10. Alfred Naquet et François-Vincent Raspail : destins croisés de deux républicains vauclusiens
p. 219-230
Texte intégral
Quant à moi, je puis dire qu’en qualité d’homme de science, j’ai médité ses œuvres ; qu’en qualité de citoyen, j’ai appris dans ses livres à penser, à comprendre l’humanité, à aimer la République. Raspail est notre maître à tous. Il est deux fois mon maître à moi, et par l’influence qu’il a exercé sur le développement de ma pensée je puis juger de ce que la France lui doit1.
1C’est ainsi qu’Alfred Naquet commence l’oraison funèbre de François-Vincent Raspail, en 1878, au cimetière du Père-Lachaise. Le député du Vaucluse est appelé à la prononcer à la demande du conseil municipal de Carpentras, et à la suite de l’ancien député du Vaucluse Louis Blanc, représentant de la génération des républicains de 18482.
2Lors de ce discours, Alfred Naquet rappelle les combats du jeune Raspail contre les monarchistes et les « cléricaux » sous la monarchie de Juillet, en écho direct avec son propre combat contre ces mêmes adversaires lors de la suprématie de l’Ordre moral jusqu’en 1877. Naquet inscrit la quête d’une république « radicale » des républicains les plus intransigeants, dont il fait partie, dans la continuité des idées politiques de ce grand homme. En rendant hommage à Raspail, c’est donc les luttes passées et présentes de l’aile radicale du parti républicain qu’il souhaite parallèlement mettre en valeur. Cela en oubliant volontairement la participation politique très modeste de Raspail, déjà très âgé, pendant les débuts de la Troisième République, et en oubliant les nombreuses divergences des radicaux tout au long du xixe siècle.
3Lors de ce discours, Alfred Naquet rappelle aussi les travaux scientifiques de Raspail, influencés par son républicanisme et qui se sont heurtés à la science officielle de son temps. Le député du Vaucluse, médecin et chimiste, a connu lui aussi des difficultés dans sa carrière scientifique, notamment à cause de son engagement politique. Les deux hommes semblent donc avoir eu, au premier abord, un itinéraire politique et une carrière scientifique contrariée assez similaires. Pourtant, vouloir comparer le destin de ces deux personnages pose, d’emblée, un certain nombre de difficultés.
4Tout d’abord, ils appartiennent à deux générations différentes. François-Vincent Raspail est né en 1794, alors qu’Alfred Naquet naît en 1834. Alfred Naquet n’est qu’adolescent durant la Deuxième République, vivant encore à Carpentras, loin des événements parisiens, auxquels il était toutefois favorable selon ce qu’il affirme au crépuscule de sa vie3. A contrario, François-Vincent Raspail a un rôle majeur dans la révolution de 1848 à Paris, et ce dès les premiers jours. Rappelons qu’il a fondé un journal, L’Ami du peuple, et qu’il a été candidat à l’élection présidentielle, réunissant sur son nom des suffrages de républicains radicaux4.
5Une vingtaine d’années plus tard, au début de la Troisième République, Alfred Naquet fait partie d’une nouvelle génération de républicains, guidés par Gambetta, ayant fait leurs armes dans l’opposition au Second Empire, dans les cafés, dans les cercles, dans la presse soumise à l’arbitraire préfectoral5. Il connaît alors l’une des périodes les plus intenses de sa vie politique. Au même moment, Raspail a un rôle politique mineur. Il appartient à ceux que l’on nomme alors « les vieilles barbes » de 1848, auréolés du prestige de leur exil et des multiples combats qu’ils ont menés pour la République. Ils sont devenus plutôt des figures tutélaires et âgées que l’on invoque volontiers plutôt que des militants actifs6.
6Les deux hommes ont aussi eu une postérité très différente. L’engagement dans le boulangisme d’Alfred Naquet l’exclut, tout d’abord, du panthéon républicain. Il est considéré comme un traître ayant mis en danger la République, à cause de la peur du coup d’État que ce mouvement a suscitée7. Puis son implication pour corruption dans le scandale de Panama salit sa réputation publique puisque son nom est associé aux « chéquards »8, c’est-à-dire aux parlementaires accusés d’avoir reçu de l’argent en échange de votes favorables aux projets de la compagnie universelle du canal de Panama. À l’inverse, François-Vincent Raspail était justement réputé pour être un incorruptible dans la lignée de Robespierre, comme l’a bien montré Jonathan Barbier9.
7Malgré cela, les parcours des deux hommes ont des similitudes qui justifient que l’on puisse essayer de comparer leurs trajectoires personnelles et politiques. Tout d’abord ils sont tous deux Carpentrassiens, engagés corps et âme pour une certaine idée de la république, radicale et socialisante. Ils ont tous deux voulu réformer, réviser le système politique de leur temps. Ce sont aussi deux chimistes, avec une formation de médecine plus ou moins suivie durant leur carrière.
8Les itinéraires de François-Vincent Raspail et d’Alfred Naquet peuvent être comparés en présentant tout d’abord leurs origines familiales et leur formation scientifique, puis en évoquant leurs rôles et leur positionnement dans l’opposition républicaine à l’Empire. Leurs divergences face à la Défense nationale et la Commune seront ensuite présentées, et, enfin, leur place dans la Troisième République.
