5. La désindustrialisation et les entreprises minières et sidérurgiques au Grand-Duché de Luxembourg et en Lorraine du fer (années 1960-2006)
p. 103-121
Texte intégral
1De la fin du XIXe siècle à la crise industrielle des années 1970, le Grand-Duché de Luxembourg comme la Lorraine ont connu un processus d’industrialisation qui a fortement structuré leurs économies. Cette période de développement économique sans précédent a pu exister grâce à l’exploitation du minerai de fer et à la sidérurgie, activités présentes longtemps de façon mono-industrielle sur le territoire grand-ducal et dans ce qu’il est convenu de désigner comme étant la Lorraine du fer1. Avec la désindustrialisation en œuvre à partir des années 1960 pour les mines de fer et dès la décennie suivante pour l’activité sidérurgique, les fondements de la richesse de ces deux zones géographiques vacillent. Mais, tandis qu’en Lorraine l’État français de tradition centralisatrice a du mal à gérer les difficultés économiques et sociales résultant de la crise minière et sidérurgique (Hau, 2009, p. 15-35), au Luxembourg, les entreprises du secteur apparaissent mieux accompagnées dans leurs restructurations. Surtout, à l’échelle de ce petit pays, la désindustrialisation n’a pas les mêmes effets dévastateurs qu’en Lorraine ; à tel point que l’on a même parlé de modèle luxembourgeois pour qualifier une transition réussie entre une économie mono-industrielle et une économie dite de services (Poos, 1977).
2Comment expliquer ces deux évolutions différenciées alors qu’en Lorraine comme au Grand-Duché, les changements dans l’organisation des entreprises minières et sidérurgiques obéissent à des rythmes similaires avec, notamment, la politique de mise en place de champions nationaux dans le secteur sidérurgique et le ralentissement puis la disparition de l’extraction du minerai de fer ? Et bien que le Grand-Duché de Luxembourg, État souverain, et la Lorraine, région depuis 1960, soient des entités administratives différentes, et tandis que le chiffre de la population lorraine a plutôt stagné entre les années 1960 et le début du XXIe siècle (passant de 2,3 à 2,4 millions d’habitants) alors que la démographie luxembourgeoise a été plus dynamique sur la même période (de 0,3 à 0,5 million d’habitants), leur histoire industrielle favorise les comparaisons.
3L’utilisation d’archives publiques2 et d’un fonds archivistique privé3 permet de les effectuer de façon assez précise. En les complétant avec des éléments bibliographiques et statistiques relatifs à l’histoire des mines et des usines lorraines et luxembourgeoises, il est possible de connaître les conséquences tant sociales qu’économiques de cette désindustrialisation. Par là même, il est envisageable de comparer deux espaces géographiques aussi proches que la Lorraine et le Luxembourg.
4La description du début du phénomène de désindustrialisation français et luxembourgeois dans les années 1960, puis celle de son développement dans les deux décennies suivantes permettent d’insister sur les similitudes et les différences d’évolution entre les deux États. Ensuite, des convergences existent entre les sidérurgies des deux pays dans le cadre d’une nouvelle industrie européenne de l’acier.
I. Les prémices de la désindustrialisation (années 1960-début des années 1970)
1. En France, à partir des années 1960, les « gueules jaunes » défendent leur métier et la sidérurgie se réorganise
5De 1960 à 1962, la France produit annuellement plus de 67 millions de tonnes de minerai de fer. Elle est alors le troisième producteur mondial derrière les États-Unis et l’URSS. En Lorraine, près de 20 000 mineurs de fer, en extrayant près de 62 millions de tonnes de minette4 du sous-sol, assurent la majeure partie de cette production. Néanmoins, à la même époque, les premiers signes d’une crise de grande ampleur pour cette activité apparaissent.
6En 1963, la grève des « gueules jaunes » de Trieux, organisée pour s’opposer aux licenciements liés à la fermeture du site de cette mine marchande victime de la concurrence des minerais d’outre-mer à forte teneur, s’inscrit dans un mouvement de défense de la profession de mineur dont la grève de Decazeville (1961) constitue l’origine. Comme les « gueules noires » du site aveyronnais, les mineurs de Trieux luttent pour empêcher la disparition de leur métier. Cette caractéristique explique leur choix d’occuper le fond de la mine pour s’opposer aux 258 licenciements prévus sur leur site. Ils inscrivent même leur action syndicale unitaire encadrée par la CGT dans une perspective de défense de l’ensemble de la profession. Au bout de 79 jours de conflit social (du 14 octobre au 31 décembre), s’ils échouent dans leur tentative d’empêcher la fermeture de leur mine (définitive en 1968), ils obtiennent leur reclassement dans d’autres exploitations et la possibilité de suivre une formation professionnelle accélérée (FPA) afin de pouvoir travailler dans d’autres secteurs industriels et principalement la sidérurgie.
