La Symbolique de l'Eau dans le Conte de Cupidon et Psyché
p. 13-28
Texte intégral
1Il était une fois une fille de roi divinement belle, dont aucun prétendant ne demandait la main, mais à qui on venait de partout rendre des hommages. Vénus, la déesse "née du sein azuré des mers" (IV, 28, 4) en conçut une colère vengeresse. Elle dépêche son fils Cupidon pour punir la belle et la vouer à un horrible monstre. Mais Psyché se retrouve sur un "gazon humide de rosée" (V, 1, 1), au bord d'une "source à l'onde transparente comme du cristal" (V, 1, 2). Dans le palais merveilleux qui s’ouvre devant elle, un bain la réconforte (V, 3, 1) avant l'arrivée d'un ténébreux mari. Ses sœurs la rejoignent "en Traversant la mer" (V, 12, 3) et la persuadent que son invisible mari n'est autre qu'un "monstre nageant dans les eaux du fleuve le plus proche" (V, 17, 4). Elle veut alors le tuer, il se réveille et s'enfuit. Désespérée, Psyché tente de se suicider en se jetant dans le fleuve (V, 25, 2). Elle se rend finalement à Vénus qui lui inflige quatre épreuves dont les trois dernières ont un rapport direct avec l'eau ; pour la seconde, "du sein même du fleuve, un vert roseau" (VI, 12, 1) lui dispense ses conseils ; pour la troisième, il lui faut puiser de l'eau des Enfers (VI, 13, 4) ; la quatrième la conduit "au fleuve de la mort auquel est préposé Charon" (VI, 18, 5). Sans être l’élément narratif essentiel, l'eau joue un rôle dynamique déterminant dans le Conte de Cupidon et Psyché. On dira peut-être que les incohérences qui veulent que les sœurs traversent la mer pour arriver à Psyché, alors que celle-ci, pour les rejoindre, parcourt les terres (V, 28, 1) ressortissent de la nature du genre, mais les études récentes sur le conte et sur l'imaginaire ont mis en lumière la cohérence de l'univers merveilleux, qu'il soit lié au rêve ou à l’imagination.
2Depuis G. Bachelard et sa loi des quatre éléments, classant les diverses imaginations matérielles suivant qu’elles s'attachent au feu, à l'air, à l'eau ou à la terre1, on sait qu'une œuvre écrite trouve dans l'élément matériel qu'elle privilégie sa propre substance et sa poétique spécifique et que l'eau "élément plus féminin... plus constant... symbolise avec des forces humaines plus cachées, plus simples, plus simplifiantes" que le feu. "C'est l'imagination matérielle qui rend raison de la cohérence des images", observe l'auteur de L'Eau et les Rêves (p. 79) avant de nous entraîner dans la "psychologie des métaphores étonnamment diverses et multiples de l'eau" (p. 188). Depuis ces travaux, Les Structures anthropologiques de l'Imaginaire (Paris, 1963) de G. Durand ont affiné l'analyse en introduisant la méthode "mythocritique" qui cherche, à travers un texte, les mythes inspirateurs aptes à éclairer certaines démarches du récit que n'éclairent pas les explications traditionnelles par les sciences sociales.
3Quoiqu'elle n'ait pas été étudiée globalement en tant que telle, la symbolique de l'eau transparaît dans les œuvres de l'antiquité. Elle a été relevée dans des études générales où elle est venue confirmer d'autres analyses. Le rôle de l'eau dans l'Énéide a été examiné par J. Thomas2 qui subordonne ses différentes manifestations dans l'épopée virgilienne au dessein général de l'œuvre et à la psychologie intime de l'auteur. Ph. Heuzé a consacré plusieurs pages à la symbolique des larmes dans son étude sur l'Image du Corps dans l'œuvre de Virgile3.
4Avec Cupidon et Psyché, nous sommes dans un récit intemporel qui suit apparemment les lois de la fantaisie, mais qui, en réalité, exprime l'histoire de la conquête de soi. Dans cette conquête, l’eau concourt à situer les principaux personnages : elle campe, avec la mer, un monde féminin archaïque en face de la terre, élément féminin maîtrisé par les hommes ; eau douce, elle apaise Psyché, eau noire des Enfers, elle la glace ; sous ces trois aspects, elle concentre des images, suggère des sensations et à travers ses rapports avec les autres éléments, oriente la prise de conscience de soi.
