Document iii
La « Bibliothèque du prolétaire au xixe siècle » : une encyclopédie positiviste ?
p. 187-198
Texte intégral
1D’abord élaborée afin de compléter le cours que Comte dispense au Palais-Royal depuis 1849 sur l’évolution de l’humanité1, et circulant sous forme de fascicules auprès de son public à l’automne 1851, la « Bibliothèque du prolétaire au xixe siècle » s’incorpore définitivement aux corpus du positivisme religieux en 1852, avec la publication du Catéchisme positiviste, dont la « Bibliothèque » vient clore la préface2. La « Bibliothèque positiviste », telle que les derniers tomes du Système la désigneront par la suite, n’a plus dès lors uniquement pour fonction de compléter un exposé oral de la doctrine historique de Comte. Elle devient à proprement un instrument du culte qui, à l’instar du calendrier positiviste ou encore des « neuf sacrements sociaux », tout à la fois résume l’entreprise comtienne en une institution spectaculaire et prétend en avancer l’avènement par ses vertus propres :
Pour augmenter l’utilité de ce catéchisme, je joins à sa préface une édition améliorée du court catalogue que je publiai, le 8 octobre 1851, afin de diriger les bons esprits populaires dans le choix de leurs livres habituels. Un tel office ne pouvait émaner aujourd’hui que du sacerdoce positif d’après son caractère encyclopédique, ainsi devenu mieux appréciable. Les ravages intellectuels et moraux qu’exercent partout les lectures désordonnées doivent maintenant indiquer assez l’importance croissante de ce petit travail synthétique. Quoiqu’une telle collection n’ait pas encore été formée, chacun peut déjà réunir aisément, sous un mode quelconque, ses divers éléments3.
2Ainsi introduite au lecteur, la « Bibliothèque » manifeste sans doute d’emblée une double nature.
3D’une part, elle participe pleinement de l’entreprise théorique et systématique de Comte. Car la bibliographie proposée opère dans la masse immense des lectures possibles une sélection à vocation encyclopédique, analogue au fond à l’unification des idées qui anime le Cours de philosophie positive et le Système de politique positive. Elle s’élabore alors d’après un parcours d’appropriation et d’études, mais aussi en vue de la conservation des grands « monuments » de la pensée humaine. Conservatoire autant que laboratoire, la « Bibliothèque » peut donc être regardée comme un corrélat bibliographique de l’entreprise d’unification des savoirs et de commémoration humaine qui traverse l’œuvre comtienne ; une incursion de l’esprit de système dans l’espace bibliographique.
4D’autre part, la « Bibliothèque du prolétaire » s’affirme dans le même temps comme une institution « politique ». Sa publication constitue dès lors un acte caractéristique du positivisme religieux naissant, dont l’intérêt déborde largement la logique de sa composition interne4. D’un point de vue général, cette « Bibliothèque » se lie ainsi d’emblée à la constitution d’un public occidental et populaire éclairé, appelé à exercer, sous la conduite d’un clergé positiviste extrêmement réduit, une police spirituelle par le monopole qu’il doit exercer sur la louange et le blâme5. L’instruction populaire ne relève donc nullement de la philanthropie, ou pire de la charité intellectuelle : c’est à l’inverse pour Comte une condition politique indispensable au contrôle des pouvoirs politiques et sociaux D’un point de vue plus spécial, la régularisation des lectures populaires, outre sa dimension pédagogique, réagit également sur l’industrie du livre. La « Bibliothèque » ne met en effet pas simplement de l’ordre dans les lectures des esprits bénévoles, mais engage une réforme profonde de la circulation des idées et des textes. Elle constitue le public populaire en régulateur de l’édition, et la « Bibliothèque » en modèle de construction éditoriale.
I. La « Bibliothèque », un instrument d’émancipation populaire
5L’élaboration de la « Bibliothèque du prolétaire au xixe siècle » ne peut se comprendre isolément, c’est-à-dire abstraite des conceptions pédagogiques et politiques de Comte. Sans doute s’avère-t-elle sous ce rapport exemplaire des tensions traversant l’ensemble du positivisme religieux, dans sa prétention fondatrice à lier indissolublement philosophie et politique6.
6Le projet d’une synthèse bibliographique du savoir humain résume en effet très concrètement le but constamment poursuivi par Comte depuis ses premiers opuscules : terminer la révolution par l’avènement d’une doctrine positive appelée à régénérer l’éducation des peuples et à émanciper l’Occident des tutelles théologiques et métaphysiques sous lesquelles il continue à ployer. Elle se constitue ainsi tout en la fois en instrument d’émancipation populaire, regardant dans l’ignorance commune la source essentielle de la stagnation historique, et en manifestation exemplaire d’un pouvoir spirituel fondé à régir les lectures comme les consciences.
