François-Vincent Raspail en images
p. 103-129
Texte intégral
1Si Marianne est l’allégorie la plus répandue de la République française1, ses fils que sont les « grands hommes » incarnent eux aussi les diverses conceptions de la res publica. Aujourd’hui, il paraît admis que seuls les portraits officiels des présidents de la République2 ont le droit de rivaliser – temporairement – avec Marianne dans la course pour la représentation du pouvoir républicain. Pourtant, jusqu’au régime de Vichy, d’autres individus sont entrés dans le panthéon artistique et symbolique de la République. Depuis la Révolution française, le désir de l’opinion publique de se confronter aux portraits des héros qui ont fait l’histoire républicaine s’amplifie. L’image de l’acteur républicain est théorisée de telle sorte qu’elle doit servir d’exemple au plus grand nombre : elle doit imposer le respect, inciter chacun à agir en vue de l’intérêt de la nation et fabriquer une mémoire républicaine. Héritiers du sensualisme et du rousseauisme, les opposants à la royauté au cours du xixe siècle pensent pouvoir « républicaniser » la population « en parlant aux yeux et non aux oreilles »3.
2François-Vincent Raspail, ou plutôt la dynastie républicaine Raspail, ne fait pas exception à cette diffusion de la communication politique au moyen de l’image. La prolifération des représentations du lutteur républicain et de sa famille est des plus hétéroclites, cela va de la photographie à la gravure, en passant par la caricature de presse, la médaille commémorative ou l’objet sculpté. On en dénombre plusieurs dizaines. Il faudrait y ajouter les portraits littéraires de François-Vincent Raspail publiés dans les périodiques ainsi que dans les œuvres historiques, épistolaires et mémorielles. Il n’est pas improbable que certaines représentations du républicain, à l’instar de ses écrits, aient été détruites, volontairement ou involontairement, au cours du temps4. Aux dires de Raspail lui-même, son adversaire scientifique, le doyen de la faculté de médecine, Mathieu Orfila, aurait organisé avec une poignée d’étudiants un « autodafé »5 des exemplaires de son journal L’Ami du peuple en 1848.
3Trois observations peuvent être faites à propos de ce corpus iconographique. Il est, tout d’abord, révélateur de la banalisation de l’imagerie des hommes célèbres depuis au moins le xviiie siècle. Banalisation qui pouvait parfois tourner au voyeurisme : la figure de Voltaire à son lever en est la plus paradigmatique6. Dans le cas de Raspail, à partir des années 1830-1840, son visage commence à devenir familier aux sympathisants républicains, surtout à ceux de la capitale. En effet, sa notoriété au début des années 1830 reste encore limitée et n’est pas nationale. Toutes les images de cette époque ne sont pas ressemblantes au modèle. Contrairement aux informations de son passeport, Raspail a été dessiné avec des cheveux bruns, une calvitie précoce, une silhouette squelettique ou encore une large barbe broussailleuse. Des républicains de province le connaissent de nom, comme l’attestent par exemple des articles de L’Écho de la fabrique de Lyon7, mais rares sont ceux qui l’ont vu de leurs propres yeux. Une scène marquante de la vie de Raspail montre bien que sa célébrité est encore balbutiante sous la monarchie de Juillet. Acquitté lors du procès des Vingt-Sept en 1833, Raspail est acclamé par la foule amassée à la sortie de la cour d’assises de Paris mais certaines personnes n’arrivent pas à mettre un nom sur le visage du républicain et le confondent avec son ami le capitaine Kersausie8. Toutefois, progressivement, grâce à cette culture visuelle plus ou moins réaliste, un lien fort, presque affectif, se crée entre ce dernier et ses soutiens. La popularité de Raspail ne cesse de grandir au fil des années et connaît son apothéose sous la Seconde République ainsi qu’une renaissance à la toute fin du Second Empire, en 1869, où un journal satirique, Le Rasoir, le surnomme le « dieu Camphre »9. Les représentations de l’homme politique et du chimiste entrent alors dans l’intimité des Français. Élise Hofer, épouse d’un républicain alsacien, voit, par exemple, sa fille, Cécile, afficher une gravure du représentant du peuple Raspail – élu en septembre 1848 – sur un mur de sa chambre à coucher. La présence des images de Raspail dans la sphère privée est également visible dans des objets du quotidien. Le père du romancier Jean Giono portait constamment un portefeuille contenant des photographies de Victor Hugo et de François-Vincent Raspail10. L’imagerie révèle une « politique qui descend vers les masses » via le regard et l’émotion face à un support iconographique11.
