Préface. Enseigner et louer
Les affixiones au collège jésuite de Bruxelles sous le gouvernorat de Léopold-Guillaume de Habsbourg
p. I-XIV
Texte intégral
1 Il est frappant de constater combien les études culturelles et littéraires sont le lieu, de manière continue et depuis plusieurs décennies, d’un intérêt suivi pour les jésuites « parmi les hommes aux xvie et xviie siècles » - tel était le titre d’un colloque tenu en 1985 à Clermont-Ferrand1 -, en arpentant désormais des terrains inédits.
2Sans doute l’ouvrage pionnier, il y a un siècle maintenant, a-t-il été l’Histoire littéraire du sentiment religieux de l’abbé Bremond, qui, en tournant résolument le dos à une histoire littéraire académique et normative, avait réintroduit dans le champ esthétique et scientifique à la fois - belle gageure - le corpus immense des écrits spirituels du xviie siècle en langue latine et française2. En rompant définitivement avec le ressassement de la légende noire associée à l’ordre3, comme en essayant d’éviter l’hagiographie qui lui faisait pendant du côté des défenseurs de la Compagnie de Jésus, Bremond avait ouvert une série de perspectives que d’autres travaux, profitant de l’essor des sciences humaines depuis les années soixante et soixante-dix, sont venus renouveler.
3Pour brosser à l’intention du lecteur un arrière-plan circonscrit du livre que nous offre Grégory Ems, nous retiendrons ici simplement deux grandes inflexions, sans exclusive de la dimension spirituelle, entre méditation et mystique, devenue si saillante dans l’histoire religieuse de la Première Modernité : la dimension pédagogique (les jésuites et les hommes, si l’on veut), et la dimension rhétorique (les jésuites et les mots, si l’on veut), dont la Compagnie a été l’un des grands maîtres d’œuvre à l’échelle européenne. Ces deux inflexions permettent en effet de comprendre en profondeur les choix spirituels et idéologiques bien connus de l’ordre que l’histoire a pu retenir dans l’éclat ou les tempêtes de son déroulement : la défense des idéaux de la Contre Réforme, tant religieux que politiques.
4Les travaux de François de Dainville, puis de ses disciples Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia4, ont permis de retracer les jalons d’une pédagogie diversifiée dans sa mise en œuvre, entre encadrement de l’élève et relative liberté laissée à son invention, dans l’organisation d’un système scolaire adapté localement mais aussi unifié à l’échelle européenne, susceptible d’instruire semblablement les élites européennes selon un maillage dense d’établissements où le même cursus, les mêmes programmes d’enseignement et la même pédagogie sont portés par des enseignants sélectionnés et aguerris.
5Ceux de Marc Fumaroli5 ont permis de saisir l’effort consenti par les maîtres de l’ordre, dans ce contexte, pour conférer la maîtrise - à leurs élèves, mais aussi à eux-mêmes - de la parole éloquente, maîtrise sur laquelle repose nécessairement la formation des individus en un siècle où l’oral n’a pas, et de loin, été détrôné par l’écrit y compris dans les plus hautes classes de la société et les plus instruites, rompues à l’éloquence du barreau, de la chaire, de la cour ou de la conversation. Adossée à la connaissance des textes des Anciens, héritière de tout un bagage humaniste porteur d’une vision optimiste de l’individu et du monde, fondée sur la connaissance des artifices et des ornements du discours, une telle conception de la parole éloquente, où l’artifice et l’ingéniosité, loin de consister en un décor superficiel, informe en profondeur un horizon de réception feuilleté d’un entour référentiel conçu comme un miroir, impose au chercheur de prendre en compte toute l’importance culturelle de l’ornement - rhétorique, mais aussi plastique et musical - lorsqu’il tente de comprendre les modalités de réception, en variation, d’une production artistique de la Première Modernité6. Le lien est étroit en effet entre le tableau d’une res literaria et celui d’une pratique auctoriale comme celle de Corneille, qui en offre un remarquable exemple d’application : la sentence cornélienne, intimement liée au concetto du mot emblématique longuement appris au collège de Rouen, dessine du trait le plus net les contours d’une éthique curiale propre au règne de Louis XIII7. Cette culture de l’ornement se développe à la fois dans l’expression verbale et dans l’expression visuelle, grâce à la pratique des exercices emblématiques à la source du corpus analysé ici par Grégory Ems.
6L’emblème, cette structure sémiotique combinant sur un même espace - une page, un vêtement, un tableau... - un encadrement textuel et un centre visuel que le lecteur est invité à parcourir pour faire naître en son esprit une image agissante de la notion soumise à sa réflexion, est une invention fortuite de l’humanisme : en 1531, un imprimeur allemand prit l’initiative d’apposer des bois gravés, inutilisés dans son atelier, à une série d’énigmes poétiques inventées par le grand juriste milanais Andrea Alciato. Cette combinaison symbolique - deux tesselles discursives, l’une de mots, l’autre d’images, que le destinataire réunit et subsume intellectuellement - connut pour autant une vogue extraordinaire, au point de se constituer en genre littéraire parmi les plus largement diffusés, au point de structurer durablement l’expression collective dans les décors de fêtes et cérémonies, durant les trois siècles suivants et les jésuites en furent sans aucun doute parmi les plus grands producteurs et utilisateurs8. De fait, une telle combinatoire signifiante se prêtait à merveille à la confection d’ornements didactiques, qu’il s’agisse d’enseigner les esprits, d’enseigner les âmes ou de faire l’éloge des protecteurs. Le corpus analysé dans cette étude s’inscrit parfaitement au carrefour de ces trois avenues et l’on saura gré à Grégory Ems d’avoir proposé la première synthèse approfondie de la pédagogie emblématique des deux provinciae belges, pratiquée avec autant d’exubérance dans les collèges, en particulier à Bruxelles, que de réticence aux yeux des supérieurs...