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5Pour l'archétypologie générale et pour C. G. Jung4, la mer est un symbole féminin de renaissance ; la plongée et la renaissance journalière du soleil en elle explique originellement ce symbolisme. Pourtant les écrivains latins, contrairement aux poètes grecs, mais à l'exemple d'Homère, éprouvent une réelle aversion pour la mer, bien étudiée par E. de Saint-Denis5. Chez Virgile, elle est un obstacle à l'action héroïque ; ses lames deviennent autant de tourbillons de mort et les images d'anxiété sont souvent liées à la mer : lorsque les ténèbres tombent sur la mer, lors de la tempête du premier livre de l'Énéide, les compagnons d'Énée se sentent vraiment perdus ; ballottés sur un élément hostile, ils sont étreints par l'angoisse de la noyade. L'aventure de Palinure, au chant V, 854-860, est au centre même de cette thématique, à laquelle est associée la hantise de l'aveuglement et de la glissade. Sans doute faut-il voir dans cette peur de la noyade la crainte de l'absorption au sein d'une Nature sauvage et toute-puissante, qui digère en quelque sorte sa proie. L'image du tourbillon, qui accompagne souvent la tempête, confirme le rapprochement. Il n'existe qu'un endroit où l'Océan prend un visage riant, c'est la calanque, le port. Bref, l'imagerie virgilienne de la mer coïncide parfaitement avec le diagnostic de G. Bachelard : "Que l'eau de mer soit une eau inhumaine, qu'elle manque au premier devoir de tout élément révéré, qui est de servir directement les hommes, c'est là un fait que les mythologues ont trop oublié6 " Ainsi quand il parle des affrontements humains, le poète de la campagne emprunte ses images et son vocabulaire au désordre furieux de la mer.
6Dans le Conte d'Apulée, la mer, c'est l'élément de Vénus (IV, 28, 4 ; 31, 4), "née du sein azuré des mers et formée de la rosée des vagues écumeuses" ; elle est présentée comme la Déesse-Mère de la Nature (IV, 30, 1), dont la mer symbolise l'inconscient collectif féminin pour qui l'amour équivaut à sensualité et maternité. C'est bien ainsi que se définit la déesse quand elle menace Cupidon de "mettre au monde un autre fils beaucoup meilleur" que lui (V, 29, 3) et qu'elle l'accuse de la "déshabiller chaque jour" (V, 30,1), cependant que son départ, aux dires de la mouette, fait fuir "volupté, grâce et enjouement" (non uoluptas ulla non gratia non lepos : V, 28, 5).
7Cette vision conventionnelle se particularise si l'on examine les images et les détails descriptifs avec lesquels Apulée dépeint la mer d'où émerge Vénus. Elle n'est jamais, comme chez Virgile, secouée par la tempête, mais au contraire étincelante, uibrans (IV, 31,4), et écumeuse, ros spumantium fluctuum (V, 28, 4), notations qui évoquent la séduction, la lumière, mais aussi la mobilité. De fait, dans la première partie du Conte, Vénus ne cesse de courir de la terre à la mer, de la mer à l'Olympe. Paradoxalement, ses colères éclatent hors de la mer (V, 29, 1), puis, nul sur terre ne voulant lui prêter main forte, l'y ramènent (V, 31,7) : "indignée de voir prendre en plaisanterie les affronts qu'elle a reçus, Vénus tourne le dos et part de son côté, en reprenant d'un pas rapide le chemin de la mer". Entre-temps, elle s'est déchaînée contre son fils en propos vulgaires, parce qu'il lui a désobéi. Elle a, en effet, une conception autoritaire de la maternité et ne songe qu'à châtier le fautif (V, 30, 4). Avec Psyché, elle se comporte même avec cruauté, mettant ses vêtements en pièces et lui arrachant les cheveux (VI, 10, 1). Elle la maltraite, la charge d'épreuves insurmontables, l'insulte, conformément aux comportements féminins archétypaux qui se caractérisent par une perception guidée par l'affectivité et donnent lieu à des réactions irraisonnées. À voir ses missions remplies, elle redouble de dureté (VI, 16, 1), multiplie les menaces qu’elle accompagne d'un sourire infernal, puis oubliant soudain toute sa rancœur devant la décision de Jupiter, accueille Psyché en dansant gracieusement au son d'une douce musique (VI, 24, 3). Cérès et Junon lui reprochent son inflexibilité (V, 31, 3), à laquelle elles objectent les droits de la virilité : an ignoras eum masculum et iuuenem esse ? (V, 31,4), délimitant ainsi, selon un schéma archaïque, des zones réservées au monde féminin et au monde masculin. Entêtée, puis inconséquente, telle est, conformément à la peinture que trace déjà de la mer un poète archaïque comme Simonide d'Amorgos (II, 27-42, frg. 7 dans IBG)7, la capricieuse et fascinante Vénus, née des flots. Mais ce ne sont ni des images ni des descriptions marines qui alimentent le symbolisme négatif de la Déesse-Mère chez Apulée.
