Les protagonistes de l’affaire de la « traite des blanches » : notices brèves
p. 249-259
Texte intégral
1. Les filles
2. Les principaux acteurs des procès
2.1. Les magistrats1
Bosch, Henri (1830-1899)
1Avocat à Bruxelles, il devient substitut du procureur du roi à Bruxelles en 1867, puis substitut du procureur général à la cour d’appel de Bruxelles en 1870, avocat général de 1872 à 1884 puis procureur général à la cour d’appel en 1884, avant de devenir avocat général à la Cour de cassation en 1886.
de Leu de Cecil, Maurice (né en 1851)
2Ancien avocat à Gand et substitut du procureur du roi à Malines, il est substitut du procureur du roi à Bruxelles de 1879 à 1885.
Demeure, Emmanuel (1834-1893)
3Ancien avocat et substitut du procureur du roi de Bruxelles, conseiller à la cour d’appel de Bruxelles (1876-1881), préside la commission d’enquête du conseil communal de Bruxelles sur la police des moeurs.
De Rongé, Jean Louis Georges (né en 1846)
4Après avoir été substitut du procureur du roi au tribunal de première instance de Bruxelles, il est nommé substitut du procureur général à la cour d’appel de Bruxelles en février 1879. À partir de novembre 1881, il y exerce les fonctions d’avocat général.
Drugman, Eugène (1823- ?)
5Ancien avocat et juge d’instruction à Bruxelles, vice-président du tribunal de première instance de 1877 à 1884, siège dans les procès du 1er juillet et du 23 mars (Schröder-Lenaers/Boland).
Janssens, Edmond Joseph Marie (1852-1919)
6Après avoir exercé comme avocat, il est nommé, en mai 1879, substitut du procureur du roi au tribunal de première instance de Bruxelles ; il exerce cette fonction jusqu’en 1887. Futur avocat général à la Cour de cassation et président de la célèbre commission chargée de faire la lumière sur les accusations portées par le rapport Casement sur les activités des sociétés privées dans l’État Indépendant du Congo en 1904.
Lévy, Henri Charles (né vers 1847)
7En juin 1879, il est nommé juge au tribunal de première instance de Bruxelles ; deux mois plus tard, il y devient juge d’instruction, fonction qu’il conserve jusqu’en 1884.
Timmermans, Joseph François
8En 1875, il est nommé substitut du procureur du roi au tribunal de première instance de Bruxelles, fonction qu’il exerce jusqu’en avril 1883.
Van Schoor, Charles (1840-1902)
9Avocat à Bruxelles, il devient substitut du procureur du roi à Mons, puis de 1876 à 1886, avocat général à la cour d’appel de Bruxelles, avant de devenir procureur général à la cour d’appel de Bruxelles, de 1886 à 1899.
Verdussen, Edouard Jean Joseph (1821-1884)
10Après avoir été successivement substitut du procureur général puis avocat général à la cour d’appel de Bruxelles, il y exerce, entre 1876 et 1884, la fonction de procureur général.
Willemaers, Hector Henri (1835-1910)
11Après avoir été juge d’instruction au tribunal de première instance de Bruxelles, il est nommé procureur du roi en février 1879 ; il exerce cette fonction jusqu’en 1899, année de sa nomination comme procureur général à la cour d’appel de Bruxelles.
2.2. La police de Bruxelles
Lenaers, Émile
12Commissaire en chef de la police de Bruxelles, il est l’un des instigateurs de la réforme, en 1877, du règlement bruxellois sur la prostitution. Il est révoqué de ses fonctions par un arrêté royal du 1er août 1881.
Schröder, Pierre
13Officier inspecteur de police, il est chargé du service spécial de la prostitution à Bruxelles, service qu’il est contraint de quitter en août 1881.
2.3. Les proxénètes, tenanciers et gouvernantes des maisons de prostitution
Procès de décembre 1880
Roger, Édouard
14Né à Montauban (France), il est le tenancier de la maison de prostitution de la rue des Commerçants n°3. Il est condamné, le 16 décembre 1880, à deux ans de prison et à 300 francs d’amende pour excitation à la débauche et séquestration de la mineure Emily Ellen ; il sera également condamné à un an de prison dans l’affaire Tanner pour enlèvement, excitation à la débauche et blessures par imprudence, ainsi qu’à 1 000 francs de dommages et intérêts et aux frais du procès.
Landre, Eugénie
15Née à Paris, elle est la concubine de Roger. Prévenue d’excitation à la débauche de la mineure Ellen et de séquestration de celle-ci, elle est condamnée, par défaut, à 18 mois de prison et 200 francs d’amende, ainsi qu’à quinze jours de prison du chef de coups volontaires sur la même Emily Ellen.
Van Elslande, Mélanie Léonie
16Exerçant la profession de gouvernante à la maison de prostitution tenue par Roger, elle est poursuivie, à l’instar d’Eugénie Landre, du chef de coups volontaires sur la fille Ellen. Elle est condamnée à huit jours de prison.