7Qu’une sélection d’ouvrages savants constitue un acte d’émancipation populaire essentiel pourra toutefois faire sourire au premier abord. Cette conviction s’articule cependant chez Comte à la thèse, défendue constamment, de la vanité des combats contemporains poursuivis par les courants démocratiques et socialistes se disputant la faveur populaire. Le prolétaire n’a en effet selon Comte nul intérêt réel dans l’exercice des droits politiques (le suffrage par exemple) ni même dans l’exercice de l’autorité civile (par l’action directe ou des « représentants du peuple »). Car la condition populaire assigne aux prolétaires une fonction de régulateur, et non de direction7. Fonction du reste préférable aux yeux de Comte, par le loisir, l’indépendance et la dignité qu’elle autorise, comparativement au destin des chefs industriels et politiques8.
8Par la censure publique des actions ou le refus de concours (la grève), le peuple marque en outre pour Comte simultanément sa véritable force (contre les usurpations intéressées de sa cause par des leaders nécessairement bourgeois, ou soucieux de s’émanciper eux-mêmes de leur condition modeste par la carrière politique) et assure ses intérêts réels. Car un peuple qui ne revendiquerait jamais que la dignité dans le travail et l’instruction positive formule des revendications qu’aucun pouvoir ne peut dignement lui refuser : il satisfait en effet aux conditions d’ordre en ne poussant jamais la contestation plus loin que le refus de concours ; il reconnaît par ailleurs dans l’indépendance des familles populaires, c’est-à-dire leur liberté et leur dignité, la finalité même du progrès9.
9La « Bibliothèque » appartient en cela aux œuvres de « propagande » du corpus comtien, c’est-à-dire aux textes qui relient les œuvres de synthèse comme le Cours de philosophie positive (1830-1842) ou le Système de politique positive (1850-1854), aux finalités politiques de la théorisation positiviste. Régler les lectures populaires, comme dispenser des cours d’astronomie aux ouvriers parisiens, ou encore rédiger un Catéchisme résumant en un court volume une élaboration philosophique originale, participe d’un effort « militant ». C’est à tout le moins une prise de position dans le contexte du « moment 48 », à la fois contre les réactionnaires qui rêvent de maintenir le prolétariat moderne dans une soumission archaïque, et contre les révolutionnaires faisant de la prise de pouvoir un préalable (du reste toujours promis à d’amères déceptions) à l’émancipation populaire10.
II. La composition de la « Bibliothèque » : synthèse et monuments
10Le détail même de ce catalogue semble toutefois manifester les contradictions d’un tel projet. Considérant la « Bibliothèque », Robert Fox y voit en effet le mélange caractéristique d’un élitisme extrême, puisque n’y sont compilés que des chefs-d’œuvre, et de la « conviction naïve que même l’esprit le moins instruit peut tirer profit d’une confrontation directe à des textes assez préservés de tout commentaire »11. La collection positiviste serait ainsi trop ambitieuse pour être efficace : l’unité de l’encyclopédisme et du socialisme poursuivie par Comte serait par suite une pure illusion pédagogique12. Qui, parmi les intelligences les mieux cultivées d’aujourd’hui, peut du reste prétendre en maîtriser réellement l’ampleur ? Lever cette objection implique donc de s’arrêter sur le principe de composition de ce catalogue.
11La composition de la « Bibliothèque » est soumise à une double finalité. D’une part, elle doit seconder l’éducation synthétique dispensée au prolétaire, et ainsi fournir les instruments nécessaires à la préservation de l’unité théorique conquise par l’enseignement direct. Sous cet aspect, sa valeur résulte essentiellement de la complémentarité de ses différentes parties. D’autre part, elle constitue également une collection des plus grands « monuments » de l’esprit humain, dont la possession et la pratique au sein du foyer populaire se lient au système de commémoration publique positiviste (calendrier, culte des grands hommes, etc.). Ici, les ouvrages se recommandent par leurs vertus propres, plutôt que par leur dimension synthétique. La composition de la collection poursuit donc la recherche de son propre équilibre, entre synthèse et archive, vocation encyclopédique et fonction patrimoniale.
12Sous le premier aspect, la sélection trahit sa construction encyclopédique d’abord par sa division générale en quatre parties (« Poésie », « Science », « Histoire », et « Synthèse » : philosophie, morale et religion), de taille égale (30 volumes), à l’exception du domaine historique (60 volumes) qui représente à lui seul presque la moitié de la « Bibliothèque ». Les lectures positivistes ne se bornent donc point à la culture scientifique. En cela, il faut une nouvelle fois rappeler que le positivisme comtien n’est nullement un scientisme, et sa religion moins encore un culte de la raison ou de la science. L’importance de ce que nous appellerions les « humanités » dans cette « Bibliothèque » manifeste la primauté du sentiment dans le positivisme religieux, comme la vocation de ce dernier à présider, éclairé par la science positive, à l’unité morale des hommes13.
