Quelqu'un derrière la fenêtre
p. 93-108
Texte intégral
1On regarde beaucoup par la fenêtre dans les romans de Julien Green, à tel point que le geste paraît parfois consubstantiel aux personnages. « Tout est bien, rien n’est changé » pense Adrienne Mesurat après le meurtre de son père, « puisque je me couche comme à l’ordinaire, que j’ouvre la fenêtre, que je me frotte les épaules »1. Il semble que la fenêtre, à l’instar des portes, ponts et parapets, cours et escaliers qui constituent le décor urbain des romans greeniens, puisse être lue comme l’une des projections représentatives des méandres piranésiens de l’âme humaine. Sans doute moins souvent que la porte que l’auteur ouvre et ferme à volonté pour bien délimiter les différentes scènes dans la construction de son récit, il arrive cependant, comme dans Léviathan, que le motif de la fenêtre, avec le changement de décor qu’elle opère, permette de clore ou d’ouvrir un nouveau chapitre ; on peut aussi considérer qu’un roman comme Si j’étais vous... inscrit sa structure entre deux paysages contemplés à travers une même fenêtre : celle qu’ouvre Fabien à l’orée du récit et vers laquelle au terme de ses multiples métamorphoses il tourne ses yeux de mourant. Motif récurrent dans l’écriture narrative, liée le plus souvent à un geste obsessionnel des personnages – ou à leurs méditations, comme à la thématique essentielle dans l’œuvre de Green de l’enfermement, la fenêtre semble tout particulièrement chargée dans l’imaginaire des héros comme dans celui de l’auteur de valeurs psychologiques, fantastiques, symboliques, et peut-être au-delà, spirituelles.
2On remarquera tout d’abord, sans trop s’y attarder, que si la fenêtre constitue un élément attendu de la construction de l’atmosphère, elle est presque toujours évoquée sous la plume de Green avec tout son appareillage de rideaux, mousselines, brise-bise, volets, persiennes et contrevents, loquets, gouttières, barres d’appui et rebords. Ces précisions nourrissent le récit en indices sociologiques, certes, ou encore situationnels, mais ils reflètent aussi souvent la situation psychique, fantasmatique ou onirique des personnages étroitement dépendants de la puissance des lieux comme de leurs passions. Les rideaux de fer baissés et les volets fermés de la maison d’Angèle dans Léviathan l’imposent comme une véritable forteresse inaccessible aux yeux de Guéret, semblable, selon ce qu’il croit, au cœur et au corps de la jeune femme2. S’éveillant le premier matin à Fontfroide où elle semble prisonnière, Élisabeth dans Minuit cherche à ouvrir la fenêtre : « [elle] tourna l’espagnolette et tira les battants qui grincèrent sur leurs gonds. Ses doigts s’attaquèrent ensuite aux contrevents qu’une barre de fer maintenait en place ; elle réussit enfin à les pousser au-dehors [...] »3. Ainsi l’auteur prend soin de verrouiller lui aussi son récit par la saturation, en renchérissant sur l’état psychologique du personnage grâce au détail descriptif convergeant. Mais assez souvent, c’est le personnage lui-même qui projette sa ou une psychologie sur le décor qui l’entoure, lui prêtant une humanité trouble ; la fenêtre est alors bien souvent le support de l’expression de son angoisse ou de sa rancœur. L’auteur mobilise diverses stratégies rhétoriques pour rendre compte de cette projection psychologique, qui, presque systématiquement, prêtent vie à la fenêtre : dans Léviathan la comparaison dénonce tout à la fois la mauvaise conscience de Guéret de retour chez lui où sa femme veille, et le droit de regard qu’exerce sa femme sur sa vie :
[Guéret] fronça le sourcil en voyant une lumière à la fenêtre de sa chambre. [...] La pensée lui vint de rester dehors, de se promener dans la campagne jusqu’à ce que cette lumière qui le guettait comme un œil ouvert s’éteignît4
3L’incipit de Si j’étais vous... explicite l’exercice de personnification auquel se livre chaque soir Fabien :
Depuis près de trois ans, [Fabien] voyait chaque soir les rangées d’orgueilleuses fenêtres que dominait un fronton d’une sévérité classique et il prêtait au vieil édifice [...] des sentiments qui variaient avec sa propre humeur. La grande maison devenait une personne tantôt renfrognée, tantôt pleine d’indulgence [...]. Cette nuit, pourtant, il promena les yeux sur les persiennes closes et leur sut gré d’être là comme d’habitude, de lui offrir le spectacle d’un ennui prospère et de quelque chose d’indéfinissable qui ressemblait à un désespoir de bon ton5.
4Plus loin dans ce même récit, c’est par la prosopopée que les fenêtres chassent M. Fruges au long des rues désertes : « partout de hautes fenêtres aux persiennes closes [...] semblaient dire : « Allez-vous-en et laissez-nous tranquilles ! » C’était du moins le sens que leur donnait M. Fruges »6.
