L’amour-rédemption : triomphe du baroque
p. 65-77
Texte intégral
1Quel va être ici et là le rôle de l’amour, le pouvoir de l’amour ? Quelque soit les différences de sensibilité, d’époque et de vision, l’amour chez Claudel comme chez Calderón, porte la même vocation. Il est une permanence qui traverse l’univers entier et les époques entières.
2La femme caldéronienne s’exprime peut-être avec plus de retenue et de contrôle que l’amante claudélienne, mais l’une comme l’autre joue le même rôle. L’amour occupe toute la scène dans Le Soulier de satin. Au centre de la pièce, il y a l’expérience de l’amour, et à l’intérieur de celle ci, l’expérience des limites de l’amour. Rodrigue est ce qu’il est « parce qu’une fois en cette vie, il a vu la figure d’un ange » et que Prouhèze lui apporte une parole « telle qu’elle l’empêchera d’en entendre toute autre ». Rosaura, quant à elle, la Rose de La vida es sueño, ouvre le cœur de Segismundo, pour la première fois, à autre chose que lui-même. Elle est la flèche de l’Infini et le poids de l’autre, découverte on ne peut plus bouleversante dans la vie du prince sauvage, car c’est elle qui l’amènera à surmonter l’état de sauvagerie, devenue nature, qu’est le sien. Elle seule trouve grâce à ses yeux, et la percée qu’elle effectue dans le cœur du monstre, permettra le passage de la lumière, d’une autre lumière. Bien sûr, le personnage de Rosaura est bien plus effacé que celui de Prouhèze. Chez Calderón, c’est la « honra » qui est chargée de défendre le sacramental. Pourtant, ce qu’explicite Claudel, est tout aussi central chez Calderón. Attardons nous un moment sur la vie de nos deux héroïnes, Prouhèze et Rosaura. Prouhèze, dont le nom d’ascendance espagnole, est une allusion à la capacité d’émerveillement que peut susciter la femme, et Rosaura, qui symbolise et l’envoûtement et la fragilité de la rose. Toutes deux sont des étrangères, des exilées, qui traînent la poussière de leurs terres d’origine à leurs pieds. Prouhèze est étrangère à la cour d’Espagne, Rosaura, elle, est étrangère à la cour de Pologne. L’une et l’autre, vont poser la dialectique de « l’autre », dans le sens levinassien du terme. L’une comme l’autre, symbolise la caresse de l’Eros, doublement inaccessible. Toutes deux sont vives, malicieuses, légères, de cette légèreté qui est le juste contrepoint de la pesanteur et du tragique de la vie. Toutes deux sont également des conquérantes, des femmes de chef. Elles peuvent être, tour à tour, dures, orgueilleuses, fières, douces et entièrement dévouées. Tant de traits contradictoires peuvent, a priori, étonner. Mais ni Prouhèze ni Rosaura n’ont la liberté d’être autrement.
3Rosaura, Segismundo l’attend au fond de sa nuit, et ceci, depuis la nuit des temps. Rodrigue reconnaîtra immédiatement Prouhèze qu’il n’avait jamais vue. Ici comme là, l’amour est immédiat et s’impose dans une clarté d’évidence. Ici comme là, il est une épreuve. Rosaura n’est pas libre de répondre à l’amour de Segismundo. Elle ne peut non plus l’ignorer, de même que Prouhèze ne peut se dissocier de Camille qui l’aime comme un sauvage et qu’elle n’aime pas. Rodrigue, comme Segismundo, a entendu l’appel. C’est la voix qui est ici, porteuse d’enchantement quasi magique :
4« Tu voz pudo entenecerme... », telle est la première parole de Segismundo à Rosaura. Quant à Prouhèze, elle confie à Balthasar, le gentilhomme auquel son époux l’a confiée, que rien au monde ne pourra l’empêcher de tenter de rejoindre Rodrigue. À la question de Don Balthasar :
« Et qu’est-ce donc qui vous appelle ainsi vers ce cavalier ? – Sa voix ! Je ne cesse de l’entendre ».
5Appel irrésistible de la voix que ni Prouhèze ni Segismundo ne pourront réduire au silence. En vérité, cet appel, ils l’attendaient depuis leur naissance. Aussi l’ont-ils reconnu. Cette voix les plongera dans ce qu’on peut appeler existentiellement « le malheur de vivre » puisqu’elle est l’indice d’une séparation incontournable et non d’une réunion. La voix heureuse, c’est le personnage de Musique qui l’incarne. Sa pureté et son innocence sauront la guider jusqu’à l’obtention de l’union.
