé pour la faire, je n'ai pu m'empêcher de regretter la facilité que j'avais mise à tout cela. Préoccupé de cette idée, j'ai voulu savoir si je ne trouverais pas dans notre ville savante quelqu'un qui m'aiderait dans cette révision qui doit m'occuper dix-huit mois à douze heures par jour. Je me suis donc mis en quête d'un collaborateur, mais les deux Pérennès4 ont prétexté des engagements antérieurs pour me laisser dans l'embarras, et me voilà forcé de renvoyer à demain de nouvelles recherches.
66 mars. — Deis, à qui j'ai expliqué l'impossibilité où je suis de tenir ma promesse à M. Furne, s'est fait fort de m'obtenir un plus long délai, ce qui m'a rendu un peu de tranquillité dont j'avais besoin. J’ai dîné chez Deis avec M. Fume, et comme c'est à table que l'on apprend le mieux à connaître les hommes, je ne crains pas de dire que je trouve M. Furne un homme d'esprit et de mérite sous plus d'un rapport.
77 mars. — On a su de Paris que le tableau de Gigoux, « Antoine et Cléopâtre essayant l'effet des poisons sur des esclaves » n'a pas été admis à l'exposition. Il a trop d'amour-propre pour profiter de cette sévère leçon. Les journalistes de bas étage achèvent de lui monter la tête, et l'on dit qu'il se propose de faire une exposition particulière de ce chef-d'œuvre.
88 mars. — Maire m'a fait voir l'esquisse d'un bas-relief qu'il vient d'exécuter représentant le convoi funèbre du brave capitaine Morel5, pendu sur l'ordre de Biron pour avoir courageusement défendu la ville d'Arbois, sa patrie. L'idée m'en a paru très heureuse et je ne doute pas que si Maire fait de ce bas-relief le revers d'une médaille de la galerie numismatique franc-comtoise, il ne soit très bien accueilli des souscripteurs.
99 mars. — A la séance de l’Académie qui, d'ailleurs, n'a pas offert un grand intérêt, j'ai donné communication du mémoire que m'avait adressé il y a quelque temps le curé du Russey, M. Verdot, sur la partie des montagnes qu’il habite6. Ce mémoire, faible sous le rapport des recherches, contient quelques détails curieux sur les églises de ce canton, mais surtout des notices précieuses sur les hommes célèbres nés dans les montagnes du Doubs, entre autres l'abbé Receveur7, qui accompagnait en qualité de naturaliste et d'aumônier le malheureux Lapérouse dans son voyage autour du monde. L’abbé Receveur, massacré dans une des îles de l'archipel des navigateurs, le 17 février 1788, fut inhumé par les soins de Lapérouse à Botany Bay où il avait une inscription que le capitaine Philipps8 a rétablie.
1010 mars. — On a donné mardi dernier9 un concert à la salle de spectacle au bénéfice des indigents. Depuis longtemps on n'avait vu dans notre ville une réunion aussi brillante et aussi complète. Le jeune Crestin10, qui se flatte d'en avoir été l'organisateur, s'est cru obligé de faire au public des excuses sur l'extrême médiocrité du piano, dont les chanteurs ne peuvent se passer maintenant pour prendre le ton. « Nous nous sommes présentés, a-t-il dit, chez tous les amateurs et partout nous avons essuyé des refus. Il a donc fallu nous contenter d'un instrument fort médiocre qu'un facteur a eu l'extrême complaisance de mettre à notre disposition. » Cette harangue, dont l’ingénu auteur venait de se montrer également impertinent et pour les amateurs de la ville et pour le complaisant facteur, a été couverte d'applaudissements. Parmi les morceaux exécutés dans cette soirée, on a distingué un chœur d'Esther mis en musique par le maître, il signor Roncaglio.
1111 mars. — J'ai reçu d'une personne obligeante, qui ne s'est pas encore fait connaître, le livret de l'exposition des objets d’art au Louvre. Il n'y a cette année que deux franc-comtois dont les ouvrages aient été admis. Le jeune Baille, le pensionnaire de la ville, quatre portraits, deux d'hommes dont, sans doute, celui du fameux Flajoulot, un de femme et un d'enfant ; puis parmi les sculpteurs, Victor Huguenin, un groupe de chevaux en marbre et deux bustes en plâtre dont celui du baron Renaud.