I. Deux Carpentrassiens, deux scientifiques, deux républicains
9François-Vincent Raspail et Alfred Naquet sont tous deux nés dans le Vaucluse, département passé politiquement du royalisme au républicanisme radical à partir de la Deuxième République10. Leurs origines familiales divergent toutefois. Raspail est issu d’une famille catholique, qualifiée de « papiste » car partisan du pouvoir pontifical sur le Comtat Venaissin récemment rattaché à la France. Son père était aubergiste. Au décès de celui-ci, le jeune Raspail vit dans un certain inconfort financier. Alfred Naquet, quant à lui, est issu d’une famille judéo-comtadine installée depuis longtemps à Carpentras. Son père, propriétaire terrien, jouit de revenus relativement confortables, sans toutefois que cette famille fasse partie des plus importantes familles juives vauclusiennes, comme les Valabrègue11. Alfred Naquet hérite des idées de libre-penseur de son père, n’ayant reçu une éducation hébraïque que très superficielle selon son témoignage postérieur12. Tous deux prennent goût aux sciences auprès de professeurs nommés Eysséric : l’abbé Joseph-Siffrein-François Eysséric pour Raspail, et le professeur Antoine Dominique Eysséric pour Naquet, a priori sans liens de parenté. Pour François-Vincent Raspail, c’est ce professeur qui lui aurait donné le goût des sciences dures et des humanités, dans l’établissement scolaire spartiate où Raspail avait été placé par sa mère après son veuvage13. Alfred Naquet garde d’ailleurs un contact épistolaire avec son ancien maître, par l’intermédiaire de son père, Antoine Dominique Eysséric faisant partie des républicains de Carpentras14.
10À la fin de leur scolarité secondaire à Carpentras, François-Vincent Raspail tout comme Alfred Naquet partent à Paris pour leurs études, en 1815 pour le premier, et trente-cinq ans plus tard pour le second. François-Vincent Raspail rejoint la faculté de droit, mais rapidement il préfère se tourner vers la médecine, puis poursuit ensuite des recherches dans le domaine de la chimie. Il devient néanmoins un farouche critique de la science académique, et, par ses publications, participe à une science populaire, étudiée par Bernadette Bensaude-Vincent. Alfred Naquet s’inscrit quant à lui à la faculté de médecine à son arrivée à Paris. En 1857, il est licencié ès sciences physiques, puis en 1859 il devient docteur en médecine, avant de se tourner vers la chimie, qu’il enseigne durant deux ans à l’université technique de Palerme15. À Paris, Naquet fréquente de grands chimistes, comme Charles-Adolphe Wurtz16, et plusieurs de ses élèves17.
11Les deux hommes ont aussi pour point commun d’avoir commencé à participer à la vie politique de leur temps durant leurs études respectives. François-Vincent Raspail fonde un journal nommé Le Réformateur, diffusé dans les milieux républicains à Paris et en province. On note d’ailleurs parmi les contributeurs la présence du père d’Alfred Naquet, David Naquet, en 1834, année de la naissance d’Alfred. Il collaborait au quotidien vauclusien aux idées libérales Le Progrès, avant qu’il ne soit interdit par la monarchie de Juillet. Il est même question un temps d’une collaboration journalistique entre les deux hommes, qui n’aboutit pas. Après ses études, Raspail devient un temps professeur au collège Sainte-Barbe, avant d’en être exclu pour ses pamphlets républicains.
12À Paris, durant ses études, Naquet côtoie une nouvelle génération de républicains, composée principalement de provinciaux venus faire leurs études à Paris, comme Gambetta, étudiant en droit à la Sorbonne18. Dans la capitale, Alfred Naquet est en contact avec le père Enfantin, célèbre saint-simonien, avec qui il échange quelques lettres19. Ainsi, à Paris, le jeune Naquet est en relation avec des milieux scientifiques mais aussi politiques, notamment républicains et saint-simoniens. Il y côtoie aussi des méridionaux, comme le Carpentrassien Cyprien Poujade qui fait ses études à la faculté de médecine avant de retourner à Carpentras militer dans les rangs républicains, ou encore Jules Cazot, futur député du Gard. Il s’insère ainsi dans des réseaux composés de futurs opposants à l’Empire.
II. Alfred Naquet et François-Vincent Raspail, opposants à l’Empire
13Suite à son procès en 1849 pour sa participation à des manifestations en faveur de la Pologne, auprès de Blanqui notamment, François-Vincent Raspail avait été condamné à six années d’emprisonnement, qu’il passe pour partie à la citadelle de Doullens, dans la Somme. En 1853, Napoléon III décide de commuer cette condamnation en exil, que Raspail passe en Belgique, se consacrant notamment à l’écriture. Suite à l’amnistie partielle de 1859, Raspail rentre en France en 1862.
14Alfred Naquet a, tout comme Raspail, connu l’exil et la prison en raison de ses idées républicaines. Il participe en 1867 à l’organisation d’un congrès de la paix à Genève avec Émile Acollas, professeur de droit qu’il a rencontré pendant ses études à Paris20. Participent aussi à ce congrès Jules Barni, Étienne Arago et Bakounine. La proposition faite par Naquet d’un vote de flétrissure à la mémoire de Napoléon Ier, qu’il juge « le plus grand criminel du siècle », est très mal accueillie par le régime impérial français. Dans des tracts reproduits par la presse il aurait affirmé que la République a été « nuitamment égorgée il y a seize ans ». À son retour en France, il est inculpé pour conspiration et constitution d’une société secrète. Il est défendu par Adolphe Cremieux, ancien ministre de la Justice. Il bénéficie de l’aide de républicains comme Scheurer-Kestner, futur député d’origine alsacienne, qui organise une souscription auprès de quelques républicains parisiens21.
