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L’écriture encyclopédique en pratique : Achille Requin, la physiologie et l’hygiène dans l’Encyclopédie nouvelle
p. 255-270
Texte intégral
La masse entière de la population européenne se trouve engagée dans la plus terrible guerre qui ait jamais existé. Les savants qui cultivent la science de l’homme, qui sont les physiologistes, sont les seuls qui soient en état d’analyser les causes de cette guerre et de découvrir les moyens de la faire cesser, en mettant en évidence la manière dont les intérêts de tous peuvent se concilier. Claude-Henri Saint-Simon,« Lettre à M. le docteur Bougon »1.
1Les physiologistes peuvent mettre un terme à la guerre ! C’est du moins ce que déclare Saint-Simon en 1813 dans son Mémoire sur la science de l’homme. Il y dote la physiologie, en tant que science de l’étude de l’organisme et de son fonctionnement, d’une capacité à identifier, soulever et régler les problèmes qui agitent la société de son temps2. Nodale, la physiologie, dans le système de Saint-Simon, porte le projet politique qu’il construit sous la Restauration. Influencé par les savants de son temps, notamment par Bichat3, Saint-Simon défend une physiologie qui n’appréhende l’exercice de la vie qu’à travers la circulation interne des fluides de l’économie corporelle entre ses organes. À partir de ce modèle d’analyse, il estime pouvoir analyser ses dysfonctionnements du monde social. Comme le relève Loïc Rignol, chez Saint-Simon les « scansions de la physiologie individuelle sont transposables à la physiologie sociale »4. L’Organisateur (1819-1820) dénonce ainsi l’accaparement, par les « frelons », des richesses produites par les « abeilles ». Seule la libération des flux qui animent le corps social permettra leur répartition juste et contrôlée en fonction du travail productif et des capacités de chacun. À la mort de Saint-Simon, en 1825, le cercle de fidèles qui s’est constitué autour de lui ne se détourne pas de la parole du maître. Les articles écrits par Philippe Buchez dans Le Producteur, premier journal saint-simonien, témoignent de la constance du caractère central que revêt, à leurs yeux, la physiologie. Et si l’expérience saint-simonienne ne dure qu’un temps, qu’elle se fractionne en de multiples écoles qui se font concurrence, le projet de Saint-Simon de fonder la politique sur des bases physiologiques n’est pas abandonné. Philippe Buchez retrouve ainsi dans des raisonnements physiologiques des échos à la loi morale chrétienne5. Un autre médecin, François Ribes, participant à la retraite de Ménilmontant de 1832, élabore une physiologie en rapport avec le dogme enfantinien qui y est élaboré, à la suite du schisme entre Enfantin et Bazard6. Leroux et Reynaud, qui rompent avec l’Église saint-simonienne entre septembre et novembre 1831, explorent à travers la Revue encyclopédique de nouvelles voies pour construire un projet politique neuf. Promoteurs d’un progrès continu de l’humanité, ils semblent reléguer quant à eux la physiologie à une place subalterne, pour mettre en avant l’étude des langues et des traditions religieuses de l’humanité7.
2Ce renversement se confirme au sein du projet de l’Encyclopédie nouvelle, lancé en 1833. Alors que l’étude des langues et de la religion constitue un enjeu majeur en son sein, où se reflètent les divergences qui affleurent entre les collaborateurs8, la physiologie semble ne plus avoir qu’une importance secondaire. Le parcours et l’implication de celui qui prend en charge les notices sur le sujet l’illustrent assez bien. Au lancement de leur projet, Leroux et Reynaud font appel à un jeune médecin, Achille Requin, pour rédiger les articles consacrés à la physiologie. Né à Lyon en 1803, il est, à en croire les nécrologies qui sont écrites par ses collègues de la faculté de médecine à sa mort9, le fils d’un général de l’armée napoléonienne qui meurt alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Après des études au collège royal de Bourbon (actuel lycée Condorcet), il est reçu docteur à la faculté de médecine de Paris en 1829. Il cherche alors rapidement à obtenir un poste de professeur et passe l’agrégation dès août 1829. Il échoue, en 1831, au concours pour obtenir la chaire de professeur de physiologie de la faculté de médecine de Paris. Il fait paraître dans la foulée un ouvrage intitulé Généralité de la physiologie, plan et méthode à suivre dans l’enseignement de cette science. Il y déclare qu’il est, à cette date, professeur d’anatomie et de physiologie à l’Athénée royal de Paris. Après cet échec, il publie quelques articles dans la Gazette médicale de Paris10. Il y édite même en 1834 le compte rendu d’un voyage d’observations qu’il effectue à Naples à la fin de l’année 183311. Sa contribution à l’entreprise de Leroux et Reynaud date de cette époque. Il commence par écrire deux articles dans la Revue encyclopédique avant de s’embarquer, dès le début, dans l’aventure de l’Encyclopédie nouvelle12. Chargé de la rédaction « de la partie physiologique et hygiénique de l’Encyclopédie »13, Achille Requin y écrit cinquante articles. Vingt-quatre apparaissent dans le premier volume, treize dans le deuxième et douze dans le troisième. L’implication de Requin, plutôt importante jusqu’en 1837 et la publication du volume 3, s’estompe dans le volume 4, publié entre 1838 et 1843, où il n’écrit qu’une notice. Il faut dire qu’à cette date, sa carrière médicale a pris un tournant décisif.
3Alors qu’il publie toujours des articles au sein de l’Encyclopédie nouvelle, Requin devient en effet médecin adjoint dans le premier dispensaire de la Société philanthropique de Paris présidée par le duc de Nemours14. Parallèlement, il prépare un ouvrage, qu’il édite en 1837, dans lequel il relaie les leçons données à l’Hôtel-Dieu par le professeur Auguste-François Chomel, membre de la Société philanthropique de Paris et médecin de Louis-Philippe15 ; Requin a suivi ces leçons depuis l’été 1834. Cette publication, saluée par la critique médicale, lui ouvre de nouvelles portes. Il devient médecin principal du premier dispensaire de la Société philanthropique alors qu’il tente de nouveau, à de multiples reprises, d’obtenir un poste de professeur à la faculté de médecine entre 1837 et 1842. Mais sa réputation et sa clientèle sont assurées et le succès de ses Éléments de pathologie médicale qu’il publie à partir de 1843, achève de construire sa carrière. Il finit par accéder à la chaire tant convoitée en 1851, date à laquelle il est nommé professeur de pathologie médicale à la faculté de médecine de Paris. Mort en 1853, Achille Requin semble éloigné des préoccupations de Leroux et Reynaud. Son investissement dans l’Encyclopédie nouvelle se situe dans la trajectoire d’un jeune diplômé ambitieux, à une époque où la « réforme » sociale représente un débouché de plus en plus important pour la médecine16.
