7. Territoires et désindustrialisations : trajectoires d’entreprises et marginalisation territoriale
p. 139-153
Texte intégral
1Se poser en 2015 la question du caractère « fatal » ou non de la désindustrialisation renvoie à des interrogations très contemporaines sur la place de l’industrie dans les économies du XXIe siècle et sur les spécificités de ce qui peut apparaître, en France, comme une nouvelle voire une ultime phase de désindustrialisation1. L’appréhension des mécanismes en cours est compliquée par le constat que cette situation n’est pas uniforme et par la bonne résistance de certains pays comme l’Allemagne (Annales des Mines, 2013, n° 3)2 voire la « réindustrialisation » d’autres à l’instar des USA3, ce qui bouscule l’idée convenue selon laquelle la désindustrialisation serait en soi une forme de modernisation, ouvrant la voie à une société postindustrielle comme l’on disait déjà dans les années 1960 (Touraine, 1969 ; Bell, 1973) puis à une société « de la connaissance » pour reprendre la terminologie des années 20004.
2Ces questions sont sérieuses et urgentes, mais elles s’inscrivent aussi dans une longue lignée de travaux portant sur la désindustrialisation, ou l’abordant parce qu’ayant traité de l’industrialisation5. Ils nous rappellent que ce phénomène n’est en rien récent et qu’il est même le compagnon régulier de l’industrialisation, au sens ou sa dynamique a toujours été la résultante de mécanismes de destruction et de création d’activités, qui certes ont produit dans le monde occidental des économies et des sociétés industrielles, mais ont aussi, à échelle de certains de leurs territoires produit des désindustrialisations6.
3À cet égard, la situation actuelle qui combine, à échelle mondiale, une progression en valeur absolue de la valeur ajoutée industrielle, une diminution de sa part relative et une réorganisation des systèmes productifs qui produit de nouveaux territoires industriels et en désindustrialise d’autres, n’est pas radicalement nouvelle. Cela ne signifie naturellement pas que les phénomènes soient similaires à ceux du passé, ne serait-ce que parce qu’ils se déroulent dans des contextes différents, mais aussi et surtout parce qu’ils relèvent de mécanismes qui sont divers, et qui ont chacun des implications territoriales particulières.
4Rappelons rapidement que le terme de désindustrialisation désigne, et parfois combine, des phénomènes qui portent à la fois sur la nature des systèmes productifs, leur localisation et leur place dans les systèmes économiques7. La désindustrialisation, que l’on mesure a minima par la baisse relative de l’emploi industriel et de la part de l’industrie dans la valeur ajoutée ou le produit intérieur brut, procède de mécanismes différents, cumulatifs ou non. Elle relève de phénomènes d’obsolescence des techniques et des produits et de phénomènes de sélection des firmes les plus performantes en situation de concurrence qui, couplés à des dotations de facteurs localisés, les concentrent dans les zones plus productives et les font disparaître dans d’autres. Elle relève surtout de mécanismes structurels, liés à la mutation des systèmes productifs eux-mêmes et de gains de productivité inégaux qui ont provoqué des phénomènes de « déversement de main-d’œuvre » entre des secteurs définis dans les années 19408 et dont on sait qu’ils sont de moins en moins opérants pour décrire les réalités les plus récentes. Ces mutations concernent a priori l’ensemble de l’industrie et n’ont donc pas de prévalence territoriale marquée, sauf qu’ils croisent des spécificités par branche qui peuvent réintroduire cette dimension. Enfin, phénomène le plus visible d’un point de vue territorial, la désindustrialisation a procédé largement de nouvelles localisations qui ont privilégié les zones à bas coût de main-d’œuvre puis à fort potentiel de marché, avec comme conséquences des destructions et surtout des non-créations d’emploi dans les zones les plus anciennement industrialisées.
5Au global, ces différents mécanismes ont conduit depuis les années 1970 à une très forte réduction de la place de l’industrie dans les « vieilles économies » et à l’effondrement de secteurs et de territoires industriels qui avaient été au cœur des dynamiques socioéconomiques depuis le XIXe siècle. Mais ils n’ont pas fait disparaître l’industrie, y compris des territoires européens. Celle-ci se trouve cependant placée dans une situation particulière au sein de la plupart des territoires où elle exerce ses activités. Parmi les multiples conséquences de la désindustrialisation, nous voudrions ici en souligner et illustrer une, celle qui fait de l’industrie une activité économique marginale y compris dans ses anciens bastions pour tenter de dégager certaines des conditions de possibilité, ou d’impossibilité, de la poursuite des activités industrielles dans ce contexte.