7À ce monde des livres et des textes, en deux dimensions dirons-nous, ne pouvait donc que s’ajouter un intérêt grandissant pour le monde en trois dimensions, où l’espace s’ajoute au temps et sans lequel les livres et les textes ne peuvent se comprendre pleinement. La pratique pédagogique développée par les jésuites ne pouvait qu’y inviter, fondée sur le principe de l’application. De la déclamation régulièrement pratiquée en classe à la mise en scène de pièces de théâtre pour les grandes circonstances, l’art de la représentation fait partie intégrante de l’apprentissage scolaire des élèves, dont il s’agit de développer la maîtrise du corps et des gestes, de manière à favoriser en ces futurs adultes des hommes publics, à la ville, à la cour ou en chaire, capables de convaincre. Si la fréquence des représentations de pièces de théâtre est différente selon les aires géographiques - à ce titre, les provinces gallo- et flandro-belges, française et germanique concentrent une richesse et une invention tout à fait impressionnantes -, l’importance donnée à cette pratique ne varie guère9. Tandis que le texte, la mise en scène, l’invention des costumes et des décors font l’objet d’une réflexion collective en classe, sous la houlette du magister / choragus, le maître / metteur en scène, les meilleurs élèves sont distingués pour être les acteurs principaux de représentations plus ou moins fastueuses ; ce sont les mêmes qui sont invités à faire partie de la sodalité mariale du collège, ou en d’autres termes l’équipe spirituelle destinée à animer les exercices de dévotion mariale dont l’apex annuel, au moment du Carême, consiste en une série de tableaux vivants et de décors emblématiques inventés autour des grands thèmes de la vie de Marie, de la Passion ou du sacrement eucharistique10.
8Les représentations visuelles constituent ainsi un élément majeur, sinon identitaire des pratiques de l’ordre. Ses racines plongent dans la spiritualité portée par les jésuites, l’art de la méditation fondée sur la composition de lieu, telle que les premiers directoires de l’ordre l’ont élaborée en refondant la pensée mystique des Exercices spirituels dans une méditation médiévale des images11, au point que l’on a pu, un temps au moins, parler (péjorativement autant que louangeusement) d’ « art jésuite » ou de « style jésuite », qui constitueraient comme le résumé de l’esthétique posttridentine : autant de notions que les chercheurs contemporains ont souhaité désormais nettement nuancer12, en resituant la commande ou l’invention des communautés de la Compagnie dans une culture européenne de l’ornement ou de l’éphémère de mieux en mieux documentée, de manière à mettre en valeur ses traits communs et récurrents au-delà de spécificités propres à un seul ordre religieux de la Contre Réforme, elle-même considérée comme une période historique plutôt que comme une unité artistique au douteux synonyme de « baroque ».
9On le sait : les jésuites ont été, outre de grands pédagogues et de grands spirituels, des grands bâtisseurs d’édifices destinés à perdurer, et le lecteur n’aura aucune peine à se rappeler, d’Anvers à Rome, de Paris à Vienne, du Mexique aux Philippines, tel ou tel ensemble ecclésial édifié pour l’ordre, par des architectes de l’ordre et décorés par des artistes liés à l’ordre. Mais ils sont aussi, et c’est un pan de l’histoire de l’art particulièrement actif en recherche ces dernières décennies, de grands bâtisseurs d’architectures éphémères à l’occasion de telle ou telle festivité, calendaire ou extraordinaire, religieuse ou civile, en particulier politique. Sans doute se sont-ils imposés très vite à travers l’Europe comme les experts en la matière aux yeux des commanditaires potentiels13. C’est à eux, très largement, que l’on fait appel pour dessiner des programmes décoratifs mobiles où le texte et l’image, dans les ouvrages commémoratifs que l’on a conservés, déploient - même en tenant compte de l’écart entre l’idéal rétrospectivement projeté dans le livret et les aléas inévitables de la réalisation - un faste inouï à l’œil et à l’oreille, autant qu’une érudition éloquente, aux fins d’amplifier surabondamment de similitudes et de commentaires les appareils éphémères nourris de symbolique humaniste : en témoignera exemplairement la véritable apothéose royale de mots et d’images que sont les deux cents pages du livret pour l’entrée de Marie de Médicis à Avignon, par André Valladier14.