5Ainsi la fenêtre qui sépare semble concentrer tout à la fois le sentiment de l’hostilité des autres et celui de l’exclusion, canaliser aussi l’impression d’une vie diffuse, innombrable, invisible et inconnue dont la présence menaçante et attirante trouble l’esprit des héros, vérifiant par là les propos de Baudelaire dans les Petits poèmes en prose : « Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée ». Dans Épaves, Henriette erre dans les rues après le départ de sa sœur Éliane : « elle voyait [...] la ligne ininterrompue des volets protégeant de leurs lattes le sommeil ou l’insomnie de milliers d’êtres dont jamais elle ne connaîtrait les visages ni les noms. La pensée d’un univers existant en dehors d’elle-même lui parut accablante [...]7 » et ce sont les mêmes réflexions qui étreignent par exemple Wilfred dans Chaque homme clans sa nuit lorsqu’il observe la rue à travers la vitre d’un grand restaurant8 ou Monsieur Fruges à la recherche d’une âme qui ne soit pas damnée. Pourtant signe anodin et translucide du décor, la fenêtre matérialise la séparation d’avec la société, la distance et la frontière qui isolent le héros et le ramènent sans cesse à sa solitude et à son drame : combien de fois Adrienne Mesurat se penche-telle à la fenêtre de la chambre de Germaine pour observer les volets clos de la maison du Dr Maurecourt ? Combien de fois Wilfred dans Chaque homme dans sa nuit vat-il épier la fenêtre de Phoebé qu’il désire, ou bien harceler Max en l’appelant par la fenêtre que garde un cerbère cauteleux sinon diabolique ? Atteindre la fenêtre, c’est, symboliquement, s’assurer une entrée dans le cœur et l’esprit de l’autre et c’est proprement sortir d’une solitude aussi infernale qu’une passion. « Il valait mieux mourir que de ne pas atteindre cette fenêtre » suggère le narrateur à propos de Guéret.
6On ne s’étonnera guère dans cette perspective que la fenêtre constitue bien souvent dans les récits de Green à la fois un enjeu narratif et le lieu de tous les dangers. Véritable frontière où se joue la crise du héros, elle se constitue comme un indice narratif inquiétant, souvent même tragique et comme l’espace infime et fragile où se réalisent les transgressions. Le rapport quasiment névrotique qu’entretient Adrienne avec la fenêtre et l’insistance du romancier à la faire pencher loin en avant en appui sur la barre ou agrippée à la gouttière9 introduisent dès les premières œuvres de Green cette ambivalence du motif à la fois ouvert sur l’évasion et fermé sur l’inchangeable. Guéret comme Adrienne gémissent contre cette « mince plaque de verre » qui les séparent « de l’air frais et vif, des cris, du vent dans les arbres »10. Leur transgression s’opère l’un en s’introduisant chez Angèle par la fenêtre, l’autre – entre autres – en brisant la vitre pour attirer l’attention du Docteur Maurecourt et le faire venir à elle. Dans les deux cas le sang coule significativement. Lieu d’affût ou d’appel du vide, la fenêtre tue chez Julien Green qui multiplie – parfois incidemment – les indices négatifs autour de ce motif. Quel besoin de préciser au deuxième chapitre de Chaque homme dans sa nuit que Wilfred à Wormsloe s’incline par la fenêtre à guillotine si ce n’est que se mettent en place les premiers indices d’une action qui conduit à la mort du personnage ? Max son meurtrier le vise une première fois par la fenêtre et l’image obsède Wilfred avec raison : « L’idée que Max le guettait à la fenêtre se présenta à lui avec une force paralysante »11 ; « sans doute Max était-il seul à la fenêtre, pareil à un chasseur à l’affût »12. La fenêtre est aussi le lieu symbolique du drame dans Épaves et dans Minuit. Dans ce dernier roman Élisabeth est un peu le double assagi d’Adrienne dans la mesure où, comme Cendrillon au coin de l’âtre, sa place dans la famille semble être « dans l’embrasure de la fenêtre, derrière le rideau lie-de-vin qui la dissimul[e] presque tout entière »13. Également fascinée par la rue, comme bien des personnages greeniens – c’est à la fenêtre que « par habitude » elle se poste14 tandis qu’elle vit chez les Lerat. A Fontfroide, le vertige qui l’étreint devant l’à-pic de sa fenêtre préfigure très fortement sa chute dans le vide à la dernière page du roman : les mêmes éléments descriptifs (la brume, le gouffre, les roches couleur de sang...) et les mêmes verbes (chavirer, s’incliner) assurent le lien très étroit entre les deux scènes. De même la menace de défenestration liée à une tentation tantôt assassine tantôt suicidaire est latente tout au long du roman Épaves. Lorsque, dans un geste violent, Philippe ouvre la fenêtre au chapitre II de la seconde partie, l’entrelacement des thèmes de l’air et du fleuve liés à des motifs ou des images mortifères rappelle non seulement la tentative de noyade à laquelle il a cru