13La prééminence de l’histoire exprime par ailleurs la spécificité du positivisme, comme doctrine essentiellement « relative ». Car la connaissance du passé et des multiples formes prises par l’existence humaine doit en effet délivrer les consciences de la prétention à l’absolu, habituer les esprits à regarder dans le présent humain le simple lien transitoire entre l’immense passé humain, et un avenir synthétique qu’il appartient de construire. Ainsi les deux tiers de la « Bibliothèque » enracinent-ils en quelque sorte un « esprit » (poétique et historique) que le tiers suivant (science et synthèse) assure dogmatiquement, respectivement dans le détail et dans l’ensemble.
14À cette construction générale s’ajoutent des règles de constitution interne. Les ouvrages scientifiques sont par exemple ordonnés suivant la loi de classification des sciences du Cours. La liste s’ouvre par les ouvrages mathématiques, traitant des phénomènes les plus généraux et les plus simples : l’Arithmétique14 de Condorcet est le premier ouvrage, suivent l’Algèbre et la Géométrie de Clairaut15, et ainsi de suite. La sélection s’achève de même par le domaine biologique et médical, caractérisant les phénomènes les plus complexes et les moins généraux, la sociologie étant pour sa part absorbée par la sélection historique et les textes comtiens de synthèse (trois derniers tomes du Cours et ensemble du Système).
15L’organisation de la bibliographie historique fait en outre l’objet d’une attention particulière, comme Comte s’en explique à un de ses disciples les plus proches :
Le projet que vous me soumettez sur l’étude spontanée de l’histoire, mérite aussitôt mon approbation. Pour procéder toujours du plus connu au moins connu, il faut alors marcher du particulier au général dans cette acquisition des faits ; tandis qu’ensuite l’étude des lois exige un cours inverse. Vous devez avoir noté que la section historique de ma bibliothèque du prolétaire dispose les lectures en partant des temps les plus proches, afin de remonter graduellement vers les plus anciens, contrairement à ce qui convient pour la systématisation. Or les mêmes motifs pressaient aussi de faire d’abord acquérir la connaissance des histoires les plus partielles, en passant graduellement à des associations plus vastes. C’est, envers l’initiative intellectuelle, faire ce qui convient à l’initiative affective, qui développe le sentiment social en commençant par la Famille, pour passer ensuite à la Patrie, et s’élever enfin à l’Humanité16.
16Cette attention à l’usage de la « Bibliothèque » la constitue à l’évidence en instrument pédagogique. Pourtant il ne s’agit pas que d’une bibliothèque d’étude : elle conserve une fonction patrimoniale et commémorative en rassemblant les meilleurs échantillons du génie humain, sans préjuger de leur valeur ultime17. Dans cette perspective, Comte déploie une activité de critique scrupuleux, quoique très personnel. Jugeant par exemple de la poésie française, il réduit nos poètes classiques principalement à trois noms (Corneille, Molière et La Fontaine) accordant quelques extraits à Racine et Voltaire. De même, Comte pèse scrupuleusement les mérites de Chateaubriand, dans sa correspondance avec un disciple récent, ouvrier tisseur à Lyon, et lui accorde une mention honorable18. Rousseau ne mérite pour sa part que le plus complet oubli, son œuvre se voit privée de toute mention, puisque, intrinsèquement perturbatrice, elle ne saurait convenir à l’unité morale et encyclopédique. La Bible elle-même, pourtant « monument » historique fondamental présent dans la dernière section de la « Bibliothèque », se verra finalement bannie de la culture prolétaire : l’œuvre théologique étant achevée, sa lecture menacerait en effet de faire revivre des préoccupations désormais vaines. Il faudra lui préférer l’Imitation de Jésus-Christ comme spécimen de la morale catholique plus synthétique et moins perturbateur19.
17Enfin, la partie finale, titrée dans le catalogue originel « Philosophie, morale et religion », recouvre les ouvrages permettant de résumer l’unité positiviste des savoirs. Si elle place en son centre l’œuvre comtienne (Système et Cours), elle s’agrège quelques-uns des grands précurseurs philosophiques que Comte se reconnaît (le Discours de Descartes et Les Politiques d’Aristote en particulier), et y ajoute une liste de lectures « morales » et « religieuses » en apparence hétéroclites (Bossuet, Maistre, Pascal, etc.). Cette sélection trouve en effet sa loi moins dans un principe interne de classement comme pour la science, que dans une même « finalité » fournissant à l’ensemble des savoirs, et des « monuments », un même point de convergence. Car si l’encyclopédie ordonne par généralité décroissante l’ensemble des objets du monde, elle ne prend sens que pour un sujet qui pense et agit. L’encyclopédie ne vaut par suite que par l’unité qu’elle permet, unité qui se manifeste en dernière analyse dans l’action individuelle qu’elle doit éclairer20. Le point de vue moral, c’est-à-dire celui de l’individu et in fine de son cerveau21, définit donc le lieu auquel tous les savoirs se rapportent : les héritages religieux et philosophiques humains voisinent alors comme autant d’expression de cette même ambition synthétique qui anime nos réflexions et nos sentiments. Elle subordonne l’ordre des savoirs et des œuvres à l’élaboration commune d’une sagesse positive.