4Ensuite, la multiplication des images de Raspail a joué un rôle dans le processus d’héroïsation de sa personne. Qu’elles soient laudatives ou dépréciatives, les représentations de Raspail réalisées par ses contemporains participent à la construction d’une mythologie politique aux visages multiples (le lutteur infatigable, le médecin des pauvres, l’ami du peuple, l’homme désintéressé, etc.). À titre d’exemple, des peintures de l’artiste comtadin Denis Bonnet veulent montrer le « génie » de Raspail en le représentant enfant en train de faire la leçon à ses camarades à l’école de Carpentras. La frontière est cependant mince entre l’éloge et la caricature. Quelques-uns des détracteurs de Raspail en 1848 n’hésitent pas à recourir au portrait à charge en le comparant à un coupeur de têtes. Une telle image rappelle les critiques formulées à l’encontre de Jean-Paul Marat en son temps. Par ce procédé consistant à rabaisser l’homme républicain au rang de « monstre », des journaux légitimistes soulignent la filiation spirituelle entre les deux « Amis du peuple », Marat et Raspail, ainsi que les conséquences dramatiques qui pourraient découler de l’instauration d’une république démocratique et sociale, à savoir une nouvelle Terreur.
5Par ailleurs, en raison d’un ego de dimension sans doute respectable, Raspail a lui-même façonné sa stature de grand homme au moyen de procédés visuels. Pour ce faire, il prend part à un mouvement, né durant la décennie révolutionnaire, qui se traduit par un détournement républicain des codes monarchiques (la conservation du cachet de son père Joseph-Vincent Raspail, les médailles commémoratives, le masque mortuaire, les tableaux familiaux, la statue de son épouse défunte au cimetière du Père-Lachaise). Mais la décoration de sa résidence bourgeoise à Arcueil est certainement la manifestation la plus visible d’une réappropriation républicaine de la culture matérielle aristocrate. Dans la tradition des palais princiers, il a conçu son lieu de vie comme un monument à sa gloire en le surchargeant de symboles : devise familiale sur le mur extérieur, initiales « F. V.R. » sur les fauteuils et le bureau, portraits de Raspail sculptés dans les boiseries.
6François-Vincent Raspail a également valorisé son image à des fins commerciales. Il fait connaître son entreprise médicale et pharmaceutique au plus grand nombre en apposant son visage sur la première page de ses manuels de santé ou sur les étiquettes de ses liqueurs camphrées. Il ne se contente pas de mettre en valeur son usine sur les cachets de ses lettres, Raspail devient lui-même une personnification de ses remèdes camphrés vendus à grande échelle. Son héroïsation s’est poursuivie après son décès, en 1878, à travers la « statuomanie » (statue et bustes de Raspail à Paris, Lyon et Carpentras), les représentations du grand homme sur son lit de mort12, les copies de son masque mortuaire13, ses apparitions dans la fiction littéraire – la figure du praticien autodidacte et fervent partisan du système médical Raspail accède au rang de topos dans les romans de Gustave Flaubert et de Jean Giono –, ainsi que dans les affiches publicitaires (la liqueur Raspail est encore une boisson très répandue dans la France des années 1930).
7Enfin, les images autour de la figure de François-Vincent Raspail ont la particularité d’avoir des messages très diversifiés, reflets de ses différentes facettes : le savant, le médecin, le républicain ou les trois à la fois. Dans la mesure où la figure du scientifique est entrée dans la typologie des « grands hommes » au xixe siècle14, il est parfois complexe de savoir, dans le cas de Raspail, si un artiste rend hommage à l’homme politique plutôt qu’au fondateur du système médical à base de camphre. Sous la Troisième République, une instrumentalisation politique des célébrités savantes est d’ailleurs manifeste15. Toutefois, de nombreux symboles récurrents, liés aux professions de François-Vincent Raspail, apportent des indications sur la connotation politique et/ou scientifique d’une image : un produit pharmaceutique, un caducée, un microscope portatif, un manuel de santé, un bonnet phrygien, un ouvrage politique, etc. Plus généralement, qu’il fasse de la politique ou de la médecine, Raspail est avant tout représenté comme un homme au travail : il harangue la foule du haut d’une barricade, soigne un père de famille, porte sur son dos ou sous son bras sa méthode médicale métaphorisée dans un flacon d’eau sédative, etc. Et quand il est assis ou en buste, ses livres, ses solutions camphrées et son microscope ne sont jamais très loin. Ces représentations de l’homme en action expliquent, en partie, pourquoi, dans la mémoire collective, la figure de Raspail n’a pas été assimilée à celles des théoriciens républicains. Il est vu davantage comme un homme qui se sacrifie pour les autres – du fait, entre autres, de la posture héroïque des médecins et infirmiers16 – que comme un homme de réflexion.
8En outre, avec une grande précision, certains auteurs se sont plus focalisés dans leurs œuvres sur des aspects, voire des épisodes de la vie de Raspail : le prisonnier politique, le libre-penseur, l’insurgé du 15 mai 1848, le candidat socialiste à l’élection présidentielle de décembre 1848 ou encore le représentant du peuple de la Seine sous la Seconde République et le député de Lyon en 1869 ainsi que des Bouches-du-Rhône en 1876-1878. Elles permettent de saisir les hauts et les bas de la carrière politique de François-Vincent Raspail.