6Rosaura et Prouhèze ont encore quelque chose de commun. Toutes les deux sont l’expression existentielle de l’interdiction. Ni l’une ni l’autre ne pourront jamais être permises à leurs amants. Elles incarnent ce que Lala dans La Ville exprimait si joliment :
« Je suis la promesse qui ne peut être tenue, et ma grâce consiste en cela même.
Je suis la douceur de ce qui est et le regret de ce qui n’est pas.
Je suis la vérité avec le visage de l'erreur, et qui m’aime n’a point souci de démêler l’une de l’autre.
Qui m’entend est guéri du repos pour toujours et de la pensée de l’avoir trouvé ».
7La figure de la femme est donc celle de l’Ame à l’écoute du chant divin. Elle est celle qui sait parler à l’homme, car aussi bien chez Calderón que chez Claudel, rien n’est plus capable de parler à la chair que la chair. Elle est celle qui sait tenter la faiblesse, comme voie d’approche et de conversion. C’est pourquoi, le père Jésuite, souhaitait cette rencontre :
« Apprenez-lui que vous n’êtes pas le seul à pouvoir être absent ! Liez-le par le poids de cet autre être sans lui li beau qui l’appelle à travers l’intervalle ! »
8Ni Segismundo, ni Rodrigue ni Camille ne pourront posséder la femme aimée. C’est l’absence et l’irréalisation qui vont leur enseigner la douleur du désir qui ne peut être satisfait. Le vieux mythe courtois est là, tapi, à l’affût. Il attend toujours de dominer cette conscience occidentale qu’il innerve totalement. Ce que Tristan et Yseult demandaient à la nuit, leur propre mort, dans les ténèbres et comme la chose la plus inavouable, Claudel comme Calderón l’explicitent :
« Si je ne puis être son paradis, du moins je puis être sa croix ! Pour que son âme avec son corps y soit écartelée, je vaux bien ces deux morceaux de bois qui se traversent !
Puisque je ne puis lui donner le ciel, du moins je puis l’arracher à la terre.
Moi seule puis lui fournir une insuffisance à la mesure de son désir ! »
9Prouhèze seule est capable, et non Dieu, d’enseigner à Rodrigue la vraie signification et la dure joie du « jamais ». C’est la seule éternité qui lui est promise. De même Segismundo sait qu’il s’éveille à l’amour dans la douleur et le refus :
«Pero véate yo y muera
Que no sé, rendido ya
si el verte muerte me da
el no derte qué me diera» (for. II, esc. II).
10Cet appel irrésistible ? C’est celui de la Joie, en tant qu’elle est le révélateur de la Présence. Rodrigue est pleinement conscient de ce qu’il apporte à Prouhèze :
« Don Rodrigue. – Il y a une chose que pour le moment je puis seul lui porter.
Le Chinois. – Et quelle est cette chose unique ?
Don Rodrigue. – La joie ».
11Rosaura l’apporte, elle aussi, cette joie à Segismundo qui l’interroge : « ¿Quién eres? » Qui es-tu, toi qui as élargi le ciel pour moi ? Segismundo est immédiatement conscient de la vocation de Rosaura et de la qualité de ce qu’elle a à lui donner, de la « grâce » qu’elle lui donne :
«sol, lucero, diamante, estrella y rosa?»
12Tous les éléments sont sollicités pour métaphoriser Rosaura. Cette Joie une fois entrevue, chacun des deux protagonistes, Segismundo et Rodrigue, essaie de la conquérir. Segismundo, dans la maladresse et la sauvagerie en essayant de prendre de force Rosaura, dont il ignore qu’elle lui est interdite. Rodrigue, en bravant toutes les forces cosmiques, en conquérant le monde, dans sa tentative de rejoindre Prouhèze.
13Seule Prouhèze peut libérer Rodrigue de sa propre prison, son orgueil immense, incapable de laisser place à autre chose que sa propre gloire. À ce moi omniprésent, c’est à la femme aimée qu’il incombe d’enseigner la nécessité et la dépendance, le besoin aussi. Elle seule peut lui donner ses propres limites. Elle seule peut le blesser et lui apprendre l’errance :
« Don Rodrigue. – Déjà elle était l’unique frontière de ce cœur qui n’en tolère aucune.
Le Chinois. – Déjà, mon cher parrain, vous pensiez à me la donner pour marraine.
Don Rodrigue. – Déjà elle contenait cette joie qui m’appartient et que je suis en route pour lui redemander !
Déjà elle me regardait avec ce visage qui détruit la mort !
Car qu’est-ce qu’on appelle mourir, sinon de cesser d’être nécessaire ? quand est-ce qu’elle a pu se passer de moi ? quand est-ce que je cesserai d’être cela sans quoi elle n’aurait pu être elle-même ?
Tu demandes la joie qu’elle m’apporte ? ah, si tu savais les mots qu’elle me dit pendant que je dors !
