Avant-propos
p. 11-12
Texte intégral
1Il n’est pas indifférent que les « journées d’étude » qui donnent à ce volume l’essentiel de sa matière se soient tenues au Centre de Linguistique Appliquée de l’Université de Franche-Comté.
2Référence historique en ce qui concerne la didactique du Français Langue Étrangère et toujours pionnier dans ce domaine grâce à l’activité de recherche et d’expérimentation qui l’a caractérisé depuis ses origines, il est, de manière incontournable, le lieu où se posent et se travaillent des questions fondamentales telles que la conception des langues mise en œuvre dans l’enseignement-apprentissage, ou celles relatives à la nature du sujet qui apprend, ou encore celles qui touchent à la nature de la relation didactique qui se noue à cette occasion.
3Proposer l’étude de la littérature, voire préconiser sa pratique, est déjà, implicitement mais très nettement, une prise de position épistémologique en matière de didactique. En effet, est impliquée dans un tel choix et dans ses attendus une certaine vision de la langue, tout comme est impliquée une certaine conception du sujet dans son rapport aux langues (maternelle et étrangère). Ce sont ces attendus que va se proposer de mettre au clair la dernière partie de cet ouvrage, tout en mettant en évidence le considérable potentiel didactique de la littérature, lequel se déclinera à travers certaines pratiques qui y seront exposées.
4Ce faisant, nous sommes donc aux antipodes d’une conception qui ferait de la langue un instrument, instrument extérieur au locuteur et non constitutif du sujet qui la parle, la réduisant à la désignation et à l’action attachées à un monde conçu comme univoque et permettant une communication sans reste entre des sujets « utilisateurs » et transparents à eux-mêmes.
5Au contraire, le sujet qui est sollicité par la perspective de ce volume est un sujet complexe, en devenir, il est un « effet de langage » (Lacan), constitué dans sa langue maternelle et travaillé par l’apprentissage d’une langue étrangère.
6Et, pour continuer à élaborer une représentation de soi et une représentation de l’autre et du monde dans une autre langue-culture, pour soutenir l’« apprenant » dans sa (re)construction subjective, il faut la présence d’un tiers, d’un passeur. Si l’aide requise pour ce travail est certes à chercher dans le nouage d’une relation didactique, elle est aussi à chercher dans les potentialités du texte littéraire : dans la poésie, pour tout le jeu dans la langue qu’elle suscite (qui permet l’apprentissage et qui est aussi la condition d’émergence de l’inconscient), avec son lot de surprise et de jubilation ; mais aussi dans les œuvres narratives, pour peu qu’elles soient suffisamment « ouvertes », au sens d’Umberto Eco, et préparent ainsi l’accueil du lecteur apprenti. L’enseignant trouvera alors – beaucoup mieux que dans les textes réputés « authentiques » qui se referment sur un public ciblé – dans le texte littéraire et dans le processus de son élaboration, des alliés de poids.
7On comprend ainsi tout l’intérêt des études ici rassemblées, qui, portant tour à tour sur les processus de création du texte, sur les méthodes relatives à son analyse, sur les enjeux de sa traduction et enfin ceux de sa transposition didactique, peuvent stimuler la réflexion méthodologique relative à la didactique des langues-cultures.
8On retrouvera, dans les quatre volets déclinés au fil de ces pages, des questions communes relatives à la nature des langues et à ce que nous entendons par sujet. Par ailleurs, interrogeant l’idée de « création », on comprendra que, loin d’être réservée à une « élite » d’êtres inspirés et chéris des dieux, elle est une notion transversale qui est à l’œuvre autant chez le poète, l’écrivain, et le traducteur que chez l’apprenant. De sorte que la langue, telle qu’elle est envisagée sous les aspects de la création littéraire, de l’analyse textuelle, de la traduction, peut largement informer la recherche relative à l’apprentissage d’une langue étrangère.
9Si, pour réaliser ce parcours, on a pris pour ancrage les travaux de François Migeot, c’est qu’étant écrivain, sémiologue et didacticien, le fil conducteur qu’ils permettent de suivre n’en devient que plus évident. Sur un autre plan, ce volume voudrait aussi témoigner de la reconnaissance institutionnelle à l’égard de l’enseignant-chercheur qui a consacré l’essentiel de son temps à la recherche en littérature, à la pratique et à la réflexion pédagogique ainsi qu’à la création poétique et littéraire.
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