8. Jean Matal (vers 1517-1597), humaniste iréniste d’origine comtoise aux Pays-Bas et en Basse-Rhénanie
p. 147-171
Texte intégral
1Jean Matal, né vers 1517 à Poligny en Franche-Comté et mort le 25 juin 1597 à Cologne, ville impériale située en Basse-Rhénanie, est un représentant remarquable de l’humanisme juridique du XVIe siècle. En Italie entre 1538 et 1555, l’élève d’Ulrich Zasius, d’Andrea Alciato et de Giovanni Ansovino di Medicis s’occupe, en collaboration surtout avec l’Espagnol Antonio Agustín, de la reconstitution humaniste du droit romain, en particulier du Digeste et des Novelles grecques. Entre 1545 et 1555, on le trouve à Rome, où il devient l’un des pères de l’épigraphie scientifique et d’une science archéologique et mythographique avant la lettre. D’après un séjour à Londres en 1555 où il vit, comme compagnon du nonce Antonio Agustín, dans la « famille » du cardinal Reginald Pole, l’engagement irénique et pacifique passe au premier plan et dominera la seconde moitié de sa vie, pendant laquelle il fréquente, avec son confident, l’Espagnol Pedro Ximénez, les cercles irénistes autour de Laevinus Torrentius à Liège, de Christophe Plantin et Abraham Ortelius à Anvers, n’omettant pas le cercle autour de Georgius Cassander à Cologne où Matal habite de 1563 jusqu’à sa mort en 1597.
2Pour accéder à sa personnalité, cet article recourt aux contributions que Matal a faites à la cartographie comtoise ; il attire l’attention sur l’influence du clientélisme au cours de sa vie, surtout pendant la révolte des Pays-Bas, autour de patrons rivaux d’origine comtoise comme les Granvelle, les Poupet, les Marnix ou les Nassau-Orange, héritiers des Châlon-Arlay.
I. Repères biographiques
3Ayant vécu une bonne part de sa vie loin de son pays natal, l’humaniste et juriste comtois Jean Matal est peu connu dans l’historiographie de la Franche-Comté. Il a commencé sa formation intellectuelle à Poligny, un des centres administratifs du bailliage d’Aval, puis à l’université de Dole (Heuser, 2003a, p. 25-46 et 49 ; 2003b, p. 213-298).
4Dans la première moitié des années 1530, on le trouve en Allemagne, à Fribourg-en-Brisgau, où il fréquente le cercle d’étudiants autour du professeur du droit Ulrich Zasius (1461-1535), l’un des pères de l’humanisme juridique en Europe (Winterberg, 1961 ; Kisch, 1961 ; Maffei, 1963, p. 23-29 ; Thieme, 1963a, p. 30-38 ; 1963b, p. 39-47 ; Wolf, 1972, p. 160- 182 ; Wijffels, 1984, p. 39-56 ; Rowan, 1987 ; Burmeister, 1993, p. 105-123 ; Heuser, 2003a, p. 47-49) ; toujours étroitement lié avec le Comtois Gilbert Cousin (1506-1572) (Monnot, 1907 ; Pidoux de la Maduère, 1910 ; 1912 ; Heuser, 2003a, p. 39-49 ; 2003b, n° 1-5, p. 228, n° 10, p. 229, n° 58, p. 237 et n° 1-2, p. 286) son camarade d’études de Dole devenu, à Fribourg, le famulus et confident du grand Érasme de Rotterdam (1466/69-1536).
5En 1538, après une nouvelle fréquentation de l’université de Dole, Matal part en Italie pour rencontrer Andrea Alciato (1492-1550) (Abbondanza, 1960, vol. 2, p. 69-77 ; 1963a, p. 93-106, 1963b, p. 107-118 ; Troje, 1971 ; 2002, p. 1-7 ; 2004, p. 61-80), l’autre père de l’humanisme juridique qui enseignait alors à Bologne. Bien muni d’une lettre de recommandation écrite par Boniface Amerbach (1495-1562)1 l’héritier d’Érasme et professeur de droit à Bâle, lui aussi appartient au cercle des élèves de Zasius et d’Alciato. À Bologne, Padoue et Ferrare, Matal approfondit ses études des humaniora, y compris le grec, mais surtout du droit romain et canonique, côtoyant les meilleurs protagonistes de l’école humaniste du droit en Italie. Le 26 et 27 juillet 1544, il obtient son doctorat des droits à Sienne (Heuser, 2003a, p. 49-58).