7Alors que dans les années 1950, les baisses d’effectifs sont surtout liées à une utilisation de plus en plus rationnelle des engins miniers qui permet de réduire la présence humaine dans les galeries, dans la décennie suivante, elles sont consécutives aux difficultés de l’industrie minière et à l’évolution technologique qui améliore la productivité :
Du point de vue de l’emploi, cela se traduit par une érosion très importante du nombre de personnes travaillant sur les sites miniers lorrains. Entre 1960 et 1970, les effectifs diminuent de près de 55 % passant de 23 594 à 10 697 ouvriers et employés (Raggi, 2007, p. 33).
8De 1963 à 1969, 13 mines ferment5 ! Les autres exploitations connaissent une diminution globale de leur activité avec des conséquences très négatives sur l’embauche. À partir de cette période, la disparition de la formation initiale de jeunes ouvriers dans les mines de fer (1966), l’augmentation du nombre de jours chômés payés et la limitation des horaires de travail à 40 heures montrent l’importance du changement de contexte productif. Pourtant, dès 1964, un rapport du Conseil économique et social, proposait de diversifier l’industrie lorraine (CESE, 1964, p. 695-716) !
9En 1966, la convention État-sidérurgie a pour objectif de rationaliser la production sidérurgique française6. Dans ce contexte, s’opère une concentration des entreprises sidérurgiques. Le groupe Usinor, fondé en 1948 par la fusion de sociétés métallurgiques et sidérurgiques principalement situées dans le nord de la France, renforce ainsi son implantation en Lorraine par l’absorption du groupe Lorraine-Escaut. Le groupe Wendel-Sidelor, constitué en 1968 par la fusion de De Wendel, Sidelor et de la Société Mosellane de Sidérurgie, et qui détient plus de la moitié des capacités de production de la sidérurgie lorraine, réorganise également ses usines. Ainsi, les gains de productivité liés à la fermeture des sites les moins rentables et la progression des capacités de productions aboutissent à la constitution de deux « champions nationaux » dans la sidérurgie. Conjointement au développement de la sidérurgie sur l’eau, à Dunkerque pour Usinor (à partir des années 1966-1970) et à Fos-sur-Mer pour Wendel-Sidelor (à partir de 1975), les deux grands groupes restructurent leurs usines sidérurgiques continentales : au profit des installations de Longwy et au détriment de celles du Nord pour Usinor, et dans le cadre de diminutions d’effectifs compensées par un dispositif de rééquilibrage de l’emploi régional chez Wendel-Sidelor.
10Celui-ci repose sur cinq points : la prise en compte des départs naturels, le non-renouvellement des contrats temporaires, les préretraites, les transferts de personnel et la création de nouveaux emplois (Gauger, 1978, p. 204-208). Toutefois, la création de 1 700 nouveaux postes dans les installations préservées, comme celle de Gandrange, ne compensent pas les pertes. En effet, en 1973-1974, alors que la restructuration de Wendel-Sidelor est presque achevée, 6 500 emplois ont été supprimés. À la suite des 4 000 mises en préretraites et par la prise en compte des départs naturels non remplacés, ce sont surtout les salariés dont les emplois temporaires ne sont pas renouvelés (4 000 personnes en 1971) qui sont le plus touchés (ibid., p. 205). Pour l’ensemble de la région Lorraine, les effets de la disparition de ce type d’emplois s’ajoutent aux mutations de personnels : 2 100 personnes ont ainsi été mutées à l’usine de Fos-sur-Mer (ibid., p. 207).
11Finalement, pour les populations ouvrières de Lorraine, le bilan des restructurations de la fin des années 1960 et du début des années 1970 n’est qu’un prélude à un démantèlement d’une grande partie de la sidérurgie régionale. Pour ses dirigeants et l’État français, qui ont favorisé le gigantisme industriel au moment où, comme dans les petites usines de la région italienne de Brescia la production au sein de mini-aciéries électriques fait entrevoir la possibilité de produire de l’acier selon un autre modèle productif, l’avenir semble assuré. D’ailleurs, la production régionale d’acier est passée de 12,3 millions de tonnes en 1966 à 14 millions de tonnes en 1970 ; la productivité a augmenté de 6,7 % par an. Pour la période 1966-1970, 3,6 milliards de francs d’investissements ont été réalisés et il est prévu d’investir encore 3,8 milliards de francs entre 1971 et 1975.
2. Au Luxembourg, la mono-industrie sidérurgique préoccupe les pouvoirs publics
12Du côté luxembourgeois, la sidérurgie a fait du pays, un État « surindustrialisé »7 :
Au milieu des années 1950 le Luxembourg a produit plus de 10 tonnes d’acier par habitant, face à 0,665 tonne pour la Belgique, 0,427 tonne pour l’Allemagne et 0,291 tonne pour la France (Trausch, 2012, p. 153).
13Indépendamment des effets de structure statistique liés à la taille de sa population et à l’importance d’une activité industrielle surdimensionnée8, force est de constater que le Grand-Duché a fait reposer son développement sur l’activité sidérurgique. En 1958, la sidérurgie représente même 60 % de la production industrielle grand-ducale et 86 % de la valeur des exportations (Trausch, 1989, p. 287). Afin d’anticiper d’éventuels problèmes socio-économiques qui pourraient être liés à ce déséquilibre productif, une volonté politique de rééquilibrage industriel se fait jour.