8Né à Madaure, à la limite de l'erg, sur les hauts plateaux de Numidie écrasés de soleil, Apulée a, pour la mer, l'attirance de l'inconnu ; alors qu'en voyage vers Alexandrie, il est logé chez des amis, il accepte de déménager chez son ancien condisciple Pontianus, parce que sa propriété a vue sur la mer qu'il aime par-dessus tout (Apologie, 72, 6). Comme pour garder à la mer sa séduction et ignorer ses fureurs, Apulée traduit la colère de Vénus en liaison avec le feu, élément mâle symbole de violence : son cœur brûle, ardens (V, 31,2), elle est pleine de fureur, furens. Après l'échec de ses poursuites terrestres (VI, 6, 1), qui soulignent l'incompatibilité entre la féminité telle que l'incarne Vénus et celle, terrestre de Psyché, "elle se dispose à monter au ciel" solliciter l'autre élément mâle qu'est l'air. De blanches colombes et des moineaux pépillants accompagnent son ascension ; les nuages s'ouvrent (VI, 6, 4) et "l'éther accueille avec joie l'immortelle". Mercure se met en quête de Psyché en promettant à celui qui la dénoncera "sept doux baisers, plus un du fin bout de la langue, un pur miel celui-là" (VI, 8, 3), mettant ainsi en avant les délices de la sensualité attachées à la déesse. Apulée précise alors que ni les aigles ni les éperviers rapaces ne causent d'effroi à la suite chantante de la grande Vénus, c'est-à-dire que sa séduction, par l'intermédiaire de la musique, la partie la plus féminine de l'élément aérien, s'est concilié le masculin, si sauvage fût-il, puisque représenté par les aigles et les éperviers, oiseaux prédateurs.
9Son monde se colore de bleu marine, (IV, 28, 4), de bleu azur, du blanc de la mouette, peralba (V, 28, 2) et de l'éclat des colombes, candidae (VI, 6, 2). Le bleu entre dans la chromatique habituelle de la mer ; en revanche le blanc est symbole traditionnel de pureté, associé aux images de Révélation, comme le note le Dictionnaire des Symboles, 1.1, pp. 203-207, cependant que l'éclat évoque plus la lumière que la couleur et convient généralement à une déesse. Le rôle de commère rapporteuse que joue la mouette (V, 28, 2), "l'oiseau blanc, qui rase la surface des flots et plonge, rapide, dans le sein profond de l'Océan" et qui lui conte son déshonneur, en contrariant le symbolisme conventionnel, introduit l'idée d'une fausse révélation, par la même occasion, d'une fausse pureté. Se trouve ainsi fragilisée la vision d'un univers vénusien parfaitement harmonieux.
10Les sœurs de Psyché appartiennent au même élément, à la mer : elles la traversent à plusieurs reprises quand elles vont lui rendre visite, en V, 12, 3 ; 14, 1 ; 21, 2 ; 27, 1. Or Apulée les qualifie de perfidae lupulae (V, 11, 4), de taeterrimae Furiae (V, 12,3), de pessimae lamiae (V, 11,5), enfin feminae (V, 12,6) et sexus infestus (V, 12,4), tous termes qui les renvoient à un état primitif, à des structures sociales archaïques où la féminité est violence et déchaînement de forces instinctives. Elles sont aussi comparées à des Sirènes (V, 12, 6) dont la tragique duplicité est célèbre. Comme la colère de Vénus, leur jalousie se traduit à travers les métaphores du feu : elles brûlent du fiel de l'envie, inuidiae felle fragrantes (V, 9, 1), elles sont "enflammées", inflammatae (V, 17, 1). Psyché les connaît bien, qui leur offre un bain aux chaudes vapeurs (V, 15, 1), par opposition à l'eau claire et transparente du parc du Palais. Leur attitude correspond si profondément aux préjugés archaïques que l'une d'elles n'hésite pas à avouer : "je veux n'être pas femme et ne respirer point si je ne la précipite d'une si haute fortune" (V, 10, 6).
11Comme Vénus encore, elles recourent à la complicité de l'air pour réaliser leur forfait, mais Zéphyr obéit en réalité à Cupidon (V, 7, 4 ; 14,2 ; 17,1), puis à Psyché, et il les laissera s'écraser au bas du rocher quand elles oseront provoquer sa bonne volonté (V, 27, 2-5).
12Si Vénus représente l'archétype de la mère archaïque, elles incarnent, elles, la tradition familiale. Le mot "sœur" revient sans cesse dans l'épisode où elles interviennent (V, 6, 8 ; 7, 1 ; 7,2 ; 9,1 ; 9,5 ; 10,9 ; 11,2 ; 12,4 ; 14,1 ; 14,3 ; 15, 1 ; 18, 3 ; 19, 1 ; 19, 5) relayé par des expressions aussi peu équivoques que "filles d’un même père et d'une même mère" (V, 9, 2) ou "des adversaires de ton sexe, un ennemi de ton sang" (V, 12,4) "qui foulent aux pieds les liens du sang" (V, 12, 6), "couple fraternel conjuré et ligué" (V, 14, 1 ; 20, 1). À ce titre, il leur appartient de mettre en garde Psyché contre les tentations d'une féminité conciliante avec le masculin. Elles font donc nager dans l'eau douce où se complaît Psyché un monstre prêt à la dévorer.
13Dans son "extrême simplicité", simplicitas nimia (V, 15, 4), Psyché ignore le double langage et lorsqu'elle se laisse fléchir par les arguments de ses sœurs, c'est-à-dire lorsqu'elle rejoint les préjugés ancestraux, le chagrin l'agite "comme une mer aux flots bouillonnants" (V, 21,3), autrement dit déferlent en elle les forces instinctives qu'elle avait jusque-là jugulées et l'image de la mer, force incoercible et incontrôlée traduit son état d'âme. Comparaison raisonnée ou cliché ? Il semble bien qu'Apulée, nourri d'Homère et de Virgile, ait cédé ici à une imagerie traditionnelle, largement utilisée pour traduire le bouillonnement des passions plus qu'à une réaction négative en face de la mer. Toutes les autres notations relatives à la mer insistent, en effet, sur la grâce d’un milieu où évoluent Nymphes et Tritons et dans l'écume duquel se réfugie Vénus, loin des soucis du monde terrestre.
