Melchior Adam Weikard (1742-1803) : un médecin et philosophe allemand "éclairé", adepte du rationalisme radical
p. 79-97
Texte intégral
1Ce fut la littérature surtout philosophique, et en l'occurrence radicale, qui alla de pair avec la médecine chez une figure allemande originale de la fin du "siècle des Lumières" – mais qui n'est guère passée à la postérité – en la personne de Melchior Adam Weikard. Si Weikard fut, en effet, un élément caractéristique de la sédition intellectuelle téméraire du XVIIIe siècle avancé, il s'est par là-même rattaché à un courant alors condamné à la marginalité dans le contexte allemand resté très conservateur et même largement répressif, ainsi que Weikard l'apprit à ses dépens. C’est pourquoi ce médecin-philosophe s'est trouvé rélégué dans les oubliettes de l'histoire des idées1 bien qu’il ait fait sensation à son époque et qu'il ait été connu, sinon apprécié, dans les milieux intellectuels allemands par diverses personnalités de connivence ou non avec lui, ainsi qu'on peut par exemple le constater dans les commentaires explicatifs annexés par le rééditeur à son autobiographie de 1784 : il y est notamment question du savant, voyageur et jacobin Johann Georg Forster2, du poète et publiciste Leopold Friedrich Goeckingk3, de l'écrivain maître en irrationalisme et artisan du Sturm und Drang Johann Georg Hamann, comme du physicien-philosophe Georg Christoph Lichtenberg4, voire de Johann Wolfgang Goethe5 et surtout de la Grande Catherine de Russie dont nous reparlerons. Arrêtons-nous donc à quelques précisions biographiques préliminaires, notamment pour suivre les traces du médecin.
I. Points de repère biographiques
2Weikard naquit en 1742 à proximité de Fulda en Hesse dans la petite bourgeoisie, son père ayant pu l'initier au latin6. A huit ans un accident lui endommagea la colonne vertébrale – ce qui, à ses dires, l'incita à se tourner plus tard vers la médecine7 – et il devint bossu8. Sa scolarité se trouva perturbée par cet accident9 et se déroula en divers lieux proches du foyer familial. Il dit s'être mis sans succès à la musique à Brückenau, puis avoir été envoyé ensuite dans une autre petite ville, Hammelburg, pour entrer au lycée sous l'autorité des Franciscains, et y avoir obtenu de bons résultats10 tandis que l'adolescent se trouvait exposé à "l'échauffement" religieux et contaminé ainsi par le sentimentalisme religieux jusqu'à l'obsession du mal, mais non sans en retirer alors une certaine jouissance11.
3En 1758 il entama des études de philosophie à l'université franconienne voisine de Wurtzbourg, placée sous la tutelle des Jésuites dont Weikard devint un virulent détracteur et stigmatisa l'enseignement particulièrement indigent12. Ce fut deux ans plus tard, au terme de ses études de philosophie, qu’il entra en médecine, toujours à l’université de Wurtzbourg et avec des professeurs qui lui laissèrent à leur tour une piètre impression puisqu'il leur reprocha d’être incompétents, soporifiques, brouillons, obscurantistes, fainéants ou encore incapables de s'exprimer13. Se consacrant en même temps à l'italien, au français et à l'anglais avec des maîtres jugés tout aussi lamentables, Weikard poursuivit ses études de médecine jusqu’à la thèse qu'il soutint en 1764, en latin selon l'usage14. Ce fut alors logiquement le début de sa carrière de médecin.
4Après de vaines tentatives pour être admis en praticien dans les environs de Wurtzbourg, Weikard fut affecté dès 1764, sur décret du prince de Fulda, à la direction de l'établissement thermal négligeable de Brückenau15. Puis il se maria et eut deux enfants. Il s'est plaint d'avoir mené alors une vie matériellement difficile, sa femme étant pauvre et son poste bien modeste16. En 1770 le prince de Fulda fit de Weikard son deuxième médecin personnel tout en le nommant conseiller aulique et professeur à l'université. Cette situation resta toutefois assortie de conditions matérielles précaires qui n'évoluèrent que lentement jusqu'au début des années 178017. Mais après avoir ainsi végété de longues années, le médecin Weikard vit son destin prendre un cours inattendu. En février 1784 il s'empressa de quitter Fulda et l'Allemagne pour Saint-Pétersbourg18 où, sur sollicitation de Catherine II en personne, – princesse d'origine allemande-, il devint son médecin personnel après qu’elle eut lu en 1783, aux dires de Weikard, le premier volume décapant de son traité Le médecin-philosophe (Der philosophische Arzt) que lui avait recommandé un comte russe, lequel avait eu l'occasion de faire soigner sa femme avec succès par Weikard à Fulda19. A partir de cette expérience Weikard se vit confirmé en qualité de médecin personnel attaché au service des Grands comme le prince-évêque de Mayence à son premier retour en Allemagne, puis en revenant à Saint-Pétersbourg auprès du fils et successeur de la Grande Catherine, le tsar Paul 1er. Il finit ensuite sa carrière là où il l'avait difficilement commencée puisqu'il fut directeur des hôpitaux de Fulda avant de mourir en 180320.
5Au cours de cet itinéraire le parcours mental de Weikard a été marqué pour ainsi dire par un revirement total que l'exercice de la médecine pendant près de dix ans contribua alors largement à motiver.
