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De la ville monstre à la cité idéale : Déjacque et La Nouvelle-Orléans
p. 105-116
Texte intégral
[…] la Nouvelle-Orléans est une cité trop pourrie pour remplacer du jour au lendemain les mœurs des lois par la loi des mœurs.Le Libertaire, n° 1, 9 juin 1858.
1Un retour sur la pensée et les idées de Déjacque, y compris sur sa vision d’un avenir idéal, doit passer aussi par une réflexion sur leur genèse et sur la manière dont elles se sont construites en interaction avec le réel. Il peut être intéressant de se pencher de ce point de vue sur l’épisode assez bref, mais crucial, que constitue son séjour à La Nouvelle-Orléans. Il semble en effet assez évident qu’il y a eu dans sa vie un « moment louisianais » – au même titre sans doute qu’il y a eu un « moment 1848 » – lequel s’est avéré déterminant dans la cristallisation et dans l’expression définitive de sa pensée.
2On sait que, de plus en plus isolé au sein de la proscription française après sa violente passe d’armes avec les républicains modérés de la section de la Montagne à New York1, Joseph Déjacque est parti dans le courant de l’année 1855 s’installer à La Nouvelle-Orléans. Il vit en Louisiane durant un peu moins de trois ans de son travail de peintre en bâtiment au prix de mille difficultés, avant de regagner New York vers la fin du premier trimestre 1858. Or, il apparaît bien que cette décision de retourner dans la grande métropole est tout sauf anodine. À lire le long article figurant dans le troisième numéro du Libertaire – journal qu’il a commencé à faire paraître début juin 1858 afin d’y publier son Humanisphère, article dans lequel il n’a pas de mots assez durs pour vouer aux gémonies la ville qu’il vient tout juste de quitter –, on comprend qu’il l’a en fait littéralement fuie, ivre de dégoût et de désespoir2.
3Si, comme on le verra, cette réaction de rejet est somme toute assez logique et donc facilement explicable, elle ne doit cependant pas occulter un paradoxe à la fois étonnant et intéressant, puisque son séjour en Louisiane a par ailleurs été pour lui une période d’activité intellectuelle et éditoriale aussi intense que féconde. C’est en effet à La Nouvelle-Orléans qu’il a achevé de rédiger son Humanisphère, utopie anarchique. Il a également réussi à y faire paraître un court écrit intitulé Béranger au pilori, ainsi que sa lettre à Proudhon De l’être-humain mâle et femelle, brochure dans laquelle il a pris la défense de la féministe Jenny d’Héricourt (Jenny Poinsard). C’est dans cette ville enfin qu’il a fait publier par l’éditeur Lamarre – à compte d’auteur puisqu’en dépit d’un écho favorable dans la presse, il y a recueilli en trois mois (et après distribution de 500 spécimens) seulement quatre abonnés pour une parution envisagée en fascicules – une édition considérablement augmentée de ses Lazaréennes, incluant une série de poèmes écrits depuis son arrivée. Il devient donc du même coup nécessaire de s’interroger sur l’importance qu’a pu avoir ce séjour louisianais sur sa réflexion et sa vision de l’avenir.
I. Anatomie de la ville monstre
4Ce n’est probablement pas par hasard que le choix de Déjacque s’est fixé sur La Nouvelle-Orléans quand il a souhaité quitter New York. C’est une grande ville – la 6e en importance pour l’ensemble des États-Unis et la seule vraie ville du Sud profond – qui compte en 1860 un peu moins de 170 000 habitants au cœur d’un État assez peu densément peuplé (45 % des blancs qui vivent en Louisiane habitent dans l’agglomération de La Nouvelle-Orléans).
5Mais surtout elle est constituée de trois municipalités distinctes : l’une est francophone – pour Déjacque qui maîtrise très mal l’anglais c’est essentiel, et c’est même probablement la principale raison qui a motivé son choix de s’y installer –, l’autre anglophone et la troisième hispanophone. Les conditions climatiques y sont certes moins rudes l’hiver qu’à New York mais le climat subtropical est particulièrement malsain durant la saison chaude. Entourée de marécages et de bayous infestés de reptiles et d’alligators, La Nouvelle-Orléans est frappée à intervalle régulier par des épidémies de choléra. Particulièrement terrible, celle de 1853 a fait dans la ville et ses faubourgs 12 000 morts (soit un habitant sur quinze, et même davantage si l’on prend en compte le fait que l’été, tous ceux qui le peuvent parce qu’ils sont suffisamment riches quittent la ville à la recherche de conditions climatiques plus clémentes).
6Mais surtout Déjacque, qui n’est pas homme à faire des compromis ou à rester insensible face à une quelconque injustice, réalise aussitôt arrivé qu’il se trouve en fait confronté à une réalité terrifiante, laquelle ne peut que révulser cet écorché vif3. Apostrophant la ville avec rudesse, il l’exprime d’entrée de jeu dans son article : « Ville de pestiférés ton moral est aussi sale que tes rues. Tu as tous les vices des sauvages et des civilisés […] ».