14Au début des années 1960, alors que le Luxembourg a une production annuelle d’environ 7 millions de tonnes de minerai de fer et de 4 millions de tonnes d’acier (Casali, 2012, p. 90-97), la loi-cadre luxembourgeoise du 2 juin 1962 sur les aides financières aux entreprises débute une période de diversification industrielle. Ainsi, à la suite de l’Américain Goodyear, installé avant même cette loi à Colmar-Berg en 1950, d’autres multinationales s’implantent et/ou se développent au Grand-Duché :
Commercial Hydraulics à Diekirch (1962), Yates Industries [(cylindres industriels)] (1960) et Balamundi [(revêtements de sols)] (1961) à Wiltz, Alcuilix [(aluminium désoxydant)] (1961) et Cleveland Tramrail International (1962) à Clervaux, Bay States Abrasives (1961) à Steinsel, Dupont de Nemours (1963) à Contern, Monsanto (1963) à Echternach (Weides, 1999, p. 336).
15Cette loi est mise en place « en faveur des opérations qui contribuent directement à la création, à la reconversion et à la rationalisation des entreprises industrielles, artisanales et commerciales, pour autant qu’elles améliorent la structure générale et l’équilibre régional de l’économie nationale et en stimulent l’expansion »9. Il s’agit donc bien d’anticiper des difficultés en se détachant d’un modèle trop mono-industriel et en équilibrant la répartition de l’activité sur le territoire du Grand-Duché plus rural dans sa partie septentrionale ; le développement industriel initié à la fin du XIXe siècle s’étant surtout concentré dans la partie méridionale du pays.
16En 1966, alors que l’État luxembourgeois encourage la diversification industrielle par voie légale, la sidérurgie grand-ducale poursuit son développement. En plus des quelque 7 millions de tonnes de minerai de fer importées majoritairement de France, environ 1 500 mineurs de fer continuent de l’approvisionner à hauteur de 6,5 millions de tonnes (STATEC, 1968, p. 47 et p. 50). Elle emploie environ 47 % de la population active industrielle du pays soient près de 25 000 personnes (ibid., p. 160) ! Elle vient aussi de bénéficier d’une modernisation de ses installations qui a couru sur la période 1955-1965 (ibid., p. 105-108). Sur le plan entrepreneurial, en 1967, à l’instar de ce qui se passe en France, se constitue un champion sidérurgique national car l’ARBED (Aciéries Réunies de Bur-bach-Eich-Dudelange, créée en 1911) absorbe l’HADIR (Hauts-Fourneaux et Aciéries de Differdange, Saint Ingbert, Rumelange, regroupement de sociétés datant de 1920). À côté de l’ARBED ainsi renforcée avec environ 20 000 employés, l’autre entreprise sidérurgique luxembourgeoise de cette époque est la MMR (Minière et Métallurgique de Rodange, fondée en 1872).
17Ces regroupements d’entreprises sont encouragés dans le cadre de la CECA où les entreprises sidérurgiques luxembourgeoises comme les françaises, s’adaptent à la baisse des prix de l’acier par la mise en place d’ententes, parfois, et paradoxalement, sans respecter tous les règlements communautaires :
S’il est clair que jusqu’à la fin de 1966 les industriels préféraient recourir à des accords internationaux privés, il est tout aussi évident que les difficultés à maintenir ses propres troupes dans les rangs avaient fait prendre conscience au comité directeur du cartel qu’il avait intérêt à placer son plan de sauvetage sous l’égide de la CECA, dont certaines règles seraient certes violées, mais dont le gros des dispositions resterait intact (Barthel, 2010, p. 217).
18Les mesures prises par les sidérurgistes européens pour lutter contre l’effondrement des prix de l’acier sont insuffisantes :
L’Europe a omis de les résoudre ni pendant ni après la crise des années 1960. Elle s’en souviendra au lendemain du recul massif de la demande consécutif au premier choc pétrolier de 1973. Tout sera alors à recommencer (ibid., p. 217).
II. La crise sidérurgique des années 1970-1980
1. Le modèle luxembourgeois…
19Au Grand-Duché de Luxembourg, de 1962 à 1986, 36 nouveaux sites industriels ont été implantés dans le nord du pays et 39 dans le sud ; cela correspond à l’installation de 120 entreprises (Trausch, 1989, p. 287). Aussi, lorsque la crise de la sidérurgie frappe le pays au même moment que la Lorraine, un nouveau tissu industriel existe, doublant en quelque sorte l’ancien issu, quant à lui, de l’industrialisation débutée fin XIXe-début XXe siècle.