II. Un esprit marqué par une mutation radicale
6Dans son autobiographie21 comme dans ses mémoires22 Weikard a situé vers 1773 l'époque où s'est réalisé le bouleversement de sa pensée, lorsqu'il s'est affranchi de l'esprit dévot qui l'avait imprégné au cours de sa formation soumise à l'emprise cléricale opacifiante du personnel enseignant catholique. Il se félicitait d’avoir alors réussi à rompre avec le conformisme ambiant des préjugés, de l'obscurantisme et de la superstition pour verser dans le doute systématique, mais dont les effets se révélèrent bientôt risqués à l'expérience, le péril étant naturellement encore plus grand en matière de vérité philosophico-religieuse qu'en médécine. Néanmoins Weikard s'enhardit à brûler ses idoles du passé. Il s'attacha désormais à opposer le champ de la vérité auquel il pensait avoir abordé, aux errements qui l'avaient précédemment possédé et dont les responsables devinrent sa cible indéfectible autant que ses nombreux adversaires acharnés23.
7Weikard se posa alors en iconoclaste sur le plan scientifique aussi bien que philosophique. En médecine il se fit résolument l'avocat de l’esprit scientifique moderne en faisant de la démarche empiriste le préalable indispensable à toute théorie, ce qui ne manqua pas de l'exposer à la réprobation de ses collègues englués dans le conservatisme24. Il en vint sur cette lancée à s'ériger en adepte particulièrement militant de la théorie brownienne, conception qu'il interpréta radicalement, comme nous le verrons, dans le sens de la psychologie matérialiste irréligieuse, mais qui fut d'abord un motif supplémentaire pour attiser dans le monde médical la virulence de ses détracteurs25 et le conflit scientifique entre anciens et modernes. Comme l'a résumé O. Finger26, l'Écossais John Brown'(1735-1788) et son école s'opposaient, en effet, à l'idéalisme des théories animistes et vitalistes qui, en Allemagne, s'étaient inscrites dans le sillage notamment des conceptions avancées par le médecin Ernst Georg Stahl (1660-1734) au cours de la première moitié du XVIIIe siècle. Selon Brown ce n'était pas une mystérieuse "force vitale" qui animait l'organisme humain, mais bien plutôt la capacité de ce dernier à réagir par nature à des stimuli extérieurs, et ce processus d'excitation était imputé aux nerfs et aux muscles. L'homme, comme tout être animal et végétal, était ainsi replacé dans un contexte intelligible par les sciences de la nature et où son état de bonne santé ou de maladie ne dépendait plus de ses "forces vitales", – donc de principes immatériels-, mais des conditions dans lesquelles s'opéraient ses excitations physiques. En adhérant à ce point de vue le médecin Weikard incarnait déjà un esprit scientifiquement "éclairé" très offensif, mais qui n’en resta pas là puisqu'il entra plus largement en lutte ouverte contre l'obscurantisme, si bien que le cercle de ses adversaires, voire de ses oppresseurs ne tarda pas à s'élargir, ainsi qu'il se plut à le relater.
8D'une part Weikard fut bientôt en butte aux intrigues et aux manoeuvres de ses collègues de l'université de Fulda27 et d'autre part il n'évita pas la répression inquisitoriale et criminalisante qui fut prompte à intervenir lorsqu'il fit paraître anonymement le premier volume du Médecin-philosophe au milieu des années 1770, ce qui eut pour contre-effet de le renforçer dans ses opinions matérialistes irréligieuses28 et l'amena à une récidive provocatrice, en se répétant, avec la publication d'une suite en trois volumes29 alors qu’il était parti pour Saint-Pétersbourg à l'invitation de Catherine II. Il devint par là la cible de l'intelligentsia conformiste qui l'accusa d'être un libre penseur assimilable au Français Helvétius30. L'évolution de Weikard amena ainsi le médecin à se muer en penseur rationaliste radical sur la base de sa culture scientifique et à produire une abondante littérature, où se concrétisèrent les diverses facettes complémentaires de sa pensée s'inscrivant parmi les tendances les plus en flèche dans le mouvement allemand des Lumières.
III. Les œuvres de Weikard
9Nous retiendrons plus spécialement les oeuvres du penseur résolument gagné à la cause "éclairée” ainsi qu'il apparaît jusque dans son autobiographie de 1784 et ses mémoires de 1802, précédemment cités.
1. Une littérature diverse
10A partir de ses activités de médecin praticien et professeur Weikard se consacra beaucoup à écrire31, et en premier lieu il rédigea nombre d'études techniques et médicales dont certaines furent même traduites dans plusieurs langues étrangères32. Plus directement intéressante pour notre propos est la littérature du penseur "éclairé" Weikard, avec notamment son traité de philosophie matérialiste qui lui attira les foudres des censeurs.
11Précisons d'abord que l'écrivain des Lumières Weikard ne donna pas seulement dans la littérature intellectuelle. Son engagement contre l'obscurantisme s’est aussi traduit à travers une activité variable de publiciste, notamment en direction des milieux populaires. Il s'est flatté33 d'avoir participé, du temps où il était installé à Fulda, à l'élaboration des almanachs que les sujets de la principauté étaient tenus d'acheter. Sa contribution se composa de petits textes éducatifs sous divers aspects complémentaires (santé, médecine, agriculture, météorologie...), destinés surtout à contrer les préjugés, la superstition et autres croyances aux sorcières et aux fantômes parmi le peuple. Selon Weikard ce langage aurait commencé par susciter l'hostilité populaire sous l'influence des moines puisque les paysans auraient d'abord réagi en pratiquant l’autodafé des almanachs jugés spontanément scandaleux par leur anticonformisme effronté. Mais progressivement le peuple, au détriment de ses exploiteurs, aurait été gagné aux efforts d'émancipation de la pensée déployés par Weikard et lui en aurait été reconnaissant.
12Ces efforts passèrent aussi par le canal ponctuel d'un pamphlet Paroli au même34 que Weikard publia aussi anonymement car il stigmatisait le maître-charlatan Gassner qui, en galvanisant les foules sous son emprise de superstition dévote, incarnait l’esprit débridé de l'obscurantisme, notamment de fondation religieuse.
