L’incertitude du dehors. Sur la poésie de François Migeot
p. 23-35
Texte intégral
L’homme moderne semble être un être du voir.
Kostas Axelos
La pulpe même du sensible, son indéfinissable, n’est pas autre chose que l’union en lui du dedans et du dehors, le contact en épaisseur de soi avec soi – L’absolu du « sensible », c’est cette explosion stabilisée, i. e. comportant retour.
Maurice Merleau-Ponty
1Il aurait tout aussi été possible d’intituler cette réflexion consacrée à l’œuvre poétique de François Migeot La poésie et le dehors, ce qui n’est pas sans rappeler un texte de Maurice Merleau-Ponty auquel il avait donné le titre : « La philosophie et le dehors. » Cette proximité – ou même cette correspondance – dans les intitulés montre toute sa pertinence, notamment dans le fait que le texte du philosophe se trouve inscrit sous un chapitre intitulé « Partout et nulle part.1 » Ce dernier peut être tenu pour une façon de qualifier la philosophie, laquelle peut tout aussi bien convenir pour la poésie. Comme nous le savons très bien, donner un titre à une réflexion sur une œuvre, c’est déjà tenter de désigner les centres de gravité ou les points d’équilibre de l’approche retenue et de son déroulement.
2C’est que, à chaque fois, approchant une œuvre poétique, comme pour toute œuvre de création d’ailleurs, se pose le problème du comment l’aborder. Ce comment l’aborder a pour motif de dégager le plus singulier de cette œuvre, ce qui relève d’une expérience perceptive cumulative, ce qui tient en éveil le scintillement des choses et l’horizon qui s’y trouve inscrit. Reconnaissons que plusieurs lectures peuvent être proposées bien que chaque lecture doive signaler ce qui motive sa pertinence.
3 Nous attachant à la poésie de Migeot, un de ses centres de gravité tient à la prégnance de l’attention à la réalité, au monde, à tout ce qui le compose, à tout ce qui arrive, en ouvrant le plus proche, et en laissant soupçonner le plus lointain. Il ne s’agit pas de l’impératif d’une volonté cherchant à délimiter son champ d’expression, son lieu de parole, une voie déjà toute tracée : son exigence est de laisser poindre, de s’éveiller au monde, la poésie inscrivant cet éveil à la réalité, ouvrant à ce qui ne parle pas encore, s’inachevant dans le vif et le rythme de la langue, qui est aussi d’abord le vif de la vie : éclat infini du réel contigu.
4Tous, nous avons fait l’expérience de ce que peut exiger la lecture d’une œuvre : toute tentative d’approche exige de multiples reprises de sa lecture afin de s’approprier l’œuvre, afin de se familiariser avec ses accents profonds, ses nœuds les plus sensibles, qui tiennent au sens et à la portée de ce qu’elle dessine. La subtilité de l’œuvre poétique de Migeot n’échappe en aucune manière à cette exigence. Combien de retours sur les textes sont nécessaires pour en cerner les aspects qui nous retiennent le plus, ceux qui s’imposent au point parfois de nous déconcerter. Chaque œuvre qui nous aura retenu recèle cette singularité de filer entre les mots, de se défiler, en quelque sorte, pour se recomposer ailleurs, là où elle n’était pas nécessairement attendue. L’inconnu – ce qui reste toujours à connaître – sur lequel elle ouvre est précisément ce qu’elle révèle en bout de course, ce qui nous attache à elle. Cette dimension semble d’autant plus décisive du fait qu’elle exige de la poésie de laisser voir cette conscience et cette lucidité dont elle fait preuve dans la relation à elle-même, une autoréflexivité qui caractérise la poésie moderne jusqu’à la plus actuelle.
5Trois dimensions indissociables semblent constituer les axes de gravitation permettant d’éclairer la poésie de Migeot. Ces trois régimes abordés successivement vont orienter la lecture que nous en faisons. Il s’agit, d’abord, du monde comme démesure et comme énigme, monde que l’auteur tente de conduire à l’expression ; ensuite, du lieu, de l’attente et de l’horizon comme espace de la parole ; enfin, des entrelacements instables entre le dehors et le dedans, entre le sujet et le monde des choses et des événements.
Le monde comme démesure et comme énigme
6Cette attention, en quelque sorte, à la démesure du monde, nous la retrouvons tout au long de l’œuvre de Migeot. Ce monde de la démesure est cet espace appréhendé et rejoint par le poème, de même qu’il est l’obstacle contre lequel il bute sans pour autant renoncer. Et c’est bien ce qui fait que le poème assure ce déploiement si singulier du langage, celui d’une parole qui jamais ne se referme sur elle-même puisque toujours posée par rapport à un monde perçu et vécu. C’est en particulier l’indétermination de la saisie qui retient l’attention. Le monde est cet horizon qui fuit : « Et l’horizon s’évade / par nos yeux / Transparente muraille / le monde s’ouvre et se fane »2. Ou encore : « Le monde craque sous son trône / puis s’étire d’ombre en ombre / dans l’élan de juillet » (Ibid., p. 16).
