10. Les désindustrialisations au XIXe siècle. Une étude de cas : l’éclatement de la nébuleuse métallurgique alpine, une désindustrialisation créatrice ?
p. 193-212
Texte intégral
1La perception contemporaine de la désindustrialisation des pays occidentaux, notamment de la France, comme d’un phénomène responsable du chômage de masse conduit à assimiler la désindustrialisation à une catastrophe sociale. Cette assimilation est devenue un classique de l’historiographie puisque Franklin Mendels, qui avait pourtant remis en question le postulat de la « révolution industrielle » avec sa théorie de la proto-industrialisation, voyait ce processus se terminer par la paupérisation généralisée du monde des proto-ouvriers (notamment Mendels, 1984, p. 977-1008). L’historien américain a néanmoins attiré l’attention sur la disparition de l’industrie en montrant qu’elle doit être considérée comme l’un des aspects de l’industrialisation. « La révolution industrielle », écrit-il, « fut autant une désindustrialisation massive, autant une pastoralisation, autant une grande dépopulation des campagnes, qu’une grande construction de fabriques et une croissance des villes » (Mendels, 1986, p. 190-191). La poursuite des travaux sur le terrain de la proto-industrialisation s’est révélée féconde puisque l’on a pu montrer notamment que cette forme d’activité économique ne débouche pas forcément sur la désindustrialisation (Minovez, 2008 ; Olivier, 2004 ; Judet, 2004).
2L’exemple de la désindustrialisation de la vieille nébuleuse métallurgique alpine dans la seconde moitié du XIXe siècle paraît particulièrement indiqué pour étudier les phénomènes de désindustrialisation. La structure éclatée de ce territoire industriel transfrontalier composé de plusieurs systèmes locaux de production dispersés entre Crans, situé près d’Annecy, et Rives, en Isère, présente en effet une pluralité de cas de désindustrialisation ou de reconversion fort différents les uns des autres, notamment dans sa partie savoyarde non traitée jusqu’alors par l’historiographie1. Classiquement on a tendance à expliquer ce type de phénomène en insistant sur le fait que la vieille métallurgie au bois disparaît sous l’effet de la transformation de la métallurgie du fer sous l’effet combiné du développement des transports, de l’adoption des techniques anglaises, du libéralisme douanier et de la crise de l’énergie-bois. Or, c’est au milieu du XIXe siècle que la très ancienne nébuleuse métallurgique alpine atteint son apogée. Pourquoi cette longue survivance ? Comment un territoire industriel peut-il éclater ? Pourquoi les évolutions de ses différentes composantes sont-elles différentes ? Quelles sont leurs capacités d’évolution ? Dans quelle mesure ces évolutions sont-elles liées à la structuration des formations sociales locales ? Pour répondre à ces questions, en plus des archives classiques déposées aux archives départementales de la Savoie (ADS) par les administrations sarde et française, on dispose de deux fonds privés. Le premier, le fonds Grange qui rassemble les papiers de la famille du plus important des maîtres de forges de Maurienne comporte des documents d’une très grande richesse, notamment sa correspondance avec ses clients2. Le second, le fonds Despine, rassemble les archives de Joseph Despine, ingénieur des mines et responsable des affaires métallurgiques, minières et forestières pour les États sardes. Ce fonds permet de saisir le point de vue de l’État3. En s’appuyant notamment sur ces sources, on examinera l’organisation de la nébuleuse métallurgique avant de s’intéresser à trois exemples d’évolution différents : la désindustrialisation sèche de la Basse-Maurienne sidérominière, la poursuite du processus d’industrialisation et l’émergence de l’entreprise moderne dans le val Gelon et à Crans, et la reconversion des Bauges de la clouterie à l’élevage et à la production fromagère.
I. La nébuleuse métallurgique : une structure territoriale éclatée
1. Une structure territoriale de longue durée
3L’existence de la nébuleuse métallurgique alpine repose sur la présence dans le massif des Hurtières-Belledonne d’un minerai de fer susceptible de fournir de l’« acier naturel ». Le cœur du système est constitué par les activités minières et sidérurgiques de Basse-Maurienne (Savoie) et d’Allevard (Isère) qui bénéficient de la présence de forêts abondantes. Même s’il existe des mines de fer secondaires et des hauts fourneaux hors de cette zone dans les Bauges, dans le bassin de Faverges-Crans en Savoie, à Fourvoirie et à Rioupéroux en Chartreuse, c’est en Basse-Maurienne et à Allevard que l’essentiel des « fontes aciérieuses » est produit.
