11. François-Vincent Raspail figé dans la pierre1
p. 231-241
Texte intégral
1Cet article tentera de fournir une explication, au moins partielle, à la disparition de François-Vincent Raspail de la mémoire historique en France. Il n’y a ici, bien sûr, rien d’exceptionnel au cas d’une figure célèbre en son temps et dont le souvenir s’évanouit lentement pour se perdre presque entièrement. Toutefois au-delà de son cas particulier, la situation de Raspail permet surtout d’étudier comment l’histoire du xixe siècle français a été durablement marquée par un travail de mémoire entrepris dans les premières années de la Troisième République, période durant laquelle le régime républicain établit puis consolida son identité.
2Bien que le seul mérite ne suffise pas à faire accéder une figure à la mémoire nationale, nous pouvons toutefois débuter ici par un exemple où le mérite de Raspail apparaît indiscutable : avant même son départ de Carpentras pour Paris, le jeune Raspail s’était distingué à l’occasion d’un discours célébrant la bataille d’Austerlitz et le couronnement de Napoléon. La rumeur courut qu’à l’écoute de son discours patriotique, de nombreux citoyens vinrent spontanément payer leurs taxes et impôts, et on sait que l’Empereur lui-même en marge d’une copie du discours aurait probablement inscrit ces mots élogieux : « Surveillez ce jeune homme, il ira loin ».
3À Paris, Raspail inaugura son itinéraire politique au moment de la Charbonnerie, le poursuivit au fil de cinq régimes politiques et l’acheva, au début de la Troisième République, comme doyen de l’Assemblée et principal animateur (avec Victor Hugo au Sénat) des premières campagnes en faveur de l’amnistie des communards. Sa turbulente carrière l’avait vu encore obtenir la croix de Juillet pour son action sur les barricades lors de la révolution de 1830, et, en février 1848, prononcer l’avènement de la République devant la foule massée sur la place de l’Hôtel de Ville. Lorsqu’au lendemain de cette même révolution surgirent des clubs aux quatre coins de Paris, L’Ami du peuple, ou Club Raspail, fut certainement l’un des plus influents. Auteur de nombreux almanachs populaires, Raspail lança aussi deux grands journaux, Le Réformateur en 1834, et L’Ami du peuple en 1848. Sous la monarchie de Juillet, la Seconde République et finalement la Troisième République, il fut impliqué dans plusieurs procès retentissants, procès de dimension politique mais où s’imposa également son expertise chimique et médicale2.
4L’œuvre médicale de Raspail joua un rôle crucial, articulant les dimensions politique et sociale de la réforme. La maladie ne devait pas être vécue comme une humiliation ; prescrire un traitement et se faire grassement rémunérer pour cela était, expliquait-il, une faute morale. Il soigna avec attention et compassion les pauvres et les exclus, à son domicile, dans son dispensaire, et même au dehors. Cette activité fit sa réputation au sein du peuple de Paris ; cette familiarité avec la souffrance des autres le distinguant des autres réformateurs sociaux, le rapprochant du peuple. En outre, l’activité de ses fils prolongea l’œuvre du père. Camille étudia la médecine, ouvrant en 1856 son propre dispensaire au 11 rue Carnot, et Émile, ingénieur-chimiste de l’École centrale fonda deux ans plus tard la Pharmacie complémentaire de la méthode Raspail dont les magasins se situaient rue du Temple. En 1863, Émile obtint le brevet nécessaire à la commercialisation de la plus grande partie des produits de la droguerie.
5D’autres événements encore permettent de mieux mesurer la place qu’occupait Raspail dans le cœur du peuple de Paris. Ainsi, lorsqu’en 1853 son épouse décéda alors qu’il demeurait prisonnier dans la citadelle de Doullens, une foule immense accompagna le cercueil3. En 1876, au décès de sa fille Marie qui succomba à une pneumonie contractée alors qu’à Bellevue, elle veillait son père encore emprisonné à 80 ans par le parti de l’Ordre moral, le même phénomène s’observa4. Lorsque Raspail mourut, le 7 janvier 1878, des milliers de personnes se rendirent dans la maison familiale pour un dernier hommage, et les autorités estimèrent que près de 100000 personnes assistèrent à ses funérailles. Les discours furent reproduits dans la presse, notamment l’hommage politique que rendit Louis Blanc à la mémoire de Raspail.
6Bien après sa mort, de nombreuses campagnes furent entreprises pour lui élever statuts et monuments, et les commémorations se succédèrent – alors même que sa tombe était régulièrement l’objet de pèlerinages à chaque fois que le Père-Lachaise réunissait des foules de sensibilité républicaine ou socialiste. Même dans le contexte populiste de l’année 1889, la statue de Raspail élevée à l’occasion du centenaire de la Révolution était remarquable, tant par son emplacement, place Denfert-Rochereau, que par sa taille5.