6Toujours en Italie, Matal se plonge, à partir de 1541, avec Antoine Agustín (1517-1586) (Crawford, 1993 ; Heuser, 2003a, p. 59-148) – son co-étudiant de Zaragoza, le fils du vice-chancelier du royaume d’Aragón – dans des recherches intenses qui visent à la reconstitution humaniste des plus importantes sources du droit romain, byzantin et ecclésiastique. Leur première grande réussite est la collation complète du fameux Codex Pisanus (littera Florentina) du Digeste justinien, manuscrit du VIe siècle à Florence ; grande étape dans l’histoire de l’édition humaniste du Corpus iuris civilis (Ferrary, 1992 ; Heuser, 2003a, p. 70-81). Jusqu’en 1546, Matal porte, pour leurs projets, la charge principale de l’investigation des sources, et continue dans les grandes bibliothèques de Venise, Padoue, Florence, Sienne et Rome ses intenses recherches philologiques qui l’ont inscrit dans la liste des meilleurs protagonistes d’une révision humaniste du Corpus iuris civilis (Hobson, 1975, p. 33-61 ; Heuser, 2003a, p. 69-88). En effet, les catalogues scrupuleux de bibliothèques qu’il a faits sont un trésor encore bien peu exploité, mais indispensable outil de travail pour les historiens du livre et des manuscrits de la Renaissance en Italie. Cándido Flores Sellés, par exemple, a publié d’après un manuscrit de Matal conservé dans la Bibliothèque nationale de Madrid son Index librorum graecorum de iure civili Mediceae bibliothecae, « el primer catálogo de los códices escritos en griego sobre materia jurídica (civil y canónica) de la biblioteca Mediceo-Laurenziana » à Florence (Flores Sellés, 1975, p. 73-103). Anthony Hobson a utilisé la grande collection des catalogues de Matal aujourd’hui conservée dans la bibliothèque universitaire de Cambridge pour étudier l’Iter Italicum de Jean Matal (BUC-Bibliothèque universitaire de Cambridge, additional Ms. 565 ; Hobson, 1975, p. 33-61), ainsi que Massimo Danzi a reconstitué, d’après l’un de ces catalogues à Cambridge, la fameuse collection de manuscrits et de livres du cardinal Pietro Bembo (1470-1547)2. Mais il reste beaucoup de travail à faire si l’on s’intéresse aux livres de Giannozzo Manetti (1396-1495) que Matal a examinés chez les héritiers du fameux humaniste florentin. De même si l’on s’intéresse à la riche collection de manuscrits et de livres de Don Diego Hurtado de Mendoza (vers 1503-1575) (González Palencia et Mele, 1941-1943 ; Barker, 1993, p. 21-29 ; Hobson, 1997 ; 1999 ; Heuser, 2003a, p. 71 sqq. et 133 sq.), l’ambassadeur de Charles Quint à Venise et à Rome, ayant constitué plus tard une partie de la bibliothèque de Philippe II à l’Escurial. Où encore si l’on essaie de reconstituer l’état des bibliothèques les plus célèbres cathédrales ou monastères entre Padoue et Rome dans les années 1540 : les notes de Matal sont toujours d’une grande importance (BUC, additional Ms. 565 ; Hobson, 1975, p. 33-61 ; Danzi, 2005, p. 62-65).
7Historiens du droit, Agustín et Matal étendent leur intérêt à la loi des Douze Tables et au droit romain classique jusqu’aux Novelles (Novellae constitutiones) grecques, aux basiliques byzantines avec leurs scolies et la Synopsis Basilicorum Maior, et aux textes du droit canonique de l’Antiquité tardive et du Haut Moyen Âge. Bien que la codification justinienne du Corpus iuris civilis reste au centre de leurs travaux, on reconnaît dans leurs projets le début d’une palingenèse du droit romain – un processus remarquable d’historisation du droit romain qu’il faut qualifier d’une des plus grandes réussites de l’humanisme juridique, la première école historique du droit (Heuser, 2003a, p. 69-91 et 163).
8Pour reconstituer l’histoire du droit romain, Agustín et Matal se servent de tous les vestiges matériels de l’Antiquité à leur disposition, de sorte qu’Agustín devient l’un des pères de la numismatique scientifique, l’« Instituto Antonio Agustín de Numismática » du « Consejo Superior de Investigaciones Científicas » à Madrid portant son nom (del Rivero, 1945, p. 97-123 ; Carbonell i Manils, 1992 ; Heuser, 2003a, p. 90 sq.). Pour Matal, dans les années 1546 à 1551, l’occupation principale semble être l’organisation d’une vaste collection d’inscriptions gréco-romaines gardée aujourd’hui dans la Bibliothèque du Vatican, ce qui l’a fait devenir l’un des pères de l’épigraphie scientifique (Bibliothèque du Vatican à Rome, Vat. lat. 6034, 6037-6040 et 8495 ; Cooper, 1993, p. 95-111 ; Crawford, 1993, p. 279-289 ; Heuser, 2003a, p. 89-104 ; Stenhouse, 2005). Rassemblée à Rome et dans ses environs, où Matal pouvait assurer l’autopsie des monuments, sa grande collection essaie d’inclure toutes les collections épigraphiques de ses prédécesseurs et d’intégrer des inscriptions de toute l’Europe. Ainsi cette collection est-elle le résultat d’une coopération intense des meilleurs antiquaires à Rome et de leurs correspondants dans les différentes parties de l’Europe ; parmi eux les Italiens Benedetto Egio, Latino Latini, Pirro Ligorio, Fulvio Orsini, Octavius Pantagathus, Onofrio Panvinio et Lelio Torelli ; les Néerlandais et Bourguignons Antoine Lafréry, Nicolas Micault, Antoine Morillon, Stephanus Vinandus (Wijnands) Pighius, Maarten de Smet (Smetius), Simon de Vallambert et Pierre Varondel ; les Français Louis Budé, Guillaume du Choul, Denis Gauger, Guillaume Philandrier, Abel Portius et François Rabelais ; et les Espagnols Antonio Agustín, Juan de Arce et Antonio Vacca (Crawford, 1993 ; Ferrary, 1996 ; Heuser, 2003a, p. 89-129 ; Stenhouse, 2005).
