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Réflexion sur les premières verreries du comté de Bourgogne. La Vieille Loye, Courtefontaine et d’autres sites, des XIe-XIIe siècles au début du XVIe siècle

p. 245-256

Résumés

Résumé. Le site verrier de la Vieille Loye en forêt comtale de Chaux (Jura) est le plus ancien connu en Comté, dès 1295, même si on peut remonter aux XIe-XIIe siècles. La comptabilité comtale, à défaut d’étude archéologique, permet dès les années 1305-1306 l’étude de l’activité, et donne le nom des verriers (Lorrains venus de la Vôge). À côté de la Vieille Loye, existent les sites verriers de Poyans, La Chapelle-Saint-Quillain/Saint-Gand, Passavant-La Rochère (Haute-Saône), Courtefontaine (Jura).

Summary. The glass works in La Vieille Loye in the Chaux forest (Jura) belonging to the count is the oldest known site in Comté ever since 1295, even if we can go back as far as the eleventh and the twelfth centuries. Having no archeological study, the accounts allow us to study its working, ever since 1305-1306, you are even given the names of the glassworkers from Lorraine, the Vôge. Together with la Vieille Loye, you can find other sites in Poyans, Saint-Gand, Passavant-La Rochère (Haute-Saône), Courtefontaine (Jura).


Texte intégral

1« La fabrication du verre, comme presque toutes les industries qui font appel au feu, demeura longtemps secrète, sinon mystérieuse, voire même magique » (Daumas et al. 1962, 506 ; Philippe 1998) : ce propos indique les difficultés qu’il y a à connaître cette activité, bien que sa pratique soit ancienne et attestée dès la haute Antiquité. Le Moyen Âge garde en effet pour cette période bien des « secrets » en raison de la rareté et du laconisme des sources. Dans la région, les connaissances nouvelles viendront des fouilles archéologiques, par les objets trouvés et leur datation comme lors des fouilles du château de l’Aigle (Mordefroid 1987, 139-143, Mordefroid 1990), de celui de Pymont (Jeanjacquot 1993, 111-113) dans le Jura, ou de celui de Rougemont-le-Château (Walter 1993) dans le Territoire de Belfort, d’une maison rue du Vignier à Besançon (Guilhot, Munier 1990), du Lycée Friant à Poligny (Jura, Munier 1990) ou de quartiers de la ville de Montbéliard (Goëtz 1990, Cantrelle et al. 2000), etc.

2James Barrelet (Barrelet 1954) et d’autres ont montré que c’est du XIIIe au XVe siècle, lors du vigoureux essor de l’Occident, que les informations se précisent : alors, la maîtrise du verre plat s’affirme, comme l’atteste la mise en place des vitraux des grandes églises « gothiques », le « verre creux » se répandant surtout aux XIV-XVe siècles. Enluminures et bois gravés des incunables offrent nombre de représentations. Le verrier quitte alors la ville pour la forêt où le prince lui concède des privilèges, comme en Vôge, autour de Darney. En Comté, c’est au terme du XIIIe siècle, avec la verrerie de la Vieille Loye, installée en la forêt comtale de Chaux, près de Dole - avec l’autorisation ou à la demande du comte ? – que s’amorce cette histoire (Rey 1967, 67-85 ; Gresser 2004). Mais le mystère reste épais sur cet établissement dont les origines précises sont inconnues, et sur lequel nombre d’auteurs ont jusque-là projeté l’image de la période moderne (Bienmiller 1997 ; Charnoz 2010). Deux sources essentielles ont été exploitées pour cerner le sujet, les comptes généraux et les comptes de gruerie du bailliage d’aval et de Dole qui, de 1353 à 1490, offrent le moyen de situer l’activité de la verrerie et d’en connaître les verriers (Theurot 2015, 123-176). D’autres sources évoquent les sites de Poyans1, La Chapelle-Saint-Quillain/Saint-Gand2, La Rochère, Courtefontaine au nord-est de la forêt de Chaux, au début du XVIe siècle3.

1 Les conditions naturelles, atouts pour les verreries du massif de Chaux

3L’observation de la nature du sol et du sous-sol, l’état hydrographique, la variété des essences et la présence d’espèces ombrophiles, permettent de mieux comprendre les raisons de la mise en place de tels établissements en forêt de Chaux.

1.1 La nature du sol et du sous-sol

4La carte géologique de la zone indique que l’essentiel du sous-sol est formé de cailloutis d’origine rhénane apportés là avant l’ère tertiaire, au temps de l’Aar-Doubs, et lorsque le réseau hydrographique émanant des glaciers « jurassiens » charria nombre d’éléments caillouteux. Quant aux formations géologiques du secteur de la Vieille Loye, ce sont des terrains plio-quaternaires (cailloutis inférieurs, argiles dites d’Étrepigney, cailloutis supérieurs), des alluvions quaternaires fluvio-lacustres, des argiles altérées plio-quaternaires de surface et des limons les recouvrant (Campy 1985, 7-9) (fig. 1)4. De ces terrains les verriers du Moyen Âge tirèrent parti pour leurs productions, dont les sables siliceux, base de toute production verrière, les cailloutis calcaires broyés fournissant la chaux, élément durcisseur par excellence. Les argiles sont utiles pour la fabrication du four, des pots et des tuiles couvrant les édifices : la charte d’accensement de 1420 mentionne « terre » et « pierre » nécessaires aux verriers.