4Les notices d’Achille Requin, si l’on excepte celle d’Étienne Serres dans le volume 6 intitulée « Organogénie » ou l’article « Peau », à sa suite, constituent l’essentiel des contributions qui s’intéressent au domaine physiologique et hygiénique. Marginalisé dans l’entreprise encyclopédique, le traitement de la physiologie est confié à un contributeur unique qui a la charge d’écrire sur un domaine à haute portée symbolique pour ceux qui se réclament de la pensée de Saint-Simon. Pour comprendre ce paradoxe, il convient d’aborder les articles de Requin avant tout comme des textes de commande. Plutôt que l’expression d’une hypothétique originalité de leur auteur, les articles du jeune médecin parisien offrent un bon observatoire pour étudier les mécanismes d’une « écriture encyclopédique » sur laquelle on semble disposer de peu de documents dans le cas de l’Encyclopédie nouvelle, mais que l’on peut définir comme l’ensemble des contraintes imposées aux auteurs pour que leurs textes s’insèrent adéquatement dans l’œuvre collective, et comme l’expression d’une discipline d’écriture caractéristique de l’auctorialité encyclopédique.
I. Formes d’écritures et pratiques de lectures : les leçons d’une adaptation
5Écrire dans l’Encyclopédie nouvelle suppose en effet de se soumettre à une discipline d’écriture, que Requin respecte scrupuleusement. Au vu des ambitions de Leroux et Reynaud, cela nécessite d’abord de se rendre accessible au plus grand nombre, en renonçant à l’esprit de spécialité qui dominait le style savant des médecins. C’est d’ailleurs le souci d’un nombre important d’entreprises éditoriales et intellectuelles du premier xixe siècle, qui rejettent la spécialisation savante au profit de leur vulgarisation ou « popularisation »17. À plusieurs reprises, Requin insiste sur cette dimension et souhaite pouvoir se faire comprendre par ses lecteurs, à qui il jure qu’il n’exposera pas une médecine spécialisée :
Les lecteurs de cette Encyclopédie sont en grande majorité étrangers à l’art d’Esculape. À quoi bon les entraîner dans un dédale de distinctions pratiques, où ils ne sauraient se reconnaître18 ?
6Dans le troisième volume, Achille Requin affirme encore son souci de présenter la médecine à un public non spécialisé. Dans l’article « Catalepsie », il rappelle que sa présentation se veut aisément compréhensible et adaptée aux « colonnes de cette Encyclopédie »19. Dans son article « Cellulaire (tissu) », après avoir indiqué ses réserves sur l’usage de ce terme que l’on utilise couramment, depuis Bichat, pour désigner la « matière muqueuse » qui caractérise les premières fores de l’embryon humain, il ajoute aussitôt qu’il se pliera à l’usage courant :
[…] dans un ouvrage tel que celui-ci, destiné à vulgariser et non pas à réformer la science, nous aimons mieux continuer à nous servir de la dénomination la plus généralement usitée20.
7L’objectif de se faire comprendre, conformément au projet encyclopédique de Leroux et Reynaud, dépasse les positionnements personnels. Son article « Choléra », publié dans le volume 3, est peut-être le plus symptomatique. Les encyclopédies concurrentes de l’Encyclopédie nouvelle consacrent toutes une notice à cette maladie ravageuse. Le cinquième volume de l’Encyclopédie des gens du monde, paru en 1835, les volumes 7 de l’Encyclopédie du xixe siècle et de l’Encyclopédie catholique, publiés respectivement en 1844 et 1845, traitent du sujet. Les causes, les symptômes et les traitements de la maladie y sont abordés. Requin, alors que l’épidémie vient de frapper lourdement l’Europe, reste fidèle à la ligne encyclopédique voulue par Leroux et Reynaud. Il explique s’être borné dans son article aux « limites que nous impose l’esprit général de notre Encyclopédie ». Il se contente alors de rappeler la marche de la maladie, son origine et d’évoquer le débat autour des raisons de sa contagion. Les thérapeutiques possibles et les causes formelles de la maladie ne peuvent entrer dans le cadre de son article :
Choléra. Quel mot, grand Dieu ! Combien de terreurs et de mystères ne renferme-t-il pas ? La maladie qu’il nomme n’est pas de celles qui n’offrent d’intérêt que sous le point de vue médical, et auxquelles, on le sait, nous ne voulons point ouvrir les colonnes de cet ouvrage21.
8La ligne est claire, l’objectif fixé, la popularisation est le but et Achille Requin continue, quel que soit le sujet abordé, de s’y contraindre22. Cette adaptation de Requin à l’entreprise encyclopédique à laquelle il participe se révèle aussi par la lecture qu’il invite à avoir de ses articles. Car si l’esprit de popularisation des savoirs qui préside à son élaboration oblige ses contributeurs à restreindre leur champ d’investigation pour se faire comprendre des lecteurs, ceux-ci doivent également respecter les fondements qui dictent sa conception. Reynaud, dans son article « Encyclopédie », rappelle alors que :
La question n’est pas de réduire toute l’encyclopédie à un pur traité de philosophie, mais de montrer, dans toutes les branches de l’encyclopédie, la substance philosophique qui les anime. […] Il y a cependant une loi qu’il faut constamment se proposer […] c’est que les liens par lesquels chaque objet tient rang dans l’univers soient toujours indiqués, et que, sous chaque article, on puisse sentir battre en quelque sorte l’encyclopédie tout entière. De quelque façon que l’on s’y prenne selon la nature des sujets, c’est là le précepte souverain. C’est par là que l’unité, nécessairement chassée de la forme extérieure de l’ouvrage, puisque son système est de se borner à des tronçons, se retrouve au cœur de chacune de ses parties, et s’accuse plus énergiquement encore par la diversité des témoignages qu’elle donne d’elle-même23.
9En ce sens, Reynaud nous explique que chaque domaine de l’Encyclopédie nouvelle doit pouvoir être considéré comme un tout indépendant qui résume la philosophie générale qui l’anime. La lecture des articles de Requin permet de rendre compte de la manière par laquelle il cherche à se conformer à cette exigence de l’encyclopédie. Grâce aux systèmes de renvois à l’intérieur de ses articles, on voit se profiler une nouvelle construction au sein de l’Encyclopédie nouvelle, qui s’ajoute à l’organisation alphabétique et qui réalise, dans le domaine restreint des articles de Requin, le souhait formulé par Reynaud. En effet, les articles de Requin ne se composent que de renvois qui amènent le lecteur à aller consulter une notice qu’il a écrite, ou du moins qu’il aurait pu écrire, et qui relèvent tous du même domaine de savoir, celui de la physiologie et de l’hygiène.