4Ces fontes sont affinées dans tout l’espace de la nébuleuse, notamment dans les aciéries et les forges du seuil de Rives, du val Gelon (Arvil-lard-La Rochette) et du bassin de Faverges-Crans. Les « aciers naturels » de Rives, dont la réputation date de la fin du Moyen Âge, alimentent l’armurerie de la région stéphanoise et la coutellerie de Thiers. Le reste de la production est transformé dans les taillanderies du seuil de Rives et du val Gelon, qui sont très actives en raison du développement agricole et de la petite exploitation rurale4, et dans les très nombreuses clouteries artisanales des Bauges et du plateau matheysin (La Mure). Au cours du XIXe siècle, ces activités classiques sont de plus en plus relayées à Allevard et à Crans par des productions nouvelles liées au développement des marchés ferroviaires en raison de l’excellente réputation des fontes aciérieuses au bois.
5Des relations de longue durée lient les divers systèmes productifs locaux qui constituent la nébuleuse métallurgique alpine, notamment celles qui unissent son cœur sidérominier et les lieux de transformation des fontes. Ces liens qui peuvent avoir un caractère transfrontalier survivent aux périodes pendant lesquelles la France et les États sardes adoptent des politiques protectionnistes, notamment pendant la Restauration. Ces relations de longue durée constituent une chaîne de production, de savoir-faire et de connivence : les aciéristes de Rives préfèrent les fontes savoyardes et les couteliers de Thiers tiennent à travailler des aciers de Rives. Cette solidarité n’interdit pas, bien au contraire, une flexibilité de l’ensemble de la chaîne et une flexibilité des systèmes locaux de production.
6Le caractère flexible de ces liaisons et des systèmes de production locaux repose sur une pluriactivité généralisée. Mais, contrairement à ce qu’en disent les élites, l’activité industrielle n’est pas forcément une activité de mauvaise saison et un simple complément à l’agriculture puisque nombre d’activités industrielles ont lieu l’été. Cette pluriactivité est massive. L’ensemble sidérominier de Basse-Maurienne constitué par les mines de Saint-Georges-d’Hurtières et les trois hauts fourneaux de Basse-Maurienne (Randens, Epierre et Argentine) donne du travail à 600 personnes environ dont une bonne moitié de mineurs. Les hauts fourneaux n’ont pas véritablement de rythme saisonnier, ils travaillent en fonction de la demande. Les clouteries des Bauges emploient 300 à 400 personnes entre la fin du premier Empire et l’annexion de la Savoie à la France.
7Si la pluriactivité présente l’inconvénient pour ceux qui la pratiquent de voir leurs employeurs leur verser de faibles rémunérations dont le paiement est organisé de façon à les mobiliser selon les besoins de la production, elle permet également aux travailleurs d’entretenir l’espoir de consolider leur petite propriété foncière et leur place dans la communauté villageoise. Ces sociétés proto-industrielles locales sont donc organisées autour de « conventions proto-industrielles » (Dewerpe, 1985, p. 466), comme celles qu’Alain Dewerpe a décrites pour l’Italie du Nord, qui permettent aux pluriactifs de se maintenir sur place et de finir leur carrière comme « propriétaires », membres reconnus d’une communauté locale.
8La micropropriété domine dans ces zones de pluriactivité. À Saint-Georges-d’Hurtières, sur 300 propriétaires en 1810, on compte 37 % de propriétaires de moins d’un demi-hectare et 45 % de propriétaires d’un demi à cinq hectares (Levet, 1974). L’importance de la population et la croissance démographique que connaît la commune dans la première moitié du XIXe siècle doivent sans doute beaucoup à la production métallurgique et minière.
9Pourtant, l’importance des activités industrielles se traduit peu dans les sources officielles. On est rarement « mineur » et presque jamais « charbonnier » sur les listes de recensement ou les actes d’état civil. L’importance de la main-d’œuvre employée dans l’industrie n’apparaît guère que dans les livres de comptes des maîtres de forges, dans les enquêtes administratives ou quelquefois dans les sources judiciaires à l’occasion d’un procès. L’idéal agrarien des élites qui assimile la campagne – et plus encore la montagne – à l’agriculture rejoint l’idéal populaire qui fait de l’état de « propriétaire » ou de « cultivateur » un idéal social.
10Les systèmes de production locaux qui sont autant de nébuleuses pluriactives locales sont très efficaces. Le haut val Gelon connaît son maximum démographique au milieu du siècle et l’on atteint presque des densités de 100 h/km2 dans certaines communes. Arvillard qui est située entre 400 et 2 760 m d’altitude a 1 437 habitants en 1838, plus que la capitale de la petite région, La Rochette, qui n’en compte que 1 253. C’est le triomphe de la pluriactivité montagnarde qui permet la flexibilité du système mais cette pluriactivité est également responsable d’une importante pression sur la terre qui accroît encore le prestige du titre de « propriétaire ».