1.2 Les ressources hydrographiques

5La forêt de Chaux couvre un espace où les précipitations atteignent près de 1000 mm. L’évapo-transpiration y est intense en raison de l’ampleur du couvert forestier qui crée une sorte de micro-climat. À l’époque médiévale, d’autant que les XIVe et XVe siècles furent humides et frais, il ne dut pas en être autrement. Ceci fut favorable à la croissance des arbres cités dans les comptes de gruerie. Ces espèces permettent le maintien sur un sous-sol assez imperméable d’une forte humidité favorable à une végétation ombrophile, facilitant aussi le transport des alluvions. La pente du substrat, l’importance de l’humidité ont contribué à la mise en place d’un réseau hydrographique incrusté de 10 à 30 m par rapport au niveau supérieur du sol. Ce réseau s’organise autour de la Clauge et son affluent la Tanche, drainant 10 000 ha de bassin, sans compter de nombreux petits affluents de rive droite, tel le Parfombief passant au lieu-dit « la vielle verrerie » (fig. 2). Le sous-sol comporte d’importantes nappes filtrées par les cailloutis pliocènes. Cette omniprésence de l’eau fut utile aux verriers médiévaux, pour leur approvisionnement personnel, la charte stipulant qu’ils devaient résider en forêt, pour le breuvage de leurs troupeaux jouissant de la « libre paisson », et pour lequel les verriers purent creuser de petits étangs. L’eau leur était nécessaire pour le nettoyage des sables, la fabrication des briques réfractaires, la charte de 1420 stipulant qu’ils ont leur « usaige d’aigue ».

1.3 Le potentiel forestier

6Sur ce sol humide, constitué d’éléments siliceux, la forêt médiévale est l’héritière d’une forêt constituée à l’époque post-glaciaire : forêt de chênes (dès 6800-6500 av. J.-C.), forêt de hêtres (vers 3000 av. J.-C.) (Bouvier, Rousseau 1980, 6). Les comptes de gruerie, dès les années 1350, citent ces espèces, les chartes indiquant que les verriers ont « droit de pasturage » pour leurs porcs et bovins, mais qu’à la différence des communautés riveraines ils sont dispensés de droits (Gresser 1983, 55). Ces documents évoquent aussi l’usage de la forêt pour certains métiers contre des « conduits » (redevances), tels que la forge, la charronnerie, la charbonnerie, les meuniers et fourniers du domaine s’y procurant du bois vif et mort, le droit des habitants étant inscrit dans les chartes de franchises comme pour Dole (bois mort) (Gresser 1983, 52-59).

7Pour les verriers, si le chêne est utilisé comme bois de construction (maison du four, maisons et granges des verriers), le hêtre est le plus utile, les chartes indiquant qu’ils ont « l’usaige de tous bois de folz… pour la dite verriere faire et cuyre… ». À noter que la charte de Courtefontaine interdit d’utiliser les arbres portant fruit (chênes, pommiers et poiriers). Roland Bechmann souligne que « pour les verreries on employait systématiquement au Moyen Âge le hêtre, car la cendre de ce bois contient non seulement de la potasse mais de la chaux… », que les verreries se fondèrent souvent là où étaient associés silice et hêtre. En effet, la cendre de hêtre contenant du manganèse rend le verre plus blanc, lui faisant perdre sa couleur verdâtre causée par la présence d’oxyde de fer ; mais si les verriers s’étaient rendu compte des conséquences de son usage, ils n’en connaissaient pas les propriétés (Bechmann 1984, 180 et 189).

8Cette haute futaie, surtout la forêt de hêtre, plus claire, favorise la croissance des fougères, « bons matériaux de litière » pour les troupeaux des verriers ; surtout, leurs cendres contenant « des phosphates, de l’azote, de la potasse » en font un excellent engrais pour leurs champs ; brûlées, elles servent de fondant, permettant d’abaisser la température de fusion du verre, et leurs cendres, lessivées, donnent un bon salin (Bechman 1984, 73). Si la fougère servait aussi à envelopper les productions des verriers, les saules des rives de la Clauge et de ses affluents permettaient de façonner des vans utiles au tamisage du sable, de la terre destinée à la fabrication des briques réfractaires, à celle de paniers ou vans (transport des objets de verre) (Theurot 2009, 74).

2 L’émergence des verreries : pouvoir princier et proto-industrie

9« Item li verriere de Chaux vaut… 16 livres » (Redoutey 1976, 57) (fig. 3)5 : cette mention laconique faite vers 1295 est la première citation de la verrerie de la Vieille Loye et la recette qu’en retire le comte Othon IV, alors qu’à l’issue du traité de Vincennes il transmet son comté au roi Philippe le Bel. Cette somme ne constitue pas, même à la fin du XIIIe siècle, un montant considérable, mais la concession d’un droit d’usage en forêt à un verrier, rappel de la possession de la forêt par le prince : la comtesse Alix de Méranie, sa mère, en 1277, avait réaffirmé ses droits sur la Vieille et la Grande Loye et sur la foresterie de Chaux6.

2.1 La question des origines : le prince et le contrôle de la forêt, du XIIe au XVIe siècle

10Cette première mention et l’action des comtes sous-entend une présence plus ancienne de l’activité verrière, et il semble utile de poser la question de la datation de la verrerie de La Vieille Loye, sachant que, jusqu’à plus ample découverte, elle reste la plus ancienne du comté de Bourgogne (Theurot 2009, 63-99). En l’absence de fouilles archéologiques sur le site, la seule démarche est de confronter les données toponymiques et textuelles possédées à propos de la Vieille Loye et de La Loye. En considérant la carte IGN au 1/50000e établie en 1948 puis révisée, concernant La Vieille Loye, est indiqué un lieu-dit « La Motte » dominant la rive droite de la Clauge de 25 m, près de la confluence de la Clauge et de la Tanche, et non loin, au nord-ouest, se trouve le site de la « vieille verrerie » ; quant à la clairière de défrichement, elle se situe entre la Clauge et la Tanche vers le lieu-dit « les Turots », toponyme significatif, selon Gérard Chouquer, de l’amoncellement de terre (Chouquer 1979, 23-38). Quand en 1289 Othon IV cède à son épouse Mahaut d’Artois La Vieille Loye7 et ses revenus, dont ceux d’un four, il est question du « chastel » situé à « la Motte », de la « vile » et de ses appartenances ; la comtesse fera démonter le « chaffaut » (bâti de bois – logis – dominant la porte d’entrée du château) de ce « chastel » pour en doter l’entrée du château de Montmirey, en 1306. Ce « chastel » fait sans doute suite à un premier édifice sur motte construit à une époque inconnue.