10Partons par exemple du premier article que Requin écrit dans l’Encyclopédie nouvelle. L’article « Absorption » analyse le processus par lequel le corps absorbe les éléments qui lui permettent de vivre. Il renvoie à des articles qui ne paraîtront jamais comme « Respiration » ou « Nutrition » mais aussi au dernier article de Requin, « Digestion ». Celui-ci, plus riche, offre des renvois multiples. Le lecteur, pendant qu’il parcourt cet article, est invité à aller voir les notices « Allaitement », « Chyle », « Animal » ou « Aliment ». Ce dernier ouvre de nouvelles perspectives puisqu’il renvoie aux articles « Assaisonnement » ou « Bouillon » qui ne font que ramener à l’article duquel on était parti mais qui permettent d’aborder, plus précisément, la question hygiénique. L’article « Animal », auquel renvoyait l’article « Digestion », permet, lui, de s’aventurer plus avant dans le domaine physiologique à travers des renvois vers les articles « Accroissement », « Absorption », « Abdomen », « Acéphale » ou « Anatomie ». En allant consulter cette dernière indication de lecture de Requin, l’article « Anatomie » nous invite à aller voir les notices « Aine », « Cellulaire (tissu) », « Aile », « Abdomen » ou « Cœur ». Cette dernière notice nous amène à lire « Aorte » et « Artère » qui nous renvoie à la notice « Animal », qui nous ouvre les possibilités de lectures déjà évoquées.
11Quelques-uns de ces renvois, bien évidemment, conduisent à des articles que Requin n’a pas écrits. Mais ce système permet, à l’intérieur de l’Encyclopédie nouvelle, de créer une structure parallèle, close et intégrée. Il élabore des ramifications en son sein en même temps qu’il circonscrit un domaine particulier qui, même s’il est moins central chez Leroux et Reynaud que chez d’autres disciples de Saint-Simon, doit aussi refléter une supposée philosophie d’ensemble de leur encyclopédie.
II. Mettre en unité le vivant : la résonance des travaux de Geoffroy Saint-Hilaire et de Serres avec l’élaboration de l’Encyclopédie
12Si Leroux et Reynaud peinent à définir une philosophie encyclopédique commune24, les articles sur la physiologie d’Achille Requin en révèlent néanmoins un point d’accord à travers l’accent mis sur les travaux de Geoffroy Saint-Hilaire25. Dès le premier volume, Requin se prononce en faveur de l’anatomie philosophique de Geoffroy et sa classification des espèces. Conformément à la mise en valeur de la philosophie du progrès continu de Reynaud et Leroux qui marque l’entreprise encyclopédique26, la positivité de la classification de Geoffroy ne s’accompagne pas d’un rejet complet des travaux de Cuvier. Dans sa notice « Animal », Requin prend soin de rappeler que l’anatomie comparée de Cuvier est un savoir essentiel pour constituer une classification des espèces, car elle dévoile les diversités organiques entre celles-ci. Mais elle ne peut être l’unique juge ni le seul référent. Le système de Cuvier échoue en effet à rendre compte de l’évolution et des continuités entre les classes et les espèces qui composent le vivant. Sans surprise, le nécessaire dépassement de Cuvier s’opère par l’adoption des principes de l’anatomie philosophique de Geoffroy27. Pour Requin, l’homologie entre les différentes espèces doit permettre, tout autant que leurs différences, d’en établir le classement. L’anatomie philosophique, par le principe des connexions entre les espèces qui la constitue28, permet de ramener les diversités constatées par l’anatomie comparée à un unitéisme de développement qui convient au modèle de progrès continu développé chez Leroux et Reynaud. Grâce à l’association de ces deux modèles, la méthode classificatoire porte par elle-même cette philosophie du progrès :
La classification doit en même temps atteindre un but plus haut et plus utile ; elle doit représenter autant que possible, l’ordre même de la nature, grouper les animaux d’après leurs légitimes rapports, c’est-à-dire d’après la plus ou moins grande ressemblance de leurs plus importantes parties, et présenter successivement la complication graduelle de l’organisation et de l’organisme dans l’échelle zoologique : aussi s’est-elle constamment améliorée et continuera-t-elle toujours à se perfectionner, tant dans son ensemble que dans ses détails, en proportion des progrès de l’anatomie comparative et de l’anatomie philosophique29.
13La rigidité du système classificatoire de Cuvier, plus soucieux de compartimenter que de réunir, de dissocier plutôt que de rassembler, ne peut remplir cette mission. À l’inverse, les travaux de Geoffroy, parce qu’ils permettent « d’indiquer les éléments d’un modèle général qui permît d’expliquer l’apparition graduelle de toutes les formes de vie »30, trouvent un écho considérable dans les colonnes de l’Encyclopédie nouvelle, en ce sens qu’il soutient la systématisation et le désir d’unité qui l’anime. Si Cuvier et Geoffroy raisonnent tous les deux à partir d’éléments simples qu’ils classent, c’est bien le mode d’agrégation de ces éléments, et donc le raisonnement philosophique qui sous-tend leur classification, qui diffère31. En ce sens, le choix de l’anatomie philosophique s’explique par sa résonance avec les projets de l’Encyclopédie nouvelle et le modèle et la pratique du savant qu’elle promeut. Dans cette optique, il ne s’agit pas simplement de collecter des faits par l’utilisation d’instruments nouveaux, il faut les ramener, par le prisme d’une philosophie qui en recherche l’unité sous leur diversité apparente, à un système de compréhension du monde qui permet de divulguer son organisation. C’est sur cette base que Requin propose, dans son article « Auscultation », une interprétation toute personnelle de l’apport de Laënnec :
Ce qui fait la gloire de Laënnec, ce n’est donc pas d’avoir inventé le stéthoscope, qui n’a été que l’instrument accidentel, mais non pas nécessaire, d’importantes découvertes pour la médecine du poumon et du cœur : c’est d’avoir, le premier, bien constaté et bien décrit tout ce nouvel ordre de phénomènes qu’on perçoit par l’auscultation de la poitrine ; et, chose encore plus difficile et plus précieuse, c’est d’être parvenu, avec cette patience et cette sagacité dont le rare assemblage constitue le génie dans les sciences d’observation, à découvrir la relation de ces phénomènes avec telle ou telle condition anatomique, normale ou morbide, des appareils respiratoire et circulatoire32.
14En ce sens, le rôle du savant consiste selon Requin non seulement à observer et à collecter de nouveaux faits, mais aussi à les relier entre eux, à les agréger pour leur donner un sens philosophique. Cette vision de la pratique du savant s’accorde bien à l’esprit encyclopédique tel que le définit Reynaud, et elle explique l’importance accordée par Requin à la pensée de Geoffroy Saint-Hilaire et sa réflexion sur l’unité du vivant. Selon Requin, « grâce aux progrès de l’anatomie philosophique » de Geoffroy, la nature :
[…] a pu, par la complication graduelle de l’organisation dans les circonstances convenables, et par la transmission héréditaire des progrès acquis, créer, non pas directement mais progressivement, des animaux de plus en plus parfaits ; et dans le long cours des siècles et avec l’infinie diversité des conditions extérieures, elle a produit cette multitude énorme d’espèces, dont la série, habilement échelonnée, révèle encore aujourd’hui, malgré quelques irrégularités et quelques lacunes, une manifeste communauté d’origine33.
