Avant-propos
p. 17-18
Texte intégral
1Deux siècles d’industrialisation ont laissé des traces dans l’environnement : une impressionnante liste de substances chimiques, parmi lesquelles on peut citer les plus connues du grand public comme les métaux, les nitrates, les phosphates, les pesticides et les médicaments (et leurs métabolites), et les moins connues comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques, les composés organiques volatils, les alkylphénols, les organoétains, ou encore les dérivés benzéniques et phénoliques chlorés.
2Toutes ces molécules, regroupées sous le terme de micropolluants, ont été et sont encore diffusées dans tous les compartiments de l’environnement, notamment dans les milieux aquatiques et les eaux souterraines, et sont ainsi absorbées par les plantes, les animaux et par l’homme. Ce seul fait conduit à militer pour une décontamination plus poussée des eaux usées avant leur rejet dans les écosystèmes.
3Face à ces problématiques environnementales et de santé publique, depuis les années 1970, l’Union européenne a décidé de lancer une politique communautaire de l’environnement. Dans le domaine de l’eau, elle s’est mobilisée pour améliorer la qualité des eaux utilisées par l’homme, protéger les milieux aquatiques, et contrôler les eaux usées à destination des milieux récepteurs. L’essentiel des réglementations actuelles nous vient de la directive-cadre sur l’eau de 2000. Cependant, la politique française sur l’eau ne date pas des années 2000 mais remonte aux années 1960.
4Depuis, plusieurs principes, concepts et slogans sont apparus : « l’eau fait partie du patrimoine commun de la Nation » ; « le droit d’accéder à l’eau potable dans des conditions économiquement acceptables pour tous », « l’usage de l’eau appartient à tous », « pollueur-payeur », « qui pollue paye, qui dépollue est aidé », « l’eau paye l’eau », « l’eau n’a pas de prix mais elle a un coût », « tous ensemble, sauvons l’eau », etc.
5Dans les années 1960, des organismes publics ont également été créés comme les agences de l’eau pour aider à mieux lutter contre les pollutions de l’eau et pour atteindre des objectifs ciblés en termes de rejets de substances chimiques. Cette lutte est un enjeu majeur en France et en Europe d’un point de vue environnemental, sanitaire, économique et touristique. Cependant, le problème n’est pas si simple car les eaux usées que nous rejetons sont complexes et fortement variables.
6Bien qu’elles respectent les réglementations en vigueur, les eaux traitées par les stations de décontamination puis rejetées dans les milieux aquatiques contiennent toujours une polycontamination non négligeable.
7En outre, la liste des substances à prendre en compte ne cesse d’augmenter avec l’évolution de plus en plus stricte des réglementations et des normes. Or, il est bien connu que certaines substances sont réfractaires à certains traitements classiques de décontamination tels que les procédés biologiques. Il faut donc innover pour trouver de nouvelles solutions de décontamination des eaux à la fois plus efficaces chimiquement, économiquement viables et sans impact sur l’environnement.
8Nous utilisons tous de l’eau, et donc nous participons tous à sa pollution au sens le plus large (gaspillage, surexploitation, pollutions diverses, etc.). En tant que citoyens, tout ce qui touche à cette ressource nous intéresse également et nous interpelle de plus en plus. D’où provient l’eau du robinet ? Peut-on la boire sans problème ? Comment sont traitées les eaux usées ? Quels sont les polluants ? Quelles sont les réglementations ? Quels sont les enjeux ?
9Ce contexte nous a conduit à proposer un ouvrage thématique de quinze chapitres sur les eaux industrielles contaminées décrivant la réglementation sur les substances chimiques (chapitres 1 à 3), les paramètres chimiques et biologiques utilisés pour évaluer la qualité des milieux et la toxicité des rejets (chapitres 4 à 7), et l’utilisation de procédés innovants d’épuration des eaux (chapitres 8 à 15). Pour cela, nous avons fait appel à trente-huit spécialistes dans leur domaine, universitaires et industriels, français, italiens et roumains.