1212 mars. — M. Dornier vient de publier la seconde partie de la Description du département de la Haute-Saône ; elle est moins mal imprimée que la première, les noms propres n'y sont presque pas défigurés et je crois aussi que le style en est plus soigné. Cette seconde partie est ornée de quatre lithographies qui représentent les ruines du château de Vergy à Autrey, la singulière chapelle de l'église de Pesmes, le château de Marnay et l'escalier du château de Gy.
1313 mars. — Il y a quelque temps que M. de Vaudry (4ème) [?] découvrit dans l'ancienne église de l'abbaye de Baume un portrait de Guillaume de Poupet11 l'un de ses plus illustres abbés. Comme il est très curieux des objets qui se rattachent à l'histoire de la province, il acheta ce portrait au curé pour une quarantaine de francs et, après l'avoir fait restaurer, le plaça dans sa belle galerie à Poligny. Le nouveau préfet du Jura,12 qui pense que le portrait de Guillaume de Poupet serait mieux au musée du département que dans le cabinet d'un particulier, vient d'écrire au curé de Baume d'avoir à rétablir dans son église un portrait dont il n'avait pas le droit de disposer. Jusqu'ici le curé, fort embarrassé, n'a pas tenu compte de l'injonction du préfet ; mais ce magistrat n'est pas, dit-on, homme à reculer devant les conséquences d'une mesure qu'il a cru devoir prendre, et l'on s'attend de sa part à quelque coup d'éclat. Cette anecdote m'a été racontée ce soir par le conseiller Bourgon qui vient de présider les assises à Lons-le-Saunier.
1414 mars. — M. le prince de Bauffremont13 est venu me communiquer quelques pièces historiques tirées de ses archives, parmi lesquelles se trouvent des lettres de citoyen de Besançon délivrées en 1632 à l’un de ses ancêtres. Ces lettres sur vélin sont entourées d'un cadre peint représentant à droite les armes de l'Empire et à gauche celles de la cité. Le prince, qui paraît très affable, s'est, à ce qu’il m'a dit, occupé d'antiquités pendant un séjour assez long qu'il a fait en Sicile. Il attend prochainement un envoi d'objets d'antiques et il m'a promis d'en donner quelque chose au cabinet de la ville.
1515 mars. — Lettres sur l'Islande par Xavier Marmier. Paris, imprimerie de Fournier, in 8°.
16— Nouvelle méthode de lecture par M. Dalloz, Lyon, imprimerie de Guyot, in 8°.
1716 mars. — Hier a été enterré l’avocat Jussy dont le nom vivra longtemps dans la mémoire des amateurs de la bonne plaisanterie. Il avait fait ses études comme Barbier au collège de Louis-le-Grand où il se trouva le condisciple de Camille Desmoulins et de Robespierre. Homme d'esprit, mais jurisconsulte médiocre, il ne plaidait guère qu’en police correctionnelle, où il avait souvent pour contradicteur l'avocat Durney, auquel il n'a survécu que quelques semaines, ou bien à la cour d'assises. C'est lui qui, chargé d'office de la défense d'un voleur, disait que son client était un homme qui n’avait pas une idée bien juste du droit de propriété. Une autre fois, défendant en police correctionnelle des individus prévenus de tapages nocturnes, il disait : « Mes clients ne faisaient pas de bruit ; ils chantaient, un plus haut, un plus bas. Tout se réduit donc à une question de diapason. »
1817 mars. — Notons ici pour mémoire qu'il existe à Besançon un tableau de Vélasquez, le plus beau peut-être de ce grand peintre, mort si jeune qu'il n'a pu laisser qu'un bien petit nombre de chefs-d'œuvre. Ce tableau, qui appartient à Madame de Vezet14, est dans la famille depuis plus de deux cents ans et jamais elle n'aurait songé à s'en défaire si elle eût pu trouver un appartement où il aurait été placé d'une manière convenable. Elle en a refusé jusqu'à 60.000 francs du musée de Munich ; et maintenant, elle le laisserait pour 25.000 francs au musée de Besançon. Mais il n’est pas à croire que le conseil municipal, composé comme il l’est d'industriels qui savent mieux le prix de l'argent que celui des tableaux, puisse se décider à une pareille dépense. Le tableau de Vélasquez représente Hérodiade tenant dans un plat la tête de saint Jean-Baptiste.