13Mais nous nous arrêterons surtout à l'enseignement philosophique que Weikard tira de son expérience médicale et qu'il condensa dans son gros ouvrage Le Médecin-philosophe dont la diffusion fut assez large puisque la dernière édition de 1798 fut la quatrième. Mais initialement et surtout dans les rigidités de son contexte catholique, cette publication devait susciter émoi et incrimination avec mise à l'index par l'Inquisition, poursuites contre les possesseurs du texte, recherche de l'auteur anonyme promis à l’exil..., – ce qui contribua à inciter Weikard à s'éloigner temporairement d'Allemagne.
2. Le Médecin-philosophe ou la démythification de l"'âme"
14Weikard, comme son contemporain le professeur de philosophie Michael Hißmann partageant alors en Allemagne la même orientation assez rare pour être nommément cité au passage35, se signala donc par le risque qu'il prit, malgré le couvert initial de l'anonymat, de soutenir publiquement des opinions qui ne pouvaient par leur couleur matérialiste que heurter la tradition théologique et dogmatique particulièrement soucieuse d'hégémonie en Allemagne, surtout en pays catholique. Face à cette forte contrainte conservatrice son plaidoyer au grand jour en faveur du matérialisme – pour indéniable et constant qu'il fût – hésita encore à donner toujours franchement sa pleine mesure et dut sacrifier à quelques velléités ponctuelles d'atténuation pour tenter d'estomper son pouvoir provocateur. Il reste que la profession de matérialisme anthropologique fondé sur la psychologie matérialiste mécaniste fut hautement et suffisamment significative dès le premier tome, les suivants n’étant qu'une reprise inspirée à Weikard par la volonté de répliquer aux procédures répressives déclenchées par la parution du premier tome. C'est à partir de son point de vue de médecin associant les considérations anatomiques, physiologiques et ethnologiques, avec nombre d'exemples à l'appui, que Weikard en vint à développer une conception matérialiste des processus de la pensée, conception procédant de la théorie mécaniste du milieu36 et s'en tenant donc aux relations entre les phénomènes physiques et leur traduction psychique, c’est-à-dire entre l’objet extérieur, la sensation et les occurrences de la pensée. A partir de cette orientation Weikard n'esquiva pas d'une part l'affrontement avec la tradition idéaliste fermement attachée au concept d'âme-substance immatérielle, ni d'autre part les prolongements irréligieux. Nous nous placerons ici successivement sur ces deux plans, le matérialisme anthropologique et ses implications irréligieuses, pour caractériser globalement le rationalisme radical du médecin-philosophe Weikard.
2.1. La constitution très matérielle de l"'âme"
15Cette conception fut induite par une posture exclusivement rationaliste inspirée par l'esprit scientifique. En effet, Weikard intégra dans sa méthode d'analyse de l’"âme" les progrès des sciences de la matière et leurs apports au renforcement de la raison. Il se montra résolu à ne comprendre Pâme" qu'en partant des faits naturels, des données d'expérience – champ qui devait s'ouvrir sans restriction à l'observation et à l'expérimentation. Il adopta donc pour explorer Pâme" une démarche passant avant tout par l'empirisme, l’investigation inductive et l'élaboration a posteriori. Il se plaça sur le terrain du rationalisme le plus immédiat, faisant droit sans préalable à la réalité objective dans sa multiplicté pour tenter d'en abstraire la vérité générale, et ce, à l'inverse des spéculations scolastiques et métaphysiques présupposant – selon l'opinion bien établie par la féodalité chrétienne – l'existence d'une âme-substance simple et immatérielle pour concevoir les phénomènes de l’esprit. Weikard se rangea ainsi parmi les promoteurs les plus offensifs du rationalisme en n'hésitant pas à appliquer à un élément de la tradition aussi vital que l'âme une stricte méthode d'analyse "vulgaire" qui s'inscrivait déjà par nature dans la perspective matérialiste confirmée par son aboutissement, à commencer par le recensement des générateurs de la pensée.
2.1.1. L'instrumentaire physique de la pensée
16Les organes du système nerveux étaient considérés comme le creuset matériel où se forgaient les diverses formes de la pensée et de la connaissance37. Ces organes étaient assimilés à un ensemble d'instruments doués respectivement de fonctions complémentaires se suffisant à elles-mêmes pour produire la vie psychique et la formation de la connaissance. Les nerfs jouaient un rôle d'intermédiaires et le cerveau constituait pour ainsi dire une centrale d'élaboration. Les nerfs étaient à la base de toute conscience dans la mesure où eux seuls pouvaient fournir la matière première en vitalisant les organes des sens et en les rendant ainsi aptes à capter des impressions à partir des objets extérieurs. Les nerfs avaient donc d'abord pour fonction de détecter les sensations ("Empfindungen"), sur lesquelles se fondait toute opération de l'esprit38. Mais Weikard ne se contentait pas ici du théorème sensualiste général selon lequel "rien n'est dans l'intellect qui ne soit auparavant dans les sens”. Il passait à un sensualisme strict avec la seconde fonction essentielle des nerfs, la transmission. Si les nerfs commençaient par générer les sensations, ils servaient aussi dans un deuxième temps à transmettre ces dernières au centre cérébral par le réseau de leurs innombrables ramifications. C'est alors que pouvaient s'enclencher le travail du cerveau et les diverses opérations mentales. Le cerveau apparaissait comme le maître d'œuvre de la sensibilité et consécutivement comme l'ordonnateur de toutes les composantes de la conscience humaine ("Empfindung" = sensation, "Verstand" = intellect, "Vernunft" = raison, "Gedächtnis" = mémoire, "Einbildungskraft" = imagination), et ses aptitudes mentales étaient jugées relatives à sa densité et à sa complexité physique spécifique39.
