1 Introduction

1Le colloque organisé par Marja Mendera à Colle Val d’Elsa en 1991 (Mendera 1991a) a marqué un tournant important pour les études sur le verre post-romain en Italie. Les actes de ce colloque ont constitué un repère essentiel, où non seulement les aspects formels et typologiques, mais aussi les questions concernant la production, la distribution et l’utilisation, furent abordés. Cette approche n’a pas vraiment eu de suite, de ce fait, les mises à jour postérieures et les connaissances sur le verre médiéval en Italie semblent encore s’arrêter aux synthèses menées à cette date. Aussi, les contributions typologiques sur le verre du haut Moyen Âge et du Moyen Âge, rédigées par Daniela Stiaffini (Stiaffini 1985, 1991, 1999), nécessitent une actualisation.

2Depuis les années 80, l’étude du verre archéologique post-classique s’est développée grâce aux matériaux livrés par les sites fouillés, surtout dans les régions où la recherche archéologique a été plus importante et a produit de nombreuses publications. Il s’agit d’habitats urbains ou ruraux, de châteaux, de sites verriers de production, de monastères et d’églises, de centres commerciaux ; plusieurs sites sont pluriséculaires.

3L’Italie méridionale, longtemps négligée, a un grand potentiel informatif, comme le démontrent la publication de nombreuses fouilles et l’organisation de colloques (Piccioli, Sogliani 2003 ; Coscarella 2003 ; Coscarella 2012). Malgré cela, les synthèses régionales ne sont pas encore compilées ou seulement partiellement (Toscane : Stiaffini 1996 ; Mendera 2002 ; Sicile : Tisseyre 1997 ; Ligurie : Lerma 2004 ; Calabre : Coscarella 2003, 2007 ; Pouilles : Arthur, Catacchio 2012, Giannetti et al. 2017). Beaucoup de mobilier est en cours d’étude ou a été étudié pour des thèses universitaires et, pour cette raison, nous ne pouvons pas encore proposer de cartes de répartition.

4Sur la base des connaissances actuelles, nous avons préparé des premières planches typo-chronologiques qui auront besoin d’être complétées et précisées dans le futur (fig. 1 et 2).

5Nous ne nous occupons pas ici des sites de production ni des changements technologiques, sujets qui nécessitent une réflexion particulière.

6Les nombreuses recherches archéométriques effectuées sur les verres médiévaux révèlent un apport essentiel pour la compréhension de la technologie et de la datation des verres. Pour ces aspects, nous renvoyons le lecteur à la contribution de Silvestri, Pescarin Volpato, Marcante dans cette même publication.

7L’objectif principal de notre contribution est :

• de préciser l’état des connaissances actuelles ;
• de fournir des premières données typo-chronologiques ;
• d’offrir un instrument bibliographique.

2 Les VIII^e -XI^e siècles (Marina Uboldi, Alessandra Marcante)

8Les fouilles des grandes nécropoles lombardes de Cividale del Friuli (Menis 1990), Castel Trosino (Rupp 2005) et Nocera Umbra (Paroli, Ricci 2007) ont permis de reconnaître une typologie des verres à pied (fig. 1, n° 4), des bouteilles (fig. 1, n° 6), des cornes à boire, et de quelques petits pots (fig. 4.1), datés du VI^e-VII^e siècle, qui ont révélé un héritage des types de l’Antiquité tardive.

9Des fouilles dans des sites fortifiés de la fin du V^e-VI^e siècle à Invillino (Bierbrauer 1987), Monte Barro (Uboldi 2001), S. Antonino di Perti (Falcetti 2001), et dans des contextes urbains à Roma (Sternini 1993 ; Saguì 2000 ; Arena et al. 2001), Brescia (Uboldi 1999), ou Milano (Uboldi 2007), ont permis de mieux préciser l’évolution de quelques formes de l’Antiquité tardive et de révéler pour d’autres des parallèles avec la verrerie d’Europe centrale.

10La vaisselle en verre datée certainement entre le IX^e et le XI^e siècle paraît similaire à celle des siècles précédents, bien qu’elle soit peu connue et constituée d’éléments fragmentaires : on ne peut donc pas trop s’avancer sur les restitutions morphologiques. L’élément novateur est donné par un certain nombre d’objets pour lesquels il existe très peu de comparaisons. Il pourrait s’agir de productions diversifiées et locales, témoignages d’un petit artisanat capable de réaliser des produits de bonne qualité, destinés aux élites.

11Les analyses archéométriques conduites sur certaines de ces pièces attestent une production à partir de groisil, et toujours selon la tradition romaine (Uboldi, Verità 2003 ; Silvestri, Marcante 2011).