9L’abondance des représentations de François-Vincent Raspail en tant qu’homme au pouvoir – parlementaire – ou susceptible de l’être – candidat à l’élection présidentielle – est paradoxale dans la mesure où ce dernier a exprimé son opposition à toute personnification du pouvoir républicain par un chef exécutif. S’il ne désapprouve pas en soi la fonction présidentielle, il se bat, en revanche, contre toute dérive du pouvoir présidentiel vers un pouvoir personnel. Or, ses critiques ne l’empêchent pas de concevoir la personnification du régime républicain dans des hommes portraiturés. Par conséquent, il existe bien chez Raspail une distinction très nette entre la personnification du pouvoir dans la vie politique et la personnification d’un idéal politique dans l’art.
10Représenter Raspail, c’est aussi le représenter seul ou inclus dans un groupe de personnes. Ce choix a des répercussions non négligeables sur le sens à donner à une image : accompagné de ses fils, il symbolise la figure du patriarche qui a donné naissance à une dynastie républicaine reposant sur l’alliance de la science et de la politique ; entouré des républicains dits avancés – Louis-Auguste Blanqui, Armand Barbès, Étienne Cabet, Emmanuel Arago, etc. –, Raspail prend, dans ce cas, les allures d’un leader de la nébuleuse républicaine plus ou moins important, d’après sa taille ou sa position centrale dans l’iconographie ; et opposé à Alexandre Ledru-Rollin, il renvoie au problème de la division des gauches en 1848. On remarque que Raspail n’a pratiquement jamais été représenté auprès de son épouse, Adélaïde Troussot, de sa fille, Marie-Apolline Raspail, ou de sa confidente, la poétesse romantique Marceline Desbordes-Valmore. Les femmes, parce qu’il les exclut, comme la plupart de ses contemporains, de toute occupation politique, sont les grandes absentes de son imagerie républicaine – à l’exception de l’effigie de Marianne.
11Enfin, selon la façon dont il est portraituré ou caricaturé, l’homme François-Vincent Raspail se transforme en allégorie républicaine : il apparaît comme une métaphore de la république démocratique et sociale, de la république combattante, et même d’une république scientifique et communale. Dans les dernières années de sa vie, Raspail est systématiquement représenté en vieillard à longue barbe blanche mais qui a gardé, dans le même temps, un physique d’athlète. Par ses traits, il est vu dans l’imaginaire collectif comme un vieux lutteur qui a combattu, au sens propre et figuré, pour l’instauration du régime républicain. Témoin vivant de la révolution de 1848 dans les premières années de la Troisième République, François-Vincent Raspail apparaît alors à ses contemporains comme un médiateur, un chaînon de la longue histoire républicaine depuis 1789. Ce n’est pas un hasard si une des dernières représentations de Raspail, sa statue dans le square Jacques-Antoine à Paris, a été inaugurée pour le centenaire de la Révolution française.
12Pour finir, il peut être intéressant de s’interroger sur les images vivantes qui reviennent fréquemment dans les discours politiques et scientifiques de François-Vincent Raspail. Le « mouchard », la « police du château » ou le « jésuite » correspondent à des personnages qui peuplent son imaginaire républicain. Ils appartiennent à un monde obscur, souterrain directement administré par le Saint-Siège et cherchent sans relâche à contrecarrer la marche vers le progrès. Bien qu’il ait contribué, dans un raisonnement proche de la paranoïa, à l’élaboration d’un archétype mythique, celui du jésuite conspirateur, il s’attaque, a contrario, aux légendes noires qui entourent la figure du républicain. Depuis la Révolution française, le républicain est pour une partie des légitimistes un être assoiffé de sang, édenté et échevelé qui ne souhaite qu’une seule chose : l’établissement de l’anarchie par la Terreur. Jean-Paul Marat a été tout particulièrement l’objet de ses descriptions monstrueuses. En 1839, alors qu’un grand nombre de ses contemporains tentent de réhabiliter l’image de Charlotte Corday17, Raspail, à l’inverse, veut redonner une vision positive du savant et républicain Marat. Cela passe par la déconstruction de sa prétendue monstruosité grâce à une interprétation des portraits de Jean-Paul Marat, conservés chez sa plus proche parente, sa sœur, Albertine Marat18.
13Mais l’intérêt de Raspail pour la monstruosité va plus loin, puisqu’il cherche, au-delà des questions politiques, à prouver qu’aucun homme ne peut être qualifié de monstre. Il démontre sa théorie en voyant dans le criminel Lacenaire non pas un monstre mais un malade pathologique19. S’il s’est farouchement opposé contre toute forme de monstruosité, Raspail, en raison de ses recherches sur le développement cellulaire, a accordé un intérêt certain aux relations homme-animal. Il a déplacé les frontières entre l’humanité et l’animalité. En concevant l’organisation sociale, depuis la commune jusqu’à l’État, à la manière d’une cellule biologique qui ne cesse de se démultiplier, le savant en chimie organique ne compare plus l’homme à un grand animal mais à un petit animal, à un animalcule20. Ses théories sur l’imagerie et ses portraits connaissent des interférences (le microscope est l’objet qui symbolise son attachement à la cellule biologique et sociale alors que les jésuites sont, eux, représentés sous la forme de diablotins aux oreilles pointus et au nez crochus ou animalisés en cafards). De la fabrique des images politiques de Raspail à celle de son imaginaire républicain, il n’y a donc qu’un pas.