7Cette poésie – ses accents les plus significatifs, ou les plus décisifs – invite le lecteur à constamment s’interroger, car il déplace sans cesse son champ de gravitation. Cette poésie évite presque tout le temps de parler d’elle-même. Elle cherche à discerner, à évoquer, à saisir, à témoigner, « yeux ouverts » – cette expression revient à plusieurs reprises dans les suites poétiques de Migeot. Toutefois, si elle se nourrit à fond de la perception et force une sortie de soi de l’auteur, de son imaginaire, comme pour porter caution de la réalité, elle n’en présuppose pas moins un retour à soi, ce que nous verrons de plus près un peu plus loin.
8Tenons d’abord qu’elle montre sa capacité à fixer son attention sur tout ce qui tombe sous les sens, sur ce qui nous parvient tel un corps de sensations que sa poésie aura pouvoir de retenir. Gilles Deleuze et Félix Guattari utilisent l’expression « blocs de sensations3 » pour établir ce que nous tentons de désigner ici. Percepts et affects composent ce corps de sensations, bien que ce que cette poésie saisit et enregistre, en quelque sorte, ne semble n’être jamais acquis. Et si cela ne semble n’être jamais acquis, c’est que cette poésie engage pour une large part, mais pas uniquement, la mobilisation permanente du sens de la vue, d’un voir attentif à toute chose du monde, ce regard-témoin qui tient de cette obstination à voir, à décrire, bref, à convoquer en permanence la perception, à la tenir en alerte, afin de faire face au mieux à ce que l’on peut désigner par la formulation : l’incertitude de la saisie… et l’impossibilité ontologique de s’y soustraire.
9Encore une fois, nombreux sont les textes – ou les passages dans ses textes ou ses poésies – que nous pourrions détacher et isoler dans l’œuvre poétique de Migeot, qui signalent à la fois l’ouverture et l’abîme, la visée et la béance, ce dont elle cherche précisément à témoigner par son angoisse et son tracé. Toute l’œuvre de l’auteur est portée par une parole poétique qui s’étonne et qui résiste, qui refuse de céder aux limites qu’elle rencontre. Ces limites peuvent aussi bien être indiquées comme autant d’obstacles, qui sont des points de résistance sur lesquels la saisie se heurte et s’acharne. Toute œuvre pour qu’elle tienne doit s’appuyer sur quelque chose qui résiste, entendons, quelque chose qui nous renvoie au fond, au sans-fond. Mais repousser les limites à leur fond consiste non pas à les retirer, mais bien à les détacher, afin de cerner ce qu’elles distinguent, pour les reconduire à leur lieu d’origine, lieu indéterminé qui est traqué jusque dans l’invisible.
10De son anthologie bilingue (Lentitud del vino / Lenteur des foudres), nous prendrons comme exemple le tout premier texte, qui n’aura pas échappé à ses lecteurs : « Midi / Le temps / Au cœur des fruits / La nuit / Au pied de l’arbre / Debout depuis matin / Le jardin / Sous les pas du ciel / L’escalier flambe4. » Espace, temps, monde, nous retrouvons dès cette ouverture non des thèmes, mais les conditions de possibilité mêmes de cette poésie, que nous pourrions qualifier de poésie pensante sans que cette qualification ait de quelque manière un sens péjoratif. Une pensée est à l’œuvre dans cette poésie qui, au tracé de la saisie, s’attache à une tentative toujours renouvelée de compréhension du monde. C’est une pensée qui pense à partir du monde qui l’interpelle, pour reprendre une formulation de Kostas Axelos. Et une poésie tenant pour essentiel l’exigence d’un déchiffrement des signes du monde, se soutenant du rapport fondamental entre la sensation et la pensée.
11Mais regardons de plus près ce poème. Le midi signale, il va sans dire, ce moment très précis du jour, moment de luminosité maximale, un moment qui résiste à sa saisie ; un moment d’aveuglement qui tient à cette luminosité. Mais il est aussi celui qui préfigure l’attente, i. e. selon un rappel de ce qui aura été attendu, et ce qui reste d’attente dans le jour. L’attente peut être saisie doublement : dans le premier cas de figure, elle est habitée, en quelque sorte, par ce qui doit venir, ce qui est effectivement attendu ; dans le second cas de figure, l’attente incarne un temps vide, un temps qui pourra être investi par ce qui n’était aucunement attendu, ce que l’on désigne par le mot événement, ce qui arrive sans que rien ou presque ne l’ait réellement anticipé. Dans ce poème de Migeot, c’est cette figure du temps inscrit au cœur des fruits, la patience du fruit, ce qu’il découvre du cycle de vie, du bourgeon à sa maturation, qui laisse aussi bien anticiper, alors, sa chute.
12C’est aussi la trame de l’ombre, sa dissémination sous l’arbre, cette brèche ouverte laissant soupçonner l’inconnu du monde, sa part obscure. Cette part obscure donnée par la lumière la plus intense de midi laisse pressentir la nuit à venir : le cycle du jour, sa montée et son éclipse. Toute la spirale de la vie, son inextricable enchevêtrement, se trouve délicatement engagée, éveillant ce sentiment d’être au point sensible du monde, au cœur du temps du monde, source de ce complexe de sensations et d’impressions dont l’effet est d’assurer au langage sa réalité qui le soutient. Et c’est par cette voie que la poésie de Migeot nous entraîne et nous atteint, venant s’accomplir par et dans la réception toujours renouvelée à l’accueil du lecteur.