7Il n’est guère surprenant que dans la longue liste des turpitudes dont souffre la grande métropole sudiste, la plus fondamentale soit aux yeux de Déjacque l’esclavage. En premier lieu parce que durant son séjour il a été le témoin oculaire – il le dit – de l’horreur quotidienne de l’esclavage et de ses effets directs. Reposant sur une brutale privation de liberté, avec des êtres humains littéralement mis en cages et ravalés au rang d’animaux, l’esclavage constitue pour lui l’horreur absolue.
[…] J’ai aperçu tes plantations. Le jour, des troupeaux de noirs y courbent la tête et le dos sous les brutales invectives et les sanglants coups de fouet du blanc […]. Le dimanche, quand ils peuvent disposer d’une minute pour s’approcher des claies qui les parquent, et d’une pièce de monnaie pour acheter au boulanger qui passe un pain de froment, – je les ai vus, mâles et femelles, dévorer de loin et des yeux ce pain dont ils sont privés quotidiennement ; car le planteur ne nourrit pas son bétail avec du pain blanc […]. J’ai vu aussi le chenil où on les enferme la nuit […]. J’ai vu encore plus atroce, des dogues dressés à la chasse au nègre marrons, chiens aussi féroces que leurs maîtres, et à qui on abandonne de temps à autre la chair d’un noir fugitif, comme dans la chasse à la bête fauve on abandonne les entrailles de la victime à la meute avide de sang fumant et de chair chaude4.
8Déjacque a d’autant plus de raisons d’être choqué que la forme d’esclavage qu’il a pu voir fonctionner au jour le jour était particulièrement inhumaine : on sait que la vie faite aux esclaves dans les plantations sucrières était notoirement plus dure que dans les plantations de coton et la mortalité infiniment plus élevée. C’est d’ailleurs ce qui rendait nécessaire un renouvellement permanent de la main-d’œuvre servile, d’où l’intense activité à La Nouvelle-Orléans liée au commerce des esclaves et la poursuite ostensible d’un commerce négrier pourtant désormais hors la loi.
9Car la métropole louisianaise est bien dans les années 1850 le plus grand marché aux esclaves du Sud, marché vers lequel convergent les esclaves déplacés depuis les États du Vieux Sud, au point que la ville est parfois qualifiée de « moderne Délos ». C’est pour Déjacque un spectacle insoutenable : « Tu as des marchés aux esclaves où tu exposes les créatures humaines, comme ailleurs on expose des bêtes de somme »5. Plus de 200 marchands y ont pignon sur rue, et bien qu’illégale depuis 1808, la traite transatlantique continue ouvertement et tend même à augmenter durant les années 1850 pour répondre à la demande pressante des planteurs : le consul britannique fait ainsi savoir le 26 mai 1857 à son gouvernement qui traque sans relâche les navires négriers dans l’Atlantique que quinze d’entre eux sont partis pour l’Afrique au cours des deux mois précédents6.
10En 1860, on compte aussi à La Nouvelle-Orléans près de 10 000 Noirs émancipés7, souvent de culture créole francophone, qui possèdent pour beaucoup d’entre eux des biens immobiliers et souvent même des esclaves, mais qui restent malgré tout victimes de préjugés raciaux et de discriminations de toutes sortes.
11Ces observations et le dégoût éprouvé devant ce spectacle dégradant contribuent à nourrir en profondeur la réflexion sociale de Déjacque et à renforcer un certain nombre de ses convictions.
12Économiquement parlant, La Nouvelle-Orléans est une ville plutôt riche grâce à la culture du coton et surtout de la canne à sucre. Comme dans tous les centres urbains du Sud, c’est là que se traitent les affaires commerciales de toute la région en rapport avec les activités agricoles florissantes directement liées à l’esclavage8. De plus La Nouvelle-Orléans est un grand port, à la fois pour la navigation intérieure (on y enregistre 3 566 mouvements de navires à vapeur en 1860) – car avant que le train n’affirme sa suprématie partout aux États-Unis après la guerre de Sécession, le Mississippi constituait le principal axe de circulation nord/sud immédiatement à l’arrière du front pionnier –, et pour la navigation transatlantique – car il s’est tout naturellement spécialisé dans l’exportation de coton et de sucre.
