8. François-Vincent Raspail, un éducateur républicain
p. 191-204
Texte intégral
1François-Vincent Raspail a pratiqué de multiples métiers : chimiste, biologiste, médecin, pharmacien, astronome, journaliste, expert judiciaire, etc. Cependant, une profession le marque tout particulièrement durant son parcours : l’enseignement. L’éducation populaire devient rapidement une problématique centrale de son projet républicain dans les années 1830. Elle est un héritage des Lumières et des penseurs de la Révolution française comme Condorcet1. L’éducation populaire pour Raspail participe à la valorisation des sciences dites populaires qui se veulent une alternative aux sciences officielles et académiques2. Elle correspond à une appropriation des savoirs par le « bas »3. Réputé très tôt pour son éloquence et sa rhétorique, il comprend que la transmission des connaissances dépasse le cadre scolaire. Elle n’est pas coupée de l’action politique, bien au contraire. Comme d’autres réformateurs sociaux, il voit en l’éducation populaire un moyen d’émanciper politiquement et socialement les individus. Comment la pédagogie selon Raspail devient-elle alors un instrument politique afin de diffuser ses idées républicaines ? Pour répondre à cette interrogation, nous montrerons, tout d’abord, la formation de Raspail. Puis, nous insisterons sur sa conception et sa pratique de l’éducation populaire. Enfin, nous mettrons en relief la réception de cette pédagogie politique.
I. Devenir pédagogue
2Dans sa jeunesse carpentrassienne, François-Vincent Raspail est imprégné par la culture humaniste. La figure emblématique qui lui a inculqué ce bagage culturel est un précepteur, l’abbé janséniste Joseph-Siffrein-François Eysséric. La situation familiale de Raspail, à savoir un père aubergiste décédé en 1796 et une mère aristocrate déshéritée, explique le fait qu’il ait été envoyé dans une école réservée aux enfants pauvres de Carpentras et confié à ce dernier de 1806 à 1809. Les archives au sujet de cet abbé sont rares. Il reste seulement deux autorisations en latin qui lui sont délivrées par les vice-légats en 1777 et 17784. Le premier document accorde à l’abbé le droit de lire certains livres défendus par l’Église comme les œuvres du jurisconsulte français Charles Dumoulin ou du théoricien italien Nicolas Machiavel. Ces lectures attestent d’une certaine ouverture d’esprit de la part d’un homme d’Église. Le second document lui délivre le droit de recueillir les confessions des paroissiens à Carpentras. Au contact de l’abbé, Raspail s’initie aux mathématiques, à l’agronomie, à la biologie mais aussi aux langues mortes et aux auteurs de l’Antiquité grecque et romaine. Il transmet également des valeurs à son jeune élève, des valeurs qui composeront la base de sa pédagogie politique : la charité et surtout la pauvreté en tant que vertu5.
3En 1838, dans la préface de la deuxième édition de son ouvrage phare en histochimie, le Nouveau système de chimie organique, Raspail rend un hommage appuyé à son maître spirituel l’abbé Eysséric :
À la mémoire d’un homme de bien, mon pauvre maître, l’abbé Eysséric. À toi, qui sus allier le prêtre de l’Évangile avec l’homme de la science et de la civilisation ! À toi qui, à Paris, aurais mérité de n’être d’aucune académie, et qui, dans mon village, ne voulus jamais t’élever au-dessus de la dignité d’instituteur des pauvres ! À toi, philologue d’une immense érudition, qui te dévouas toute ta vie à faire épeler des lettres ! À toi, prêtre qui n’a jamais voulu vivre que du travail de tes mains ! À toi, l’hommage de ce livre ! Puisse cette consécration pieuse le rendre aussi utile à la science, que l’ont toujours été les exemples de tes leçons à la cause de l’humanité ! Adieu6.
4En outre, comme Jean-Jacques Rousseau dans les Rêveries d’un promeneur solitaire, Raspail se lance dans la botanique de façon empirique :
Mes jouissances n’étaient pas coûteuses, s’il fait beau, le jeudi jour de mes vacances, j’errais par les champs ramassant un caillou à examiner, cueillant une plante peu commune et me demandant si l’étude approfondie de l’un ou de l’autre ne me mènerait pas à la connaissance de la cristallisation de l’un ou du développement de l’autre7.
5L’observation de la nature sur le terrain constitue ainsi un complément aux leçons de l’abbé Eysséric. Mais si elle est complémentaire, cela ne signifie pas, en revanche, qu’elle soit secondaire. Cet aspect est essentiel pour comprendre, par la suite, la détermination de Raspail à privilégier les savoirs appliqués au détriment des savoirs théoriques dans sa méthode pédagogique.
6Très tôt, Raspail révèle aussi des talents d’orateur. Il se permet de contrecarrer les arguments de ses professeurs lorsqu’il effectue des études de théologie au séminaire d’Avignon de 1810 à 1813. Dès 1812, il obtient des responsabilités importantes au sein de l’établissement religieux : il est nommé professeur de philosophie et a le droit d’enseigner la théologie aux élèves les plus en difficulté8. Cependant, en raison de ses opinions religieuses jansénistes, le supérieur du séminaire, l’abbé oratorien Sollier, pousse Raspail à la démission en 1813. Ce dernier retourne alors dans sa ville natale.
7À l’âge de 18 ans, il est nommé professeur au collège de Carpentras. À l’image de l’abbé Eysséric, François-Vincent Raspail considère qu’enseigner aux élèves les plus jeunes n’est en aucun cas une mission dégradante. Il se sent utile à la société en enseignant en « bas »9, pour reprendre son expression. Parce qu’il est attaché à sa fonction d’instituteur, il se fait un devoir désormais de refuser les honneurs de l’enseignement supérieur. Le séminaire d’Avignon, en la personne de l’archidiacre et ancien vicaire-général Tabariès10, le sollicite de nouveau en 1813 pour « professer la philosophie »11 mais François-Vincent Raspail aurait répondu par la négative.
8Durant ses années carpentrassiennes, il ne mêle pas encore enseignement et politique. Il faut attendre la période de la Restauration pour qu’il commence à concevoir la pédagogie comme un instrument politique.