15Alfred Naquet est condamné à quinze mois de prison, cinq cents francs d’amende et cinq ans d’interdiction civique, ce qui lui fait perdre par ailleurs toute prétention à une carrière universitaire en France, comme Raspail quelques années avant lui. Il profite de son emprisonnement pour publier des travaux scientifiques. Il collabore à un feuilleton scientifique dans le journal La Tribune, d’Eugène Pelletan, et son nom est cité à plusieurs reprises dans Le Démocrate du Vaucluse. Il doit ensuite quitter la France pour l’Espagne pendant quelques mois, en 1869, sous la menace d’une arrestation. Il participe là-bas à une insurrection de républicains espagnols.
16Pour Raspail comme pour Naquet, leurs idées politiques, républicaines et socialisantes, leur valent donc de la prison et un départ à l’étranger, à plusieurs années d’écart toutefois. Leur situation en 1869 est très différente : François-Vincent Raspail, installé à Lyon, exerce la médecine et bénéficie d’une réputation de médecin des pauvres parmi les milieux populaires lyonnais. Elle lui permet d’être élu représentant aux élections législatives de 1869, parmi les républicains opposants à l’Empire. Ces derniers bénéficient d’une relative ouverture du jeu électoral par les autorités. Comme député, Raspail dépose plusieurs projets de lois, révélateurs de ses préoccupations politiques. Il dépose notamment une proposition tendant à la dissolution des sociétés religieuses, qui seraient assimilées dans la loi aux sociétés secrètes, déjà interdites. Son anticléricalisme s’exprime donc ici. Il souhaite aussi une réforme des peines de justice, dans un sens de modération envers les condamnés. Alfred Naquet participe, quant à lui, à des activités révolutionnaires, un peu à l’image du quinquagénaire Raspail en 1848.
17L’empereur Napoléon III, face aux résultats des élections de 1869, cherche à reprendre la main par l’organisation d’un plébiscite. Il soumet habilement au suffrage universel le texte suivant : « Le peuple approuve les réformes libérales opérées dans la Constitution depuis 1860 par l’Empereur, avec le concours des grands corps de l’État, et ratifie le sénatus-consulte du 20 avril 1870 »22. Par cette consultation électorale, l’empereur cherche à rallier à lui des libéraux, des orléanistes ou des républicains modérés, comme Émile Ollivier, pour consolider un empire « ouvert », où un certain nombre de libertés seraient garanties. Il s’agit aussi de contrer l’agitation des républicains dans le pays.
18Lors du plébiscite de 1870, Alfred Naquet et François-Vincent Raspail sont bien sûr dans le camp du refus à l’Empire. Naquet, revenu en France à cette occasion collabore au journal républicain intransigeant Le Réveil, et prend la parole dans des réunions antiplébiscitaires à Paris, par exemple le 24 avril 1870, au côté de Charles Floquet et Jules Ferry23. De son côté, François-Vincent Raspail publie un manifeste à l’attention de ses électeurs lyonnais. Il appelle à voter défavorablement lors du plébiscite, en évoquant notamment la dette abyssale creusée par le Second Empire, les larges rétributions de l’empereur et de sa haute administration, mais aussi le coût des expéditions menées par le régime, comme le Mexique24. S’adressant majoritairement à un public d’ouvriers lyonnais, marqué par les révoltes sociales durant ce siècle, comme celles des canuts, il leur conseille : « que chacun, je le répète, reste dans ses foyers en cas d’émeute, car malheur à tout étourdi qui y prendrait part innocemment ! Aujourd’hui, tout par le raisonnement et le suffrage universel, et rien, absolument rien, par la violence ». Le révolutionnaire Raspail appelle donc à combattre l’Empire seulement par le suffrage universel, en respectant la souveraineté populaire exprimée par le vote, affirmant qu’il ne faut pas que le gouvernement puisse agiter le « spectre rouge » pour briser le résultat des élections si elles lui sont défavorables. On observe donc ici une évolution dans la rhétorique politique de Raspail, qui n’est pas à cette occasion un partisan de manifestations populaires25.
19Or, ce plébiscite est un large succès pour l’Empire. On constate toutefois que dans le Vaucluse, seules 64 % des voix sont favorables à la question posée, tout comme dans l’arrondissement lyonnais qui a élu Raspail en 1869, contre 81 % de « oui » au niveau national. Quelques mois plus tard, les deux hommes sont confrontés au surgissement de la guerre contre la Prusse, ainsi qu’à ses suites.
III. Face à la Défense nationale et à la Commune (1870-1871) : engagements, hésitations, critiques
20Lors de la Défense nationale et la Commune, l’attitude des deux hommes est assez différente. À partir du 4 septembre et la proclamation de la République, Alfred Naquet travaille auprès de Gambetta, dans le bureau chargé de désigner les préfets26. Il est en contact avec les républicains vauclusiens comme le docteur Cyprien Poujade, son ami d’enfance, qu’il contribue à faire nommer préfet du Vaucluse. Il s’insère ainsi dans les réseaux politiques du département, grâce à des recommandations de leurs amis politiques communs, mais aussi parmi les républicains parisiens travaillant au sein de la Défense nationale, à qui il rend des services et auprès desquels il se fait connaître. C’est une période d’engagement enthousiaste pour Alfred Naquet au service de la Défense nationale, comme il l’exprime dans une lettre à son père27.