20À cause de la crise et de la nécessité de réduire la production sidérurgique, la quantité d’acier produite dans le pays passe d’environ 6,5 millions de tonnes en 1974 à 4,6 millions de tonnes en 1975 ; à la fin des années 1980, elle est d’à peu près 3,5 millions de tonnes annuelles (STATEC, 1990, p. 216). De 1974 à 1985 la moitié des effectifs de la sidérurgie luxembourgeoise disparaît : de 25 000 à 12 000 sidérurgistes, tandis que, de 1962 à 1987 la politique de diversification industrielle permet la création de 12 700 emplois (Trausch, 1989, p. 287). Malgré l’accélération de la mise en place des mesures de diversification de la production consécutive à la crise, la majorité de ces nouveaux emplois industriels ont été créés au moment de l’implantation des nouvelles industries :
Nous devons cependant noter que l’intensification de la politique de diversification ne s’est pas traduite par une augmentation des effectifs employés dans les nouvelles entreprises comparable à celle des années 1960 (Mersch, Ottelé et Roeltgen, 1985, p. 424).
21La relative facilité des démarrages entrepreneuriaux dans les années 1960 par rapport à ceux de la décennie suivante gênés par une conjoncture économique moins favorable et la taille plus modeste des entreprises créées dans les années 1970, notamment celles utilisant des technologies de pointe avec des effectifs limités, sont les deux facteurs explicatifs majeurs de cette situation :
Si pendant les années 1964 à 1972, les industries nouvelles ont créé quelque 860 emplois nouveaux par an, on trouve un chiffre nettement plus faible pour les années 1977 à 1984 (ibid., p. 424).
22Toutefois, le nombre de créations d’emplois est conséquent pour la période des débuts de la crise :
Au total [, en 1984,] plus de 3 000 emplois nouveaux ont été créés par l’intermédiaire de 49 entreprises qui se sont implantées depuis 1974 au Grand-Duché de Luxembourg (ibid.).
23En somme, la politique de diversification industrielle est une première forme de réponse aux difficultés économiques et sociales engendrées par la crise. Son aspect anticipatif permet, de surcroît, d’installer la correction du caractère trop mono industriel du pays dans le long terme et de ne pas creuser le puits pour éteindre l’incendie lorsque la maison est en feu ! Ainsi, dans les années 1980, la désindustrialisation luxembourgeoise fait d’abord disparaître la surindustrialisation sidérurgique dans le cadre d’une diversité industrielle beaucoup plus importante que 20 ans auparavant (Trausch, 2012, p. 160).
24Conjointement, le développement de la place financière de Luxembourg permet une augmentation considérable du nombre d’emplois dans le tertiaire financier, notamment dans les banques (fig. 1). Le secteur bancaire est « le bon créneau au bon moment » (Weides, 1999, p. 386-393). En effet, à partir de la seconde moitié des années 1960, le Luxembourg devient une place financière internationale importante grâce à la conjonction de trois phénomènes : sa transformation en un centre de cotation et de dépôt des émissions internationales en eurodollars, l’installation de banques allemandes et scandinaves voulant bénéficier de l’absence de réserve obligatoire pour fonctionner et une diversification de l’activité financière (Trausch, 2012, p. 174). À cela s’ajoutent les avantages institutionnels d’un pays qui fut le siège de la première grande institution européenne, la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier).
25Bien évidemment, les sidérurgistes qui perdent leur emploi n’en trouvent pas un autre dans les industries de pointe ou la finance au sortir de l’usine ! L’absence de licenciements secs et de développement important du chômage s’explique d’abord par la mise en place d’un ensemble de mesures économiques et sociales nouvelles. La « tripartite » – patronat, salariat et pouvoirs publics – gère les conséquences de la crise sur l’emploi grand-ducal. La loi du 26 juillet 1975 met en place des travaux extraordinaires d’intérêt général (TEIG) pour les ouvriers en surnombre. En 1977, une division anticrise, DAC, est créée ; son objectif est le reclassement des ex-sidérurgistes à de nouveaux postes dans leur branche d’activité originelle ou dans d’autres secteurs. Jusqu’en 1979, son financement est assuré par les sociétés sidérurgiques. Mais, l’augmentation du coût de la DAC entraîne l’intervention de l’État, rendue possible par une modification de la loi luxembourgeoise sur le chômage10. En 1981, sur 3 619 personnels comptabilisés au sein de la DAC, 2 141 sont des salariés pour lesquels la sidérurgie a bénéficié du concours financier de l’État (STATEC, 1987, p. 187). Un impôt de solidarité est également instauré (Trausch, 1989, p. 288). Ainsi, l’État luxembourgeois, comme son homologue français, est intervenu en faveur des travailleurs de la sidérurgie. De cette façon, entre janvier 1975 et juin 1985, les 14 619 personnes qui ont quitté cette activité (ibid., p. 189) ont pu le faire en bénéficiant des aides étatiques. D’ailleurs, les départs volontaires ont pu exister grâce à ces dernières :
Dans les sorties de propre gré il est bien entendu difficile de cerner l’influence des primes de départ, mais il semble en tout cas établi que les mesures sociales prises dans le cadre de la restructuration industrielle expliquent au moins 50 % des départs11.
26L’action étatique s’est aussi développée, comme en France, dans le cadre des restructurations entrepreneuriales.