11Ce type de fonctionnement économique et social n’est pas incompatible avec une réelle compétence technique, notamment chez les fondeurs et les forgerons. Aussi les forgerons d’Arvillard sont-ils une exception parmi les pluriactifs puisqu’ils revendiquent leur appellation de « forgerons », ce qui n’empêche pas les ménages auxquels ils appartiennent de montrer leur pluriactivité en désignant les femmes et les hommes âgés comme « cultivateurs » sur les listes nominatives de 1848. Ce type particulier de main-d’œuvre connaît une certaine mobilité qui lui permet d’améliorer sa compétence et les forges accueillent quelquefois des ouvriers étrangers, notamment comtois, ce qui est un moyen efficace d’innovation compatible avec le système social en place. Mais le regard normatif des élites sur ces sociétés qu’elles considèrent comme archaïques saisit rarement leur fonctionnement et ce type de transformation passe presque complément inaperçu.
2. Un territoire en mouvement
12La nébuleuse métallurgique alpine qui connaît son apogée au milieu du XIXe siècle est confrontée avec d’importantes transformations qui affectent plus ou moins rapidement l’économie européenne et qui sont inégalement compatibles avec les diverses formations sociales appartenant à cette chaîne de production.
13La révolution des transports tarde à se faire sentir dans les Alpes, ce qui prolonge d’autant la survie des moyens de transport anciens (transports par voiture et par voie d’eau sur l’Isère) dopés par la croissance de la demande en produits métallurgiques. La nébuleuse métallurgique n’est globalement connectée au réseau ferré que vers 1860. Alors que la première ligne de chemins de fer française est ouverte à Saint-Étienne en 1827 pour assurer le transport de charbon du Forez vers la Loire et que la ville est reliée à Lyon en 1832, le Dauphiné accuse un retard dans ce domaine. L’opposition au chemin de fer est particulièrement nette dans en Isère notamment de la part de la chambre consultative des manufactures de Grenoble qui craint de perdre des débouchés avec l’ouverture d’une ligne de chemin de fer (Léon, 1954, t. 2, p. 472). Malgré les efforts d’hommes comme le maître de forges d’Allevard, Charrière, la région de Grenoble-Rives n’est reliée aux grandes lignes qu’en 1860. En Savoie, la ligne d’Aix-les-Bains à Saint-Jean-de-Maurienne est ouverte en 1856, elle est reliée à Grenoble en 1864 et à Annecy en 1866. La ligne d’Aix-les-Bains à Saint-Jean-de-Maurienne est prolongée du côté français par Culoz en 1858 et vers l’Italie avec l’ouverture du tunnel du Mont-Cenis en 1871.
14Les politiques menées par les États français ou sardes sont par ailleurs ambiguës. Le protectionnisme qui n’est abandonné que dans les années 1850-1860 contrarie les volontés de développer la métallurgie du fer, cruciale pour la France et le Piémont-Sardaigne qui, à des degrés divers, veulent s’affirmer sur le plan militaire. Cette volonté étatique de développement est également contrariée par la peur de la crise énergétique (Buridant, 2008) qui impose un régime d’autorisations pour toute ouverture d’usine afin de ménager les ressources forestières. Mais cette politique conduit l’État à favoriser les établissements qui consomment moins de bois que les autres, ce qui joue en faveur des innovations techniques5.
15Les techniques anglaises qui font figure d’idéal technique et qui se répandent en Europe marquent une rupture avec les procédés de fabrication pratiqués sur le continent. Elles consistent d’abord en une sidérurgie au coke. L’opération suivante se fait à la houille par le procédé du puddlage qui consiste à affiner la fonte pour obtenir un acier peu chargé en carbone par contact d’une masse de fonte avec une scorie oxydante dans un four à réverbère doté d’une voûte rabattant la chaleur. Enfin, le produit ainsi obtenu est transformé dans des laminoirs. Les techniques anglaises permettent une production massive, moins chère et plus régulière que celle qui est issue de la sidérurgie au bois mais, sur le continent européen, les fontes au bois sont souvent préférées aux fontes au coke en raison de leur qualité. De plus, le prix de la houille reste un obstacle de taille dans la mesure où les usines métallurgiques sont situées dans les mondes ruraux et montagnards mal desservis par les transports modernes. Mais la raison essentielle de cette réticence à adopter la sidérurgie à l’anglaise réside dans l’existence de conventions proto-industrielles qui permettent l’exploitation des forêts, la limitation des investissements et des salaires tout en donnant les moyens à la main-d’œuvre de se maintenir sur place. La voie qui se dessine dans la première moitié du XIXe siècle dans les Alpes est celle d’un métissage technique alliant la production de fonte au bois et l’affinage à la houille, ce qui présente l’avantage, moyennant quelques améliorations des techniques sidérurgiques, de diminuer fortement la consommation de charbon de bois (Judet, 2013, p. 23-32). Les améliorations du vieux système technique sont poussées très loin. Le Play lui-même vient aux forges de Fourvoirie à l’entrée de la Chartreuse et transforme les vieilles usines en une « fabrique de fer et d’aciers puddlés au bois et en fabrique de bandages pour roues de locomotives et de wagons »6.