17Ce recensement des "outils"40 constructeurs de l’activité psychique chez l'homme représentait le premier niveau d'une conception matérialiste qui s'étoffait avec la définition de l'élaboration proprement dite de la pensée et de la connaissance, attribuée au seul fonctionnement physiologique des organes en question.
2.1.2. La pensée identifiée aux processus matériels du dispositif organique
18Weikard concédait que la pensée restait un problème d’une grande complexité dans sa dimension fine, mais qui ne pouvait s'expliquer fondamentalement que par les propriétés de la matière qui en étaient le siège41, impliquant un phénomène électrique42.
19En vertu du sensualisme mécaniste exclusif non seulement la sensation passait pour la seule impulsion de la pensée, mais elle était définie dans son accomplissement comme un processus intrinsèquement matériel. Elle prenait littéralement corps avec la modification physique, avec le mouvement provoqué dans les composants de la texture nerveuse et cérébrale43 par les impressions que pouvaient livrer les sens au contact du réel. Elle était la réaction produite par la conjonction de deux réseaux de matière, le monde extérieur et les organes humains doués d’une sensibilité adéquate. Par son rôle d’information elle constituait le niveau primaire de la conscience, et l'élaboration de la pensée obéissait ensuite à son tour à un mécanisme analogue d’ordre matériel.
20Weikard attribuait, en effet, les phénomènes de la pensée réflexive, désignés par les notions d'"idées" ("Gedanken"), de "représentations" ("Vorstellungen") et de "conceptions" ("Begriffe"), aux vertus de la seule nature "animale" qu'il reconnaissait en l'homme. Il voyait là encore la production de la pensée procéder de toute une série de modifications et de mouvements intervenant dans les fibres de telle ou telle région cérébrale. C'était par leurs étroites connexions que ces fibres pouvaient exercer une action physique sur leur périphérie et que se réalisait l'association d'idées. Ici la théorie associative conçue notamment par l'Anglais D. Hartley en même temps que par son compatriote D. Hume trouvait un ajustement résolument matérialiste.
21Weikard s'enhardissait donc jusqu'à prendre une position de pointe parmi les philosophes "éclairés" radicaux puisqu'il rejoignait ceux qui s'efforçaient de ravaler l'"âme" au niveau des seuls effets de la complexité organique, du travail fourni par certains organes du corps humain parmi d'autres, avec les mêmes modalités physiques de fonctionnement à partir du pouvoir dynamique et des transformations continuelles assumés naturellement par leur matière constitutive exposée aux influences du monde. Dans cette optique la productivité de toutes les facultés mentales de l’homme ne pouvait qu’être étroitement dépendante des conditions matérielles déterminant l’être subjectif comme l'être objectif. Parachevant son matérialisme psychologique, Weikard renvoyait, en effet, souvent à l’importance qu’avait, pour l’élaboration de la pensée, d'une part l'état même des organes, leur fréquence d'exercice, les conséquences physiologiques de l'âge, d'autre part le milieu avec notamment la nourriture, le climat et la société. A ces différents aspects matériels primaires pouvaient aussi s'adjoindre éventuellement d'autres déterminations très concrètes et plus ou moins collectives comme l'intérêt, le mode de vie, l'éducation, la culture et nombre de facteurs circonstanciels.
22Telles étaient les idées directrices de ce matérialisme psychologique qui ne chercha pas à s'embarrasser de dispositions au compromis. Au contraire, il se montra en même temps franchement négateur d’un certain nombre de postures idéalistes en relation avec la notion d'âme spécifique revendiquée par le dualisme.
2.1.3. Des salves contre la spiritualisation de l'âme et ses annexes
23Weikard renforça son analyse matérialiste par une charge directe contre l'idée – avant tout théologique – faisant de l'âme une substance simple immatérielle44. Ce coup supplémentaire qu'il portait à la conception spiritualisée de l'âme, illustrait de nouveau radicalement l'incompatibilité de ses propres critères rationalistes de vérité avec la tradition idéaliste45. Indéfectiblement enraciné dans le terrain de l'expérience immédiate et de la réalité tangible, il s'insurgeait contre l'ignorance des faits naturels et l'inintelligibilité consécutive de la notion d'esprit qui marquaient l’idée d'âme-substance. De toute façon le dualisme âme-corps se voyait finalement disqualifié dans son principe même46 puisque Weikard y relevait une contradiction irréductible consistant en quelque sorte à marier l’eau et le feu dans la mesure où ce dualisme apparaissait comme le lieu de l’association contre nature de deux essences incompatibles, l'une dite spirituelle, l'autre matérielle.
24Cette contestation directe de la notion d’âme distincte du corps en impliquait inévitablement d'autres. Ainsi Weikard en venait à récuser l'innéisme sous diverses formes, que ce soit celle de la psychologie idéaliste élaborée notamment par Platon, Descartes, Malebranche et autre Leibniz, ou celle de la conscience morale dite naturelle47. A l'inverse, il assumait, dans le sens d'une systématisation physique, l’héritage de l'empirisme européen depuis le dix-septième siècle. Il se plaçait, souvent avec des références explicites, dans le sillage du sensualisme élaboré par l’Anglais J. Locke (1632-1704), les Suisses A. von Haller (1708-1777) et Ch. Bonnet (1720-193) ou encore le Français E.B. de Condillac (1715-1780), et il était comptable d'une part du mécanisme imprégnant la pensée anglaise notamment avec F. Bacon (1561-1626), I. Newton (1643-1727), D. Hartley (1705-1767) ou J. Priestley (1733-1804), et d'autre part du matérialisme français du dix-huitième siècle, en particulier chez D. Diderot (1713-1784) et C.A. Helvétius (1715-1771).
25En multipliant les arguments dans son engagement pour le matérialisme, Weikard s’associait à d'authentiques bouleversements philosophiques d'autant plus que sa pensée se distinguait déjà à ce niveau par ses propensions antireligieuses.