10Les provinciae Belgicae organisent une aire géographique où l’activité festive des jésuites fut immense : Anvers n’est-elle pas la deuxième ville jésuite après Rome au xviie siècle, les collèges de Louvain, Douai, Lille ou Saint-Omer ne regroupent-ils pas une vaste population scolaire, le collège et la maison de Bruxelles n’ont-ils pas les faveurs particulières des Habsbourg qui règnent sur ce territoire ? Le livre de Grégory Ems offre ainsi, et aussi, le grand intérêt d’attirer l’attention du lecteur sur la pratique complexe de l’emblématique à l’instant évoquée au travers d’un corpus quelquefois effleuré, mais jamais étudié aussi minutieusement dans son intégralité, celui des affixiones ou expositions des compositions symboliques des élèves une fois l’an. Ce corpus est d’autant plus intéressant que les affixiones n’ont pas toujours fait l’objet de recueils manuscrits, que ces livrets se sont très rarement conservés et qu’il s’agit là du plus bel ensemble connu, provenant d’un même collège, qui plus est sur une période courte et cohérente.
11Trois ensembles à la réflexion sont ici ouverts : d’une part, le caractère ouvert et multidimensionnel de ces compositions mixtes ; d’autre part, l’édition d’un corpus néo-latin complexe ; enfin, le statut sémiotique de l’ambiguïté intermédiale et les effets d’une telle structure sur le public.
12Les manuscrits étudiés par Grégory Ems ne sont pas inconnus des chercheurs. Si Alfred Poncelet ne leur consacrait que quelques lignes rapides, en les reléguant au statut d’ornements futiles sur l’exemple de certains de ses lointains prédécesseurs15, Karel Porteman avait attiré à nouveau l’attention sur leur richesse exceptionnelle16 et depuis, leurs pages richement illustrées, aux couleurs d’une extraordinaire fraîcheur, au dessin enlevé pour fixer d’un coup de pinceau d’émouvants realia, servent à illustrer telle communication ou tel catalogue d’exposition. Le travail qui suit a pris le pari, à juste titre, de les resituer dans l’espace en trois dimensions qui est le leur, outre de les documenter minutieusement, tridimensionnalité sans laquelle ils ne peuvent plus parler aux lecteurs et spectateurs contemporains. Loin de relever de l’illustration plaisante et décorative ou du document pris sur le vif d’un quotidien flamand de la Première Modernité que l’on toucherait miraculeusement du doigt - ce qu’ils permettent aussi, ne le nions pas, il suffit de feuilleter quelques pages seulement du volume suivant pour en être saisi -, ces recueils ne se comprennent pas sans la restitution du contexte général, matériel et festif, pour lequel ils ont été composés. Restitution, dont rend compte le second volume de cet ensemble, d’un espace codicologique, qui résulte des interventions successives de l’élève, du maître, du copiste, du peintre-enlumineur et qui se déploie comme souvenir, comme trace et non pas comme fin en soi. Voilà qui change radicalement le statut de ce corpus par rapport aux livres d’emblèmes composés pour être imprimés et diffusés sous une forme achevée seulement au moment de leur matérialisation ; restitution d’un espace festif qui se traduit par la mise en forme d’un lieu - la galerie, la bibliothèque, le jardin17, la réécriture emblématique du dîner offert à Léopold-Guillaume le 1er janvier 165018 - comme un ornement macrocosmique, au sein duquel l’affixio microcosme fonctionne comme tesselle d’un ensemble ingénieux et non pas comme un objet en soi. La virtuosité de la structure symbolique prend alors toute sa valeur et tout son sens, dans le déploiement de supports et des points de vue, et invite à comprendre à cette aune le système de la « fête baroque » en prenant en compte le caractère à la fois mobile et composé des éléments pérennes (les murs de la salle, les décors fixes que l’on a pu conserver encore de nos jours) et les éléments éphémères (les affixiones, les décors floraux, les toiles ou les bois peints, voire l’arrangement des mets sur les plats...), éventuellement conservés dans un musée ou une bibliothèque, que l’analyse de l’historien a pu méconnaître ou ignorer dans le commentaire de ces installations et la restitution de ces performances. Voilà qui invitera, sans doute, à des travaux postérieurs qui approfondiront à cette nouvelle aune les liens entre l’appareil emblématique et les arts de la scène, le théâtre allégorique ou la procession : usage des navires et des nefs peintes, usage des décors maritimes, mise en scène de l’emblème et de ses picturae comme s’il s’agissait de scènes pour voir évoluer des personnages (p. 280 et suiv. de l’ouvrage)... S’il vaut la peine, ici aussi (et peut-être Grégory Ems ne le souligne-t-il pas encore assez à propos des décors de 1652, p. 292) de bien prendre garde que les enluminures de ces manuscrits, qui semblent témoigner au plus près d’une performance telle qu’elle a eu lieu, comme un croquis pris sur le vif, proposent une reconstitution après-coup moins fidèle à l’événement qu’à son esprit. Le lecteur d’aujourd’hui feuillette une manifestation statique, dont il ne peut lire les emblèmes qu’arrêtés, suspendus, mais il lui incombe de mesurer tous les mouvements dont ils relèvent : entre le conçu et le rendu, et pas seulement entre le conçu et le joué. Cette représentation feuilletée, cette re-présentation, pour autant, met en évidence une puissance poétique rare : l’ut pictura poesis, dans ce défilé de textes, d’images, de musiques et de voix s’incarne ici à la lettre en faisant voir ce qui est donné à lire et lire ce qui est donné à voir, selon une profondeur de champ tout à fait inédite.