Alfred Le Petit, caricaturiste de presse, a travaillé sur un support à la mode au xixe siècle : l’assiette en faïence. Il réalise en 1877 un ensemble de caricatures intitulé Les Contemporains dans l’assiette. Cette série est éditée et primée à l’exposition universelle de 1878, puis rééditée en 1889. Les contemporains caricaturés sont Alexandre Dumas fils, Hippolyte de Villemessant, Pierre Véron, Léon Gambetta, Émile Littré, Victor Hugo, Louis Blanc, Victorien Sardou, Alphonse Karr, Cham, Adolphe Thiers et François-Vincent Raspail. Ce dernier prend l’apparence d’un vénérable vieillard à la barbe blanche, habillé d’une toge rouge et coiffé d’une couronne de laurier. Raspail est vu alors comme un héros gréco-romain assis sur un rocher au milieu de l’eau. Même si la légende donne l’impression que le caricaturiste rend hommage à la fois au savant et au républicain – « Le fier tribun, à l’âme antique ; son cœur n’eut jamais que deux grands amours ; deux rivales beautés, qu’il adora toujours : la Science et la République » –, on voit davantage dans l’assiette une représentation du médecin que du républicain. De nombreux attributs de la science médicale sont présents : le caducée, l’énorme flacon qui inonde une ville (Paris ?) d’eau sédative camphrée – cette inondation est sans doute une allusion au succès du système médical Raspail –, l’inscription latine sur la bouteille (le latin est encore considéré comme la langue des docteurs) et les ampoules à décanter qui rappellent que Raspail a découvert la médecine à travers ses analyses histochimiques. Tous ces signes amènent à comparer Raspail à la figure du médecin grec Hippocrate, voire au dieu de la médecine Esculape.
Le caricaturiste Gill a lui aussi représenté le député radical des Bouches-du-Rhône, François-Vincent Raspail, en médecin à la une du journal satirique L’Éclipse, le 2 avril 1876. On retrouve la même symbolique que dans l’assiette d’Alfred Le Petit ou dans la caricature de B. Taupin pour le journal Le Bouffon, le 14 juillet 1867. À la manière d’une statue grecque, un Raspail à la barbe blanche est couché sur un piédestal tandis que son flacon d’eau sédative se déverse sur le sol, à tel point qu’un fleuve « Camphre » est en train de naître sous ses yeux. Là encore, Raspail est représenté sous les traits d’un vieillard avec une musculature très développée. Ce physique d’athlète peut signifier que la méthode médicale Raspail permet de rester en bonne santé jusqu’à la fin de sa vie, et Raspail lui-même, en serait la preuve. Tout un rapport au corps et à la masculinité transparaît dans ce dessin. Il est possible que les caricaturistes s’influencent les uns les autres en se copiant les poses et les symboles du « médecin des pauvres ». Gill réutilise lui-même la symbolique de ses anciennes caricatures de Raspail : déjà il l’avait représenté, au moment des élections législatives de mai 1869, en grand sportif, en lutteur, accompagné d’un de ses médicaments favoris, l’huile de camphre.
Cette étiquette illustre bien l’utilisation de l’image de Raspail à des fins publicitaires. On ne connaît rien de l’auteur de ce dessin, à l’exception de la mention « lithographie provençale ». Ici François-Vincent Raspail n’est même plus un personnage, il a été chosifié, statufié. Sa représentation sous la forme d’un buste en marbre sous-entend-elle que Raspail est décédé au moment de la commercialisation de cet élixir ? C’est tout à fait possible. Des portraits de Raspail continuent à être apposés aux étiquettes des bouteilles jusque dans l’entre-deux-guerres. On retrouve tous les symboles des caricatures dans cet objet publicitaire : la référence à la statuaire gréco-romaine, les plantes médicinales, le manuel de santé, la couronne de laurier autour du lettrage et les fioles du laboratoire de chimie. Cette réappropriation des codes de la caricature dans cette étiquette laisse à penser que Raspail et ses descendants ont joué eux-mêmes avec cette symbolique pour figer dans la mémoire collective une image commerciale du « médecin des pauvres ».
François-Vincent Raspail et Marianne
C’est un François-Vincent Raspail député et martyr républicain qui est représenté dans la gravure de C. L. Maurice. Enfermé dans une cellule de la citadelle de Vincennes, le prisonnier Raspail est assis, le bras accoudé à une table en bois et regarde droit dans les yeux le spectateur. Son visage impassible donne à penser que l’auteur du dessin a voulu montrer que Raspail gardait toute sa légitimité de représentant du peuple, élu au suffrage universel lors des élections législatives partielles de septembre 1848, malgré sa condition de détenu depuis son arrestation lors de la manifestation du 15 mai. Mais plus intéressant encore, un personnage féminin est à côté de lui. Dans un geste de compassion, elle semble lui poser la main sur l’épaule. Cette muse possède tous les attributs républicains et révolutionnaires d’une Marianne : le bonnet phrygien décoré d’un triangle maçonnique ou d’un niveau égalitaire ; une branche de laurier à la main ; une robe rappelant les vêtements de l’Antiquité gréco-romaine ; la poignée de mains, symbole de la concorde et de la conciliation, dessinée sur la broderie au niveau du cou. Elle ressemble beaucoup au buste de Marianne du sculpteur Dubray, commercialisé au lendemain de la révolution de 1848. La représentation de cette déesse républicaine n’est pas anodine. Maurice Agulhon a démontré que le couple République-Liberté était courant dans les représentations de Marianne en 1848. Paradoxalement, apportera-t-elle la liberté au défenseur de la liberté ? Mais surtout Raspail reçoit d’elle une onction sacrée : par cette action, il devient un saint républicain et incarne lui-même la République.