assister, mais annoncent aussi sa propre tentation suicidaire qui s’exprime aux dernières lignes du roman : « Dehors, la nuit semblait couler du fond du ciel ainsi qu’un grand fleuve sombre. Il sentait l’air frais se diviser de chaque côté de son visage de même qu’un flot que coupe une pierre. Un profond silence permettait d’entendre le son des larges feuilles que le vent disputait aux branches des platanes. Elles répandaient l’âcre senteur de la mort végétale et se frottaient l’une contre l’autre comme des paumes sèches »15. D’autres indices construisent cette menace de défenestration. Ainsi au début de la troisième partie remarque-t-on les détails choisis par le narrateur pour ce qu’ils rappellent bien d’autres scènes équivalentes des romans de Green (que l’on pense à l’incipit de L’Autre sommeil, p. 817) : « Philippe, debout près de la fenêtre entrouverte, appuyait les doigts sur l’épaule de son fils »16. Comment mieux souligner l’atmosphère hitchcockienne de ce roman qu’en rappelant les premières lignes du chapitre II de la troisième partie : « Henriette n’entendit pas entrer sa sœur et demeura penchée à la fenêtre, les coudes sur la barre d’appui »17. La menace culmine doublement quelques pages plus loin lorsqu’Henriette abîmée dans sa rêverie se sent appelée par le vide et qu’à ses côtés son jeune fils « pareil à l’acrobate devant son trapèze » se tient debout, bras en avant, sur le rebord de la fenêtre18. Une telle multitude d’indices ne trompent pas sur la valeur inquiétante de la fenêtre dans l’imaginaire greenien : si la fenêtre apparaît symboliquement comme une réponse possible aux forces d’étouffement, d’enfermement, de confinement et d’opacité, elle est tout autant l’objet d’une pulsion de mort qui atteint les instables personnages, et qui « attir[e] doucement vers les belles régions incertaines qui tentent les âmes sans espoir »19. Toujours en équilibre sur le fil de la vie, les personnages de Julien Green attirés par les rebords de fenêtre et les parapets, happés sinon séduits par les vertiges, révèlent bien souvent leur absence de centre de gravité intérieur, leur absence de points de repères existentiels.
7Enjeu narratif, objet d’une fixation de l’imaginaire ou du psychisme des personnages, indice révélateur de leur manque de structuration intérieure, la fenêtre se constitue dans les récits de Green comme un thème symbolique. Par le motif du regard, elle est très étroitement liée à la représentation de l'individu refermé sur son étroite singularité. La fenêtre convoque en effet également les rêves de transparence, avec la même ambivalence que précédemment : tantôt il s’agit de s’assurer un ascendant sur l’autre en le rendant transparent par appropriation de son âme et de son esprit – c’est là le diabolisme de certains personnages qui à l’instar de Monsieur Brittomart s’érigent maîtres de l’âme d’autrui ; tantôt il s’agit de se rendre et de se sentir soi-même transparent et pur aux yeux de soi comme aux yeux de Dieu – et c’est alors plutôt l’aspiration au bonheur et à l’angélisme qui s’exprime. La fenêtre nous paraît dans cette perspective jouer le rôle d’un motif ou d’une métaphore « conductrice » qui induit cette notion de transparence néfaste ou rassérénante. Dans plusieurs romans s’explicite une analogie entre le corps et la demeure, le visage et la façade, les yeux et la fenêtre. Ainsi, à la fin de Si j’étais vous..., Camille qui cherche à retrouver Fabien, son personnage originel, jette le nom de Fabien à toutes les façades d’un quartier dans l’espoir, semble-t-il, que le nom lui restituera, en réintégrant le lieu, son identité première. Plus nettement encore, dans Chaque homme dans sa nuit, Green explicite ce parallèle entre la maison et le visage qui sert de masque au for intérieur : « Mon visage aussi est une façade »20 pense mélancoliquement Wilfred dans la deuxième partie, et plus loin, lorsqu’il pressent l’évolution trouble des sentiments de Max à son égard : « Le visage n’avait pas bougé, mais l'expression était autre. C'était comme si à la fenêtre d’une maison dont on connaîtrait tous les habitants, un inconnu se penchait tout à coup »21. Ainsi regarder par la fenêtre apparaît dans certains contextes comme la métaphore ou l’équivalent d’un geste de dévoilement de l’autre, de mise à nu de son identité profonde, de ses pensées comme de ses sentiments ; c’est un geste d’appropriation de l’autre. La transitivité qui transforme l’autre en une fenêtre transparente révèle le caractère démiurgique de certains personnages qui transpercent les replis de la conscience d’autrui en un véritable acte de vampirisation. Ainsi dans Léviathan, Madame Grosgeorge qui sait si bien parfois se rendre opaque22 en ce qui la concerne, s’ingénie à traverser du regard le crâne de Guéret afin de scruter le mouvement de la pensée