21A contrario, Raspail garde un silence public sur les événements, ne participant pas à l’administration de la Défense nationale et ne publiant pas d’articles à ce moment-là. Mais il critique le gouvernement dirigé par Gambetta dans des écrits privés, conservés aujourd’hui à la bibliothèque Inguimbertine28. Il affirme, a posteriori, en janvier 1871, avoir refusé de participer à la proclamation de la République le 4 septembre 1870, par ce qu’il nomme la « bande » de Gambetta et Jules Favre, refusant de les rejoindre à l’Hôtel de Ville de Paris. Dans un manuscrit commencé à la fin du mois de janvier 1871, il affirme que les « orléanistes » devraient augmenter la solde de Trochu, Jules Favre, Jules Ferry et d’Arago, qu’il qualifie de « tas de scélérats », « qui commencent les crimes qui vont nous ramener sous le joug »29. Il sous-entend que ces républicains sont vendus aux orléanistes et trahissent les vrais républicains. Il leur reproche d’avoir fermé les clubs et d’avoir supprimé Le Réveil et Le Combat. Ce dernier, avec pour directeur en chef Félix Pyat, avait en effet été supprimé quelques jours auparavant, pour des critiques appuyées contre le gouvernement de Défense nationale30. Pyat avait combattu au côté de Raspail en 1849, et avait dû s’exiler après la journée du 13 juin 1849. Quelques jours plus tard, Raspail réitère ses accusations contre les « avocats » de la Défense nationale qui touchent, selon lui, des millions des orléanistes et de « leurs amis jésuites ». Ils les opposent au peuple qui doit manger du mauvais pain, affectant la santé, preuve de ses préoccupations sanitaires issues de sa pratique de médecin auprès du peuple. Ils les opposent aussi aux simples soldats ou aux gardes nationaux de Paris qu’il qualifie de « héros », estimant qu’ils sont trahis par leur commandement31. Raspail est ici marqué par les mythes politiques des républicains du xixe siècle, qui pensaient que les Jésuites manipulaient les populations, et qui idéalisaient la « levée en masse » de l’an ii32. Il évoque notamment les tentatives de sortie par les troupes parisiennes, qui échouent, selon lui, à cause des officiers, jugeant le peuple en arme, comme mythe politique, comme invincible. Il estime aussi que « l’imprenable Paris » a été trahie par Trochu, sûrement à la convention d’armistice signée par celui-ci le 28 janvier 187133. Il insiste sur sa dénonciation des « saints avocats », ou de la « gent avocassière » pour désigner les hommes de la Défense nationale, que l’on peut interpréter comme un ressentiment de Raspail contre ces nouveaux républicains rompus au parlementarisme sous l’Empire, que les républicains intransigeants considèrent comme une pratique « orléaniste ». Dans ce même manuscrit, quelques jours plus tard, il propose d’ailleurs de réduire la représentation nationale à un député pour deux arrondissements, pour couper court aux ambitions des parlementaires, et faire gagner en efficacité le pouvoir législatif34. Raspail, républicain assez âgé alors, est donc en désaccord avec les pratiques politiques parlementaires adoptées par la jeune génération républicaine, contraires à son idée de fonctionnement d’une République idéalisée.
22Après les élections de février 1871, il affirme qu’il a « honte » de voir de tels résultats, très favorables aux « réactionnaires ». Il écrit : « Pauvre France. Il faudra du temps pour que ta moralisation te rende digne de la République », sans toutefois donner de solution quant aux moyens de moraliser la France. Pendant ce temps-là, lors de ces élections, Alfred Naquet est élu député du Vaucluse sous l’étiquette radicale, au côté d’Alphonse Gent et Taxile Delord, anciens représentants en 1848. On constate ici la différence entre les deux hommes, Naquet étant intégré dans les réseaux gambettistes de la Défense nationale que Raspail conspue en privé, les accusant de corrompre et de trahir l’idée républicaine. Comme Crémieux à l’Assemblée dénonçant la majorité rurale comme honte de la France, car votant pour les conservateurs35, Raspail affirme que le vote des paysans est « le vote de l’ignorance en faveur de l’aristocratie organisée »36. Les soutiens de Bonaparte ne sont pas épargnés par ces critiques, et il qualifie Napoléon III « d’idiot de fils d’un amiral hollandais fils d’un crime et qui a été mené au crime par le bout du nez sous le doigt du jésuitisme »37.