7L’inauguration du boulevard Raspail en 1913, fut encore l’occasion de cérémonies nationales et on y entendit un discours du président Poincaré. Il est à noter que son seul fils encore vivant ne fut pas invité à ces cérémonies. Toutefois, tant sur le plan industriel que politique, les Raspail allaient perpétuer l’œuvre du père. Et ils le firent à des niveaux notables. À titre d’exemple, l’aîné, Benjamin avait été élu député de Lyon dès 1849. Le plus jeune des fils, Xavier eut une longue existence, décédant en 1926 (à quelque 86 ans). Simone Raspail, petite-fille de François-Vincent Raspail décéda en 1991.
8En outre, les traces matérielles de la présence de Raspail furent elles aussi durables. Au début des années 1850, au moment du décès de son épouse, il avait commissionné l’un des plus fameux sculpteurs du moment, Antoine Étex pour concevoir le tombeau familial et l’élever au rang d’une œuvre d’art. Le tombeau figure une femme voilée et éplorée, la main agrippée aux barreaux d’une lucarne donnant sur une cellule où est enfermé son mari. Ce monument est aujourd’hui encore l’une des attractions du Père-Lachaise.
9Contrairement à la statue de bronze de Raspail, disparue lors de la Seconde Guerre mondiale, fondue pour obtempérer aux exigences des quotas de l’occupant6, le socle de six mètres de roche fut conservé et il domine encore le petit square portant le nom du chimiste républicain sur la place Denfert-Rochereau. Raspail y est représenté par deux bas-reliefs en bronze : le premier le représentant en train de déclarer la République en 1848, le second portant secours à un pauvre malade dans une humble chambre. Le bas-relief en pierre, au dos du monument, décrit sa femme et sa fille lui portant secours en prison, dans un style rappelant celui du tombeau familial au Père-Lachaise. L’ensemble comprend aussi plusieurs inscriptions significatives rappelant son action tant sur le plan politique que médical7.
10La plaque commandée sur ordre du président de la République en 1898, pour saluer l’œuvre médicale de Raspail est encore visible à l’emplacement de son premier logement, 5 rue de Sévigné, dans le quartier du Marais8. Les remèdes Raspail sont encore parfois accessibles dans quelques pharmacies. Comme l’a souligné Dora Weiner, en 1913, plus de trente villes et villages en France avaient baptisé des rues ou squares du nom de Raspail9. En 1932, Carpentras fit ériger un buste en marbre, placé dans le petit square Raspail, juste en face de la maison où enfant, il avait grandi.
11Toutefois la présence de ces marqueurs conduit à dissimuler l’homme, et « Raspail » est aujourd’hui assimilé plus spontanément à un boulevard qu’à une figure historique. Mais, comme on l’a signalé au début de ce travail, la mémoire n’est nullement indexée au mérite, et le cas Raspail ne diffère pas fondamentalement de maints autres. Cependant, ce qui rend son étude particulièrement intéressante est que ce phénomène d’évanouissement mémoriel fut paradoxalement précédé, dans le cas de Raspail, par d’énormes efforts et entreprises mémorielles impulsées par la famille, mais aussi soutenues et prolongées par l’État. Par ailleurs, au-delà même de l’effort réalisé par ses descendants pour maintenir vive la mémoire de leur père ou grand-père, le souvenir de l’homme se maintenait aussi à travers la réussite perpétrée des entreprises industrielles, médicales, politiques. Et ce souvenir pouvait encore se renforcer grâce à la grande variété de produits que proposaient aux quartiers et campagnes, la médecine et la pharmacie Raspail.
12L’historiographie consacrée à Raspail demeure aujourd’hui encore mince, si bien qu’il est difficile de localiser précisément le moment où son souvenir commence à s’estomper. L’hypothèse que nous désirerions avancer ici est que c’est justement l’ampleur et la réussite des commémorations au lendemain de la mort de Raspail qui expliquent en partie l’éclipse ultérieure. Faisant fidèlement écho aux résonances des moments fondateurs de la Troisième République, la mémoire figée de Raspail se signale par la suite, par une relative obsolescence est une incapacité à évoluer au gré des conjonctures historiques et politiques ultérieures10.
13Le mélange de science et de politique qui caractérise Raspail, son ascension sociale accompagnée d’une solidarité toujours déclarée vis-à-vis du peuple pour lequel il réclame sinon révolution, du moins réforme en faisaient le précipité des valeurs de la nouvelle république. Par ailleurs, un autre élément, plus accidentel vint renforcer cette collusion entre l’homme et le régime tel que ce dernier voulait se représenter : la grande majorité des récits biographiques sur Raspail fut l’œuvre des membres de sa famille, ou de ses intimes, et tous s’alignèrent sur la version fidèlement et consensuellement républicaine de l’œuvre et de l’action du grand homme11. La célébration de son œuvre scientifique même, délestée de son contenu politique, joua aussi dans le même sens.
14Le problème que pose la mémoire de Raspail s’éclaire lorsqu’on adopte une approche plus large et qu’on la compare à celle de Louis-Auguste Blanqui. Penseur et acteur tout aussi radical de la même génération, la mémoire de « l’enfermé » construite sur d’autres bases et dans d’autres circonstances, s’est plus facilement adaptée aux temps ultérieurs que celle de Raspail. Leurs vies diffèrent nettement sur le plan familial, Blanqui, plus que Raspail subit les affres de la prison, mais leurs trajectoires respectives révèlent de fortes similarités.