II. Entre enseignement et rédaction de manuels
9À son arrivée à Paris, après l’épisode de la Terreur blanche, Raspail poursuit sa carrière d’enseignant. Il s’occupe de la surveillance d’une classe de rhétorique dans un établissement réputé, le collège Stadler12. Depuis son origine, le collège est une institution assurant le gîte et le couvert aux étudiants ainsi qu’aux maîtres13. Vivant dans une extrême pauvreté, le collège apparaît alors pour Raspail comme un moyen de survivre dans une ville qui lui est encore inconnue. Il lui donne la possibilité de subvenir à ses besoins et de connaître une ascension sociale dans la capitale. Ses élèves appartiennent à des familles aristocratiques de France et de Belgique : les de Mornay, les de Sparre, les Vilain XIIII, les Lemanville, etc.14. C’est au cours de son enseignement dans le collège Stadler qu’il reçoit des mains d’un inspecteur de l’université deux brevets de professeur, l’un pour la rhétorique, l’autre pour la philosophie. Mais le directeur de l’établissement, M. Stadler, ultraroyaliste, ne supporte pas cette distinction faite à un jeune enseignant aux opinions politiques suspectes. Il lui reproche, par ailleurs, sa participation au journal libéral de Benjamin Constant, La Minerve15. C’est pourquoi en 1819, il le renvoie manu militari16. Raspail comprend alors que l’école est un lieu où l’expression des opinions politiques construit la réputation d’un enseignant.
10Désappointé, il propose ses services d’enseignant à un autre établissement qui a la réputation d’être un foyer du libéralisme : le collège Sainte-Barbe. Il gagne la confiance de son directeur, M. Pierre-Antoine-Victor Delanneau, un homme favorable à l’éducation des plus démunis17. L’éducateur provençal s’occupe d’une classe de troisième et de la surveillance du réfectoire ainsi que du dortoir. En 1820, lorsqu’il participe à une émeute en faveur des députés libéraux Benjamin Constant et Jacques-Antoine Manuel, ses élèves cachent au directeur Delanneau son absence injustifiée :
Nous aurions voulu vous suivre, notre cher Professeur : mais c’était trop tôt pour cette fois ; seulement nous avons pris toutes les précautions possibles pour dissimuler votre absence : nous nous sommes récités nos leçons consciencieusement : nous avons donné nos devoirs à un élève de Rhétorique qui les a signés de votre nom aussi bien que possible, et nous les avons portés au bureau comme les autres jours [… ]18.
11À travers cet événement, Raspail comprend que, par le biais de son enseignement, il a encouragé l’adhésion de ses élèves aux idées progressistes. Les élèves les manifestent parfois ouvertement auprès de leur professeur. Raspail représenterait pour eux un mentor politique :
Je vis les jeunes élèves tous occupés à tailler des couteaux de bois et à les aiguiser sur le pavé ; et les couteaux étaient faits avec un certain art. Que faites-vous donc là mes bons petits amis, leur disais-je, en passant ? Notre provision pour vous suivre à la première occasion19.
12Ce phénomène n’est, toutefois, pas propre à François-Vincent Raspail sous la Restauration : de nombreux professeurs déistes ou incroyants ont une réelle influence politique et religieuse sur leurs élèves20. De plus, dans le cas de Raspail, l’engouement des éduqués pour les idées politiques de l’éducant doit être nuancé. Le mémorialiste déforme peut-être à son avantage ses souvenirs. Quoi qu’il en soit, la répression ultraroyaliste rattrape Raspail. Le préfet de Paris demande au directeur Delanneau de renvoyer les enseignants suspectés de libéralisme. Raspail est congédié une seconde fois en raison de ses opinions politiques.
13Raspail a-t-il vraiment tenu des propos dits libéraux dans le cadre scolaire ? Nous ne connaissons pas le contenu de ses cours mais nous savons en revanche que de février 1818 à août 1819, dans sa chronique intitulée « L’ermite en province » et publiée dans le journal La Minerve française de Benjamin Constant, il soutient, il est vrai, une méthode éducative progressiste, à savoir l’enseignement mutuel. Dans un dialogue fictif entre plusieurs voyageurs en direction de Marseille, il insiste sur la peur que provoque l’enseignement mutuel dans l’esprit de certains aristocrates. Par le biais d’une métaphore subtile autour de la peste de Marseille, qui a sévi en 1720, il exagère volontairement les propos tenus par un homme aux opinions ultraroyalistes afin de mieux mettre en évidence cette crainte :
La voilà introduite à Marseille, cette peste de l’enseignement mutuel ! Elle est ouverte cette boîte de Pandore, d’où vont s’échapper tous les fléaux21.
14En effet, cette méthode pédagogique dérange des partisans de la monarchie constitutionnelle dans la mesure où cette dernière repose sur des principes démocratiques : l’autorité des moniteurs – c’est-à-dire les grands élèves qui délivrent la leçon du maître à leurs camarades –, se fonde sur l’âge et le mérite22.
15Pour autant, en dépit de son échec au collège Sainte-Barbe, Raspail continue d’œuvrer pour le milieu scolaire par une autre voie : il rédige des manuels destinés aux élèves des écoles primaires. En 1823, le Conseil royal de l’instruction publique a bien pris en considération le vœu de Raspail de mettre au nombre des livres destinés à l’enseignement dans les écoles son ouvrage intitulé Grammaire grecque réduite en tableaux synoptiques. Mais selon l’instance étatique, la méthode pédagogique de Raspail n’apporte rien de neuf à l’enseignement du grec ancien. Tout au long du xixe siècle, deux formes d’apprentissage supplantent les autres dans les manuels de langues mortes : la grammaire/thème et la grammaire/version23. Son manuel n’est finalement pas retenu24. On peut supposer aussi que la polémique entre un enseignement « classique » et un enseignement « moderne » a pu jouer dans cette prise de décision du pouvoir monarchique. Dès la Restauration, le temps accordé à l’enseignement des sciences et aux langues vivantes augmente au détriment de celui consacré à l’enseignement des lettres anciennes25. Le disciple de l’abbé Eysséric fait partie de ceux qui défendent les bienfaits de l’enseignement classique, pas par nostalgie du passé, mais dans le but de donner une bonne culture générale aux élèves.