6La création de régions et de villes industrielles, fortement spécialisées économiquement et caractérisées socialement voire politiquement, a été une des caractéristiques des grandes phases d’industrialisation des XIXe et XXe siècles. Denis Woronoff, dans sa magistrale Histoire de l’industrie en France, rappelle l’écart qui sépare la France de 1780, « où l’ubiquité du travail industriel est la règle », de celle de 1880, dont « le territoire a été aménagé par un processus sélectif » (Woronoff, 1994, p. 328). Au travers de ce qui s’affirme comme des « régions industrielles », l’industrie est particulièrement visible et structurante, que ce soit dans les paysages, les sociétés ou les échanges économiques. Leur désagrégation a été aussi un des points marquants des mutations industrielles depuis les années 1970 : la fermeture des grands bassins miniers, l’effondrement de la sidérurgie Lorraine, des chantiers navals, la faillite de Creusot Loire ou la fermeture de Billancourt ont été perçus comme l’effondrement d’autant de mondes industriels qui annonçait la fin du monde industriel. Jefferson Cowie et Joseph Heathcott, dans leur ouvrage portant sur les conséquences sociales de la désindustrialisation aux États-Unis, évoquent avec justesse la violence de la disparition de « l’aura de permanence qui nimbait la culture industrielle de l’Europe et des États-Unis » et soulignent la difficulté qu’il y a « rendre compte de la destruction d’un ordre économique qui a pu sembler si enraciné et si omniprésent » (Cowie, Heathcott, 2003, p. 4). Envisager la pérennité de l’industrie dans un contexte désindustrialisé demande donc un effort pour se dégager du modèle antérieur, notamment dans ses modalités territoriales.
7Les représentations communes de l’industrie demeurent en effet fortement liées au modèle des territoires industriels, à laquelle la patrimonialisation de l’industrie a d’ailleurs largement contribué (Tornatore, 2010). Mais, comme le souligne un récent rapport de la Datar, si « ces représentations continuent aujourd’hui de structurer largement les représentations intuitives de l’industrie, [elles] correspondent de moins en moins à la réalité car ses formes, ses lieux, ses manifestations sont devenues plus variées et diffuses » (Le Blanc, 2012, p. 26). L’emploi industriel est aujourd’hui assez peu concentré, et il l’est de moins en moins. En France, les zones d’emploi où l’industrie a un poids élevé (supérieur à 30 %) ne sont que 65 sur 321 et elles ne regroupent que 16,5 % de l’emploi industriel national, qui se répartit donc pour l’essentiel dans des bassins d’emploi où sa part est modeste, certes dans les grandes métropoles à économies fortement tertiaires mais pas seulement, puisque les deux tiers sont situés hors des grandes zones d’emploi9. En Europe, une soixantaine de régions seulement sur 271 ont un « très haut niveau d’emploi industriel », principalement situées en ex-Europe de l’Est10. Une des conséquences de la désindustrialisation au global est donc de faire fonctionner l’industrie à échelle régionale selon des modalités très différentes de celle de la phase industrielle, dans la mesure où celle-ci occupe dans « ses » territoires une position de moins en moins structurante et de plus en plus marginale.
8Au vrai, cette situation est loin d’être aussi nouvelle qu’il y paraît, l’industrie n’ayant jamais été en totalité contenue dans les régions industrielles, les industries rurales tout particulièrement ayant fait l’objet d’une assez large invisibilisation dans le temps long, comme l’a montré J.-M. Minovez dans le cas du Midi (Minovez, 2012). La tertiarisation des économies, qui concerne aussi l’industrie dont une part croissante de l’activité et de la création de valeur relève de fonctions non productive, induit de manière structurelle la position minoritaire de l’industrie. Mais la question n’est évidemment pas purement quantitative. Dans une perspective territoriale, et de trajectoire économique des territoires, il s’agit de savoir comment l’industrie fonctionne dans des territoires qui ne sont plus industriels, au sens ou l’industrie n’est plus le cœur, ni de l’activité, en termes d’emploi et de la création de richesse, ni de l’identité du territoire.
9Pour illustrer ces interrogations, nous proposons deux cas d’évolution des rapports entre industrie et territoire, issus de travaux menés dans le cadre de l’actuelle région Rhône-Alpes, soit dans le cadre d’une région riche, de tradition industrielle et à l’économie diversifiée11. Selon les découpages prévalant jusqu’en 2015 et dont découlent la production des agrégats statistiques, la région Rhône Alpes est la deuxième région industrielle pour la valeur industrielle produite, comme pour le nombre d’emplois industriels, mais elle n’est que la douzième pour la part de l’emploi industriel dans l’emploi global. Elle a perdu le quart de ses emplois industriels entre 1990 et 2010, soit à peu près au même rythme que la moyenne nationale, ces pertes se concentrant dans ses deux principaux secteurs, la métallurgie et le textile. De par sa taille et son histoire, cette région se présente par ailleurs comme une « mosaïque de bassins industriels »12 qui offrent une grande variété de rapport entre industrie et territoire. L’INSEE n’en découpe pas moins de 27, dont deux fortement industrialisés où l’emploi industriel dépasse les 40 %, la vallée de l’Arve et le bassin d’Oyonnax. Hormis ces deux cas particuliers relevant de configurations de type district, l’industrie occupe moins de 20 % des emplois dans la plupart des bassins d’emploi, relevant de configurations qualifiées de « métropolitaine » et « d’étalement métropolitain », voire moins de 15 % dans les zones alpines et méridionales.