13Par leurs échos, et par les transformations qu’elles produisent, d’autres suites poétiques de Migeot – suites n’ayant pas exactement le même statut, bien qu’elles participent absolument d’un même univers poétique – illustrent sous une forme différée, cette fois, cette précaution souterraine devant conduire une fois de plus à une lecture du monde, laquelle témoigne de la diversité du sensible dont ces suites se voient investies. Insistons encore : il s’agit moins ici d’aborder le monde directement pour le dire, mais bien de tenter de le saisir et de le comprendre à partir d’une lecture d’œuvres peintes de Pierre Bonnard. Il y aura toujours matière pour revenir sur le fait que l’expérience poétique entretient des liens étroits avec l’expérience picturale ou plastique ; et tout nous invite à appréhender les convergences et à pointer les rencontres – qui ne sont pas de l’ordre d’une concurrence malgré l’écart formel entre la parole, ce qu’elle dit et montre, et l’expression picturale proprement dite. Les œuvres des artistes parlent aux poètes d’une parole manifeste et tout autant obscure ; et de toute évidence de ce que l’on peut retenir d’essentiel. Il ne s’agit pas seulement pour Migeot de déceler ce de quoi est faite l’œuvre de Bonnard à partir des toiles qu’il a retenues, c’est-à-dire, au sens d’un corpus de signes autoréférentiels. Il cherche à établir ses motifs les plus manifestes, approchant ces objets si singuliers que sont des œuvres peintes, sa visée étant par la force des choses, ici, décalée, puisqu’il tente de comprendre comment s’agrège le monde à partir de certaines toiles de Bonnard, opérant une traversée des œuvres par la parole depuis le regard posé sur celles-ci.
14Dès les premières lignes du texte d’ouverture de ce bref livre, une prose construite à partir du tableau « L’atelier au mimosa, 1939-1946 », Migeot écrit : « Le monde a rendez-vous. Encore. Bonnard lui a toujours tenu tête. Oui, bien sûr, le tableau est un jeu de formes, mais le peintre ne se paie pas de formes, le jeu n’est pas gratuit : il est question de la présence au monde et de sa défaillance5. » Nous pourrions appuyer cet extrait, si cela était nécessaire, de plusieurs autres fragments qui vont précisément dans ce sens. L’œil, organe de la vue, saisit des matières, des formes, des masses et des couleurs en leurs variations, dont chaque élément nous renvoie à cette présence du monde dont parle Migeot.
15Dans un même temps, toutefois, celui-ci évoque la défaillance de la saisie. Organe de la vision, l’œil « porte l’ombre immense de la traversée du réel, le réel insaisissable qui revient tous les matins à la fenêtre pour demander asile », écrit-il peu après, au sujet de cette même œuvre de Bonnard. Cette brève méditation, depuis un fragment – un instant – de représentation du monde que suscite l’œuvre de Bonnard, c’est la totalité de ce qui est, et tout autant son invisible noyau d’émergence. Cette brève et fragmentaire présence se trouve assujettie à une présence bien plus large et prégnante, bien qu’impossible à faire tenir toute ensemble, puisque toujours échappant trop à la saisie.
16Ce qui nous retient, toutefois, c’est cette attention constante, tenace et irrémédiable à cette incertitude du dehors, cette défaillance, qui tient à l’impossibilité d’une perception qui, dans l’instant, cherche vainement à embrasser la totalité de ce qui est, défaillance structurellement incluse dans notre vision du monde, cependant qu’elle la détermine positivement dans la mesure où il est question non pas d’une saisie figée, mais d’une saisie ouvrante sur ce qui n’en finit pas de venir.
17La poésie de Migeot ne renonce jamais face au vertige de la réalité. L’auteur offre à son lecteur une justesse de la parole en chacune de ses incursions dans le sensible, dans tout ce qui se tient hors de nous au point de rendre quelque peu illusoire les tracés des frontières dans cette chair du monde, dans ce complexe-monde, où ce qui se donne ne peut l’être que par prises et reprises, que par touches et retouches. C’est là d’abord que cette poésie trouve son motif et sa matière. C’est de là qu’elle s’attache de près au vif de la vie pour le porter à l’expression. C’est sur la base de notre altercation avec la matière sensible, dont nous sommes faits nous-mêmes, que cette poésie nous conduit jusqu’aux horizons les plus indécidables où elle poursuit ses sources les plus manifestes. Elle place d’abord sa visée dans cette ouverture infinie sur le monde, sur ses déterminations et ses enchaînements. Mais elle s’accorde tout autant à son incomplétude, à l’impossibilité d’en dire l’inconnu, le hors-limites, l’à-perte-de-vue, aussi bien dans la continuité du poème qu’au fil de ses poèmes et de ses livres. Du moins est-ce de cette manière que l’on peut entendre plusieurs de ses textes, dont ces vers tirés de Derrière les yeux : « Départ / Les rues poursuivent / les possibles sans nous / Décousues nos ombres / vaquent dans l’étrange // Tandis qu’Orphée / renonce aux bagages / pour l’absence / d’autre rive // L’Enfer est là / c’est le présent / écroué dans son / manque. » (op. cit. p. 31).