1918 mars. — J'ai lu l'épisode de l'histoire que prépare Ch. de Rotalier, La conquête de Tunis par Charles-Quint. Dans les premières pages, il y a beaucoup de négligence et même des incorrections mais l'auteur se fortifie en avançant dans son récit et je ne trouve rien à reprocher à la dernière partie de ce morceau, si ce n'est peut-être quelques longueurs, qu'il serait facile de faire disparaître avec un crayon ou des ciseaux. Ce jeune homme me paraît avoir décidément un talent réel d'écrivain, et je ne doute pas que, s'il continue à travailler, il n'occupe bientôt une position très honorable parmi les littérateurs de la province.
2019 mars. — L'Impartial d'hier a voulu donner une consolation à Gigoux sur le rejet de son tableau par le jury. M. le duc d'Orléans, dit le journaliste, a commandé à M. Gigoux une copie de sa Cléopâtre. Mais le prince aurait mieux fait de lui prendre le tableau original dont il ne saura que faire puisqu'elle15 l'a forcé de démeubler son atelier lorsqu'il a voulu peindre cette grande toile, ou comme disent les hommes à la mode, cette tartine. Aussi, malgré mon respect pour les bruits qu'accréditent les amis de Gigoux, je doute que celui-ci ait le moindre fondement.
2120 mars. — Xavier Marinier se rend dans le Danemark et en Suède pour compléter ses recherches sur la littérature des peuples du Nord. Il me mande qu'il doit avoir une audience du ministre de l'Instruction publique16, et que, dès le lendemain, il se mettra en route en passant par Besançon où il s’arrêtera quelques jours. Je l'attends donc à la fin de la semaine ou dans le commencement de l'autre.
2221 mars. — Après quelques jours de la température la plus douce, le froid est revenu subitement, et ce matin en me levant, j'ai pu voir la terre couverte d'un rideau de neige, comme au moins de janvier. Le thermomètre, au lever du soleil, était à 6 degrés au-dessous de zéro.
2322 mars. — Le jury chargé, d'après la loi sur les expropriations pour cause d'utilité publique, d'estimer les terrains nécessaires à l'élargissement de la rue qui doit aboutir au pont des Chaprais17, est occupé depuis avant-hier à cette opération. On peut donc espérer que cette rue sera terminée dans quelques mois.
2423 mars. — Une nouvelle lettre de Marmier m'annonce que son voyage à Besançon ne peut pas avoir lieu dans ce moment. D'après les instructions qu'il a reçues du ministère, il doit se rendre en toute hâte à Berlin et Hambourg pour arriver à Copenhague aussitôt que la saison lui permettra de parcourir commodément les provinces qu'il est chargé d’explorer.
2524 mars. — Il est mort avant-hier un grammairien qui, s'il eût eu le bonheur de vivre dans le xvième siècle, aurait eu la consolation de figurer avec Billerey alias <Daillefos> dans la Bibliothèque de ce bon Conrad Gesner ou de son continuateur Ant. Du Verdier, puisqu'il est auteur de deux ouvrages qui ne valent pas moins que beaucoup d'autres. C'est le père Boichard, comme le nommaient ses élèves. Né dans la montagne, près de Morteau, il habitait depuis une vingtaine d'années Besançon, où il avait ouvert une école de latin avec l'autorisation de l'Université. Sa Grammaire latine, imprimée il y a une dizaine d’années, n’eut aucun succès pour la raison que l'Université, après avoir forcé les instituteurs à lui payer une rétribution, leur impose encore ses livres. Ses Eléments de grammaire française, publiés récemment, ne pouvaient pas en avoir davantage. Il s'était flatté de les faire agréer par le ministre de l'Instruction publique et l’inutilité de ses tentatives a sans doute été la cause de sa mort prématurée. Dans ses derniers jours, il ne parlait que de sa grammaire, et il m'a envoyé sa fille pour me prier d’écrire à M. Clément d’appuyer sa demande au ministre. Pauvre Boichard ! Le voilà maintenant désabusé ! Il sait à quoi s'en tenir sur les vanités de ce monde.
2625 mars. — Des propriétés jadis considérables de la ville, il ne lui restait plus guère que les boucheries du bourg et deux maisons sur le quai, en assez mauvais état. Elles viennent d'être vendues, avec l'autorisation du roi, pour la somme de 90.700 fr, et chacun de dire que celte mesure est excellente. Cependant la ville ne possède pas une maison pour son école primaire supérieure puisqu'elle a été obligée de la placer dans l'ancien grenier d'abondance18, et qu'elle tient à bail un appartement pour les petits enfants.