16De la fin du XVIIIe siècle aux années 1870-1880, la configuration territoriale de la nébuleuse métallurgique ne cesse d’évoluer sous l’effet combiné des politiques étatiques et des transformations techniques.
17Avant la Révolution, la métallurgie du fer repose largement sur l’existence de domaines monastiques qui disposent de vastes forêts et d’une main-d’œuvre importante en Savoie (chartreux de Saint-Hugon, d’Aillon, cisterciens de Tamié et bénédictins de Bellevaux) et en Dauphiné (grande Chartreuse) tandis que les producteurs laïcs de Basse-Maurienne et d’Allevard montent en puissance. Alors que le minerai de fer était largement exporté quelquefois loin des mines, les producteurs de fonte voisins des meilleurs gisements affirment leur domination sur la chaîne de production.
18Pendant la Révolution et l’Empire et après l’annexion de la Savoie à la France en 1792, la demande en produits métallurgiques pour la Défense nationale stimule la production tandis que les ingénieurs des mines favorisent la constitution d’un ensemble de production iséro-savoyard qui épouse les limites de la nébuleuse métallurgique. La dislocation des domaines monastiques vendus comme biens nationaux laisse le champ libre aux producteurs de fonte laïcs susceptibles de contrôler les ressources naturelles. C’est ainsi que s’impose la prééminence des de Barral d’Allevard et de la famille Grange en Basse-Maurienne. Louis Grange exporte le tiers de ses fontes en Isère, notamment vers les aciéries de Rives.
19Le repli protectionniste de la Restauration n’interrompt pas les liens entre les producteurs de fonte savoyards, notamment de Basse-Maurienne, et les aciéristes de Rives. L’ouverture libérale qui commence à la fin des années 1830 permet d’augmenter considérablement les exportations de fonte savoyarde. En 1847, François Grange, le fils de Louis, vend la moitié de sa production en Isère.
20Après les traités de libre-échange du milieu du siècle et l’annexion de la Savoie à la France en 1860, les liens entre la Basse-Maurienne et l’Isère se resserrent et Humbert Grange, le fils de François, qui vend presque 80 % de sa production dans ce département peut même exporter une petite partie de ses fontes dans la région stéphanoise où il compte de grands aciéristes comme Jacob Holzter parmi ses clients7.
II. Des désindustrialisations plurielles
1. La désindustrialisation sèche du cœur du système : le cas de la Basse-Maurienne sidérominière
21Dans la première moitié du XIXe siècle, la position la plus favorable au sein de la nébuleuse métallurgique est celle qu’occupent les grands producteurs de fonte qui sont au centre de la chaîne de production. Parmi ces gros maîtres de forges, c’est la famille Grange de Randens en Basse-Maurienne qui est la plus dynamique.
22La puissance des Grange repose sur la maîtrise des ressources naturelles et sociales nécessaires à la bonne marche du haut-fourneau. La famille Grange est une famille de grands propriétaires fonciers, avocats et maîtres de forges. Le patrimoine déclaré dans le canton d’Aiguebelle au moment du décès de François Grange en 1861, d’une valeur de 400 000 francs environ, est composé pour les trois quarts d’avoirs immobiliers8. Cette assise terrienne permet à la famille Grange d’affirmer sa puissance en Basse-Maurienne tout en assurant partiellement son approvisionnement en bois et en produisant des denrées agricoles9 dont une partie sert fréquemment à nourrir ses employés. Cette main-d’œuvre constituée de micropropriétaires encadrés par des ouvriers spécialistes en général étrangers est souvent débitrice des Grange. Cette dépendance permet au maître de forges de gérer sa main-d’œuvre par un système de « promesses » ou « conventions » conçu pour coordonner les tâches et assurer la bonne marche du haut-fourneau qui doit répondre à la demande irrégulière des clients savoyards ou isérois. Aussi le travail n’est-il pas forcément saisonnier : la main-d’œuvre travaille en fonction des commandes de fonte. Cette convention proto-industrielle permet au maître de forges d’effectuer peu d’investissements et à sa main-d’œuvre de se maintenir sur place.