11Quant au hameau de La Loye - dit « Neuve Loye » à la fin du XIe siècle, puis « Grant Loye » en 1277 - il naquit au sein d’un espace cadastré à l’époque romaine, en rebord d’une terrasse alluviale dominant la Loue, au contact des terres alluviales de la vallée et de zones de clairières vouées aux pâturages, échancrant la forêt voisine. C’est là que dès 1029 le comte de Bourgogne construisit son « château » sur un tertre, motte féodale à mettre en rapport avec celle de La Vieille-Loye, ainsi qu’avec celles de Goux, des Mars et de Villette, dont l’organisation se situe dès la seconde moitié du XIIe siècle, quand est mis en place le passage de Dole qui prit l’ascendant sur celui de Molay-Gevry. Par la construction de ces mottes, le prince entendait favoriser le rassemblement de populations, mieux contrôler et sécuriser l’axe « transjuran », voie de passage en réactivation voyant transiter des marchandises (chevaux, fer, laine, harengs…) venant d’Italie, de Bourgogne et de Flandre, ou y conduisant, par les gués de Molay et Dole, joignant ces espaces par le péage d’Augerans en « val louais », Salins et le péage de Jougne. Si La Loye ne possède pas alors d’église, vers 1080 un « autel » dépendant de l’église de Goux y existe - site occupé dès l’Antiquité et le haut Moyen Âge - le comte Raimond ayant aussi, en 1092, donné aux religieux de Saint-Bénigne de Dijon une terre et une portion de forêt près de la Neuve Loye avec les droits afférents, leur permettant dès le début du XIIe siècle de contrôler l’église d’Augerans et la chapelle de la Neuve Loye (Chevrier, Chaume 1943, t. II, pièces n° 365, 366, 411, 420, 436, 448 ; Rey 1967, 70-71). Les abbesses d’Ounans disposaient d’un droit de parcours en forêt pour leurs troupeaux dans le secteur proche de la Vieille Loye (Olivier, Chauvin 2005, 25).

12Ces données bien établies sont à relier aux réflexions d’André Debord qui, s’appuyant sur diverses études concernant le XIe siècle (région de Caen, pays charentais, Calvados), montre le lien motte-défrichement, comme c’est le cas à la Vieille Loye et La Loye ; d’après d’autres travaux, en particulier ceux de W. Janssen, archéologue allemand, et d’autres recherches (Poitou, Normandie, Branges en Dauphiné), il met en évidence le lien entre l’érection de « mottes » et la présence d’établissements proto-industriels (poterie, ferrière, verrerie), et insiste sur le lien motte-contrôle de route (péage, franchissement de rivière…) : si la seconde situation correspond au cas de La Loye, la première concerne La Vieille Loye (Debord 2000, 72-77). Si nous pensons que le site de la Vieille Loye existait avant La Neuve Loye, donc avant 1029, on ne peut dire exactement quand : la « motte » est-elle d’époque carolingienne alors que l’Occident voit naître nombre de hameaux et villages en des sites défrichés, comme le souligne Laurent Feller (Feller 2013, 78-82) ? Le site verrier en est-il contemporain alors que l’axe transjuran se réanime ? Des verriers italiens y jouèrent-ils un rôle ? Quant au nom de la Vieille Loye, vient-il de logia, comme l’affirment Armand Marquiset et Alphonse Rousset, évoquant un entrepôt sur une vieille route ? En étant à l’origine de l’érection de la motte de La Loye, le comte a provoqué une séparation des fonctions : La Vieille Loye contrôlait le lieu de production verrière en développement, alors que La Loye contrôlait la route, près du péage d’Augerans en cours d’organisation, devenant peu ou prou le centre d’une petite châtellenie incluant La Vieille Loye et son site verrier : dès qu’existent des comptes ils incluent la recette de la verrerie dans celle de La Loye (fig. 4).

13D’autres verreries, ainsi que le montre la carte, apparaissent au détour de quelques textes, telle celle de Poyans vers 1344-1349, celle de La Chapelle-Saint-Quillain/Saint-Gand dans la seconde moitié du XVe siècle, mais sans doute avant ainsi que le suggère Claudine Munier8, sans oublier bien entendu La Rochère à la fin du XVe siècle, toujours en activité aujourd’hui, ou Courtefontaine au début du XVIe siècle.

2.2 L’établissement verrier : son émergence et les conditions de son fonctionnement

2.2.1 L’établissement lui-même

14Lorsque les textes conservés citent l’établissement verrier, il est question de « voieriere » ou « verriere », un seul établissement. La verrerie, c’est un four, sorte de dôme constitué de briques réfractaires comme le représente la gravure de Jean de Mandeville (document aquarellé) ou celle de la Pompe funèbre de Charles III (gravure). Le compte de 1371 signale pour la première fois la « maison bullain », le four où entre en fusion la matière qui, refroidie, donne le verre à la structure bullée.