18Outil d’instruction personnelle autant qu’autel des grands livres, la « Bibliothèque » apparaît soigneusement composée. Il ne fait nul doute qu’elle constitue un programme d’une rare ambition. Mais il faut encore rappeler qu’elle ne constitue pas pour Comte un point de départ pour le peuple : elle vient plutôt compléter une instruction populaire d’ores et déjà réglée par l’éducation positiviste. Ce n’est donc pas tant le prolétariat présent, celui de 1848, qui peut en l’état en déployer toute la force politique, mais bien ce peuple régénéré par l’éducation nouvelle, qui trouvera dans sa bibliothèque de quoi préserver et cultiver sa première instruction.
19Cela explique aussi le caractère personnel des conseils que Comte prodigue à ses disciples, ouvriers comme médecins, soucieux de réformer leurs conceptions par des lectures bien choisies. Tant que la culture populaire n’a point acquis un caractère définitivement positiviste, la « Bibliothèque » est un vade-mecum plus qu’un programme. Elle veut des professeurs et des guides. Les livres en effet n’ont pas vocation à entreprendre une éducation, mais à la conserver, comme le note énergiquement la Synthèse subjective dans le cas des lectures scientifiques :
Dans l’état normal, les traités didactiques doivent uniquement s’adresser aux maîtres, à travers lesquels doit toujours passer l’instruction finalement destinée aux élèves. Les lectures théoriques ne conviennent à ceux-ci que quand leur éducation est terminée : jusqu’alors leur essor scientifique résulte d’une élaboration personnelle, spontanément subordonnée aux leçons orales, seules conformes à la dignité des professeurs. Il faut essentiellement attribuer à l’anarchie moderne l’habitude de destiner les livres aux élèves, ainsi disposés à dédaigner ou à contrôler les maîtres, d’après le conflit continu de deux modes d’exposition naturellement incompatibles22.
20Si on ne saurait donc séparer la « Bibliothèque » de l’éducation qui la porte, il ne faut pas non plus se hâter de juger des capacités du peuple à l’aune de l’abandon intellectuel dans lequel il a jusque-là végété. L’efficacité de ce catalogue relève autant de sa composition interne que de la préparation et de la pédagogie qui doit l’animer. La « naïveté » de Comte a ainsi pour fondement un jugement et un projet politique, projet qui achoppe également sur une critique substantielle de l’industrie éditoriale.
III. L’anarchie littéraire et la régularisation du livre
21Inscrite dans un projet de conquête du pouvoir spirituel par le peuple, fondée sur une double mission synthétique et commémorative, la « Bibliothèque » manifeste en effet une conception spécifique du livre. On en retiendra ici brièvement deux traits.
22Du point de vue de sa « production », Comte porte un jugement sévère sur le moment moderne. Si l’imprimerie constitue indéniablement un progrès, elle a en effet rapidement conduit à un abus dommageable à l’intelligence collective en accompagnant l’essor de la classe des lettrés, puis des journalistes, dont les écrits, de plus en plus inconséquents finissent par interdire, par leur incessante rumeur, l’émergence de conceptions encyclopédiques et positives23. L’essor déréglé de l’industrie littéraire constitue en effet le livre en objet de consommation plutôt qu’en objet d’étude. Ce gaspillage réagit alors sur la production théorique en accréditant l’idée que la pensée constitue une entreprise comme une autre, où les idées seront cotées à la manière de valeurs marchandes. Le violent dégoût qu’inspire à Comte le personnage d’Émile de Girardin résume en une figure le « productivisme » littéraire et ses conséquences morales, politiques et théoriques24. Comte à l’inverse appliquera à l’industrie du livre un principe radical de parcimonie à la fois nécessaire tant à la purification des intellectuels des puériles vanités d’auteur qu’à l’efficacité mentale des écrits vraiment utiles :
Il appartient à la classe contemplative d’offrir aux autres l’exemple continu d’une sage modération envers l’usage de la parole, de l’écriture, et surtout de l’imprimerie, dont l’anarchie moderne a tant abusé. La plupart des notions usuelles doivent se transmettre par une tradition active et muette, en réservant les livres pour communiquer les perfectionnements réels des conceptions abstraites et générales25.
23Dans le champ de la science elle-même, la multiplication des écrits, et des « publications » transforme le savant en compilateur ; sa valeur réside alors moins dans la netteté de sa pensée que dans l’abondance de sa bibliographie. On comprend donc en quoi la relative concision de sa « Bibliothèque », que Comte aspire même à réduire ultérieurement à 100 ouvrages, participe de cette stricte régulation du livre26. Elle se fonde sur le souci de ne point laisser les conceptions positives s’éteindre sous l’attrait des nouveautés, des modes ou des pouvoirs du moment, comme de laisser place aux méditations des grandes œuvres.