23Ce système repose sur l’exploitation d’un environnement adapté. La forêt de taillis dominant qui fournit le charbon de bois est propriété privée – celle des maîtres de forges et les parcelles paysannes – et propriété communale. Contrairement à l’idée dominante répandue notamment par les ingénieurs des Eaux et Forêts à la fin du XIXe siècle, les zones boisées ne sont pas menacées de disparition10, comme le montre la présence de toutes sortes d’animaux, et notamment d’un gibier abondant, de loups et d’ours (Judet, 2014, p. 217-238).
24Dans un premier temps, le système mis en place par la famille Grange profite du développement du chemin de fer pour se tourner de plus en plus vers une clientèle iséroise et même ligérienne. Mais le point de rupture est atteint après 1860 en raison du développement des transports, de la croissance considérable des besoins en acier et de l’emploi de nouvelles techniques comme le convertisseur Bessemer qui permettent de répondre à la nouvelle demande. En 1875, Humbert Grange cède donc la concession entière des mines de Saint-Georges-d’Hurtières qu’il vient d’obtenir à Schneider. L’industriel déstructure la nébuleuse métallurgique alpine en intégrant ses acquisitions dans un nouveau territoire industriel à la taille de la firme du Creusot. Mais l’exploitation sera de courte durée et les mines de Saint-Georges sont abandonnées à la fin du XIXe siècle.
25Le système Grange qui repose sur une maîtrise des ressources naturelles et sociales de la Maurienne ne permet pas de reconversion industrielle. Après avoir cédé son domaine à Schneider, la famille Grange profite, encore une fois, de sa richesse foncière et du développement des chemins de fer pour exploiter un gisement de gypse et pour vendre du plâtre dans tout l’ancien duché de Savoie et jusqu’à Genève. Mais l’activité qui n’est jamais modernisée ne dure qu’un temps et succombe devant la concurrence d’entrepreneurs soucieux d’adapter leur production à une demande en évolution. Le même schéma se reproduit avec la forêt. Toujours en taillis, elle est exploitée pour fournir du bois de chauffage et fournir des fagots aux chemins de fer puis pour répondre aux besoins de la papeterie.
26La commune de Saint-Georges-d’Hurtières connaît alors une décrue démographique masquée par l’arrivée d’une main-d’œuvre étrangère qui travaille temporairement dans les mines reprises par Schneider. La baisse de la population due à l’émigration qui touche les jeunes adultes, hommes et femmes, est masquée un taux de natalité qui reste important (de plus de 40 pour 1 000 en 1830-1840 à 30 pour 1 000 en 1886- 1891) tandis que le taux de mortalité est relativement faible (22 pour 1 000 en 1866-1886) [Chambon, 1947, p. 163]. Il faut également compter avec la présence de « nourrissons » lyonnais envoyés par le service des enfants assistés du Rhône. Enfin, l’attachement des populations à un style de vie et le fait que la fin de l’activité corresponde en grande partie à l’arrivée en fin de carrière pluriactive de la main-d’œuvre qui a travaillé à l’apogée du système, expliquent que le nombre de « cultivateurs » reste élevé. L’importante activité sidérurgie et minière de la Basse-Maurienne ne débouche sur aucune activité industrielle nouvelle et la population de Saint-Georges, pourtant habituée aux durs travaux de la mine, ne se retrouve pas dans les usines de l’électro-industrie naissante des débuts du XXe siècle. Il s’agit donc d’une désindustrialisation sèche, ce qui n’est pas le cas des autres systèmes de production localisés savoyards de la nébuleuse métallurgique alpine.
2. Deux chemins d’industrialisation
27Non seulement les Forges de Cran et celles du val Gelon qui sont en périphérie de la nébuleuse métallurgique ne disparaissent pas avec la fin de ce vieux territoire proto-industriel, mais elles se transforment peu à peu en des entreprises industrielles de type moderne.
28La fin de l’ensemble sidérominier de Basse-Maurienne n’empêche pas le val Gelon de connaître jusqu’à aujourd’hui un processus industriel sans rupture11. Pays de forges petites et moyennes situé entre les ensembles sidérominiers d’Allevard et de Basse-Maurienne, la région d’Ar-villard-La Rochette est riche de son savoir-faire. Arvillard a la réputation d’être un village de forgerons. Dans ce petit bassin industriel, aucune famille n’a réussi à maîtriser des ressources naturelles qui sont bien moins importantes que dans les deux systèmes productifs voisins. Issue du monde du négoce et des transports grenoblois, la famille Leborgne qui a repris le haut-fourneau monastique des chartreux de Saint-Hugon au début du XIXe siècle tente bien de rassembler sous sa houlette les mines locales mais leur intérêt limité l’oblige à faire appel au minerai mauriennais. Quant aux autres maîtres de forges, comme Grasset d’Arvillard, ils doivent acheter des fontes aux Grange.