27En 1973, après la fusion entre la MMR et l’usine Cockerill d’Athus est créée la MMR-A (Minière et métallurgique de Rodange-Athus) qui va souffrir assez rapidement de la crise. En 1977, elle survit grâce à l’intervention des gouvernements belge et luxembourgeois, puis par sa prise de contrôle par l’ARBED dont l’influence dépasse « de loin le niveau de participation » (ibid., p. 174). Surtout, la MMR-A est démantelée : ses hauts-fourneaux et son aciérie sont fermés, sa production se limite au four à longeron de Rodange et ses effectifs passent de 4 829 personnes en 1977 à 2 482 en 1980. À partir de 1983, c’est au tour de l’ARBED d’être profondément restructurée. L’État luxembourgeois intervient « pour plus de la moitié de la restructuration financière » (ibid., p. 183) de l’ARBED dont le capital est passé de 6,5 milliards de francs luxembourgeois en 1974 à 12,5 milliards en 1985 (ibid.). Néanmoins, en 1985, s’il est présent à hauteur de 42,9 % du capital total de l’entreprise, il ne représente que 30,8 % du capital votant. En termes d’emplois, la chute est vertigineuse si l’on compare avec le niveau atteint avant la crise. Ainsi, alors que la dernière mine de fer nationale ferme en 198112, les restructurations entraînent une très forte diminution des effectifs. En 1985, 13 400 personnes travaillent dans la sidérurgie luxembourgeoise contre 25 000 dix ans auparavant (Casali, 2012, p. 94) !
2. Les politiques françaises de gestion de la crise sidérurgique
28En France, à cause de la crise conjoncturelle et structurelle, la production d’acier passe de plus de 14 millions de tonnes en 1974 à environ 10 millions en 1975. Face à l’ampleur des difficultés, l’État intervient encore plus directement qu’en 1966 dans les affaires de la sidérurgie. Cependant, la rapidité de la dégradation de la situation de la sidérurgie empêche la mise en œuvre du plan « acier » de 1977 ! L’endettement des entreprises du secteur est très élevé : 12 milliards de francs de pertes en quatre ans (Roth, 1994, p. 184). En décembre 1978, l’État finit par intervenir avec le « plan de sauvetage de la sidérurgie » appelé plan Barre, du nom du premier ministre français de l’époque. La politique industrielle nationale est réorientée en considérant l’acier comme une production « normale » et non plus comme un symbole de puissance. La gestion de la crise de la sidérurgie débouche ainsi sur des restructurations d’usines. L’État prend en charge des dettes de la sidérurgie et réorganise les sociétés sidérurgiques. Cela aboutit à une nationalisation de facto. Des regroupements d’entreprises ont lieu autour de Sacilor et d’Usinor et des usines sont purement et simplement fermées.
29En Lorraine, les effets sociaux de ces restructurations entrepreneuriales sont considérables. Le groupe Sacilor-Sollac (Société Lorraine de Laminage Continu, fondée en 1948), issu de la restructuration de Wendel-Sidelor de 1972, diminue ses effectifs de plus de 42 % entre 1974 et 1980 soient près de 20 000 salariés (EAAM, 1981, p. 100). Chez Usinor, pour la même période, la baisse de plus de 35 % du nombre d’emplois entraîne le départ de près de 8 000 personnes (EAAM, 1980, p. 75).
30En 1978 et 1979, les luttes sociales qui se déroulent à Longwy, témoignent du désarroi des populations ouvrières face à la fin du monde de l’homme du fer (Nezosi, 1999). Cependant, les conséquences sociales du démantèlement d’une grande partie des installations sidérurgiques régionales sont atténuées par la Convention générale de protection sociale (CGPS). Signée le 24 juillet 1979 par tous les syndicats à l’exception de la CGT, la CGPS contribue à « humaniser l’adaptation à la concurrence internationale » (Hau, 2009, p. 35). Elle permet, notamment, des départs en préretraite : à 50 ans avec 79 % du salaire ou avec 70 % de celui-ci pour une retraite anticipée à 55 ans (avec un salaire plancher de 2 590 francs par mois). Elle offre également la possibilité de toucher des primes en cas de départ volontaire. Dans le bassin de Longwy, elle s’applique à grande échelle :
[E]ntre 12 000 et 12 500 travailleurs bénéficient des préretraites, 4 000 personnes sont mutées, 4 800 primes sont distribuées (Nezosi, 1999, p. 212).
31La gauche arrivée au pouvoir en 1981, poursuit, dans un premier temps et conformément à son idéologie, l’intervention de l’État dans la gestion des entreprises sidérurgiques. Le 18 novembre, l’Assemblée nationale adopte la loi de finances permettant la prise de contrôle étatique. Mais, face à une situation très difficile pour les grands groupes industriels français, l’État change de politique économique : les objectifs du plan acier de 1984 sont très différents de ceux énoncés par François Mitterrand en octobre 1981 à Longwy13 ! Ainsi, 10 000 suppressions d’emplois sont prévues en Lorraine à l’horizon 1990. Malgré des manifestations de protestation dans la région et un grand défilé organisé à Paris le 13 avril 1984, la sidérurgie lorraine entame un processus de redimensionnement qui entraîne des fermetures d’usines et une diminution drastique de l’emploi sidérurgique. Les sites de Knutange, Pompey et Usinor-Longwy sont fermés. Une concentration de la production a lieu dans la vallée de la Fensch : à Gandrange, à Hagondange, à Sérémange (Sollac) et à Uckange.