24Du point de vue maintenant de la « diffusion » des livres, la « Bibliothèque » manifeste l’idée que les lectures sont essentiellement des « conseils » : non des objets de commerce. Un livre, par la force qu’il recèle, est au fond destiné à ceux qui peuvent en tirer un profit effectif. L’échange marchand revient par suite en réalité à laisser le marché décider de ce que nous devons lire, c’est-à-dire au fond faire de nous-mêmes :
Mon envoi des deux opuscules est entièrement gratuit et votre recommandation m’aurait suffi, sans ces lettres, pour déterminer cette application de mon principe sur la distribution normale des livres, directement adressées à quiconque est jugé réellement capable d’en profiter, en écartant l’étrange garantie résultée de l’achat27.
25Les livres « s’offrent ». Et s’ils doivent circuler gratuitement et obéir à des attributions affinitaires et pédagogiques, c’est bien que la lecture constitue, avec la méditation, notre grand instrument de culture morale. Nul commerce ne saurait ici prétendre à la moindre efficacité. La diffusion des livres doit ainsi faire l’objet d’une direction libérale, à la manière du professeur choisissant ses textes pour ses élèves, avec pour finalité le souci de l’autre. On comprend en cela pourquoi l’introduction de la « Bibliothèque » se conclut, dans le Catéchisme, par un appel aux bonnes volontés. Réaliser une telle collection n’a en effet rien d’une entreprise réellement onéreuse, et quel meilleur service peut-on rendre plus simplement au peuple ?
26Objet encyclopédique par excellence, la « Bibliothèque du prolétaire au xixe siècle » résume l’essentiel du projet comtien. Elle articule en effet la recherche d’unité théorique à un projet d’émancipation populaire par la réforme des esprits ; elle mobilise ensuite la plupart des procédés de la logique positiviste (loi de classement, théorie sociologique de l’histoire, théorie cérébrale et unité affective de l’esprit, etc.) ; enfin, elle constitue un artefact visant par lui-même à réguler l’essor désordonné de l’industrie éditoriale en pesant sur les logiques de production et de diffusion du livre.
IV. Annexe
27Bibliothèque du prolétaire au dix-neuvième siècle ;
28Conseillée par l’auteur du Système de philosophie positive et du Système de politique positive.
29Cent cinquante volumes, équivalents à ceux de la collection Charpentier
30 1. poésie (trente volumes).
31L’Iliade et L’Odyssée (traduction Bitaubé), réunies en un même volume, sans aucune note.
32Eschyle (traduction de La Porte du Theil) et Aristophane (traduction Artaud), idem.
33L’Œdipe-Roi de Sophocle.
34Théocrite (traduction F. Didot), suivi de Daphnis et Chloé (traduction Amyot et Courier), idem.
35Plaute (traduction Naudet) suivi de Térence (traduction Dacier) sans aucune note.
36Virgile (traduction Delille) suivi d’Horace choisi (traduction Vanderburg) sans aucune note.
37Ovide (traduction Saint-Ange), Tibulle (traduction Panckouke), et Juvénal (traduction Fabre), idem.
38Fabliaux du Moyen Âge, recueillis par Legrand d’Aussy.
39Dante, Arioste, Tasse, et Pétrarque choisi (réunis en un seul volume italien).
40Les Théâtres choisis de Métastase et d’Alfieri (dans un même volume italien).
41Les Fiancés, par Manzoni (un seul volume italien).
42Le Don Quichotte et les Nouvelles de Cervantes (dans un même volume espagnol).
43Le Théâtre espagnol choisi (recueil à former convenablement, en un seul volume espagnol).
44Le Romancero espagnol choisi (en un seul volume espagnol).
45Le Théâtre choisi de P. Corneille.
46Molière, complet.
47Les Théâtres choisis de Racine et de Voltaire (réunis en un seul volume).
48Les Fables de La Fontaine, suivies de quelques Fables de Florian.
49Gil Blas, par Lesage.
50La Princesse de Clèves, Paul et Virginie, et Le dernier Abencerage (à réunir en un seul volume).
51Les Martyrs, par Chateaubriand.
52Le Théâtre choisi de Shakespeare.
53Le Paradis perdu et les Poésies lyriques de Milton.
54Robinson Crusoë, et Le Vicaire de Wakefield (à réunir en un seul volume).
55Tom Jones, par Fielding (en anglais, ou traduit par Chéron).
56Les sept chefs-d’œuvre de Walter Scott : Ivanhoé, Quentin Durvard, La Jolie Fille de Perth, L’Officier de fortune, Les Puritains, La Prison d’Edimbourg, l’Antiquaire.
57Les Œuvres choisies de Byron (en supprimant surtout le Don Juan).
58Les Œuvres choisies de Goethe.
59Les Milles et une nuits.
602. science (trente volumes).
61L’Arithmétique de Condorcet, l’Algèbre et la Géométrie de Clairaut, plus la Trigonométrie de Lacroix ou de Legendre (à réunir en un seul volume).
62La Géométrie analytique d’Auguste Comte, précédée de la Géométrie de Descartes.
63La Statique de Poinsot, suivie de tous ses mémoires sur la mécanique.
64Le Cours d’analyse de Navier à l’École Polytechnique, précédé des Réflexions sur le calcul infinitésimal, par Carnot.