29Le système productif du val Gelon n’est pas figé. Les techniques comtoises sont introduites dans la première moitié du XIXe siècle avec l’appui de l’État sarde et l’affinage à l’anglaise parachève la transformation : dans les années 1840 et 1850, Leborgne et Grasset se dotent de fours à réverbère (Mollard, 1984, p. 116 ; Salamand, 2001, p. 155). Négociants-propriétaires ou artisans à l’origine, ces hommes se muent peu à peu en chefs d’entreprise, comme Leborgne qui se met à tenir des cahiers techniques, sans doute sur les conseils de l’ingénieur des mines Gueymard. Ils se spécialisent de plus en plus nettement dans la taillanderie. Émile Leborgne qui produit au milieu du siècle de l’« acier naturel » et des « verges à clous », des « essieux », des « ressorts de voitures », et des « socs de charrues »12, fabrique de plus en plus d’outils destinés à l’agriculture et aux travaux publics après 1860 (Judet, 2009, p. 31-49). Grasset suit le même chemin. En 1873, la société Leborgne se désengage de Saint-Hugon dont les forêts qui servaient à alimenter le haut-fourneau en charbon de bois sont abandonnées à la société Foussemagne de Lyon. La forêt, entretenue et repeuplée, est exploitée notamment pour les papeteries qui prennent leur essor13. Cette transformation s’accompagne d’une mutation du système productif local : Arvillard cède la première place à La Rochette, le chef-lieu de canton, où les industries métallurgiques voisinent bientôt avec une cartonnerie et l’entreprise Leborgne déménage un peu plus bas dans la vallée à Pont-de-Bens sur le site d’une ancienne taillanderie (Salamand, 2001, p. 155).
30Les Forges de Crans – aujourd’hui Compagnie alpine d’Aluminium – doivent leur existence à un déménagement industriel qui a été pour le bassin de Faverges une désindustrialisation mais qui a permis la naissance d’une entreprise moderne à Crans. Au début du XIXe siècle, le bassin de Faverges rassemble une importante activité métallurgique autour du haut-fourneau monastique de Tamié. Sans minerai de fer local en quantité suffisante, la maîtrise des ressources naturelles et sociales est mal assurée par les maîtres de forges qui se succèdent depuis la Révolution et le départ des moines de Tamié. Mais la main-d’œuvre locale, pluriactive, est nombreuse et habituée aux travaux industriels. Alors que la production de fonte permet de réaliser de beaux profits, le comte de Chevron-Villette qui vient d’agrandir son domaine forestier fait construire un gros haut-fourneau au bois à Giez près de Faverges pour développer un ensemble de métallurgie de transformation. Le Comte qui bénéficie du protectionnisme sarde se fait attribuer le privilège exclusif de la fabrication de fer-blanc étamé pour une durée de quinze ans et son établissement peut porter le titre de Manufacture royale. Pour réaliser ses projets, le Comte fait appel aux Frérejean qui sont réputés pour leur connaissance des nouvelles méthodes de production, notamment des méthodes anglaises. Les Frérejean remplissent la mission qui leur est confiée, mais acquièrent également les petites forges de Crans où ils développent l’ensemble d’affinage de la fonte le plus moderne de Savoie qui fonctionne en partie à la houille. Ils se mettent donc à concurrencer leur ancien employeur. En 1822, les Frérejean obtiennent pour dix ans le monopole de la vente des ustensiles de cuisine en fer fondu (1822). En 1826, ils établissent un four à puddler chauffé par gaz de coke. Ils réussissent à convaincre l’administration des mines de dépouiller le Comte de ses privilèges au nom de l’efficacité énergétique et de l’impératif de modernisation. Les Frérejean peuvent ainsi déménager les hauts fourneaux de Giez et de Tamié à Crans et annexer les circonscriptions forestières qui fournissaient en exclusivité leur combustible à ces installations (1822-1845), dérégulant ainsi l’ancien système des autorisations d’usines. À la fin des années 1830, Frérejean produisent presque 60 % de la fonte du Duché et Crans la moitié du fer affiné savoyard. À côté d’objets courants comme les ustensiles de cuisine, ils produisent également du matériel ferroviaire, notamment des coussinets de chemins de fer et ils assurent ainsi leur avenir.
31En déménageant les activités métallurgiques du bassin de Faverges vers Crans, les Frérejean bouleversent le rapport de l’industrie à la main-d’œuvre. Les ouvriers de métier du haut-fourneau de Giez qui étaient en général d’origine comtoise les ont suivis à Crans et, pour développer les fabrications à l’anglaise, les Frérejean recrutent de nouveaux ouvriers spécialistes, notamment quelques ouvriers anglais. La main-d’œuvre non qualifiée est recrutée sur place. Les ménages des ouvriers pluriactifs du bassin de Faverges employés jusqu’alors dans la métallurgie se reconvertissent : les jeunes filles – surtout – mais aussi des jeunes garçons et des femmes trouvent du travail dans la soierie qui s’est développée dans la première moitié du XIXe siècle tandis que les hommes se tournent vers la terre. L’évolution vers l’entreprise s’est accompagnée de nouvelles formes de territorialisation de l’industrie. La reconversion des Bauges est plus radicale encore.