15Si des travaux restent à fournir pour la préciser, l’hypothèse d’un développement des espèces animales à partir d’un fonds commun, d’une structure similaire, est clairement assumée. Loin du fixisme d’un Cuvier, l’Encyclopédie nouvelle porte sous tous ses aspects l’anatomie philosophique de Geoffroy. Sa logique marque les articles que Requin consacre à la constitution humaine et aux phénomènes physiologiques qui l’animent. Ils sont inspirés, systématiquement, par la volonté de ne pas considérer les faits simplement chez l’homme ou chez une espèce, mais de retracer leur évolution dans le vivant. La notice sur le « Cœur » est peut-être la plus symptomatique. Grâce aux travaux récemment réalisés, notamment ceux de l’anatomie comparée, cet organe est de plus en plus connu parmi les espèces du règne animal. Pour autant, l’article de Requin vise bien à tracer le développement du cœur dans le cadre le plus large possible et à ne pas distinguer, même s’il évolue, le cœur des invertébrés de celui des vertébrés. La définition qu’il en donne illustre cette position :
Le cœur, dirons-nous, est un organe creux et contractile, surajouté à l’appareil vasculaire, et destiné à hâter par ses impulsions le cours de l’humeur qui vient le traverser34.
16Par cette définition, volontairement large, Requin peut faire apparaître le cœur et sa fonction physiologique dès les arachnides, premiers invertébrés dotés de vaisseaux. Celui-ci ne fait qu’évoluer et se perfectionner chez les différentes espèces qui, dans l’esprit de la classification de Geoffroy, les suivent. La définition que Requin donne du cœur permet de faire correspondre les différentes formes qu’il prend dans le règne vivant à une unité de fonction qui se spécialise peu à peu. L’article « Cœur » illustre bien cette ambition d’intégrer le règne vivant dans une unité de développement propre à l’anatomie philosophique selon un mode d’énonciation qui en retrace l’évolution35. La notice « Aorte », publiée dans le premier volume, témoignait déjà de cette volonté de mettre en valeur l’unité du vivant. L’article « Digestion » par la définition large qu’il donne de ce phénomène physiologique, répond à la même ambition36. Mais s’il y a unité, la hiérarchie et l’évolution demeurent. Et si la volonté de ne pas scinder les classes du règne vivant entre elles, s’exprime dans certains articles37, le développement des espèces indique une spécification des organes et des fonctions qui en perfectionne la réalisation.
17L’être humain, parce que sa constitution et son organisation sont les plus développées, domine le règne vivant. Or, dans les perspectives d’Étienne Serres, continuateur de Geoffroy Saint-Hilaire, cette place de l’homme dans le règne vivant se dévoile par sa formation embryonnaire et fœtale qui traverse et résume, pendant son développement, l’ensemble des espèces qui le constituent. En cela, il est un condensé du développement de l’espèce, comme le note aujourd’hui Laurent Goulven : « En étudiant le développement embryogénique de l’homme, on le voit passer par de multiples formes transitoires, de plus en plus compliquées, qui correspondent, à chaque étape, à des formes permanentes d’animaux qui lui sont inférieurs »38. Axiome de l’embryologie d’Étienne Serres, ce regard sur la constitution de l’embryon humain est adopté par l’Encyclopédie nouvelle qui relaie cette position dans ses colonnes à travers les articles de Requin :
Eh bien ! donc, la création progressive du règne animal, dans la longue succession des âges de la terre, fait en grand ce qui, chaque jour, se reproduit en petit sous nos yeux dans la formation de l’embryon39.
18L’alliance de l’anatomie philosophique et de l’embryologie se trouve dans chaque partie des notices de Requin et fait du développement du fœtus un enjeu constamment mis en avant. La covalence de leurs modes de raisonnement dresse alors le portrait d’un processus physiologique propre à décrire un développement de l’organisme qui participe, comme l’anatomie philosophique, à illustrer, par le prisme du domaine savant, l’esprit de progrès continu qui anime l’Encyclopédie nouvelle. Cette affiliation, que l’on voit se dessiner dès le premier volume dans la notice « Animal », se déplace alors sous la plume de Requin. La critique de l’histologie de Bichat s’inscrit dans la même logique. Pour Requin, les vingt et un tissus différents qu’a repérés Bichat dans son Anatomie générale appliquée à la physiologie et à la médecine sont trop nombreux et découlent d’une volonté systématique de différencier des tissus qui ne sont, dans son esprit, que des transformations de tissus élémentaires :
L’organisation animale se réduit, en dernière analyse, à trois tissus véritablement simples et élémentaires ; savoir : le tissu cellulaire, le tissu musculaire et le tissu nerveux : voilà les trois tissus primordiaux dont les modifications et les combinaisons constituent tant de tissus secondaires40.
19Toujours dans cette ambition de ramener le développement de l’organisme à un fonds commun, l’opinion et le jugement qu’émet Requin envers les grandes figures de la médecine se fondent à partir de la logique qu’il doit relayer dans ses articles. La notice « Cartilage » permet de spécifier l’affiliation du positionnement de Requin. Alors que Bichat considère le tissu cartilagineux comme un tissu primordial de l’organisation de l’individu, Requin n’en fait qu’un dérivé du tissu cellulaire41. C’est l’ossification plus ou moins avancée de ce dernier qui explique les distinctions de matière et de fonctions entre les différents tissus cartilagineux ; ainsi l’unité organique prime sur la diversité des éléments de la constitution humaine. Car même si Requin distingue trois types de tissus fondamentaux, il les ramène à un même processus physiologique. À partir d’un fond muqueux qui se densifie petit à petit, le ventre ou l’abdomen est la première partie du corps à se former. « Partie la plus essentielle de l’embryon », car elle permet son développement, l’abdomen, formé essentiellement de tissu cellulaire, constitue la base de notre constitution corporelle à partir de laquelle se spécifient les tissus nerveux et musculaires. Cette loi d’accroissement, tirée des travaux de Serres, fait de l’abdomen une matrice indispensable et indépassable. Grâce à cette interprétation du développement, les faits physiologiques sont ramenés à l’unité tant souhaitée. Requin résume alors la loi donnée par l’organogénie qui nous explique pourquoi :
[…] la poitrine n’existe jamais sans l’abdomen, la tête sans la poitrine, les membres inférieurs sans le bassin, etc. et pourquoi l’abdomen seul ne peut jamais manquer ; comme toute interprétation vraie de la nature, elle nous révèle l’ordre caché dans un désordre apparent »42.
20Là encore le fonds commun est présent et interpelle. Achille Requin se contente, dans ses articles, d’énoncer l’apport d’un tel processus physiologique en tant qu’il permet de dévoiler l’unité organique de notre développement corporel :
Considéré indépendamment des organes, le tissu cellulaire constitue un tout continu qui représenterait exactement la trame du corps43.