2726 mars. — On s'occupe de nouveau de l'éclairage de la ville au gaz. Une compagnie anonyme est autorisée à faire placer des tuyaux dans les rues pour la conduite du gaz ; mais on ne sait pas encore si le gazomètre sera établi, personne ne se souciant d'un voisin moins dangereux pourtant qu'on ne le croit communément.
2827 mars. — Cours élémentaire de philosophie, rédigé suivant l'ordre du programme pour le baccalauréat-ès-lettres, par J. Tissot19, professeur de philosophie au collège royal et à la Faculté des lettres de Dijon. Dijon [Po...], in 8°.
2928 mars. — Viancin m'a fait dîner avec Pérennès, Lancrenon et Richard-Baudin20, le descendant des Gordon O’Neill21, qui a profité des vacances de Pâques pour venir passer quelques jours à Besançon où il conserve des amis et des admirateurs. La réunion avait lieu pour lui et chacun de nous lui en a fait de son mieux les honneurs. Au dessert, il nous a lu quelques pièces de vers qu’il a composées depuis que, professeur au collège de Lure, il est tranquille sur son avenir. Ses vers sont toujours pleins de charme et d’harmonie, mais vides d'idées et je ne trouve pas qu'il ait fait des progrès. Cela, je le lui ai dit franchement, peut-être même avec une certaine dureté ; mais j'aime à croire que, jugeant moins mon expression que ma volonté de lui être utile, il profitera de mes avis comme il en est fort capable, sans faire attention à la manière dont je les lui ai donnés.
3029 mars. — L'architecte Delacroix est de retour de Rome où il était allé voir les monuments anciens et modernes ; il se loue beaucoup de l'accueil qu'il y a reçu de M. de Tallenay, premier secrétaire de l'ambassade de France, qui jouit à Rome d'une grande considération et qui protège nos artistes tant qu'il peut.
3130 mars. — Malgré la longueur de l'hiver, les travaux des nouveaux ponts sont en pleine activité. Deux cents ouvriers y sont employés à tailler les pierres, équarrir les bois, transporter les terres. On ne tardera pas d’ouvrir dans les Chaprais la nouvelle rue qui doit conduire en ligne directe du pont à la route de Strasbourg. En me promenant avec Viancin, j'ai vu un géomètre occupé de prendre les niveaux. Dans quelques années les Chaprais seront plus peuplés qu'ils ne l'étaient avant l'invasion de 1814, malgré l'incroyable sottise du génie militaire qui semble prendre à tâche de contrarier tous les projets d'agrandissement et d'embellissement de la ville.
3231 mars. — Depuis quinze jours, les concerts se sont succédés presque sans interruption. Depuis le concert au bénéfice des indigents qui, tous frais payés, a rapporté mille francs, il y en a eu cinq à six au bénéfice d’artistes connus de la génération musicale actuelle, mais dont les gens de mon âge lisaient pour la première fois les noms sur l'affiche ; et puis des concerts de la société philharmonique qui, dispersée l'année dernière par une caricature plus gaie que méchante, s'est relevée avec peine cette année et s'est ensuite divisée par l'incroyable fatuité d'un de ses jeunes chefs, Jules Crestin, dont l'assurance étonnante et le ton tranchant imposent à ses camarades au point qu'il les mène comme à sa remorque.
Notes de bas de page
1 Weiss fait allusion ici aux fonctions de secrétaire du maire de Besançon, le baron Daclin, qu’il exerça de 1804 à 1815.
2 Charles Fume (Paris 1794 – ibid. 1859), éditeur français. Amateur bibliophile, il acheta en 1826 la librairie Mathieux et publia, seul ou en collaboration, de beaux ouvrages illustrés.
3 Charles-Théodore Beauvais de Préaux (1772-1830), général et écrivain. Il revint à la vie privée après Waterloo et, entre autres ouvrages, rédigea avec Barbier et quelques autres gens de lettres, un Dictionnaire historique ou Biographie universelle classique, en 6 volumes, Paris, 1816-1829.
4 Le doyen Jean-Baptiste Pérennès avait un frère dont il est encore question le 24 décembre 1837. Il s’agit peut-être de François Pérennès, auteur d’un poème de 24 p., Le Christ rédempteur (Paris, Didot, 1859), qui figure dans la bibliothèque de l’Académie de Besançon.