13Car la poésie de cet ensemble, ou en d’autres termes la littérarité de ces compositions ne saurait être plus longtemps occultée. Grégory Ems propose, dans le second volume de cet ensemble, une édition soignée des mots et pièces épigrammatiques qui, tout autant que le corps emblématique, appelait toute l’attention et l’ingéniosité des élèves plus ou moins rompus aux littératures latine et grecque classiques. Voilà tout un pan méconnu de la production néo-latine du xviie siècle qui se révèle au lecteur, à côté des corpus plus connus, car diffusés par l’imprimé, de la poésie des maîtres (jésuites ou non). Cette précieuse documentation rend compte à une large échelle de l’acculturation antique à laquelle les élèves sont formés, et viendra compléter très utilement les témoignages plus connus (recueils de lieux communs manuscrits ou imprimés, notes de lecture en marge des ouvrages d’érudition, décors des romans à l’antique...) de la masse des références historiques et littéraires qui forment le soubassement culturel de la société cultivée d’Ancien Régime. Elle rend compte aussi, sur le vif, de l’apprentissage d’une métrique complexe et des réussites auxquelles certains élèves sont parvenus - ce qui n’est pas le cas de tous, et Grégory Ems relève nombre de maladresses ou d’incohérences destinées à nous rappeler que les frères spirituels des Baudelaire ou Rimbaud premiers prix de vers latins ne furent pas légion à toutes les générations. Quoi qu’il en soit, ce vaste bouquet propose un amont inédit, et à ce titre encore très précieux que des travaux ultérieurs gagneront sans nul doute à confronter avec la culture poétique latine, certes, mais aussi vernaculaire au xviie siècle : c’est un trésor (un thesaurus) de références littéraires, mais aussi de métaphores et de comparaisons, présentes ici sous la forme verbale ou visuelle indifféremment, remployables à loisir, qui permettra de mesurer avec plus de finesse encore les réseaux de références communes et l’originalité, ou supposée telle, de ces images que nous prêtons aux auteurs. Il vaut la peine de faire entrer en résonance les livres gravés les plus canoniques avec ce corpus, qui s’impose désormais comme un horizon de lecture indispensable à la réception du livre de poésie illustrée d’Ancien Régime. Voilà qui invite, tout autant, à peser la familiarité des lecteurs comme des auteurs de la Première Modernité avec une telle structure éditoriale, outre leur goût pour les ouvrages à figures : les Fables de La Fontaine, dont on connaît certes de longue date les liens avec l’emblématique, tout comme Tristan L’Hermite ou Perrault19, les galeries de Gomberville et de Desmarets de Saint-Sorlin20, la traduction de L’Imitation de Jésus-Christ par Corneille, les épopées chrétiennes de Georges de Scudéry, Pierre Le Moyne ou encore Desmarets qui n’ont de toute évidence pas puisé qu’à la tradition italienne des romanzi illustrés.
14Cette réflexion littéraire, et le travail sur la re-présentation qu’il implique, se fonde sur une exploitation sémiotique tout à fait remarquable du mixte médial ici employé. Le lecteur retiendra avec intérêt les belles pages de Grégory Ems consacrées à la rhétorique de l’ambiguïté emblématique (113-203), qui ouvrent de riches perspectives à une appréhension fine de ce problème interprétatif comme preuve de l’ingéniosité. aussi bien celle de l’inventeur que celle du lecteur de la composition. Le message ambigu, qu’il soit énigmatique par obscurité de la combinaison, polysémique ou multiréférentiel, convie à l’exploration de toutes les possibilités de lecture, y compris ce que l’on ne peut pas interpréter, ou dont on n’est pas sûr de maîtriser une juste interprétation. Il ne s’agit pas, ou pas uniquement de clarifier « le » sens (cette singularité du sens étant à son tour un leurre sémiotique, on le sait) ou les possibles herméneutiques viables (non contradictoires ou absurdes) de l’association donnée à voir autant qu’à lire, dans sa singularité ou en écho avec d’autres compositions voisines, mais tout autant et sans doute d’abord, de participer à un jeu intellectuel plaisant de reconnaissance des signes entre pairs, à un bricolage subtil qui échapperait à l’ingénierie monosémique d’une communication sèche et purement informative : c’est à une poétique d’un univers mobile, reconfiguré sans cesse par la liberté des associations métaphoriques, ou vibrant d’une matérialité verbale ou plastique inouïe, qu’il s’agit d’accéder, derrière le miroir des apparences qui cachent la variation heuristique des realia jusque dans ce qui échappe à l’évidence de leur maîtrise. La « réalité enrichie » qui résulte du principe d’ambiguïté appliqué à l’emblème, liée à la nécessité qu’il y a à ne pas tout résoudre, et donc à prendre en compte très pragmatiquement dans l’opération sémiotique les ellipses et les vides dans le processus de communication sans les réduire ni les éliminer, fait de l’ambiguïté un facteur de sollicitation et d’inquiétude, au sens étymologique d’ « absence de repos », une inquiétude bienfaisante pour l’esprit qui a de grandes vertus éducatives : au lecteur à toujours chercher plus loin, à ne pas s’arrêter en chemin ; à l’inventeur - un élève, un enfant, pas le maître qui surveille mais laisse l’initiative - de savoir calculer la responsabilité de son propos, et de l’adoucir ou de la travestir subtilement. On ne pouvait mieux rompre les esprits à la souplesse et à l’ingéniosité, les deux vertus indispensables à la « politesse » du Grand Siècle, tout en assurant leur complicité intellectuelle pour les décennies de leur vie d’hommes.