Ces mots qu’elle ne sait même pas qu’elle me dit et je n’ai qu’à fermer les yeux pour les entendre » (Journée I, sc. VII).
14Rodrigue défend là une idée chère à Claudel : celle de la reconnaissance. Ce n’est point le coup de foudre, c’est la reconnaissance. Reconnaissance qui ne peut être que réciproque :
« Dis, crois-tu que je l’ai reconnue sans qu’elle le sache ? »
15Cette reconnaissance évidente dans Le Soulier de satin est loin d’être aussi évidente dans La vida es sueño. Là, il n’est pas de réciprocité dans l’amour. Segismundo aime Rosaura qui, elle, aime ailleurs. Rosaura est à Segismundo ce que Prouhèze est à Camille. Mais chose certaine, les deux dramaturges ont certainement puisé la figure de la femme, à des sources communes. Dans les Écritures, ce rôle est imparti à la Sagesse :
« L’Écriture représente la Sagesse sous la forme d’une femme qui était là quand Dieu a créé le monde, que Dieu regardait pour s’encourager à créer le monde. Et elle représentait cet élément insaisissable qui est la Grâce » (Mémoires Improvisés).
16Cette grâce est, semble-t-il, une mémoire tissée dans l’âme même de la créature, bien avant sa descente dans le monde. Écoutons Segismundo, évoquer dans des termes d’une très grande beauté, les traces du passage de la grâce dans la vie d’un homme, tout aussi démuni qu’il puisse être, par ailleurs :
«Leía
una vez yo en los libres que tenía
que lo que a Dios mayor estudio debe
era el hambre, por ser un mundo breve,
mas ya que lo es recelo
la mujer, pues ha sido un breve cielo,
y mas beldad encierra
que el hombre cuando va de cielo a tierra
y más si es la que mire» (lorn. Il, esc. VII).
17La femme est devenue La Muse qui est la Grâce, le paradis impossible, la rose insubsistante :
« Roi immortel de te voir parmi ces choses périssables !
Et raille, et regarde ce que tu prenais au sérieux !
Car elles font semblant d’être là et elles passent
Et elles font semblant de passer et elles ne cessent d’être là ! »
(La Muse qui est la Grâce).
18Rodrigue ne peut posséder Prouhèze qui est l’épouse de Pélage. Et Segismundo ne peut prendre Rosaura, promise à Astolfo. Ici, comme là, on retrouve la grande leçon de la parabole d’Animus et d’Anima : ce que Dieu a lié est indissociable. Le mariage est l’union sacramentelle, il est, en petit, une représentation de l’Église tout entière. Don Pelage, l’époux de Prouhèze, définit la nature spécifique du lien :
« Oui, mais ce que Dieu a joint, l’homme ne peut le séparer.
Silence.
Ce n’est pas l’amour qui fait le mariage mais le consentement. » (Journ. II, sc. III)
19Si Rodrigue renonce à la possession de Prouhèze, ce n’est pas pour éviter la faute. Ce n’est pas un acte de sainteté. Non. Mais ses ambitions sont plus grandes. Il veut bien plus. Il se rend compte de ce que peut lui apporter Prouhèze :
« C’est tout en lui qui demande tout en une autre. » (Partage de Midi)
20Rodrigue a compris que la femme convoitée n’est que l’image d’une étreinte plus substantielle :
« Ce que j’aime, ce n’est point ce qui en elle est capable de se dissoudre et de m’échapper et d’être absent, et de cesser une fois de m’aimer, c’est ce qui est la cause d’elle-même, c’est cela qui produit la vie sous mes baisers et non la mort ! » (Journ. I, sc. VII)
21Rodrigue demande Dieu à la femme. Il y a là une presqu’idolâtrie de l’amour. Une blessure incœrcible, la non pactisation avec l’éphémère en tant qu’il est l’éphémère, et une volonté d’éternité et d’absolu qu’aucun visage humain ne peut octroyer. Les relents de l’éros grec se font terriblement sentir dans cette vision de l’amour qui se veut essentiellement chrétienne. Rodrigue veut faire de Prouhèze une étoile car seulement ainsi, elle peut lui donner l’éternité. Certes, est tapie là une conception commune à nombre de spiritualités : l’unicité de l’être dans ses rapports avec Dieu, et dans ses rapports avec la créature. Mais cette vision est vécue presque sur le mode païen, quelles que soient les références à l’Église et l’exégèse que Claudel lui-même a abondamment donnée. Il y a là une tentative de salut et de récupération qui fait de l’être aimé un substitut de Dieu, vers lequel le glissement se fait de façon toute naturelle. Bien sûr, aucune créature n’est semblable à une autre, et chaque être répond à une intention particulière de son Créateur. Mais Claudel a beau faire de Prouhèze « une épée au travers » du cœur de Rodrigue, un hameçon pour prendre les âmes irréductibles, il lui donne une telle royauté, que celle de Dieu peut paraître souvent superflue.