26Parmi les deux types de matérialisation de Pâme" conçus à l'époque, l'âme-matière fine et l'âme-fonction organique, Weikard fut logiquement, de par sa perspective iatromécaniste, un adepte du second. Il expliqua la vie mentale par le seul jeu naturel de composants physiques définis comme producteurs organiques de la pensée. Le primat ainsi réservé au tissu corporel, à l'être matériel immédiat sur les processus idéels, impliquait en soi une révision totale de la nature humaine en rupture avec les vérités religieuses. L'homme était, en effet, réduit à un mécanisme dont les rouages étaient faits de chair et sang. Il se redéfinissait banalement par son unicité matérielle dont la seule capacité spécifiquement plus performante, en particulier au niveau cérébral, lui permettait de se démarquer des autres animaux48. Cette conception tendait fondamentalement à délier l'homme de tout statut d'exception en l'affiliant étroitement au règne animal49 dont il apparaissait alors simplement comme l'une des formes naturelles d’organisation, régie sans dérogation par les lois objectives – bien que complexes en l’occurrence – du dynamisme de la matière à l’état organique. Mais si ce bouleversement opposait par lui-même un déni à la tradition inspirée par la religion, il incita Weikard à s'exprimer plus explicitement dans ce sens.
3. Le matérialisme anthropologique de Weikard se doubla d'une vive critique antithéologique, notamment antichréticnne50
27Si Weikard s'attacha dans Le Médecin-philosophe avant tout à exposer sa thèse matérialiste de l"'âme" en tentant d'être moins disert sur le problème religieux, il le fut cependant assez par ailleurs pour laisser voir les conséquences radicales qui résultaient de son point de vue sur la nature foncièrement matérielle de l'homme, puisant sa substance dans l'inexorable positivité de l'esprit qui gagnait de plus en plus le médecin qu'il était. Ainsi il esquissa des positions anticléricales, antithéologiques et antichrétiennes telles qu'elles le placèrent sur l'orbite de l'athéisme relatif, dit aussi négatif. Cette évolution se concrétisa à un premier niveau par un vif anticléricalisme.
3.1. Un anticléricalisme sans concession
28C'est dans son œuvre autobiographique que Weikard s'est livré à cet égard avec le plus de véhémence, et d’abord à l'encontre du clergé catholique et des Jésuites dont il avait fait directement l'expérience et vécu notamment les représailles à la suite de la publication anonyme du premier volume de son ouvrage Le Médecin-philosophe. Ainsi ce fut en scientifique et en libre penseur matérialiste qu'il dénonça le rôle pédagogique néfaste à ses yeux des Jésuites dans l'Allemagne du sud catholique. Il accusa les Jésuites et autres moines d'enseigner la bêtise, la superstition, l'intolérance et le fanatisme incitant à l’antisémitisme51, sans parler de la bigoterie et de l'esprit monacal que le corps écclésiastique faisait régner plus généralement52. La dévotion était alors qualifiée par Weikard d'"opium de l'âme"53, mais cette formule, déjà littéralement employée par J.-J. Rousseau dans Julie ou la Nouvelle Héloïse (VI, VIII) (1761), était ici assortie d'une hostilité et d'un esprit irréligieux qui la rapprochait plus de la célèbre formule de K. Marx : "La religion est l'opium du peuple".
29La critique de Weikard ne se limitait pas à ces accusations d'abrutissement. Il soulignait aussi non seulement le parasitisme monacal et la charge économique qu'il représentait dans la pauvreté ambiante54, mais encore le rôle socio-politique réactionnaire des prêtres et de la superstition qu’ils véhiculaient, source sûre d'asservissement : les pratiques religieuses étaient ainsi jugées comme de précieux auxiliaires pour les gouvernants, par leur pouvoir d’aveuglement et de soumission consécutive55.
30Poursuivant ce procès de la superstition et de l'imposture, Weikard lançait aussi nombre d'attaques contre les préjudices scientifiques qu'il imputait au clergé à partir de son expérience de médecin praticien. Il avait, en effet, été confronté dans le contexte de ses activités aux effets pernicieux de la superstition religieuse en guise de thérapeutique, et il s'est élevé contre les "remèdes" que les religieux prétendaient dispenser sous forme d’exorcisme et de "cures-miracles"56.
31Mais si la réalité vécue par Weikard l'amenait à s'en prendre aussi violemment au clergé catholique, ce n'était en fait qu'une occurrence particulière d'un anticléricalisme bien plus fondamental. Weikard stigmatisait, en effet, également avec force le caractère néfaste inhérent à la caste sacerdotale dès les origines, avec l'élaboration des groupes sociaux. Dépouillant complètement le prêtre de ses oripeaux divins et de toute aura supérieure, il ne voyait en lui qu’un funeste avatar dans la genèse de la société aussitôt victime de ses basses œuvres d'imposteur (domination individuelle et mentale au profit de l'ignorance, de la superstition, de l'intérêt et du totalitarisme despotique)57. Cette condamnation de l'avilissement de l'homme sous le poids des chaînes de la superstition que lui faisait porter la caste sacerdotale, était déjà le signe sous lequel Weikard avait placé Le Médecin-philosophe en y faisant allusion dès l'introduction.
32Toutes ces critiques exprimées par Weikard dans le sillage de sa quête matérialiste de la vérité n'étaient encore que l'amorce de sa réaction irréligieuse. Leur virulence et le leitmotiv globalisant de la superstition les entraînaient déjà au-delà du seul anticléricalisme pour atteindre la substance même de la religion par une orientation antithéologique que Weikard n'hésita pas par ailleurs à assumer franchement.