14Tout en se conformant au symbolisme de la mer, archétype de la féminité archaïque, Apulée traite le motif de façon personnelle. En éludant le côté négatif violent, il concentre sur la mer les pouvoirs de séduction et de douceur, rejetant sur le feu ce qui, en Vénus, trahit une incoercible violence. Il n'en reste pas moins que la mer symbolise l'archétype féminin archaïque et son lot de préjugés, même si Apulée réduit ceux-ci à une affectivité irréfléchie qui légitime l'obligation d'obéissance et la séduction.
15G. Bachelard8 associe l'eau douce au rêve de purification, sa fraîcheur suggérant un rêve de rénovation. Il justifie le recours si fréquent à la fontaine par une expérience triviale où se noue le complexe poétique, celle de la toilette matinale : "L'eau fraîche réveille et rajeunit le visage, le visage où l'homme se voit vieillir, où il voudrait tant qu'on ne le voie pas vieillir ! Mais l'eau fraîche ne rajeunit pas tant le visage pour les autres que pour nous-mêmes. Sous le front réveillé s'anime un œil nouveau. L'eau fraîche redonne des flammes au regard. Voilà le principe de l'inversion qui va expliquer la véritable fraîcheur des contemplations de l'eau. C'est ce regard qui est rafraîchi. Si l'on participe vraiment, par l'imagination matérielle, à la substance de l'eau, on projette un regard frais. L'impression de fraîcheur que donne le monde visible est une expression de fraîcheur que l'homme réveillé projette sur les choses" (p. 198).
16Le thème du ruisseau sous les arbres, de la fraîcheur de l'eau qui serpente dans la prairie, depuis l'Odyssée (V, 59-75) et le bocage de Calypso, avec ses aunes, ses peupliers, ses cyprès, ses quatre fontaines et sa prairie émaillée de violettes, a inspiré les descriptions de "paradis" orientaux, par exemple celui de Sardes évoqué par Cicéron dans le De Senectute, 59. Ovide, avec la forêt de Tempé (Met., I, 568-574), et surtout sa description de Gargaphie, asile consacré à Diane (Met., III, 158-159) a fait de ces évocations les composantes préférées des paysages de la poésie romaine. Virgile illustre la signification de ces éléments en réservant une place à l'eau lustrale dans l'univers héroïque et en associant l'univers maternel à l'eau fécondante. Le calme et la limpidité de la surface liquide sont, chez lui, gages d'équilibre et de connaissance sereine. Le lac et l'étang sont des lieux où se vérifient le mieux cet équilibre et cette qualité de l’élément liquide. Le caractère maternel de l'eau douce est généralement souligné par la situation du fleuve ou de la source, du lac ou de l'étang, au milieu des bois, près de grottes et de retraites silencieuses9. Tout symbole étant ambivalent, le poète mantouan juxtapose au calme du lac, le déferlement du torrent : le terme torrens est employé sept fois dans l'Énéide, et toujours dans un contexte négatif10. Les ravages de l'eau ont, en effet, des connotations morales et expriment l'instabilité, le vertige, bref le désordre moral.
17Dans le Conte d'Apulée, l’eau douce est toujours associée à Psyché. Celle-ci est présentée comme "une autre Vénus que des gouttelettes célestes auraient fait germer non plus des flots, mais de la terre" (IV, 28, 4)11. Psyché, qui appartient à la terre (IV, 30, 1-2), résulte de la combinaison de l'eau et de la terre. La psychologie de l'inconscient créateur s'accompagne souvent, selon Bachelard, de la notion de pâte et se traduit en termes de malléabilité et de fluidité. Dans un tel schéma, c'est l'eau qui domine, car c'est elle qui rend l'argile docile. L'influence de l'eau sur Psyché se fait effectivement sentir tout au long de ses aventures. Elle est d'abord sensible à la transparence cristalline (V, 1, 2) de la fontaine du parc de Cupidon. Puis elle dissipe sa fatigue dans un bain (V, 3, 1). La valorisation de la pureté que traduit la notation, de même que la présence de la source et le spectacle du fleuve dont les eaux coulent, sont autant d'indices de ce que Bachelard appelle L'imagination ouverte" (p. 33), c'est-à-dire un état d'esprit propice "aux illusions factices" (p. 29).