18En cela la poésie de Migeot partage un aspect essentiel au fondement de la poésie moderne : si la vision tente par elle-même d’exercer une souveraineté face aux profusions chaotiques du monde, tout aussi décisif est le fait qu’elle éprouve ces limites, ce dont elle tente de témoigner, comme pour repousser ses propres limites.
19Il semble possible de qualifier cette poésie, après ce qui vient d’être dit, de poésie fractale, non pas dans le sens d’une poésie éclatée, mais dans le sens d’une poésie multipliant ses fragments comme autant de touches successives qui s’éclairent les unes les autres. L’intention serait de rompre quelque illusoire totalité afin de reconstituer par la parole poétique une vision mouvante et toujours reprise à la manière d’une constellation inachevable et toute imprégnée par la réalité du monde. Elle met de l’avant les fragments d’une parole approfondissant les limites de ce qu’elle cerne avec une radicalité peu commune, ce dont témoignent ses déplacements continus, et avec une extrême acuité. Ceux-ci fomentent un jeu de perspective instable qui maintient ouverte ce que Merleau-Ponty désigne par l’expression : une « profondeur inépuisable »6. Ce que précisément Migeot pointe à partir de son propre lexique et de son singulier mode d’expression poétique, antérieur à tout concept, lorsqu’il résiste à ce « monde ouvert au vertige » où l’« on prend la démesure du ciel / au désespoir de trouver une branche ». (Lentitud del vino / Lenteur des foudres, op. cit., p. 254). Le corps – et les sens qui en assurent l’ouverture sur le monde – ne nous attache qu’à un seul point de vue à la fois, bien que toujours diffus, et bien que rendant possible des angles de vue successifs, mais sans pouvoir empêcher le fait que nous ne disposons toujours que d’une vision partielle, restreinte, de la réalité. Cette vision est englobée, cependant, dans tout ce qui est – dans ce Il y a – entretenant un sentiment irréversible d’appartenance au monde, jusques et y compris, en ses profondeurs cachées sous l’épaisseur des choses. Ce que, dans sa confrontation directe avec les éléments de la réalité tout comme ses simulacres, cette poésie révèle comme des inconnus, tout en préservant l’inscription d’une trace humaine dans les plis et courbures d’une parole qui en devient le support.
Le lieu, l’attente, et l’horizon comme espace de la parole
20La poésie est parole, par rapport, dans, au plus près, de l’intérieur et sous l’horizon du monde. Elle est percée vers le monde, non vers quelque au-delà du monde – il n’y a pas de passages vers quelque autre rive, car il n’y a pas d’autres rives. Les lieux à partir desquels la poésie cherche à se situer ne sont pas des havres de paix. Ces lieux, touchés par une extrême attention, vont jusqu’à tenir en échec nos certitudes, du fait que le poète tente de les dire dans la proximité la plus juste, depuis la mobilité du réel jusqu’à la mobilité de la langue. Car ils n’assurent jamais une vision complète, sans défaillance, capable de nous libérer de ses vides qui se consument aux extrémités. Migeot, dans presque tous ses textes, désigne des lieux qui ne sont pas des points d’arrêt mais bien des points de vue disposant d’autant de points de fuite. Ils tiennent lieu d’intervalles. On rappellera ici que la ville comme lieu revient à de multiples reprises au point qu’elle pourrait être donnée pour un lieu exemplaire, comme en ces vers : « Dans les artères / de la ville on entend bourdonner / le sang de la routine » (Derrière les yeux, op. cit., p. 7).
21Mais c’est également ces rues qui sont autant de fragments de ville, les lieux discrets où la vie se joue comme des cheminements d’événements jamais enclos dans un concept ou selon quelques banales généralités : « La rue court / comme un rire au bas de la haie / l’heure tournoie / dans les essaims d’enfants » (Ibid. p. 15). Ou encore les vers suivants : « Novembre / Lâchée par la ville / la rue s’est assise / la lumière prise d’un doute » (Ibid. p. 19). Ces lieux sont pour ainsi dire toujours habités car ils laissent deviner ou gardent les traces qu’ils sont bien habités, qu’ils l’ont été, ou qu’ils le seront, comme s’ils étaient « en attente d’histoire ». L’humain est, ontologiquement, un être de lieux. Il n’est pas simplement jeté dans des lieux, mais portés par les lieux qu’il aménage, transforme, compose, déplace, et entre lesquels il circule.