3. Une requalification territoriale : les Bauges du clou au fromage
32L’activité métallurgique boujue connaît une évolution chaotique dans la première moitié du XIXe siècle. La vieille sidérurgie monastique d’Aillon et de Bellevaux disparaît en raison de l’incapacité des nouveaux maîtres de forges à contrôler les approvisionnements en charbon de bois et en minerai de fer – jusqu’alors le minerai venait de Saint-Georges-d’Hurtières. Après celui d’Aillon, le haut-fourneau de Bellevaux est éteint en 1836. Pour écouler leur production de fonte, les premiers maîtres de forges avaient, dès le XVIIe siècle, favorisé la création et le développement de forges et de clouteries. Cette dernière activité, qui subsiste jusque dans la seconde moitié du XIXe siècle, utilise de la fonte importée de Basse-Maurienne et des vergettes de fer fabriquées dans les Bauges ou dans le val Gelon. Pas de gros maîtres de forges dans cette activité. Les clouteries sont des petites forges dispersées qui n’emploient pas plus de 10 personnes. La production est commercialisée par des marchands dont certains sont des propriétaires de forges. La clouterie connaît un très fort développement dans la première moitié du XIXe siècle dans quelques communes comme celle du Noyer, parallèlement à une croissance démographique impressionnante. En 1826 au Noyer, on compte « 20 forges à clous qui occupent 200 ouvriers »14 sur une population d’environ 800 habitants.
33Alors que les hommes en âge de travailler sont en général comptés comme « cultivateurs » dans les sources nominatives (état civil, listes nominatives de recensement), les pères et les parrains sont brusquement déclarés comme « cloutiers » sur les actes de naissance dans les années 1840 dans les communes cloutières. Cette affirmation d’une identité industrielle disparaît dans les années 1850-1860, mais elle correspond à un moment où la clouterie occupe une place hégémonique dans la pluriactivité qui fait vivre ce monde de petits propriétaires.
34Dans la seconde moitié du siècle, le développement des transports et la concurrence du clou fabriqué en usine affaiblissent et font disparaître la clouterie artisanale tandis que s’affirme une spécialisation progressive dans l’économie fromagère. Il n’y avait pourtant pas de fatalité dans ce processus de désindustrialisation. Le cas de la clouterie de Morez qui se reconvertit dans la grosse horlogerie le montre (Olivier, 2004). Plus près des Bauges, la clouterie de Matheysine fait place au travail à la mine de charbon de la Mure et à l’émigration d’une partie de l’élite cloutière. Dans la région stéphanoise, elle est remplacée par la métallurgie moderne. Dans le cas des Bauges, il s’agit bien d’un choix collectif local. Dans ce processus qui touche toutes les Bauges, la commune cloutière du Noyer est à l’avant-garde du mouvement : c’est là qu’est fondée la première fruitière en 1862 (Judet, Gal et Saint-Martin, 2014, p. 9-50). Cette souplesse dans la réorientation de la pluriactivité vers l’élevage et la production fromagère s’explique notamment par l’absence de maître de forges ou de négociant capable de contrôler les ressources naturelles et sociales. C’est sans doute ce qui confère à la pluriactivité boujue une capacité à saisir, mieux qu’ailleurs, les opportunités du marché alors que les marchés urbains et les transports se développent de concert.
35Le développement de l’économie fromagère se construit en parallèle avec une reterritorialisation des activités marquée par la rupture des liens avec la nébuleuse métallurgique, le développement de liens avec la ville autour de la commercialisation du fromage, le développement de fruitières dans les villages et le partage d’une bonne partie des communaux sous une forme de baux de longue durée de façon assez égalitaire pour assurer à chacun des « fesan feu » une place au village. Parallèlement, le rôle politique du canton et de ses représentants politiques dans la défense des intérêts agricoles s’affirme. Ce qui se traduit, en 1871, par l’élection de Charles-François Aymonier qui définit le canton comme « essentiellement agricole »15.