23La Commune est un sujet où les deux hommes ont une attitude assez proche, marquée par des hésitations sur la position à tenir. Lors d’un rassemblement provoqué à Avignon suite à la communication de nouvelles provenant de Paris, à la fin du mois de mars 1871, Alfred Naquet proclame, au cercle républicain de l’Avenir à Avignon, qu’il est favorable aux communards contre les versaillais. Mais il ajoute que des troubles à Avignon seraient inutiles voire préjudiciables pour le mouvement républicain38. À la foule qui l’invitait à arborer le drapeau rouge au premier étage du cercle, il refuse prudemment, « pour ne pas diviser les républicains ». Alfred Naquet et ses amis appartiennent à ce « tiers-parti »39 républicain, éliminé par la double intransigeance versaillaise et communarde, ils semblent soucieux des révolutionnaires mais aussi de la légalité et de l’ordre public. Raspail semble aussi faire partie de cette catégorie de républicains qui, pendant la Commune, ont une certaine sympathie initiale pour le mouvement, mais refusent prudemment de s’y engager publiquement, malgré la présence de relations parmi les communards. Cela sans toutefois se rallier aux versaillais, vus comme une force instrumentalisée par la « Réaction », c’est-à-dire par les bonapartistes et les royalistes. Par exemple Alfred Naquet crée, avec l’aide d’un ami politique vauclusien nommé Jean Saint-Martin, un journal éphémère, L’Ordre, feuille républicaine hebdomadaire, au mois d’avril 1871. Il est diffusé dans le Vaucluse. Naquet évoque la Commune dans ses colonnes, réprouvant les actions du gouvernement versaillais, mais n’apportant toutefois pas son soutien aux communards, malgré sa sympathie évidente40. Il convient de signaler qu’Alfred Naquet a décliné l’offre faite par les communards de devenir doyen de la faculté de médecine de Paris, comme d’autres scientifiques d’ailleurs, suite à la démission de l’ancien doyen41. Alfred Naquet reste donc prudent face à ces événements, qui fragilisent la petite représentation républicaine dont il fait partie.
24Raspail, pour sa part, évoque dans un manuscrit quelques événements de la Commune, qu’il a toutefois vécus en dehors de Paris, à Arcueil. Il les connaît donc par les journaux, les lettres et les rumeurs. À propos des destructions à Paris, dont il s’interroge rhétoriquement sur les auteurs et les victimes des combats, il juge prudemment : « L’Histoire seule pourra résoudre le problème, que d’innocents sont tombés victimes ! ». Et il poursuit ensuite, prudemment : « Je suis désintéressé dans la question : je n’ai pris parti ni pour la Commune ce ramassis d’imbéciles, de fripons et de dupes ; ni pour Versailles, on le comprend bien »42. Et de réaffirmer, pour conclure, sa haine de la « guerre civile », qui entraîne des victimes qu’il estime « innocentes ». Il juge d’ailleurs à ce propos que les fusillés, parmi les fédérés, n’étaient pas des communards qu’il qualifie de « canaille », mais de simples citoyens victimes d’opérations aveugles ou dénoncés par la population. Il reste critique sur l’existence de « pétroleuses » qui, selon la propagande versaillaise, seraient à l’origine des incendies de nombreux bâtiments de Paris43. Il affirme qu’en réalité personne ne semble vraiment avoir vu ces femmes incendiaires. Il déplore que des enfants, qui avaient collecté des balles, aient été tués par des versaillais qui interprétaient cela, probablement, comme un moyen d’aider les communards. On le comprend, Raspail, dans ces écrits, déplore donc surtout les victimes innocentes de cette guerre civile, notamment les femmes et les enfants du peuple, et renvoie les protagonistes dos à dos. Il se tient à l’écart de la politique active durant cette période, mais dans ses écrits privés il critique de façon virulente les versaillais et les républicains modérés, qualifiés « d’orléanistes », et dit comprendre la révolte du peuple de Paris à cause de la misère, sans soutenir de façon explicite les communards.
IV. La Troisième République : un aboutissement pour les deux hommes ?
25La carrière politique d’Alfred Naquet débute lors de la Troisième République, alors que pour Raspail ce dernier régime n’est qu’un ultime rebondissement dans une vie politique riche.
26Lors des élections de 1870, Alfred Naquet devient député du Vaucluse, alors que Raspail, député sortant du Rhône, ne se présente pas. Il se tient à l’écart de la politique active dans un premier temps, ce qui ne l’empêche pas de publier en 1872 un ouvrage intitulé Réformes sociales, où il revient sur son itinéraire politique et ses idées depuis la monarchie de Juillet44. En 1873, son Almanach, qu’il publiait depuis le milieu du Second Empire, est saisi sous le motif d’un éloge du communard Delescluze. L’année suivante il est condamné à une peine de prison pour délit de presse. Celle-ci est commuée en une peine à purger dans une maison de santé, à Bellevue, Raspail étant âgé de quatre-vingt-un ans. À sa sortie, il retourne à Arcueil, dans sa maison de la rue Laplace, près de laquelle son fils a installé une usine de fabrication de produits pharmaceutiques exploitant les brevets de son père, et garantissant à la famille des revenus relativement confortables.
27Peu de temps auparavant, il est question qu’il se présente comme candidat à la députation dans le Vaucluse, pour une élection partielle suite à la mort du député Henri Monier, peut-être à l’instigation d’Alfred Naquet, ce qu’il refuse45. Naquet réussit finalement à convaincre Ledru-Rollin de se présenter dans le département. Il s’agissait pour lui de s’appuyer sur la réputation prestigieuse d’un républicain radical pour combattre les républicains modérés dans leur volonté d’implanter une République conservatrice46. Dans une lettre à Auguste Scheurer-Kestner écrite plus d’un an plus tard, Naquet explique qu’il espérait trouver en Ledru-Rollin un homme qui « pourrait battre en brèche la politique de Gambetta47 », et souder les rangs radicaux. Finalement, François-Vincent Raspail se présente en 1876 à la députation, dans les Bouches-du-Rhône, et est élu malgré son grand âge, grâce à sa réputation de républicain et d’ami du peuple.