15Le texte le plus précis est l’acte d’accensement de 14209. Il indique que l’administration comtale, pour accélérer la remise en état de la verrerie - il est écrit le « lieu et place ou souloit estre la viez verriere en la forest de Chaulx, appartenant a mon dit seigneur» - a donné 120 francs aux verriers retenus « pour faire les dites maison et four » et « pour nos cendres a ce necessitez » ; les officiers du duc demandent d’« ediffier esdiz lieu et place une maison de bois a quatre rains », « ung fournel pour faire verres ainsi comme il y souloit estre », ce qui nous ramène aux gravures évoquées. D’autre part, les verriers devront « fere continuelle résidance (nous) deux ensemble en la dite verriere », ce qui suppose une maison (de bois) pour leur résidence. La verrerie est décrite comme le groupement du four à fabriquer le verre et des maisons utiles à la vie des verriers. L’établissement rétabli, les verriers s’engagent à « y ouvrer et fere ouvrer continuellement toute (notre) vie durant» et en « ladite verriere faire et cuyre durant ce que ilz y ouvreront pour eulx et leurs successeurs » : ceci sous-entend le maintien en l’état de la verrière pour qu’elle puisse produire. D’ailleurs les deux verriers risquent d’être mis « en prison ferme » s’ils ne respectent pas ce contrat. Il faut noter l’importance que revêt cet accensement puisqu’il est engagé par le trésorier de Dole Jaquot Vurry, sur l’avis des maîtres des comptes du duc-comte, Jean Chousat et Jean de Velery, associés aux autres conseillers du duc, maître Bon Guichart de Poligny, Girart Basan et Estienne Basan de Dole, licenciés en lois et Jehan de Noydent, et qu’il est établi par Régnier de Mailly résidant à Dole, tabellion général du duc-comte et marchand d’importance, en la présence de Jean Carondelet de Poligny, proche de Jean Chousat, et maître Renaut Garnier.

16Ces informations s’apparentent à ce que Gabriel Ladaique et Germaine Rose-Vuillequey disent des fours de la Vôge : la verrière, terme longtemps utilisé, à ne pas confondre avec le terme usité pour les églises, est une « halle construite en bois de chêne, couverte de tuiles, entourée de bûches qui sèchent ; au cœur de cette halle carrée d’une dizaine de mètres de côté, on a construit le four qui a une superficie de 6 à 7 mètres carrés ». Ce four servait à la cuisson du verre, mais aussi au séchage. L’intérieur du four de la Vôge - auquel on peut assimiler celui reconstruit en 1420 à La Vieille Loye, puisque ce sont des Lorrains, les Bonnet, qui l’érigèrent - était constitué de quatre colonnes reposant sur une dalle de pierre portant les pots, quatre en tout, permettant à plusieurs verriers de travailler en même temps. Par les ouvreaux, les verriers cueillaient le verre (Michel 1985, 74-75). Une « campagne verrière » durait trois ou quatre mois, temps compris entre la préparation du four, puis sa réfection.

2.2.2 Les conditions du fonctionnement

17Les comptes indiquent précisément le fonctionnement de la verrerie. Chaque exercice comptable, à la rubrique de la châtellenie de La Loye, donne le nom du ou des verriers, le montant de la cense perçue annuellement à deux termes, Pâques et Saint-Michel, d’Othon IV à Marguerite de France, puis à la Saint-Michel ensuite. Éventuellement ils indiquent les raisons du « chômage » (décès du verrier comme Huguenin, départ furtif comme Guiot pour la Vieille Loye, cession d’activité pour Girard Bonnet à Courtefontaine vers 1512/1514, incendie de la verrerie après Guiot ou les frères Bonnet), le réaccensement et/ou le rétablissement de la verrerie (après Guiot avec les frères Bonnet, Phelizot Pany et Jehan le Baigne plus tard, maître Marc Messey à Courtefontaine). Ces données, hors l’indication de 1295, des comptes des années 1304/1306, de l’exercice 1332/1333, de celui de 1357/1358, pour son montant, montrent que la verrerie fonctionna du 1er décembre 1364 à l’année 1370, de janvier 1420 à la fin de l’année 1427, du 6 mai 1430 à l’année 1485 au moins, peut-être au-delà avec Girard Bonnet, soit près de 75 années ; pour Courtefontaine ce fut de 1500 à 1514, puis à partir de 1536 et au-delà.

18La valeur de l’accensement varia : elle était de 16 livres en 1295 et 1304/1306, passa à 12 en 1333, puis 20 en 1358, fixée à 10, 15 puis 10 livres de 1364 à 1370, ramenée à 10 florins dès 1420, puis 4 ensuite. Notons que quand Girard Bonnet prit Courtefontaine, la cense était de 4 livres envers le prieur et 25 sous en faveur du comte, de même pour Adam Jacques et Marc Messey, selon les lettres patentes de Charles Quint en 1534, confirmées en 1538/1539. Le montant de cette cense n’est donc pas considérable : en 1295 la cense représente 2,5 % des recettes de La Loye et moins de 1 % en 1460. Ceci marque bien le souci du prince d’affirmer sa suzeraineté sur la forêt et tout ce qui s’y rattache : en 1420 il est écrit que la verrière est « appartenant a mon dit seigneur », alors qu’à Courtefontaine elle est sur les terres du prieuré, mais le comte tolère l’usage de la forêt contre une faible cense. En 1420, le comte ne rentabilisa pas son investissement : don de 105 livres, sans compter la « valeur des privilèges » alors que la cense se monte à 10 florins annuels (à 10 gros vieux le florin), et que la verrerie finit par brûler, provoquant la fuite des verriers ! Le souci du prince était aussi de se fournir en verre pour ses établissements (châteaux, parlement…, verrerie de table…), de valoriser ses ressources forestières, ce que souligne la charte de Charles Quint. Sur ce point comme sur le précédent, la comptabilité comtale permet de préciser notre connaissance.

3 Les verriers

19Si l’aspect matériel de la verrerie est intéressant, par comparaison avec celui des établissements de la Vôge, dès lors peut être esquissée la provenance des verriers et les conditions des accensements également.