32Sur le plan entrepreneurial, on se dirige rapidement vers une stratégie économique, financière et technologique commune unissant les deux groupes sidérurgiques français que sont désormais Sacilor et Usinor. Le 4 septembre 1986, Francis Mer est nommé président d’Usinor-Sacilor. En 1987, le holding Usinor-Sacilor est créé. Conjointement, s’opère une diminution du nombre de salariés dans les usines : de 1984 à 1987, plus de 12 000 emplois ont été supprimés (Roth, 1994, p. 186).
33Sur le plan politique et social, en 1984, la nomination de Jacques Chérèque, responsable syndical CFDT, au poste de préfet pour le redéploiement industriel doit permettre de gérer au mieux les conséquences sociales de la désindustrialisation, par l’application de la convention sociale de la sidérurgie et par la préparation de l’avenir industriel et productif lorrain (Chérèque, 2007). Malgré le dynamisme du préfet (il le reste jusqu’en 1988), et du ministre délégué à l’aménagement du territoire et à la reconversion industrielle qu’il devient sous le deuxième gouvernement Rocard (1988-1991), les projets compensatoires à la destruction de l’emploi sidérurgique ne réussissent pas tous, comme le prouvent les échecs de Daewoo et les difficultés du Pôle européen de développement (PED) de Longwy14. Surtout, l’augmentation de l’emploi dans les industries de reconversion ne compense ni les pertes dans les quatre grands secteurs régionaux en difficulté – mines de fer, sidérurgie, houillères et textile – ni même dans les deux branches liées à l’extraction et à la transformation du fer (fig. 2). Et, à la différence du Luxembourg, où en 1990 sont employés 15 000 travailleurs frontaliers lorrains (INSEE, 2009, p. 2), le développement du tertiaire n’est pas suffisant pour permettre à la population, qui ne peut plus être recrutée dans l’industrie aussi massivement qu’avant la crise, d’y trouver un emploi facilement.
III. Le Luxembourg et la Lorraine dans la nouvelle industrie européenne de l’acier (années 1990-début XXIe siècle)
34Au début des années 1990, seules quatre mines de fer sont encore en activité en Lorraine : celles de Mairy-Mainville et de Moyeuvre qui appartiennent à Lormines, la division minière d’Usinor-Sacilor, et celles de Tressange et des Terres-Rouges à Audun-le-Tiche, propriétés de l’ARBED. En 1992, elles n’emploient plus que 770 personnes et ne produisent plus que 5,6 millions de tonnes de minerai (Varoquaux, 1995, p. 198). Ces exploitations ont été maintenues en activités après une importante vague de fermetures qui s’est déroulée dans la décennie précédente16. Ce sont des sites concentrés où le rendement est extrêmement élevé grâce à la mécanisation : en 1992, à l’abattage, il atteint de près de 210 tonnes par homme et par poste alors qu’il était d’un peu plus de 11 tonnes en 1947 (ibid., p. 202) ! Malgré cela, victimes de la concurrence internationale des minerais à forte teneur, elles s’arrêtent : dès 1993 pour les deux exploitations de Lormines, en 1995 pour Tressange et en 1997 pour celui des Terres-Rouges. L’extinction de cette branche productive se fait, d’une certaine façon, en douceur, car les mineurs de l’ARBED et de Lormines vont bénéficier des mêmes conditions de cessation d’activité : quelques départs volontaires ont lieu, mais la majorité des « gueules jaunes » part en retraite ou préretraite voire retrouve un emploi dans la sidérurgie. Certains d’entre eux terminent leur carrière dans le cadre des opérations de « portage » : comme il leur manque quelques années de travail pour avoir droit aux retraites minières, Lormines les détache dans des entreprises « amies ou parentes » (ibid., p. 257) afin de leur permettre d’atteindre un niveau d’ancienneté suffisant pour obtenir une retraite minière. Comme pour la CGPS, ce processus permet d’éviter des problèmes sociaux. Cela fonctionne bien car le nombre de reclassés est très limité. En effet, dans la sidérurgie, ce type d’action ne peut pas être envisagé à cause de l’importance du nombre de licenciements.
35En Lorraine comme au Luxembourg, le processus de concentration et de modernisation des usines sidérurgiques entraîne des diminutions d’effectifs très importantes. Du côté français, ils passent de 78 000 en 1975 à 12 000 en 1990 (Creusat, 2003, p. 63). Du côté luxembourgeois, cette même année, ils atteignent le chiffre de 10 980 personnes (Trausch, 2012, p. 111). Dans la dernière décennie du XXe siècle, les restructurations se poursuivent encore : juste avant la privatisation du groupe Usinor-Sacilor en 1995, par ailleurs récemment créé (1989), le plan Unimétal de 1992- 1995 aboutit à la suppression de 2 850 emplois.