10Les logiques spatiales sont cependant difficiles à cerner comme en témoigne l’imprécision des classifications, et laissent ouverte la définition pertinente du territoire propre à chaque activité.
11De cette diversité de situations, nous en extrayons trois cas, qui relèvent d’une logique de branche ou de secteur, pour interroger leurs trajectoires en regard de la question de leur rapport aux ressources que leur(s) territoire(s) sont en capacité de leur fournir ou pas.
12L’un montre la difficulté à perdurer dans une branche et un territoire ou l’essentiel de l’environnement a disparu, celui de la corseterie, l’autre illustre les effets de non-retour que les mutations sociales peuvent avoir sur les compétences disponibles dans le secteur de la construction mécanique.
I. Les Atelières, ou l’impossible continuité des savoir-faire
13La courte histoire des Atelières13 illustre l’extrême difficulté à poursuivre une activité quand son environnement technique, économique et social a sinon disparu ou du moins été tellement dégradé qu’il ne lui fournit plus les conditions de son fonctionnement.
14En janvier 2012, l’entreprise de lingerie Lejaby, placée en liquidation judiciaire, fait l’objet d’un plan de reprise qui délocalise les dernières fabrications subsistant en Rhône-Alpes, notamment en Tunisie, à Sfax dans un site appartenant à une entreprise sous-traitante fondée par Lejaby en 1992 (Lenack, 2012, p. 16-19)14. Entreprise familiale fondée en 1930 dans l’Ain, Lejaby avait été vendue en 1996 au groupe américain Warnaco. Elle était alors l’un des premiers fabricants français de lingerie et employait un millier de salarié(e) s sur huit sites en France, dont sept en Rhône-Alpes. Délocalisations et fermetures de sites s’enchaînent, selon un mécanisme largement pratiqué dans l’ensemble du secteur (reprise des marques et sous-traitance des fabrications à l’étranger), une revente au groupe autrichien Palmers en 2008 accélère le processus jusqu’au placement en liquidation judiciaire de 2012. Fortement médiatisée dans un contexte de promotion politique du Made in France, alors thème de campagne présidentielle de 2012, l’affaire donne lieu à deux projets largement médiatisés et centrés sur la préservation du « savoir-faire français »15. L’un à Ysingeaux sur le site du dernier atelier de fabrication, à l’initiative de Laurent Wauquier, alors maire du Puy et ministre de l’Enseignement et de la Recherche, avec la création d’un petit atelier de maroquinerie par un sous-traitant de LVMH grâce à l’entremise de Bernard Arnault16. Présenté comme une solution de reprise de l’atelier Lejaby, il se situe néanmoins dans un secteur et un domaine technique différent et exige une reconversion des savoir-faire, financée par l’État, mais il bénéficie d’un engagement de commande qui sécurise l’opération, au moins à moyen terme. L’autre initiative est de nature différente. Elle est portée par une ancienne journaliste et directrice d’une agence de communication17, Muriel Pernin, fortement implantée à Villeurbanne. Muriel Pernin présente son initiative comme motivée par un sentiment de révolte contre le gâchis de la disparition du savoir faire des ouvrières corsetières et par sa conviction qu’une activité associant promotion du Made in France, savoir-faire locaux et marché du luxe pouvait être viable. Elle mobilise autour d’elle une des déléguées syndicales, CFDT, des ex-Lejaby, et obtient du repreneur de Lejaby un engagement de commande. Celui-ci souhaitait lancer une ligne haut de gamme appuyée sur l’image Made in France mais ne disposait plus d’atelier puisqu’il venait de fermer le dernier. L’entreprise est créée en janvier 2013, sous forme d’une société coopérative d’intérêt collectif18, avec un projet de gestion participative. Forte de son savoir-faire en communication (l’appel des Atelières est lancé le 18 juin…) et de son engagement personnel, Muriel Pernin lance une souscription publique qui permet de recueillir 85 000 euros sur les 300 000 du capital de départ, opération relancée un an plus tard pour recapitaliser l’entreprise et éviter une première liquidation. Les Atelières lèvent alors plus de 600 000 euros par souscription publique et obtiennent des prêts bancaires pour 350 000 euros, garantis à 70 % par la banque publique d’investissement (BPI). En janvier 2015, l’entreprise est pourtant placée en liquidation judiciaire, l’aventure du Made in France se termine dans l’indifférence générale, le thème étant sorti des priorités politiques et médiatiques19.