2.1 Verres à boire

2.1.1 Verres à pied discoïde (fig. 1, n° 4)

12Réalisés en une seule ou en deux paraisons (Isings 111), ces verres définissent le type le plus répandu entre le VI^e et le VIII^e siècle. Il correspond à l’évolution du verre dont le pied est formé d’un disque et la jambe, lorsqu’elle existe, est très courte et puissante (Isings 109b), type retrouvé sporadiquement au V^e siècle. Les découvertes dans des contextes du VIII^e-IX^e siècle révèlent une très longue persistance de cette forme (Marcante 2017 ; Roffia 2008, 504-506). On observe une évolution progressive de ce type qui va se diversifier, et qui sera de plus en plus souvent réalisé à partir de deux paraisons de verre.

2.1.2 Verres à jambe ou à tige creuse (fig. 3, n° 1 ; fig. 4.3A)

13On connaît aussi quelques exemplaires de verres à jambe creuse, parfois renflée : ainsi à Lecco, Monte S. Martino (Uboldi 2001).

2.1.3 Verres à tige massive (fig. 1, n° 10)

14Les attestations de verres à tige massive (ou pleine) très allongée (jusque 10 cm), souvent torsadée ou moulurée, se multiplient. Le type est présent du nord au sud de la péninsule et provient de contextes datables entre la fin du IX^e et le XII^e siècle :

• au nord : Brescia (Uboldi 1999, pl. CXXV), Milano (Uboldi 2007), Nogara (Silvestri, Marcante 2011), S. Agata Bolognese (Stiaffini 2014), Ferrara, corso Porta Reno (Visser Travagli 2000), Argenta (Coscarella 1992) ;
• en Toscane : Siena, X^e-XII^e siècle (Galgani, Mendera 2005, pl. I, 18), Donoratico, XI^e siècle (inédit) (fig. 4.5), Rocchette Pannocchieschi, X^e siècle (Mendera 2013, fig. 5, 3), Firenze (Mendera 2007, pl. III, 16) ;
• au centre : Roma, dans les fora et surtout dans la domus du forum de Nerva avec 50 fragments de tiges et 13 de coupes (Arena et al. 2001, 362-363, 579-583 ; Del Vecchio 2005, fig. 1) ;
• au sud : Monte d’Argento, Minturno (Latina) (Ciarrocchi, Torre 2003, fig. 4, 10-11), Reggio Calabria (Andronico 2003, pl. XXXV, 283), Canne (Corrado 2012, fig. 3-6), Siponto (Foggia) (Zambetta 2014, pl. II, 6).

15Les compositions chimiques des tiges analysées de Donoratico1 sont de tradition romaine du type HIMT (high iron magnesium and titanium) probablement d’origine égyptienne.

2.1.4 Verre à tige, à petites arches et colonnes (fig. 1 n° 5)

16Cette forme constitue un type à part entière. Environ une douzaine d’exemplaires a été documentée dans l’Italie du nord à partir du VI^e siècle : haut Adriatique (Capodistria, Aquileia et Ravenna2), Lombardie (Monte Barro Lecco, Carvico - Bergamo, San Bartolomeo de Castelaz - Sondrio), Piémont (Trino Vercellese) et Ligurie occidentale (Noli). On la retrouve aussi dans l’Italie méridionale à Salerno, S. Pietro a Corte et Siponto (Foggia), dans des sites du Salento (Giurdignano e Supersano - Lecce), ainsi qu’à Thessalonique en Grèce.

17D’autres pièces présentent des appliques avec décor à arches et gouttes terminales dans la partie basse de la coupe, mais sont privées de la structure ajourée (fig. 4.3B) : elles semblent remonter aux VIII^e et IX^e siècles (Uboldi 2009).

18L’évolution la plus tardive est représentée par le verre retrouvé à S. Vincenzo al Volturno, composé de trois parties superposées : un pied à tige pleine large et épaisse, quatre arches ogivales et une étroite coupe tronconique.

19Probablement en usage au moment de la destruction du monastère en 881, il amène à proposer une production locale autour du IX^e siècle (Stevenson 2001, fig. 7.70-73).

2.1.5 Verre à pied conique (fig. 1, n° 9, fig. 4.4A)

20Le type à coupe en tronc de cône renversé qui repose sur un tronc de cône constituant le pied est presque toujours attesté par des fragments qui ne permettent pas une identification certaine. Les exemplaires datés IX^e-XI^e siècles de Pellio Intelvi (Uboldi 2000, fig. 5. 16-18, fig. 6), Nogara (Marcante 2011b, fig. 1.17, 19), Piadena (Marcante 2005) ont conservé une partie du pied conique attaché à la partie épaisse qui constitue la jonction entre la coupe et le pied, permettant une restitution hypothétique ; ils représentent la phase la plus ancienne de cette forme.