3.2. Une attitude foncièrement antithéologique
33Il est tout d'abord frappant de voir que Weikard s'est montré immédiatement très conscient de la rupture avec la théologie que provoquait son analyse de la matérialité de l"'âme" dans Le Médecin-philosophe. Il concluait, en effet, ses considérations sur le "siège de l'âme" en essayant de prévenir les foudres des théologiens par une invocation à la tolérance58. C'était évidemment là un vœu pieux – si l'on ose dire – d'autant plus qu'il ne s'en tenait pas à la dispute ponctuelle sur la nature de l'âme – bien qu'elle fût déjà téméraire – mais qu'il battait en brèche toute théologie fidéiste et plus généralement toute croyance idéaliste.
34C'était fondamentalement à partir de son point de vue matérialiste que Weikard faisait un sort à la théologie. Il ne la dissociait aucunement de la pensée et de l'action humaines dans leur ensemble dont les diverses modalités étaient relatives dans sa perspective, car déterminées par l'état de la constitution physique de l'homme59. Ainsi non seulement Weikard privait la théologie de toute valeur sacrée, mais il allait ici jusqu'à la rapprocher d'autres comportements à connotation franchement négative comme la charlatanerie, les bouffonneries, la lâcheté... L'aversion théologique de Weikard au profit de l'esprit exclusivement réaliste qui irriguait son matérialisme était aussi très perceptible à travers les attaques qu’il lançait sans détour contre les "métaphysiciens"60, contre les enfantillages de la tradition livrée aux fantaisies scolastiques nuisibles à la vérité rationnelle de la nature61, et contre la philosophie immature des Lumières allemandes modérées restées dévouées aux systèmes métaphysiques idéalistes62. Cette destitution de la théologie et de l'idéalisme impliquait alors une forte inflexion antichrétienne de la pensée matérialiste de Weikard qui se risqua à renier nombre de dogmes judéo-chrétiens essentiels.
3.3. Une destruction de pans entiers du christianisme
35La rupture était ici naturellement appelée à s'accomplir d'abord en termes anthropologiques. En relation directe avec sa thèse de la matérialité de l"’âme" Weikard aborda radicalement le dogme de l’immortalité. S'il évoquait l'autre type de conception matérialiste de l'"âme" à l'époque – celle de l’âme-matière fine – c’était précisément pour la dévaluer clairement en raison de la part qu’elle continuait à faire à l’immortalité dont Weikard ne voyait pas le bien-fondé63. Il ne dissimulait donc pas que sur la base de son matérialisme l'immortalité de l’"âme" n'avait plus cours pour lui, comme le montrait aussi son appréciation de la vie et de la mort à la fin de la première partie du Médecin-philosophe. La vie et la mort y étaient envisagées uniquement comme des phénomènes naturels délimités par la perspective matérielle des processus physiologiques. Dans ces conditions la mort se réduisait à la cessation pure et simple des fonctions que les organes du corps humain avaient pu combiner tant qu'ils restaient sains pour assurer son fonctionnement, c'est-à-dire la vie. La mort n'était plus que la dégradation ultime d'un mécanisme sans autre dimension que lui-même, ce qui rendait insensée toute assistance religieuse au nom soi-disant d'une âme distincte du corps en instance de le quitter pour aller habiter d'autres sphères64. L'homme dans son unicité physique avec sa complexité spécifique suffisait à s'expliquer par lui-même, et Weikard précisait les conséquences antichrétiennes de ce matérialisme anthropologique en n'hésitant pas à disqualifier l'hypothèse d'une vie et d’un monde surnaturels65. Logiquement cette remise en cause de la perspective surnaturelle s'associait à celle de l'être supérieur attaché à l'au-delà. Dieu entrait à son tour dans le champ irréligieux où le matérialisme conduisait Weikard.
36S'il s'agissait ici encore de Dieu dans sa définition générale d'être parfait et suprême propre non seulement à la religion mais aussi à la philosophie, la critique de Weikard se concentrait sur des aspects essentiels de la compréhension de Dieu par le monothéisme judéo-chrétien. Faisant de nouveau grief au christianisme et à ses véhicules de maintenir l'homme dans l'obscurantisme derrière les remparts de la foi dressés contre l'épanouissement de la pensée rationnelle, Weikard prenait une fois de plus clairement le parti de la raison offensive, se campait sur le terrain qu'il affectionnait de la raison expérimentale et confrontait sans ménagement à cette posture philosophique qu'inspirait son matérialisme non plus seulement le dogme de l'âme, mais ceux du Dieu créateur ex nihilo et de son incarnation humaine66. Pour le médecin Weikard le primat accordé aux lois naturelles de la matière et le savoir tiré de l'expérience se révélaient donc inconciliables avec les contenus les plus fondamentaux de la foi. L'apport des sciences avant tout naturelles opposait ici un véritable démenti jusqu'au sommet de l'édifice religieux judéo-chrétien avec des répercussions tout aussi négatives sur ses pans majeurs. Ainsi à la remise en question du Dieu créateur tout-puissant s'en ajoutait déjà une autre relative à la réputation qu'avait la terre d'être la création divine au centre de l'univers, théâtre de toute l'histoire théologique. Pour Weikard, en effet, la terre n'avait plus qu'une valeur relative à la lumière des connaissances cosmiques et des anticipations qu’elles permettaient67.
37Mais il suffisait aussi simplement à Weikard de mettre en œuvre son sens réaliste dans une perspective plus commune pour constater que le spectacle lamentable du monde et de l'homme défiait l'idée d'un être suprême parfait, auteur de l'humanité. Invoquant à cet égard de manière significative deux figures allemandes contemporaines proches de lui par leur esprit philosophique antireligieux, – le professeur de physique G. Ch. Lichtenberg et le roi-philosophe Frédéric II de Prusse, – il se montrait disposé avec eux à dénier à l'homme sa qualité judéo-chrétienne de fleuron de la création68.