3.1 La provenance des verriers (fig. 5)

3.1.1 Les verriers de la Vieille Loye

20De 1364 à 1370, les textes nous livrent les noms des « titulaires », Perrenot le verrier et ses deux fils, Huguenin et Guiot, qui se succédèrent à la direction de la verrerie : le père mort avant la Saint-Michel 1367, Huguenin lui succéda et mourut en octobre 1368 ; quant à Guiot, il prit le relais jusqu’à son départ précipité (incendie) et du manque de rapport de l’établissement en raison des chevauchées des Grandes Compagnies, Jean de Chalon, seigneur de Rochefort, s’y associant, ravageant tout ce secteur de la forêt de Chaux (Lhomme 1978 ; Gauthier 1899, 141-163)10. Ces verriers travaillaient ensemble.

21Jean et Husson Bonnet sont originaires de Fontenoy-en-Vôge. Gabriel Ladaique écrit qu’en 1407 ils tenaient la verrière des Bruyères près de Fontenoy, et qu’ils disparurent de la Vôge vers 1415. Or, ils prirent en mains la verrerie de Chaux dès le 1er janvier 1420 selon le contrat d’accensement, après sans doute quelque itinérance « verrière » ; ils quittèrent les lieux à Noël 1427 (Ladaique 1973, 32, 114, 190)11. Ces Bonnet ne semblent pas avoir été en la Vôge des verriers de « grand verre » comme les Hennezel, Thiétry, Thyzac, ce qui explique peut-être leur migration.

22Dès le 6 mai 1430 deux nouveaux verriers prirent en charge la verrerie qui est à rétablir, le compte indiquant que la verrière « chomoit lors et estoit en ruyne pour ce que par feu de meschief ladite vererie et les maisons d’icelle avoient esté rases et brulees » : les Bonnet étaient-ils partis à la suite d’un incendie, et n’avaient pas pu la rétablir faute de moyens ? Les nouveaux associés sont Phelizot Pani et Jehan le Baigne (ou Jean Bagne), sans que soit indiqué le lieu d’où ils venaient ; certes la verrerie de Briseverre près du village de Hennezel, dans la Vôge, fut tenue en partie par un certain Phelizot, beau-père de Claude de Byseval : pouvait-il être à la fois en Lorraine et en Comté ou confia-t-il sa verrerie à son gendre (Ladaique 1973, 336)12 ? En même temps qu’eux, travaillait à la Vieille Loye un certain Jehan Jaquot mis à l’amende par le bailli pour avoir épié au bois de Chaux « ung nommé Richart Bertrand, corduannier, pour le cuider le tuer, et de fait le bastit fort bien » : l’amende se monta à 3 livres en 1448, somme à rapprocher de la cense de 4 florins due pour l’exploitation de la verrerie ! Ce nom de Jaquot ou Jacob était celui que portait une verrière de la Vôge proche de la verrerie Briseverre (Ladaique 1973, 30) : Jean Jaquot vint-il à La Vieille Loye avec Phelizot et Jehan le Baigne, ce qui authentifierait leur provenance lorraine ? Ou fut-il sollicité par eux ensuite13 ? En tout cas, après la mort de Phelizot Pani, en août 1454, c’est Jehan le Baigne qui géra le site verrier avec sa femme Catherine ; et après leur mort, en 1482, ce furent leurs enfants Claude et Louis qui poursuivirent14.

23Depuis une première recherche publiée en 1988 (Theurot 1988), nous avons retrouvé Girard Bonnet, fils de feu Jehan Bonnet, « verrier demeurant a la verriere des bois de Chaulx », sans doute la Vieille Loye : en effet, le 10 juillet 1496, dans une charte relative à la paroisse de La Loye est indiquée une messe anniversaire à célébrer pour Jehan Bonnet en l’église du lieu, Girard fils de Jehan achetant une rente pour garantir cette fondation (Theurot 2009, 63-99 et 87-88)15. Est-ce à dire que Girard Bonnet est revenu à La Loye pour y travailler ? Quel âge avait-il ? Où étaient les Bonnet depuis 1427 ?

3.1.2 Les verriers de Courtefontaine, de Poyans et de La Chapelle-Saint-Quillain/Saint-Gand

24Autre site, Courtefontaine, au nord-est de la forêt de Chaux. Quand en 1534 Charles Quint octroie des lettres à Adam Jacques16 pour qu’il « relève » la verrerie de Courtefontaine, la charte indique qu’elle a été établie il y a près de trente-quatre ans, grâce au prieur Thiébaud de Villers (1478-1510) qui permit au verrier Girard Bonnet de créer une verrerie sur les terres du prieuré, lui permettant de prendre en forêt toutes matières utiles, le prieuré accroissant ainsi ses revenus car il était pauvre, dit le texte, ne disposant que de deux religieux : il versa pour son usage 4 livres de cense au prieur et 25 sous au comte (Gauthier 1885, 230-241 ; Vergnolle 2001, 211)17. Girard Bonnet, « honorable homme », cité cette fois comme « verrier demourant a Cultefontaine (Courtefontaine) », achète encore le 4 janvier 1506 pour célébrer la mémoire de son père, une autre rente de 10 sous annuels et perpétuels à Jehan Painchault de La Loye18 ; mais la charte de 1534 indique que c’est suite à un procès contre Girard qui, peut-être, exagérait ses prélèvements, que celui-ci quitta les lieux 20 à 22 ans auparavant, soit vers 1512/1514. Ensuite la verrerie vaqua.

25Alors maître Adam Jacques, secrétaire et procureur de l’empereur Charles, mais pas verrier, originaire de Liesle (Theurot 2007, 413-427)19, acheta le site verrier au prieur et demanda à l’empereur l’autorisation de le relancer, d’où la charte de 1534, Charles Quint donnant son autorisation « dans l’intérêt du prieuré ou il y a belle et spacieuse église » et « ou deux de (ses) prédécesseurs sont inhumés », mais aussi « y faire besoingner et construire des verres, comme estant tres utile et neccessaire en notre dit conté ». Cette charte est incluse dans la réclamation d’Adam Jacques et de maître Marc Massey, écuyer, verrier demeurant alors à Courtefontaine, car vers le début de l’année 1536 Adam indique avoir cédé le site à Marc. Les conditions sont précisées : usage de bois et fougère pour chauffer le four et faire verres, le chêne n’étant toléré que pour reconstruire les bâtiments, pommiers et poiriers étant interdits à la coupe car arbres fruitiers, le tout pour 25 sous par an à verser au trésorier du prince.