18L'attrait trompeur de l'eau est illustré par deux épisodes suicidaires. Le premier se situe après la rupture avec Cupidon. Psyché désespérée se précipite dans le fleuve (V, 25, 1), d'où Pan la dépose sur un gazon fleuri et lui rend le goût de vivre en l'engageant à mériter les faveurs de l'amour. Le courant lui est donc apparu un instant comme la solution à son malheur. Ayant délibérément refusé les ordres de Vénus et honni les conseils de ses sœurs, elle avait opté pour une féminité figurée par l'eau douce. Dans le naufrage de ses espérances, elle veut se fondre avec l'élément qu'elle a choisi. "L'eau mêle ici ses symboles ambivalents de naissance et de mort" comme l'écrit Bachelard (p. 122). "Elle est", dans cette ambivalence, "substance pleine de réminiscences et de rêveries divinatrices". Or chez Apulée, la rencontre avec Pan, divinité dotée de dons divinatoires, associe l'ambivalence de l'eau douce à la sphère du masculin, mais d'un masculin mi-homme, mi-bête qui opère la synthèse du réel et de l'imaginaire. Par ce sauvetage, Psyché pactise en quelque sorte avec un masculin ambigu qui non seulement la sauve de l'"ophélisation" ou volonté de se fondre avec l'eau, mais lui redonne espoir.
19Le deuxième épisode se situe lors de la deuxième épreuve. Vénus envoie Psyché vers un bois "près du fleuve où baignent ses pieds, qui s'étend tout au long de la rive et dont les derniers arbustes dominent la source proche" (VI, 11,4), paysage idyllique où se retrouvent les composantes de la pastorale, mais qui contient les pièges les plus redoutables. Là paissent les brebis du soleil, animaux féroces, dont elle devra rapporter quelques flocons de laine à la déesse. Une seconde fois, Psyché veut se jeter dans le fleuve pour s'y noyer ; du sein même des eaux, "un vert roseau" la prévient alors de ne pas "souiller la sainteté de ses ondes par une mort pitoyable" (VI, 12, 1) et il lui conseille "d'attendre en se cachant sous ce haut platane qui s'abreuve au même cours d'eau que [lui]". Une fois amortie l'ardeur de midi, en effet, le troupeau se repose dans la sérénité des haleines du fleuve (VI, 12, 4) et il sera possible de glaner quelques touffes de laine accrochées aux épines.
20La mort par immersion est qualifiée de miserrima, cependant que les eaux sont dites sanctae, saintes. On peut certes rappeler que les eaux courantes sont sacrées, qu'on leur rend un culte, que la mort étant une souillure, il est sacrilège de s'y jeter pour mourir, mais ce qui mérite l'attention, c'est que ce soit un roseau et non une nymphe, habitante féminine de ces eaux, qui mette Psyché en garde. Or le roseau, dans la mythologie, revêt une signification phallique, illustrée par la coutume de couronner de roseaux verts la tête de Priape et celle de Silène ou de Silvain. Lié ici à l'eau des profondeurs, il apparaît comme le médiateur de l’amour entre masculin et féminin ; quoiqu'il appartienne au monde masculin, il développe ses racines en eau douce, c'est dire qu'il vit en bonne intelligence avec la douceur du Féminin. Être mixte, en quelque sorte, il apparaît comme une sorte d'instinct réfléchi de l'amour. Il indique clairement que l'eau ne saurait servir la mort, qu'il y puise sa vie, preuve de sa vertu positive. Cette seconde tentative de suicide suscite à nouveau la complicité du Masculin, une fois encore d’un Masculin ambigu, puisque lié au Féminin. Bref, dans tous ces exemples, l’eau douce apparaît comme un adjuvant de la quête héroïque avec l'aide d'un complice masculin qui la respecte et la révère.
21À ce stade de l'expérience de Psyché, à un moment où elle a définitivement opté pour une nouvelle forme de féminité, Psyché se voit refusé le recours à cette forme de féminité comme refuge au désespoir, comme moyen de dissolution. Ses sœurs se sont écrasées en bas du rocher sans que Zéphyr daigne les transporter. Psyché, elle, reçoit une aide spontanée du Masculin, parce que l'élément qu’elle a choisi, l'eau douce, a des liens privilégiés avec lui et cette alliance est la condition essentielle de son individuation.
22Pas de torrent, qui, chez Virgile, symbolise la violence déchaînée, pas de reflets sur la surface des ondes, qui, chez Virgile, soulignent l'instabilité de l'élément liquide et les doutes qu'il inspire. L'eau douce, dans le Conte, ne retient qu'un symbolisme positif. Elle désigne une nouvelle féminité, qui s'oppose à l'archétype féminin archaïque de la mer. À la jalousie, à la méchanceté, à la rage de Vénus ou de ses sœurs, elle oppose masculus animus (VI, 5, 3), fortis animus singularisque prudentia (VI, 13, 3). Elle conçoit l'amour comme un échange diurne : c'est le matin qu'elle apparaît à ses admirateurs (IV, 29, 4). Fille de la terre (IV, 30, 1), pour trier l'amas de graines que lui a jetées Vénus, elle reçoit l'aide des fourmis, comme elle, "filles de la terre" (VI, 10, 6), élément stable et sûr. Les agiles bestioles "démêlent grain à grain, séparent, répartissent et groupent par espèces" (VI, 10, 7) témoignant d'un discernement efficace. Lors de la deuxième épreuve, le roseau lui conseille la temperantia pour arriver à ses fins. Elle est sur la voie de la sagesse et l'eau douce avec laquelle elle entretient des relations privilégiées ne sous-tend pas, comme chez Virgile, un symbolisme de régénération, mais une maîtrise de l'instinct qui détermine un changement de nature. Elle annonce le temps où Masculin et Féminin, au lieu de s'affronter, se complètent, l'évocation la plus significative à cet égard étant celle de Cupidon, dieu ailé aux "plumes étincelantes de blancheur, telles des fleurs humides de rosée" (V, 22, 6) ; l'association du feu et de la rosée sur les épaules du dieu de l'Amour, qui, par ailleurs est capable "d'enflammer jusqu'aux ondes" (V, 25, 3) confirme ces conclusions.