9Bien que l’intérêt pour les inscriptions grecques et romaines domine clairement sa collection, Matal s’occupe aussi des inscriptions des anciens Étrusques et Ombriens, faisant entre autres la première copie des fameuses Tables de Gubbio (Tabulae Eugubinae), le témoin le plus remarquable de la langue et de la religion des anciens Ombriens (Bréal, 1875 ; Ernout, 1961 ; Borgeaud, 1982 ; Heuser, 2003a, p. 261-266). Jamais imprimée, la collection épigraphique de Matal a exercé quand même pour plus de trois siècles une influence considérable sur la recherche épigraphique, du Inscriptionum antiquarum quae passim per Europam liber de Martin Smetius, publiée en 1588 par Juste Lipse à Leiden, et des Inscriptiones antiquae totius orbis Romani de Janus Gruter, publiées en 1602 à Heidelberg, jusqu’au grand Corpus inscriptionum latinarum, le fameux CIL dirigé par Theodor Mommsen et publié depuis 1863 à Berlin. Si toutes ces œuvres exploitent intensément la collection de Matal (Heuser, 2003a, p. 102-104), ce phénomène n’est pas du tout étonnant, puisque lesdits antiquaires romains autour d’Agustín, Matal, Egio, Morillon, Orsini, Pantagathus, Panvinio et Smetius ont développé dans les années 1540 et 1550 à Rome la méthode dont se sert l’épigraphie scientifique jusqu’à présent. Les recherches épigraphiques du cercle romain ont contribué considérablement à la formation des disciplines modernes des sciences de l’antiquité, ce qu’on doit appeler une grande réussite dudit cercle d’antiquaires ; les recherches mythographiques des années 1551-1555 dont Matal s’occupe avec plusieurs collègues, surtout avec Antoine Morillon, sont à l’origine d’une véritable archéologie scientifique avant Johann Joachim Winckelmann et dont le fruit le plus innovateur est le fameux Codex Coburgensis, le « premier livre d’archéologie » (Wrede et Harprath, 1986 ; Harprath et Wrede, 1989 ; Wrede, 1992, p. 122-136 ; 1993 ; 1994, p. 95-119 ; Crawford, 1998, p. 93-110 ; Heuser, 2003a, p. 104-129).
10Fin janvier 1555, Matal quitte l’Italie avec Antonio Agustín qui avait été nommé nonce extraordinaire en Angleterre, chargé par le pape d’adresser ses félicitations aux jeunes époux Philippe d’Espagne, fils de l’empereur Charles Quint, et Mary Tudor, l’héritière du trône anglais, et de seconder le cardinal Reginald Pole, nonce ordinaire en Angleterre, dans la grande œuvre d’une re-catholisation du pays. Entre mars et septembre 1555, Agustín et Matal habitent au Lambeth Palace à Londres, résidence du cardinal Pole et de sa « famille », où ils deviennent tous les deux témoins des actes de violence qui accompagnent cette re-catholisation en Angleterre et qui ont rapporté l’épithète de « Bloody Mary » à la reine Mary Tudor (Heuser, 2003a, p. 130-148).
11Le séjour en Angleterre constitue un tournant véritable de la vie de notre protagoniste. De retour à Bruxelles, Matal se sépare d’Agustín qui retournera à Rome et continuera sa carrière dans la hiérarchie ecclésiastique en devenant, en 1557, évêque d’Alife, en 1561, évêque de Lérida et en 1576, finalement, archevêque de Tarragone, et en établissant dans ses diocèses les réformes du concile de Trente auquel il participe entre 1561 et 1563. Matal, par contre, ne retournera jamais à Rome où il abandonne ses meilleurs papiers scientifiques. Comme adhérent d’une théologie humaniste réductionnaliste et anti-confessionaliste dans la tradition d’Érasme de Rotterdam et de l’évangélisme italien (Heuser, 2003a, p. 317-372), il ne se résigne que difficilement aux décisions du concile de Trente et à la confessionnalisation et se tourne, pour surmonter les difficultés surgies de la scission religieuse et des controverses de plus en plus militantes entre les différents groupements confessionnels, vers l’engagement irénique et pacifique qui dominera sa future vie à Bruxelles, à Liège et à Cologne où il habite pendant la seconde moitié de sa vie, de 1563 jusqu’à sa mort le 25 juin 1597.
12Dans les années 1556 à 1562, Matal essaie de s’établir aux Pays-Bas habsbourgeois ou dans l’évêché de Liège. Vers 1551, pape Giulio III Ciocchi del Monte (1487-1555) lui avait laissé l’espoir d’un canonicat à la cathédrale Saint Lambert à Liège ; mais sur place, Matal doit faire l’expérience qu’il est difficile, en effet, de réaliser une telle concession pontificale contre la résistance des élites régionales. Avec un canonicat à la collégiale Saint-Pierre de Lille, dans le diocèse de Tournai, lui étant conféré par le pape Paul IV, c’est la même expérience, les procès coûteux qu’il intente ne menant à rien (Heuser, 2003a, p. 167-176). D’autres procès suivent, notamment concernant la succession de Charles de Poupet au prieuré comtois de Sirod près de Champagnole (Heuser, 2003a, p. 171 sq.), mais tous ses efforts pour assurer son indépendance matérielle avec une prébende ecclésiastique échouent. Comble de malchance, Matal se brouille avec la faction du cardinal Granvelle, surtout avec Maximilien Morillon, dont la politique égoïste aux Pays-Bas, suivant Matal, déstabilise les Pays-Bas et provoque la guerre civile (Heuser, 2003, p. 209-220). Matal se rapproche de quelques humanistes espagnols exilés autour de Pedro Ximénez et Fadrique Furió Ceriol, critiquant la politique d’une confessionnalisation rigoureuse que le gouvernement de Philippe II pratique aux Pays-Bas (Heuser, 2003a, p. 177-208).