36Désormais, la logique financière façonne l’organisation des entreprises sidérurgiques. Ainsi, en 1997, ARBED s’allie avec le groupe sidérurgique espagnol Aceralia. En 2001, Aceralia, l’Arbed et Usinor (Usinor-Sacilor jusqu’en 1997) fusionnent afin de créer un groupe sidérurgique mondial encore plus grand et plus performant. En 2004, Arcelor, l’entreprise née de cette fusion, réalise un chiffre d’affaires de plus de 30 milliards d’euros en augmentation de plus de 4 milliards par rapport à l’année précédente. Le 28 janvier 2006, Mittal Steel Company lance une offre publique d’achat (OPA) hostile sur Arcelor pour 18,6 milliards d’euros. Arcelor tente de résister, d’autant que seulement un quart de l’offre est payé en espèces et que l’entreprise européenne dispose de 17,6 milliards d’euros de fonds propres. Une OPA non hostile de Mittal, à hauteur de 26,9 milliards d’euros, finit par convaincre le conseil d’administration. Le 25 juin 2006, le groupe Arcelor-Mittal est créé. La plupart des emplois sidérurgiques lorrains et luxembourgeois sont alors intégrés dans les usines de cette multinationale. Cette année-là, les 6 800 salariès de la sidérurgie lorraine travaillent majoritairement dans la même entreprise que leurs 4 100 collègues luxembourgeois (LORPM, 2015 ; STATEC, 2008).
37Pour la période 2002-2010, révélés par l’affaire « Luxleaks » en novembre 2014, les accords fiscaux secrets passés entre le gouvernement luxembourgeois et 340 grandes entreprises17, permettant à celles-ci d’être imposées a minima voire de bénéficier d’aides d’État illégales, ont également contribué à encourager le développement de l’emploi dans ce pays. Comme il a été démontré dans cet article, les mesures luxembourgeoises de lutte contre la désindustrialisation ne peuvent toutes être confondues avec des incitations à l’installation de grandes sociétés de type « paradis fiscal ». Néanmoins, cette affaire politico-financière de dimension européenne et mondiale pose la question du remplacement de l’activité industrielle fortement territorialisée par des activités économiques d’entreprises qui peuvent s’installer là où le système fiscal est le plus avantageux pour elles. La dépendance envers une activité mono-industrielle étant remplacée par celle liée à un système fiscal certes avantageux pour les multinationales mais finalement peu générateur d’impôts – et donc de rentrées fiscales – pour le pays qui l’a mis en place :
Ancien centre sidérurgique reconverti, à marche forcée depuis trente ans, dans la finance et le « business fiscal » (avocats, sociétés d’audit, de domiciliation d’entreprises, etc.), le Luxembourg est très dépendant de ces activités financières (Le Monde, 2014).
38Par conséquent, le Grand-Duché de Luxembourg, s’il a pu encourager des entreprises à se développer sur son territoire en remplacement des activités minières et sidérurgiques qui avaient bâti sa puissance économique a sûrement été trop loin dans ses politiques d’optimisation fiscale. Jusqu’aux années 1980, les incitations à l’installation d’entreprises dans le cadre de reconversion économique luxembourgeoise paraissent ainsi équilibrées car elles permettent de développer l’emploi. Depuis les années 1990, et la création du tax-ruling (rescrit fiscal) qui permet aux sociétés étrangères de bénéficier d’une exonération totale des dividendes et des plus-values de participations, on est loin du simple remplacement d’une industrie par d’autres secteurs de production.
Conclusion
39Entre le milieu des années 1960 et le tout début du XXIe siècle, les entreprises minières et sidérurgiques de la Lorraine du fer et du Luxembourg ont connu la même désindustrialisation. La gestion gouvernementale de celle-ci est passée par des étapes similaires qui ont empêché d’éventuels effets dramatiques consécutifs aux pertes d’emplois et au développement du chômage. La diversification industrielle voulue et soutenue par les pouvoirs publics des deux États s’est aussi développée. Certes, ce changement s’est fait avec des fortunes différentes : le Grand-Duché, qui avait diversifié son secteur industriel avant la Lorraine et qui avait misé sur le développement du secteur bancaire, a pu absorber les secousses sociales issues de la crise sidérurgique des années 1975-1985 d’une façon plus sereine qu’en France. Pourtant, en Lorraine, des politiques de réindustrialisation ont fonctionné : dans le secteur automobile ou grâce à l’implantation d’entreprises dynamiques18. Mais, un défaut d’anticipation des problèmes socioéconomiques y a entravé la mise en place d’un nouveau système productif plus diversifié que l’ancien. Depuis les années 1980, le franchissement quotidien de la frontière franco-luxembourgeoise par des milliers de travailleurs frontaliers lorrains majoritairement employés dans le secteur tertiaire luxembourgeois symbolise, à lui seul, la réussite d’une forme de reconversion économique choisie par le Grand-Duché avant même le développement de la désindustrialisation19. Hélas, depuis les années 1990 et la mise en place du tax-ruling, à la dépendance vis-à-vis de la richesse créée par les mines de fer et la sidérurgie s’est aussi substituée une sorte de relation de subordination de l’État luxembourgeois aux grandes multinationales désireuses de bénéficier d’optimisation fiscale.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Serge Bonnet, dans les quatre tomes de L’Homme du fer, a su admirablement définir anthropologiquement, historiquement et socialement cette Lorraine du fer et de l’acier ; voir Serge Bonnet (1984-1987).