26Qu’en est-il des verriers de Poyans et la Chapelle-Saint-Quillain ? À Poyans c’est entre 1344 et 1349 que sont connus quelques verriers : dans une fondation pour célébrations aux Cordeliers de Gray, en 1344, est cité feu Jehan le Verrier « maître de la verrerie des bois de Poyans » ; puis lors de la saisie des biens des Juifs en 1347-1349 sont énoncés des objets et des sommes de Guillemin le Verrier et Jehan le Verrier - le précédent ? – tous deux dits de Poyans près de Gray, et de Milot le Verrier d’Auvet, au nord de Poyans, site d’une verrière ou verrier travaillant à Poyans20 ? Cela précise l’exercice de ce métier en ces lieux forestiers. Quant à la Chapelle-Saint-Quillain/Saint-Gand, il n’est pas question de verriers, mais de la fourniture de fougères aux habitants de Fresne-Saint-Mamès pour la fabrication de verres, dans les années 1450-1460, l’hypothèse évoquée par C. Munier étant que cette fabrication peut remonter au XIVe siècle, comme la présence de verriers (voir note 8).

3.2 Les verriers et leur condition

27Ces verriers tiennent donc la verrerie à plusieurs : trois comme Perrenot, Huguenin et Guiot, et il est dit que lorsque Guiot s’en va, les autres verriers aussi ; deux comme Phelizot Pany et Jehan Bagne qui sont associés, Jean Jaquot pouvant leur être joint ; deux ou trois comme Jean Bagne et sa femme, Claude et Louis leurs enfants, avec peut-être Girard Bonnet. Ces verriers vivent en groupe ou en famille près de la verrerie ; les chartes d’accensement évoquent les lieux d’habitation et le droit « d’herbe et de vain pasturage pour leurs bestes…, en la maniere que ont accoustume de fere et joir les autres verriers », leur cheptel pouvant être constitué de porcs, bovins, voire de chevaux. Les comptes de gruerie indiquent aussi que Jehan Bagne prit à ferme la rivière de La Loye (profit des moulins installés, pêche) - la Clauge ou une portion de la Loue ? – entre le 1er octobre 1466 et le 30 septembre 1469 pour des sommes variant de 14 à 20 livres, ce qui suppose des liquidités financières21.

28Au-delà les chartes montrent la façon dont les verriers tenaient la verrerie. Au départ, comme pour Perrenot le Verrier, c’est un accensement personnel, la concession étant faite « a vie » ; si Huguenin et Guiot succèdent à leur père, ils le font de la même façon, le fait qu’ils travaillaient avec lui étant pour le trésorier comtal le moyen d’assurer la continuité de l’activité. Quant à Jean et Husson Bonnet, même s’ils reçoivent une forte somme pour réédifier la verrerie et les bâtiments annexes, c’est collectivement, leur vie durant, qu’ils prennent en charge le site, encore qu’il soit question de « leurs successeurs », sans que soit précisée « leur famille ». Il n’y a donc pas jusque-là de concession perpétuelle : le comte reste maître des lieux, les deux verriers ayant l’obligation de résider sur place et d’assurer le fonctionnement de la verrerie, sous peine de prison. Les conditions restent identiques pour Phelizot Pany et Jehan le Bagne en 1430, puisqu’il est question de « leur vie durant ». Par contre, en 1454, à la mort de Phelizot Pany, le prince a « transporté et delaissié au dit Jehan Bagne », pour lui, sa femme et leurs héritiers « venans et descendans de leurs corps », cette exploitation, « heritablement » : ainsi est assurée désormais, contre une cense, la transmission héréditaire de la verrerie. Mais rien ne dit que cela leur donne un état noble. Après la mort de Jehan et de sa femme, en 1482, ce sont Claude, leur fille, et Louis, leur fils, qui assureront le fonctionnement. Au-delà, la documentation manque car le roi Louis XI a concédé le profit de la verrerie à Claude de Vaudrey22. Girard Bonnet, à La Loye en 1496, verrier, habitant la forêt de Chaux, a-t-il remplacé Claude et Louis, où n’était-il qu’un verrier travaillant avec eux ? Son installation à Courtefontaine vers 1500 répond par contre au souhait du prieur d’installer la verrerie sur ses terres, d’en tirer un profit égal à celui de la Vieille Loye.

29Les textes évoquent aussi leur sort. Dans les trois chartes connues pour le XVe siècle, il est précisé que les verriers ont des obligations et des droits étendus, des privilèges : ils ont « leur usaige a tous bois de folz, terre, fougier, aigue et pierre necessaires pour la dicte verriere faire et cuyre », en 1420 ; ils pourront aussi « prendre es dits bois de Chaulx, bois, herbe et vain pasturage pour leurs bestes » et pour la verrerie, ajoute-t-on en 1430 ; ceci sera confirmé en 1454, car « c’est ainsi que les autres verriers pratiquent ». Ces droits sont progressivement étendus et cela rappelle la situation des verriers lorrains dès l’obtention de leur charte en 1368, confirmée en 1448 (Michel 1985, 166-169). Ici, dès 1420 au moins, les verriers « sont frans et exemps de toutes imposicions, gabelles et autres tailles », statut d’exception, mais rien qui n’implique un état noble, que les érudits ont voulu leur attribuer dès le Moyen Âge, et dont les verriers lorrains étaient pourvus. Par contre, lorsque maître Marc Massey prend à cense la verrerie de Courtefontaine vers 1536, il est dit écuyer : ce personnage est connu dans la Vôge puisque son père, Gérard Massey ou Massel - dont les armoiries sont « d’azur ou chevron d’or, accompagné de trois massues de même » - est verrier de menu verre, et avec lui, acense en 1524 la verrière du Morillon de Erard du Châtelet (Michel 1985, 185). C’est une douzaine d’années plus tard qu’il rejoindra Courtefontaine qu’Adam Jacques lui concéda, sollicitant du prince la charte conservée.