de celui-ci – et les termes d’ardeur, de force, de contention, de plaisir et de volupté sont alors convoqués pour décrire son geste hypnotisant : « Elle considéra le professeur sans détourner la vue de son visage où le trouble et la honte faisaient affluer le sang ; on eût dit qu’elle cherchait à deviner de quelle manière confuse se formait la réponse à sa question dans le cerveau de cet homme humilié, derrière ce front qu’elle voyait briller de sueur »23. Se laisser ainsi traverser par le regard d’un être, c’est reconnaître sa déchéance, puisque poussée à l’extrême, la transparence de soi aboutit à une néantisation : « les yeux de M. Poujars ne rencontraient le visage de son employé que par accident et, même alors, leur regard passait à travers cet obstacle de chair et d’os pour fixer un point situé immédiatement derrière le crâne de Fabien » lit-on dans Si j’étais vous... Ce fantasme de voir à travers l’autre comme par une fenêtre conduit le personnage à exprimer le désir d’observer le monde derrière une vitre sans tain, ou de se rendre soi-même invisible pour voir la scène « comme s’il n’y était pas » : Élise dans Si j’étais vous... n’imagine-t-elle pas par exemple « un plancher de verre qui lui permît de voir Camille dans la salle à manger, debout, les cheveux en désordre, le teint plus vif »24 ? Et dans Léviathan, Madame Grosgeorge s’introduit au salon pendant que Guéret donne sa leçon à André et, s’installant dans une attitude de commandeur25, propose perversement « Bien entendu, vous agirez tous les deux comme si je n’étais pas là »26. Si le personnage ne peut pas, pour diverses raisons, soutenir le regard de l’autre, il utilisera le reflet indirect d’une vitre, rétablissant le processus de transitivité et éventuellement cette situation de deus absconditus, pour posséder celui qu’il convoite et pénétrer dans ses pensées ; ainsi Éliane dans Épaves observe Philippe à son insu dans le reflet du carreau d’un meuble27 ; plaçant sur son chemin des livres qu’elle a elle-même choisis, ou cherchant à retrouver dans le journal l’article qui a retenu son attention28, elle tente d’exercer une maîtrise presque totalitaire sur la vie intérieure de celui dont elle est éprise. De même M. Fruges dans Si j’étais vous... vient se placer devant la vitrine de la parfumerie devant laquelle s’est arrêté le petit Georges et « f[ait] un effort pour voir par les yeux de l’enfant tous ces objets proposés à l’admiration du public »29. Or le narrateur vient précisément de traduire ce regard de l’enfant à travers une superposition de vitres et de transparences puisque celui-ci admire « le parfumeur à barbe blonde » par-delà la vitre, à travers la « transparence merveilleuse » de liquides brillants, puis « à travers l’émeraude d’une grande bouteille de philocarpine ». Cette mise en abyme du regard et ce travail de la transitivité (le personnage regarde à travers les yeux de l’enfant qui regarde à travers la vitrine, à travers les liquides et à travers les verreries...) prennent un tour vertigineux quand ils se combinent à la réciprocité et à la réflexivité. Ce n’est pas tant sur le motif du miroir que nous voudrions insister, motif si récurrent dans l’œuvre greenienne et que Jacques Petit a beaucoup évoqué dans son étude sur Julien Green30, mais plutôt sur ces regards qui se croisent incidemment à travers une sinon deux vitres et qui renvoient vertigineusement et brutalement chacun des deux observateurs à lui-même à la fois à travers le reflet de sa propre image perçue dans le regard de l’autre et à travers l’image de l’autre comme reflet de lui-même. Ainsi Élisabeth à Fontfroide observe de sa fenêtre, à travers la fenêtre de M. Edme jusqu’à ce qu’elle rencontre le regard électrifiant de l’occupant en train de l’observer en retour : « Les vitres sans rideaux permettaient aux regards de plonger à l’intérieur de la chambre [...]. S’enhardissant quelque peu, elle allongea le cou et tâcha de guider sa vue au-dessus du précipice jusqu’au fond de la chambre. [...] Elle distingua dans une porte ouverte un homme de petite taille dont le regard coupa le sien »31. De même dans Épaves Éliane est prise à son propre jeu de « provinciale » penchée « sur son espion » lorsqu’elle s’aperçoit que le reflet de Philippe qu’elle observe dans la glace l’observe également : « Penché en avant, Philippe dirigeait vers elle, vers son image au fond de la glace, un regard aigu qu’elle ne connaissait pas »32. Dans cette passe d’armes des regards, c’est un centre nerveux ultrasensible qui est atteint : le regardant regardé se rétracte immédiatement comme trahi en retour dans un geste d’une très profonde intimité. Regarder et voir, c’est s’approprier ; être regardé et vu dans cet acte d’appropriation, c’est laisser dévoiler sa prétention démiurgique, peut-être faustienne.
