Introduction
p. 63
Texte intégral
1Devant certains créateurs, on répugne à ergoter sur les influences qu’ils auraient subies, tant leur grandeur rend mesquine une telle enquête. Mersenne n’est point de ceux-là : son esprit vivait d’influences. Mais s’il lui arrive souvent de ne pas lésiner quand vient le moment de nommer ses auteurs, il est des fois – est-ce coquetterie intellectuelle ? pratique courante au xviie siècle ? – où c’est avec discrétion qu’il mêle aux siennes les idées d’autrui1. Sur l’art de combiner, on aura vite fait de compter les références qu’il veut bien nous dévoiler : deux en tout et pour tout ; et encore s’agit-il d’auteurs dont il ignore l’identité ! Est-ce à dire qu’il soit parti de rien ? Que non pas. Il a puisé à d’assez bonnes sources : celles en tout cas qui étaient propres à mettre en train le mouvement qu’il eut toujours pour aller plus loin. Car si, pour commencer, il prit des idées là où il les trouvait, il n’eut plus tard, semble-t-il, qu’à compter sur lui-même pour les développer.
2Aussi cette première partie ne sera-t-elle qu’à demi une étude d’influences. Nous partirons des textes (appartenant aux Quaestiones in Genesim ou à La Vérité des sciences) où Mersenne établit ses premiers contacts avec les combinaisons ; mais ensuite, cherchant à saisir les motivations qui lui firent poursuivre son enquête, nous essaierons surtout de mettre en place le cadre dans lequel s’inscriront ses acquisitions mathématiques ultérieures. Dans la mesure où il s’agissait seulement de faire sentir le ton et l’esprit dans lequel seront développées celles-ci, nous ne nous sommes pas interdit de faire appel à des textes de Mersenne postérieurs à La Vérité des sciences.
3Il se trouve au surplus que, tout en nous tenant au plus près de remarques ou de suggestions fournies par Mersenne lui-même, nous allons voir surgir tout un faisceau, peu exploré jusqu’ici, de thèmes très disparates qu’avaient cristallisés autour d’elles les « combinaisons » dans la seconde moitié du xvie et au début du xviie siècle.
Notes de bas de page
1 « Il avait surtout, dit-on, une rare habileté pour se servir des idées des autres ; c’est ce qui l’avait fait appeler le bon larron par Lamotte-le-Vayer. » (Joseph Henri Reveillé-Parise, « Notice sur Gui Patin », in Lettres de Gui Patin..., Paris : J.-B. Baillère, 1846, xxiii, note 1.)
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