15Les raisons de cet échec sont évidemment multiples, l’analyse de celles relevant de questions internes à l’entreprise demanderait une étude sur source que nous n’avons pas menée20. Néanmoins, concernant la question des relations industrie/territoire, il est intéressant pour notre propos de souligner la difficulté rencontrée par ce type d’activité à fonctionner dans un environnement où la branche corseterie, et plus largement celle du textile, a été laminée par près de 40 ans de délocalisation des fabrications. Le slogan du Made in France était un positionnement marketing, mais il se présentait aussi comme une volonté de contribuer à sauver voire à ranimer un tissu industriel. Or, cela s’est avéré impossible : l’objectif premier, le plus en phase avec la promotion du Made in France, était la sauvegarde des compétences. Or, l’atelier étant situé à Villeurbanne et non à Yssingeaux où se trouvait le dernier site de fabrication n’a attiré qu’une poignée d’anciennes Lejaby ; il a donc fallu former un nouveau personnel, ce qui n’est pas contradictoire en soi avec l’objectif initial mais est évidemment plus long et plus coûteux et relève autant de la recréation que de la sauvegarde. L’objectif second, fabriquer en France, est aussi difficile à tenir : si le façonnage était bien en Rhône-Alpes, les réseaux de fournisseur ne pouvaient l’être en totalité, y compris à échelle nationale car ils avaient disparu, ou étaient trop chers, ou pour certains textiles pointus n’avaient jamais existé. De même pour les machines et leur entretien, les compétences ont largement disparu du territoire, pour suivre les ateliers hors d’Europe. On peut donc se demander si ce projet ne reposait pas sur une forme d’illusion territoriale, les ressources localisées sur lesquels il comptait s’appuyer n’existant pas, ou plus. La question est renforcée par le constat que Rhône-Alpes, et particulièrement les départements du Rhône, de la Loire et de la Haute-Loire en Auvergne sont toujours des régions textiles21, mais sur des créneaux qui ont évolué. Les points forts sont désormais les textiles techniques, regroupés d’ailleurs dans un pôle compétitivité dédié22, mais plus l’habillement ni la corseterie. La continuité recherchée était donc en partie chimérique car elle reposait sur une vision partielle de l’histoire du secteur dans ce territoire qui survalorisait le passé lointain en méconnaissant le passé récent. L’idée a priori rationnelle de lier image du Made in France et savoir-faire territorialisés reposait sur une illusion, celle que ces savoir-faire peuvent fonctionner en dehors de leur environnement technique et économique. Celui-ci déconstruit et déplacé, les compétences résiduelles, aussi performantes soient-elles, deviennent inopérantes et ne peuvent pallier l’écart de coût du travail entre les anciens et les nouveaux territoires textiles. Les ressources territoriales sur lesquelles ce projet avait été construit se sont avérées dans ce cas illusoires car appartenant à un passé révolu.
II. Les soudeurs de Neyrpic, les conditions sociales de l’industrie
16Autre cas de disjonction progressive entre une industrie et son territoire, autour d’un secteur qui fut un des marqueurs de la seconde industrialisation des territoires alpins, la conception et de la fabrication de matériels hydrauliques, pour illustrer la difficile poursuite d’activités industrielles dans un environnement social qui ne produit plus les compétences dont elles ont besoin. Les entreprises de fabrication et de conception de matériel hydraulique sont directement nées des besoins des industries électrochimiques et électrométallurgiques qui s’installent dans les Alpes à partir des années 1880 aux pieds des premières centrales hydroélectriques (Dalmasso et Robert, 2009). Après cette première phase fortement alpine, à la fois en termes de marchés, partiellement de capitaux et de savoir-faire techniques scientifiques, ces entreprises connaissent une première incursion à l’international dans les années 1920 et 1930, puis participent largement à la réalisation du programme d’équipement hydroélectrique national de l’après-guerre. Elles s’orientent ensuite vers les marchés internationaux, suivant le développement des chantiers en Afrique, en Amérique latine, puis en Asie. Progressivement intégrés dans des groupes nationaux, les sites industriels alpins changent de nature : de cœur de l’activité d’entreprises régionales, ils deviennent des éléments d’organisations plus vastes qui combinent des ressources à échelle nationale puis mondiale. Parmi ces sites industriels, celui de l’entreprise Neyrpic, créé en 1917, est toujours en activité dans le cadre du groupe Alstom, et bientôt General Electric. Il est aujourd’hui le centre mondial de technologie pour l’hydroélectricité d’Alstom, tête de pont d’un réseau qui comprend des centres de technologie en Suisse, au Canada, au Brésil et en Chine. Concernant les ateliers de fabrication, des sites de production ont été créés à l’étranger dès les années 1940, pour accompagner l’essor des marchés en Afrique du Nord (Neyrpic Afrique, à Alger), et au Brésil (Mécanica Pesada, en collaboration avec Schneider) notamment. Jusqu’aux années 1960, dans un contexte de forte croissance, le site grenoblois demeure le cœur du système avec des effectifs qui culminent à environ 3 000 salariés en 1962. Ceux-ci sont tombés à moins de 500 en 1998, à l’issue d’une longue série de cessions et de suppressions d’activités assortie de plans sociaux. Le redémarrage des grands chantiers hydrauliques dans les années 2000 amène une remontée des effectifs qui atteignent environ 800 en 2015, du fait du regroupement des effectifs provenant d’autres sites et de nouvelles embauches. La nature du site et son rôle dans le groupe sont évidemment très différents de ceux des années 1960.