22Cet amour ne peut trouver d’apaisement ou de satisfaction terrestres. Il se situe par trop dans un lieu où il n’y a plus de retour, mais qui me semble, personnellement, ressembler plus au ciel « courtois » de Tristan et d’Yseult, qu’à l’« agapé » chrétienne. Un amour hors temps, hors lieu, hors personne qui ne peut naître que dans l’exclusion la plus parfaite.
23L’amante est assimilée ici à la Vierge. Elle recommence l’œuvre de la mère. Elle ré-enfante l’être aimé. L’amour devient l’expérience liturgique de la seconde naissance. Il fait remonter les amants à la genèse du monde. Prouhèze donne naissance et à Rodrigue et à Camille. Rodrigue crée, en quelque sorte l’Amérique, il la colonise et la rassemble dans son univers catholique, mais c’est Prouhèze qui a créé Rodrigue. De même que l’œuvre africaine de Camille est, par ricochet, celle de Prouhèze, celle du non de Prouhèze. De même, les refus de Rosaura vont créer pour la première fois les frontières naturelles de ce Segismundo, dont le gigantisme dévorant et destructeur ne pouvait connaître aucun échec. Pour la première fois, dans sa vie, le mot « renoncement » va prendre sens et cette nature baroque va découvrir les règles d’un certain classicisme.
24La souffrance que Rosaura et Prouhèze sont capables d’apporter à l’être aimé vient mettre fin à la volonté spatiale d’expansionnisme des deux protagonistes. Pour Claudel, cette prédilection du souffrir est clairement formulée, « parce qu’on ne connaît jamais bien une chose que quand cette chose vous fait souffrir ; on connaît plus une femme quand une femme vous a fait souffrir que quand on vit simplement côte à côte avec elle » (Mémoires Improvisés).
25Enfin, le pacte passé entre l’homme et la femme depuis le « vert paradis des amours enfantines », cette question muette et désespérée, cette vieille mélodie, promesse éternelle et jamais tenue, voici ce que Rodrigue essaie d’expliciter à Prouhèze devant son armée, la confusion de l’amour humain et de la perfectibilité, ce désir de perfection qui, en vérité, crée l’amour, car il est ressenti comme le manque le plus grand et la soif la plus inextinguible de la créature :
« Lajoie d’un être n’est-elle pas dans sa perfection ? et si notre perfection est d’être nous-mêmes, cette personne exactement que le destin nous a donnée à remplir,
D’où vient cette profonde exultation comme le prisonnier qui dans le mur entend la sape au travail qui le désagrège, quand le trait de la mort de notre côté s’est enfoncé en vibrant ?
Ainsi la vue de cet ange pour moi fut comme le trait de la mort ! Ah ! cela prend du temps de mourir et la vie la plus longue n’est pas trop pour correspondre à ce patient appel !
Une blessure à mon côté comme la flamme peu à peu qui tire toute l’huile de la lampe !
El si la perfection de l’œil n’est pas dans sa propre géométrie, mais dans la lumière qu’il voit et chaque objet qu’il montre,
El la perfection de la main non pas dans ses doigts mais dans l’ouvrage qu’elle génère,
Pourquoi aussi la perfection de notre être et de notre noyau substantiel serait-elle toujours associée à l’opacité et à la résistance
Et non pas l’adoration et le désir et la préférence d’autre chose et de livrer sa lie pour de l’or et de céder son temps pour l’éternité et de se présenter à la transparence et de se fendre enfin et de s’ouvrir enfin dans un état de dissolution ineffable ?
De ce déliement, de cette délivrance mystique nous savons que nous sommes par nous-mêmes incapables et de là ce pouvoir sur nous de la femme pareil à celui de la grâce.
Et maintenant est-il vrai que lu vas me quitter ainsi sans aucun serment ? le paradis que la femme a fermé, est-il vrai que tu étais incapable de le rouvrir ? ces clefs de mon âme à toi seule que j’avais remises, est-il vrai que tu ne les emportes avec toi que pour fermer à jamais les issues
De cet enfer pour moi en me révélant le Paradis que tu as fait ! » (Journ. III, sc. XIII)
26Absence-Présence. L’apprentissage de l’une se fait par l’autre. Les notions de malheur et de bonheur sont intimement liées et revêtent chez Calderón comme chez Claudel une valeur essentiellement pédagogique. Le grand absent ou le grand présent, c’est toujours Dieu qui domine la scène.
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