16François-Vincent Raspail est plus chanceux avec son manuel d’agronomie au début de la monarchie de Juillet, le Cours élémentaire d’agriculture et d’économie rurale à l’usage des écoles primaires, qui paraît en 1832. Ce manuel a le privilège d’être édité chez Hachette. Dans les premières années du règne de Louis-Philippe, on assiste à un décollage de la librairie scolaire Hachette. Elle est devenue le nouveau champion de la rue des Écoles en devançant les tirages de ses concurrents26. À cette époque, Le Cours élémentaire d’agriculture est un de ses plus gros succès éditoriaux. Le bénéfice net de Louis Hachette grâce à la vente de ce manuel serait de 40000 francs par an d’après les calculs de Raspail. Or, l’auteur n’aurait rien touché de la vente de son manuel. En 1840, un différend éclate entre les deux hommes. Raspail conteste le fait d’avoir cédé son droit de propriété intellectuelle à Louis Hachette mais il est débouté par le tribunal de la Seine. C’est pourquoi, la réédition du livre en 1839, sous le titre de Manuel annuaire d’agriculture et d’économie rurale. Ouvrage élémentaire destiné à l’instruction primaire, ainsi qu’à toutes les classes d’agriculteurs, en cinq petits traités réunis en un seul volume chez Tamisey et Champion, est suspendue27. Très probablement, des tensions politiques ont dû alimenter cette querelle éditoriale. Conscient qu’il doit en grande partie sa richesse et sa renommée au soutien du gouvernement orléaniste, et tout particulièrement au ministre de l’Instruction publique, François Guizot, Louis Hachette prend progressivement ses distances avec ses anciens condisciples du mouvement républicain dans les années 183028.
17Au-delà de ce conflit éditorial entre les deux hommes, comment peut-on expliquer l’engouement du public pour le Cours élémentaire d’agriculture ? Ce manuel ne se réduit pas à un exposé théorique des savoirs agricoles et n’est pas dédié exclusivement aux écoliers. Il est destiné aussi aux adultes, et plus précisément, aux agriculteurs. Pour la première fois, Raspail fait œuvre de pédagogie politique auprès de l’opinion publique dans un manuel. L’amélioration de la société provient, selon lui, de la progression conjuguée de l’agriculture et de la civilisation29. Les agriculteurs sont, dans son esprit, les acteurs de cette marche vers le progrès. Le manuel s’adresse à « l’intelligence » et à « la bourse du plus grand nombre »30. Ses lecteurs ne sont en rien une masse informe et passive mais des acteurs conscients des choix à opérer dans les années à venir : « L’unique but de ce cours élémentaire est de servir d’interprète au bon sens »31. Bon sens qui se révèle à travers une pratique empirique de l’agriculture. Les cultivateurs et éleveurs n’ont donc pas besoin de connaissances théoriques préalables lorsqu’ils consultent le manuel. Les lecteurs du Cours élémentaire d’agriculture peuvent alors résoudre le problème essentiel qui tourmente Raspail sous la monarchie de Juillet : nourrir 32 millions de Français.
18L’agriculture et la proto-industrie fondées sur un savoir-faire et un travail artisanal conduisent au développement de la société contrairement à l’industrialisation :
L’agriculture doit fixer en première ligne l’attention de l’économiste. Pourquoi chercher à affubler d’un habit plus élégant l’homme qui meurt de faim ? Nourrissez-le d’abord32.
19Sans parler de façon excessive d’éveil à la citoyenneté, c’est-à-dire de la participation directe des agriculteurs à la vie de la cité, on peut affirmer, néanmoins, que Raspail veut transformer les agriculteurs en ouvriers agricoles philanthropes. Faire prendre conscience aux agriculteurs, via un manuel, qu’ils sont des acteurs indispensables au fonctionnement de l’organisation sociale est une manière de les émanciper politiquement. La question de l’émancipation politique des individus est justement une mission essentielle de la pédagogie développée par Raspail durant toute sa vie.
III. La pédagogie, une arme au service de la politique
20Pendant les années 1830, Raspail tente de nouvelles expérimentations dans le domaine de la pédagogie politique. En tant que président de la Société des amis du peuple de mars 1831 à janvier 1832, il fait de l’éducation populaire la mission première de sa société d’action politique. Il inscrit son action dans un mouvement plus général : l’éducation est une préoccupation partagée par de nombreux utopistes républicains dans les premières années de la monarchie de Juillet, en particulier par les fouriéristes et les saint-simoniens33.
21Avant même ses prises de fonction au sein de la société, il élabore un véritable système d’instruction populaire en collaboration avec Philippe Buchez le 27 janvier 183134. Les aspects les plus matériels du projet sont discutés par les deux hommes. La source de financement de l’instruction populaire des « ouvriers »35 provient principalement des souscriptions. Cent souscriptions à 25 francs correspondent à une somme suffisante pour louer un local et imprimer des affiches. Le chiffre idéal pour une réalisation optimale de ce système éducatif serait celui de 200 souscriptions36. L’idée de demander de l’aide au Gouvernement a effleuré l’esprit des deux sociétaires mais ils l’abandonnent très vite pour une raison simple, ils sont en totale opposition avec lui37. Dans la dynamique réformatrice des années 183038, la souscription populaire apparaît alors comme l’arme privilégiée des adversaires de Louis-Philippe pour défendre la liberté d’expression et de la presse.
22Les professeurs ne sont pas rémunérés car, selon Buchez, ils doivent faire œuvre de « dévouement »39 afin d’être crédibles auprès des élèves indigents. Instruire les plus défavorisés n’est donc pas qu’un acte de charité, cela conduit aussi à instaurer un dialogue entre deux groupes séparés : les adhérents des sociétés plutôt fortunés et les catégories sociales démunies qui n’ont pas accès aux sociétés d’action politique. Les cours gratuits sont alors le moyen de contourner le principe de cotisation et de nouer des relations entre la Société des amis du peuple et les populations, qui pour des raisons pécuniaires, ne peuvent y entrer. Cette entreprise constitue un réel tournant dans l’orientation de la Société des amis du peuple qui tente de passer de l’action théorique à l’application pratique de ses idées sur le terrain de l’ignorance et de la pauvreté.