Le Frondeur, journal satirique lyonnais, met à l’honneur la figure de François-Vincent Raspail dans son tout premier numéro du 1er janvier 1870. En effet, Raspail est la personnalité de l’année 1869 dans la capitale des canuts. Il est sorti victorieux, sous l’étiquette radicale, des élections législatives de mai 1869 dans la 1re circonscription de Lyon avec 16585 voix. Il s’est présenté aux citoyens comme un républicain historique et a soutenu des principes qui lui sont chers depuis la monarchie de Juillet : les libertés publiques, un suffrage universel libre de toute entrave impériale, la décentralisation communale, l’impôt progressif, la réforme de la justice et l’abolition de la peine de mort. Mais il a surtout présenté, en décembre 1869, un projet de loi tendant à supprimer le serment à Napoléon III en justice et devant tous les corps d’État. Raspail est perçu alors par les républicains lyonnais comme un survivant de la République démocratique et sociale de 1848. C’est le message, semble-t-il, que veut faire passer le caricaturiste Picq dans ce dessin. Le titre se résume par trois points d’interrogation qui reflètent l’incertitude des Lyonnais vis-à-vis de leur nouveau député républicain pour l’année 1870. Raspail, transformé en ange faucheur, est l’homme politique qui, par ses décisions, peut changer le cours du temps. Comme une coquille d’œuf, les événements de l’année 1869 sont brisés en mille éclats. Les coquilles sont en fait une allusion à l’ovale, la pièce maîtresse du moulin dans l’industrie de la soie lyonnaise. Sur des morceaux de papier, on peut lire les événements suivants : l’élection de Raspail, l’élection du républicain Bancel dans la 2e circonscription de Lyon, l’inauguration du canal de Suez en novembre 1869, le concile du Vatican, la diffusion de la libre-pensée et la grève des ouvrières de la soie à Lyon. L’expression « charcuterie de Lyon » est aussi présente mais là, on ne sait pas si cela se rapporte à un événement précis. On note enfin la présence d’une allégorie féminine gréco-romaine auprès de l’archange Raspail. Est-ce Marianne ? Peut-être. Elle est toute drapée de rouge, allusion très probable à la couleur des républicains avancés. Marianne n’est plus sous le Second Empire, l’emblème de la France. Elle est un nom de code pour les sociétés secrètes et les réseaux républicains clandestins. Un sein nu est visible, cela renvoie à la Marianne maternelle. Toutefois, on peut supposer aussi que cette muse correspond à la déesse Clio qui regarde, pensive, le temps en train de passer, ou plutôt d’être fauché. Avec l’élection de Raspail, l’heure de l’instauration d’une République démocratique et sociale est-elle venue ?
Dans cette caricature du dessinateur Estincel, paru dans le journal satirique marseillais La Binette, le 9 juillet 1876, le vieux républicain, député des Bouches-du-Rhône, incarne, à lui seul, dans cette couverture, l’idéal d’une république scientifique, combattante et universelle. Le mythe du pacte entre la république, la science et le progrès émane de la figure de Raspail. Englobé dans un bonnet phrygien, emblème par excellence de la Première République et considéré encore comme séditieux car rappelant l’épisode révolutionnaire de la Commune, un François-Vincent Raspail pratiquement nu, à la tête de vieillard et au corps de jeune homme, porte, dans sa main gauche, un flacon d’eau sédative camphrée qui éradique les cafards, – métaphore probablement des jésuites ? –, et, dans sa main droite, une corne d’abondance de couleur rouge, – peut-être est-ce une référence au socialisme ? –, contenant ses livres scientifiques les plus connus. Le médecin social s’affaire à diffuser sa science populaire et ses préceptes républicains partout dans le monde puisqu’il survole le globe terrestre. Il symbolise ainsi l’universalisme de la République française bien que ses idées politiques, à la différence de ses prescriptions médicales, n’aient pas voyagé beaucoup hors de France. Une strophe en vers, en dessous du dessin, sert, quant à elle, à renforcer l’image d’un Raspail promoteur de la république scientifique et combattante :
Loyola, Bazile et leur clique. À ton nom seul tremblent de peur… Honneur à toi, vieux défenseur. Du camphre et de la République !
Cette fois-ci, Raspail n’a pas besoin d’être accompagné de Marianne pour incarner la République, il est à lui tout seul une conception de la république : celle des quarante-huitards, de 1792, et non celle des opportunistes et législateurs de la Troisième République.