21À l’instar de l’anatomie philosophique, l’embryologie de Serres porte en elle les principes qui fondent l’organisation des savoirs de l’Encyclopédie nouvelle. Parce qu’elle établit le développement de l’individu sur un fond commun, le tissu cellulaire, qui se déploie dans toutes les parties de notre organisation pour en constituer l’élément de base, l’embryologie reproduit l’épistémologie de l’encyclopédie. Le souci de Requin de se mettre au service du projet de Leroux et Reynaud se lit aussi et enfin dans les articles qu’il consacre aux questions hygiéniques.
III. Corps prophylactique et idéal d’une hygiène individualisée
22En plein essor durant la monarchie de Juillet, la question de l’hygiène publique fait partie des enjeux indépassables du temps44. Elle est rendue d’autant plus impérieuse par le contexte épidémique qui marque ses contemporains. La fièvre jaune des années 1820, puis le choléra du début des années 1830 engendrent des polémiques quant au caractère contagieux de ces maladies45. À Paris, scène emblématique de cet affrontement, le débat est vivace. Il oppose les contagionistes, qui pensent que les maladies se transmettent par contact physique, aux défenseurs de la théorie miasmatique. Les rédacteurs de l’Encyclopédie nouvelle, au moment où ils lancent leur entreprise, ne peuvent l’ignorer. Leur positionnement est influencé, selon nous, par deux caractères qui relèvent autant du projet politique qu’ils défendent que de la vision du développement de l’organisme à laquelle ils adhèrent. Déjà établie au sein de l’organe du Globe saint-simonien, la position contagioniste est reprise dans l’Encyclopédie nouvelle :
Avec ce que nous avons dit, on sera sans doute suffisamment prémuni contre les arguments des anticontagionistes outrés, qui aujourd’hui en France, et surtout à Paris, ont la voix si haute et si bruyante, et qui, en dépit, je ne dirai pas de la vérité, mais de la vraisemblance, nient formellement et sans réserve la propriété contagieuse de maintes maladies46.
23Clair, le parti pris contagioniste des rédacteurs de l’Encyclopédie nouvelle, ancré dans l’esprit saint-simonien, peut aussi s’expliquer par leur conception de l’économie corporelle que Requin relaie dans ses contributions. Il impose de faire du corps l’acteur principal des maladies épidémiques mais aussi de voir en lui le meilleur des remparts. Armé d’une capacité physiologique propre, le corps devient alors, pour Requin, le producteur de sa prophylaxie. Dans sa notice « Bain », il dresse une typologie des bains en fonction de la température et de leurs effets sur l’économie corporelle. Six types de bains sont détaillés. Les bains très froids, de zéro à dix degrés, et très chauds, au-delà de trente degrés, ne rentrent pas dans le domaine de l’hygiène. Les bains froids, de dix à quinze degrés, frais, de quinze à vingt degrés, et tempérés, de vingt à vingt-cinq degrés, sont graduellement bénéfiques pour l’hygiène des utilisateurs. Le bain tempéré, dernier cité, est jugé par Requin comme « essentiellement hygiénique ; car il convient aux personnes d’une santé parfaite, qui n’ont besoin ni d’être affaiblies ni d’êtres fortifiées »47. Requin associe le bénéfice que les utilisateurs retirent des bains hygiéniques à la réaction vitale qu’une telle pratique engendre. En ce sens, pour l’auteur, l’usage des bains doit être adapté au développement physiologique de l’individu et aux capacités du corps à répondre aux stimuli qu’ils provoquent :
L’hygiène n’approuve guère, ni pour la première enfance, ni pour la vieillesse, l’usage du bain froid. Chez les enfans [sic] en bas âge, l’organisme n’est pas encore assez bien affermi pour opposer à l’impression de l’eau froide une réaction avantageuse48.
24On voit le glissement des conceptions physiologiques issues de l’adhésion aux principes relayées par les articles de Requin sur le développement de l’organisme. Si ses réponses sont fonction des interactions avec le milieu dans lequel il est plongé, le panel des réactions possibles dépend surtout de la capacité propre de l’organisme à les produire. Les conseils hygiéniques découlent de cette vision prophylactique du corps, basée sur la physiologie évoquée précédemment. L’organisation de l’individu et sa sensibilité prévalent sur une détermination ex nihilo des apports que doivent avoir des moyens hygiéniques. Cette individualisation de l’hygiène par la primauté de la constitution se retrouve dès la notice « Aliment » du volume 1 : « Il est évident que la nutritivité [sic] des alimens [sic] varie en raison directe de la puissance digestive des divers individus »49. La classification des aliments s’établit alors non pas en fonction de leurs caractéristiques chimiques ou physiques intrinsèques, mais par leurs effets. Il dresse une typologie de sept catégories d’aliments, qui classe les substances nutritives à partir de ce que leur assimilation, leur transformation et leur utilisation dans et par l’organisme de l’individu produisent et permettent de produire. Comme pour les bains, Requin donne des instructions hygiéniques qui s’appuient sur une conception de l’organisme qui l’assimile à une machine productrice de sa prophylaxie.
25Encore une fois ancrés dans leur temps par cette conception de l’hygiène50, ces conseils se spécifient par la visée politique de l’encyclopédie qui cherche à donner la possibilité à ses lecteurs de se préserver par eux-mêmes et de les rendre maître de leur hygiène. La notice « Asphyxie » en donne l’exemple. Elle explique aux lecteurs, « dans le langage le plus ordinaire et le plus dépourvu de termes scientifiques »51, la marche à suivre pour la calmer. Requin conseille de placer l’asphyxié au grand air, de le réchauffer avec une « vessie remplie d’eau chaude », d’appliquer des pierres chaudes sur sa peau, de le frictionner avec de l’eau-de-vie camphrée ou alcoolisée ou encore de lui mettre du jus de citron dans la bouche. Si ces conseils se limitent au seul domaine hygiénique et ne permettent pas à ses lecteurs, comme c’est l’ambition d’un Raspail, de soigner leurs maladies par eux-mêmes sans faire appel à un médecin52, on y trouve la même logique vulgarisatrice. Perpétuant à travers ses contributions sur l’hygiène cet objectif de Leroux et Reynaud, Requin dévoile une spécificité d’autant plus politique qu’elle fait confiance à chaque lecteur pour qu’il adapte son hygiène à sa constitution. À l’inverse de nombre de contemporains qui conçoivent les bienfaits de l’hygiène dans ses capacités restrictives et moralisatrices, Requin marque, dans les articles qu’il écrit, une différence qui sert la philosophie politique de Leroux et Reynaud, puisque l’hygiène y prend le visage de l’autonomie. La liberté de l’homme et la nécessité de ne pas entraver les sentiments et les envies des individus revêtent une importance particulière pour eux. Les précautions hygiéniques relayées par Requin s’en ressentent. En opposition à une hygiène mortifère, l’auteur promeut un modèle qui s’appuie sur la liberté de jugement des individus. Si Requin cherche à donner les informations pour permettre aux lecteurs d’acquérir les connaissances nécessaires pour adapter leur hygiène en fonction de leurs constitutions et dispositions physiologiques, il ne souhaite pas être restrictif. Ses préconisations sont évolutives et doivent permettre de laisser chaque individu régler son hygiène comme il le désire. Disposant, grâce aux articles de l’Encyclopédie nouvelle, des savoirs nécessaires pour connaître les dispositions hygiéniques les plus propices à favoriser le développement de leur économie, Requin dévoile une hygiène où la liberté doit prévaloir partout et le jugement individuel être souverain. Loin des restrictions multiples que d’autres saint-simoniens, comme le buchézien Laurent Cerise53, préconisent pour le régime des jeunes enfants, Requin se prononce pour leur laisser une plus grande liberté dans leurs assaisonnements :
Sans admettre à ce point la puissance préservative du sel, nous avons foi, nous, à l’infaillibilité de cet instinct universel, qui a inspiré à l’humanité tout entière le choix d’un tel assaisonnement […]. Ainsi je conseille à mainte grand’mère de laisser ses petits-enfans [sic] parfaitement libres dans l’usage du sel : les naïfs instincts du jeune âge sont de plus sûrs guides que les préjugés d’une prétendue expérience54.