13En retour, avec l’entrée des États-Unis dans l’ère des mouvements migratoires de masse, La Nouvelle-Orléans est devenue le deuxième port d’accès aux États-Unis en 18609. De nombreux immigrants européens ont fait le choix de traverser l’Atlantique à bon marché sur les navires qui rentrent à vide après avoir débarqué leurs balles de coton ou leurs tonneaux de mélasse en Europe, et on y recense alors 65 000 immigrants pour 80 000 Américains blancs, dont 24 000 Irlandais, 20 000 Allemands et 7 000 Français nés en France ou de parents français. Comme dans tous les grands ports d’entrée, nombre de ces immigrants n’ont pas d’autre choix que de s’installer sur place pour des raisons financières, au moins dans un premier temps. Cela engendre une situation de concurrence croissante entre immigrants et esclaves pour les emplois les moins qualifiés, au point que face à l’essor de l’immigration, la population servile baisse de 20 % entre 1850 et 1860, passant de 17 300 à 14 000. La peur d’une révolte d’esclaves bénéficiant de la complicité active d’abolitionnistes blancs et de noirs libres reste néanmoins forte, comme le montre la panique qui accompagne la tentative de soulèvement de 1853, laquelle a pourtant été étouffée dans l’œuf à la suite d’une dénonciation10.
14Déjacque comprend très vite que les plaies de l’esclavage ne sont pas seulement physiques : « […] au moral comme au physique, “l’esclavage c’est l’assassinat”»11. Et parce que l’esclavage enrichit la ville, il est à l’origine de l’affairisme et du goût du lucre qui partout transpirent.
15Cette perversion morale est tout spécialement perceptible au plan politique : « L’administration de la ville est un encan où tout est accordé au plus offrant et dernier enchérisseur. Il n’est pas un juge, pas un juré, tous ces fruits de l’intrigue et de la fraude, qui ne soit connu comme concussionnaire »12. Sous les apparences d’une démocratie que d’aucuns commencent à décrire comme un modèle – Tocqueville a produit sa réflexion bien connue quelques années auparavant – se cache donc une société et un système politique profondément viciés.
16Cette corruption généralisée – qui ne saurait profiter qu’aux plus riches, c’est-à-dire aux grands planteurs et aux propriétaires d’esclaves – entraîne aussi un recours systématique à la violence : « J’ai vu […] les couteaux-bowie et les revolvers peser plus dans la balance que les bulletins d’élection […] »13. Les politiciens sont tous également coupables de complicité : « Je les ai vus tous, [k]now-nothings et démocrates, manœuvrer dans le même sens et dans le même but »14. Ce n’est pas une simple vue de l’esprit, fondée sur des a priori : la ville est si tristement célèbre pour la corruption politique flagrante qui y sévit, que le Congrès de la Louisiane a pris en 1846 la décision de décapitaliser La Nouvelle-Orléans au profit de Baton Rouge. Pire encore, le recours à la violence a pris un caractère ordinaire tant elle est prégnante dans la culture et les mentalités locales, comme Déjacque l’illustre en évoquant un assassinat purement gratuit et toute une série d’exemples15.
17Pour lui, l’esclavage a aussi d’une manière générale des effets dévastateurs au plan moral : « Nouvelle-Orléans, ville de commerce et d’esclavage, toutes les traites ont cours dans tes murs ; la prostitution et l’assassinat sont ton état normal »16. Il n’a pas de mots assez violents pour dénoncer la formidable hypocrisie de ceux qui n’hésitent pas à mettre en avant la prétendue sauvagerie des Noirs importés d’Afrique pour leur « inoculer que des préjugés et des vices » et ainsi justifier l’esclavage.
18C’est donc avec une certaine gourmandise et une dureté inouïe que Déjacque s’en prend à la religion, dont l’omniprésence est particulièrement criante et choquante pour ce qui le concerne, et qu’il juge coupable de cultiver l’obscurantisme des masses (même s’il réserve ses critiques aux seuls catholiques) : « Tu as des chaires d’éloquence sacrée […] d’où les tonsurés s’abattent en coassant sur les foules-charognes, sur les intelligences-cadavres »17.
19Autre conséquence qu’il souligne avec consternation, l’inculture crasse qui règne dans cette partie des États-Unis. Bien que la ville puisse se targuer d’avoir le plus bel opéra de toute l’Amérique, « nulle part on ne trouverait quelqu’un qui sût parler de science ou d’art »18.
20Les femmes elles-mêmes ne sont pas épargnées. Du fait de la triste condition qui est leur lot quotidien et qui fait d’elles des quasi-prostituées, elles n’hésitent pas à se venger sur leurs domestiques noires : « Ô femmes, femmes ! C’est pour vous surtout que l’esclavage c’est l’assassinat !… »19.