5 A la date du 21 février 1834, Weiss rapporte brièvement cet épisode de l'histoire d'Arbois à propos d'un entretien avec Bousson de Mairet.
6 Dans le volume des Mémoires de l'Académie de Besançon de 1838, le catalogue des ouvrages dont il a été fait hommage à l'Académie l'année précédente cite parmi les manuscrits, celui de l'abbé Verdot, curé du Russey : Recherches historiques sur une partie des montagnes de Franche-Comté voisine de la Suisse.
7 L'abbé C.-F.-J. Receveur (Noël-Cerneux 1757-Australie 1788) appartenait comme aumônier à l'équipage de l'Astrolabe, l'un des deux navires de l'expédition de Lapérousc. Parti de Brest le 1er août 1785, il trouva la mort sur les côtes de l'Australie. Il avait été moine cordelier à Paris sous le nom de Père Laurent.
8 Sans doute Arthur Philipp, qui organisa la colonisation pénitentiaire en Australie, à partir de Botany Bay.
9 Le 7 mars 1837.
10 Ce jeune homme, amateur éclairé en littérature, en musique et en gravure, semblait avoir toute l’impertinence de la jeunesse et de la vanité.
11 Guillaume de Poupet (1524-1583), abbé de Baume-les-Messieurs, dota l'abbaye de la flèche de son clocher et du retable à volets du chœur, sculpté et peint sans doute en Flandre. Le découvreur du tableau est sans doute le chevalier de Vauldry, habitant à Poligny, lettré et collectionneur dont la bibliothèque de Besançon conserve huit lettres adressées au bibliothécaire (E. Kaye, Les correspondants de Weiss, p. 476).
12 Le Pasquier.
13 Alphonse-Jean, duc de Bauffremont (1792-1860) avait été aide de camp de Murat pendant la campagne de Russie ; il sera nommé sénateur en 1852 par Napoléon III. Il était le fils aîné du prince Alexandre-Louis de Bauffremont (1773-1833), duc et pair de France. Les archives de la maison de Bauffremont sont aujourd’hui déposées aux Archives départementales de la Haute-Saône.
14 La famille de Vezet avait compte au temps de la Révolution un parlementaire célèbre : Joseph-Luc, comte de Vezet (1743-1816), président à mortier au Parlement, possédait un riche cabinet de peinture qui fut pillé et en partie dispersé lors de l’émigration de son propriétaire. En 1806, une exposition d'œuvres artistiques avait présenté, entre autres, des tableaux de ce cabinet, dont peut-être celui mentionné ici. Mme de Vezet, née de Germigney, s’était sans doute logée, après la mort du président à Paris en 1816, dans l'hôtel situé rue Charles-Nodier (no 23), à côté des jardins de l’hôtel du général de division ; avant la Révolution, l’hôtel de Vezet était situé rue des Granges, proche de celui des Chifflet.
15 La toile !
16 Guizot.
17 La future Rue Neuve-Saint-Pierre (entre la rue des Granges et le Doubs), depuis Rue de la République, à moins qu'il ne s'agisse de l'accès au pont de l'autre côté du Doubs, dont il est question le 30 mars (voir E. Toillon, Les rues de Besançon, p. 149).
18 Place du Marché (ou de la Révolution), actuellement le conservatoire de musique après avoir été l’école des beaux-arts, et encore avant l'école d'horlogerie.
19 Claude-Joseph Tissot signe parfois simplement Joseph, comme c’est le cas ici.
20 François Richard-Baudin (Gray 1813-Dijon 1870). Passionné de poésie, il fit carrière dans l'enseignement dans plusieurs villes de Franche-Comté et à Dijon, après avoir travaillé sous les ordres de Weiss à la publication des papiers du cardinal Granvelle. Son abondante production poétique lui valut de nombreuses récompenses de l'Académie de Besançon, où il entra comme associé correspondant le 24 août 1849 et de l'Académie de Toulouse qui le nomma maître ès-Jeux floraux. (Kaye, Les correspondants de Weiss).
21 Un Gordon O'Neil est le signataire d’une lettre à Weiss, datée de Tallenay le 4 août 1832, qui recommandait au bibliothécaire une jeune fille de 14 ans concourant pour le prix de poésie de l’Académie (Kaye, Les correspondants...) ; il était lui-même poète (Voir Journal, t. II, p. 264).
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