15L’un – et peut-être l’autre – précocement happés par la Charbonnerie au tournant 1820, ils inaugurèrent véritablement leur engagement politique au moment des Trois Glorieuses de Juillet. Tant Blanqui que Raspail reçurent la croix de Juillet pour leur engagement lors des journées révolutionnaires, et tous deux furent rapidement mis au ban du nouveau régime, tâtant pour la première fois de la prison en 1831. Ils subirent l’épreuve des procès et de la prison à de très nombreuses reprises au cours de leur existence respective – ils furent, ensemble, au procès des Quinze (1832) et au procès de Bourges (1849). Ils fondèrent et présidèrent des clubs en 1848, lancèrent leurs propres journaux et, au début du Second Empire, vécurent leur exil en Belgique. Ni l’un, ni l’autre impliqués dans les combats de la Commune, n’en furent pas moins, à un âge très avancé, mis à nouveau en détention sous l’Ordre moral et donc au début de la Troisième République. Élus à des postes officiels très tardivement, ils achevèrent leur carrière de combattants en livrant bataille en faveur de l’amnistie des communards.
16Ils moururent à trois ans d’écart, l’un et l’autre en janvier, et le mauvais temps n’arrêta pas la foule qui suivit chaque fois leur cercueil dans les rues de Paris, jusqu’au Père-Lachaise où leur mémoire fut célébrée et où ils furent enterrés. Leur nom survécut donc les années suivantes à travers une succession de commémorations.
17Si l’on ne se focalise pas sur la plus grande foi évidente de Blanqui dans le pouvoir de l’action révolutionnaire, on ne peut que remarquer la proximité de leurs idées politiques : la société ne doit pas être divisée entre oppresseurs et oppressés, justice et liberté doivent être promues de concert, l’influence de l’Église et de la religion affaiblie de façon significative, l’éducation libre constitue un objectif premier à réaliser, et la France est une nation élue que doivent défendre les citoyens en armes. Tant Blanqui que Raspail sont inclus dans le groupe des premiers socialistes, quelles que soient d’ailleurs la précision et la justesse de l’étiquette, s’en revendiquaient et se ralliaient à la cause du mouvement social.
18On pourrait encore ajouter qu’en sus de ces proximités politiques, les deux hommes exhibaient des traits forts de caractère assez similaires qui furent relevés dans la presse au gré des péripéties de leur existence réciproque. Il en est de même dans les biographies et portraits qui leur furent ensuite consacrés : sens du sacrifice, capacité à endurer, volonté de combattre et de s’opposer ; des qualités qu’ils surent au mieux sélectionner et mobiliser au gré de situations exigeant la dignité, la simplicité, l’engagement, la loyauté, la conviction.
19 Pourtant, en dépit de toutes ces similarités, leur mémoire respective fut mise par la suite au service d’agendas politiques et intellectuels bien différents. Celle de Raspail fut intégrée au tableau d’une Troisième République héroïque et quasiment éternelle. Celle de Blanqui, en revanche, s’inscrivit dans un mouvement d’ensemble et prit place dans le récit en cours du marxisme-léninisme et de l’histoire ascendante de la révolution sociale et de la lutte des classes.
20Étudier en parallèle les trajectoires de Raspail et de Blanqui permet alors d’observer comment à ces deux figures du xixe siècle furent par la suite associés des récits distincts – et au-delà de ces deux cas singuliers, comment ces récits furent associés plus généralement aux républicanismes se situant à gauche et à droite des deux bords du spectre politique – ne correspondant qu’en partie seulement à la réalité de leurs opinions et de leurs engagements réels. Raspail, il est vrai, ne partageait pas l’optimisme de Blanqui en matière de potentialité de l’action révolutionnaire, mais il faut ajouter que la légende d’un Blanqui révolutionnaire fut essentiellement forgée après sa mort et dans la perspective d’élaboration d’un grand récit marxisteléniniste. Durant leur existence, les deux figures de Blanqui et Raspail étaient, au contraire, identifiées, tant par les commentateurs de gauche que ceux de droite, comme se situant sur une position assez similaire.
21Dans le cours des péripéties de chacune de leur existence personnelle, leurs chemins se croisèrent à quelques reprises. Ils furent côte à côte sur les bancs des accusés au procès des Quinze (1832) et l’année suivante, Raspail fut témoin au mariage de Blanqui12. En avril 1848, Raspail fut l’une des rares personnalités à monter au créneau et prendre publiquement la défense de Blanqui lors de l’affaire du document Taschereau, publiant un article à décharge dans L’Ami du peuple.