21Plus généralement et sans doute pour des raisons très différentes, Déjacque partage au moins partiellement le dégoût de nombreux voyageurs, choqués de découvrir en arrivant à La Nouvelle-Orléans certains « particularismes » locaux qui heurtent leur bonne conscience – souvent bien plus en ce qui les concerne, que les horreurs liées à l’esclavage – et qui sont prêts du coup à vouer aux feux éternels de l’enfer cette Babylone du Sud qui a victorieusement résisté à toutes les tentatives de lui imposer une culture anglo-saxonne puritaine à l’excès en préservant son héritage et ses habitudes, sa musique, son folklore, sa cuisine, sa langue, et même ses propres lois20. Ils sont outrés par la semaine de célébrations festives et de débauche autour du Mardi gras et du célèbre carnaval, par l’omniprésence de pratiques religieuses mystérieuses de type vaudou importées de Haïti et de Saint-Domingue – alors que la population blanche locale qui s’attroupe le dimanche à Congo Square pour regarder les esclaves danser la cabinda et la bamboula au son du banjo, des tambours et des marimbulas, a tendance à y voir un spectacle distrayant21 – ou encore par une promiscuité sexuelle ouvertement revendiquée entre Blancs et gens de couleur22. Il est en effet de notoriété publique que les aristocrates sudistes enrichis n’hésitent pas à afficher leur liaison avec leur élégante maîtresse quarteronne, littéralement achetée à l’occasion de bals somptueux donnés au légendaire Orleans Ballroom23 – bals qui ne sont rien d’autre qu’un gigantesque marché sexuel –, et qu’ils ont « établie » en ville dans une belle maison de style colonial, sans se soucier de l’humiliation que cela peut représenter pour leur épouse désormais ravalée à sa seule fonction reproductrice. Mais dans ce système patriarcal et autoritaire, la « belle du Sud » avait surtout le droit de sourire et de se taire.
22Dépravation, violence, débauche, hypocrisie, ignorance, pour en finir avec « ce petit monde pourri non seulement au moral, mais aussi au physique, depuis des organes de la pensée jusqu’aux organes de la génération »24, Déjacque n’hésite pas dès lors à en appeler « à la main insurgée des noirs, […] [à] la guerre servile », anticipant ainsi de quelques mois la tentative de celui qui deviendra le véritable héros de son panthéon personnel, l’abolitionniste radical John Brown25. Déjacque, qui déplore l’abrutissement des masses prolétariennes immigrées démoralisées et avilis par leur mise en concurrence forcée avec la main-d’œuvre servile, ne voit en effet pas d’autre solution pour en finir avec l’esclavage.
II. Une souffrance personnelle intense
23Il ne fait guère de doute que, pour Déjacque, ce climat de pourrissement général est bien dû à cette « Institution particulière » que le Sud s’apprête à défendre âprement lors d’une guerre civile qui fera quelques années plus tard plus d’un demi-million de victimes. Pour avoir vécu à La Nouvelle-Orléans, il en connaît désormais toutes les bassesses et entend bien les dénoncer : « Ô plate contrée, ton soleil fait éclore bien des reptiles aux morsures empoisonnées, bien des insectes aux dards mortels, fièvres et venins ; mais ton ombre est encore plus redoutable que ton soleil »26. Et si sa critique du système esclavagiste est si impitoyable, c’est qu’elle n’est pas le fait d’un observateur extérieur, affectant d’être neutre ou « objectif ». Elle est aussi l’expression d’une profonde souffrance personnelle.
24Déjacque, que la société créole et l’esclavage écœurent, a souffert dans sa chair et dans son âme des turpitudes de ce système inhumain. Il connaît les effets de la concurrence qui oppose les ouvriers blancs et les esclaves qui sont autorisés à louer leurs services en ville, et la pression à la baisse sur les salaires qui en résulte. Alors que les tensions Nord/Sud sur la question de l’esclavage sont en train de se durcir et que le Sud s’installe dans une forme d’hystérie paranoïaque, lui n’a pas hésité a manifesté publiquement et à plusieurs reprises avec un courage indéniable son opposition à cette institution : ainsi, à l’occasion d’un banquet donné lors de l’ouverture d’un bar de la rue Gravier, il a porté un toast particulièrement osé (et qui lui aurait sans doute valu d’être lynché dans à peu près n’importe quelle autre ville du Sud) : « À l’affranchissement de tous les hommes, noirs ou blancs. À la communion libre et égalitaire des producteurs de tous sexes et de toutes races au banquet social »27. Il en a sans doute payé le prix en se retrouvant encore un peu plus isolé parmi ses congénères blancs. Pour dénoncer la corruption électorale, il a organisé dans les salons d’une beer house la lecture devant quelques amis, d’un pamphlet intitulé La Terreur aux États-Unis, et cela lui a valu l’hostilité des autorités et de l’opinion publique locales. Toutes ses tentatives pour réunir des fonds en vue de la publication de ce texte se sont soldées par des échecs. En outre, le milieu francophone local lui est devenu ouvertement hostile, se gaussant de ce prolétaire et de la radicalité de ses vues politiques28, de ce rimailleur qui a osé s’en prendre à l’idole nationale Béranger au lendemain de sa mort, crime de lèse-majesté impardonnable et non pardonné29. L’année suivante, quand Déjacque lance un appel pour trouver des financements en vue de la publication de L’Humanisphère, c’est un échec. Pire, bien qu’il ait réussi à se créer un petit cercle de sympathisants au nombre desquels figurent notamment le docteur Charles Testut et le libraire Auguste Simon30, il s’estime littéralement trahi par Alexandre Paya, un de chefs de file locaux de l’émigration politique française, qui, libraire-éditeur, a sans doute refusé de le publier31. Il fait dans sa préface pour Les Lazaréennes une allusion transparente à son isolement : « Si les Lazaréennes ont pu continuer à paraître, ce n’est pas grâce aux natifs des bords du Mississippi ou aux natifs des bords de la Garonne, – décadence des Français ou Français de la décadence – mais c’est grâce aux emprunts auxquels il m’a fallu recourir »32.