22Nous occupons des lieux, nous nous déplaçons dans des lieux, nous changeons de lieux. Toute expérience poétique signale un lieu au plus fort de nos déambulations. La poésie de Migeot appréhende le sens de ce qui est vu et vécu à partir de multiples localisations (de lui-même), et d’angles de vue, avec toujours cette préoccupation de mettre en avant – mais aussi à distance – les effets de localisation. Ces localisations apparaissent à la fois mobiles (vues et vécues sous divers angles) et précises. Elles sont l’objet d’une méditation, en quelque sorte, conduisant à des saisies – un effet cumulatif – pour donner matière à la parole. Ainsi les lieux offrent un espace d’expansion pour ainsi dire infini à la parole poétique.
23Dans son livre Clair-obscur, Migeot fait partager à son lecteur cette impression d’infini d’un espace offert :
Le pays renait des trouées de lumière / il appelle de partout / dans la jupe du feuillage qui valse avec le vent / au premier cri du soleil à la tête des montagnes / dans les yeux des maisons qui ouvrent les volets / dans l’essor du café au lever des cuisines / dans la toile des routes qui maille le pays / dans la phrase des trains lancée à l’avenir.7
24Le lieu que nous habitons, ou que nous arpentons, l’espace ouvert à l’intérieur duquel nous vivons, ne peut être ouvert pour nous que par l’action et la parole, le geste de la parole. La parole nous conduit, depuis les toutes premières sensations, aux impressions, pour les porter à l’expression. De cette manière nous est offerte la possibilité de désigner notre rapport au monde, de lui donner sens et de le rendre quelque peu intelligible.
25De même, le lieu proprement dit est tout aussi bien, et plus encore, le lieu de l’intime. Il y a en quelque sorte rapport cognitif structurel entre l’espace intime, la maison, l’appartement, la chambre, et l’intériorité. Cette intériorité n’est pas une simple illusion ou encore un mythe, même si elle en aura produit et entretenu de très nombreux à toutes les époques. Migeot, à l’occasion de sa méditation sur plusieurs œuvres peintes qu’il aura retenues de Bonnard pose une fois de plus la question du lieu – d’où l’on vit, qui est aussi un lieu d’où l’on parle, et qui ne se réduit pas à un lieu unique, et univoque – et notre mobilité dans l’espace nous le rappelle presque à chaque instant, tout comme se signale à notre conscience diffuse le pressentiment de l’universel assurant à la parole poétique la présence, sous toutes ses modalités, de référents externes. Aussi, la question du lieu, c’est celle de l’espace selon une configuration duelle, bien que jamais manichéenne, celle du rapport entre le dehors et le dedans.
26Le prétexte choisi concerne une fois encore l’œuvre de Bonnard. Plus précisément celle intitulée Nu à contre-jour. Il écrit : « On imagine la rue éclairée depuis le dedans. Dehors la ville s’allonge dans les perspectives de l’espoir » (Maintenant il est temps. Pierre Bonnard, p. 33). La toile de Bonnard laisse soupçonner la relation amoureuse, celle d’« après l’amour ». Quelque chose de diffus traverse cette toile. La mise en scène d’une atmosphère de bien-être et/ou de tranquillité l’accompagne. Ici le texte révèle et fonde. Il révèle ce qui est entrevu au départ de cette scène ; alors que ce qu’elle fonde, les perspectives de l’espoir, elle le fonde sur le soupçon du surgissement du sol d’où la relation à l’autre impose à la fois son ancrage, aussi fragile qu’il soit, et ce qui est possible, c’est-à-dire, son séjour et son horizon. Citons le premier fragment de cette prose :
Après l’amour. Regard posé sur elle. Rayonnement de gratitude. La lueur vient du corps. Le soleil se lève aux lisières de la chair. Il creuse la présence. On dirait un chant. Le salon tremble de lumière. Le papier des murs fredonne. Le divan danse encore. Tourbillon des motifs. Le rideau ébloui. L’horizon recule. (Maintenant il est temps. Pierre Bonnard, op. cit., p. 33).
27Le moment ainsi saisi par l’imagination, évoqué avec une rare et subtile sensibilité, nous laisserait sur le palier de porte dans le cas où cette évocation serait une simple question d’intermittence, un moment isolé et sans égard à tout ce qui vient l’éclairer, l’encadrer dans ce qu’il a, également, d’aléatoire. « L’horizon recule » ; « La mort est ajournée », écrit encore Migeot dans la suite de ces fragments portant sur cette œuvre de Bonnard. Plus précisément, toutefois, c’est la rencontre, cette rencontre soupçonnée, et à travers elle l’autre pressenti, désigné même, cet autre absent/présent que signale cette rencontre entrevue depuis le fond d’un silence suspendu, tout ce qui détermine le lieu d’un imaginaire incorporé, un imaginaire se saisissant de tout ce qui relève d’un espace réel, celui de la toile, qui renvoie à un lieu réel, celui de la chambre. Ce qui est imaginé, en quelque sorte est bien plus que ce qui est vu dans le premier regard porté sur l’œuvre de Bonnard. Chez Migeot, voir c’est non seulement éveiller la réalité mais bien créer, dans tous les sens du terme.
28Ainsi, à la lecture de cette prose poétique sommes-nous en mesure de recomposer et de redéployer ce qu’une œuvre aura aux premiers abords impulsé au point d’investir notre propre histoire, ce que nous sommes à travers ce qu’elle évoque. Alors que la mémoire joue un rôle décisif dans le jeu qui emporte notre imagination au point d’impulser au tableau une plénitude dont le parcours est infiniment renouvelé.