10Cet ouvrage débute par un rappel sur les politiques françaises sur l’eau, les agences de l’eau, l’action RSDE et les paramètres chimiques de l’eau. Il comporte ensuite trois chapitres sur l’évaluation du risque, de la qualité des milieux aquatiques et de la toxicité de rejets industriels à l’aide de bioessais. L’ouvrage couvre également un large ensemble de méthodes innovantes et conventionnelles pour traiter les eaux, allant de l’utilisation de polysaccharides (chitosane, exopolysaccharides marins, cyclodextrine, chanvre) jusqu’aux procédés d’oxydation avancée, et en passant par les charbons et la nanofiltration.
11Nous souhaitons que cet ouvrage permette au lecteur de disposer d’une synthèse traitant de la politique française sur l’eau, des substances dangereuses et des paramètres de l’eau, de découvrir des outils écotoxicologiques d’évaluation de la qualité des eaux et des méthodes innovantes pour traiter les eaux polycontaminées.
12Enfin, nous remercions amicalement tous les auteurs pour leur contribution à cet ouvrage, ainsi que M. Laurent Roy, directeur général de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, qui nous a fait l’honneur de rédiger la préface.
Auteurs
Université de Bourgogne Franche-Comté, laboratoire Chrono-environnement UMR CNRS 6249
nadia.crini@univ-fcomte.fr
Coordinatrice de l’ouvrage.
44 ans, est diplômée de chimie analytique (1995) et docteure en chimie physique (1998) de l’université de Franche-Comté. Elle est actuellement ingénieure de recherches, responsable de la plateforme d’analyses chimiques environnementales à l’UMR Chrono-environnement de Besançon. Sa recherche actuelle est axée sur le développement de méthodes analytiques innovantes (ICP-MS, GC-MS/MS) et l’analyse à l’état de traces de substances chimiques présentes dans différentes matrices (eau, sols, sédiments, matrices biologiques, etc.). Elle s’intéresse également depuis de nombreuses années à l’élimination de polluants environnementaux (métaux, HAP, PCB, COV, colorants, fongicides azolés, etc.) par des substances naturelles (gels de cyclodextrines). Elle est auteure et coauteure de plus de 70 publications nationales et internationales, et coordinatrice d’un ouvrage sur les cyclodextrines (2015).
Adresse : Université de Bourgogne Franche-Comté, laboratoire Chrono-environnement UMR CNRS 6249, 16 route de Gray, 25000 Besançon.
gregorio.crini@univ-fcomte.fr
Coordinateur de l’ouvrage.
50 ans, anime actuellement l’équipe de chimie environnementale de l’UMR Chrono-environnement de Besançon où il développe des activités de recherches orientées sur le traitement, l’ingénierie et l’impact des eaux usées industrielles et urbaines. Sa recherche est principalement axée sur l’utilisation de ressources naturelles (oligosaccharides, polysaccharides, cyclodextrines) dans les domaines de la filtration, la bioadsorption et la biofloculation pour complexer des polluants environnementaux (colorants, métaux et métalloïdes, HAP, COV, PCB, alkylphénols, etc.). Son expertise dans ces domaines est fréquemment demandée par des institutions internationales (Canada, Lituanie, etc.), nationales, des éditeurs scientifiques et des entreprises privés. Il est auteur d’un brevet et a publié plus de 150 publications dans des revues internationales (dont une revue en 2014 dans le journal Chemical Reviews de l’American Chemical Society, impact factor > 46,5) et des ouvrages, et plus d’une centaine de communications dans des congrès nationaux et internationaux. Il a coordonné quatre ouvrages sur le traitement des eaux industrielles (2007), le chitosane (2009), les procédés d’adsorption (2010) et les cyclodextrines (2015). L’ensemble de ses publications a été cité plus de 6000 fois et son h-index est de 29 selon ISI Web of Science. Il a codirigé et dirigé quinze thèses de doctorats, cinq stages postdoctoraux, et plusieurs projets de recherches régionaux, nationaux, internationaux et privés (agence de l’eau, région de Franche-Comté, INRA Transfert, FEDER, contrats industriels, etc.).
Adresse : Université de Bourgogne Franche-Comté, laboratoire Chrono-environnement UMR CNRS 6249, 16 route de Gray, 25000 Besançon. URL : .
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