65Le Cours de mécanique de Navier à l’École Polytechnique, suivi de l’Essai sur l’équilibre et le mouvement, par Carnot.
66La Théorie des fonctions, par Lagrange.
67L’Astronomie populaire d’Auguste Comte, suivie des Mondes de Fontenelle.
68La Physique mécanique de Fischer, traduite et annotée par Biot (dernière édition).
69L’abrégé alphabétique de philosophie pratique, par John Carr.
70La Chimie de Lavoisier.
71La Statique chimique, par Berthollet.
72Les Éléments de chimie, par James Graham.
73Le Manuel d’anatomie, par Meckel.
74L’Anatomie générale de Bichat, précédée de son Traité sur la vie et sur la mort.
75Le premier volume du Traité de Blainville Sur l’organisation des animaux.
76La Physiologie de Richerand (dernière édition, annotée par Bérard).
77La Physiologie de Cl. Bernard, précédée de L’Essai systématique sur la biologie, par Segond.
78La Philosophie zoologique de Lamarck.
79L’Histoire naturelle de Duméril (dernière édition).
80Les Discours sur la nature des animaux, par Buffon.
81L’Art de prolonger la vie humaine, par Hufeland, précédé du Traité sur les airs, les eaux et les lieux, par Hippocrate, et suivi du livre de Cornaro Sur la sobriété (à réunir en un seul volume).
82L’Histoire des phlegmasies chroniques, par Broussais, précédée de ses Propositions de médecine.
83Les Éloges des savants, par Fontenelle et Condorcet.
843. histoire (soixante volumes).
85L’Abrégé de géographie universelle, par Malte-Brun.
86Le Dictionnaire géographique de Rienzi.
87Les Voyages de Cook, et ceux de Chardin.
88L’Histoire de la Révolution française, par Mignet.
89Le Manuel de l’histoire moderne, par Heeren.
90Le Siècle de Louis XIV, par Voltaire.
91Les Mémoires de Mme de Motteville.
92Le Testament politique de Richelieu, et la Vie de Cromwell (à réunir en un seul volume).
93Les Mémoires de Benvenuto Cellini (en italien).
94Les Mémoires de Commines.
95L’Abrégé de l’histoire de France, par Bossuet.
96Les Révolutions d’Italie par Denina.
97L’Abrégé de l’histoire d’Espagne, par Ascargorta.
98L’Histoire de Charles Quint, par Robertson.
99L’Histoire d’Angleterre, par Hume.
100L’Europe au Moyen Âge, par Hallam.
101L’Histoire ecclésiastique, par Fleury.
102L’Histoire de la décadence romaine, par Gibbon.
103Le Manuel de l’histoire ancienne par Heeren.
104Tacite complet (traduction Dureau de La Malle).
105Thucydide et Hérodote (à réunir en un seul volume).
106Les Vies de Plutarque (traduction Dacier).
107Les Commentaires de César, et L’Alexandre d’Arrien (à réunir en un seul volume).
108Le Voyage d’Anacharsis, par Barthélemy.
109L’Histoire de l’art chez les anciens, par Winckelmann.
110Le Traité de la peinture, par Léonard de Vinci (en italien).
111Le Cours de dessin, par A. Etex.
112Les Mémoires sur la musique, par Grétry.
1134. philosophie, morale et religion (trente volumes).
114La Politique d’Aristote, et sa Morale (à réunir en un seul volume).
115La Bible complète. Le Coran complet.
116La Cité de Dieu, par saint Augustin.
117Les Confessions de saint Augustin, suivies du Traité sur l’amour de Dieu, par saint Bernard.
118L’Imitation de Jésus-Christ (l’original et la traduction en vers de Corneille).
119Le Catéchisme de Montpellier, précédé de l’Exposition de la doctrine catholique par Bossuet, et suivi des Commentaires sur le sermon de J.-C., par saint Augustin.
120L’Histoire des variations protestantes, par Bossuet.
121Le Discours sur la méthode, par Descartes, suivi du Novum organum de Bacon.
122Les Pensées de Pascal, suivies de celles de Vauvenargues, et des Conseils d’une mère, par Mme de Lambert.
123Le Discours sur l’histoire universelle, par Bossuet, suivi de Esquisse historique par Condorcet.
124Le Traité du pape, par de Maistre, précédé de la Politique sacrée, par Bossuet.
125Les Rapports du physique et du moral de l’homme, par Cabanis.
126Le Traités sur les fonctions cérébrales, par Gall, précédé des Lettres sur les animaux, par Georges Leroy.
127La Philosophie positive d’Auguste Comte (six volumes), et sa Politique positive (quatre volumes), plus son Catéchisme positiviste.
128L’histoire de la philosophie, par G. H. Lewes.
129N. B. Cette Bibliothèque sera réductible à cent volumes après la régénération de l’éducation occidentale.
130Auguste Comte,
131(10, rue Monsieur-le-Prince.)
132Paris, le 24 Guttemberg 64 (samedi 4 septembre 1852).