29Depuis ce processus, le temps et la mort se voient convoqués – dans l’œuvre comme dans le texte – pour un instant seulement. Et selon toute apparence, se trouvent révoqués, pour un moment du moins. Le texte l’énonce, qui interpelle ces instants : « Et la fin qui avance fait le prix du moment. Elle est dans les ombres minces, dans l’encre qui trace les limites. L’éternité est blanche. Il n’y a de paradis que terrestre. La toile est un sursis. » (Ibid. p. 34).
30Circonscrire pour un temps l’espace, démarquer le lieu qui est aussi lieu indémarquable, entendre : indémarquable à jamais, c’est ce qui semble bien constituer, chez Migeot, l’espace symbolique d’une totalité inachevable. Il écrit : « C’est alors depuis le lieu de l’absence que nous voyons la vie. C’est le prix de la scène et la place qui nous revient. La place de bref invité qu’on attable à l’instant suspendu. » (Ibid. p. 25).
31Cependant que ce lieu de l’absence – qui peut désigner la mort – anticipé d’où nous voyons, en quelque sorte, permet d’accorder à la vie la part qui lui revient. Et le sens d’un instant indissociable de son lieu n’est lisible qu’à partir du non-sens absolu. L’instant et le lieu résistent à ce qui nous menace, atténuent notre impuissance face à l’indémarquable, et consacrent notre présence au monde. Ce sont des angles restreints, parfois improbables. Mais on ne peut faire autrement que de passer par eux. Et c’est par eux que nous ouvrons notre intériorité au dehors. Ils sont nos points d’appui et de résistance au présent.
32L’espace intermédiaire entre soi et tout ce qui se tient en face de soi place alors au centre de ce nœud la présence de toute altérité, à commencer par celle que représente l’autre, la reconnaissance que nous lui devons. La relation entre l’intérieur et l’extérieur se dispose tel un véritable tour de force, alors que la mort est congédiée, ou plutôt, reportée pour un moment, afin de nous ramener à un lieu jamais unique, et encore moins objectivé de manière définitive. De sorte qu’il fonde une itinérance ouverte et ouvrante, là où se jouent en permanence le dedans et le dehors, l’écart dans leur extrême proximité, et nos incertitudes tout autant.
Le dehors et le dedans
33Le dehors c’est à la fois la plénitude du monde, mais aussi le vide où se constitue l’assise du poème. Ce que l’on désigne par le dehors est saturé et pourtant constitué par l’absence à l’horizon, et par ce qui te vide d’ici / du sang de la présence. Le monde, ce lieu qui n’a pas de bord, situe, nous situe par rapport à ce qu’engage cette dualité. Du moins, l’une parmi bien d’autres, qu’il faudrait rappeler, car la poésie de Migeot se construit sur un jeu complexe de dualités, jamais contraignantes, fermées, manichéennes. Dans la suite intitulée Moires, on trouve en ouverture d’un court poème ceci : « Il y a / le dehors / qui insiste ». (Lentitud del vino / Lenteur des foudres, op. cit., p. 184).
34Le dehors, c’est le monde, c’est le lieu, c’est l’événement sous toutes ses formes et coutures, sous toutes ses figures ; et elles sont à ce point innombrables qu’elles restent dans une certaine mesure insaisissables, certainement immaîtrisables. Cependant il y a lieu de se demander : ce « insiste » insiste par rapport à quoi ? Le dehors ne peut insister par rapport à lui-même. Il sous-entend alors quelle réception ? ou mieux, qui se voit ici, sollicité ? C’est la question de la tension entre soi et le monde qui se trouve mise en évidence dans ces quelques mots. Tout lecteur des poésies de Migeot aura remarqué la présence de ces deux termes, par la force des choses si souvent associés : le dedans et le dehors. Leur récurrence court tout au long de l’œuvre. Ils pointent d’infinis contextes, d’infinis événements, d’infinies saisies, mettant ainsi en évidence le rapport premier et fondamental entre intériorité et extériorité. Une fois encore, citons l’une des proses consacrées à Bonnard afin de mieux cerner l’enjeu qui se dévoile sous cette visée :
La question n’est pas celle du site embrassé par la vue. Le cadre de verrière y suffirait. Il s’agit de l’atelier qui s’inquiète du dehors et rend leur frontière sensible comme notre peau, comme notre âme. Si elle existe, alors elle est cette vitre invisible où nous nous tenons dans l’alliance du sang et de la lumière. (Maintenant il est temps. Pierre Bonnard, op. cit., p. 12)
35Sur cette relation, sur ce qu’elle entretient de problématique, une fois de plus, c’est par l’intérêt que suscite l’œuvre picturale de Bonnard que se trouve la percée la plus directe et qui en même temps désigne en quelque sorte chez Migeot une poétique. La modernité du regard et l’importance que celui-ci occupe dans nos repères réflexifs les plus contemporains se trouvent mis en œuvre. Plus encore, ce qu’aura si bien remarqué Michel Collot, dans ses analyses, notamment dans son livre La Poésie moderne et la structure d’horizon8, ce dont il s’agit, bien plus que la souveraineté du regard qui est en cause, ce sont ses limites, ici distinguées encore une fois, qui vont faire l’objet d’une attention comme jamais. Sous divers angles, c’est à l’attention à cette démesure que la poésie de Migeot semble bien s’attacher. Ainsi, dans le fragment suivant, l’auteur met en perspective un premier aspect : « Au dedans le battement du cœur, au-dehors le battement de l’être que sème le regard. Et le feu intraitable du mimosa qui désigne le présent. » (Maintenant il est temps. Pierre Bonnard, op. cit., p. 8).