Le républicain François-Vincent Raspail connaît un regain de popularité en 1874 lorsqu’il est une dernière fois incarcéré, à l’âge de 80 ans, à la maison de santé de Bellevue, pour avoir défendu dans son Almanach et calendrier météorologique le souvenir du communard Charles Delescluze. Portraits, poèmes, chansons à sa gloire se multiplient durant le temps de sa détention. Ces deux hauts-reliefs en bois en sont un exemple. L’artisan républicain Hippolyte Beaumont a représenté un Raspail libre-penseur qui lutte contre toutes les formes de superstitions et d’obscurantismes. Elles prennent l’apparence de diablotins qui l’entourent dangereusement. Depuis 1869 et sa conversation au radicalisme, François-Vincent Raspail a fait de la libre-pensée une de ses priorités politiques. Les diablotins peuvent aussi faire allusion à l’imaginaire républicain de Raspail à l’égard des jésuites et des mouchards. Entouré par une couronne de laurier, Raspail est en mouvement, l’orateur semble se défaire de ses ennemis par sa gestuelle et sa parole. Le titre de l’œuvre souligne que l’auteur a voulu rendre hommage au Raspail martyr, il est littéralement condamné aux bêtes, le type de condamnation réservée dans la Rome antique aux pires criminels. Toute sa vie, Raspail est apparu aux yeux de ses contemporains comme l’homme qui s’est sacrifié pour la république, la libre-pensée et la liberté. Il est une incarnation de la souffrance que subissent les prisonniers politiques.
Cette estampe colorée est une réalisation de la famille de graveurs-imprimeurs Wentzel, connue pour sa production d’imageries populaires à Wissembourg, dans le Bas-Rhin. Elle représente Raspail de manière réaliste. Sa fonction de député radical – probablement du Rhône en 1869 – est mise à l’honneur. Il porte la redingote caractéristique des parlementaires – et aussi des médecins. Cet habit symbolise l’avènement d’une République des savants. Il tient fermement dans sa main un papier avec sa signature qui est très reconnaissable. Est-ce une profession de foi ? La scène se veut solennelle à travers le décor (le fauteuil, les rideaux rouges et verts) et les expressions de visage du député (un Raspail préoccupé qui regarde vers le lointain). Ce choix délibéré s’explique peut-être par le fait que Raspail est représenté à l’Assemblée nationale. Notre œil est attiré par le monument au dernier plan. Il ressemble beaucoup au Panthéon avec sa large coupole. On peut émettre l’hypothèse que la présence du Panthéon a une signification précise. Raspail est-il considéré, dès son vivant, par ses contemporains, comme un homme pouvant faire l’objet d’une panthéonisation au moment de son décès ? En effet, quand ce dernier meurt en janvier 1878, un grand nombre de républicains demandent à ce qu’il entre dans la dernière demeure des grands hommes. Finalement, il ne sera pas panthéonisé à la différence de Victor Hugo en 1885.
François-Vincent Raspail : le patriarche
Cette caricature du dessinateur Henri Demare, parue dans le journal Le Carillon et datant de 1876, est une des seules représentations de François-Vincent Raspail avec tous ses fils. Ensemble, ils symbolisent l’arbre de la liberté, un des emblèmes phares de la Révolution française et de la République. Le père François-Vincent Raspail est identifié au tronc principal du chêne alors que les fils poursuivent l’œuvre politique et scientifique de ce dernier sur les branchages. L’aîné, Benjamin Raspail, à gauche au second plan, vient d’être élu député de la Seine en cette année 1876. Le second fils, Camille Raspail, à droite du dessin, a tout d’abord suivi les pas de son père dans la médecine en ouvrant des consultations gratuites aux patients les plus démunis, avant de lui succéder en politique, en devenant, en 1885, député radical du Var. Émile Raspail, au dernier plan à gauche, est, quant à lui, l’élu local de la famille. En 1876, il est conseiller général de la Seine et sera élu maire d’Arcueil deux ans plus tard. Enfin Xavier Raspail, le dernier fils qui est le plus éloigné dans le dessin, est le seul des quatre fils qui n’a pas occupé de mandat électif. Il a été inculpé dans l’affaire de l’almanach de météorologie de 1874, en tant qu’éditeur, et cherche jusqu’à la fin de sa vie à honorer la mémoire de son père. Les fils se sont partagé la gestion de l’héritage paternel : Émile Raspail est en charge de la réédition des ouvrages de son père, Camille Raspail s’occupe de la gestion des pharmacies rue du Temple à Paris, puis à Arcueil, Benjamin Raspail, lui, ne cesse d’enrichir la bibliothèque de la maison paternelle. Une dynastie républicaine et savante est ici fortement figurée.