Notes de bas de page
1 Voir Comte Auguste, 1984, « Programme sommaire du cours philosophique sur l’histoire générale de l’Humanité professé gratuitement, en vingt-neuf dimanches, au Palais-Cardinal, avec une entière gratuité, pendant chacune des trois années 1849, 1850 et 1851 », in id. (textes établis par Paulo de Berrêdo Carneiro et présentés par Paul Arbousse-Bastide), Correspondance générale et confessions, Paris, EHESS/Mouton-Vrin, t. vi, p. 483-485 (cité ci-après CG, tome). On se reportera également à la rédaction de ce cours réalisée par un de ses auditeurs réguliers récemment publiée par Laurent Fedi : Comte Auguste (texte établi et présenté par Laurent Fedi), 2016, Cours sur l’histoire de l’Humanité (1849-1851), Genève, Droz. Comte désigne ici le Palais-Royal « Palais-Cardinal » en hommage à Richelieu. La lettre à Jacquemin du 2 juillet 1848 présente sans doute le premier « brouillon » de cette sélection ; voir CG, t. iv, p. 165-169.
2 Comte Auguste, 1852, Catéchisme positiviste, Paris, Carilian-Gœury et V. Dalmont, p. xlii sqq. ; cité par la suite Cat.
3 Ibid., p. xv-xvi.
4 Du reste Comte opérera diverses révisions du contenu de ce catalogue, entre 1852 et 1857. Par exemple en faisant disparaître le traité de Lewes, devenu un positiviste dissident, ou en révisant son jugement sur certaines œuvres (par exemple Les Martyrs de Chateaubriand comme on le verra plus loin).
5 Sur les salons populaires « véritables laboratoires de l’opinion publique », et l’exercice du pouvoir spirituel par le peuple, voir Comte Auguste, 1929, Système de politique positive ou Traité de sociologie instituant la religion de l’humanité, Paris, Société positiviste, t. iv, p. 352 ; cité après SPP, tome.
6 Rappelons que le Discours sur l’ensemble du positivisme (cité par la suite DEP, dans l’édition fournie au tome i du Système), qui inscrit publiquement l’œuvre philosophique dans le « moment 1848 » s’ouvre par l’affirmation de ce lien fondamental : « Le positivisme se compose essentiellement d’une philosophie et d’une politique, qui sont nécessairement inséparables, comme constituant l’une la base l’autre le but d’un même système universel, où l’intelligence et la sociabilité se trouvent intimement combinés » (DEP, p. 2).
7 « Quels que soient les efforts journaliers de l’agitation métaphysique pour les faire intervenir dans ces frivoles débats, par l’appât de ce qu’on nomme les droits politiques, l’instinct politique a déjà compris, surtout en France, combien serait illusoire ou puérile la possession d’un tel privilège, qui, même dans son degré actuel de dissémination, n’inspire habituellement aucun intérêt véritable à la plupart de ceux qui en jouissent habituellement. Le peuple ne peut s’intéresser essentiellement qu’à l’usage effectif du pouvoir, en quelques mains qu’il réside, et non à sa conquête spéciale » (Comte Auguste, 1844, Discours sur l’esprit positif, Paris, Carilian-Gœury et V. Dalmont, p. 66).
8 « Naturellement dégagé de la grave responsabilité et des préoccupations d’esprit qu’entraîne habituellement une autorité quelconque, théorique ou pratique, [le prolétariat] devient très propre à rappeler spontanément le sacerdoce et le patriciat à leur destination sociale » (Cat., p. 112).
9 SPP, t. iv, p. 350.
10 Sur la stérilité politique des mouvements socialistes et communistes, voir DEP, chap. 3, et Comte Auguste, 1855, Appel aux conservateurs, Paris, V. Dalmont, troisième partie.
11 Fox Robert, 2012, The savant and the State, Baltimore, Johns Hopkins University Press, p. 49. Nous traduisons.
12 Élaboration simultanément encyclopédique et populaire, la « Bibliothèque positiviste » apparaîtrait ainsi à Robert Fox comme l’expression manifeste d’une illusion pédagogique inhérente aux efforts de « socialisation de la science » et d’unification encyclopédique des savoirs, qui, avec Comte, se déploient au moment justement où les logiques de production et de diffusion scientifique consentent à leur irréductible spécialisation et délaissent l’initiative privée pour s’inscrire définitivement dans le cadre de l’action de l’État. La « Bibliothèque positiviste » aurait par suite tout d’un « symptôme », plus intéressant par le contexte qu’il révèle qu’en vertu du sens de ce qu’il dit en propre.
13 La culture littéraire est ainsi saluée par Comte comme permettant, malgré ses défauts et son manque de positivité, de préserver le sens des généralités, comme de l’universalité humaine : « Sous tout autre aspect, les études littéraires sont réellement supérieures, en excitant davantage, quoique vaguement, l’esprit d’ensemble, pendant que l’instruction mathématique cultive et consacre l’esprit de détail, principal fléau du siècle actuel. Le positivisme termine cette longue controverse en plaçant, dans l’état normal, la poésie au-dessus de la philosophie, comme étant plus près de la religion, c’est-à-dire plus synthétique et plus sympathique » (« Lettre à Richard Congreve du 9 juillet 1857 », CG, t. viii, p. 519). Ce dernier exemple fait encore l’objet d’un développement spécifique dans le Système (SPP, t. iii, p. 457).