21Plus récents puisque datés entre la première moitié du XI^e et le XIII^e siècle, cinq sites toscans ont livré ce type de verre dans des contextes élitaires (châteaux et monastères) : Pisa (Stiaffini 2012, fig. 11.10), Campiglia Marittima (Mendera 2003), Rocca S. Silvestro, XIII^e siècle (Carnasciali 1999/2000, tipo A5, 574), Montieri, presbytère S. Niccolo, XI^e siècle (Briano 2010/2011) et Poggibonsi, XII^e siècle (Mendera 1996b, fig. 10.1, 4). Le gobelet de Pisa, daté entre la fin du XII^e et le début du XIII^e siècle, retrouvé dans la décharge d’une « maison-tour » urbaine, montre un pied conique qui appartient à un calice à large coupe. Sur les autres sites toscans, les verres sont trop fragmentaires pour en restituer la morphologie.

2.1.6 Gobelet globulaire (fig. 1, n° 8)

22Les petits gobelets globulaires de tradition lombarde et mérovingienne sont peu représentés. Des fragments en verre violet d’un fond apode et d’un bord décoré d’un fil blanc rapporté pourraient appartenir à un petit gobelet, retrouvé à S. Genesio (province de Pisa) et datable, par la composition du verre, du IX^e siècle (Mendera et al. 2017).

2.2 Bouteilles avec anneau creux à l’intérieur de la panse (fig. 1, n° 6)

23Le détail de l’anneau creux à l’intérieur de la panse de ces bouteilles a attiré l’attention de plusieurs chercheurs, qui ne sont pas encore arrivés à expliquer cette particularité (Uboldi 2017).

24La plupart des exemplaires sont datés de la période du haut Moyen Âge. Les pièces les plus connues sont celles des tombes lombardes de Cividale del Friuli (tombe nommée « de Gisulfe » fouillée en 1874 et datée juste après le milieu du VII^e siècle) et de Castel Trosino (trois pièces trouvées dans trois tombes datées du VII^e siècle). D’autres exemplaires sont connus dans des contextes funéraires en Italie méridionale (Calabre) et sont attribués au VI^e-VII^e siècle.

25À ces pièces, il faut ajouter un nombre croissant d’exemplaires fragmentaires trouvés dans les habitats (Uboldi 2017). La carte de distribution montre des présences surtout en Italie septentrionale, mais il s’agit probablement d’une image déformée par l’intensité des études (Uboldi 2017, fig. 4).

26Pour les VIII^e-IX^e siècles, il n’y a pas de témoignages fiables pour ces bouteilles en Italie (synthèse dans Uboldi 2017).

27Le type se retrouve encore dans des contextes du XIII^e-XIV^e siècle : Genova (Andrews 1977, pl. XXVIII, 160), Siponto (Laganara, Zambetta 2012, pl. III, 6), Trento (Endrizzi 1995, 144-145, fig. 6/4), Tarquinia (Whitehouse 1987, fig. 5, 39 ; Newby 2000, fig. 3), Venezia (Pause 1996, pl. 9, 15). Ne connaissant aucun exemplaire entièrement conservé de cette chronologie, il faudrait bien vérifier les caractéristiques formelles et le contexte pour en confirmer la datation.

2.3 Décorations appliquées

28Les décorations appliquées datables des VIII^e-XI^e siècles engendrent encore une question non résolue parce qu’on ne connaît que des fragments de parois de ce type.

29Le style de ces productions se rapproche de certains objets de la verrerie carolingienne, comme les gobelets à décor rapporté des fouilles de Saint-Denis (Foy, Sennequier 1989, 144-145, cat. 61-62), ou des objets transalpins, par exemple de Moravie (Galuška et al. 2012, deuxième moitié du IX^e siècle).

2.3.1 Bandes en bas-relief, disposées en vagues ou en réseau (fig. 4.1)

30Cette décoration, datable du VIII^e siècle, mais surtout du X^e-XI^e, est attestée à Nogara (Marcante 2011b, fig. 1, 17, 21, 22 : parois), S. Antonino di Perti (Falcetti 2001, pl. 58, 410 : palm cup), Rocchette Pannocchieschi (Mendera 2013, fig. 5.1, 2 : parois), Monte S. Margherita (Bonaiti et al. 2001), Tremona (Uboldi 2008), Cividale (Vitri 2012, 61, n° 4, pl. 10).

2.3.2 Minces filets parallèles ou entrecroisés (fig. 1, n° 11, fig. 3, n° 2, fig. 4.2)

31Les filets ont les mêmes couleurs que le corps du récipient ou, plus rarement, ils sont blancs opaques sur un verre incolore ou vert-bleu foncé : à Pellio vert sur vert (Uboldi 2000, fig. 7), à Monte S. Margherita le verre est presque incolore (Bonaiti et al. 2001), à S. Agata Bolognese les filets sont des rubans segmentés à la pince avec couleurs qui contrastent, fil bleu sur fond incolore, fil blanc opaque sur fond incolore et vert sur vert clair (Stiaffini 2014), à Ferrara, corso Porta Reno, fil vert foncé, et à Piadena verre bleu avec fils blancs (Marcante 2005).