23Philippe Buchez donne ensuite la liste des cours enseignés dans le cadre de la Société des amis du peuple :
1° Un cours de physique générale donnant une idée de l’astronomie, de la physique, chimie, etc. – 2° Un cours de mathématiques élémentaires – 3° Un cours d’hygiène – 4° Un cours d’économie politique à leur usage – 5° Un cours de géologie, d’histoire sociale et de morale – 6° Enfin un cours de dessin linéaire40.
24François-Vincent Raspail est en charge des deux premiers cours41. On est étonné de ne pas voir dans cette énumération des cours de lecture. Les leçons ne seraient donc pas destinées à un public analphabète. Les élèves doivent déjà posséder des connaissances de base en lecture et en calcul bien qu’elles soient consolidées par des cours de mathématiques élémentaires. On peut supposer que les cours s’adressent à un certain public, celui des artisans et ouvriers les plus qualifiés. Ce constat serait cependant à nuancer puisque, selon Jean-Claude Caron, l’idée de donner des cours de grammaire et d’écriture aux enfants mais aussi aux adultes a bien été pensée par certains membres de la Société des amis du peuple42. On peut noter aussi la présence des cours d’hygiène dans cette liste. Avant même la propagation de l’épidémie de choléra à Paris en 1832, l’hygiénisme est déjà perçu par les républicains réformateurs comme une question sociale à ne pas négliger.
25Enfin, on est surpris par la spécialisation des cours – astronomie, physique, chimie, géologie, histoire sociale et morale, économie politique, dessin – qui conforte l’idée que les leçons s’adressent à un public possédant un minimum d’instruction. De plus, les cours d’histoire ou d’économie laissent à penser qu’ils servent à transmettre des connaissances ainsi que des idées politiques prônées par la Société des amis du peuple. Donc, bien avant les républicains de la Troisième République, Raspail comprend que les Français, et notamment les couches sociales les plus défavorisées, ne peuvent adhérer au régime républicain que s’ils bénéficient d’une instruction pour tous.
26Le projet ne verra finalement jamais le jour en raison du monopole de l’enseignement43. Cela n’a pas empêché Raspail comme d’autres membres de la Société des amis du peuple – Albert Laponneraye pour l’histoire – d’agir individuellement et d’ouvrir des cours gratuits et publics en chimie à la faculté de médecine jusqu’en 184044. Mais son programme d’éducation populaire va plus loin et correspond à un véritable projet de société. L’entraide entre les différentes catégories sociales et non la lutte classe contre classe est la solution pour tendre, selon lui, vers une éducation pour tous :
Chaque membre (de la Société) a pris l’engagement de prendre sous son protectorat cinq ou six familles pauvres ou peu aisées dont il se constituera l’avocat dans la poursuite de leurs droits matériels et le précepteur dans l’éducation ou la surveillance des enfants en bas âge [… ]45.
27Il conçoit ainsi une chaîne éducative où les aristocrates et les bourgeois éclairés prennent en charge l’instruction des individus indigents. Cette chaîne touche toutes les populations mêmes celles qui sont incarcérées. Au lieu de ne rien faire, les prisonniers les plus cultivés sont fortement encouragés à s’occuper de l’éducation des prisonniers analphabètes46. Il revient sur cette expérience dans ses fragments autobiographiques :
En voyant un tel mélange d’intelligences depuis les mieux élevées dans la culture des sciences jusques aux plus rustiques et les plus ignorantes, il me vint l’idée assez neuve alors de faire servir l’instruction des uns à l’éducation des autres et d’occuper ainsi la journée désœuvrée des prisonniers à des cours dans lesquels chacun donnerait aux autres les leçons de sa spécialité et de transformer ainsi en école d’amélioration en tous les genres le séjour d’oisiveté d’une prison [… ]47.
28La prison de Sainte-Pélagie fait office, en 1833, de véritable école. Les professeurs qui donnent des cours au côté de Raspail sont des élèves de l’École polytechnique. Et dans ce cas précis, les leçons sont destinées à des détenus analphabètes48. Le calcul, l’écriture et la lecture sont enseignés dans l’espace carcéral. Les prisonniers sont également initiés à d’autres disciplines : la calligraphie, l’arithmétique, l’algèbre, la géométrie, la géographie, l’histoire et l’économie sociale49. Enfin, l’exercice physique n’est pas absent. Des sports de combat comme l’escrime, l’usage du bâton et la savate sont également enseignés50. L’école doit fabriquer des citoyens mais aussi des patriotes combattants prêts à défendre les intérêts de la France. On se rend compte que la prison se transforme en un lieu de sociabilité où les savoirs circulent et où l’apprentissage politique est réel. Elle n’est plus envisagée comme un espace coercitif et punitif mais comme un espace d’amélioration sociale51.
29Après la dissolution de la Société des amis du peuple en 1832, la presse républicaine prend le relais en palliant les lacunes de la loi Guizot de 1833. François-Vincent Raspail rédige en 1834-1835 dans son journal ouvertement républicain, Le Réformateur, des leçons dédiées aux ouvriers éclairés et à leurs fils. La fonction pédagogique est la raison d’être du journal52. Les élèves n’ont pas besoin d’un enseignant en chair et en os pour apprendre des connaissances. La presse est un medium suffisant si les lecteurs adultes et enfants font preuve d’autodidaxie, méthode rousseauiste qui a les préférences de Raspail :
Jusqu’à présent les journaux quotidiens ont été exclusivement consacrés à la classe éclairée et à la classe adulte. Nous désirons, nous, que l’ouvrier et que l’enfant trouvent dans nos pages les éléments de leur instruction quotidienne ; et, sous le titre de Lecture du soir, nous avons formé le projet de publier chaque jour une leçon élémentaire de l’une des sciences dont l’étude est indispensable à une bonne éducation [… ]53.