28Le 30 juin 1876 a lieu chez Louis Blanc une réunion pour la constitution du groupe parlementaire de l’extrême gauche, à laquelle assistent notamment de jeunes républicains comme Georges Clemenceau et Naquet, et d’anciens quarante-huitards comme François-Vincent Raspail et Madier de Montjau. Ainsi, Naquet et Raspail siègent ensuite sur les mêmes bancs48, même si leurs relations sont limitées, l’âge avancé de Raspail expliquant son activité parlementaire modeste. Ce sont plutôt ses deux fils, devenus députés, qui s’occupent de politique active.
29En 1877, alors qu’une élection législative a lieu dans le Vaucluse, opposant son neveu Eugène Raspail à l’ami d’Alfred Naquet Jean Saint-Martin, François-Vincent Raspail soutient ce dernier, jugeant Saint-Martin meilleur candidat pour les républicains. Il écrit une lettre de soutien à Jean Saint-Martin à la demande de ce dernier, « laissant de côté la parenté », comme il l’écrit lui-même »49. Naquet quant à lui critique aussi le personnage d’Eugène Raspail, décrit comme un ambitieux et « un fauteur de division »50. C’est la première, et dernière fois, que François-Vincent Raspail se mêle de la politique vauclusienne, dont il est prudemment toujours resté à l’écart, peut-être à cause de l’hostilité qu’il avait ressentie durant sa jeunesse, ou par manque de relais politiques locaux.
30Parmi les rares projets en commun des deux hommes, il y a la défense des communards exilés. En 1875, Alfred Naquet dépose un projet d’amnistie des communards, qui échoue. Le 21 avril 1876, peu de temps après son élection, c’est François-Vincent Raspail qui dépose à son tour un projet d’amnistie, soutenu notamment par Naquet et Louis Blanc51, alors qu’au Sénat Victor Hugo défend cette même idée52. Ce combat pour l’amnistie des communards, les deux Vauclusiens, comme beaucoup de radicaux de leur temps, la partagent. Les débats passionnés sur cette question durent deux mois. Lors de la campagne électorale de 1876, beaucoup de candidats républicains avaient promis de voter l’amnistie. Pourtant, lors du vote, seuls 54 députés républicains la votent, à cause de l’image sulfureuse des communards, et par la peur des réactions des républicains modérés. Parmi les votants, on note bien sûr la présence de Naquet et Raspail, tout comme de nombreux radicaux53.
31Mais il faudra attendra le 3 mars 1879 pour que soit votée une amnistie partielle. Elle ne concerne que les condamnés « qui ont été et seront libérés ou qui ont été et seront graciés par le président de la République dans le délai de trois mois après la promulgation ». Ce n’est que l’année suivante que l’amnistie, « pleine et entière », est votée, permettant notamment le retour de communards exilés en Nouvelle-Calédonie.
V. Conclusion
32Décédé en 1878, Raspail n’a pas vu le vote de l’amnistie qui était son dernier combat politique, soutenu en cela par des républicains des débuts de la Troisième République. Lors des funérailles de Raspail, Alfred Naquet utilise cette figure tutélaire pour justifier son combat contre les républicains modérés, afin de rappeler que la République instaurée par les lois constitutionnelles de 1875 est loin de l’idéal républicain pour lequel des hommes comme Raspail se sont battus et ont souffert pendant un demi-siècle, dans l’humidité des prisons comme sur les chemins de l’exil. Il souhaite dès lors une république plus « radicale », et moins parlementaire, comme d’autres parlementaires tels Louis Blanc.
33En 1878, Raspail meurt donc entouré des hommages54. Il a une postérité politique grâce à deux de ses fils devenus députés, Benjamin pour la Seine et Camille pour le Var. A contrario, Naquet meurt en 1916 dans le relatif oubli de la Grande Guerre. La veuve de Naquet, qui était son ancienne domestique, épousée à la mort de sa femme, puisque le député vauclusien avait refusé de divorcer pour ne pas être accusé d’avoir fait voter la loi sur le divorce pour son cas personnel, doit solliciter une concession gratuite de 50 ans au cimetière du Père-Lachaise. Elle invoque dans cette lettre ses difficultés financières, probablement à cause de l’absence de patrimoine de Naquet et du coût de la longue maladie qu’il a subi. Cette concession lui est accordée en raison du rôle de Naquet dans la vie parlementaire de la première partie de la Troisième République, mais il est enterré dans une relative discrétion55. Encore aujourd’hui au Père-Lachaise, la tombe de Raspail perpétue sa mémoire, comme celles d’autres parlementaires de la Troisième République, quand la concession accordée à Naquet a été détruite suite à la fin du bail de cinquante années. Du point de vue scientifique, les travaux des deux hommes ont pu être réutilisés et approfondis par un certain nombre de leurs contemporains, comme Pasteur pour Raspail.
34De nos jours, dans le paysage des rues de France aussi, les hommages rendus à Naquet et Raspail divergent. Si une avenue de Carpentras, sa ville natale, et une rue d’Avignon rendent hommage à Naquet, nul buste, nulle statue, nulle place publique, nuls école ou collège avec son nom, contrairement à François-Vincent Raspail, vu comme une figure plus consensuelle, malgré sa vie politique mouvementée.