17Recentrés sur les missions d’expertise, d’études et d’essais, les ateliers n’occupent plus qu’une petite centaine de personnes, pour des travaux très spécialisés à forte valeur ajoutée, notamment de soudage. C’est dans ce contexte que la direction du site, fortement soutenue par le comité d’établissement (CFE-CGC), a lancé une opération de formation de jeunes soudeurs, pour reconstituer les compétences dont l’entreprise avait besoin pour ces opérations très techniques. Cette opération a été considérée comme un échec. Sur la centaine de jeunes à qui la formation avait été proposée, moins de dix l’ont achevée et encore moins ont donné satisfaction tant pour des raisons techniques que de comportement. Ces nouvelles recrues sont jugées insuffisamment engagées dans leur travail, peu concernées par le fonctionnement de l’entreprise, y compris dans ses dimensions syndicales. Au-delà d’une possible désillusion au regard d’une forme d’« éthique du soudeur » d’autrefois probablement pour partie mythifiée, on est en droit de se demander si l’échec de cette opération n’est pas aussi le signe que, sociologiquement, dans une ville comme Grenoble, il n’existe plus de jeunes susceptibles de correspondre à ce qu’étaient les ouvriers qualifiés des années 1960, à la fois capables de maîtriser des techniques très pointues, de supporter des conditions de travail physiques difficiles, pour des salaires certes corrects mais dans une position hiérarchique subordonnée et un statut peu valorisé. Il est possible également que l’idée initiale de proposer cette formation à des jeunes issus de milieux populaires repose sur une forme d’anachronisme. Que les ouvriers qualifiés des années 1960 aient été alors issus des catégories populaires, nombre d’entre eux faute d’avoir pu poursuivre des études, ne signifie pas qu’aujourd’hui les jeunes hommes issus de milieux populaires et n’ayant pas poursuivi d’étude soient dans la même situation. Les déconvenues de cette opération attirent au contraire l’attention sur ce qui apparaît comme de fausses continuités. Que les conditions de fabrication des catégories socioprofessionnelles soient fortement historiques est une banalité, mais cela pointe ici que l’industrie dépend de conditions sociales qui ne sont pas pérennes dont la disparition peut constituer un élément de non-retour dans les trajectoires de désindustrialisation. Au niveau d’un territoire, il peut donc arriver que la société locale ne soit plus en capacité voire ne veuille plus produire les catégories dont l’industrie a besoin.
III. La désindustrialisation comme marginalisation
18Dans l’introduction de leur ouvrage Beyond the ruins, the meanings of desindustrialization, paru en 2003, Jefferson Cowie et Joseph Heathcott affirment en préalable de leur étude que « le point de départ de toute discussion sur la désindustrialisation doit être le respect dû au sentiment de désespoir et de trahison ressenti par les travailleurs qui ont vu leurs mines et leurs usines fermées, abandonnées, transformées en espaces folklorisés ou le plus souvent dynamités » (p. 1). Ils estiment aussi que « pendant que les économistes et les hommes d’affaires parlent en termes neutres de restructuration, réduction d’effectif, ou destruction créatrice, les métaphores de la défaite et de la sidération sont plus adaptées pour décrire ce qu’ont vécu ces travailleurs privés des emplois industriels bien payés qui leur permettaient de faire vivre leurs familles ». Cet hommage rendu, leur projet consiste néanmoins à dépasser cette sidération pour mettre à jour les dynamiques sociales qui construisent l’après désindustrialisation. Nous nous rallions à cette perspective tout en étant attentif à ce que les lignes de partage convenues (les travailleurs sont du côté des perdants, du passé et de l’impuissance, les dirigeants économiques sont du côté de l’action, du futur et des gagnants), recouvrent certes une part de réalité, reflet d’un rapport social (voire de classe) dont il ne s’agit pas de nier la réalité ni la violence, mais relèvent aussi d’une difficulté à reconnaître une forme d’autonomie du social, des multiples résistances, réactions et d’adaptations, sociales comme économiques, que développent les « communautés » comme on dit dans la littérature anglo-saxonne, ou les « territoires », comme on dit en France. Il s’agit aussi de se garder, en inscrivant de la sorte les ouvriers et les sociétés locales broyées par la désindustrialisation dans le passé, de préjuger de leur « désir d’industrie » pour l’avenir. Il en découle une distance à l’égard d’une identification trop étroite entre les territoires et « leurs » industries.