26L’anathème lancé contre les excès des plaisirs chez Cerise et Buchez n’est logiquement pas reproduit dans les articles de Requin. S’il les déplore et les condamne du fait du déséquilibre qu’ils créent dans l’économie corporelle, il fait confiance aux individus, aux régulations auxquelles la nature de leur économie les invite à s’astreindre ainsi qu’à leur capacité de juger librement, pour se contraindre eux-mêmes à adopter une hygiène favorable à leur constitution. La notice « Boisson » résume cette position :
Toutes nous paraissent être d’un usage légitime dans les circonstances convenables. Nous ne sommes pas du nombre des hygiénistes moroses et sombres qui voudraient ramener le genre humain tout entier à ne boire que de l’eau pure. […] Nous n’interdisons pas d’en user dans le seul but de se procurer une jouissance, pourvu qu’on s’arrête dans de justes limites. […] La bonne hygiène, pas plus que la véritable morale, ne commande une vie trop austère : jouir de tout avec convenance et mesure, c’est là la grande base de la santé et de la sagesse55.
27La réglementation, la restriction ne sont pas, pour Requin, les motifs qui doivent présider aux recommandations qu’il donne aux individus. Ceux-ci, instruits par le prisme de l’encyclopédie, peuvent choisir en conscience sans qu’une restriction leur impose leur conduite. Le point de divergence le plus symptomatique entre l’hygiène recommandée par Requin et celle que l’on peut observer chez d’autres réformateurs sociaux, héritiers du saint-simonisme, comme le buchézien Laurent Cerise, est peut-être celui qui concerne les soupes. Cerise, dans son ouvrage, recommande, en guise de repas du midi, de donner aux enfants du pain et une soupe de légumes qui a pour avantage de ne pas exciter l’enfant et de ne pas trop développer ses sens, conformément à la morale chrétienne de Philippe Buchez. À l’inverse, chez Requin, c’est bien le jugement et l’instinct de l’enfant qui doivent prévaloir :
Ce n’est pas que nous voulions, à l’encontre de l’opinion vulgaire et par un excès opposé, prononcer anathème contre la soupe. Mais il est raisonnable de rabattre beaucoup de l’idée exagérée qu’on se fait du mérite hygiénique de ce mets, qui est loin d’être bon à tout le monde, et qui ne vaut absolument rien pour les estomacs dépourvus de ton et d’énergie. Gardez-vous donc, ô mères de famille, de forcer, par un zèle aveugle, de naïves et instinctives répugnances qui devraient cependant vous servir de lumière56.
28Et si, pour Requin, la soupe, parce qu’elle provoque le dégoût des plus jeunes, ne devrait pas leur servir de base de nourriture, le bouillon en revanche, par les capacités nutritives qui le constituent, est recommandé. Dans son article « Bouillon », Requin évoque un débat récent à l’Académie des sciences sur les qualités nutritives d’un bouillon constitué par la dissolution d’une gélatine obtenue par cuisson bouillie de la viande et de ses os. Gannal, Julia de Fontenelle, Edwards et Balzac en sont les protagonistes. Ils s’accordent sur l’inexhaustivité nutritive du seul bouillon gélatineux. Mais leurs conclusions divergent quant à son utilité. C’est Balzac et Edwards qui semblent remporter les faveurs de Requin :
Par un travail commun, ces deux physiologistes se sont assurés […] : 1° que la gélatine pure en bouillon est nutritive, mais ne suffit pas seule à faire vivre ; 2° qu’associée avec le pain, elle est encore insuffisante, quoique, à la vérité, le dépérissement soit plus lent ; 3° qu’en y ajoutant de l’osmazôme, on obtient un bouillon complètement nutritif. […] Il est évident aussi que les meilleures tablettes de bouillon sont celles où la gélatine est mêlée à un septième d’osmazôme57.
29Ce bouillon, animalisé par la gélatine et l’osmazôme, et couplé au pain, s’avère être plus efficace que la soupe pour maintenir la santé et permettre une activité suffisante. Ce parcours tracé à travers les articles que Requin consacre à l’hygiène marque alors le glissement de la philosophie de Leroux et Reynaud dans ses préconisations. L’objectif de popularisation, la conception d’une hygiène qui s’élabore en rapport avec la physiologie que ses articles portent et l’idéalisme d’une hygiène libre et propre à chacun sont autant de points qui traversent ces contributions de Requin et qui répondent au projet philosophique et social de Leroux et Reynaud.
IV. Conclusion
30Les quelques nécrologies qui furent publiées à la mort d’Achille Requin ne font aucune mention de sa participation à l’Encyclopédie nouvelle. Il semble en effet que son investissement dans cette entreprise ne fut qu’une étape temporaire de sa carrière de médecin. À une époque où la physiologie continuait à servir de justification à un « socialisme scientifique » conçu comme médecine du corps social58, Leroux et Reynaud lui avaient pourtant confié un domaine majeur du projet de science de l’homme tel que l’avait défini Saint-Simon. En confiant à Requin l’écriture des articles de physiologie et d’hygiène – plutôt que de se les réserver ou de les confier à des proches – Leroux et Reynaud affirmaient leur volonté de dépasser le paradigme physiologique d’origine saint-simonienne, dont Loïc Rignol a bien souligné la prégnance jusqu’au milieu du siècle. Afin de remettre la physiologie à sa place, ils avaient fait appel à un jeune médecin en quête d’une position sociale, et lui avaient demandé de se conformer à un cahier des charges précis, une écriture encyclopédique soucieuse de popularisation. Plutôt que par la défense d’une doctrine originale, c’est grâce à la manière dont les savoirs physiologiques et hygiénistes sont transcrits, orientés et mobilisés par Requin que ceux-ci servent la logique propre de l’Encyclopédie nouvelle.