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23La violence des eaux est réservée au "noir cours d'eau" des Enfers. Globalement, les évocations des fleuves infernaux n'ont pas une couleur spécifiquement apuléenne, mais semblent puisées dans un répertoire de lieux communs. L'eau noire du Styx apparaît sous une forme à peu près similaire dans toutes les descriptions des Enfers de l'Odyssée (X, 513-515) ou de l'Enéide (II, 135 ; VI, 385-416). Comme Virgile, Apulée l'associe à l'image du Marais12, avec toutes les connotations symboliques afférentes.
"Là se trouve une source sombre : c'est celle du noir cours d'eau, qui, recueilli dans un bassin au creux de la vallée voisine, se déverse dans les marais du Styx et alimente les flots retentissants du Cocyte. Je veux qu'au sommet même où la source jaillit des entrailles de la terre, tu puises de son onde glacée..." (Mét, VI, 13, 4)13.
24Et plus loin :
"Des entrailles même de la pierre, il [le rocher] vomit des eaux repoussantes qui, à peine échappées des cavités aux ouvertures inclinées, dévalaient le long de la pente, se frayaient un chemin par un étroit canal où elles se perdaient et tombaient inaperçues dans la vallée voisine" (VI, 14, 2)14.
25À cette évocation, Apulée associe deux symboles féminins opposés : celui du réceptacle et celui de l'expulsion. Receptaculum, uallis, inclusa, cauati expriment l'idée de giron, d'abri maternel, mais cette quiétude est trompeuse ; les adjectifs ater, fuscus, horridus, les verbes defluere, inrigare, fluere, delabi et surtout euomere et le substantif scaturrigo traduisent non seulement'' la figure de l'irrévocable", comme le constate G. Durand15, mais aussi une violence qui inspire le dégoût. L'eau infernale est par là "constitutive de cet universel archétype, à la fois thériomorphe et aquatique, qu'est le Dragon" pour reprendre les termes de G. Durand. Il s'agit de créer la peur et la répulsion :
"À droite et à gauche, voici que du creux des rochers émergent en rampant et allongeant le cou des dragons sanguinaires dont les yeux, astreints à veiller, ne se ferment jamais" (VI, 14, 4). "... leurs mâchoires sont munies de dents cruelles, entre leurs langues vibre un triple dard" (VI, 15, 5).
26Le dragon concentre tous les schèmes et les archétypes de la bête, de la nuit et de l'eau combinées et les différents folklores grouillent de ces êtres antédiluviens que perpétuent les gargouilles de nos cathédrales, comme si l'imagination de tous les temps construisait à partir des terreurs élémentaires, des dégoûts, des frayeurs, un épouvantail plus réel que la rivière, source imaginaire de toutes les terreurs des ténèbres et des eaux.
27La catabase virgilienne révélait les misères de la mort au terme d'une descente ; comme chez Hésiode16, chez Apulée, la source se trouve au sommet d'une montagne escarpée. Les Enfers commencent en pleine nature. Le détail est capital pour la compréhension du symbolisme apuléen. Énée s'aidait de sa piété pour affronter le monde d'en-bas, Psyché a besoin de courage, fortis animus (VI, 13, 3), pour réaliser cette troisième épreuve, toute hérissée de rochers, saxum immune, inaccessa salebritas, rupis arduus, e faucibus lapidis, angustus canalis, c'est-à-dire de l'élément minéral, symbole du Masculin archétypal. Plusieurs allusions éclairent la signification de ce rocher. Dressé au sommet de la montagne (IV, 35, 2 ; V, 7, 1 ; 12, 6 ; 14, 1 ; 17, 1 ; 21, 2 ; 27, 1 ; 27, 5), il symbolise le masculin instinctif, principe ambivalent de vie et de mort. La mer et le rocher, à la limite du monde divin, suggèrent la Nature brute, le monde de l'instinct sous tous ses aspects. Avec l'eau noire, grondante, vomie par le creux d'un rocher, il y a alliance de toutes les puissances de mort, masculines et féminines. C'est l'aigle, qui habite "les radieux chemins de la voûte céleste", percolens alti culminis diales uias (VI, 15, 2), qui vient en aide à Psyché. Alors que les fourmis de la première épreuve représentaient la terre, le roseau de la deuxième, l'eau douce, l'aigle symbolise l'air, troisième élément qui intervient comme adjuvant de la quête héroïque. On alléguera qu'il n'aurait pu porter secours à Psyché si elle était