19Aborder la désindustrialisation par le territoire, ce n’est donc pas se cantonner à la déploration des pertes, c’est aussi analyser les dynamiques qui se développent face à des mutations économiques à la fois complexes, profondes et inscrites, au-delà du caractère brutal des fermetures, dans le temps long des sociétés et donc de territoires qui n’ont jamais été « que » industriels. C’est donc considérer la désindustrialisation comme une reconversion, y compris quand elle est subie, sans évidemment nier le poids déterminant des stratégies de localisation des firmes, mais en réintroduisant les capacités internes des territoires à orienter leur développement, en n’oubliant pas, selon l’heureuse formule de Denis Woronoff, qu’il y a « des désindustrialisations qui ne sont pas des échecs de développement » (Woronoff, 1994, p. 329). Cela revient donc aussi à envisager le cas de territoires où l’industrie sans avoir disparu fonctionne en situation marginale, non seulement parce que les firmes les ont quittés mais parce que d’autres activités s’y sont développées, faisant ainsi fonctionner des entreprises industrielles dans des territoires que l’on peut pourtant considérer comme désindustrialisés.
20Pour aborder la question non sous l’angle des représentations mais de celle du fonctionnement des territoires, la question peut être formulée en termes de « ressources territoriales » en mobilisant un concept développé par les géographes et les économistes du territoire. Dans l’optique développée notamment par les travaux de Bernard Pecqueur (Pecqueur et Gumuchian, 2007), le territoire est défini comme un espace infranational qui n’est pas découpé a priori mais déduit des phénomènes observés, structuré par des réseaux d’acteurs qui organisent des capacités d’action mobilisant diverses ressources, politiques, économiques, culturelles, naturelles, au service d’un projet de développement ou de préservation plus ou moins commun et plus ou moins explicite. L’intérêt de cette approche est d’une part l’acception ouverte et très largement sociale et culturelle de la notion de ressource, et d’autre part de l’envisager d’un point de vue dynamique, ces ressources étant considérées comme des potentialités, activées ou non. Ceci ouvre la possibilité, peu développée dans ces travaux mais cohérente avec leur approche, d’une réflexion sur le vieillissement et l’effacement de ces ressources, vues comme dépérissement des savoirs faire sociaux qui les avaient produites. Dit autrement et pour revenir plus clairement à notre thématique, l’industrie trouve-telle encore dans les territoires désindustrialisés les ressources dont elle a besoin ? Les deux cas que nous avons exposés montrent combien cela peut être difficile, voire impossible. Les territoires, entendus au sens des réseaux d’acteurs qui y agissent, ne sont pas passifs, et cette passivité ne va pas forcément dans le sens du soutien à l’industrie. Dans le cas des Atelières, les choix successifs des acteurs de la filière textile ont appauvri à ce point les ressources produites tant en Rhône-Alpes qu’en France, en termes de réseau de fournisseurs et de formation de main-d’œuvre, qu’une telle activité devient comme anachronique dans cet environnement. Dans le cas des soudeurs recherchés par Alstom, ce sont les choix de formation, mais aussi ceux des individus et des familles qui tarissent le recrutement de ce type de spécialiste. Dans les deux cas, les ressources territoriales sur lesquelles ces activités avaient fonctionné ont disparu, illustrant si besoin était que les conditions sociales qui permettent l’industrie ne sont pas pérennes, et qu’elles sont extrêmement difficiles à recréer quand elles ont disparu.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Bibliographie
Annales des Mines-Réalités industrielles, 2013 (août), n° 3 L’Allemagne : un modèle pour l’industrie française ?
Artus Patrick et Virard Marie-Paule, 2011, La France sans ses usines, Paris, Fayard.
Baverez Nicolas, 2003, La France qui tombe, Paris, Perrin.
Bell Daniel, 1973, The Coming of Post-Industrial Society : A Venture in Social Forecasting, New York, Basic Books.
Bluestone Barry et Harrison Benette, 1982, The desindustrialization of America, New York, Basic Books.
Boulat Régis, 2008, Jean Fourastié, un expert en productivité. La modernisation de la France (années trente-années cinquante), Besançon, PUFC.
Chambre de commerce et d’industrie Rhône-Alpes, 2007, Panorama de l’économie Rhône-Alpes, [en ligne] disponible sur : < www.rhône-alpes.cci.fr/économie/panorama >.
Clark Colin, 1940, The Conditions of Economic Progress, Londres, Macmillan and co.
Cohen Élie et Buigues Pierre-André, 2014, Le décrochage industriel, Paris, Fayard.
Cowie Jefferson, Heathcott Joseph, 2003, Beyond the Ruins : The Meanings of Deindustrialization, Ithaca, Ilr Press Books.