Notes de bas de page
1 Le Républicain du Vaucluse, 11 janvier 1878, archives départementales du Vaucluse.
2 Démier Francis, 2006, Louis Blanc, un socialiste en République, Paris, Créaphis.
3 Naquet Alfred, 1900, Temps futurs-socialisme-anarchie, Paris, Rouff. Naturellement, cet ouvrage où Naquet revient dans les premiers chapitres sur sa vie politique doit se lire dans une perspective de critique téléologique.
4 Barbier Jonathan, 2012, François-Vincent Raspail et la perception des pratiques de faveurs sous la monarchie de Juillet (1830-1848), Mémoire de master 2, Avignon, Université d’Avignon.
5 Grévy Jérôme, 1998, La République des opportunistes 1870-1885, Paris, Perrin. Du même auteur, 2003, « Les cafés républicains de Paris au début de la Troisième République. Étude de sociabilité politique », Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 50, n° 2, p. 52-72.
6 El Gammal Jean, 1998, « Les vétérans de la Seconde République : mémoires et héritages (fin xixe-début xxe), Revue d’histoire du xixe siècle, n° 16, p. 125-134. Voir aussi, de façon plus générale, sur les radicaux : Baal Gérard, 1994, Histoire du radicalisme, Paris, La Découverte ; Mollenhauer Daniel, 1997, Auf der Suché nach der « wahren Republik ». Die französischen « radicaux » in der frühen Dritten Republik (1870-1890), Bonn, Bouvier Verlag.
7 Agulhon Maurice, 1997, Coup d’État et République, Paris, Presses de Sciences Po.
8 Voir notamment, sur l’implication de Naquet dans le scandale de Panama : Portalez Christophe, 2015, Alfred Naquet et ses amis politiques : patronage, influence et scandale en République (1870- 1898), Thèse de doctorat d’histoire, Avignon, Université d’Avignon. Sur le scandale de Panama : Mollier Jean-Yves, 1992, Le scandale de Panama, Paris, Fayard.
9 Barbier Jonathan, 2012, François-Vincent Raspail…, op. cit.
10 Grosso René, 1993, Histoire de Vaucluse. Les Vauclusiens et la vie nationale de 1793 à nos jours, Avignon, Éd. A. Barthelemy.
11 Bercéot Florence, 1999, « Les élites juives du Sud-Est de la France au début de la Troisième République (1870-1905) », in Dumons Bruno (dir), Élites et pouvoir locaux : la France du Sud-Est sous la Troisième République, Lyon, Presses universitaires de Lyon.
12 Naquet Alfred, 1900, Temps futurs…, op. cit. Sur la libre-pensée parmi les républicains du xixe siècle voir : Lalouette Jacqueline, 1997, La libre-pensée en France 1848-1940, Paris, Albin Michel.
13 Barbier Jonathan, 2015, « L’homme illustre et sa ville natale. Les enjeux mémoriels autour de François-Vincent Raspail à Carpentras (1794-1932) », Études Vauclusiennes, n° 80-81, p. 19-31.
14 Plusieurs lettres d’Alfred Naquet adressées à son père et à Joseph Eysséric, bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, ms 2496.
15 André Ginette, 1972, Alfred Naquet, adversaire de l’Empire et défenseur de la république radicale, 1867-1884, Thèse de 3e cycle, Aix-en-Provence, Université d’Aix-Marseille, p. 62.
16 Rocke Alan J., 2000, Nationalizing Science : Adolphe Wurtz and the Battle for French Chemistry, Boston, MIT Press, p. 128 ; Pigeart-Micault Natalie, 2011, Charles Adolphe Wurtz, un savant dans la tourmente : entre bouleversements politiques et revendications féministes, Paris, Éd. Hermann/Adapt.
17 Bensaude-Vincent Bernadette, 1992, Histoire de la chimie, Paris, La Découverte.
18 Sur les amis politiques de Gambetta à cette époque, voir : Bayon Nathalie, 2000, « Jeunesse et genèse d’un groupe politique : le « groupe gambettiste »», Revue d’histoire du xixe siècle, n° 20-21, p. 73-91.
19 Trois lettres d’Alfred Naquet au père Enfantin, 1859-1861, Bibliothèque nationale de France, désormais BNF, ms 7762.
20 Granjard Benoît, 2011, Un juriste républicain, Émile Acollas : une « refondation » du droit et de la famille, Thèse de doctorat en histoire du droit, Marseille, Université Paul Cézanne-Aix-Marseille 3.
21 Onze lettres d’Alfred Naquet (1867-1884) ; trois lettres d’Alphonse Gent (1871-1875), BNF, NAF 24409 : fonds Scheurer-Kestner. Sur ce personnage, voir : Aprile Sylvie, 1994, Auguste Scheurer-Kestner et son entourage, Thèse de doctorat d’histoire, Paris, Université de Paris I Sorbonne.
22 Démier Francis, 1982, La France du xixe siècle, Paris, Seuil, p. 283.
23 André Ginette, 1972, Alfred Naquet…, op. cit., p. 229.
24 Raspail François-Vincent, 1870, Manifeste à propos du plébiscite de 1870, Paris, Impr. de Dupont.
25 Sur cette question, voir notamment les travaux de Danielle Tartakowsky pour une période ultérieure, ainsi que Cossart Paula, 2010, Le meeting politique. De la délibération à la manifestation, Rennes, Presses universitaires de Rennes.