Notes de bas de page
1 Saint-Simon Claude-Henri (de), 1813, « Lettre à M. le docteur Bougon – Utilité pour l’espèce humaine », in id., Mémoire sur la science de l’homme, publié dans Saint-Simon Claude-Henri (édition présentée, établie et annotée par Juliette Grange, Pierre Musso, Philippe Régnier et Franck Yonnet), 2012, Œuvres complètes de Saint-Simon, Paris, Presses universitaires de France, vol. 2 1813-1818, p. 30.
2 Fages Volny, 2013, « Ordonner le monde, changer la société. Les systèmes cosmologiques des socialistes du premier xixe siècle », Romantisme, n° 159, p. 123-134 ; Musso Pierre, 1998, Télécommunications et philosophie des réseaux. La postérité paradoxale de Saint-Simon, Paris, Presses universitaires de France ; 1999, Saint-Simon et le saint-simonisme, Paris, Presses universitaires de France ; Pickstone John, 1999, « How might we map the cultural fields of science? Politics and organisms in Restoration France », History of science, n° 37, p. 347-364.
3 Haines Barbara, 1978, « The Inter-Relations between Social, Biological, and Medical Thought, 1750-1850: Saint-Simon and Comte », The British Journal for the History of Science, vol. 11, n° 1, p. 19-35.
4 Rignol Loïc, 2014, Les hiéroglyphes de la Nature. Le socialisme scientifique en France dans le premier xixe siècle, Dijon, Les presses du réel, p. 531.
5 Voir notamment Isambert François-André, 1967, Politique, religion et science de l’homme chez Philippe Buchez (1796-1865), Paris, Éditions Cujas.
6 Ribes François, 1835, Discours sur la vie de l’individu, Montpellier, Sevalle et Castel. Pour une explication de ses productions, voir Philippe Pierre, 2016, Physiologies saint-simoniennes, mémoire de master 2 (sous la direction de Bruno Belhoste et Julien Vincent), Paris, Université Paris 1–Panthéon-Sorbonne.
7 Aramini Aurélien et Bourdeau Vincent, 2015, « Synthèse et association. La Revue encyclopédique de Leroux, Reynaud et Carnot », in Bouchet Thomas, Bourdeau Vincent, Castleton Edward, Frobert Ludovic et Jarrige François (dir.), Quand les socialistes inventaient l’avenir, Paris, La Découverte, p. 84-96.
8 Voir par exemple, Aramini Aurélien, 2014, « Zoroastre républicain. Les enjeux philosophiques et politiques de la découverte des textes “zends” chez Eugène Burnouf et Jean Reynaud », Klésis. Revue philosophique, n° 30, p. 27-54.
9 « Notice – Achille Pierre Requin », in Dechambre Amédée (dir.), Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, Paris, G. Masson, 1876, série 3, vol. 3, p. 415-416. « Partie non officielle – Mort du professeur Requin », Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, 1855, vol. 2, n° 1, p. 6-8.
10 Requin Achille, 1832 (9 août), « Analyse du traité de tératologie de Geoffroy Saint-Hilaire », Gazette médicale de Paris, vol. 3, n° 69, p. 485-486 ; 1832 (4 septembre), « Pathologie – Bouton d’Alep », Gazette médicale de Paris, vol. 3, n° 80, p. 556 ; 1832 (4 octobre), « Pathologie – Exomphale congéniale », Gazette médicale de Paris, vol. 3, n° 93, p. 639-640.
11 Requin Achille, 1834, Notice médicale sur Naples, Paris, Impr. de Everat. Dans la Gazette médicale de Paris, n° 11, 15 mars 1834 et n° 12, 22 mars 1834.
12 Requin Achille, 1833 (octobre-décembre), « Sciences – Bibliographie », Revue encyclopédique, vol. 60, p. 126-132.
13 Requin Achille, 1991 [1836-1843], « Climat », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, Genève, Slatkine, vol. 3, p. 639.
14 Sur le fonctionnement de ses dispensaires, voir Duprat Catherine, 1996, Usages et pratiques de la philanthropie, Paris, Comité d’histoire de la sécurité sociale, vol. 1.
15 Chomel Auguste François et Requin Achille (dir.), 1837, Leçons de clinique médicale faites à l’Hôtel-Dieu de Paris, par A.-F. Chomel, recueillies et publiées sous ses yeux par A. P. Requin, Paris, Germer Baillière.
16 Sur la polysémie de cette notion, voir Harismendy Patrick (dir.), 2006, La France des années 1830 et l’esprit de réforme, Rennes, Presses universitaires de Rennes.
17 Bensaude-Vincent Bernadette, 2013 [1999], L’opinion publique et la science. À chacun son ignorance, Paris, La Découverte ; Aurenche Marie-Laure, 2011, « La presse de vulgarisation ou la médiation des savoirs », in Kalifa Dominique, Régnier Philippe, Thérenty Marie-Ève et Vaillant Alain (dir), La civilisation du journal, Paris, Nouveau Monde, p. 383-416 ; Bret Patrice et Chappey Jean-Luc, 2012, « Spécialisation vs encyclopédisme ? », La Révolution française [En ligne], n° 2, mis en ligne le 15 septembre 2012 [consulté le 16 mars 2016], URL : http://lrf.revues.org/515.
18 Requin Achille, « Asphyxie », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 2, p. 144.
19 Requin Achille, « Catalepsie », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 3, p. 322.
20 Requin Achille, « Cellulaire (tissu) », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 3, p. 360.
21 Requin Achille, « Choléra », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 3, p. 547-550.
22 Pour appuyer cette mise en conformité du propos avec le projet encyclopédique, on peut se référer à la lecture de la Revue encyclopédique où cette dimension de popularisation est absente et qui n’hésite pas à relayer ses expériences faites sur les cadavres des cholériques. Voir par exemple, « Académies des sciences – Séance du 2 avril – Mémoire de M. Serres sur le siège du choléra morbus et sur les lésions que présente le cadavre des individus qui ont succombé », Revue encyclopédique, avril-juin 1832, vol. 54, p. 216.
23 Reynaud Jean, « Encyclopédie », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 4, p. 794.
24 Sur la pensée encyclopédique de Leroux, voir le chapitre d’Aurélien Aramini dans ce volume ; sur celle de Reynaud, voir le chapitre de Vincent Bourdeau.
25 Corsi Pietro, 2012, « The Revolutions of Evolution: Geoffroy and Lamarck, 1825-1840 », Bulletin du musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco, n° 51, p. 97-122 ; Lanza Andrea, 2015, « Un organisme de la complexité. Notes pour un chapitre sur le socialisme et les sciences naturelles », FMSH Working Papers, n° 96 ; Sharp Lynn, 2004, « Metempsychosis and Social Reform: The Individual and the Collective in Romantic Socialism », French Historical Studies, vol. 27, n° 2, p. 349-379.