38Cette désacralisation de l’homme – c'est le moins qu’on puisse dire – Weikard la développait également sur le plan moral et aboutissait une nouvelle fois à récuser la conception chrétienne de Dieu sous cet angle en y décelant finalement la projection mythique de la profonde motivation humaine qu’est l’intérêt, et en contestant que la conscience morale pût être interprétée sur le mode le plus idéaliste comme la conscience gratuite du péché procédant du seul amour de Dieu69. La conscience morale perdait toute relation avec la notion d'un Dieu absolu et sa religion. Elle ne s'expliquait plus que par l’éducation, les mœurs en vigueur et la constitution physique humaine70 Elle se trouvait ainsi à son tour aisément intégrée dans la définition matérialiste de l’homme donnée par Weikard qui stigmatisait une fois de plus l'idéalisme des "platoniciens71. En même temps il donnait le critère moral aussi profane qu'antiabsolutiste qui lui paraissait déterminant : la meilleure morale – c'est-à-dire le bien – se résumait au principe rationaliste et pragmatique du respect des droits attachés à la personne humaine puisqu'il devait s'agir uniquement d'organiser le règlement des préjudices susceptibles d'être causés à chacun par ses semblables72.
39L'appréhension matérialiste de l’homme par le médecin Weikard générait donc un radicalisme irréligieux qui, pour être encore assez lapidaire par prudence, n'en était pas moins sensiblement avancé. Il donnait dans une critique frontale non seulement du christianisme, mais même de tout idéalisme fidéiste ou philosophique. Il se risquait à leur porter une série de coups atteignant des organes vitaux si bien qu'il ne laissait guère de doute sur sa rupture avec le Dieu judéo-chrétien comme avec les religions et leurs représentants.
40En conclusion, il s'avère donc que le médecin Weikard fut, parmi les artisans clairsemés du rationalisme objectif radical des Lumières en Allemagne, l'un des promoteurs du matérialisme en marche d'un pas assuré vers l’athéisme. A l'instar des chefs de file européens que représentaient ici la France et l'Angleterre au dix-huitième siècle, ce matérialisme, amorçant une nouvelle phase d'élaboration, passa aussi en Allemagne par un premier niveau de concrétisation en prenant une dimension sectorielle limitée privilégiant le champ de la psychologie. Mis en avant par l'"Aufklärung" rationaliste, le problème de la connaissance et de la vérité prédisposait le discours matérialiste à s'orienter directement dans cette direction en redéfinissant les processus de la pensée associée à la sensibilité. Toutefois cette démarche matérialiste centrée sur la nature de "l'âme" n'était pas véritablement une première dans les recherches philosophiques inspirées aux Lumières allemandes par les voix du rationalisme puisqu'elle s'était déjà esquissée à l'aube du dix-huitième siècle, notamment à travers un texte spécifique La Correspondance sur l'essence de l'âme (Zweier guten Freunde vertrauter Briefwechsel vom Wesen der Seele) (1713), attribué à U.G. Bucher73, également médecin. Mais dans la deuxième moitié du siècle cette démarche gagna en importance qualitative et quantitative à la faveur du développement des sciences expérimentales, des avancées empiristes du rationalisme et de l'influence des écoles matérialistes étrangères à la pointe de l'évolution philosophique radicale des Lumières. Ainsi s'affirma une composante essentielle du courant matérialiste qui vint alors enrichir de sa nuance propre la palette rationaliste de la pensée allemande et qui tantôt affleura ici et là sous forme d'esquisse, tantôt prit plus largement corps avec des implications très négatives pour la religion, comme le montra Weikard en s'échappant de la médecine vers la philosophie.
Notes de bas de page
1 Quelques pages seulement ont été consacrées à Weikard, in :
- O. Finger, Von der Materialität der Seele. Berlin (Ost) 1961, p. 32-33 ; 52-68.
- A. W. Gulyga, Der deutsche Materialismus am Ausgang des 18. Jahrhunderts. Berlin (Ost) 1966, p. 63-71.
2 Cf. Melchior Adam Weikard : "Biographie" und "Denkwürdigkeiten". Fac similé édité par F. U. Jestädt, Fulda 1988 (in : Deutschlands achtzehntes Jahrhundert. Quellen, Band 1), p. XI, n. 10.
3 Ibid., p. XXX, n. 45.
4 Ibid., p. XXXVII-XXXVIII, n. 60.
5 Ibid., p. XLII, n. 65.
6 Cf. Biographie des Doktors Μ. A. Weikard, von Ihm selber herausgegeben. Berlin und Stettin 1784, p. 15. Rééd. in : Melchior Adam Weikard : "Biographie" und "Denkwürdigkeiten", op. cit.
7 Ibid.
8 Ibid, p. XIV.
9 Ibid., p. 16.
10 Ibid, p. 17-18.
11 Ibid., p. 20-24.
12 Ibid., p. 24-30.
13 Ibid., p. 31-32.
14 Ibid., p. 33-34.
15 Ibid., p. 37-38 ; 44.
16 Ibid., p. 39-44.
17 Ibid., p. 44-46 et Denkwürdigkeiten aus der Lebensgeschichte des Kaiserl. Russischen Etatsrath Μ. A. Weikard. Frankfurt und Leipzig 1802, p. 160 (Extraits réédités in : Melchior Adam Weikard : "Biographie" und "Denkwürdigkeiten", op. cit.).