15Sans doute est-ce de ce point de vue qu’il vaut la peine de prêter attention aux réécritures mythologiques, nombreuses et longuement décrites dans l’ouvrage ici présenté ; on pourra songer, ici, à l’abondance de mythologie marine déployée pour commémorer la prise de Dunkerque en 1652. La juxtaposition en apparence disparate de realia et de récits mythologiques, d’actualité politique et d’antiquité fabuleuse, qui produit un littéral ambigu ou à tout le moins paradoxal, impose, s’il en était encore besoin, de comprendre combien la cohérence emblématique est affaire de montage et d’interprétation ingénieuse de ce montage, point d’acceptation des représentations telles que données. D’autre part, l’usage de la mythologie, dans les appareils décoratifs, est le signe même de cette ambiguïté ingénieuse dont les jésuites aiment à manifester l’efficacité. Si les lecteurs « modernes » que nous sommes, héritiers de la querelle des Anciens et des Modernes au tournant des xviie et xviiie siècles, ont intégré le mot d’ordre boilévien selon lequel le Parnasse ne doit jamais s’exhausser jusqu’au Thabor (en d’autres termes, selon lequel l’expression des vérités sacrées ne peut être contaminé par les souvenirs les plus plastiques du paganisme), il faut prendre au sérieux - sémiotique - ce mélange du profane et du sacré et retenir sa valeur formelle, en tant que registre ou tonalité d’ensemble, qui dessine de manière indicielle la grandeur du destinataire de l’éloge. On peut, voire on doit accompagner la louange du prince chrétien par le déploiement de l’appareil le plus « fabuleux » possible : c’est la manière de le faire entrer dans la gloire politique destinée à durer au-delà de la manifestation conjoncturelle du jour de son triomphe ; c’est la manière de réactiver des images de mémoire dont l’efficacité symbolique va bien au-delà du littéral des formes plastiques alors convoquées.
16Cette question de l’éloge du prince ouvre ainsi un quatrième ensemble de réflexion. Comme le met clairement en évidence l’ouvrage de Grégory Ems, la série de manuscrits ici étudiée trouve sa cohérence autour de la personne de leur destinataire, le prince Léopold-Guillaume durant son gouvernorat des Flandres du sud. Cette cohérence est due à des raisons conjoncturelles, la proximité des jésuites et du gouverneur, une proximité non seulement géographique et personnelle de la part de Léopold-Guillaume, mais aussi dynastique : les liens entre les Habsbourg, défenseurs du catholicisme et l’ordre religieux qui porte cette confession après le concile de Trente sont très étroits depuis que le grand-père de Léopold-Guillaume, l’archiduc Charles, décida de s’appuyer sur la Compagnie de Jésus pour lutter contre l’expansion du luthéranisme en Autriche. Les affixiones enregistrent d’une manière très précise et informée, neuf années durant, la réception et les échos dans un milieu précis, celui du soutien le plus proche du gouverneur, de sa politique et de sa place (ou de son déclin) en cour. De l’éloge appuyé au silence, toute la palette de la rhétorique politique décline une carrière mais aussi les risques d’un positionnement qui pourrait potentiellement offenser l’empereur espagnol en titre. Voilà qui invite à suivre aussi bien les lieux communs de cet éloge, que les non-dits.
17Les thèmes scandés - Pietas, Timor Domini, Fiducia in Deo, amour de la paix et magnanimité - ressortissent pleinement à l’éloge du Princeps christianus de la Contre Réforme, tel qu’ont pu le dessiner, de Botero à Saavedra, les grands théoriciens politiques de la toute fin du xvie siècle et de la première moitié du xviie, fondateurs d’un idéal catholique de la Raison d’Etat21. Ils ressortissent tout particulièrement aux traités développés dans la sphère d’influence austro-espagnole, et il n’est pas indifférent de mettre en résonance la Pietas avec la Pietas Austriaca, la vertu cardinale des Césars dont les Habsbourg se considèrent les héritiers en tant que chefs temporels de la chrétienté, ou encore le Timor Domini avec un traité écrit à l’intention de Léopold-Guillaume par son père, Ferdinand II, et son confesseur le jésuite Lamormain ; du moins est-ce une des attributions du Princeps in compendio22. Pour autant, si la reprise des topoï- éculés, certes, mais là repose la force du lieu commun - confère à Léopold-Guillaume la stature d’un juste respectueux des lois des hommes et des lois de Dieu, stratège d’une guerre juste et défenseur des peuples commis à sa protection, leur pendant, c’est-à-dire la mise en évidence, chez leur porteur, de la stature d’un chef d’État, est plus discrète, et de plus en plus estompée. L’expression symbolique permet jusqu’à un certain point seulement l’idéalisation ; le rêve un temps caressé en Flandres espagnoles de voir Léopold-Guillaume prendre la tête d’un royaume de plein exercice, même dans l’orbite espagnole, ne pouvait longtemps franchir les limites de la fabulation allégorique.