32En Toscane, on signale de probables coupelles à décor appliqué en verre vert et rouge, datées du XI^e siècle : à Rocchette Pannocchieschi (Mendera 2013, fig. 5.6, 7), et à S. Genesio (Marcante, Mendera à paraître). À Montieri, on a retrouvé des parois bleues à décor rapporté blanc, fragments également datés du XI^e siècle (Briano 2010/2011 ; Mendera et al. 2017, fig. 4.H).

2.3.3 Décoration de filets torsadés ou de filigrane (fig. 3.1, fig. 4.4.B-D)

33Le décor rapporté obtenu par l’application d’une mince baguette à filigrane en verre incolore et verre blanc opaque, reconnu dans plusieurs contextes à partir du VI^e siècle, est attesté jusqu’au IX^e et encore au XI^e siècle, d’après les occupations de la domus du Forum de Nerva à Rome (Del Vecchio 2005). À Brescia, la présence de baguettes filigranées torsadées parmi plusieurs déchets de production du verre (diamètre 1,5-2 mm) corrobore l’hypothèse de leur utilisation pour la réalisation des verres à boire de ce site (Uboldi 1999, 303). À Carvico (Bergamo), les fils sont opacifiés avec de l’antimoniate de calcium, en suivant une technique de tradition romaine. Dans un échantillon, les filets présentent toutefois de l’oxyde d’étain, ajouté comme chaux de plomb et étain, selon un procédé jamais employé avant le haut Moyen Âge (Uboldi, Verità 2003, tab. 1 b, échantillons C4 e C5).

2.4 Lampes (fig. 1, n° 1-3, n° 12, n° 17)

34Dans les églises, outre les ampoules, on retrouve souvent des fragments de lampes à huile et de verres à pied probablement utilisés eux aussi comme lampes (fig. 1, n° 4). La continuité d’utilisation des édifices et les stratigraphies remaniées rendent difficile l’attribution chronologique.

35L’usage des lampes à huile en verre se perpétue depuis la fin de l’Antiquité et l’évolution des types n’est pas linéaire. À côté des formes dotées de trois anses (fig. 1, n° 1) et des lampes en entonnoir à fond tubulaire (fig. 1, n° 2 et 3), on rencontre, à partir du XI^e siècle, la lampe dite de Mosquée, de forme plus complexe, à pied tronconique ou refoulé, corps globulaire sur lequel sont posées des anses plates verticales, un bord évasé à filets horizontaux rapportés (fig. 1, n° 17). Plusieurs variantes du type, qui perdure jusqu’au XIV^e siècle, ont été retrouvées lors de fouilles récentes dans diverses régions de la Péninsule : Vénétie (Minini et al. 1999), Frioul (Lusuardi Siena, Zuech 2000 ; Bova 2010, cat. I, 1), Émilie Romagne à Ferrara (Guarnieri 2015, fig. 11), Toscane à S. Genesio (Mendera et al. 2017, fig. 4,I ; Marcante, Mendera à paraître), Latium à Farfa (Newby 2000, 262, fig. 7e) et Castiglione (Del Vecchio 2007), Calabre (Agostino, Corrado 2007), Roma (Papparella 2003, pl. III.6, pl. IV. 11-18), Pouilles (Corrado 2012), Palermo (Pesez 1995, fig. 8a), Marsala (Tisseyre 1995, 248, 252, 253 n° A244, A245, A247a).

36On peut encore signaler ici une évolution tardive de la lampe Isings 134, trouvée à S. Genesio (Toscane) (Mendera et al. 2017, fig. 3.G ; Marcante, Mendera à paraître) dans un contexte du X^e siècle (fig. 1, n° 12).

3 Les XII^e-XIV^e siècles (Marja Mendera, Simone Lerma, Alessandra Marcante)

37L’affirmation des institutions communales et la renaissance urbaine ont contribué à la revitalisation de l’artisanat. De nombreux centres de production occupent les villes et constituent un réseau d’échange d’informations, des matières premières et des modèles. Dans ce contexte, certaines formes, très simples et fonctionnelles, se diffusent. Leur succès perdurera pendant des siècles et des quantités très élevées de verres seront produites. La vaisselle d’usage quotidien est caractérisée par un répertoire de verres à boire et de formes fermées, surtout des bouteilles.

38La demande de ce type de récipients permettra la diffusion d’ateliers de verriers et l’affirmation d’un langage commun non seulement à l’Italie, mais à l’Europe entière.

39Depuis peu, les dates de diffusion de certaines formes se précisent. Les données, disponibles à ce jour surtout pour l’Italie du Centre et du Nord, s’accroissent de plus en plus aussi pour le Sud et la Sicile. En Toscane, plus de cinquante sites archéologiques ont livré des verres, partiellement étudiés et publiés. Il s’agit de châteaux, de villages, de lieux de culte, d’hôpitaux et d’ateliers de production.