8Mais au-delà des personnages, ce sont aussi le geste de l’auteur et le regard du lecteur qui sont en jeu. Ainsi le sens figuré selon lequel Julien Green utilise le verbe « lire » en de multiples occurrences33 lire dans un regard, lire une pensée, lire sur les traits, lire dans les yeux... se voit-il doublé de son sens propre si l’on songe au point de vue du lecteur qui, à travers les mots du texte, voit se dévoiler sous ses yeux le for intérieur des personnages. Par le changement de focalisation qu’opère le narrateur, le lecteur est amené à pénétrer successivement dans les pensées de chacun d’eux. Changeant de point de vue comme on se déplace d’une fenêtre à l’autre pour varier l’angle de vue, il découvre le revers des apparences, le monde caché derrière une physionomie restée précédemment opaque et indéchiffrable. Qu’on songe aux multiples variations de points de vue dans Léviathan qui nous montre d’abord Angèle vertueuse et fermée aux yeux de Guéret, sordide dans ses intrigues avec Madame Londe, puis troublante et pathétique dans le moment de méditation qu’elle goûte dans l’église Saint-Jude. De même Madame Grosgeorge impassible et dure aux yeux de Guéret se révèle dans son for intérieur beaucoup plus complexe et inquiète. Il n’y a pas seulement là un contraste – l’idée est banale – entre l’apparence extérieure et la réalité intérieure, mais, nous semble-t-il, toute une réflexion sur la « lisibilité » des êtres, leur faculté de transparence ou d’opacité, comme sur leur aptitude ou leur inaptitude à déchiffrer l’âme humaine. L’écriture romanesque greenienne se veut par excellence un instrument d’élucidation et une recherche de la transitivité. C’est bien là le principe qui fonde le roman Si j’étais vous... qui pourrait servir de métatexte à plusieurs des romans de Green et d’allégorie au travail du romancier : l’Avant-propos de l’édition originale (1947) comme la Préface de l’édition de 1970 explicitent cette « indiscrétion professionnelle du romancier qui ne prend jamais son parti du mystère des êtres. Pour lui, la multiplicité des destinées particulières irritera toujours cette curiosité secrète qui fait qu’en passant près d’inconnus, on se demande parfois "Qui est-ce ? Que pense-t-il ? Où va-t-il ? Est-il heureux ?"34. »
9Pourtant, ce n’est pas encore là, nous semble-t-il, que la fenêtre revêt sa force symbolique la plus grande. Plus on avance dans l’œuvre de Green et plus il apparaît que se tourner vers la fenêtre participe d’un geste de foi ou laisse transparaître une attente que la foi pourrait combler. La proximité de la fenêtre est bien souvent le lieu de l’expérience d’un détachement salutaire et le regard qui entre par la fenêtre pourrait bien être – implicitement – celui de Dieu aux yeux duquel, volens nolens, chacun offre sa transparence. N’est-il pas significatif en effet que Guéret, enfermé dans la prison de sa passion en même temps que dans la chambre de sa femme, sente vibrer en lui cet appel vers ce qui pourrait le délivrer – et qu’il appelle le bonheur – au moment où la fenêtre s’ouvre sur l’infini de la nuit ? :
Elle se redressa sans mot dire et se dirigea vers la fenêtre qu’elle ouvrit toute grande. Le firmament apparut tout d’un coup comme s’il pénétrait dans la pièce et la remplissait de ses étoiles, de sa nuit. L’homme tourna la tête malgré sa tristesse et regarda ; brusquement, quelque chose lui fit battre le cœur : un élan confus vers cette immensité silencieuse qui semblait l’appeler à elle. Après le bruit des paroles humaines, quelle paix dans la profondeur de ce ciel noir !
« Oh ! être heureux ! » pensa-t-il comme s’il n’eût, jusque-là, jamais ressenti la force de ces mots. L’un après l’autre, les volets se refermèrent sur la chambre35.
10Et n’est-ce pas une expérience similaire, celle d’un appel vers une immensité qui apporterait un sentiment de détachement et de paix, que ressent Madame Grosgeorge vers la fin du roman :
À certains moments de grande souffrance ou simplement de grand ennui, l’idée qu’elle était étrangère au monde lui venait avec une telle force que, durant l’espace de quelques minutes, les choses terrestres perdaient brusquement toute importance. Un instant, près de la fenêtre, elle avait éprouvé cela36.