Nous avons partagé la prison de Blanqui ; nous avons été son coaccusé dans le procès des Quinze ; nous avons été le confident de ses affaires intimes et le témoin de son mariage. Nous pouvons rendre ce témoignage à ses mœurs et à sa vie domestique, savoir : que nul n’a jamais vécu de si peu et n’a eu moins de besoins physiques à satisfaire. Nous sommes encore à nous demander par quel bout de ses goûts et de ses passions la corruption aurait pu avoir l’idée de l’entreprendre. Le jour où ce petit M. Taschereau, l’homme de Louis-Philippe et de ses ayants cause, lança dans le public cette pièce qu’il disait authentique, contre la moralité politique de Blanqui, nous en restâmes stupéfiés ; nos idées en furent bouleversées, comme elles le sont à la suite du cauchemar d’un rêve […] La réponse de Blanqui s’est fait attendre un peu trop longtemps ; Blanqui est sorti de prison exténué et incapable de soutenir un travail trop pénible. Mais enfin cette réplique a paru, et elle nous semble foudroyante, d’autant plus foudroyante que nul ne lui répond plus. Si Blanqui était coupable de la dénonciation qu’on lui impute, vous devriez en trouver cent de sa main de cette nature-là ; vous n’en produisez pas une seule autre [… ]13.
22 Peu après, les deux hommes se retrouvèrent encore au procès de Bourges, accusés d’être des principaux fomenteurs de la journée du 15 mai 1848. Alors que nombre de biographes de Raspail considérèrent qu’ils avaient été plutôt entraînés dans l’événement, Jill Harsin avance que Raspail, au contraire, rédigea à cette occasion une proclamation qui fut rejetée en raison de ses accents trop radicaux et trop violents14.
23Pour accentuer le caractère de proximité des deux destins et ainsi entamer le récit ultérieur distinguant les deux hommes, il faut encore ajouter que même après 1850, alors même que la trajectoire des deux hommes prit des directions différentes, ils furent encore le plus souvent associés par l’opinion du temps. Alors que Blanqui continua à passer des années en prison, la situation économique des Raspail s’améliora nettement avec la réussite de leurs magasins et usine. Dans cette même période, sur le plan politique, Raspail accéda également à des fonctions majeures, devenant député en 1869. Si la littérature ultérieure vit là le signe d’une divergence fondamentale entre les deux hommes, l’opinion du temps n’en fit pas de même. Au lendemain de sa mort et avant même ses funérailles, le journal de droite Le Français publia un article violent contre Raspail, arguant notamment du fait qu’on saluait là un frère d’arme de « l’enfermé » et de tous les exaltés les plus violents du temps :
Cet émule de Barbès et de Blanqui, cet ennemi de la société […] cet adversaire acharné de toute foi religieuse […] cet infatigable fauteur d’émeutes et de sociétés secrètes […] ce charlatan médical […] Dans tout le vieux parti révolutionnaire, il n’est pas de nom plus compromis et qui dût être plus énergiquement répudié par ceux qui prétendraient être devenus un parti de gouvernement et de légalité15.
24Significativement, la gauche dressa elle aussi le même parallèle, mais, naturellement, dans un tout autre esprit. Dans un article publié dans Le Réveil, Jean La Rue associait les noms de Blanqui et Raspail, soulignant en particulier leur solidarité vis-à-vis de la souffrance et de l’oppression subis par les plus pauvres :
Raspail est mort ; Blanqui est enterré vivant […] Raspail et Blanqui, ces misérables, ont vécu pendant des années dans l’air empesté des prisons […] Raspail et Blanqui ont réclamé pour tous, le droit de vivre, le droit de parler et d’écrire, et ils ont pratiqué ce droit en l’honneur de ceux qui avaient faim de justice et de paix. Raspail et Blanqui ont été ruinés, bafoués et salis […] Raspail et Blanqui ont été prisonniers de MacMahon, de Thiers, de Napoléon, de Cavaignac, des d’Orléans […] Raspail et Blanqui ont joué leur peau pour les idées ; on les a traités d’assassins et d’ambitieux16.
25Les mêmes accents ressortent du pamphlet de Jules Rouquette, Les Défenseurs de la République :
La démocratie compte parmi ses défenseurs des hommes sans peur et sans reproche qui lui formeront une légende chevaleresque […] Barbès, Blanqui, Baudin, Kersausie, Raspail et quelques autres, ont montré cette inébranlable foi, ce courage indomptable, qui savent résister à toutes les séductions, affronter tous les périls, braver toutes les misères, plus grands que les héros du sabre qui la bataille enivre et que la gloire exalte, plus grands que les martyrs qui entrevoient le ciel au bout de leurs tortures, eux qui ne souffrent que pour le bien d’autrui, pour le bonheur du peuple. L’exil, la prison, la mort, telle a été la récompense de la plupart de ces chevaliers du droit démocratique17.
26Et ce n’est pas un Raspail différent de Blanqui qui est peint dans le discours du député de Marseille, Émile Bouchet :
Quelle reconnaissance ne devons-nous pas, citoyens, à ces lutteurs infatigables que n’ont rebuté ni les souffrances de la prison, ni les amertumes de l’exil que n’ont pas atteint les défaillances de l’âge avancé, à ces géants héroïques qui ont broyé de leurs puissantes mains les trônes de nos oppresseurs18.