3.1 Gobelets (fig. 1, n° 13-15, n° 18)

40Les gobelets tronconiques, standardisés, dominent incontestablement les derniers siècles du Moyen Âge avec une diffusion importante dans toute la péninsule.

3.1.1 Gobelets lisses ou à décor géométrique moulé (fig. 1, n° 14, n° 18)

41La production de ces gobelets, attestée certainement depuis le milieu du XIII^e siècle (Mendera 1991b), existe déjà dès le milieu du XII^e siècle à Pise (Stiaffini 2012, 91). Il s’agit du type le plus populaire durant tout le XIV^e siècle dans toute l’Italie, et qui évolue encore au XV^e siècle (Newby 2000 ; Lecce : Arthur, Catacchio 2012, 240-245).

3.1.2 Gobelets à gouttes appliquées (fig. 1, n° 13)

42La datation de ce type, connu en Italie comme dans le reste de l’Europe, a été l’objet de discussions parmi les spécialistes (Mendera 1996b ; Stiaffini 1999 ; Whitehouse 2012). La chronologie des objets italiens est comprise entre le XI^e et le XIV^e siècle avec peu d’exemples du XI^e siècle à Poggibonsi (Mendera 1996b, fig. 8) et à Nogara (Marcante 2011b, fig. 1. 23).

43Les trouvailles plus récentes montrent une présence certaine au cours du XI^e siècle à S. Agata Bolognese (Stiaffini 2014), Pellio Intelvi, XI^e siècle (Caimi et al. 2001), Castelseprio (Masseroli 2013), Rocchette Panocchieschi (Mendera 2013, 117, fig. 4), Rocca San Silvestro (Carnasciali 1999/2000, 558, 559).

3.1.3 Gobelets à pied annulaire (fig. 1, n° 15)

44Ce type apparaît dans toute l’Italie au milieu du XI^e siècle, mais la période privilégiée est le XII^e-XIII^e siècle. L’atelier de Pise, fonctionnant entre la fin du XII^e et le début du XIII^e siècle, produisait ce gobelet en verre incolore et rouge (Stiaffini 2012, 85, fig. 8). Il est parfois orné, soit d’un décor moulé soit d’un décor rapporté, comme celui issu des fondations du campanile de l’église de Poggibonsi (Quattrini 2003/2004, pl. III.1).

3.2 Bouteilles

3.2.1 Bouteille à col long, panse globulaire ou piriforme, fond apode ou à pied conique ou tronconique refoulé (fig. 1, n° 19, fig. 2, n° 25-28)

45Il s’agit de la bouteille classique au bas Moyen Âge. La plupart de ces bouteilles sont datables du XIV^e siècle, mais ce type est attesté depuis le XIII^e siècle (Finalborgo, milieu XIII^e siècle, Falcetti 2003, fig. 59.12) et a continué à être utilisé jusqu’au XVI-XVII^e siècle (voir infra 4.2). Des fouilles dans toute la péninsule ont livré des fragments de cette forme. Certaines bouteilles ont un décor moulé de nervures verticales ou inclinées, par exemple à Venezia, fin XIV^e siècle (Pause 2000, fig. 1.11, 12), ou à Lecce (Arthur, Catacchio 2012, pl. X) ; d’autres sont décorées de cordons verticaux moulés ou rapportés sur le panse, à Tarquinia (Whitehouse 1987 ; Casocallo 2001), ou à S. Genesio, dans la première moitié du XIII^e siècle (Marcante, Mendera à paraître). Certains exemplaires proposent un décor en verre bleu rapporté autour du col.

3.2.2 Kropfflasche (fig. 1, n° 16)

46Ce type, bien connu en Europe centrale dans des contextes des XII^e et XIII^e siècles (Baumgartner, Krueger 1988, 266-270), apparaît rarement en Italie ; il est surtout présent au Nord-Est (Marcante 2014) dans des occupations des XIII^e et XIV^e siècles et de façon plus sporadique au Centre de l’Italie (S. Genesio : Marcante, Mendera à paraître).

3.3 Coupelles

3.3.1 Coupelles à gouttes rapportées (fig. 3, n° 3)

47Des fragments de coupelles à gouttes rapportées, datables entre le XI^e et le XIV^e siècle, proviennent de Toscane (Mendera 2003, formes B4 et D3 ; Stiaffini 2012, fig. 11, VM11, fig. 13), de Tarquinia (Whitehouse 1987, 324, fig. 17) et de Sicile (Molinari 1997, forma III.1.1, III.1.b).

48En l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible de tirer des conclusions sur les formes des récipients décorés de gouttes rapportées ni sur les zones et les modalités de production.