18 Cf. Denkwürdigkeiten aus der Lebensgeschichte..., op. cit., p. 217.
19 Cf. Biographie…, op. cit., p. 93 et L.
20 Cf. O. Finger, op. cit., p. 32-33.
21 Cf. Biographie..., op. cit., p. 55-56.
22 Cf. Denkwürdigkeiten aus der Lebensgeschichte..., op. cit., p. 176 : "C'est à peu près vers l’année 1773 que je me mis à évacuer ce qui me restait de l'éducation reçue de ma tante et de mes maîtres. Je ne craignis plus alors de manger de l'oie et du bœuf le vendredi. Je versai dans le doute absolu, dans la méfiance, et je voulus me faire une conviction de tout. Je vis que tout devint peu à peu plus clair dans ma tête. Ce fut plus lent que si j'avais été mieux guidé dans ma jeunesse, mais je pense être peu à peu tout aussi avancé que d'autres qui sont allés d'un pas plus rapide ou que l'on a menés au train. Pour moi il a fallu que les choses pour leur plus grande part se fassent d'elles-mêmes".
("Ungefähr gegen das Jahr 1773 fing ich erst an, den Rest von meiner Muhme und Lehrern erhaltenen Erziehung ganz abzuschütteln. Ich scheute mich nun nicht mehr Gänse-und Ochsenfleisch am Freitag zu essen. Ich wurde überhaupt vollkommen Zweifler, war misstrauisch und wollte bey Allem Überzeugung haben. In allem merkte ich, dass es bey mir nach und nach heller im Kopfe wurde. Es ging langsamer, als wenn ich in der Jugend besser wäre geleitet worden, doch glaube ich nach und nach ebenso weit gekommen zu sein, als andere, welche geschwinder marchierten oder am Laufbande geführt wurden. Bey mir musste das Meiste von selber kommen").
23 Cf. Biographie..., op. cit., p. 57-60.
24 Ibid., p. 75-85.
25 Cf. Denkwürdigkeiten aus der Lebensgeschichte..., op. cit., p. 184-190.
26 Op. cit., p. 33.
27 Cf. Biographie..., op. cit., p. 67-69.
28 Ibid., p. 58.
29 Première édition : Francfort sur le Main, vol. 1, 1775-177 ; vol. 2, 1784 ; vol. 3 & 4, 1785.
30 Cf Biographie..., op. cit., p. 60 et Denkwürdigkeiten aus der Lebensgeschichte..., op. cit., p. 184-190.
31 Cf. Biographie..., op. cit., p. 95-96 : Weikard y fait état de sa bibliographie antécédente, de 1763 à 1783.
32 Cf. O. Finger, op. cit., p. 33.
33 Cf. Biographie..., op. cit., p. 64-65 et Denkwürdigkeiten aus der Lebensgeschichte..., op. cit., p. 190-191.
34 Cf. Denkwürdigkeiten aus der Lebensgeschichte..., op. cit., p. 197.
35 Cf. O. Finger, op. cit., p. 31 sqq.
36 Ce point de vue s'affiche d'entrée dans le premier tome (p. 6 de l'édition de 1790, Francfort sur le Main) et ne cesse ensuite d'y être réaffirmé.
37 Cf. Der philosophische Arzt, op. cit., p. 6-10 ; 28 ; 32 ; 50-51 ; 276 sqq. ; 325 sqq. ; 450 sqq. ; 499 sqq.
38 Ibid., p. 12-15.
39 Ibid., p. 14-15 ; 124-126.
40 Sic, ibid., p 32.
41 Ibid., p. 52 sqq.
42 Ibid., p. 97.
43 N'étant pas alors en mesure d'être scientifiquement plus précis, Weikard désignait la structure de ce tissu sensible simplement par le terme curieux, de "Zasern" [Cf. Der philosophische Arzt, op. cit., p. 45 par exemple : "Le terme 'Zaser' heurte un certain nombre de gens. Mais peu nous importe que l'on entende par là des fibres, des particules, des parcelles de moelle ou autre chose. Il s'agit dans tous les cas de particules cérébrales ou nerveuses qui reçoivent, propagent et transmettent les impressions".
("Manchen ist der Ausdruck Zaser anstössig. Es ist uns aber einerlei, ob man dadurch Faden, Theilchen, Markbrocken, oder sonst was versteht. Allemal werden es gewisse Theilchen des Hirns oder der Nerven sein, worauf Eindrücke geschehen, fortgepflanzt und mitgeteilt werden."). De même p. 98-99].
44 Ibid., p. 219-224.
45 Ibid., p. 486 sqq.
46 Ibid., p. 129-140.
47 Ibid., p. 193 sqq.
48 Ibid., p. 123.
49 Ibid., p. 112-121.
50 Nous rappelons ici les grandes lignes de l'analyse faite dans notre étude Le Problème de l'athéisme en Allemagne à la fin du "siècle des Lumières". Annales Littéraires de l'Université de Besançon No 506. Les Belles Lettres. Paris 1993, p. 205-220.
51 Cf. Denkwürdigkeiten aus der Lebensgeschichte..., op. cit., p. 39.
52 Ibid., p. 41.
53 Ibid., p. 52.
54 Ibid., p. 60.
55 Ibid., p. 80.
56 Ibid., p. 138 : Weikard cite à ce titre un texte polémique qu'il avait publié anonymement : Paroli au même, oder Tisseront und Gaßner et que nous avons évoqué plus haut (III, 1.).
57 Ibid., p. 32.
58 Op. cit., p. 175.
59 Ibid., p. 502-503.
60 Ibid., p. 241.
61 Ibid., p. 94-95.
62 Ibid., p. 503-504.
63 Ibid., p. 220.
64 Ibid., p. 211-212.
65 Ibid., p. 123.
66 Ibid., p. 175.
67 Cf. Denkwürdigkeiten aus der Lebensgeschichte..., op. cit., p. 195.
68 Ibid., p. 454.
69 Cf. Der philosophische Arzt, op. cit., p. 152.
70 Ibid., p. 193 sqq. (§ Von dem, was man Gewissen heisst).
71 Ibid., p. 156.
72 Ibid., p. 198.
73 Cf. par exemple G. Stiehler, Materialisten der Leibniz-Zeit. Berlin 1966, p. 177 sqq.
Auteur
Université de Franche-Comté
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