27Émile Gauthier, représentant la jeunesse socialiste du temps au moment du décès de Raspail, prit la parole lors de ces funérailles aussi qu’un peu plus tard à celles de Blanqui19. En 1878, Gauthier estimait que ceux devant être à la tête du convoi et prononcer les hommages devaient justement être ceux que le Gouvernement avait exilés aux quatre coins du globe, un gouvernement qui alors maintenait encore Blanqui en prison :
C’est à nous, c’est à cette jeune couche, née trop tard pour partager leurs angoisses et leurs souffrances qu’il appartient de ramasser dans le sang des martyrs le drapeau de la Révolution sociale, et de l’arborer sur cette fosse entrouverte […] Il n’y a que les morts qui ne reviennent pas, dit le proverbe. Et je dis moi, il y a des morts qui reviennent, et Raspail est de ceux-là. La mémoire de celui qui fut l’incarnation vivante du droit, de la justice, de la science et de la vérité, restera pour servir d’exemple impérissable à la postérité républicaine […] [I] l est souvent dans la destinée des vaincus de la veille de devenir les vainqueurs du lendemain20 !
28Et lorsque Raspail mourut, ce fut Blanqui, encore emprisonné, qui fut présenté comme son successeur logique à l’Assemblée. Au décès de Blanqui, en 1881, la tombe de Raspail fut couverte de fleurs, un épisode qui se renouvela les années suivantes et au rythme des commémorations, les deux emplacements devenant des lieux de pèlerinage notamment dans le souvenir des communards21.
29Une année plus tard, l’ouvrier que la famille Raspail avait autorisé comme seul orateur lors de l’anniversaire commémoratif concluait en faisant mention des épisodes du combat en faveur de l’amnistie des communards, associant une nouvelle fois Blanqui à ces épisodes :
Nous sommes aujourd’hui en République et il ne faut nous décourager des obstacles que la bourgeoisie nous créera. Marchons en avant et nous arriverons infailliblement à délivrer Blanqui et tous nos amis22.
30La différence de traitement mémoriel entre les deux hommes pourrait s’expliquer par le fait que Blanqui fut à l’origine d’un courant, eut des disciples, ce qui ne fut pas le cas de Raspail. Le fait est indéniable, mais insuffisant pour expliquer cette différence. La question de savoir si un traitement plus nuancé et plus adaptatif de l’héritage de Raspail n’aurait pas conduit à lui donner une place plus distinctive dans les récits ultérieurs relatifs aux espoirs de transformation sociale, demeure centrale. Cela n’aurait pas permis, par ailleurs, de l’associer visuellement à un monument comme L’Action enchaînée d’Aristide Maillol, figuration d’un mouvement vers le mieux, plutôt qu’à l’immobile figure imaginée par Léopold Morice.
31Il ne s’agit pas tant ici de faire exercice d’histoire contrefactuelle, donc hypothétique et en grande partie indéterminable, mais plutôt d’examiner à nouveaux frais la littérature biographique sur Raspail. Une lecture de près et comparative de cette littérature signale le degré d’imprégnation de la mémoire de Raspail par une version officielle et pour ainsi dire décontaminée de l’histoire du mouvement social que promouvait alors la Troisième République. Trois omissions sont ici particulièrement significatives.
32Premièrement, durant l’été 1835, Raspail avait été invité dans l’appartement de la sœur de Jean-Paul Marat, qui, la vieillesse venant, désirait léguer les archives et souvenirs de son frère : microscope, collection de prismes et lentilles, appareillages électriques, laboratoire chimique, nécessaire de médecine, et enfin collection du journal L’Ami du peuple (1789-1792) annotée de sa main. Raspail lui-même rend compte de cet épisode en termes émus : « Je l’accepte de grand cœur en ma qualité d’homme d’études et d’enfant de la Révolution »23. Entre 1836 et 1863, il compila un volume, Étude impartiale sur Jean Paul Marat le savant et Jean Paul Marat le révolutionnaire, dans lequel il réhabilitait cette figure controversée. Il faut souligner ici que cette réhabilitation par Raspail ne dissimulait, ni ne condamnait, les appels de Marat en faveur de la violence. Bien au contraire, Raspail le louait pour sa dénonciation des traîtres, et ajouta que son exécution à l’aube de la Terreur avait été une perte pour la Révolution :
S’il avait vécu, il n’aurait pas tardé à signaler au peuple la pensée intime et antirévolutionnaire de ces renards couverts de la peau des brebis, qui n’ont tant multiplié les exécutions à mort que pour jeter de l’odieux sur le système républicain […] L’Ami du peuple aurait jeté un cri de noble indignation en voyant ces proconsuls en habit de l’ancien régime, muscadins en perruque et en jabot, encombrer les prisons, non des ennemis de la patrie, mais des partisans les plus purs de la Révolution ; et sa plume plus puissante que toutes leurs menées aurait détourné le char de la République de la pente vers laquelle ces équivoques triumvirs le poussaient vers la restauration de l’autel et du trône […] Contre les ennemis de la révolution, il ne cessa jamais d’être juste et humain jusque dans les cas de la plus pressante nécessité de la défense24.
33Raspail plaçait Marat juste derrière Rousseau dans son panthéon républicain ; il ne dissimula jamais dans ses mémoires et souvenirs son admiration pour ce héros des sans-culottes : « Marat était médecin et homme de science avec probité ; révolutionnaire avec ferveur. On comprend pourquoi j’en fais un compagnon de mon existence et un modèle de vie »25. Or, parmi ses biographes, seul Velluz met en lumière cette proximité, Dora Weiner et d’autres biographes soulignant plutôt le caractère peu évident du rapprochement Marat/Raspail, estimant anecdotique le fait que Raspail ait nommé, au printemps 1848, son club et son journal L’Ami du peuple26.