3.3.2 Coupelles à décor bleu rapporté (fig. 3, n° 4)

49Les fragments de verre incolore à décor bleu rapporté, fréquemment retrouvés sur les sites médiévaux, sont rarement attribuables à des formes définies. À Castel di Pietra, en Toscane, des coupelles incolores à cordon pincé à la base et à décor bleu en forme d’arches sur les parois et sous la base sont issues de contextes du XIV^e siècle (Carnasciali 1999/2000, type B8). Ces pièces se rapprochent des exemplaires de France méditerranéenne (Foy 1988 type C5bc) et de la coupe de Farfa (Newby 1991, 40).

3.4 Lampes

50Les lampes de Mosquée à coupe évasée et à fond conique en verre incolore (Perti) perdurent (voir supra 2.4), quelquefois décorées d’un filet bleu (Finalborgo). Plus rares sont les lampes à coupe apode en verre rouge ou noir, par exemple trouvées à Finalborgo et datées de la fin du XIII^e-début du XIV^e siècle (Riflessi del passato 2003, 11, 2-4).

3.5 Verres de prestige

51On peut rappeler ici les fragments de verres de Sainte Hedwige retrouvés en Toscane à Pistoia (Vannini 1985, 633, 643), Montarrenti (Cantini 2003, fig. 71, 72, pl. 39) et Poggibonsi (Mendera 1996c, pl. XXXVIII, 12, 16).

52Les verres dits Aldrevandin ne sont pas traités ici ; ils feront l’objet d’un travail de mise à jour spécifique (quelques éléments dans Lerma 2017, Arzone et al. 2017). Les découvertes attestées de verres islamiques sont en augmentation dans les régions du Sud, pour lesquelles on envisage une étude plus approfondie.

4 Les XV^e- XVI^e siècles (Teresa Medici)

53Durant les trente dernières années, la recherche archéologique a également permis d’élargir les connaissances sur la vaisselle en verre des XV^e et XVI^e siècles. Les données disponibles sur le verre concernent surtout la Romagne, la Toscane et, plus récemment, les Pouilles. Parmi les plus importantes et récentes découvertes d’artefacts datés entre la fin du XV^e et le début du XVI^e siècle, on remarque les verres retrouvés à Padoue lors des fouilles conduites entre 2000 et 2001 dans l’ancien monastère de S. Chiara de Cella Nuova (Bova 2010, 84-88, cat. I.20-I.23). Pour Venise, ne sont disponibles que des notices préliminaires (Minini 2003, 2005, 2007, 2010a, 2010b, 2011 ; Minini et al. 2008 ; Pause 1996, 2000).

54Malgré ces limites, on peut offrir une synthèse des formes utilisées en Italie entre le XV^e et le XVI^e siècle.

55Pour ce qui concerne la production du verre commun d’usage quotidien, des sites de production ont été reconnus sur tout le territoire national, à partir des zones privilégiées par la recherche, comme la Romagne et la Toscane.

56Les résultats des études ont permis de vérifier que les objets en verre étaient utilisés dans tous les niveaux sociaux, grâce à un élargissement de la production et à des prix modestes de ces produits, souvent soufflés dans des moules. Il s’agit surtout de vaisselle pour la table, de verres à boire et de bouteilles. Pendant les deux siècles considérés, les morphologies ne varient pas sur le territoire national.

4.1 Gobelets

4.1.1 Gobelets tronconiques (fig. 2, n° 21-24)

57Les verres à boire tronconique persistent pendant le XVI^e siècle, lisses, par exemple à Faenza (Guarnieri 2009) ou décorés, surtout de nervures ou de bossettes, parfois aussi d’un filet bleu rapporté sur le bord, comme à Lugo di Romagna (Guarnieri 2011), à Venise au XVI^e siècle (Minini 2011), à Trento avant 1583 (Zuech 1999), au château de Lecce pour le XV^e-XVI^e siècle (Arthur, Catacchio 2012 ; Catacchio 2013), à Bormio avec décor de nervures (Uboldi 2015), ou à S. Giovanni Valdarno (Boldrini, Mendera 1996).

4.1.2 Gobelets à nervures verticales réalisés à « mezza stampatura » (fig. 2, n° 29, fig. 3, n° 5)

58Ils sont attribuables à la fin du XV^e ou début du XVI^e siècle : un gobelet violet a été retrouvé à Venezia (Minini 2010a, Bova 2010, cat. I.2), d’autres, en verre incolore, à Bormio (Uboldi 2015), Aquileia (Marcante 2008, n° 252), Lecce, S. Maria del Tempio (Catacchio 2013), d’autres encore, à filets sur le bord, à Campi Salentina, Lecce (Bruno, Catacchio 2012). Un fragment de verre de couleur vert foncé en « mezza stampatura » a été retrouvé à Ferrara, interprété comme une coupe (Guarnieri 2015, fig. 7).