descendue sous terre, ce qui, sur le plan narratif, est certes une bonne raison pour avoir situé la source des Enfers au-dessus d'un roc escarpé. Qu'on se souvienne de l'exposition de Psyché au monstre auquel elle était dévolue : elle avait eu lieu aussi sur un roc escarpé, in excelsi scopulo (IV, 33, 1). La position haute, dans le Conte, est une position divine : le temple de Junon se dresse sur une hauteur, Jupiter habite le faîte de l'Olympe, Cupidon se réfugie, après la trahison, au sommet d'un cyprès. Le rocher élevé où Psyché est exposée est précisément l'endroit d'où elle sera conduite à Cupidon. L'eau noire qui sourd au sommet de la montagne, de même, est une eau divine et c'est ce caractère qui est souligné par cette localisation. L'aigle le confirme, du reste, quand il rappelle que les eaux stygiennes qualifiées de sanctissimae, "sont redoutées des dieux, même de Jupiter", qui jure par la majesté du Styx (VI, 15,4). Ce que Psyché doit donc rapporter c'est une parcelle de divin, d'un divin aérien, qui associe air et eau, tout comme chez Hésiode, Iris rapporte dans son aiguière d'or, en cas de litige parmi les dieux, l'eau glacée qui tombe du rocher abrupt du Styx (Théog., 785-786) et sur laquelle les dieux prêteront serment. La différence avec la dernière épreuve et la traversée des fleuves infernaux, est là : pour aller chez Proserpine, Psyché doit descendre (VI, 17, 2) ; elle doit d'abord suivre un long couloir, dans les ténèbres, avant d'arriver au fleuve de la mort, ad flumen mortuum (VI, 18, 5). Pas de précision sur la couleur de l'eau, le courant est simplement qualifié de paresseux, pigrum (VI, 18, 8) ; le fleuve n'est perçu ici que comme moyen de passage – le substantif est associé à transmeare et, à deux reprises, à transire – sur lequel vogue la barque de Charon. Cette fois, le fleuve qui coule paresseusement dans les ténèbres s'oppose à "notre ciel avec le chœur des astres" (VI, 19, 7) et à "la blanche lumière de ce monde" (VI, 20, 5), c'est-à-dire qu'il est perçu comme le domaine du non-retour et de la nuit de la mort, d'un calme majestueux semblable à la paresse, contrairement à la source torrentueuse qui symbolise l'instinct, un élan vital furieux, dangereux, mais plein de vie.
28Au Styx et aux Enfers, séjours de tristesse, sont souvent associées les larmes. Les Anciens pleuraient facilement, ils n’avaient pas notre pudeur des larmes. On pleure beaucoup chez Virgile, souvent et abondamment17. Selon G. Bachelard et G. Durand18, "l’eau serait liée aux larmes par un caractère intime, elles seraient l’une et les autres la matière du désespoir". Dans le Conte, Psyché pleure à quatorze reprises19, d’être seule, d’être vouée à un monstre, de peur, de désespoir ; ses parents et ses sœurs pleurent de désespoir20. Ces tristes pleurs interviennent au début de l’aventure ; par la suite, au fur et à mesure que Psyché acquiert une âme plus résolue, elle cesse de pleurer ; "elle essuie ses larmes", devant Junon par exemple (VI, 3, 4) ; enfin, devant les eaux du Styx, "il ne lui reste même plus la consolation des larmes" (VI, 14, 6). Le détail est intéressant parce qu’il fait apparaître le caractère spécifiquement humain des larmes, marques de désespoir certes, mais aussi consolation de ce même désespoir. Dans la mort, aucune consolation n’est possible, la source des larmes est tarie ; si Énée pleure abondamment aux Enfers, c’est précisément qu’il est en vie. Les larmes, si douloureuses soient-elles, appartiennent à la vie, aux vivants.
29Ces observations confirment la spécificité apuléenne de l’eau infernale. Associée à l’air et à la terre dans la troisième épreuve, elle évoque le monde de l’instinct de mort, mais la quatrième épreuve la présente comme le voyage traditionnellement sans retour, et pourtant réversible, si l’on considère la remontée de Psyché à la lumière du jour. Sous les clichés conventionnels, Apulée trace son propre symbolisme, celui de l’initié qui sait que la lumière divine peut tout, même vaincre la mort. Dépouillée de sa symbolique mythologique, l’eau noire et glacée du Styx et de sa source n’apparaît plus que comme un monde instinctif dangereux et complice de la mort, mais maîtrisable.