36Le second aspect nous emporte aux limites de ce dont la parole poétique peut se saisir : « Et l’arrière-pays, jusqu’aux montagnes, qui résonne des repas à venir, des cuisines qui bruissent, des familles qui se préparent pour célébrer au mieux le jour qui passe. » (Ibid. p. 10). Comme on peut le voir, ou plutôt, comme on peut l’entendre, les limites dont parle Michel Collot pour dire l’un des tressages les plus significatifs de la poésie moderne – ce qui inclut, il va sans dire, et peut-être davantage encore, la poésie la plus contemporaine –, et bien, ces limites se trouvent également dans l’immédiateté d’un objet présent fugitivement entr’aperçu, dans le plus familier de la saisie, dans un instant de distraction ou au hasard d’une attente, d’une attente qui jamais ne sera comblée, malgré cette réalité du monde ici intériorisée.
37Sous un autre rapport, dans son évocation le plus souvent fort discrète de la mort, Migeot pose la relation de soi à soi à travers la vie saisie de l’intérieur par la conscience qui en est prise. La mort, c’est le processus irréductible, implacable, figure de la destruction irréversible, celle de l’effacement de toute intériorité. Migeot revient à plusieurs reprises, sous diverses formes, bien qu’avec beaucoup de retenue, sur cette limite vertigineuse de l’homme, comme en témoignent ces vers tirés de la suite poétique intitulée Clair de page : « C’est une ténèbre / qui se mêle à la lampe de nos chairs / elle descend dans nos traits vieillissant, / elle occupe les visages / que nous abandonnons à ses friches, … » (Lentitud del vino / Lenteur des foudres, op. cit., p. 94).
38Nous pourrions aussi comprendre par là que c’est le chaos du monde, ses cycles, qui se trouve incorporé. Elle (cette incorporation) se glisse dans les mots et met en évidence l’impossibilité de les enfermer dans quelque limite que ce soit. La mort, bien qu’elle ne soit pas nommée comme telle dans ces vers, investit la conscience de l’intériorité vivante dans son expression la plus décisive, la plus marquante, c’est-à-dire, la conscience ultime de sa destruction. Cette même suite s’achève de manière non moins significative sur une note en apparence paradoxale, mais en apparence seulement : « et c’est pourtant elle qui éclaire le présent, / elle est l’ombre qui nous porte, / nous dessine, / elle qui donne audience / chaque jour / à la terrasse de nos corps. » (Lentitud del vino / Lenteur des foudres, op. cit., p. 102). Le lieu, le sol, ne peuvent être, pour nous, sans cet abîme-là. Il éclaire la complicité, en quelque sorte, de l’intériorité se tirant du chaos et se construisant un ordre fragile avec – et à partir – de ce fond obscur du monde et des choses. Si ce n’est du fait que la chair même du sujet ne saurait se différencier simplement de la chair du monde, des choses ; que cette chair est conjointe, alors que seul le langage, et sa forme la plus décisive, peut-être, qu’est la parole poétique, semblent pouvoir faire les distinctions nécessaires touchant à cette dualité dehors / dedans, sans pour autant espérer la surmonter, c’est-à-dire, l’abolir.
39Dits et non-dits du dehors, ce qui garde silence parle. Tout au moins s’éprouve dans une parole incarnant un faire, un parcours ouvert où parler s’accompagne – ou est précédé – du voir, du pas, de la respiration, pour avancer un peu plus, autour, avec les mots pour voir, pour se voir, pour faire voir, pour se perdre et pour se retrouver. L’incertitude du dehors, certes, nous habite… et nous prévient. Sans indulgence à notre endroit, elle ne nous comble pas moins pour autant. Et cela tient à cette difficulté insurmontable de fixer le monde, de l’arrêter, même un instant. C’est un bougé permanent que l’on côtoie, qui nous porte vers l’antérieur et nous précipite dans une histoire inachevable qu’il féconde. Un voir tenu par des angles impossibles à détruire, chargé de sa propre histoire et de celle qui se fait à l’instant, avec l’impossible réversibilité d’un temps à durée variable. Ce qui précède n’est pas immédiatement de mise, et la poésie de Migeot est là pour nous le rappeler. La part d’ombre que nous portons se tient dans l’horizon de ce que nous sommes. Elle s’éveille aux limites de notre perception d’un monde démesuré. Elle se tient au plus près de soi, et se porte aux confins de ce plus près qui se trouve être notre intériorité tout aussi démesurée, sur une scène indéterminée et indéterminable de la réalité et de ses lieux partagés.