4.1.3 Gobelets à pastilles appliquées (fig. 2, n° 20)

59Au XV^e siècle, les gobelets à gouttes appliquées ne sont plus attestés. Des parois à pastilles appliquées correspondent aux gobelets de type Krautstrunk. La mise au jour de certains exemplaires à Venezia a amené à les identifier avec les cietos gropolosos que certains documents du XV^e siècle mentionnent comme produits dans la lagune pour l’exportation (Zecchin 1987, 51). D’autre part, il pourrait s’agir aussi des moioli imperladi cités par les documents du XV^e siècle (Zecchin 1987, 48).

4.2 Bouteilles (fig. 2, n° 25-28)

60Les formes de tradition médiévale, lisses ou à côtes, apodes ou à support tronconique, à filets bleus rapportés en bague autour du goulot, persistent pendant les XV^e et XVI^e siècles. On rappelle les exemplaires de Faenza (Guarnieri 2010), Lugo di Romagna (Guarnieri 2011), Lecce (Artur, Catacchio 2012 ; Catacchio 2013 ; Caprino, Catacchio 2015), Pomarance (Pisa) (Guidoni, Coscarella 2012), Venezia (Bova 2010, cat. I. 11-12), Rocca di Manerba (Marcante 2011a), Concordia Sagittaria (Bova 2010, cat. I.5).

4.3 Verres de prestige de S. Chiara de Cella Nuova, Padoue (fig. 4.8)

61Les verres découverts sur ce site, datés de la fin du XV^e-début du XVI^e siècle, doivent encore être étudiés de manière exhaustive. Ce sera l’occasion d’appréhender une production aujourd’hui presque uniquement connue par les pièces de collection. On reconnaît (Bova 2010, 84-88, cat. I.20-I.23) :

• six verres à boire bleu clair à décoration émaillée et dorée, parmi lesquels quatre à représentation de l’Annonciation et deux à scènes avec amours et guirlandes ;
• un gobelet et une coupe en verre incolore à motifs géométriques et floraux, émaillés et dorés ;
• un vase miniature en verre blanc opaque, peut-être une salière, avec surface sphérique décorée d’écailles dorées et représentation des deux bustes humains ;
• une coupe apode en verre blanc opaque ;
• une tasse moulée en verre bleu à une anse avec motifs à losanges, similaires à ceux retrouvés sur les gobelets de la même chronologie.

62Le site a aussi livré des verres d’usage quotidien pour lesquels on envisage également l’étude.

4.4 Formes sur pieds

4.4.1 Calice à tige pleine et à cordons appliqués

63L’exemplaire de Ferrara (fin XV^e siècle, Guarnieri 2015, fig. 16) est comparable à des tiges pleines à cordons appliqués retrouvés à Venezia (avant le troisième quart du XV^e siècle, Bova 2010, cat. I, 14), confirmant la persistance au XV^e siècle de ces formes de tradition médiévale.

4.4.2 Verres à jambe et verres à piédouche (fig. 2, n° 34, 35, 36, fig. 3, n° 6, fig. 4.9)

64Les verres à jambe, les verres à pied tronconique, les verres bitronconiques lisses ou à décor moulé apparaissent au cours du XV^e siècle et se diffusent surtout pendant le XVI^e siècle. Ils sont soufflés dans une seule paraison (Guarnieri 2007 ; Ciarrocchi 2009, fig. 5.3 ; Marcante 2011a ; Uboldi 2014) ou en plusieurs paraisons (Arthur, Catacchio 2012 ; Catacchio 2013).

65On trouve de nombreux types de verres à jambe fabriqués à partir de plusieurs paraisons, dérivés d’une technologie vénitienne : avec jambe à balustre creux, avec nœuds côtelés ou boutons soufflés côtelés, à mufle de lion, à nœuds pleins (de un à trois) (Guarnieri 2007 ; Ciarrocchi 2009 ; Guarnieri 2010 ; Marcante 2011a ; Marcante 2008 ; Uboldi 2014 ; Uboldi 2015 ; Cingolani 2012 ; Bova 2010, 85). Le verre est incolore avec des tonalités grises ou jaunes. On signale des fragments en verre rouge opaque retrouvés à Cairate, Varese (Uboldi 2014). À Venezia, les pièces de collection sont nombreuses, en revanche, les découvertes archéologiques sont rares (Minini 2011).

4.4.3 Verres à pied à rebord annulaire, jambe plus ou moins allongée à bouton sous la coupe campaniforme, soufflés dans une seule paraison (fig. 2, n° 33)

66Ces verres sont caractéristiques des contextes toscans du XVI^e siècle. Ils étaient fabriqués dans plusieurs ateliers régionaux, fouillés à Pisa (Stiaffini 1994), S. Giovanni Valdarno (Boldrini, Mendera 1996) et Gambassi (Mendera 1996a), mais ils sont aussi attestés dans la région de Ferrara (Guarnieri 2007, fig. 2, III). Ce type est souvent représenté dans l’iconographie.