26 Aramini Aurélien, « Zoroastre républicain. Les enjeux philosophiques et politiques de la découverte des textes ‘‘zends’’ chez Eugène Burnouf et Jean Reynaud », art. cit., p. 53. Il s’appuie sur Forcina Marisa, 1987, I diritti dell’esistente la filosofia della «encyclopédie nouvelle» (1833-1847), Lecce, Edizioni Milella, p. 184.
27 Voir par exemple l’article « Crocodile », dans le volume 4 de l’Encyclopédie nouvelle, où les contributeurs font de cet animal une espèce indépendante, et critiquent la classification de Cuvier, auxquels les travaux des partisans de Geoffroy, comme Martin Saint-Ange, sont opposés.
28 Corsi Pietro, 2001, Lamarck. Genèse et enjeux du transformisme (1770-1830), Paris, CNRS Éditions, p. 287.
29 Requin Achille, « Animal », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 1, p. 558.
30 Corsi Pietro, Lamarck, op. cit., p. 320.
31 Pickstone John V., 2001, Ways of knowing: a new history of science, technology and medicine, Chicago, Chicago University Press, p. 115 sq.
32 Requin Achille, « Auscultation », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 2, p. 266.
33 Requin Achille, « Animal », art. cit., p. 563.
34 Requin Achille, « Cœur », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 3, p. 664.
35 Ce mode d’énonciation du savoir anatomique et physiologique, partant de l’espèce où le cœur apparaît jusqu’à l’espèce humaine où il est le plus perfectionné, diffère, par exemple, de l’article « Cœur », in Artaud de Montor Alexis-François (dir.), Encyclopédie des gens du monde, Paris, Treuttel et Wurtz, 1836, vol. 6, p. 248-249 où il est d’abord abordé et analysé longuement chez l’homme.
36 Requin Achille, « Digestion », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 4, p. 337.
37 Cela vaut surtout pour la distinction entre le règne végétal et le règne animal, voir l’article « Accroissement », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 1, p. 55 ; ou dans l’article « Animal » où Achille Requin propose de créer une classe intermédiaire entre le règne végétal et le règne animal qu’on appellerait, le « règne psychodiaire ou plantanimal » (art. cit., p. 557) ; ou voir l’article « Crocodile », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 4, p. 114-115.
38 Goulven Laurent, 1987, Paléontologie et évolution en France de 1800 à 1860, Paris, Éditions du CTHS, p. 354.
39 Requin Achille, « Animal », art. cit., p. 564.
40 Requin Achille, « Bichat », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 2, p. 670.
41 Requin Achille, « Cartilage », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 3, p. 284-285.
42 Requin Achille, « Acéphale » , in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 1, p. 59. Voir aussi l’article « Albinisme » (p. 231 sq.).
43 Requin Achille, « Cellulaire (tissu) », art. cit., p. 561.
44 Pour les principaux textes sur cette question, voir notamment, Bourdelais Patrice (dir.), 2001, Les hygiénistes. Enjeux, modèles et pratiques, Paris, Belin ; Coleman William, 1982, Death is a social disease. Public health and political economy in early industrial France, Madison, University of Wisconsin Press ; La Berge Ann F., 1992, Mission and Method. The Early-Nineteenth-Century French Public Health Movement, Cambridge, Cambridge University Press ; Lecuyer Bernard P., 1986, « L’hygiène en France avant Pasteur, 1750-1850 », in Salomon-Bayet Claire (dir.), Pasteur et la révolution pasteurienne, Paris, Payot, p. 67-139.
45 Ackerknecht Erwin H., 1948, « Anticontagionism between 1821 and 1867 », Bulletin of the History of Medicine, n° 22, p. 562-593.
46 « Contagion », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 4, p. 24.
47 Requin Achille, « Bain », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 2, p. 368.
48 Ibid., p. 369.
49 Requin Achille, « Aliment », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 1, p. 317.
50 Voir Guignard Laurence, Raggi Pascal et Thévenin Étienne (dir.), 2011, Corps et machines à l’âge industriel, Rennes, Presses universitaires de Rennes. En particulier la contribution de Le Roux Thomas, « Les puissances vives soumises aux forces mortes. Hygiénistes, corps ouvriers et machines au xixe siècle en France (1800-1870) » (p. 259-271).
51 Requin Achille, « Asphyxie », art. cit., p. 144.
52 Sur Raspail, voir Dubief Lise et Raspail Simone, 1978, François-Vincent Raspail : 1794-1878, Paris, Bibliothèque nationale de France ; Duveau Georges, 1948, Raspail, Paris, PUF ; Weiner Dora, 1968, Raspail 1794-1878: Scientist and reformer, New York, Columbia University Press ; Blanckaert Claude, 1992, « La médecine philosophique de F.-V. Raspail – Stratégies d’une science populaire », in Poirier Jacques et Langlois Claude (dir.), Raspail et la vulgarisation médicale, Paris, Sciences en situation, p. 129-198 ; Teysseire Daniel (dir.), 1995, La médecine du peuple de Tissot à Raspail : 1750-1850, Créteil, Conseil général du Val-de-Marne ; Frobert Ludovic, 2001, « Théorie cellulaire, science économique et République dans l’œuvre de François-Vincent Raspail autour de 1830 », Revue d’histoire des sciences, vol. 63, n° 1, p. 27-58 ; Barbier Jonathan et Frobert Ludovic (dir.), 2017, Une imagination républicaine. François-Vincent Raspail (1794-1878), Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté.
53 Voir Cerise Laurent, 1836, Le Médecin des salles d’asile, ou Manuel d’hygiène et d’éducation de l’enfance, Paris, Hachette.
54 Requin Achille, « Assaisonnement », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 2, p. 146.
55 Requin Achille, « Boisson », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 2, p. 757.
56 Requin Achille, « Bouillon », in Leroux Pierre et Reynaud Jean (dir.), Encyclopédie nouvelle, op. cit., vol. 3, p. 23.
57 Ibid., p. 22-23.
58 Rignol Loïc, Les hiéroglyphes de la Nature, op. cit.
Auteur
Pierre Philippe est professeur agrégé d’histoire en poste au lycée Georges Braques à Argenteuil et vacataire à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (méthodologie agrégation d’histoire). Après un travail en histoire des sciences sur les médecins saint-simoniens et la traduction de leur dogme dans un discours physiologique (voir Physiologies saint-simonniennes, mémoire de master 2 sous la direction de Bruno Belhoste et Julien Vincent, Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ses recherches portent désormais sur la médecine coloniale et la médecine militaire dans l’espace français à la fin du xviiie et au début du xixe siècles.
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