34Deuxièmement, si Weiner a raison concernant la fameuse proclamation de Raspail en février 1848, une proclamation reprise en partie sur la plaque du monument Morice, il est nécessaire de relever les accents blanquistes de cette proclamation. La première partie, la plus souvent reproduite, est bien connue : « Au nom du peuple français, je proclame la République Une et Indivisible ». Mais Weiner ajoute qu’une seconde partie lui succède où Raspail dit en substance que la moindre évocation d’une régence possible dans ces circonstances mériterait pour son auteur le peloton d’exécution27. Si l’on met de côté la question de la véracité de cette seconde mention, il est de nouveau significatif que, depuis 1968, cette mention n’a attiré ni l’attention, ni les commentaires qu’elle appelait.
35Troisièmement, une dernière omission concerne le fait que, présent à Paris durant le siège de la Commune, et notamment durant sa dernière phase, Raspail ne participa pas au mouvement. C’est ce que signalent les principales sources disponibles. En réalité, la somme totale de lignes rédigées par les biographes sur Raspail et la Commune pourrait tenir en une page. Raspail lui-même est peu éloquent dans ses mémoires :
[J]e n’ai pris parti ni pour la Commune – ce ramassis d’imbéciles, de fripons et de dupes –, ni pour Versailles. Les communards ont tué des blessés transportés en ambulances, mais raconter les horreurs des Versaillais est impossible.
36Toutefois, de nombreuses mentions signalent qu’il souffrit aux côtés du peuple durant ces événements, que chacun de ses fils participa à l’effort de défense de Paris, et qu’après la Commune, il fut encore condamné et emprisonné pour ses positions en faveur des communards exprimées dans ses almanachs de 1873 et 1874 ; il fut peu après l’un des principaux avocats de l’amnistie complète.
37Alors que l’intention de mieux connaître Raspail constitue un projet opportun en lui-même, la comparaison entreprise ici entre sa mémoire et celle de Blanqui, permet d’ouvrir un chantier plus vaste, relatif aux distorsions et omissions ayant façonné notre compréhension de la gauche française au xixe siècle. Cette étude de cas permet de poser nombre de questions : dans quelle mesure, et avec quelle intensité, la stratégie narrative et mémorielle mise en place sous la Troisième République a-t-elle figé une distinction trop nette entre modérés et radicaux ? En quoi sa dimension moralisatrice et son optique consensuelle ont-elles conduit à une euphémisation sur le chapitre de la violence et surtout des conflits ?
38Je voudrais alors conclure en mobilisant la distinction proposée par Pierre Rosanvallon entre « le politique » et « la politique » :
Se référer au politique, [écrit-il, ] plutôt qu’à la politique, c’est parler du pouvoir et de la loi, de l’État et de la nation, de l’égalité et de la justice, de l’identité et des différences, de la citoyenneté et de la civilité – en résumé, c’est parler de tout ce qui constitue la vie politique au-delà du champ immédiat de la compétition partisane pour l’obtention du pouvoir, au-delà de l’action gouvernementale ordinaire et du fonctionnement courant des institutions28.
39Dans le cas de Raspail, on peut se demander si son souvenir n’aurait pas été entretenu différemment et si ce souvenir n’aurait pu vivre de façon plus ample s’il n’avait été fabriqué dans le contexte d’une activité mémorielle qui relevait davantage de la politique que du politique. Ainsi aurait-on pu peut-être plus facilement l’extraire de la pierre dans laquelle il demeure figé, donnant à sa mémoire la possibilité d’exister et d’évoluer encore.
Notes de bas de page
1 Cet article est une version remaniée d’un extrait de ma thèse : Dodds Dawn, 2010, Funerals, Trials, and the Problem of Violence in 19th-Century France : Blanqui and Raspail, Cambridge, University of Cambridge. La traduction de cet article a été assurée par Ludovic Frobert.
2 La réputation de Raspail en tant qu’expert devint évidente lors des retentissants procès de Louis Mercier (1839) et Marie Lafargue (1840).
3 Weiner signale que tandis que le Journal des Débats avançait le chiffre de 15000-20000, le plus libéral, La Presse proposait 30000 (Weiner Dora B., 1968, Raspail : Scientist and Reformer, New York, Columbia University Press, p. 236). Saquet-Coulomb reproduit le très exagéré chiffre de 100000 (Saquet-Coulomb Marthe, 2002, François-Vincent Raspail, de la science aux barricades, Morières, Éditions de la Cardère, p. 165). Dans ses mémoires, Raspail chiffre à 50000 (Lemoine Yves et Lenoël Pierre, 1984, Les avenues de la République : Souvenirs de F.-V. Raspail, Paris, Hachette, p. 340), et c’est ce chiffre qui est rappelé sur la plaque ornant le tombeau des Raspail au Père-Lachaise : « Ici repose et nous attend Henriette Adélaïde Raspail. Épouse de F.-V. Raspail. Née à Paris, le 18 avril 1799. Décédée à Doullens, le 8 mars 1853, victime de sa dévotion conjugale. Inhumée en ce lieu, le 13 mars. Cinquante mille citoyens ont accompagné jusqu’ici sa dépouille mortelle ». Ce fut d’ailleurs à la suite de cette manifestation que le ministre de l’Intérieur, Maupas, publia une circulaire pour alerter le pouvoir sur le fait que les républicains transformaient des funérailles en manifestations politiques (Weiner Dora B., 1968, Raspail…, op. cit., note p. 236).