13C’est Ximénez qui l’introduit, au début de l’année 1563, chez Georgius Cassander à Cologne (Heuser, 2003a, p. 335-348), ville impériale en Basse-Rhénanie où Matal habitera jusqu’à sa mort au 25 juin 1597, et où il repose, à côté de Pedro Ximénez, dans l’église Saint-Paul, église paroissiale voisine de la collégiale Saint André, mais démolie au XIXe siècle (Heuser, 2003a, p. 245-248). Dans le cercle d’humanistes irénistes qui se groupe, en Basse-Rhénanie, autour de Georgius Cassander de Bruges et de Jan Wouters de Gand, Matal continue à s’occuper de quelques travaux philologiques et antiquisants, en participant, par exemple, dans les recherches du cercle sur le Codex argenteus, la fameuse bible gothique aujourd’hui conservée à Uppsala (Heuser, 2005, p. 133-152), ou en continuant, en 1564, ses recherches sur le Corpus agrimensorum Romanorum, commencées dans les années 1540 en Italie, avec une description d’un manuscrit fameux des agrimenseurs romains qui appartenait à cette époque au médecin et humaniste Johannes Bachoven von Echt (Ioannes Echtius), l’un des plus proches amis de Matal à Cologne, manuscrit connu aujourd’hui, chez les spécialistes, futur comme Codex Palatinus, élément de la Bibliothèque palatine à Heidelberg qu’il emporta à Rome en 1622, appartenant depuis lors à la « Biblioteca Apostolica Vaticana » (Toneatto, 1994-1995 ; Heuser, 2003a, p. 256-259). On trouve toujours Matal étroitement lié aux meilleurs antiquaires de la région (par exemple Johannes Helmann, Konstantin von Lyskirchen et Stephan Broelmann à Cologne, Arnold Mercator à Duisburg ou Stephanus Vinandus Pighius à Xanten) (Heuser, 2003a, p. 126- 129 et 296-316 ; Kirgus, 2003) et aux meilleurs poètes néolatins à Cologne et en Basse-Rhénanie, en grande partie des Néerlandais venus en Basse-Rhénanie à cause de la guerre qui dévaste leur patrie (par exemple, Karel Utenhove le Jeune de Gand, le futur exécuteur testamentaire de Matal à Cologne) (Heuser, 2003a, p. 399-403).
14Concernant les activités caractéristiques de Matal durant la seconde moitié de sa vie, il faut d’abord souligner sa coopération intense avec les grands imprimeurs à Cologne et Anvers. Avant tout, il appartient aux conseillers confidents des Birckmann à Cologne et de Christophe Plantin à Anvers et Leyde (Heuser, 2003a, p. 378-388). Matal s’occupe, pour eux, de l’acquisition d’auteurs : il place, par exemple, depuis 1572 les livres de l’humaniste portugais Jerónimo Osório da Fonseca, son ancien co-étudiant à Padoue, chez Birckmann à Cologne (à l’exception des ouvrages d’Osório qui contiennent de la polémique confessionnaliste) (Bourdon, 1957, p. 22-47 ; 1984, p. 263-333 ; Truman, 1993a, p. 247-263 ; 1993b, p. 333- 342 ; Heuser, 2003a, p. 293, 390-393) ; il acquiert des auteurs pour les Civitates orbis terrarum de Georg Braun et Frans Hogenberg, cette fameuse collection des vues de villes du monde entier publié entre 1572 et 1618 à Cologne (Heuser, 2003a, p. 293, 390-393) ; il agit comme intermédiaire entre l’humaniste Marc-Antoine Muret à Rome et Plantin à Anvers (Heuser, 2003a, p. 254 sq.) et il soutient de nombreuses entreprises d’édition : pour la première édition des Explicationes in Acta Apostolorum de Théophylacte, par exemple, parue en 1568 chez Birckmann à Cologne, Matal procure via Johannes Sambucus, l’historiographe de l’empereur Maximilien II à Vienne, la base textuelle de cette édition, un manuscrit de la bibliothèque impériale à Vienne, à Johannes Sifanus à Cologne, l’éditeur du texte (Heuser, 2003a, p. 291 sq.). L’« editio princeps » de la Lex Visigothorum, publiée en 1579 par Pierre Pithou à Paris, est basée sur un manuscrit médiéval appartenant à Matal lui-même (Heuser, 2003a, p. 273 sq. et 292), qui encourage aussi les travaux philologiques des humanistes Suffridus Petri et Janus Guilielmus Lubecensis sur Cicéron (Heuser, 2003a, p. 231-233 et 294 sq.), de Tiete van Popma sur Quintus Asconius Pedianus (Heuser, 2003a, p. 295) et divers projets d’édition de Franciscus Modius, Stephanus Vinandus Pighius et Godescalcus Stewechius (Heuser, 2003a, p. 292 et 295) ; et qui intervient, entre autres chez l’orientaliste Andreas Masius, pour les émendations du helléniste italien Nicolò Maiorano à l’Ancien Testament ; se prononçant avec Christophe Plantin, l’imprimeur de la fameuse bible polyglotte d’Anvers, Benito Arias Montano, Georgius Cassander, Fadrique Furió Ceriol et Pedro Ximénez pour l’ancrage d’une science philologique de l’écriture dans l’église catholique, orientée aux innovations de la philologie humaniste (Heuser, 2003a, p. 272, 292 et 341-343). Matal soutient des travaux de l’histoire contemporaine concernant la guerre dans les Pays-Bas, parmi eux le fameux Leo Belgicus du baron autrichien Michael von Aitzing publié depuis 1583 à Cologne, ou la Polemographia Belgica de Gulielmus Maius de Göttingen (Cologne 1594) ; accompagnant, par exemple, le livre de Jeronimo Osório da Fonseca sur l’histoire de Portugal sous Manuel I († 1521) – publiée cinq fois, entre 1575 et 1597, chez Birckmann à Cologne – d’un Commentarius de reperta ab Hispanis et Lusitanis in Occidentis et Orientis Indiam navigatione, deque populorum eius vita, moribus ac ritibus, ad Antonium Augustinum, archiepiscopum Tarraconensem, un essai profond sur l’histoire des grands voyages d’exploration du XVe et XVIe siècles et sur la découverte du monde (Heuser, 2003a, p. 61-66 et 142). Son intérêt cosmographique et cartographique le réunit à Abraham Ortelius à Anvers et Gerhard Mercator à Duisburg, et le met au centre de la « Kölner Schule der Atlaskartographie » sondée par Peter H. Meurer (Heuser, 2003a, p. 388-397 ; Meurer, 1988).