18En tout cas, le foisonnement emblématique a dû correspondre aussi aux appétences esthétiques du prince. Grand amateur d’art et grand collectionneur, spectateur averti de théâtre et d’opéra, auteur à ses heures de poésie italienne, voire de sa propre devise23, il ne pouvait qu’être particulièrement sensible à la forme même du discours encomiastique choisie par les maîtres du collège des jésuites et brillamment illustrée par leurs élèves.
19on le voit : l’ensemble ici présenté permet de mesurer la virtuosité et la diversité éblouissante des usages de l’emblème (décoratif, symbolique, politique et didactique), qui confèrent à cette forme d’expression une richesse inégalée. Au sein de ce lexique festif, les éléments sensoriels qui favorisent l’ébahissement et la délectation, aimerait-on à dire en paraphrasant Amyot, composent la première marche d’un enseignement intellectuel calibré : la glorification du souverain et la manifestation de l’éblouissement admiratif des sujets qui se reconnaissent comme tels. La contiguïté des deux niveaux favorise une assomption symbolique commune, dans la mesure où les spectateurs reconnaissent, à tous les sens de ce verbe, la grandeur de celui qui a été placé pour les gouverner : voilà qui organise une apothéose et une sanctification qui n’ont rien d’impie. Le triomphe chrétien qui s’organise symboliquement n’est finalement pas si éloigné, dans la prestation festive, du triomphe des empereurs antiques ; par l’emblème s’opère une véritable communion au nouveau saint qui aurait pu forger une nation et permettre à un peuple exsangue et déchiré de se reconstituer en unité et en État. De cette communion au saint fondateur d’une impossible nation ne subsistent plus que les traces, ici données à lire. Elles ne demeurent pas moins, et peut-être d’autant plus, un précieux témoignage historique, littéraire et esthétique que l’on ne saurait davantage négliger.
Notes de bas de page
1 Geneviève et Guy Demerson, Bernard Dompnier et Annie Regond (éd.), Les Jésuites parmi les hommes aux xvième et xviième siècles. Actes du colloque de Clermont-Ferrand (avril 1985), Clermont-Ferrand : Association des publications de la Faculté des lettres et sciences humaines de Clermont-Ferrand, 1987. Voir aussi Luce Giard, Louis DE Vaucelles (dir.), Les jésuites à l’âge baroque (1540-1640), Grenoble : Jérôme Millon, 1996.
2 On consultera son Histoire littéraire du sentiment religieux en France, depuis la fin des guerres de Religion jusqu’à nos jours dans la nouvelle édition sous la direction de François Trémolières, augmentée d’inédits qui en assurent la recontextualisation précise (Grenoble : Jérôme Millon, 2006) ; voir aussi Littérature et spiritualité au miroir de Henri Bremond, textes réunis par Agnès Guiderdoni et François Trémolières, Grenoble : Jérôme Millon, 2012.
3 À titre de curiosité, on pourra parcourir la collection de documents réunis (et marqués au coin du contexte polémique du milieu du xixe siècle), par Jacques Crétineau-Joly au sein de son Histoire religieuse, politique et littéraire de la Compagnie de Jésus, Paris : P. Mellier, 1844-1846.
4 François de Dainville, L ’éducation des jésuites (xvie-xviiie siècles), textes réunis et présentés par Marie-Madeleine Compère, Paris : Éditions de Minuit, 1978 ; Roger Chartier, Marie-Madeleine Compère, Dominique Julia, L ’éducation en France du xvie au xviiie siècle, Paris : SEDES, 1976 ; Marie-Madeleine Compère, Dominique Julia, Les collèges finançais : 16e-18e siècles, Paris : INRP/CNRS, 1984-2002, 3 vol. ; Ratio studiorum [version de 1599], éd. bilingue latin-français, présentée par Adrien Demoustier et Dominique Julia, traduite par Léone Albrieux et Dolorès Pralon-Julia, annotée et commentée par Marie-Madeleine Compère, Paris : Belin, 1997.
5 L’Âge de l’Éloquence. Rhétorique et « res literaria » de la Renaissance an seuil de l’époque classique, Genève : Droz, 1980 ; id. (dir.), Histoire de la rhétorique dans l’Europe moderne, 1450- 1950, Paris : PUF, 1999.
6 Voir les travaux menés par Caroline Heering autour de sa thèse (« Les sens de l’ornemental au premier âge moderne : une étude du cartouche au regard de l’œuvre de Daniel Seghers », copromoteurs Ralph Dekoninck et Michel Leffz, UCL, 2014).
7 Voir les analyses convergentes de Marc Fumaroli, Héros et orateurs. Rhétorique et dramaturgie cornéliennes [1990], Genève : Droz, 1996.