Dalmasso Anne, Robert Éric, 2009, Neyrpic Grenoble, pionnier de l’hydraulique mondiale, Renage, Éd. Dire l’entreprise.
10.4000/rives.4471 :Daumalin Xavier et Mioche Philippe, 2013, « La désindustrialisation au regard de l’histoire », Rives méditerranéennes, n° 46, p. 5-9.
Demmou Lilas, 2010 (juin), La désindustrialisation en France, document de travail de la DG Trésor, n° 2010/01, [en ligne] disponible sur : < www.tresor.economie.gouv.fr/file/326045 >.
Duval Guillaume, 2013, Made in Germany : Le modèle allemand au-delà des mythes, Paris, Seuil.
Fédération nationale des agences d’urbanisme, 2014 (avril), La crise, l’industrie et les territoires, dossiers de la FNAU, n° 30.
Le Blanc Gilles, 2012, « Les espaces de la dynamique industrielle », Territoires 2040, p. 79-100, [en ligne] disponible sur : < www.languedo-croussillon.fr >.
Lenack Catherine, 2012 (10 février), « Lejaby, une histoire particulière », La Nouvelle vie ouvrière, p. 16-19, [en ligne] disponible sur : < www2.emergences.fr/fr/?p=1801 >.
Levet Jean-Louis (dir.), 2012, Réindustrialisation, j’écris ton nom, Paris, Fondation Jean Jaurès.
— 2006, Pas d’avenir sans industrie, Paris, Economica.
10.4000/books.editionscnrs.22593 :Minovez Jean-Michel, 2012, L’industrie invisible. Les draperies du midi, XVIIe-XXe siècles. Essai sur l’originalité d’une trajectoire, Paris, CNRS Éditions.
Pecqueur Bernard, Gumuchian Hervé (dir.), 2007, La ressource territoriale, Paris, Economica.
Tornatore Jean-Louis (dir.), 2010, L’invention de la Lorraine industrielle. Quêtes de reconnaissance, politiques de la mémoire, Paris, Riveneuve.
Touraine Alain, 1969, La société postindustrielle : naissance d’une société, Paris, Denoël.
Woronoff Denis, 1994, Histoire de l’industrie en France du XVIe siècle à nos jours, Paris, Le Seuil.
Notes de bas de page
1 Thème que l’on retrouve dans la Littérature dite « décliniste » : Baverez, 2003, comme dans les nombreuses publications qui dénoncent la désindustrialisation en espérant un sursaut industrialiste, entre autres : Levet, 2006 ; Artus et Virard, 2011 ; Cohen et Buigues, 201 ; Levet, 2012.
2 Pour une vision critique : Duval, 2013.
3 On sait que le thème a été lancé en 2011, notamment par une étude du Boston Consulting Group (BCG), « Made in America, Again – Why the Manufacturing will return to the US », entre autres dans le cadre de la campagne électorale qui a conduit à la réélection de Barack Obama. Il est peu présent dans la littérature académique alors qu’il avait connu au milieu des années 1980 une vague de publication. Notons que l’ouvrage fondateur de Barry Bluestone et Benette Harrison, The desindustrialization of America, date de 1982.
4 Thème central du projet de l’Union européenne défini par la stratégie dite de Lisbonne en 2000.
5 Pour une présentation récente des approches sur le sujet voir Daumalin et Mioche, 2013.
6 Sans oublier la question des désindustrialisations des territoires extra-européens mais que nous ne prenons pas en compte ici.
7 Une bonne synthèse avec des propositions de quantification des différents mécanismes pour le cas de la France dans Demmou, 2010.
8 L’ouvrage de Colin Clark, The Conditions of Economic Progress, date de 1947. Sur l’origine et la diffusion de la notion en France, voir Boulat, 2008, p. 147-152.
9 Ces données sont issues d’une intéressante étude produite par la Fédération nationale des agences d’urbanisme à partir des données de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale, « La crise, l’industrie et les territoires » dossiers de la FNAU, n° 30, avril 2014. Elles sont complémentaires de celles fournit par l’INSEE.
10 Sur la base des régions NUT2, avec un taux d’emploi industriel supérieur à 22 % (source : Eurostat).
11 La région Rhône-Alpes se situe en tête des régions françaises hors Ile-de-France, en termes de PIB, de PIB par habitant et de valeur ajoutée industrielle. La part de l’industrie dans sa valeur ajoutée est de 18 % et dans l’emploi de 17 %. Les effectifs industriels ont diminué d’environ un quart depuis les années 1990, pour se situer à 405 000 en 2013 (source : INSEE). La refonte en cours des régions relativise la pertinence de ce type de classement.