15Parmi les activités de Matal à Cologne, le commerce d’informations peut être mis en évidence. Il publie des imprimés de nouvelles, mais sous l’anonymat (par exemple, un récit du chevalier de Malte Francesco di Juvara sur le siège de Malte par les Turcs qu’il publie en 1565 chez Birckmann à Cologne et Anvers) (Heuser, 2003a, p. 238 sq., 380, 386 et 416), via son appartenance au « réseau politique » du Bourguignon Hubert Languet, l’agent politique de l’électeur Auguste de Saxe (Heuser, 2003a, p. 373 sq. et 421-429 ; Nicollier-de Weck, 1995), jusqu’à sa correspondance politique avec l’empereur Rodolphe II à Prague (Heuser, 2003a, p. 376 sq. et 418-421) ou sa collaboration, depuis 1583, avec Michael von Aitzing à Cologne, l’inventeur des Periodische Meßrelationen, le prédécesseur direct de la presse périodique (Heuser, 2003a, p. 386-388 et 416 sq.).
16Toutes les activités de Jean Matal énoncées ci-dessus comme caractéristiques pour la seconde moitié de sa vie se concentrent autour de l’irénisme. Il évalue les arguments des combattants dans les conflits religieux de son temps, les méthodes élaborées de la philologie humaniste et les conceptions de l’histoire et d’une philosophie morale que l’humanisme juridique avait développées dans la première moitié du siècle (Heuser, 2003a, p. 335-339 et 412). Cet irénisme s’exprime dans l’assistance qu’il rend à Georgius Cassander pour soutenir et approfondir la réception des travaux iréniques de cet humaniste qui atteint, dans les années 1563 à 1565, un apogée à la cour de l’empereur Maximilien II, et qui influence la haute magistrature de divers territoires dans l’Empire, aux Pays-Bas et en France (Heuser, 2003a, p. 5-9 et 335-359 ; 2001, p. 67-197). Après la mort de Cassander en 1566, Matal essaie de continuer son projet irénique, en collaborant avec Pedro Ximénez qui devient, jusqu’à leur mort en 1595 (Ximénez) et 1597 (Matal), son plus proche confident (Heuser, 2003a, p. 359-372), et en soignant un réseau iréniste de correspondants dispersés sur toute l’Europe (Heuser, 2003a, p. 373-414 ; 2003b).
17En somme, voici indiqué les étapes d’une longue vie qui paraît, vue sous cet angle extérieur, vraiment peu « comtois » même si Matal, pendant sa longue vie, continue à mettre l’accent sur son origine comtoise, en se stylisant, par exemple dans ses lettres, d’une façon inspirée de l’Antiquité comme « Ioannes Matalius Metellus Sequanus ».
II. Matal et la vue cavalière de Besançon de 1575
18En reconstituant le curriculum vitae de Jean Matal entre l’Italie et l’Angleterre, les Pays-Bas et la Basse-Rhénanie, il ne semble absolument pas surprenant que les traces visibles que cet intellectuel du XVIe siècle d’origine comtoise a laissées dans sa patrie, la Franche-Comté d’aujourd’hui, soient presque négligeables et pas faciles à découvrir. Dans les librairies de Besançon, par exemple, on trouve des reproductions modernes de l’une des toutes premières vues de cette ville impériale, d’un plan publié à Cologne en 1575, faisant partie du deuxième tome de la célèbre collection des Civitates orbis terrarum de Georg Braun et Frans Hogenberg (Braun et Hogenberg, 1575, vol. 2, tab. 16).
19La gravure sur cuivre, datant de 1575, repose sur un portrait de la ville exécutée par Pierre d’Argent sur la demande des co-gouverneurs de Besançon (Debard, 1995, p. 68 sq.) qui doit avoir été communiqué à Braun et Hogenberg par Matal, le collaborateur zélé des Civitates orbis terrarum, dont les armoiries et l’emblème figurent sur les deux bords de cette vue, à côté de l’écu comtois au lion billeté et l’écu de Besançon à l’aigle monocéphale aux ailes éployées tenant deux colonnes dans ses serres.
20Cette vue de la ville qui semble, jusqu’à présent, jouer un rôle important dans le « musée imaginaire » du Comtois conscient de l’histoire de sa région, nous donne l’occasion à esquisser quelques traits de caractère de Matal. Trois aspects me semblent être les plus importants à déduire :
- son imitation de l’antiquité romaine ;
- sa piété profonde ;
- sa prédilection marquée pour l’anonymat, en ce qui concerne ses préoccupations savantes et artistiques.