30Étrangement, la figure qui veille au bon apprentissage des leçons par les enfants n’est pas la mère mais le père. Pour le chimiste républicain, l’autorité paternelle peut supplanter le corps enseignant dont il se méfie : « Cette introduction [à la Lecture du soir] a été rédigée moins pour l’élève que pour le père qui, le soir, doit lui servir de guide et de précepteur »54. En voyant son père approfondir ses connaissances, l’enfant est stimulé et développe le goût du savoir. Bien qu’on ne sache pas s’ils se sont connus, il est très probable que Raspail se soit inspiré de la méthode pédagogique de Joseph Jacotot. Ce penseur a élaboré une argumentation assez similaire : « Dire aux pères de familles pauvres qu’ils peuvent instruire leurs enfants, à la seule condition de s’émanciper eux-mêmes »55. Comme Jacotot, Raspail estime que le père de famille n’a pas besoin d’être cultivé pour instruire ses enfants : il est possible d’enseigner ce que l’on ignore56. La surveillance du père est un facteur parmi d’autres pour rendre efficace son éducation populaire.
31Un autre paramètre est à prendre en considération, celui de la temporalité des cours : « Chaque science aura son jour de la semaine, pour faciliter le travail de l’intelligence, en laissant un intervalle entre les leçons »57. Les élèves adultes et enfants n’apprennent pas seulement des connaissances, ils les assimilent de façon régulière et continue. On retrouve enfin dans Le Réformateur les disciplines citées dans la lettre de Buchez à Raspail en 1831 : « Chaque lundi, Arithmétique ; mardi, Géométrie ; mercredi, Géographie et physique du globe ; jeudi, Physique ; vendredi, Chimie ; samedi, Histoire ; dimanche, Hygiène »58. Là encore la grammaire, l’écriture et la lecture sont absentes. Les leçons sont destinées à un public ayant un minimum d’instruction. On constate donc que durant les années 1834-1835, sur le modèle, semble-t-il, de la pédagogie de Joseph Jacotot59, Raspail prend le contre-pied des institutions éducatives de la monarchie de Juillet en remettant en cause le rôle des maîtres d’école et en encourageant surtout l’apprentissage de savoirs pratiques et émancipateurs.
32Après la censure de son journal en 1835, il faut attendre l’instauration de la Seconde République pour que Raspail se préoccupe de nouveau de la question de l’éducation populaire dans son Club des amis du peuple et dans ses Almanachs du même nom. Dans ses souvenirs, Louis Blanc insiste bien sur la singularité du club Raspail. Par rapport aux autres clubs de la capitale, sa fonction pédagogique prédomine : « son Club avait de particulier, que ce fut plutôt une école de science et de philosophie qu’une arène ménagée à la discussion »60. Le club est un mélange hybride entre un lieu de sociabilité politique et un cours gratuit pour tous.
33Dans ses Almanachs de l’Ami du Peuple61 pour les années 1848 et 1849, François-Vincent expose aussi sa conception de l’instruction publique sous la forme de définitions concises et précises :
Instruction publique : L’État doit forcer tout enfant à s’instruire et à lui en donner les moyens gratuits. L’instruction n’est pas dogmatique, mais professionnelle. Toute science, en effet, s’applique aux professions. L’enseignement ne s’impose pas, il se démontre. Ne le livrez jamais à l’esprit de corps ; les jésuites s’en empareraient62.
34Le républicain provençal accepte l’idée d’un enseignement public aux frais de l’État en 1848. La famille et surtout l’autorité paternelle ne sont plus les seules détentrices de la mission éducative. L’idée d’une école gratuite et obligatoire a fait son chemin depuis les premières années de la monarchie de Juillet. Elle revient dans le débat public sous la Seconde République, genèse des lois Ferry de 1881-1882. François-Vincent Raspail enrichit sa définition dans le deuxième almanach en 1849 :
Obligez chaque citoyen d’envoyer son enfant à l’école, comme vous l’obligez d’aller lui-même à la revue, aux prises d’armes et au corps de garde. Que chaque commune ait son école, ou, à défaut d’instituteur, tout habitant instruit et moral soit chargé, à tour de rôle, d’apprendre à l’enfant la langue de son pays, l’arithmétique, l’arpentage, le dessin linéaire, les premières notions de physique, de chimie, de médecine ; le tout appliqué à l’agriculture, à l’industrie et aux arts de la localité. Gardez-vous de confier l’instruction à un corps enseignant quelconque ; de ces sortes d’enseignement vous devez avoir appris à connaître les vices ; ne vous y laissez plus prendre63.
35Il réaffirme dans ce court texte son attachement à l’idée d’une école publique, gratuite et obligatoire. On remarque une constante depuis les années 1830 : l’école ne doit pas, selon lui, transmettre un savoir théorique mais un savoir utile, c’est-à-dire en d’autres termes, un savoir-faire applicable aux métiers situés dans l’environnement proche des élèves64. Enfin, l’ancien séminariste janséniste exprime sa méfiance envers la corporation enseignante surtout si elle est contrôlée par une congrégation religieuse.
36Après 1852, les prises de position de Raspail au sujet de l’éducation populaire se font plus rares. Dans son dernier ouvrage consacré à la théorie politique en 1872, Réformes sociales, il donne sa vision de la méritocratie républicaine et sociale dans une note de bas de page. Avant même « l’âge d’or » de la Troisième République, la méritocratie est une valeur essentielle chez certains quarante-huitards. Aussi, l’école n’est plus seulement gratuite et obligatoire, elle est aussi laïque. Qu’elle que soit sa religion ou sa condition sociale, un élève peut s’élever socialement dans la société65. Le frein à l’application de cette institution publique serait une nouvelle fois les jésuites. Le mythe jésuite devient une obsession dans les écrits de Raspail à la fin de sa vie :
Quand l’éducation des enfants sera donnée en commun, il se pourra bien que l’enfant d’un cocher dépasse en mérite celui du plus grand noble, et qu’il couvre de gloire un jour le nom de son père. Et voilà précisément aujourd’hui le plus grand obstacle à l’introduction, parmi les hommes, de l’instruction gratuite, obligatoire, laïque et en commun. Supprimez la horde des jésuites, et du même coup vous aurez ce suprême bienfait66.