8 La bibliographie est très vaste. Nous prendrons la liberté de ne retenir ici que Daniel Russell, Emblematic Structures in Renaissance French Culture, Toronto : University of Toronto Press, 1995 ; Anne-Elisabeth Spica, Symbolique humaniste et emblématique. L’évolution et les genres (1580- 1700), Paris : Champion, 1996 et « Les jésuites et l’emblématique », dans Dix-septième siècle, 237/4 (2007), p. 633-651 ; Ralph Dekoninck, Ad imaginent. Statuts, fonction et usages de l’image dans la littérature spirituelle jésuite du xviie siècle, Genève : Droz, 2005.
9 La bibliographie est considérable. On retiendra simplement ici les travaux d’André Stegmann, L’héroïsme cornélien, genèse et signification. T. II : L’Europe intellectuelle et le théâtre (1580- 1650). Signification de l’héroïsme cornélien, Paris : A. Colin, 1968 ; de Jean-Marie Valentin, Les jésuites et le théâtre (1554-1680), contribution à l’histoire culturelle du monde catholique dans le Saint-empire romain germanique, Paris : Desjonquères, 2001 ; id., La ville, l’école, la cour, pratiques sociales, enjeux poétologiques et répertoires du théâtre dans l’ Empire au xviie siècle, Paris: Klincksieck, 2004 ; de Bruna Filippi, La scène jésuite : le théâtre scolaire au Collège romain au xviie siècle, thèse de doctorat nouveau régime sous la direction de Jacques Revel (Paris, EHESS, 1994, inédite) ; Jan Bloemendal, Howard B. Norland (dir.), Neo-Latin Drama in Early Modem Europe, Leyde : Brill, 2013. Le tableau cavalier proposé par Alfred Poncelet reste toujours utile pour ce qui est du théâtre scolaire dans les collèges jésuites des anciens Pays Bas de la fin du xvie siècle aux premières décennies du XVIIe (Histoire de la Compagnie de Jésus dans les anciens Pays-Bas. Établissement de la Compagnie de Jésus en Belgique et ses développements jusqu’à la fin du règne d’Albert et Isabelle, Bruxelles : M. Lamertin, 1927-1928, t. II, p. 74-94) ; sur les représentations théâtrales offertes par le collège de Bruxelles sous le gouvernorat de Léopold-Guillaume, voir Goran Proot, « Leopold Willem en het Jezuïetentoneel in de ‘Provincia Flandro-Belgica’ », dans Jozef Mertens, Franz Aumann (ed.), Krijg en kunst. Leopold Willem (1614-1662), Habsburger, Landvoogd en Kunstverzamelaar, Alden Biesen : Landcommanderij Alden Biesen, 2003, p. 65-70.
10 Alfred Poncelet (op. cit., II, p. 380 ; voir aussi ibid., p. 321-341, les étapes de la création des sodalités mariales dans les collèges) et à sa suite Jeffrey Muller (« Jesuit Uses of Art in the Province of Flanders », dans John W. O’Malley, Gauvin Alexander Bailey, Steven J. HARRIS et T. Frank Kennedy [ed.], The Jesuits II. Cultures, Sciences, and the Arts 1540-1773, Toronto : University of Toronto Press, 2006, p. 141-142) ont rappelé combien les jésuites utilisent les images pour les méditations de Carême à Anvers et dans la Province flandro-belge. Sur l’organisation de cette pratique entre théâtre et dévotion grâce au déploiement d’images emblématiques, voir Barbara Bauer, « Das Bild als Argument. Emblematische Kulissen in den Bühnenmeditationen Franciscus Langs », dans Archiv für Kulturgeschichte, 64 (1982), p. 79-170 ; sur les confréries mariales des jésuites en général, du collège à la ville, voir Louis Châtellier, L ’Europe des dévots, Paris : Flammarion, 1987.
11 Pierre-Antoine Fabre, Ignace de Loyola. Le lieu de l’image. Le problème de la composition de lieu dans les pratiques spirituelles et artistiques jésuites de la seconde moitié du xvie siècle, Paris : J. Vrin, 1992 ; Ralph Dekoninck, op. cit.
12 Voir la mise en perspective de Gauvin Alexander Bailey, « ‘Le style jésuite n’existe pas’ : Jesuit Corporate Culture and the Visual Arts », dans John W. O’Malley, Gauvin Alexander Bailey, Steven J. Harris et T. Frank Kennedy (ed.), The Jesuits. Cultures, Sciences, and the Arts 1540- 1773, Toronto/Buffalo/Londres : University of Toronto Press, 1999, p. 38-89.
13 Voir la thèse de Rosa De Marco (« Le langage des fêtes jésuites dans les pays de langue française de la Ratio Studiorum de 1586 jusqu’à la fin du généralat de Muzio Vitelleschi [1645] », dir. Paulette Choné, université de Bourgogne, 2014), à paraître en 2016 chez Brepols.
14 Le Labyrinthe royal de l’Hercule gaulois triomphant. Sur le suject des fortunes, batailles, victoires, trophées, triomphes, mariage, & autres faicts heroiques, & memorables de tres-auguste & tres-chrestien prince Henry IIII roy de France, & de Navarre. Representé a l’entrée triomphante de la royne en la cité d’Avignon. Le 19. Novembre. L’an M.DC. Ou sont contenues les magnificences et triomphes dressez à cet effect par ladicte ville, Avignon : J. Bramereau, [1601]. Sur cet ouvrage, voir Margaret McGowan, « Les Jésuites à Avignon : les fêtes au service de la propagande politique et religieuse », dans Joseph Jacquot, Élie Koningston (éd.), Les fêtes de la Renaissance, 3, Paris : CNRS, 1975, p. 153-171 ; Yves Pauwels, « Les entrées : la fête, l’architecture, le livre », dans François de Forbin (éd.), Les entrées solennelles à Avignon et Carpentras. xvième-xiiième siècles, catalogue d’exposition, Avignon, Bibliothèque Municipale, sept-oct 1997, [Paris] : Direction du Livre et de la Culture, 1997, p. 13-29.