21En premier lieu, l’imitation de l’Antiquité romaine : Matal se sert d’une forme latinisée de son nom, « Metellus », qui se trouve cachée dans l’anagramme « ST. VELLEM » qu’on peut lire dans la cartouche de son emblème (fig. 4). Cette forme latinisée et l’éléphant qu’il a choisi, sur son blason, comme animal héraldique nous indiquent Matal comme un humaniste convaincu qui s’oriente vers une antiquité romaine estimée comme exemplaire, comme modèle pour améliorer la vita humana, la condition humaine de son temps. Plus précis, c’est la république romaine qu’il choisit comme centre d’identification et d’imitation, pas les siècles du principat ! En stylisant lui-même comme « Metellus », et en choisissant l’éléphant comme animal héraldique, Matal s’attache – en jeu voulu – à la gens Caecilia Metella qui avait donné à la république romaine un grand nombre d’hommes d’État et chefs d’armée importants, l’un desquels – pendant la première guerre punique – avait le premier introduit des éléphants à Rome, de sorte que l’éléphant devenait l’emblème des « Metellii ». C’est un choix approprié, quoique bien sûr cum grano salis : la gens Caecilia Metella était une gens plebeja sed nobilis, et – vue sous cet angle – comparable aux Matal, famille bourgeoise de Poligny anoblie par Charles Quint dans les années 1553 et 1555 (Heuser, 2003a, p. 148-161).
22Au deuxième point (la piété profonde de Matal) : La devise « Recto clavo » – une citation des Annales du poète romain Quintus Ennius (Skutsch, 1985, p. 118 ; Quintilien, t. II, 1976, p. 953) qui accompagne, sur le plan de Besançon, les armoiries de Matal – reprend une métaphorique biblique de bateau et de navigation profondément établie dans les églises et la littérature. « Recto clavo », cela signifie « avec le gouvernail ajusté », avec le gouvernail orienté dans toutes les tempêtes de la vie vers le ciel comme à son port sûr et désiré. La devise nous indique le rôle important – un rôle qui est à peine à surestimer – qu’une profonde piété a joué dans la vie de Matal, une piété chez lui définitivement centrée sur Jésus-Christ. Cette piété profonde : voici la base de son « irénisme », le fondement des activités irénistes et pacificatrices de la seconde moitié de sa vie.
23La signification de son emblème qui se trouve sur l’autre côté du plan de Besançon, montre dans la même direction. On y voit une cigogne, un signum pietatis dans l’iconographie romaine qui se trouve reproduit par exemple sur des coins des « Metellii » (Heuser, 2003a, p. XII et 156), volant de la terre directement au ciel, portant dans son bec une main droite avec deux ailes. Pour interpréter cette image, laissons parler Matal lui-même qui a envoyé, dans la même année 1575, une description et interprétation de l’emblème au cartographe Abraham Ortelius à Anvers (Hessels, 1887, n° 60, p. 134-136). D’après cette lettre, la main droite signifie les actions de l’homme (« Manus est dextra, actiones indicat »), les ailes signifient l’esprit (« Alae mentem ingeniique celeritatem exprimunt. Quid enim omnium velocissimum ? Mens »). D’après Matal, l’emblème ne peut être compris que par une combinaison de l’image avec un texte, c’est-à-dire l’anagramme qu’on peut lire dans la cartouche (« Picturam [...] quae nec intelligeretur sine verbis symboli nec verba sine pictura. Verba symboli sunt anima, pictura vero corpus »). Les premières lettres de cette anagramme, « ST », représentent son orientation vers le silence (« silentii adtensionis ») ; l’autre part de l’anagramme est un vœu « VELLEM » (« je voulais »). Pris ensemble, l’image symbolique et l’anagramme signifient un vœu pieux : « Je voulais que mes actions spirituelles soient telles qu’elles montent vers le Ciel jusqu’à Dieu » (en citation : « Vellem meas videlicet vitae actiones mente conceptas huiusmodi fore, ut subnixae pietate sursum ad Deum adsurgerent caelumque peterent »). Voici la forme progressive de l’emblème, développée par l’humaniste et juriste André Alciat, l’ancien professeur de Matal et « père de l’emblématique ».
24L’anagramme « ST. VELLEM » qui – dans la particule « ST. » – souligne l’orientation de Matal vers le silence, nous conduit au troisième point : la prédilection marquée de notre protagoniste pour l’anonymat, en ce qui concerne ses préoccupations savantes et artistiques. Matal n’agit que rarement en pleine lumière, et ce n’est que quelquefois qu’on peut déterminer la part exacte qu’il a eue dans un projet. Pour nous, Matal est cet accuratissimus silentii cultor que Crispijn van de Passe l’Ancien nous a montré sur son portrait de 1593 gravé sur cuivre.
25Cette prédilection pour l’anonymat qui dérobe les activités de notre humaniste à la vue du chercheur se fonde sur des modèles ; on ne pense qu’à l’antiquaire Octavius Pantagathus (Ottavio Bagatto), l’ami paternel de Matal à Rome, dont les découvertes scientifiques sont passées à la postérité uniquement par les lettres et les publications de ses amis et correspondants (Heuser, 2003a, p. 97 sq., 124, 196, 214 sq. et 321 sq.). Vu sous cet angle, Matal n’a pas voulu laisser sa vaste correspondance. L’historien qui se met sur sa piste ne trouve pas de grands ensembles de ses lettres ; par contre, il lui faut faire ce travail de Romain de collectionner une à une les pièces qui subsistent dans les bibliothèques et archives de toute l’Europe, du Portugal à la Pologne, de l’Italie à l’Angleterre, et de consulter les archives des différents lieux où il a vécu.
26Faisant cela, on peut quand même réunir tant de sources aussi inattendues qu’abondantes, qu’elles forment après tout un corpus qui permet de reconstruire la place que cet humaniste et juriste du XVIe siècle a prise dans les différents réseaux d’intellectuels auxquels il a appartenu, et d’éclaircir de nombreux projets innovateurs auxquels il a participé jusqu’à son grand âge. La collaboration continue de Matal aux tomes 1-4 des Civitates orbis terrarum de Georg Braun et Frans Hogenberg (Heuser, 2003a, p. 390-393), par exemple, indiquée ici par les armoiries et l’emblème qu’il a ajoutés au plan de la ville de Besançon de 1575, se révèle, en y regardant de près, comme intégrée aux activités cosmographiques et cartographiques qu’il poursuit continuellement par ses contacts avec le Comtois Antoine Lafréry à Rome 1545-1555 jusqu’à sa collaboration avec Abraham Ortelius à Anvers et Gérard Mercator à Duisburg et aux œuvres cartographiques que Matal a publiées dans les dernières années de sa vie – sous son anonymat bien caractéristique.