4 Sur la plaque de Marie Raspail figure la mention suivante : « Marie Appoline Raspail. Née à Paris, le 24 octobre 1836. Décédée à Monaco, le 11 décembre 1876. Inhumée en ce lieu, le 17 du même mois. De nombreuses députations couvrirent de couronnes son cercueil à son passage de Lyon. La population de Paris lui fit comme à sa mère de grandioses funérailles ».
5 La statue, sculptée par Léopold Morice, avait initialement été érigée à l’angle du boulevard Raspail et du boulevard Quinet. Elle fut déplacée place Denfert-Rochereau en 1893, lorsque le boulevard Raspail fut prolongé. Les rapports de police signalent qu’au temps du lancement de la souscription, la place de Belleville avait les faveurs de l’opinion pour accueillir cette statue (archives de la préfecture de Police, fonds BA, carton 1235).
6 La statue de bronze fut très probablement retirée le 13 décembre 1941. Elle pesait 1 020 kilos (cette information m’a été transmise par Kirrily Freeman auteur de Bronzes to Bullets : Vichy and the Destruction of French Public Statuary, Palo Alto, Stanford University Press, 2008).
7 Politique : « Le 25 février, Raspail proclame la République sur la place de l’Hôtel de Ville/Raspail, promoteur du suffrage universel ». Médical : « Donnez-moi une vésicule animée de sa vitalité, et je vous rendrai le monde organisé (Théorie cellulaire, 1825-1836)/À la science, hors de laquelle tout n’est que folie ; à la science, l’unique religion de l’avenir, son plus fervent et désintéressé croyant ».
8 « Dans cette maison, François-Vincent Raspail, promoteur du suffrage universel, né à Carpentras, le 24 janvier 1794, mort à Arcueil, le 7 janvier 1878, donna gratuitement ses soins aux malades de 1840 à 1848 ».
9 Weiner Dora B., 1968, Raspail…, op. cit., p. 129. Il est désigné précisément comme « chimiste et homme politique » sur le boulevard parisien alors qu’à Carpentras son monument ne porte que la mention d’homme de science.
10 Je m’inspire ici des réflexions de Mona Ozouf sur le Pathéon. Ozouf Mona, 1998, « The Panthéon : The École normale of the Dead », in Nora Pierre (éd.), Realms of Memory : rethinking the French past, vol. iii, New York, Columbia University Press, p. 325.
11 Raspail François, 1908, Biographie de F.-V. Raspail par son petit-fils, le Dr François Raspail, Carpentras, Impr. modernes ; Raspail Xavier, 1916, Raspail et Pasteur : Trente ans de critiques médicales et scientifiques, 1884-1914, Paris Vigot ; Raspail G. (Mme Xavier), 1926, La vie et l’œuvre scientifique de F.-V. Raspail, Paris, Vigot ; Raspail Simone, 1966, Un savant et un républicain au xixe siècle : François-Vincent Raspail, Paris, N.E. Marthe Saquet-Coulomb, auteur de François-Vincent Raspail, de la science aux barricades, était une amie proche de Simone Raspail ; comme dans le cas de l’ouvrage de Velluz Léon, 1974, Raspail : un contestataire au xixe siècle, Périgueux, Pierre Fanlac, la recherche a été conduite en étroite collaboration avec la famille. Lemoine Yves et Lenoël Pierre, 1984, Les avenues de la République…, op. cit., est un travail hybride mêlant la reproduction des mémoires inachevés et fragmentaires que Raspail avait dictés à la fin de sa vie, et la réécriture biographique par Lemoine et Lenoël des éléments manquants.
12 Raspail clama que l’infection qui aboutit à l’amputation de la jambe de son aîné Benjamin avait été déclenchée par une pierre reçue par l’enfant dix ans plus tôt dans le village de Montmorency. La pierre aurait été une vengeance commandée par les autres prisonniers de Sainte-Pélagie que Raspail avait traité d’ivrognes (Lemoine Yves et Lenoël Pierre, 1984, Les avenues de la République…, op. cit., p. 212-213).
13 L’Ami du peuple, 15 avril, 1848. Une copie de l’article est publiée dans Bédeïs Patricia et Jean-Pierre, 2005, François-Vincent Raspail, Paris, Alvik éditions, p. 190-191. Blanqui et de nombreux blanquistes évoquaient toujours Raspail en termes respectueux et signalaient sa position lors de l’affaire Taschereau. Raspail de son côté déplorait notamment dans ses mémoires dictés tardivement, la distance qui s’était accusée au fil du temps entre Blanqui et lui (Lemoine Yves et Lenoël Pierre, 1984, Les avenues de la République…, op. cit., p. 157 et p. 322).