11L’appel reste encore discret et Dieu dans l'’implicite ; mais dans Si j’étais vous..., le caractère religieux – au sens étymologique – de l’expérience que Fabien connaît lorsqu’il ouvre sa fenêtre se précise davantage. On connaît l’interprétation psychanalytique très intéressante que propose Mélanie Klein de cette scène augurale du récit : « Cela signifie, selon moi, écrit Mélanie Klein, que Fabien regarde en même temps au loin et en lui-même ; qu’il absorbe le ciel et les étoiles, et en même temps, qu’il projette dans le ciel et les étoiles ses objets d’amour intérieurs et les bonnes parties de lui-même. J’interpréterais également son ardente contemplation des étoiles comme un effort pour reprendre ses bons objets qu’il sent perdus ou lointains »37. Mais sans doute peut-on aussi lire dans cette ardente contemplation du ciel par Fabien les prémices – et les prémices seulement – d’une expérience mystique, celle d’une communion avec l’infini et d’une déréalisation du monde, celle du pressentiment encore lointain d’une possible unité. Qu’on relise en particulier les lignes qui concluent le passage : « Depuis son enfance il devinait en lui la présence de quelque chose qui, d’une manière inexprimable, demeurait hors de sa portée, et ce quelque chose se libérait quand il levait les yeux vers le ciel nocturne »38. Les lignes qui suivent renchérissent sur l'« inexprimable » de l’expérience et déplorent l’incapacité des mots à rendre compte de « cet état » ; si l’on peut y voir, selon l’étude proposée par Jean-Jacques Jura, l’indice de l’« échec narratif » qui constitue certainement un des fils directeurs du romand39 n’est-il pas aussi permis d’y retrouver cette formulation caractéristique de l’approche mystique de l’extase qui se dit en termes d’ineffable et d’indicible ? À la fin du roman, Fabien qui a recouvré son espace identitaire premier, et accomplit par là même la volonté de Dieu, comme l’explique l’auteur dans la Préface de 1947, connaît à nouveau ce sentiment de communion avec le « grand carré bleu où tremblaient des points d’or »40, transfiguré qu’il est par un sentiment d’amour universel41. D’autres indices jalonnent le roman incidemment qui suggèrent ou rappellent le regard de Dieu : M. Fruges, saisi d’angoisse à l’idée d’incarner une âme damnée, est-il pris d’insomnie : « Au petit jour il vit peu à peu se dessiner la croix noire que les traverses de la fenêtre formaient sur le ciel blanc, et brusquement il glissa dans le sommeil comme dans un trou »42. Inversement, vers la fin du roman, « un rayon de soleil passant à travers la mousseline des rideaux » qui fait « briller comme un coin de vitrail un losange rouge du tapis »(nous soulignons) obsède progressivement Élise et lui fait prendre conscience de l’inanité de sa vie43. Dans des romans ultérieurs, Green multiplie et explicite cette sorte d’indices de manière quasiment systématique. Ainsi dans Moïra, la fenêtre est presque toujours associée à la prière et au regard de Dieu. Le cadre de la fenêtre offre l’image d’un monde naturel paisible et harmonieux, contrairement à la plupart des paysages entrevus dans le décor urbain d’autres romans. L’élément végétal dominant, ondoyant, parfumé et coloré, ainsi que la perspective ouverte sur des collines exercent un indéniable attrait sur le protagoniste, Joseph : les « glycines à lourdes grappes mauves » et la « chaîne de collines boisées »44, « la longue pelouse sur laquelle les frênes et les sycomores étendaient leurs ombres légères dans la lumière du matin »45, ou bien « le feuillage encore brillant de lumière [qui] formait une sorte de muraille fauve et pourpre qui emplissait le cadre de la fenêtre »46 se constituent dans le texte comme un appel au rassérènement et à la confiance, ou même encore au sentiment d’être élu de Dieu. Chaque fois que Joseph contemple la vue de sa fenêtre, son sentiment religieux se conforte et s’exalte : « il alla s’appuyer à la fenêtre et regarda les collines dont la ligne indécise semblait s’évanouir dans une brume lumineuse. Irrésistiblement, les paroles du psaume lui montèrent à la bouche et il les chuchota pour se rendre courage »47 et plus loin48, tandis qu’il s’approche de sa fenêtre, « une fois de plus, l’incompréhensible bonheur s’empara de lui : il lui sembla qu’une force inconnue circulait dans tout son corps ». Ce paysage végétal, presque pastoral, n’est pas étranger à l’univers des psaumes, notamment aux psaumes 120 et 22 de la Vulgate que se récite le héros, en particulier au moment de sa crise nocturne49. La fenêtre dans le roman représente symboliquement le regard de Dieu et le devoir de transparence de celui qui se soumet à sa volonté. Lorsque Joseph essayant le costume que lui a offert David se détourne de la glace à laquelle il a consenti un coup d’œil narcissique et se tourne vers la fenêtre », il est soudain frappé d’une pensée : « Tes prières ! »50 ; sa méditation sur les Saints lui vient de la même manière lorsqu’il se dirige vers la fenêtre51. On ne peut que penser que se trahit à travers tous ces détails convergents – et bien d’autres pourraient être cités – le témoignage d’une pensée ou d’une pratique des plus intimes et d’une attention toute particulière à la présence de la lumière et du souffle qui entrent dans la maison de l’homme comme signes possibles de la présence de Dieu. « Le rideau de tulle que la brise nocturne soulevait doucement »52 et qui « semblait vivre et palpiter »53 dans Moïra, comme les rideaux blancs dans Chaque homme dans sa nuit qui « s’enflaient et se creusaient » « dans la brise tiède qui soufflait de la fenêtre »54, manipulés par « des mains invisibles [qui] les agitaient en silence » signalent une méditation latente sur les signes possibles d’un monde irrévélé dont la découverte peut être imminente. On pourrait appliquer au narrateur-auteur des romans le propos qu’il tient à propos d’Élise dans Si j’étais vous... : « Malgré elle, Élise tendait l’oreille à ces bruits qui lui parlaient d’un monde où il lui semblait parfois qu’elle perdait pied, comme si, à ce monde visible, un autre se substituait, invisible, mais d’une réalité plus forte »55. On trouve dans le Journal de Julien Green à la date du 24 novembre 1934 le récit d’une expérience qui peut conforter en partie nos analyses :
L’autre soir, par un mouvement soudain inexplicable, et comme si j’avais été poussé en avant, je suis tombé à genoux devant la fenêtre. [...] J’étais seul dans la maison. Quelqu’un pourtant s’est tenu derrière moi pendant près d’une minute. Il n’y a pas dans ma vie d’événement dont la réalité me paraisse plus certaine. J’ai retenu mon souffle comme pour arrêter le passage du temps, et c’est tout ce que je puis dire, le reste étant au-delà de notre langage56.
12Ainsi gravite autour du motif de la fenêtre dans l’œuvre de Julien Green tout un jeu d’appels et d’interdits qui ont très probablement leur source dans l’expérience religieuse de l’auteur. Mêlant dans l’imaginaire greenien l’angoisse de la solitude et de l’exclusion et le désir du monde et de l’autre, la fenêtre se constitue au niveau narratif comme le lieu symbolique du passage et de la transgression. Elle symbolise aussi éminemment un désir de transparence, de légèreté, de délivrance et indique pour certains personnages une tension vers l’angélisme ou la sainteté. On ne saurait trop l’opposer à « l’autre fenêtre », également récurrente dans l’œuvre de Green, la « fenêtre noire » à « l’épouvantable rideau noir » du confessionnal aveugle : son opacité qui renvoie à la conscience de la faute et de l’impureté en fait l’exact contraire du château de l’âme que construit M. Edme dans son rêve, château dont les parois de verre transparentes « laissaient plonger les regards à l’intérieur des pièces et le long des galeries »57. Le pouvoir de « regarder à travers » et de rendre tout être transparent, s’il est une prétention démoniaque de quelques individus méchants ou malheureux, s’il peut être le privilège délicat du romancier, créateur et démiurge lui aussi, est surtout l’apanage du divin ou de celui que le pardon, donné ou reçu, a racheté. On comprend dès lors pourquoi le christ en métal sur sa croix de peluche qui préside bien malgré lui aux manigances de Madame Londe garde « les yeux clos »58, pourquoi surtout Wilfred, sauvé par son pardon, « [m]algré ses paupières closes, [...] semblait nous observer de loin, comme d’une région de lumière »59.
Bibliographie
Éditions utilisées
Léviathan, Livre de Poche, Fayard, 1993.
Si j’étais vous..., Livre de Poche, Fayard, 1993.
Pour tous les autres romans : édition de la Pléiade, textes établis, présentés et annotés par Jacques Petit, tomes I, II et III (1972, 1973).
Notes de bas de page
1 Julien Green, Adrienne Mesurat, édition Gallimard. Bibl, de La Pléiade, tome I, p. 394. Nous soulignons.
2 Julien Green, Léviathan, édition Fayard, Livre de poche, 1993, p. 110.
3 Julien Green, Minuit, in Œuvres complètes, édition Gallimard, Bibl. de La Pléiade, tome II, p. 516.
4 Julien Green, Léviathan. op. cit., p. 36. Nous soulignons.
5 Julien Green. Si j’étais vous.... édition Fayard, Livre de poche, 1993, p. 15-16.
6 Ibid., p 144.
7 Julien Green, Épaves, in Œuvres complètes, op. cit., tome II, p. 142.
8 Julien Green, Chaque homme dans sa nuit, in Œuvres complètes, op. cit., tome III, p. 520.
9 Julien Green, Adrienne Mesurat, op. cit., p. 307.
10 Julien Green, Léviathan, op. cit., p. 41 : « Une mince plaque de verre le séparait de l'air frais et vif, des cris, du vent dans les arbres ; une vitre, il n’en fallait pas plus pour qu’il se sentît prisonnier ». Cf. Adrienne Mesurat, op. cit., p. 395 : « l’idée de fermer la fenêtre, de mettre entre elle et le monde ces quatre vitres qui suffisaient à étouffer ses cris, cela, elle ne le supportait pas ».