2 Pour la France : archives nationales, archives départementales de Meurthe-et-Moselle et de Moselle, fonds du Centre des archives industrielles et techniques de la Moselle (CAITM), Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Pour le Luxembourg : STATEC.
3 Espace Archives Arcelor-Mittal de Florange (EAAM).
4 Nom familier donné au minerai de fer lorrain dont l’inconvénient principal réside dans sa faible teneur en fer (de 30 à 35 %).
5 Dans l’ordre chronologique, ce sont les sites suivants : Rédange (1963), Bois du Four (1964), Maxéville (1966), Ottange II (1966), Murville (1967), Sancy (1967), Hussigny (1968), Maron Val de Fer (1968), Valleroy (1968), Landres (1968), Joeuf (1969), Boulange (1969), Ottange I et III (1969).
6 Pour davantage de précisions voir Pascal Raggi (2013, p. 15-17).
7 Qualificatif repris dans Gérard Trausch (2012, p. 152).
8 Selon Gérard Trausch : « On peut se demander s’il n’existe pas de règle applicable aux très petits États : plus un État est petit, plus sa ’spécialité’ de production est surdimensionnée » (ibid.).
9 Extrait cité par Trausch, 2012, p. 287.
10 La loi du 30 juin 1976 sur la législation relative au chômage est modifiée par l’article 3 de la loi du 8 juin 1979. Voir STATEC, 1987, p. 186.
11 Participation de 25,1 % ; voir STATEC, 1987, p. 189.
12 Le site de Thillenberg à Differdange.
13 « […] Il n’y aura pas de secteurs condamnés, qu’il s’agisse, dans votre région, de la sidérurgie qu’il nous faut sauvegarder, développer, des mines de fer dont l’exploitation doit être poursuivie au prix d’un grand effort que supportera notamment la collectivité nationale, car il faut développer les technologies qui, en l’espace de trois à quatre ou cinq ans, nous permettront d’améliorer la teneur du minerai afin que vous soyiez en mesure d’affronter victorieusement la compétition internationale ; nous assurerons la transition », extrait cité par François Roth (1994, p. 234).
14 L’entreprise d’électroménager sud-coréenne Daewoo, attirée par les avantages fiscaux d’une installation en territoire désindustrialisé, s’est implantée dans le nord de la région en trois étapes – 1989, 1993 et 1995 –, mais ferme ses trois sites en 2003 ! Pour les limites du projet du Pôle européen de développement (PED) de Longwy et son échec relatif ; voir Hau, 2009, p. 24-25 (notes de bas de page nos 17 et 18) et Studer, 2003.
15 Les industries de reconversion sont : la construction automobile, la construction électrique et électronique et le secteur caoutchouc-plastique.
16 Entre 1980 et 1988, 17 mines de fer ferment ; voir Raggi, 2007, p. 241.
17 Parmi celles-ci, des multinationales comme : Apple, Amazon, Ikea, Pepsi. Voir le supplément « Éco et entreprise » du journal Le Monde, vendredi 7 novembre 2014.
18 Alors qu’en 1968, l’industrie automobile régionale employait 5 000 personnes, en 2006, elle en fait travailler 20 000 (INSEE, 2008, p. 1).
19 Pour la période 2001 et 2006, 140 000 travailleurs frontaliers lorrains ont pu travailler au Grand-Duché dont 45 000 dans des trajectoires professionnelles durables ; voir INSEE, 2009, p. 1. En 2006, un actif lorrain sur 12 était travailleur frontalier au Luxembourg ; voir INSEE, 2010a, p. 1. La tertiarisation est aussi très importante en Lorraine. En 2010, l’industrie représente seulement 18,5 % de l’emploi en Lorraine ; voir INSEE, 2010b, p. 2.
Auteur
Est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Lorraine. En 2007, il publie aux Éditions Serpenoise sa thèse Les mineurs de fer au travail (soutenue en 2006). En 2010, il est le coauteur de l’ouvrage Le dire pour le fer qui prend la forme d’un recueil de témoignages commentés. En 2011, il codirige la publication des actes du colloque Corps et machine à l’âge industriel paru sous ce titre aux Presses universitaires de Rennes. Chez le même éditeur, il est le codirecteur de Genre et techniques XIXe-XXIe siècles (septembre 2013). Il a aussi écrit de nombreux articles concernant l’histoire de l’industrie et des populations ouvrières en Lorraine. Il aborde le thème de la désindustrialisation dans ses travaux les plus récents.
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