14 Harsin Jill, 2002, Barricades : The war of the streets in revolutionary Paris, 1830-1848, New York, Palgrave, p. 288.
15 Le Français, 10 janvier 1878.
16 Le Réveil, 10 janvier 1878.
17 Rouquette Jules, 1878, Les Défenseurs de la République : F.-V. Raspail, Paris, Claverie.
18 Bouchet Émile, 1878 (14 janvier), Le Réveil.
19 Gautier se plaignit du souhait exprimé par la famille Raspail de ne pas lui donner une place officielle dans le convoi et de ne pas lui autoriser un discours officiel (Rapport de police, 13 janvier 1878, archives de la préfecture de Police, fonds BA, carton 1235).
20 Gautier Émile, 1878 (14 janvier), Le Réveil.
21 Dans la continuité de la tradition du xixe siècle, des œillets rouges sont encore régulièrement posés sur la tombe de Blanqui. Il n’y a aucune trace du moment où Raspail a cessé d’être honoré de cette manière, mais le seul hommage que j’ai trouvé sur sa tombe est un pot de fleurs fanées.
22 Rapport de police, 13 janvier 1879, archives de la préfecture de Police, fonds BA, carton 486.
23 Lemoine Yves et Lenoël Pierre, 1984, Les avenues de la République…, op. cit., p. 259.
24 Raspail François-Vincent, 1968, « Étude impartiale sur Jean-Paul Marat le Savant et Jean-Paul Marat le Révolutionnaire », in Martineau Jérôme, François-Vincent Raspail ou le bon usage de la prison, Paris, J. Martineau, p. 82.
25 Lemoine Yves et Lenoël Pierre, 1984, Les avenues de la République…, op. cit., p. 260.
26 Weiner Dora B., 1968, Raspail…, op. cit., p. 203.
27 Ibid., p. 201. Weiner ne fournit pas de référence à cette citation, et aucune source ne m’a jusqu’à présent permis de la vérifier. Toutefois, son ouvrage ayant jusqu’à présent bien résisté à l’épreuve du temps et de ses vérifications, se caractérisant également par le fait qu’il fournit un portrait nuancé du radicalisme de Raspail, il y a de raisonnables chances que la citation soit correcte.
28 Rosanvallon Pierre, 2006, Democracy Past and Future, New york, Columbia University Press, p. 36, traduction de : « To refer to “the political” rather than to “politics” is to speak of power and law, state and nation, equality and justice, identity and difference, citizenship and civility – in sum, of everything that constitutes political life beyond the immediate field of partisan competition for political power, everyday government action, and the ordinary function of institutions ».
Auteur
Consacré ses études supérieures à l’examen de la représentation et de l’usage politique de la violence dans la France révolutionnaire. Ses études en histoire débutées à l’Université de Victoria (Canada) se sont poursuivies et achevées à l’Université de Cambridge où elle a soutenu, en 2010, une thèse de doctorat intitulée, Funerals, Trials, and the Problem of Violence in 19th-Century France : Blanqui and Raspail. Elle a coédité avec Tim Blanning, Carolina Armenteros et Isabel DiVanna, le volume Historicizing the French Revolution (Cambridge, Cambridge Scholars Publishing, 2008). Après avoir complété deux années postdoctorales à l’Université McGill, où elle a enseigné l’histoire moderne européenne, et a continué sa recherche sur l’héritage de Raspail, elle quitte le milieu académique. Elle occupe actuellement le poste de directrice générale à l’Académie linguistique internationale à Montréal.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La formation d’une opinion démocratique
Le cas du Jura, de la révolution de 1848 à la « république triomphante » (vers 1895)
Pierre Merlin
2017
Les mutations récentes du foncier et des agricultures en Europe
Gérard Chouquer et Marie-Claude Maurel (dir.)
2018
Deux frontières aux destins croisés ?
Étude interdisciplinaire et comparative des délimitations territoriales entre la France et la Suisse, entre la Bourgogne et la Franche-Comté (xive-xxie siècle)
Benjamin Castets Fontaine, Maxime Kaci, Jérôme Loiseau et al. (dir.)
2019
Un mousquetaire du journalisme : Alexandre Dumas
Sarah Mombert et Corinne Saminadayar-Perrin (dir.)
2019
Libertaire ! Essais sur l’écriture, la pensée et la vie de Joseph Déjacque (1821-1865)
Thomas Bouchet et Patrick Samzun (dir.)
2019
Les encyclopédismes en France à l'ère des révolutions (1789-1850)
Vincent Bourdeau, Jean-Luc Chappey et Julien Vincent (dir.)
2020
La petite entreprise au péril de la famille ?
L’exemple de l’Arc jurassien franco-suisse
Laurent Amiotte-Suchet, Yvan Droz et Fenneke Reysoo
2017
Une imagination républicaine, François-Vincent Raspail (1794-1878)
Jonathan Barbier et Ludovic Frobert (dir.)
2017
La désindustrialisation : une fatalité ?
Jean-Claude Daumas, Ivan Kharaba et Philippe Mioche (dir.)
2017