III. Ruptures et continuités
27En essayant de résumer la biographie de Jean Matal, on a tout d’abord l’impression d’une vie caractérisée par des grandes ruptures. Cela vaut déjà pour ses années en Italie où l’on peut observer – de temps en temps – un changement significatif de ses activités principales :
- Les années 1541 à 1546 sont l’apogée des intenses travaux philologiques qu’il a faits dans les grandes bibliothèques de Venise, Padoue, Florence, Sienne et Rome et qui l’ont inscrit dans la liste des meilleurs protagonistes d’une révision humaniste des textes du droit romain, surtout du Digeste et des Novelles grecques (Heuser, 2003a, p. 59-89).
- Dans les années 1546 à 1551, l’organisation de sa vaste collection des inscriptions grecques et romaines semble être la principale occupation de Matal (Heuser, 2003a, p. 89-129).
- Dans l’année 1555 se situe certainement la plus grande rupture de sa vie : Matal quitte, après presque une vingtaine d’années, l’Italie sans y revenir jamais ; par ailleurs, il se sépare d’Antonio Agustín, le mécène de ses travaux philologiques et épigraphiques, et abandonne, à Rome, ses manuscrits qu’Agustín va exploiter dans les décennies à venir (Heuser, 2003a, p. 130-148).
- Dans la seconde moitié du siècle, Matal devient un intellectuel de plus en plus marginalisé (Heuser, 2003a, p. 165-439). Le refus de cet ancien confident de Gilbert Cousin de s’arranger avec l’église tridentine et de participer à son organisation – comme plusieurs de ses proches le font avec succès, par exemple les futurs évêques Antonio Agustín, Jéronimo Osório de Fonseca ou Laevinus Torrentius – le met « hors-jeu », aussi en ce qui concerne sa situation économique.
28Mais, en l’examinant de plus près, la vie de Jean Matal semble être moins caractérisée par ces ruptures extérieures que par une logique interne, une conséquence qui fait de lui un objet intéressant pour des recherches sur la place historique de l’humanisme juridique, l’école du mos docendi gallicus ou, bref, du mos gallicus. Jusqu’à son grand âge à Cologne, Matal reste attaché aux idéaux d’un humanisme qui s’oriente vers l’antiquité gréco-romaine pour l’utiliser comme modèle pour améliorer la condition humaine de son propre temps. Avec véhémence, il se délimite des Jésuites et leur éducation néoscolastique du néothomisme (Heuser, 2003a, p. 355 sq.). Le déclin de l’humanisme dans la lutte des confessions préoccupe Matal jusqu’à la fin de sa vie. Voici, par exemple, sa Tabula asinaria (fig. 6) une feuille volante publiée en 1582 à Cologne et réalisée avec le graveur Isaac Duchemin de Bruxelles (Heuser, 2003a, p. 230, 242, 244 et 386), fils d’un horloger de l’empereur Charles Quint venant de Besançon, qui montre une foule des ânes, une partie desquels ailés (voici la contra-facture du « Pégase », le cheval des poètes), détruisant les arts libéraux.
29Aussi dans d’autres domaines de sa vie, il faut constater que la continuité excède les ruptures. Son attachement étroit à la maison des Habsbourg, par exemple, est un accord fondamental de sa socialisation comtoise et familiale ; son père, Jean Matal le Vieux, de Toulouse-le-Château près de Poligny4, ayant servi l’empereur Charles Quint qui l’a anobli en 1553 et 1555. En Italie, Matal s’attache, dans les réseaux d’antiquaires et d’intellectuels autour de la Curia Romana qu’il fréquente, de préférence à des gens étroitement liés à Charles Quint : d’Antoine Agustín à l’ambassadeur impérial Don Diego Hurtado de Mendoza, d’Antoine Morillon aux Granvelle. D’après sa séparation d’Agustín, Matal essaie de s’établir autour d’Antoine Perrenot de Granvelle à Bruxelles, comme quelques-uns de ses plus proches co-antiquaires de Rome le font aussi, par exemple Antoine Morillon, Étienne Wijnands Pighius ou André Masius. Si Matal n’y réussit pas, c’est dû d’un côté certainement à son attitude négative en ce qui concerne la confessionnalisation catholique, d’un autre côté à son appartenance aux clientèles de patrons comtois rivalisant avec les Granvelle : les Matal de Toulouse sont étroitement liés avec les Marnix, seigneurs de Toulouse-chez Poligny (Heuser, 2003a, p. 28-30 et 218), et l’humaniste entretient encore en 1566 une correspondance confidentielle avec Jean de Marnix, seigneur de Toulouse (vers 1538-1567) (Heuser, 2003b, p. 255-257), frère aîné du futur homme d’État Philippe Marnix de Sainte-Aldegonde (1540-1598) et membre du « compromis des nobles », tombé en 1567 près d’Anvers comme chef de troupes calvinistes. Les relations entre Matal et les Poupet (Heuser, 2003b, p. 171 sq. et 218) ou les Nassau-Orange (Heuser, 2003b, p. 33 sq., 40 sq., 210 sq., 268 sq., 421-427 et 430-434), héritiers des Chalon-Arlay, doivent l’avoir rendu également suspect chez les Granvelle et leur faction, qui observe, de Cologne, avec attention les querelles entre Granvelle et l’ambassadeur Simon Renard de Vesoul (Heuser, 2003b, p. 29 et 218 sq.). Ainsi, le curriculum vitae de notre humaniste indique la nécessité d’une reconstruction détaillée du clientélisme des patrons d’origine comtoise qui rivalisent avec les Granvelle.