Dans cette autre caricature, Henri Demare s’intéresse à l’un des fils Raspail, Camille. Nous ne connaissons pas la date de ce dessin mais nous pouvons supposer qu’il est postérieur à 1885 dans la mesure où Camille Raspail semble porter la redingote noire, habit caractéristique du député. Le représentant du Var est vu par Henri Demare comme un homme écrasé par la mémoire de son père. Il ne vit que pour perpétuer le souvenir de François-Vincent Raspail. Le dessinateur ne fait mention d’aucune réalisation propre à Camille Raspail en tant que parlementaire ou médecin. Protégé par le buste de son père, il propage les grands principes paternels dans des conférences – « Hygiène, Morale, Raison », réédite ses journaux – L’Ami du peuple – ainsi que ses ouvrages – Les Réformes sociales, Le Manuel de santé –, et diffuse sa méthode médicale. Grâce au culte paternel entretenu par ses enfants, ses petits-enfants et ses arrières petits-enfants (Julien, Jacques, Simone Raspail), la mémoire de François-Vincent Raspail a été vivace jusque dans l’entre-deux-guerres. En revanche, Camille Raspail mais aussi les autres fils sont tombés très rapidement dans l’oubli collectif. Même Benjamin Raspail, qui est l’auteur de la loi de 1880 faisant du 14 juillet le jour de la fête nationale de la République française, n’est pas resté une figure de premier rang dans la mémoire républicaine.
En juillet 1889, pour le centenaire de la Révolution française, une statue de François-Vincent Raspail est érigée square Jacques-Antoine, place Denfert Rocherau à Paris. Elle a été réalisée par les frères Morice, auteurs de la statue de La République, inaugurée dix en plus tôt sur la place du même nom. Ce monument est une illustration parfaite du mythe Raspail. Les sculpteurs ont représenté un Raspail héroïque, que ce soit dans le domaine politique ou scientifique. François-Vincent Raspail est sur un piédestal. De nouveau, il a la tête nue et l’allure d’un sage avec sa longue barbe. Il porte sa redingote noire de médecin et de parlementaire. Dans une main, il tient une plume et dans l’autre des feuilles : il s’agit du premier numéro de son journal Le Réformateur. Fondue durant la Seconde Guerre mondiale, la statue de Raspail a aujourd’hui disparu. En revanche, le piédestal est, quant à lui, toujours debout. Il est surchargé de symboles. Une inscription indique que la statue a été élevée par « souscription nationale ». Gravée dans la pierre, on reconnaît la figure de la femme voilée qui se trouve sur la tombe de Madame Raspail au cimetière du Père-Lachaise. Elle est sans doute une référence au dévouement de son épouse et de sa fille ainsi qu’aux années de captivité en prison et en exil. À côté du journaliste républicain et du prisonnier politique, deux autres facettes du personnage Raspail sont également présentes dans cette œuvre. Deux bas-reliefs en bronze, installés sur les faces du piédestal, présentent, respectivement, l’image mythique du républicain combattant et celle du « médecin des pauvres ». Chacune fait écho à une inscription. D’une part, le premier bas-relief montre un Raspail d’une cinquantaine d’années, sur les barricades, en train de faire un discours devant une foule composée de révolutionnaires en armes, vêtus de blouses d’ouvrier et de bonnets phrygiens. Ce bas-relief doit être mis en relation avec l’inscription suivante :
Raspail promoteur du suffrage universel en 1834 (journal Le Réformateur). Le
24 février 1848, Raspail proclame la République sur la place de l’Hôtel-de-Ville.
D’autre part, le second bas-relief met en scène un François-Vincent Raspail beaucoup plus âgé, médecin, qui sauve un homme pauvre, ouvrier et père de famille. Il est soutenu par sa femme dévouée et ses quatre enfants en haillons. Là aussi, il faut mettre en correspondance ce bas-relief avec une inscription qui honore à la fois le chimiste qui fait de la médecine à partir de ses expériences en laboratoire, l’homme politique qui a créé un imaginaire républicain fondé sur la théorie cellulaire et le savant positiviste qui a élevé la science en véritable religion :
Donnez-moi une vésicule animée de vitalité et je vous rendrai le monde organisé. Théorie cellulaire 1825-1836. À la science hors de laquelle tout n’est que folie.
À la science l’unique religion de l’avenir. Son plus fervent et désintéressé croyant.
F.-V. Raspail.
La statue du square Jacques-Antoine est donc une synthèse de toutes les représentations culturelles, sociales et politiques qui entourent François-Vincent Raspail après sa mort. La statue de Raspail, jusqu’à la fin du xixe siècle, est vue comme une curiosité touristique. Des gravures la représentent dans des guides consacrés à la visite des monuments parisiens.