4. 5 Autres formes

67On rappelle les coupes sur pied (Lecce, XV^e-XVI^e siècle : Arthur, Catacchio 2012) (fig. 2, n° 38), les coupelles moulées à pied refoulé (Gambassi, XVI^e siècle : Mendera 2002, fig. 17) (fig. 4.6), les coupelles apodes ou à fin pied annulaire rapporté (Lecce : Catacchio 2013) (fig. 2, n° 31), les salières (Grado : Marcante 2012) à « mezza stampatura » dans le Monastère de Cairate (Uboldi 2014) et en haute Valtellina (Uboldi 2015) ou côtelées avec fil bleu à Pomarance (prov. de Pisa) (Guidoni, Coscarella 2012), à « mezza stampatura » avec filet bleu à Mondragone, Caserta (Sogliani 2012) et à Concordia Sagittaria (Bova 2010, 85), les tasses à bossettes (Lugo di Romagna : Guarnieri 2011) (fig. 2, n° 30), les cruches (Valtellina, Pavia, Milano : Uboldi 2015) (fig. 2, n° 37). On signale en outre certaines coupes à deux anses retrouvées à Lecce et en Abruzzo (Giampietro 2003 ; Arthur, Catacchio 2012) (fig. 2, n° 39).

68Certains verres de luxe, issus de contextes archéologiques de consommation, ont permis de vérifier l’utilisation effective de ces types, surtout connus jusqu’à aujourd’hui par les collections. On signale ici l’ampoule en verre violet décorée d’écailles dorées et émaillées (début XVI^e) trouvée à Faenza et probablement d’origine vénitienne (Guarnieri 2014), comme le gobelet d’Aquileia (Marcante 2008) (fig. 4.7) ; on note aussi le verre décoré de millefiori (Uboldi 2015) et le verre calcédoine, pour lesquels on attend des recensements. La rareté des découvertes provenant des fouilles de Venezia est à confronter à la richesse des objets des collections.

69Nombreux, les urinaux, les fioles et les ampoules retrouvés dans des contextes domestiques servent pour les utilisations médicales, ou les usages quotidien ou liturgique. Dans un contexte probablement du XVI^e siècle des fouilles de Venezia (Minini 2011) ont été retrouvés des sprinkler, ou arrosoirs à parfums, connus par des documents (Barovier Mentasti, Tonini 2014).

5 Conclusions

70Plusieurs questions restent ouvertes et devront être approfondies. Il faut considérer que : Élaborer une chrono-typologie ponctuelle des verres des VIII^e-XII^e siècles reste toujours difficile en raison de la rareté des contextes bien datés.

• Il n’est pas facile d’établir la durée d’utilisation de certaines formes et leur évolution.
• Les contextes archéologiques bien datés au XV^e siècle sont rares et ne permettent pas de comprendre et d’étudier la transition des formes médiévales aux formes de la Renaissance.
• Un cas d’étude connu est celui des verres émaillés vénitiens : le hiatus entre les gobelets dits Aldrevandin, produits jusqu’au XIV^e siècle, et la production postérieure du XV^e avancé n’a pas encore été comblé par les découvertes archéologiques.

71Le problème de la naissance des formes vénitiennes des coupes, comme celle à balustre, perdure. Erwin Baumgartner a récemment souligné (Baumgartner 2015) que la forme apparaît au XVI^e siècle, sans qu’il soit possible de retracer une évolution à partir des formes précédentes. Cependant, des tiges retrouvées en contexte archéologique daté du troisième quart du XV^e siècle à Venezia, présentent des formes médiévales.

72Nous remercions Elisabetta Neri pour son aide à la traduction du texte.

Figures

Fig. 1 - Planche chrono-typologique.

Fig. 2 - Planche chrono-typologique.

Fig. 3 - Verres du VIII^e au XVI^e siècle : 3.1 - Verre à tige, Monte S. Martino (LC), VII^e-VIII^e s. ; 3.2 - Forme ouverte avec décor rapporté vert et rouge. San Genesio (PI), XI^e s. Dessin D. Mendera ; 3.3 - Coupelle à gouttes rapportées. Pisa, fin XII^e-déb. XIII^e s. Stiaffini 2012, fig. 11 VM.11 ; 3.4 - Coupelle à décor bleu rapporté. Castel di Pietra (GR), XIV^e s. Dessin B. Carnasciali ; 3.5 - Gobelet. Aquileia (UD), début du XVI^e s. © MIBACT/MAN Aquileia ; 3.6 - Verres à jambe. Aquileia (UD), XVI^e s. © MIBACT/MAN Aquileia.

Fig. 4