37Enfin à la toute fin de sa vie en 1877, le vieux républicain alors député des Bouches-du-Rhône, s’intéresse encore aux questions pénitentiaires et propose un projet de loi remplaçant les prisons par des « écoles d’amélioration »67. L’expression reste vague et il ne l’explicite pas. La relation entre milieu carcéral et milieu scolaire interroge donc le chimiste jusqu’à sa mort.
38Après avoir analysé les pratiques et les idées éducatives de François-Vincent Raspail de la Restauration jusqu’aux premières années de la Troisième République, il est intéressant maintenant de se pencher, en guise de conclusion, sur les résultats de cette pédagogie républicaine.
IV. Conclusion : une réception de l’éducation populaire « raspaillienne » ?
39Dans plusieurs lettres adressées à François-Vincent Raspail, des anonymes lui racontent qu’ils sont entrés dans le républicanisme en apprenant à lire dans ses journaux, ses almanachs, ses discours, ou ses manuels de santé. À côté de l’automédication, Raspail a donc bien diffusé une forme d’autodidaxie politique par la lecture : « Citoyen, c’est dans Le Réformateur qu’enfant j’ai appris à lire […] »68. Certains lecteurs ont même participé activement à l’établissement de la République. La lettre d’un commis-négociant à Soucieux-en-Jarret (Rhône), un dénommé J. A. Depassio, adressée à Raspail en 1846, en est un excellent exemple :
Au procès de l’ami du peuple votre parole me républicanisa et je n’en perdis pas le fil, pas une syllabe. C’est d’après vos doctrines que je publiai en 1834, La voix du peuple, recueil de 40 chansons tiré à 4 000 exemplaires écoulé en quelques mois. Propagandiste et discuteur de sainte politique je joignis l’exemple du précepte en commandant du 9 au 14 avril avec Carrier et un de mes frères l’insurrection dans le faubourg de la Croix Rousse […] Le Réformateur continua à m’apporter vos sublimes paroles69.
40Les témoignages de ce type se multiplient tout particulièrement au moment où Raspail est condamné, en 1874, à un an de prison pour avoir défendu dans son Almanach de météorologie, le communard Charles Delescluzes. Cette dernière condamnation du vieux républicain sous la Troisième République émeut l’opinion publique. Face à cette injustice, de nombreux Français apportent leur soutien à l’ancien quarante-huitard en rappelant l’importance de ses écrits dans leur orientation politique :
Votre nom, qui dans mon jeune âge, était déjà légendaire n’a fait que grandir ; cette épreuve vous relève au-dessus des noms les plus vénérés de la science et du génie persécuté ! Quand on lit vos ouvrages d’il y a cinquante ans, on croit lire de l’actualité, et quand on les lit pour la centième fois, c’est encore de l’actualité. Aujourd’hui, que le grand âge n’a fait que fortifier vos immenses facultés, vous pouvez vous écrire : « Je suis Raspail ! » comme en 1846 dans votre immortelle défense70.
41Enfin d’autres lettres soulignent, elles, les talents didactiques de Raspail toujours en 1874 :
Et moi particulièrement je vous dois une forte partie du peu de sciences que je possède. Ah ! comme je dévorais vos ouvrages aussitôt parus ; à leurs lectures je vous voyais, vous étiez mon professeur, il me semblait converser avec vous, vous êtes si clair et si persuasif, il est vrai que la vérité armée de la logique, du raisonnement comme vous le faites toujours, se comprend si aisément71.
42Les ouvrages éducatifs du chimiste ont donc bien eu impact dans le développement intellectuel et politique d’un grand nombre de Français anonymes. Mais l’éducation populaire portée par Raspail a-t-elle connu une postérité ? Il semble que ses premiers héritiers soient deux de ses fils, Benjamin et Émile Raspail. Nous reprenons ici les réflexions de l’historienne Cécile Duvignacq-Croisé. Les livres à propos de l’éducation trouvent leur place dans la bibliothèque familiale à Arcueil. On y trouve des brochures de l’Association philotechnique pour l’instruction gratuite des adultes de 1875 à 1885 ou de la Ligue de l’enseignement en 1884, des rapports parlementaires72, des discours politiques – Corps législatif. Discours prononcé par Roederer, orateur du Gouvernement, sur le projet de loi relatif à l’instruction publique ; séance du 24 floréal an 10 – ou des ouvrages de théoriciens plus ou moins connus : Beaumont, Beaupré, Jules Blancard, Gréard, etc.73. Conseiller général, député de la Seine et président de la délégation cantonale de Villejuif de 1880 à 1893, le fils aîné Benjamin Raspail ne fait pas que lire, il agit sur le terrain et tente d’appliquer dans sa circonscription les idées politiques de son père. Il apporte un soutien matériel aux écoles laïques féminines et lutte contre les établissements congréganistes74. Comme son père, il refuse le contrôle de l’éducation par toute forme d’autorité religieuse. Mais la nouveauté, c’est qu’il ne défend pas seulement un enseignement laïc pour les garçons mais aussi pour les filles, les grandes absentes des écrits de François-Vincent Raspail.
43L’autre frère, Émile Raspail, est élu maire d’Arcueil-Cachan en 1878. Il fait bâtir une école de filles, une école de garçons, trois maternelles, un musée scolaire et une crèche laïque. Le musée scolaire à travers ses collections d’armes et d’outils agricoles doit former les enfants au patriotisme et aux traditions agricoles. On retrouve ici la préoccupation de son père de former des citoyens et des agriculteurs porteurs d’un projet civilisateur. En outre, c’est une initiative originale pour « éduquer hors de la classe »75. Et là encore, cela rappelle l’attachement de François-Vincent Raspail pour un enseignement empirique ancré dans son espace vécu. En 1889, Émile Raspail met en place à Arcueil un cours spécial pour les enfants qui ont quitté le système scolaire à l’âge de 12 ans et qui travaillent dans des manufactures76 : lointain écho au projet éducatif de son père au sein de la Société des amis du peuple. Ainsi, les fils de François-Vincent Raspail appliquent en grande partie les idées de leur père de manière concrète et à l’échelle locale.