15 Op. cit., II, p. 70.
16 Karel Porteman (dir.), Emblematic Exhibitions (affixiones) al the Brussels Jesuit College (1630- 1685), Turnhout : Brepols, 1996.
17 Sur la structuration emblématique éphémère d’une bibliothèque ou d’un jardin par les jésuites de la Provincia Belgica, voir Grégory Ems, « Variété des ‘mises en scène’ emblématiques dans la province jésuite flandro-belge au xviie siècle », dans Dix-septième siècle, 269/4 (2015), p. 705-734.
18 Sur ce dîner, voir l’article de Grégory Ems : « Étude du manuscrit emblématique offert à Léopold-Guillaume lors de sa visite au collège jésuite de Bruxelles à l’occasion du Nouvel An 1650 », à paraître dans la Revue Belge de Philologie et d’Histoire en 2016.
19 Anne-Élisabeth Spica, « Le fabuliste et l’imagier : La Fontaine et l’image », dans Pratiques, 69 (1996), p. 113-124 ; Laurence Grove, Emblematics and Seventeenth Century French Literature : Descartes, Tristan l’Hermite, La Fontaine and Perrault, Charlottesville : Rookwood, 2000.
20 Bernard Teyssandier, La Morale par l’image : La Doctrine des mœurs dans la vie et l’œuvre de Gomberville, Paris : Champion, 2008 et id. (ed.), La Doctrine des mœurs de Gomberville, reprod. d’après l’éd. de Paris (1646), Paris : Klincksieck, 2010 ; Hugh G. Hall, Richelieu ’s Desmarets and the Century of Louis XIV, Oxford : Clarendon, 1990 ; Agnès Guiderdoni, « De la figure théologique à la figure poétique au xviie siècle : l’exemple des Délices de l’esprit de Desmarets de Saint-Sorlin », dans Baudoin Decharneux, Catherine Maignant et Myriam Watthée-Delmotte (dir.), Esthétique et spiritualité II. Circulation des modèles en Europe, Fernelmont : E.M.E., 2012, p. 181- 193.
21 Voir en particulier Robert Btreley, The Counter-Reformation Prince: Anti-Machiavellianism or Catholic Statecraft in Early Modem Europe, Chapel Hill : UNIVErsity of North Carolina Press, 1990 ; Alain Dierkens, (éd.), L ’antimachiavélisme, de la Renaissance aux Lumières, Bruxelles : PULB, 1997; Stéphane-Marie Morgain, « La perfection du prince. Nicolas Machiavel et Robert Bellarmin : l’impossible dialogue », dans id., éd., Pouvoir et sainteté : modèles et figures, Toulouse : Parole et Silence, 2008, p. 117-142. Sur les caractéristiques rhétoriques de ce discours, voir Francis Goyet, Les audaces de la prudence : littérature et politique au xvie et xvie siècles, Paris : Garnier, 2009.
22 Voir Anna Coreth, Pietas austriaca : Ursprung und Entwicklung barocker Frommigkeit in Osterreich, Vienne : Verlag für Geschichte und Politik, 1959 ; Jean BÉRENGER, « Pietas austriaca. Contribution à l’étude de la sensibilité religieuse des Habsbourg », dans La vie, la mort, la foi. Mélanges offerts à Pierre Chaunu, Paris : PUF, 1992, p. 404-421 ; id., Léopold Ier (1640-1705), fondateur de la puissance autrichienne, Paris : PUF, 2004 ; Bireley, Religion and Politics in the Age of the Counterreformation. Emperor Ferdinand II and William Lamormaini and the Formation of Imperial Policy, vol. 1, Chapel Hill : North Carolina University Press, 1981.
23 Voir Jozef Mertens, Franz Aumann (ed.), Krijg en kunst. Leopold Willem (1614-1662), Habsburger, Landvoogd en Kunstverzamelaar, Alden Biesen : Landcommanderij Alden Biesen, 2003, différents articles consacrés au collectionneur et à l’amateur de spectacles ; Renate Schreiber, .,Ein galeria nach meinem Humor". Erzherzog Leopold Wilhelm, Vienne : Kunsthistorisches Museum Wien, 2004 ; voir dans cet ouvrage, p. 139-140, la devise “Crescit eundo” à l’ouverture du recueil anonyme (et quelquefois attribué à l’archiduc lui-même) intitulé Diporti del Crescente. Selon Renate Schreiber, ce recueil a été composé au sein de la première académie italienne à Vienne dont Léopold-Guillaume était membre. Il est paru à Bruxelles en 1656.
Auteur
Professeure de langue et littérature française à l’Université de Lorraine (Metz, Centre Écritures)
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