30L’attachement aux Habsbourg reste une constante dans la seconde moitié de la vie de Matal, depuis sa correspondance avec des irénistes à la cour viennoise de l’empereur Maximilien II (Heuser, 2003b, p. 291 sq., 304 sq., 352-354, 374-377 et 419) jusqu’à sa correspondance politique avec l’empereur Rodolphe II à Prague depuis 1582.
31Une autre constante de sa vie est son appartenance à divers cercles iréniques (Heuser, 2003b, p. 317-411) : à Dole et Fribourg, il fréquente des cercles irénistes autour de Gilbert Cousin et Érasme de Rotterdam ; en Italie et autour de Reginald Pole à Londres, il fait la connaissance de l’évangélisme ; à Liège et dans la Basse-Rhénanie, il fréquente des cercles des humanistes exilés d’Espagne autour de Pedro Ximénez et Fadrique Furió Ceriol, le cercle autour de Georgius Cassander à Cologne et les réseaux irénistes autour de Christophe Plantin et d’Abraham Ortelius à Anvers ou d’Hubert Languet, agent politique de l’électeur Auguste de Saxe.
Conclusion
32En étudiant les liaisons entre la Franche-Comté et les Pays-Bas au cours du XVIe siècle, Jean Matal mérite notre intérêt comme polyhistor de l’humanisme tardif, comme représentant d’une religiosité iréniste qui atteint, en Franche-Comté, son apogée avec Gilbert Cousin, le vieil ami de Matal, et comme figure historique nous indiquant qu’il est nécessaire d’ajouter, à l’étude des Granvelle et de leur faction, la reconstruction détaillée des clientèles qui se groupaient autour de patrons d’origine comtoise rivalisant avec les Granvelle.
33Les progrès de la confessionnalisation et les luttes de diverses factions d’origine comtoise ont finalement empêché notre humaniste iréniste de s’intégrer dans les cercles des fonctionnaires habsbourgeois aux Pays-Bas, et l’ont poussé à se ranger sur le côté, en Basse-Rhénanie, refuge de tant d’exilés des Pays-Bas, d’où il observa attentivement l’évolution des conflits, depuis 1563 jusqu’à sa mort en 1597.
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Notes de bas de page
1 Cf. les lettres échangées entre Matal et Amerbach en 1538 et 1539 (Heuser, 2003b, n° 6-9, p. 228 sq.). Pour Boniface Amerbach (Hartmann, 1942-1958, vol. 1-5 ; Jenny, 1967-1995, vol. 6-10 ; Jacob-Friesen, Jenny et Müller, 1995 ; Hagemann, 1997, vol. 1 ; 2001, vol. 2).
2 « L’edizione e illustrazione del catalogo della biblioteca romana di Pietro Bembo arriva oggi alle stampe, dopo il ritrovamento a Cambridge sulla fine del 1993 dell’unico inventario sopravissuto, steso nel 1545 dal giurista francese Jean Matal. [...] Chi ha redatto l’inventario della biblioteca, avendo accesso alla residenza romana di Bembo in Palazzo Baldassini a Campo Marzio, ha fornito un documento eccezionalmente preciso e ricco, che è oggi la fonte principale per la sua cultura libresca fuori dell’epistolario. Di qui la necessità di considerare con attenzione la testimonianza, pubblicandola e commentandola » (Danzi, 2005, p. 7).
3 17, 24 : « Nam et gubernator uult salua naue in portum peruenire ; si tamen tempestate fuerit abreptus, non ideo minus erit gubernator dicetque notum illud : ’Dum clauum rectum teneam’ ».
4 Voir les différents ouvrages de Paul Delsalle sur la Franche-Comté au temps de Charles Quint.
Auteur
Chargé de cours à l’Université de Bonn, chercheur qualifié aux Acta Pacis Westphalicae, Bonn.
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La formation d’une opinion démocratique
Le cas du Jura, de la révolution de 1848 à la « république triomphante » (vers 1895)
Pierre Merlin
2017
Les mutations récentes du foncier et des agricultures en Europe
Gérard Chouquer et Marie-Claude Maurel (dir.)
2018
Deux frontières aux destins croisés ?
Étude interdisciplinaire et comparative des délimitations territoriales entre la France et la Suisse, entre la Bourgogne et la Franche-Comté (xive-xxie siècle)
Benjamin Castets Fontaine, Maxime Kaci, Jérôme Loiseau et al. (dir.)
2019
Un mousquetaire du journalisme : Alexandre Dumas
Sarah Mombert et Corinne Saminadayar-Perrin (dir.)
2019
Libertaire ! Essais sur l’écriture, la pensée et la vie de Joseph Déjacque (1821-1865)
Thomas Bouchet et Patrick Samzun (dir.)
2019
Les encyclopédismes en France à l'ère des révolutions (1789-1850)
Vincent Bourdeau, Jean-Luc Chappey et Julien Vincent (dir.)
2020
La petite entreprise au péril de la famille ?
L’exemple de l’Arc jurassien franco-suisse
Laurent Amiotte-Suchet, Yvan Droz et Fenneke Reysoo
2017
Une imagination républicaine, François-Vincent Raspail (1794-1878)
Jonathan Barbier et Ludovic Frobert (dir.)
2017
La désindustrialisation : une fatalité ?
Jean-Claude Daumas, Ivan Kharaba et Philippe Mioche (dir.)
2017