44Pour conclure, en autoanalysant son propre cheminement vers le républicanisme, François-Vincent Raspail a inventé un mode de politisation des anonymes en s’appuyant sur la pédagogie. L’autodidaxie n’est pas une simple méthode éducative mais une façon de pratiquer la politique en dehors du champ parlementaire. L’école de Jules Ferry doit beaucoup à l’action peu visible et pourtant essentielle des réformateurs sociaux tel Raspail. Dans les années 1870, les lecteurs touchés par l’instruction délivrée par Raspail composent des poèmes et chansons en son honneur. Il est alors présenté comme une incarnation vivante d’une République philanthropique et d’une science accessible à tous. Ses fils s’attellent à perpétuer sa mémoire en appliquant son programme éducatif dans leurs circonscriptions et municipalités respectives. Par conséquent, la pensée de François-Vincent Raspail n’a pas connu de prolongement dans les discussions pédagogiques mais s’est concrétisée localement à travers les actes et réalisations de ses fils dans le sud-est parisien.
Notes de bas de page
1 Sur la question de l’éducation populaire au xixe siècle, voir les ouvrages suivants : Bataille Alain et Cordillot Michel, 2010, Former les hommes et les citoyens. Les réformateurs sociaux et l’éducation (1830-1880), Paris, Max Chaleil ; Lenoir Hugues, 2012, Pour l’éducation populaire (1849-2009), Paris, Le Monde libertaire ; Mignon Jean-Marie, 2007, Une histoire de l’éducation populaire, Paris, La Découverte.
2 Bensaude-Vincent Bernadette, 2010, « Splendeurs et décadence de la vulgarisation scientifique », Questions de communication, n° 17, p. 21.
3 Monier Frédéric et Petiteau Natalie, 2011, « Introduction », in Engels Jens Ivo, Monier Frédéric et Petiteau Natalie [dir.], La politique vue d’en bas. Pratiques privées et débats publics xixe-xxe siècles, Paris, Armand Colin, p. 16.
4 Autorisation accordée au prêtre de lire certains livres défendus et autorisation de confesser, bibliothèque Inguimbertine de Carpentras (BIC), fonds Barjavel, ms 1933.
5 Raspail François-Vincent, s. d., Histoire de ma vie et de mon siècle, p. 14-15, archives départementales du Calvados (AD 14), 1 Mi 198.
6 Raspail François-Vincent, 1838 [1833], Nouveau système de chimie organique, Paris, Baillière, p. 1.
7 Raspail François-Vincent, s. d., Histoire de ma vie…, op. cit., p. 50.
8 Prix de philosophie et de théologie délivrés à François-Vincent Raspail en 1811 et 1812, BIC, fonds Raspail, ms 2751 (1).
9 Ibid., p. 31.
10 Almanach ecclésiastique de France pour l’an 1805 de l’ère chrétienne, 1805, Paris, Adrien Le Clere, p. 69.
11 Lettre de l’archidiacre Tabariès à François-Vincent Raspail, 4 octobre 1813, BIC, fonds Raspail, ms 2751 (1).
12 Julien Raspail, Arrivée à Paris. François-Vincent Raspail chez Stadler et à Sainte-Barbe, 1816-1820, BIC, fonds Raspail, ms 2724 (5).
13 Prost Antoine, 2007, Regards historiques sur l’éducation en France xixe-xxe siècles, Paris, Belin, p. 101-102.
14 Raspail François-Vincent, s. d., Histoire de ma vie…, op. cit., p. 81.
15 Harpaz Éphraïm, 1968, L’école libérale sous la Restauration. Le « Mercure » et la « Minerve » 1817- 1820, Genève, Droz, p. 1-31.
16 Ibid., p. 86.
17 Quicherat Jules-Étienne-Joseph, 1860-1864, Histoire de Sainte-Barbe : collège, communauté, institution, vol. 3, Paris, Hachette, p. 15.
18 Raspail François-Vincent, s. d., Histoire de ma vie…, op. cit., p. 92.
19 Ibid., p. 92.
20 Sicard Germain, 2010, Enseignement et politique en France de la Révolution à nos jours. De Condorcet à De Gaulle, Paris, Godefroy de Bouillon éditions, p. 132.
21 La Minerve française, mai 1819, t. 6, p. 615.
22 Prost Antoine, 1968, Histoire de l’enseignement en France 1800-1967, Paris, Armand Colin, p. 116.
23 Léonard Albert, 1997, « Manuels scolaires et objectifs de l’enseignement des langues anciennes », in Ratti Stéphane (dir.), Les manuels scolaires de langues anciennes, Besançon, Annales littéraires de l’université de Franche-Comté, p. 101.
24 Lettres relatives à une proposition de grammaire en tableaux synoptiques (1822-1823), BIC, fonds Raspail, ms 2751 (4). Nous n’avons pas retrouvé la trace de cet ouvrage.
25 Sicard Germain, 2010, Enseignement et politique en France de la Révolution à nos jours…, op. cit., p. 173.
26 Mollier Jean-Yves, 1999, Louis Hachette (1800-1864). Le fondateur d’un empire, Paris, Fayard, p. 189.
27 Affaire Hachette au sujet du Cours élémentaire d’agriculture en 1840, BIC, ms 2753 (1).
28 Mollier Jean-Yves, 1999, Louis Hachette (1800-1864)…, op. cit., p. 220.
29 Raspail François-Vincent, 1832, Cours élémentaire d’agriculture et d’économie rurale à l’usage des écoles primaires, Paris, Hachette, p. 2.
30 Ibid., p. 1
31 Ibid., p. 2.
32 Ibid., p. 473.
33 Brémand Nathalie, 2008, Les socialismes et l’enfance. Expérimentation et utopie (1830-1870), Rennes, PUR, p. 109.
34 Lettre de Philippe Buchez à François-Vincent Raspail le 27 janvier 1831, BIC, fonds Raspail, ms 2684 (3).
35 Ibid.
36 Ibid.
37 Ibid.
38 Sur les réformateurs sociaux, voir Harismendy Patrick (dir.), 2006, La France des années 1830 et l’esprit de réforme, Paris, PUR.