30Ces hommes se déplacent pour leurs affaires, même si les chartes évoquent rarement ceci. Ainsi Phelizot Pany va à Fribourg avec une charge de « gobelets » conduits peut-être sur un attelage. Est-ce le cas de Jehan Bagne, « verrier » cité avec Guillaume Bandin - un verrier ? – en juin 1450 à Poligny et qui, peut-être, ont emmené leur production en cette ville pour la négocier23 ? Ces verriers participent aussi à la vie religieuse de leur espace comme Jehan le Verrier de Poyans qui souhaite qu’on accompagne son âme en l’église des Cordeliers de Gray, Jehan Bonnet qui fréquente la paroisse de La Loye, où il fut inhumé ; maître Marc Massey réside près du prieuré de Courtefontaine.

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31Ainsi apparaissent les conditions d’émergence de la verrerie, les verriers de la Vieille Loye et ceux de Courtefontaine, la transmission du métier et les conditions de travail des verriers, le fonctionnement des verreries comtoises du XIIe siècle peut-être, au début du XVIe siècle. Il est évident que si les conditions naturelles sont essentielles (nature des terrains, situation en forêt de feuillus), le pouvoir princier possesseur de la sylve, contrôlant les routes et les hommes, fut déterminant dès les temps féodaux (autorisation, conditions d’installation). Mais les données sur les fabrications et leur écoulement restent insuffisantes. À ce jour, la connaissance des verreries concerne surtout celle de la Vieille Loye, un peu de Courtefontaine et de La Rochère, mais elle reste bien mince pour Poyans, voire d’autres sites. Il faut donc poursuivre la recherche, d’abord par des investigations archéologiques sur les sites connus non fouillés (verrerie primitive de la Vieille Loye, de Courtefontaine, de Poyans, de Saint-Gand) permettant de retrouver des traces (habitat, fours, pièces de verre) ; puis par une étude systématique de la cartographie ancienne du XVIe au XIXe siècle (cartes, plans d’arpentage, cadastres) avec un relevé des toponymes liés au verre, les mentions de verreries éventuelles ; et un dépouillement attentif de la documentation comptable du domaine comtal, des seigneuries laïques et ecclésiastiques, des actes de la pratique (testaments…) pouvant donner des indications sur les verriers, les types de verre produits.

Figures

Fig.1 - Trajet de l’Aar-Doubs à la fin du pliocène. Dessin J. Theurot d’après Michel Campy.

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Fig.2 - La verrière de la Vieille Loye : hypothèse de datation XIe-XIIe siècles. Dessin de J. Theurot.

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Fig.3 - Première mention des verriers de la Vieille Loye. État de 1295. Bibl. mun. Montbéliard, ms Montbéliard 1, f°14v°, cliché du service.

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Fig.4 - Site de la Vieille Loye. Dessin J. Theurot.

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Fig.5 - Sites verriers, provenance des verriers. Dessin J. Theurot

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Notes de bas de page

1 Arch. dép. Haute-Saône, H 877, fonds des Cordeliers de Gray, 20 octobre 1344.

2 Arch. dép. Haute-Saône, G 86, 1454-1463 (renseignement fourni en 1987 par Guy-Jean Michel).

3 Arch. dép. Doubs, B 511, 1534-1539 : charte de Charles Quint.

4 Voir aussi le schéma géologique décrit dans le texte et la feuille Dole de la carte géologique de la France, au 1/50000e, publiée en 1979.

5 Bibl. mun. Montbéliard, ms1, f°14v° : enquête du comte, vers 1295.

6 Arch. dép. Doubs, B 363, 1277.

7 Arch. dép. Doubs, B 363, charte de 1289 (n.st.).

8 À propos de la Chapelle-Saint-Quillain/Saint-Gand, C. Munier, peu avant le colloque, m’a indiqué que se trouvaient, dans les réserves du SRA, des déchets de fours de verrier, creusets, meules de canne et quelques tessons, découverts en 1992 par un forestier dans la forêt de la Bellevaivre sur la commune de Saint-Gand. Les vestiges d’un atelier ont en effet été observés à 2 km à l’est du lieu-dit « La Verrière » qui appartient à la commune de la Chapelle-Saint-Quillain (verrerie non datée). La mention la plus ancienne d’une verrerie dans le secteur date du milieu du XVe siècle à propos de la vente de cendres de fougères à des gens de Fresne-Saint-Mamès (commune au nord de Saint-Gand) « pour faire des verres » (Michel 1989, 28). La présence du lieu-dit « La Verrière » à la Chapelle-Saint-Quillain, doublée sur la carte de Cassini par « la basse Verrière » 500 m au sud, a alors laissé penser que cette mention pouvait peut-être concerner la Chapelle. Malgré l’absence de microtoponyme et la disparition de la verrerie de la forêt de Bellevaivre, on voit que d’autres verreries ont pu exister, à Saint-Gand, mais peut-être aussi à Fresne. L’aspect et le décor bleu des tessons suggéraient qu’ils pouvaient dater de la fin du Moyen Âge, ce qu’a confirmé une récente analyse par B. Gratuze (CNRS-IRAMAT, Orléans) de plusieurs échantillons sur des creusets (XIV-XVe s.) et sur des fragments de verre (XIII-XIVe s.), pouvant vieillir de quelques décennies la présence d’une verrerie dans le secteur entre la Chapelle-Saint-Quillain et Saint-Gand. Voir article C. Munier dans ce volume.