11 Julien Green, Chaque homme dans sa nuit. op. cit., p. 697.
12 Ibid., p. 700.
13 Julien Green, Minuit, op. cit., p. 469.
14 Ibid., p. 467.
15 Julien Green, Épaves, op. cit., p. 13.
16 Ibid., p. 159.
17 Ibid., p. 170.
18 Ibid., p. 177.
19 Ibid., p. 177.
20 Julien Green, Chaque homme dans sa nuit, op. cit., p. 531.
21 Ibid., p. 564. Le propos paraît une allusion intertextuelle à la scène où Élise reconnaît la métamorphose de Camille à travers le seul regard : « Par un effort subit, elle releva les paupières et plongea son regard dans les yeux du jeune homme. À ce moment une pensée lui vint qui la glaça : « Ce n'est pas Camille » (Si j’étais vous.... op. cit., p. 210).
22 « Il était impossible de rien lire sur ces traits qui semblaient incapables d’exprimer aucune émotion humaine » (Léviathan, op. vit., p. 45).
23 Ibid., p. 45-46. Cf. aussi Moïra : « Il n’aimait pas ses yeux clairs qui l’examinaient avec une sorte d’impudence et semblaient même lui percer le crâne, car on eût dit qu’au centre de l’iris bleu pâle, la pupille noire et méchante, pareille à un œil plus petit, le clouait au mur » (Œuvres complètes, tome III, p. 5).
24 Julien Green, Si j'étais vous.... op. cit., p. 219.
25 Cf. « Guéret regarda Mme Grosgeorge à la dérobée, mais elle semblait changée en pierre » (Léviathan, op. cit., p. 46).
26 Ibid., p. 43.
27 Julien Green, Épaves, op. cit., p. 7.
28 Ibid., p. 191.
29 Julien Green, Si j’étais vous.... op. cit., p. 125.
30 Jacques Petit, Julien Green, édition Desclée de Brouwer, 1969.
31 Julien Green, Minuit, op. cit., p. 519-520.
32 Julien Green, Épaves, op. cit., p. 191.
33 Cf. Moïra : « Simon avança d’un pas et s’appuyant à la table, plongea son regard dans les grandes prunelles sombres pour y lire une pensée qu'il n’arrivait pas à démêler » (p. 64) ; Épaves : « Le visage perplexe de Philippe se leva vers elle et pendant plusieurs secondes ils se regardèrent, arrêtant aux bords de leurs lèvres les paroles qu’ils lisaient dans leurs yeux » (p. 160) ; Chaque homme dans sa nuit : « Wilfred eut le sentiment que cet homme lisait clairement en lui et devint blême » (p. 485). Nous soulignons.
34 Œuvres complètes, op. cit., tome II, p. 1529.
35 Julien Green, Léviathan, op. cit., p. 40.
36 Ibid., p. 256. Dans Épaves. Henriette qui rêve à la fenêtre ressent cette impression analogue d’apaisement et de détachement (p. 177).
37 Mélanie Klein, Envie et gratitude et autres essais, éd. Gallimard. 1968. rééd. Tel Gallimard, 1996, p. 157.
38 Si j’étais vous...,op. cit., p. 17.
39 Jean-Jacques Jura, « Le Visionnaire » et « Si j’étais vous... », deux romans de l’extrême, in Lectures de Julien Green. Société Internationale d’Études Greeniennes, textes réunis par Marie-Françoise Canérot, Noël Herpe et Michèle Raclot, édition J.-P. Piriou, Université de Géorgie, 1994.
40 Julien Green, Si j’étais vous..., op. cit., p. 244.
41 Ibid., p. 246.
42 Ibid., p. 145.
43 Ibid., p. 188-189.
44 Julien Green, Moïra, op. cit., p. 12.
45 Ibid., p. 36.
46 Ibid., p. 42.
47 Ibid., p. 37.
48 Ibid., p. 105.
49 On notera que pendant cette crise, Joseph se réfugie près de la fenêtre, abandonnant la chambre aux ombres démoniaques.
50 Ibid., p. 94.
51 Ibid., p. 132.
52 Ibid., p. 88.
53 Ibid., p 116.
54 Julien Green, Chaque homme dans sa nuit, op. cit., p. 672.
55 Julien Green, Si j’étais vous..., op. cit., p. 187.
56 Julien Green, Journal, in Œuvres complètes, tome IV, p. 347.
57 Julien Green, Minuit, op. cit., p. 596.
58 Julien Green, Léviathan, op. cit., p. 80.
59 Julien Green, Chaque homme dans sa nuit, op. cit., p. 708.
Auteur
Université de Besançon
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