39 Lettre de Philippe Buchez à François-Vincent Raspail le 27 janvier 1831, BIC, fonds Raspail, ms 2684 (3).
40 Ibid.
41 Ibid.
42 Caron Jean-Claude, 1980, « La Société des amis du peuple », Romantisme, n° 10, p. 176.
43 Ibid.
44 Cours publics et gratuits professés par F.-V. Raspail à la faculté de médecine : du 15 décembre 1829 jusqu’en novembre 1840, BIC, fonds Raspail, ms 2752 (5).
45 Raspail François-Vincent, 1839, Réforme pénitentiaire. Lettres sur les prisons de Paris, Paris, Tannissey et Champion, t. 1, p. 327., cité dans Caron Jean-Claude, 1980, « La Société des amis du peuple », art. cit., p. 177.
46 Vimont Jean-Claude, 1993, La prison politique en France. Genèse d’un mode d’incarcération spécifique xviiie-xxe siècles, Paris, Anthropos, p. 309.
47 François-Vincent Raspail : épisodes de ma vie 1833-1848, BIC, fonds Raspail, ms 2730 (5).
48 Ibid.
49 Ibid.
50 Ibid.
51 Foucault Michel, 2014 [1975], Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, p. 271.
52 Ligou Daniel, 1968, François-Vincent Raspail ou la Bon usage de la prison, précédé de l’étude impartiale de Jean-Paul Marat, Paris, J. Martineau, p. 14.
53 Le Réformateur, 8 octobre 1834, BIC, f° 950 I.
54 Le Réformateur, 10 octobre 1834, BIC, f° 950 I.
55 Rancière Jacques, 1985, « Savoirs hérétiques et émancipation du pauvre », in Derrida Jacques et Boreil Jean (dir.), Les sauvages dans la cité. Autoémancipation du peuple et instruction des prolétaires au xixe siècle, Seyssel, Champ Vallon, p. 43.
56 Rancière Jacques, 1987, Le maître ignorant. Cinq leçons sur l’émancipation intellectuelle, Paris, Fayard, p. 167.
57 Le Réformateur, 8 octobre 1834, BIC, f° 950 I.
58 Ibid.
59 Raisky Claude, 2012, Joseph Jacotot. La pédagogie paradoxale, Dijon, Éditions Raisons et Passions, p. 97.
60 Blanc Louis, 1880, Histoire de la révolution de 1848, Paris, Flammarion, t. 1, p. 300.
61 Au sujet des almanachs sous la Seconde République voir Gosselin Ronald, 1992, Les almanachs républicains. Traditions révolutionnaires et culture politique des masses populaires 1840-1851, Paris, L’Harmattan.
62 Raspail François-Vincent, 1848, La lunette du donjon de Vincennes. Almanach démocratique et social de l’Ami du Peuple pour 1849, Paris, éditeur des ouvrages de M. Raspail, p. 107.
63 Raspail François-Vincent, 1849, La lunette de Doullens. Almanach démocratique et progressif de l’Ami du Peuple pour 1850, Paris, éditeur des ouvrages de M. Raspail, p. 105.
64 Bataille Alain et Cordillot michel, 2010, Former les hommes et les citoyens…, op. cit., p. 106-107.
65 Sur la question de la méritocratie, voir Ihl Olivier, 2007, Le Mérite et la République. Essai sur la société des émules, Paris, Gallimard.
66 Raspail François-Vincent, 1872, Réformes sociales, Paris, éditeur de M. Raspail, p. 37.
67 Projet de loi. Abolition de la peine légale remplacée par l’amélioration de l’accusé, 1877, BIC, fonds Raspail, ms 2760 (9).
68 Lettre d’un certain J. C. Lusine à François-Vincent Raspail en 1874, BIC, fonds Raspail, ms 2739 (4).
69 Lettre de J. A. Depassio à François-Vincent Raspail le 17 septembre 1846, archives départementales du Val-de-Marne (AD 94), fonds Raspail, 69 J 2.
70 Lettre de Charles Lentzer, teinturier, à Raspail, 18 juillet 1875, AD 94, fonds Raspail, 69 J 2.
71 Lettre de F. Tison, architecte-géomètre, à Raspail, le 4 mai 1874, AD 94, fonds Raspail, 69 J 2.
72 Examen critique du rapport de M. Paul Bert sur le classement et le traitement des instituteurs par un instituteur, Béziers, J. B. Perdraut, 1881, AD 94, bibliothèque Raspail, 69 J 1001.
73 Voir l’inventaire de la bibliothèque Raspail conservé aux archives départementales du Val-de-Marne : Nafilyan Alain et Berche Claire, 1994, Le fonds Raspail, Créteil, Archives départementales du Val-de-Marne, p. 101-102.
74 Duvignacq-Croisé Cécile, 2013, L’école de la banlieue. L’enseignement féminin dans l’est parisien 1880-1960, Rennes, PUR, p. 81.
75 Chanet Jean-François, 1996, L’École républicaine et les petites patries, Paris, Aubier, p. 328.
76 Duvignacq-Croisé Cécile, 2013, L’école de la banlieue…, op. cit., p. 82-83.
Auteur
Docteur en histoire, est ATER à Sciences-Po Toulouse. Il est chercheur correspondant au sein de l’équipe HEMOC (Centre Norbert Elias, UMR 8562), et membre associé au LaSSP (EA 4175). En novembre 2016, il a soutenu, à l’université d’Avignon, une thèse d’histoire dirigée par Natalie Petiteau, professeure d’histoire contemporaine, et ayant pour titre Les républiques de François-Vincent Raspail : entre mythes et réalités. Il travaille sur les interférences entre l’histoire politique et l’histoire des sciences ainsi qu’entre l’histoire politique et l’histoire de la mort. Il a collaboré au programme ANR Utopies19, sous la direction de Ludovic Frobert, directeur de recherche au CNRS. En 2016, dans les Cahiers Jaurès, il a coécrit avec Bruno Bertherat, maître de conférences en histoire contemporaine, un article intitulé « La République et ses masques. Culte du grand homme et culture matérielle (de la Première à la Cinquième République) ».
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