9 Arch. dép. Doubs, B 338, 27 janvier 1420 (n.st.)

10 Perrenot le Verrier : Arch. dép. Côte-d’Or, B 1420, f°1v° ; B 1448, f°2r° ; B 1425, f°2r° ; B 1428 f°2r°. Huguenin le verrier, son fils : Arch. dép. Côte-d’Or, B 1431, SM 1368/1369, f°2r° : il tint la verrerie pour 15 livres de la Saint-Michel 1367 à la Saint-Michel 1368 et il « fut trespassez la premiere semaine d’octembre CCC LX VIII » ; Huguenin n’est point un inconnu : Arch. dép. Côte-d’Or, B 1425, Saint-Michel 1365/Saint-Michel 1366, f°28r°, il est rapporté que « Huguenin filz au verrier de Chaux…a demorez baié en la tour ronde dudit chastel (de Dole) pour trois mois et demi feinissant le vint cinq janvier mil CCC sexante et cinq pour regarder es terraulx de Dole a cause des Compaignes estanz a pais… », comme « retrahant » réfugié en la ville. Guiot, frère d’Huguenin : Arch. dép. Côte-d’Or, B 1431, f°2r°, versant C (ou cent) sous, lui succéda dès Pâques 1369 ; Arch. dép. Côte-d’Or, B 1433, f°2r°, verse 10 livres de cense ; Arch. dép. Côte-d’Or, B 1436, f°2r° : on apprend qu’ « il cen est allez li dit Guiot fuer du pais par povretey, et li autres verriers auxi ont lessié le lieu pour le feu boutez en la maison bullain » ; un compte de bailliage concernant les dépenses sur Poligny – Arch.dép.Côte-d’Or, B 1425, SM 1365-SM 1366, f°31r° - cite en août 1366 ce même Guiot travaillant avec son père, pour « II fais de voirres achetez de Guion filz au Mariotet de la Viez Loye et du Perudon de Poligny qui ont estes perdus et dépeciez par ceux qui ont beu le vin ou banc d’aoust » . 

11 Arch. dép. Doubs, B 339, 27 janvier 1420 (n.st.) : contrat d’accensement aux frères Bonnet.

12 Arch. dép ; Côte-d’Or, B 1661, 5e compte du bailliage d’aval et de Dole de Jehan Toubin, 1er janvier 1437 (n.st.)/ 31 décembre 1437, f°16v° : contrat qui documente la prise de possession et les conditions de celui-ci par Phelizot Pani et Jehan le Baigne.

13 Jehan Jaquot : Arch. dép. Côte-d’Or, B 1704, 1er janvier 1448 (n.st.) /31 décembre 1448, 16e compte du bailliage d’aval et de Dole de Jehan Toubin, f°86r°.

14 Arch. dép. Côte-d’Or, B 1786, f°27r° : il est dit que « Claude vesve de feu Girard Grapillet, a present femme de Jehan de Pleine et Loys Baigne, son frère, héritiers de feu Jehan le Baigne et de feue Katherine sa femme… » leur ont succédé ; f° 53r° : aux exploits du bailliage de Dole, Claude verse 30 sous pour le sceau du testament de son père, sans doute décédé au cours de l’exercice comptable, 1er octobre 1481/ 30 septembre 1482.

15 Arch. dép. Jura, 197 G 3, 10 juillet 1496 : dans une charte relative à la paroisse de La Loye est indiquée une messe anniversaire à célébrer pour Jean Bonnet en l’église du lieu, pour laquelle Girard fils de Jean, achète une rente pour la garantir, et il fournit 6 francs à Gérard Philippe, curé du lieu, pour acquérir de Jehannete, veuve de Jean Bigeot jadis de La Loye, et sa fille Claude, une rente de 6 sous annuelle et perpétuelle qui devra être payée à la Saint-Martin d’hiver.

16 Arch.dép. Doubs, B 511, 1534-1539.

17 Arch. dép. Doubs, 72H 33/55.

18 Arch. dép. Jura, 197 G 6, 4 janvier 1506 (n.st.)/17 février 1514 (n.st.) : rente de 10 sous annuels et perpétuels à Jehan Painchault de La Loye, gagée sur « un meix maison acquis de feu Jehan Alard, jaidis de La Loye » proche d’un meix du prieur de La Loye, meix et maison chargés de 13 engrognes de cense envers le prieur.

19 Arch. dép. Doubs, E 3702, 1521, terrier, f°121r° : maître Adam Jaques, qui figure comme témoin dans une reconnaissance de cens envers Jean Lallemand effectuée par l’apothicaire et honorable homme Étienne Perrot de Dole, est dit de Liesle et secrétaire de Marguerite d’Autriche.

20 Arch.dép.Doubs, B 127, f° 2 et 22 (Guillemin), f°22 (Jean), f° 21 (Milot le Verrier).

21 Arch. dép. Côte-d’Or, B 1732, 1 octobre 1466-30 septembre 1467, f°3r° (14 livres), 1 octobre 1467-30 septembre 1468, f°4r° (20 livres), et B 1766, 1er octobre 1468-30 septembre 1469, f°4r°(16 livres).

22 Arch. dép. Côte d’Or, B 1795, f°41v°/f°42r° : au compte de Guillaume Boudier, finissant à la Saint-Martin 1485, il est dit que la cense de la verrerie de La Loye, par don du roi, a été concédée à messire Claude de Vaudrey.

23 Arch. dép. Côte-d’Or, B 1710, 17e compte du bailliage d’aval et de Dole de Jean Toubin, 1449-1450, f°71r° : ils achètent 8 muids et demi de vin à 2 francs 8 gros le muid, soit 23 francs 4 gros ½ (le franc valant 17 sous 6 deniers).

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