25Très sévère avec les Français par qui il se sent lâché, ou avec les Irlandais qu’il considère abrutis par le whisky et la religion33, il l’est un peu moins avec les Allemands chez qui il a senti poindre un courant radicalement contestataire – on peut donc penser qu’il n’ignore pas qu’ils ont localement formé, comme dans d’autres villes du Sud ainsi qu’un peu partout aux États-Unis, une organisation paramilitaire d’orientation socialisante et antiesclavagiste qui regroupe 200 hommes armés et entraînés34.
26Dans une sphère plus intime, il y a eu aussi une blessure sentimentale que l’on devine profonde. Ébloui par la beauté et le talent de la chanteuse d’opéra Amelia Patti Stakosch qui est venue se produire à La Nouvelle-Orléans (et qui y revient quelques mois plus tard à l’occasion d’une nouvelle tournée), il en tombe éperdument amoureux en mars 1856 (comme en atteste son poème D’esprit rebelle à malin esprit) et lui dédie des vers enflammés. Mais la belle est mariée et refuse ses avances. Il s’en attriste d’abord, puis en conçoit un violent ressentiment, s’en prend au mari imprésario, puis, de dépit, à la femme adulée qu’il accuse quasiment de se prostituer et de s’avilir pour servir ses propres intérêts. Toute cette affaire étant devenue de notoriété publique, son attitude est férocement brocardée par un concitoyen trop heureux de pouvoir lui régler son compte politiquement tout en le renvoyant à sa condition de vil prolétaire et en lui faisant payer sa critique à l’égard de Béranger :
Un homme, (soi-disant) et se croyant modèle
S’était permis d’aimer une femme fidèle ;
L’artiste épouse et mère, aimait son digne époux
Et chassa ce galant rampant à ses genoux.
Le galant persista, mais le cœur de la femme
Qui connaît la distance entre… amour… et infâme
S’arma de son mari qui chassa cet amant…
Pardon… Républicain… ce manant
Et l’envoya coller ses papiers, sa peinture
Et la dame resta fidèle, aimante et pure.
Que fit notre amoureux, notre républicain,
Notre dicteur de lois, monsieur Déjacque enfin ?
Il cria par vengeance, et contre cette dame,
Qui prouva de l’amour, de la pudeur, de l’âme
Un livre mensonger et dont le titre affreux35
Prouve que son auteur est un lâche odieux36.
27Au dépit amoureux de Déjacque s’est alors ajouté le sentiment déstabilisant d’être devenu la risée d’une partie de la communauté francophone. Peut-être éprouve-t-il aussi un certain malaise lié à l’ambiguïté sa propre situation puisqu’il fait certes partie du camp des défavorisés – socialement et linguistiquement parlant – mais reste membre de la minorité blanche favorisée et profite indirectement de la richesse découlant en dernière analyse de l’exploitation des esclaves – ce qui lui permet par exemple d’aller à l’opéra entendre sa belle.
28D’une manière générale donc, pour Déjacque La Nouvelle-Orléans a fini par incarner toutes les formes imaginables de dépravation et de perversion avec bien sûr comme clef de voûte l’esclavage, devenant même au-delà le symptôme paroxystique d’une dégénérescence qui frappe la société « civilisée » américaine dans son ensemble : « Est-ce à dire que tu sois unique en ton genre aux États-Unis ? Loin de là. Toutes les villes des divers États sud et nord te ressemblent. Tu n’en es que le spécimen »37. Bien qu’il ne le dise pas explicitement, le choix qu’il a fait d’aller s’y installer, sans doute motivé au départ par l’espérance d’être plus facilement audible dans une grande ville partiellement francophone après avoir échoué à se faire entendre à New York, lui apparaît rétrospectivement avoir été une grave erreur. Il s’est en fait totalement fourvoyé en se jetant dans la gueule du loup et le prix à payer a été terrible pour lui, y compris parce qu’il s’est conclu sur un très fort sentiment d’échec personnel – jusques et y compris sur le plan sentimental. C’est donc avec ce sentiment accablant que Déjacque a définitivement tourné le dos à la Ville Croissant.