14 Nous reprenons ici les expressions de Comte figurant dans la « Bibliothèque » et non le titre des œuvres originales.
15 Ouvrage que Comte estime particulièrement et désigne comme le « type exemplaire de l’enseignement mathématique » dans la lettre à Seba Smith du 2 mars 1852 (CG, t. vi, p. 153).
16 « Lettre à Laffitte, 23 septembre 1852 », CG, t. vi, p. 394.
17 On peut noter par exemple que Comte inclut dans la « Bibliothèque » la Théorie des fonctions analytiques de Lagrange, alors même que sa doctrine algébrique fait l’objet d’une substantielle révision dans la dernière œuvre de Comte, la Synthèse subjective. Les erreurs inévitables de nos prédécesseurs ne doivent en effet pas interdire à un esprit bien formé de mesurer la grandeur de ses tentatives, comme d’accorder son admiration aux grands hommes.
18 « J’approuve entièrement vos réflexions sur Télémaque, qui est, au fond, un livre aussi nuisible qu’ennuyeux. Quant aux Martyrs, je conviens avec vous que c’est un ouvrage estimable, qui fut pour moi le principal motif de la glorification de Chateaubriand, d’après la valeur historique d’un tel essai. Mais ce poème est trop faible pour mériter une place dans une bibliothèque où je ne devais admettre que des chefs d’œuvre esthétiques. C’est le plus beau sujet d’épopée qu’on pût choisir jusqu’ici : probablement Dante et Tasse avaient reculé devant son immense difficulté, il a écrasé Chateaubriand, qui n’avait pas su le mesurer. Le dernier Abencérage, vrai modèle de la nouvelle historique est la seule composition que je devais recommander de ce noble auteur » (« Lettre à Laurent du 6 novembre 1851 », CG, t. vi, p. 186).
19 « Tout en approuvant la plupart de vos remarques sur le protestantisme, j’excepte celle qui concerne la Bible ; la substitution de cette dangereuse lecture, dont la vraie valeur est purement historique, à celle de l’Imitation constitue une rétrogradation anarchique » (« Lettre à Dix-Hutton du 14 juillet 1857 », CG, t. viii, p. 523).
20 « Toutes les sciences n’ont de valeur que comme préparant l’étude de la nature humaine. Même celle-ci n’est vraiment systématisable qu’en la rattachant à sa destination pratique, pour le perfectionnement de l’homme : tout le reste est vanité » (« Lettre de Comte à Audiffrent, 29 janvier 1857 », CG, t. viii, p. 394).
21 Sur l’assimilation du point de vue moral avec la question cérébrale chez Comte, nous renvoyons au remarquable travail de Clauzade Laurent, 2009, L’organe de la pensée : biologie et philosophie chez Auguste Comte, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté.
22 Comte Auguste, 1856, Synthèse subjective ou Système universel des conceptions à l’état normal de l’humanité, Paris, V. Dalmont, p. 10.
23 Sur le « fléau journalistique », voir entre autres occurrences, la 46e leçon du Cours.
24 Pour le jugement de Comte sur Girardin, « entrepreneur manqué, ou plutôt manquant », « un roué, où je ne verrai jamais que le meurtrier de Carrel », etc., voir « Lettre à Laffitte du 18 octobre 1849 », CG, t. v, p. 100-101. Rappelons que le duel qui coûta la vie à Armand Carrel eut pour point de départ la polémique qui opposa Le National et La Presse, de Girardin, autour de l’introduction par ce dernier d’encarts publicitaires dans son journal.
25 SPP, t. iv, p. 258.
26 « D’après les aperçus que j’ai présentés, le véritable positiviste pourra, même dans le clergé, réduire sa bibliothèque à cent volumes. Aux dix tomes qui condensent toute la philosophie, on en joindra vingt de poésie, plus autant pour l’ensemble des notions concrètes, envers les données pratiques, la description des êtres, et la connaissance du passé. La seconde moitié du recueil positif sera consacrée aux monuments dignes, par leur valeur originale, de survivre à la destruction systématique des immenses amas qui maintenant compriment ou pervertissent la pensée » (ibid., p. 264).
27 « Lettre à Hadery du 27 octobre 1856 », CG, t. viii, p. 328.
Auteur
Frédéric Dupin est agrégé et docteur en philosophie. Il a soutenu en 2013 à l’université Paris 1 une thèse portant sur la dernière philosophie d’Auguste Comte et en particulier sur son ultime ouvrage, La Synthèse subjective. Une version remaniée de ce travail doctoral est à paraître aux éditions Hermann (Paris). Ses recherches actuelles portent sur la philosophie politique des sciences et de l’éducation.
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