12 Selon le terme employé par la chambre de commerce et d’industrie Rhône-Alpes, 2007.
13 L’histoire des Atelières a été abordée dans le cadre d’un programme de recherche-action « crises et récits de crise : le monde du travail dans les années 2010 » coporté par le LARHRA (Anne Dalmasso) et l’association Repérages (Michel Szempruch), financé par la Drac Rhône-Alpes, le RIZE de Villeurbanne, le musée de la Houille blanche/Maison Bergès du conseil général de l’Isère, des comités d’entreprise/établissements de la région Rhône-Alpes. Il a permis la réalisation d’un film : Les Atelières, retour vers le futur, Michel Szempruch, 2013.
14 Cet article repose sur un entretien avec le cabinet conseil du comité d’entreprise de Lejaby.
15 Un autre atelier Lejaby, à Bourg-en-Bresse, a été repris sous la marque Monette. Il est en liquidation judiciaire.
16 L’atelier est repris par l’entreprise Sofama.
17 Muriel Pernin a fondé en 1999 l’agence Cités Plume, installée à Villeurbanne.
18 Ce statut permet d’associer au capital diverses catégories intéressées au fonctionnement de l’entreprise, salariés, usagers, associations, entreprises… dans un modèle participatif tout en relevant d’un statut commercial classique (SA ou SARL). Les Atelières avaient quatre catégories : associés fondateurs, savoir-faire, investisseurs, institutions publiques ; cette dernière catégorie n’ayant pas été remplie. Information disponible sur le site internet des Atelières, < http://www.lesatelieres.fr/tout-sur-nous >.
19 Rappelons que le ministère du Redressement productif créé en mai 2012 a disparu en août 2014 avec le départ du Gouvernement de son médiatique titulaire, Arnaud Montebourg.
20 La recherche d’un modèle d’organisation du travail et de gestion adapté aux petites séries fait partie des problèmes mis en avant par la communication des Atelières, avec comme tentative de solution le recours à un ingénieur docteur de l’INSA et à l’expertise des gestionnaires de l’université Lyon 3
21 L’actuelle région Rhône-Alpes revendique le titre de première région textile de France.
Il résulte certes du déclin des autres régions textiles historique mais aussi de l’activité d’environ 700 entreprises, très majoritairement petites, employant environ 15 000 salariés (source : Union interentreprises textile Lyon et région, < http://www.unitex.fr/>).
22 Le pôle Techtera, pôle de compétitivité des textiles et matériaux souples en Rhône-Alpes.
Auteur
Professeur d’histoire contemporaine à l’université Grenoble Alpes, chercheur au Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA), est spécialiste d’histoire industrielle notamment des industries liées à la « houille blanche » et d’histoire des trajectoires économiques des territoires, plus particulièrement en montagne. Parmi ses dernières publications : « The performance of French Business in the Twentieth Century » (avec Youssef Cassis et Pierre Vernus) [in Youssef Cassis, Andrea Colli, Harm Schröter (dir.), The Performance of European Business in the Twentieth Century, Oxford, Oxford University Press, 2016, p. 81-91] ; et « Désindustrialisation et patrimonialisation dans les vallées alpines françaises. Le cas des industries de l’aluminium » (in Dominique Barjot et Marco Bertilorenzi [dir.], Aluminium. Du métal de luxe au métal de masse (XIXe-XXIe siècle)/From precious metal to mass commodity (19th-21st century), Paris, PUPS, 2015, p. 253-265).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La formation d’une opinion démocratique
Le cas du Jura, de la révolution de 1848 à la « république triomphante » (vers 1895)
Pierre Merlin
2017
Les mutations récentes du foncier et des agricultures en Europe
Gérard Chouquer et Marie-Claude Maurel (dir.)
2018
Deux frontières aux destins croisés ?
Étude interdisciplinaire et comparative des délimitations territoriales entre la France et la Suisse, entre la Bourgogne et la Franche-Comté (xive-xxie siècle)
Benjamin Castets Fontaine, Maxime Kaci, Jérôme Loiseau et al. (dir.)
2019
Un mousquetaire du journalisme : Alexandre Dumas
Sarah Mombert et Corinne Saminadayar-Perrin (dir.)
2019
Libertaire ! Essais sur l’écriture, la pensée et la vie de Joseph Déjacque (1821-1865)
Thomas Bouchet et Patrick Samzun (dir.)
2019
Les encyclopédismes en France à l'ère des révolutions (1789-1850)
Vincent Bourdeau, Jean-Luc Chappey et Julien Vincent (dir.)
2020
La petite entreprise au péril de la famille ?
L’exemple de l’Arc jurassien franco-suisse
Laurent Amiotte-Suchet, Yvan Droz et Fenneke Reysoo
2017
Une imagination républicaine, François-Vincent Raspail (1794-1878)
Jonathan Barbier et Ludovic Frobert (dir.)
2017
La désindustrialisation : une fatalité ?
Jean-Claude Daumas, Ivan Kharaba et Philippe Mioche (dir.)
2017