En juillet 1932, un minuscule square (6 m2) et un buste en pierre de Raspail sont inaugurés par le maire socialiste de Carpentras, Henri Dreyfus. Ce buste, réalisé par le sculpteur Ernest Damé, est une copie de celui qui a été inauguré à Lyon en juillet 1884, dans le square du quartier de la Guillotière, l’ancienne circonscription du député de Lyon en 1869-1870. Il est très probable qu’Ernest Damé se soit inspiré de l’empreinte mortuaire de Raspail, prise par le mouleur Auguste Ménégault en janvier 1878. Il existe entre les deux œuvres des similitudes dans les traits du visage. L’inauguration du buste dépasse, exceptionnellement, le cadre départemental, puisqu’un hebdomadaire illustré, Le Miroir du monde du 23 juillet 1932, relate les grandes étapes de la cérémonie. En outre, dans le contexte d’une Troisième République menacée par la montée des ligues d’extrême droite, le buste de Raspail possède une symbolique forte. Il a été inauguré par un maire socialiste, Henri Dreyfus, neveu du capitaine Alfred Dreyfus. Les figures de Raspail et du capitaine Dreyfus ont en commun d’avoir été victimes d’injustices de la part des forces politiques les plus conservatrices. Leurs combats respectifs – clamer son innocence ou innocenter une inculpée (Marie Capelle en 1840) –, résonnent avec l’actualité de la France des années 1930. Il est ainsi significatif que la gauche antifasciste n’ait pas voulu laisser le centre-ville carpentrassien et son cortège de noms républicains (François-Vincent Raspail, Alfred Naquet, Alfred Dreyfus, Édouard Daladier) aux mains des militants d’extrême droite venus écouter une conférence de Philippe Henriot, député de la Gironde. De 1934 à 1936, la gauche antifasciste, puis, la gauche du Front populaire célèbrent leurs victoires en déposant des gerbes de fleurs devant le buste de Raspail. La mémoire de Raspail constitue donc dans l’entre-deux-guerres un marqueur identitaire de la gauche comtadine.
Notes de bas de page
1 Agulhon Maurice, 1979, Marianne au combat. L’imagerie et la symbolique républicaines de 1789 à 1880, Paris, Flammarion. Voir aussi Richard Bernard, 2015 [2012], Les emblèmes de la République, Paris, CNRS Éditions.
2 Boude Yvan, 2003, « Le portrait du président. Sur les usages politiques des photographies officielles des présidents de la République (1906-1995) », in Bonfait Olivier et Marin Brigitte (dir.), Les portraits du pouvoir, Rome, Académie de France à Rome, p. 219-238.
3 Jourdan Annie, 1998, « L’écriture de l’image. Représentation politique et Révolution », in Ménard Michèle et Duprat Annie (dir.), Histoire, Images, Imaginaires (fin xve siècle-début xxe siècle), Le Mans, Université du Maine, p. 323-339.
4 Fureix Emmanuel (dir.), 2014, Iconoclasme et révolutions, Ceyzérieu, Champ Vallon, p. 121-128.
5 Raspail François-Vincent, s. d., Épisodes de ma vie 1833-1848, bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, fonds Raspail, ms 2730 (5).
6 Lilti Antoine, 2014, Figures publiques. L’invention de la célébrité 1750-1850, Paris, Fayard, p. 31-32.
7 Frobert Ludovic, 2009, Les canuts ou la démocratie turbulente. Lyon 1831-1834, Paris, Tallandier, p. 81.
8 Raspail François-Vincent, s. d., Épisodes de ma vie 1833-1848…, op. cit.
9 Le Rasoir, 22 mai 1869.
10 Giono Jean, 1987 [1971], Œuvres romanesques complètes, Paris, Gallimard, t. 1, p. 956.
11 Ory Pascal, 2013, « En guise d’introduction à l’histoire des politiques symboliques modernes », in Monnier Gérard et Cohen Évelyne (dir.), La République et ses symboles. Un territoire de signes, Paris, Publications de la Sorbonne, p. 11.
12 Devernay et Molinier, 1878, Photographie de François-Vincent Raspail sur son lit de mort, bibliothèque municipale de Lyon, ms 2322 (1) ; Mirailles François, s. d., Raspail (1794-1878) sur son lit de mort, bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, inv. 2014. 0. 29.
13 Barbier Jonathan et Bertherat Bruno, 2016, « La République et ses masques. Culte du grand homme et culture matérielle (de la Première à la Cinquième République) », Cahiers Jaurès, vol. 1, n° 219-220, p. 119-143.
14 Noiray Jacques, 1998, « Figures du savant », Romantisme, n° 100, p. 143-158.
15 Rasmussen Anne, 2013, « Science et progrès, des mythes pour la République ? », in Fontaine Marion, Monier Frédéric et Prochasson Christophe (dir.), Une contre-histoire de la Troisième République, Paris, La Découverte, p. 265.
16 Pouchelle Marie-Christine, 2001, « L’héroïsme comme valeur thérapeutique et professionnelle à l’hôpital », in Groshens Marie-Claude et Rannou Karine (dir.), Héros populaires, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, p. 130.
17 Mazeau Guillaume, 2009, Le bain de l’histoire. Charlotte Corday et l’attentat contre Marat 1793- 2009, Seyssel, Champ Vallon, p. 279.
18 Raspail François-Vincent, 1864, « Étude impartiale sur Jean-Paul Marat le savant et Jean-Paul Marat le révolutionnaire », Nouvelles études scientifiques et philologiques, Paris, chez l’éditeur des ouvrages de M. Raspail, p. 234-284.
19 Raspail François-Vincent, 1872, Réformes sociales, Paris, chez l’éditeur de M. Raspail, p. 84.
20 Munhoven Paul, « De quels animaux l’humain est-il fait ? », communication lors du 10e congrès des francoromanistes « Les relations entre l’homme et l’animal », le 29 septembre 2016 à l’Universität des Saarlandes.
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