III. Penser l’avenir à partir du réel
29Toutefois, l’article dans lequel il exprime tout l’écœurement ressenti devant les turpitudes affectant cette métropole louisianaise dont il s’est enfui ne se limite pas à cela. Commençant, on l’a dit, par peindre une image extrêmement sombre de cette ville, il se focalise ensuite sur un point spécifique, celui de la délégation de l’autorité, dans laquelle il veut voir la source de l’extrême corruption de la démocratie – « J’ai vu ses notabilités gouvernementales sortir de l’urne comme le serpent de sa vieille peau, et revêtir les titres qui leur donnent le pouvoir de trafiquer de la justice et de l’administration »38 –, avant de mettre en avant une possible solution à travers l’institution de la législation directe et la réunion des bonnes volontés pour instaurer une société d’assurance mutuelle contre la violence garante de liberté et d’égalité pour tous.
30Plus que la teneur de l’argumentation développée – examinée ailleurs dans ce volume –, c’est la manière dont il procède dans son raisonnement qui s’avère ici intéressante. On assiste en effet à un retournement dialectique qui permet à l’auteur de passer du mal absolu à une proposition susceptible de guérir cette plaie sociale purulente. Cet article nous donne en fait concrètement à voir comment Déjacque fonctionne intellectuellement dans sa confrontation au réel, comment d’un mal il peut faire surgir un bien.
31En élargissant la focale, on est du coup conduit à penser que la vision la société future dont il expose les contours dans L’Humanisphère est en fait d’abord pour lui le double inversé de la société totalement corrompue telle qu’il a pu l’observer durant son séjour à La Nouvelle-Orléans. Ou, pour le dire autrement, la ville monstre a enfanté d’une cité idéale. C’est d’ailleurs ce que Déjacque laisse lui-même entendre dans la première phrase de L’Humanisphère : « Ce livre n’est point une œuvre littéraire, c’est une œuvre infernale, le cri d’un esclave rebelle »39.
32Il est vrai que dans L’Humanisphère, qu’il situe en fait à Paris, Déjacque fait peu de références explicites aux États-Unis (sauf quand il évoque à la fin de son texte la socialisation de l’Amérique comme apothéose de l’anarchie) ou à l’esclavage (sauf quand il compare les machines chargées des besognes les plus grossières à des « négresses de fer […] esclaves aux mille bras »), et moins encore à La Nouvelle-Orléans (sauf peut-être implicitement quand il évoque les maladies causées par « la pestilence et le cloaque »). Mais l’organisation sociale anarchique qu’il appelle de ses vœux est bien l’antithèse de l’enfer qu’il vient de fuir. À La Nouvelle-Orléans, « centre d’iniquités », il oppose les habitants de sa cité future qui, « ne voulant pas être esclaves […] ne veulent pas de maîtres ». À cette ville dont « l’administration […] est un encan » et qui a « tous les vices des sauvages et des civilisés », il oppose une société où « les produits du travail seront du domaine public » et dont les habitants « voulant le bien pour eux, […] font le bien pour les autres ». Aux « rues de puanteurs et d’horreurs » exhibant des « plaies purulentes de concussion ou de prostitution » s’est substituée une cité dont « l’architecture semble avoir modelé dans les plis de leur robe structurale toutes les ondulations de la grâce, toutes les courbes de la beauté » et où « il n’y a ni divinité ni papauté, ni royauté ni dieux, ni rois ni prêtres ». Fini aussi la ville où « l’enfance […] est précoce en débauches de toutes sortes » ; au sein du phalanstère désormais, tous les enfants « se grandissent à l’envi par cette instruction mutuelle, car tous ont l’orgueilleuse ambition de se distinguer également dans leurs divers travaux ». Fini de même cette ville où la « population [est] au-dessous du niveau de la brute » et où « la prostitution et l’assassinat sont [l’]état normal » ; car « aujourd’hui que les travaux des générations ont formé, d’étage en étage et d’arcade en arcade, ce gigantesque aqueduc qui verse sur le monde actuel des flots de sciences et de lumières », « dans le monde anarchique, on détourner [a] la vue avec rougeur et dégoût de cette prostitution et de ces obscénités ». Si La Nouvelle-Orléans était en un mot pour Déjacque l’« égo[û]t de toutes les difformités morales », pour les habitants d’humanisphère « la sympathie, l’amour, les plaisirs et les joies répondent aux battements de leur cœur, aux pulsations de leur cerveau, aux coups de marteau de leur bras ». On pourrait multiplier ainsi les exemples. Mais en résumé, si l’on met en regard les mots et les valeurs susceptibles de caractériser sa société idéale – douceur, bonté, harmonie, liberté, respect mutuel, confort, beauté, parfums exquis, justice, plaisir de travailler, félicité universelle etc. – avec la peinture qu’il brosse de La Nouvelle-Orléans, on voit bien que son humanisphère (par ailleurs défini par lui comme le « renversement de la société civilisée »40) est l’exact opposé de la société dans laquelle il vit alors même qu’il est en train de rédiger la version finale de son texte. Il le dit à sa façon dans la préface de L’Humanisphère : « J’habite les gouffres de la société. J’y ai puisé des pensées révolutionnaires, et je les ai épanchées au dehors en déchirant les ténèbres »41. De la même façon que « c’est de la putréfaction que surgira la vie nouvelle, la société régénérée », sans doute a-t-il eu besoin de se trouver confronté à La Nouvelle-Orléans à ce qu’il considère comme l’incarnation du mal absolu, pour parvenir à donner définitivement forme à un projet de société dont il avait certes déjà les lignes de force en tête avant d’y arriver.