26 Sur ces nominations, voir : Wright Vincent, 2007, Les préfets de Gambetta, Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne.
27 Lettre d’Alfred Naquet à son père, septembre 1870, bibliothèque Inguimbertine, ms 2496. De la même manière, Spuller, ami de Gambetta, va faire nommer quelques amis à certaines responsabilités. Voir : Bayon Nathalie, 2000, « Jeunesse et genèse d’un groupe politique… », art. cit., p. 78-79.
28 Manuscrit de François-Vincent Raspail, commençant au 26 janvier 1871, bibliothèque Inguimbertine, fonds Raspail, ms 2742 (2). Je remercie Jonathan Barbier de m’avoir transmis ces documents.
29 Ces quatre hommes faisant partie du gouvernement de la Défense nationale,
30 Bonhomme Éric, 1997, L’exercice du pouvoir sous la Défense nationale (4 septembre 1870-8 février 1871), Thèse de doctorat, Paris, Université de Paris-IV.
31 Manuscrit de François-Vincent Raspail, 29 janvier 1871, bibliothèque Inguimbertine, fonds Raspail, ms 2742 (2).
32 Sur cette question des mythes politiques, la référence reste Girardet Raoul, 1998, Mythes et mythologies politiques, Paris, Seuil.
33 Bonhomme Éric, 1997, L’exercice du pouvoir…, op. cit.
34 Manuscrit de François-Vincent Raspail, 29 janvier 1871, bibliothèque Inguimbertine, fonds Raspail, ms 2742 (2).
35 Gaboriaux Chloé, 2010, « Quand rural signifiait réactionnaire. Le détournement politique du vocabulaire rustique autour de 1871 », Mots. Les langages du politique, n° 92, p. 69-82.
36 Manuscrit de François-Vincent Raspail, 19 février 1871, bibliothèque Inguimbertine, fonds Raspail, ms 2742 (2).
37 Référence à l’amiral néerlandais Charles-Henri Verhuell, que la rumeur disait père naturel de Louis-Napoléon Bonaparte, parmi d’autres supputations.
38 La Démocratie du Midi, 26 mars 1871, AD 84, 10 PER 11.
39 Winock Michel, 1986, La fièvre hexagonale. Les grandes crises politiques 1871-1968, Paris, Seuil, p. 34.
40 Dossier de L’Ordre. Feuille républicaine hebdomadaire, avril 1871, AD 84, 2T28.
41 Pigeart-Micault Nathalie, 2012, « Faculté et Académie de médecine face à la Commune de Paris », Parlements, n° 18, p. 30. Il n’y eut pas d’ailleurs de doyen de la faculté durant la Commune, suite à ces refus successifs.
42 Manuscrit de François-Vincent Raspail, a priori de juin 1871, bibliothèque Inguimbertine, fonds Raspail, ms 2742 (2).
43 Sur cette question, voir : Caron Jean-Claude, 2006, Les feux de la discorde. Conflits et incendies dans la France du xixe siècle, Paris, Hachette.
44 Raspail François-Vincent, 1872, Réformes sociales, Paris, chez l’éditeur des ouvrages de M. Raspail.
45 Barbier Jonathan, 2015, « L’homme illustre et sa ville natale… », art. cit.
46 On renverra ici à nos chapitres sur le combat d’Alfred Naquet pour la « vraie république » dans : Portalez Christophe, 2015, Alfred Naquet et ses amis politiques…, op. cit.
47 Lettre d’Alfred Naquet à Auguste Scheurer-Kestner, 2 août 1875, BNF, NAF 24409.
48 Garrigues Jean, 2005, « De Gambetta à Boulanger : les radicaux face à la République opportuniste », in Bernstein Serge, Un siècle de radicalisme, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, p. 36.
49 Lettre d’Alfred Naquet à Auguste Scheurer-Kestner, 2 août 1875, BNF, NAF 24409.
50 Les Droits de l’Homme, 30 janvier 1877, BNF.
51 Humiliere Jean-Michel, 1982, Louis Blanc 1811-1882, Paris, Éditions ouvrières.
52 Godineau Laure, 2007, Retour d’exil. Les anciens communards au débit de la Troisième République, Thèse de doctorat d’histoire, t. 3, Paris, Université de Paris I, p. 635.
53 Dalotel Alain, 1990, « Deux amnisties pour oublier la Commune », in Vigier Philippe, Répression et prison politiques en France et en Europe au xixe siècle, Paris, Créaphis, p. 173.
54 Barbier Jonathan, 2015, « L’homme illustre et sa ville natale… », art. cit.
55 Note sur la demande de concession de Mme Veuve Naquet, 1916, archives de la préfecture de Police de Paris, EA 52, dossier « Alfred Naquet ».
Auteur
Agrégé d’histoire-géographie, a soutenu en 2015 à l’université d’Avignon une thèse de doctorat d’histoire contemporaine intitulée Alfred Naquet et ses amis politiques : patronage, influence et scandale en République (1870-1898), sous la direction de Frédéric Monier, professeur d’histoire contemporaine. Il est chercheur correspondant au sein de l’équipe HEMOC (Centre Norbert Elias – UMR 8562), travaillant sur l’histoire de la France à la fin du xixe siècle, autour des questions du clientélisme, de la corruption et des scandales politiques.
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