30La présence de l'eau dans les différents moments de l'aventure de Psyché ne relève donc pas du simple fait narratif. Tributaire d'un imaginaire ancestral qu'elle assume, la symbolique de l'eau y prend aussi des significations particulières, propres à l'auteur et à son projet. Psyché, l'âme humaine, a besoin, pour retrouver sa nature divine, de domestiquer l'humanité en elle. Son individuation passe donc par la maîtrise de l'instinct féminin, puis par l'acquisition d'une certaine sagesse empreinte d'énergie, et se réalise enfin dans la complicité avec les éléments et par la victoire sur la mort. Dans cet itinéraire, elle a d'abord à lutter avec Vénus, la déesse née des flots, qui veut la maintenir en sujétion, puis avec ses sœurs, qui naviguent sur la mer et qui incarnent les préjugés ancestraux relatifs à la condition féminine. Parallèlement, elle rencontre l'eau claire d'une rivière, elle jouit du bienfait d'un bain, confie même son désespoir aux ondes transparentes du fleuve auprès duquel s'ébat le dieu Pan : l'eau douce, pour cette fille de la terre, est un réconfort, une douceur qui entretient les meilleurs rapports avec le Masculin, de plus en plus complice. Psyché y gagne une âme résolue, une sorte d'énergie virile. C'est pourquoi aussi, dans ses épreuves insurmontables, elle reçoit l'aide du Masculin. Elle pleurait sa peine et son désespoir ; l'âme aguerrie, elle peut alors affronter le torrent repoussant de la source du Styx et même les eaux paresseuses du fleuve de la mort, qui représentent les dernières attaques du Féminin ancestral dans ce qu'il comporte d'angoisses irréfléchies. La portée de ce symbolisme est confirmée par l'ultime indiscrétion : au sortir des Enfers, Psyché cède à l'instinct de séduction : elle ouvre le coffret censé contenir le baume de beauté, mais qui recèle en réalité un sommeil de mort ; elle est tirée de sa léthargie par Cupidon en personne, le dieu de lumière, qui "enflamme même les ondes". La divinisation peut alors avoir lieu et on sert le nectar, breuvage bien connu, et qu'Apulée juge néanmoins bon de définir comme le "vin des dieux" (VI, 24, 2).
31De l'eau au vin, tel pourrait être le résumé lapidaire d'une étude qui se proposait de suivre, à travers l'exploitation du thème de l'eau, sous un apparent respect des conventions, l'élaboration d'une symbolique personnelle par laquelle Apulée appuyait son dessein de dresser l'odyssée de la libération de l'âme. En quelque sorte, de Vénus à Dionysos.
Notes de bas de page
1 G. Bachelard, L'Eau et les Rêves, Essai sur l'imagination de la matière, Paris, 1942, pp. 4-6.
2 J. Thomas, Structures de l'Imaginaire dans l'''Énéide", Paris, 1981, p. 76 sq.
3 Ph. Heuzé, L'Image du Corps dans l'œuvre de Virgile, Rome, 1985, pp. 516-540.
4 C. G. Jung, Métamorphoses de l'âme et ses symboles, traduction française par Y. Le Lay, Genève, 1953, ch. "Symboles de la Mère et de la renaissance".
5 Le Rôle de la Mer dans la poésie latine, Paris, 1935.
6 L'Eau et les Rêves, op. cit., p. 206.
7 Voir sur ce thème A. Bonnafé, Poésie, Nature et Sacré, t. II, Maison de l'Orient, Lyon, 1987, p. 82.
8 L'Eau et les Rêves, op. cit., p. 197.
9 Les exemples ont été développés par J. Thomas, Structures de lImaginaire, op. cit,. pp. 95-96.
10 Énéide II, 305 ; VI, 550 ; VII, 567 ; IX, 105 ; X, 114, 363, 603.
11 On peut comparer avec la Pandore d'Hésiode ou mieux, la femme faite de glaise de Simonide d'Amorgos, opposée à celle qui tient son être de la mer (IBG, frg. 7, loc. cit.).
12 Hésiode, Théogonie, 682, 736, 807, parle du "Tartare brumeux", Τάρταρον ἠερόεντα, de lieux "affreux et moisis", mais ne formule pas l'évocation du marais.
13 De uertice fontis atri fuscae defluunt undae proxumaeque conceptaculo uallis inclusae Stygias inrigant paludes el rauca Cocyti fluenta nutriunt. Indidem mihi de summi fontis penita scaturrigine rorem rigentem hauritum ista confestim defer urnula.
14 Mediis e faucibus lapidis fontes horridos euomebat, qui statim proni foraminis lacunis editi perque procliuie delapsi et angusti canalis exarato contecti tramite proxumam conuallem latenter incidebant.
15 Les Structures anthropologiques de l'Imaginaire, op. cit., p. 104.
16 Théogonie, 785-793.
17 Ph. Heuzé, L'Image du Corps dans l'œuvre de Virgile, op. cit., pp. 518-539 analyse le phénomène des larmes chez Virgile et en conclut que "c’est toujours le moment de pleurer", de joie, de dépit ou de désespoir.
18 G. Bachelard, op. cit., pp. 124-125 ; G. Durand, Les structures..., op. cit., pp. 106-107.
19 IV, 32, 4 ; IV, 33, 4 ; IV, 34, 1 ; IV, 35, 2 ; V, 5, 4 ; V, 5, 5 ; 6,1 ; 7,3 ; 7,5 ; 13,1 ; 25,5 ; VI, 2, 3 ; VI, 3, 1 ; 3,4.
20 IV, 33, 3 ; 34, 3 ; V, 7, 3.
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