33Au final, il apparaît donc qu’après celui des journées de juin 1848, son séjour en Louisiane a été pour Déjacque un deuxième grand traumatisme. Traumatisme certes fécond, puisqu’il l’aura aidé à aller plus loin dans sa radicalisation et sa vision de l’avenir, mais traumatisme quand même, renforcé par un très fort sentiment d’échec personnel. Reste dès lors cette ultime question, à laquelle personne sans doute ne pourra jamais répondre de manière définitive : se pourrait-il que l’intense souffrance ayant résulté de l’impression qui a été la sienne en Louisiane de se heurter constamment à des murs invisibles – car c’est bien de lui-même qu’il parle quand il écrit en mai 1857 : « Il faudrait, je le crois, avoir senti ses passions personnelles se heurter à tous les angles de la société »42 – ait pu contribuer à le pousser un peu plus loin sur la pente qui finit par l’emmener vers les abîmes de la folie ? En somme, Déjacque a peut-être tristement vérifié à ses dépens cet adage américain bien connu : « You might leave New Orleans, but New Orleans never leaves you »43.
Notes de bas de page
1 Sur la section de la Montagne et la Société de la République universelle, voir Cordillot Michel, 2013, Utopistes et exilés du Nouveau Monde. Des Français aux États-Unis de 1848 à la Commune, Paris, Vendémiaire.
2 Déjacque Joseph, 1858 (16 juillet), « La Nouvelle-Orléans », Le Libertaire, n° 3.
3 Il est de ce point de vue frappant de constater à quel point la vision sombre et tourmentée de Déjacque contraste avec celle du géographe Élisée Reclus, infiniment plus distanciée, même si lui non plus ne cache rien des vices de la société américaine. Cf. Reclus Élisée, 1860 (1er semestre), « Fragment d’un voyage à La Nouvelle-Orléans, 1855 », Le Tour du monde, p. 189-192 ; sur Reclus, voir Creagh Ronald, 2013, Élisée Reclus et les États-Unis, Paris, Noir et Rouge.
4 Déjacque Joseph, « La Nouvelle-Orléans », art. cit.
5 Ibid.
6 Eaton Clement, 1963, The Growth of Southern Civilization, 1790-1860, New York, Harper Torchbook, p. 55.
7 Très précisément 9 900 en 1850 et 10 700 en 1860 (US Census).
8 Marler Scott P., 2013, The Merchants' Capital: New Orleans and the Political Economy of the Nineteenth-Century South, Cambridge, Cambridge University Press.
9 Miller Randall, 1988, « Immigration through the Port of New Orleans: A Comment », in Stolarik M. Mark (dir.), Forgotten Doors: The Other Ports of Entry to the United States, Philadephie, Balch Institute Press, p. 125-142.
10 Aptheker Herbert, 1952, American Negro Slave revolts, New York, International Publishers, p. 343-344 ; Berlin Ira, 1976, Slaves Without Masters. The Free Negro in the Antebellum South, New York, Vintage book, p. 172.
11 Déjacque Joseph, « La Nouvelle-Orléans », art. cit.
12 Ibid.
13 Ibid.
14 Ibid.
15 Reclus le confirme : cf. Reclus Élisée, « Fragment d’un voyage à La Nouvelle-Orléans », art. cit., p. 191, col. 1.
16 Déjacque Joseph, « La Nouvelle-Orléans », art. cit.
17 Ibid.
18 Ibid.
19 Ibid.
20 Elle a gardé (encore jusqu’à aujourd’hui) un code civil calqué sur le Code Napoléon.
21 Hunt Alfred N., 1988, Haiti’s Influence on Antebellum America: Slumbering Volcano in the Caribbean, Baton Rouge, Louisiana University Press, p. 77, 80 et 81. Voir également les journaux de La Nouvelle-Orléans : The New Orleans Bee, 25 juillet 1851, 15 octobre 1860 ; Daily Picayune, 1er juillet 1850 ; The Daily True Delta, 3 novembre 1854.
22 Voir Winters Liza Ze, 2016, The Mulatta Concubine: Terror, Intimacy, Freedom, and Desire in the Black Transatlantic, Athens, The University of Georgia Press.