Pour conclure
40Monde, choses, faits, événements, tout ce qui arrive, nous renvoie à la saisie par la parole, par la parole poétique, par ce qu’elle a de plus singulier et de plus irréductible à toute autre prise de parole. Cette parole, comme on vient de le voir, Migeot ne cesse de l’impulser, voyant dans le monde à la fois son inépuisable expression – un monde démesuré –, et les limites par rapport à ce à quoi nous sommes pour l’instant encore capable de signifier. Toujours, nous traduisons. Nous traduisons tout ce qui est, donnant forme pour nous à ce qui est, qui est déjà élan de formes infinies offertes, bien que toujours inachevées, formes à la fois accessibles / inaccessibles, déterminées / indéterminées, déterminables / indéterminables, dès lors qu’on tente de saisir le réel sous les espèces d’une totalité inachevée et inachevable. D’où sans doute cette nécessité si décisive pour la formation de l’espace de la subjectivité, à savoir recommencer, par et dans la saisie, à donner forme à la parole, ici à la parole poétique, avec la conscience persévérante de son inachèvement perpétuel et de celle de ses accords et de ses désaccords.
41Parler, c’est saisir ce qui est dans son sens le plus général afin de parvenir au plus spécifique. Mais c’est tout autant être saisi par le plus singulier et le dire afin de tendre vers quelque chose d’universel. Nous saisissons et de ce fait nous nous saisissons comme sujet saisissant. Au long des livres de poésie de Migeot, c’est cette pulsation du poème qui tient en éveil, qui revient et qui touche. C’est la beauté de la parole poétique comme justesse du dire saisissant. Hors de prise, elle revêt l’expérience poétique d’une rectitude soucieuse : son frémissement reflète l’étroit écart entre sensibilité et pensée. Cet univers sensible n’est jamais laissé à lui-même, et la pensée qui l’accompagne comme son ombre renonce à toute arrogance rassurante. C’est en ce sens que plus haut se formulait l’idée d’une poésie pensante. Elle questionne au détour d’un vers ou d’un fragment nos ancrages, nos sols soutenus par le multiple – l’ouverture – et par l’aléatoire toujours de veille.
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Bibliographie
COLLOT, M., 1989, La Poésie moderne et la structure d’ horizon, Paris, PUF, collection « Écriture ».
DELEUZE. G. ; GUATTARI, F., 1991, Qu’est-ce que la philosophie, Paris, Minuit.
MERLEAU-PONTY, M. 1960, Signes, Paris, Gallimard.
10.14375/NP.9782070286256 :MERLEAU-PONTY, M., 1988, Le Visible et l’invisible, Paris, Gallimard, Tel.
MIGEOT, F., 2010, Lentitud del vino. Antología poética / Lenteur des foudres (Edición bilingüe), Traduction Judith Alvarado-Migeot. Caracas, Monte Ávila editores, collection « Altazor ».
MIGEOT, F., 2011, Maintenant il est temps. Pierre Bonnard, Besançon, Éditions Virgile.
MIGEOT, F., 2012, Derrière les yeux, Mont-de-Laval, L’Atelier du Grand Tétras.
MIGEOT, F., 2013, Clair-obscur, Mont-de-Laval, L’Atelier du Grand Tétras.
Notes de bas de page
1 Maurice Merleau-Ponty, Signes, Paris, Gallimard, 1960, p. 158 à 167.
2 François Migeot, Derrière les yeux, Mont-de-Laval, L’Atelier du Grand Tétras, 2012, p. 10.
3 Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie, Paris, Minuit, 1991, p. 154.
4 François Migeot, Lentitud del vino. Antología poética / Lenteur des foudres (Edición bilingüe), Traduction Judith Alvarado-Migeot. Caracas, Monte Ávila editores / Altazor, 2010, p. 2.
5 François Migeot, Maintenant il est temps. Pierre Bonnard, Besançon, Éditions Virgile, 2011, p. 7.
6 Maurice Merleau-Ponty, Le Visible et l’invisible, Paris, Tel, Gallimard, 1988, p. 188.
7 François Migeot, Clair-obscur, Mont-de-Laval, L’Atelier du Grand Tétras, 2013, p. 12.
8 Michel Collot, La Poésie moderne et la structure d’ horizon, Paris, PUF, collection « Écriture », 1989, p. 30, notamment.
Auteur
Poète, essayiste, traducteur.
Né à Mont-Laurier (Québec) en 1948. Docteur en sciences sociales de l’Université libre de Bruxelles, il a enseigné la théorie et la philosophie politiques à l’Université du Québec à Montréal et occupé la chaire Roland-Barthes à l’Université nationale de Mexico. À Bruxelles, il fut durant plus de dix ans attaché de recherche à la Bibliothèque royale de Belgique. Cofondateur des éditions La Lettre volée, où il anime la revue d’esthétique et de création L’Étrangère, il est l’auteur de plus de quinze livres de poésie et de nombreux essais sur la littérature, l’art et la culture contemporaine.
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