Conclusion
36La rupture d’un système sociotechnique a bien souvent pour conséquence la désindustrialisation mais l’aspect technique n’explique pas tout. Radicale en Basse-Maurienne, elle correspond à un système social dans lequel le maître de forges qui maîtrise les ressources naturelles et sociales n’entend pas se transformer en entrepreneur. Radicale aussi mais partagée et choisie dans les Bauges, elle correspond à une réorientation collective de la pluriactivité vers l’élevage et la production de fromage dans un monde de petits propriétaires. Dans certains cas, le système sociotechnique réussit à se maintenir en intégrant peu à peu les nouvelles techniques et surtout en se spécialisant plus nettement comme c’est le cas dans le val Gelon et à Crans qui profite du déménagement des activités métallurgiques du bassin de Faverges. Ainsi, spécialisation et/ou déménagements industriels permettent l’émergence de l’entreprise moderne et la construction d’un nouveau rapport au territoire de l’industrie reconvertie. Dans ces derniers cas, c’est sans doute la maîtrise incomplète des ressources naturelles et sociales qui a permis la mutation. Ces quelques exemples tirés de la disparition d’un territoire proto-industriel montrent, selon nous, que l’on gagnerait sans doute à considérer les désindustrialisations et les reconversions non comme des phénomènes entièrement subis mais comme des phénomènes qui peuvent comporter une part de choix collectifs et de choix rationnels16, choix qui doivent être analysés en fonction de la structuration de la formation sociale locale.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Le cas isérois a été en partie traité par Jean-François Belhoste dans sa thèse (1982).
2 Conservé au musée du Grand Filon à Saint-Georges-d’Hurtières, le fonds Grange est composé de 378 registres, 29 plans et 118 boîtes d’archives, soit 26 mètres linéaires.
3 Le fonds constitué par l’inspecteur général des mines, Joseph Despine, constitue l’essentiel du fonds Garbillon-Despine conservé aux archives départementales de Haute-Savoie sous la cote 11 J. Le fonds Garbillon-Despine est composé de 1 919 articles répartis en 449 cartons, soit 50 mètres linéaires.
4 Sur ce phénomène en général, voir Mayaud, 1999 ; sur ce phénomène en Savoie, voir Cholley, 1925.
5 Mémoire sur l’état des usines à fer du Royaume en 1837, Archives départementales de la Haute-Savoie (ADHS), fonds Despine, 11 J 869.
6 Note sur le projet de transformation des forges et usines de Fourvoirie en fabrique de fer et d’aciers puddlés au bois et en fabrique de bandages pour roues de locomotives et de wagons, (1858, Grenoble, F. Allier père et fils, 12 p.), ADHS, fonds Grange (FG) 773.
7 Correspondance de Grange avec ses clients, ADHS, FG 610-634.
8 Mutation par décès, François Grange, Randens, décédé le 19 1 1861, 3 Q 210, Aiguebelle n° 1, ADHS.
9 Livrances de denrées aux ouvriers, ADHS, FG 229-232.
10 Enquête sur les forêts du duché de Savoie (1827-28), ADHS, fonds Despine, 11 J 921.
11 Héritière de ce riche passé industriel l’entreprise Leborgne est aujourd’hui séparée en deux branches : la branche de l’entreprise Leborgne d’Arvillard (matériel de montagne, piolets Charlet-Moser) a été cédée au grenoblois Petzl et les produits sont conçus en bureau d’études à Crolles en Isère (Serraz, 2005, p. 14.) ; la branche outils de jardin, de voirie et de chantier a été vendue en 2007 au finlandais Fiskars réputé pour la qualité de sa production (Éco des pays de Savoie, 2010-2011, p. 62).
12 Lettre de Leborgne à Grange du 27 février 1851, ADHS, FG 521.
13 « Arvillard », [en ligne] < www.wikipedia.org/wiki/Arvillard>. Le Courrier des Alpes, 15 avril 1876.
14 ADHS, 1 FS 680.
15 Élection des conseillers d’arrondissement, 8-15 octobre 1871, ADHS, 3 M 481.
16 Voir la contribution d’Anne Dalmasso dans ce volume.
Auteur
Est maître de conférences HDR à l’université-Grenoble-Alpes et membre du Laboratoire de recherches historiques Rhône-Alpes (LARHRA) et travaille sur l’histoire industrielle, les territoires industriels, les mondes du travail, les sociétés de montagne, et l’histoire de l’environnement et de l’exploitation des ressources naturelles. Il a reçu, en 2016, le Prix d’Histoire « Techniques, entreprises et société industrielle » décerné par l’Académie François Bourdon et la Fondation Arts et Métiers pour son mémoire d’HDR intitulé Faire de l’histoire économique et sociale territorialisée. Apogée et éclatement de la nébuleuse métallurgique alpine (Savoie-Dauphiné, XIXe siècle), soutenu à l’université Lyon 2 en juin 2015. Il a notamment publié sa thèse au Presses universitaires de Grenoble sous le titre Horlogeries et horlogers du Faucigny (1849-1934). Les métamorphoses d’une identité sociale et politique (2004).
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