23 Aujourd’hui rebaptisé Bourbon Orleans Hotel.
24 Déjacque Joseph, « La Nouvelle-Orléans », art. cit.
25 Il est en 1859 avec plusieurs de ses fils à l’origine d'une tentative de soulèvement armé généralisé des esclaves à Harpers Ferry (Virginie). Arrêté, il est condamné à mort et exécuté.
26 Déjacque Joseph, « La Nouvelle-Orléans », art. cit.
27 Ibid.
28 « Parmi tous ces bavards qui chantent République, / Déjacque badigeonne une idée anarchique ; / Il exploite le mot, le barbouille en tous lieux / Comme s’il n’était pas un soleil dans les cieux / Pour éclairer le peuple et lui faire comprendre / Qu’il n’est qu’un imposteur et un judas à pendre ». Ce passage est extrait de la brochure intitulée Déjacque à son pilori, satire suivie de : Honneur au génie, hommage à la mémoire de Béranger (en vente chez l’auteur rue Hôpital, n° 40 et chez tous les libraires), qu’un certain Amand Berthelon originaire de Troyes, républicain modéré et partisan déclaré de Cavaignac, fait paraître le 1er janvier 1858 à La Nouvelle-Orléans où il est installé. Le seul exemplaire de cette publication connu en France se trouve à la médiathèque du Grand Troyes (cote : Cab. Loc. 4° 20610).
29 Cela lui vaut la réponse cinglante déjà mentionnée de Berthelon. Dans l’Hexagone, la feuille Le Napoléonien applaudit : « Si nous signalons cette publication aujourd’hui, c’est pour féliciter M. Berthelon de la loyale action qu’il a faite en prenant en main une cause qui est celle de la France » (14 avril 1859).
30 Voir leur biographie sur le site http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/ et dans Cordillot Michel (dir.), 2002, La Sociale en Amérique : dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis, 1848-1922, Paris, Éditions de l’Atelier.
31 Déjacque Joseph, 1857, Les Lazaréennes. Fables et chansons, poésies sociales, La Nouvelle-Orléans, Lamarre, p. vi. Installé comme libraire-éditeur à La Nouvelle-Orléans au 56, rue Chartres depuis 1841, Alexandre Paya, né le 11 mars 1805 à Gimont (Gers), était le frère de Charles Paya, rédacteur-fondateur de L’Émancipation de Toulouse. De sensibilité démoc-soc, il était en 1855 dépositaire de L’Homme que Charles Ribeyrolles publiait alors à Jersey. Il mourut vraisemblablement en France en 1877.
32 Déjacque Joseph, Les Lazaréennes, op. cit., p. v-vi.
33 Il en arrive à développer à leur encontre une véritable haine, comme en témoignent ces phrases terribles parues dans Le Libertaire : « […] ces horribles faces irlandaises, ces hommes, ces femmes, ces enfants qui n’ont rien d’humain, et qui cependant jouissent du titre de libres citoyens, – opprobre de la république, esclaves de la Foi, et que le pasteur de l’Église romaine mène à coups de goupillon sur le sentier du crétinisme » (n° 27, 4 février 1861).
34 Cordillot Michel, 1987 (avril-juin), « Aux origines du socialisme dans le sud des États-Unis : les immigrés allemands dans les États esclavagistes, 1848-1865 », Le Mouvement social, n° 139, p. 51-75 ; Ueberhorst Horst, 1978, Turner unterm Sternen Banner. Der Kampf der deutsch-amerikanischen Turner für Einheit, Freiheit und soziale Gerechtigkeit, Munich, Heinz Moos Verlag.
35 La Femme artiste et le Mari homme-entretenu. Éthopée anticivilitique (note d’Amand Berthelon). Aucune trace de cette publication n’a pu être retrouvée ; à noter toutefois que parut postérieurement dans Le Libertaire, n° 3 (16 juillet 1858) un poème portant ce titre, dont son auteur prend toutefois la précaution de préciser qu’il ne fait pas référence à des personnes précises.
36 Berthelon Amand, Déjacque à son pilori, op. cit., p. 7.
37 Déjacque Joseph, « La Nouvelle-Orléans », art. cit.
38 Ibid.
39 Ibid.
40 Déjacque Joseph, 1858 (9 juin), « De quoi vous plaignez-vous ? », Le Libertaire, n° 1.
41 Ibid.
42 De l’être-humain mâle et femelle, op. cit., p. 3. Référence complète ?
43 « Vous pouvez quitter La Nouvelle-Orléans, mais La Nouvelle-Orléans ne vous quittera jamais ».
Auteur
Michel Cordillot est professeur émérite d’histoire américaine à l’université Paris 8. Il est l’auteur de La Sociale et Amérique. Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis, 1848-1922 (Paris, Éditions de l’Atelier, 2002). Il coordonne actuellement la préparation d’un ouvrage collectif sur la Commune de Paris dans le cadre du Maitron.
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