Géaux, Jean Etienne
17Né à Paris, il tient, avec sa concubine Héloïse Audonnet, la maison de débauche sise au n°22 de la rue Saint Laurent. Poursuivi du chef d’excitation à la débauche de la mineure Ellen Newland, il est condamné à un an de prison et 500 francs d’amende, ainsi qu’à cinq années d’interdiction des droits civils.
Parent, Anne Joséphine Henriette
18Née à Londres de parents belges, elle exerce la profession de gouvernante à la maison de débauche du n°22 rue Saint Laurent. Prévenue de faux en écriture dans l’affaire Newland, elle est également impliquée dans l’affaire Tanner, où elle est poursuivie du chef d’excitation à la débauche de mineure et de complicité de faux en écriture. Elle écope, pour la première affaire, de trois mois de prison et 26 francs d’amende ; pour la seconde, de sept mois de prison, 76 francs d’amende et cinq ans de privation des droits civils.
Mayer, Emmanuel
19Né à Paris, il est le tenancier de la maison de débauche sise au n°28 de la rue Saint Laurent. Il est condamné à deux peines de six mois de prison et 500 francs d’amende du chef d’usage de faux et de faux en écritures, à quatre mois et 300 francs pour excitation à la débauche de mineures, parmi lesquelles les filles Adah Maria Higgleton et Lucia Nash, et à cinq ans d’interdiction des droits civils.
Bastide, Julie
20Née à Villeneuve-sur-Yonne (France), épouse de Mayer, avec qui elle tient la maison du 28 de la rue Saint Laurent, elle est poursuivie, à l’instar de son mari, du chef d’excitation à la débauche de mineures. Elle est condamnée à quatre mois de prison et 200 francs d’amende, ainsi qu’à cinq ans d’interdiction des droits civils. Elle écope par ailleurs de 25 francs d’amende pour voies de fait sur la fille Higgleton.
Thuillier, Joséphine Julienne et Piron, Marie-Jeanne
21Nées respectivement à Lille et à Montignie (France), elles sont toutes deux gouvernantes à la maison de prostitution tenue par les époux Mayer. Prévenues, à l’instar de Julie Bastide, de coups volontaires à la fille Higgleton, elles sont condamnées chacune à 25 francs d’amende.
Perpète, Henri Joseph
22Né à Winenne (province de Namur), ce proxénète se disant cabaretier est poursuivi, dans l’affaire Higgleton, du chef d’immixtion dans des fonctions publiques civiles. Il est condamné à 18 mois de prison et à cinq années de surveillance policière, à l'expiration de sa peine.
Régnier, Émile Étienne
23Ce proxénète est prévenu d’usage de faux et de faux en écriture dans l’affaire du 28 de la rue Saint Laurent. Fugitif, il n’assiste pas au procès, mais est condamné par défaut à deux peines de trois ans de prison et à deux fois 500 francs d’amende.
Procès d’avril 1881
Paradis, Evariste
24Né à Nimy, il est le tenancier de la maison de prostitution sise au n°5 de la rue du Persil. Poursuivi du chef d’excitation à la débauche de la mineure Louise Hennessey, dite Nelly Allen, il est condamné, le 13 avril 1881, à deux ans de prison et à 500 francs d’amende, ainsi qu’à la déchéance de ses droits civils pendant cinq ans.
Meisen, Mathilde
25Née à Aix-la-Chapelle, elle est l’épouse d’Evariste Paradis, avec qui elle tient la maison de débauche de la rue du Persil. Elle est condamnée, à l’instar de son mari, à deux ans de prison, 500 francs d’amende et cinq ans de privation des droits civils pour excitation à la débauche de la fille Hennessey.
Sellecaerts, Jean
26Né à Saint Josse ten Noode, ce proxénète est condamné, le 13 avril 1881, à six ans de prison et à 552 francs d’amende du chef de faux et d’excitation à la débauche de la mineure Hennessey. Déchu pour cinq ans de ses droits civils, il est également condamné à être placé durant cinq années sous la surveillance spéciale de la police à l’expiration de sa peine. Lors du procès d’avril, il est également condamné à deux ans de prison et à 26 francs d’amende pour excitation à la débauche de mineure, enlèvement par ruse d’Adeline Tanner et complicité de faux en écriture commis par Adeline Tanner, préventions qui n’avaient pu être jugées en décembre car Sellecaerts était alors détenu à la prison de Loos (France).
Blum, Abraham
27Tenancier de maison de prostitution à Anvers, il est lui aussi poursuivi du chef d’excitation à la débauche de la mineure Hennessey. Bien que défaillant au procès, il est acquitté.
Lefrand, Irza Hortense. Épouse d’Abraham Blum
28Elle est condamnée par défaut, le 13 avril 1881, à 18 mois de prison et à 500 francs d’amende pour excitation à la débauche de la mineure Hennessey.
Xavier, Louis Augustin Casimir
29Tenancier de maison de prostitution à Anvers, il est, à l’instar de l’épouse Blum, condamné par défaut à 18 mois de prison et à 500 francs d’amende pour excitation à la débauche de la mineure Hennessey.
3. Les acteurs anglais
Butler, Josephine (1828-1906)
30Féministe anglaise de l’époque victorienne qui se distingue notamment dans la campagne pour l’accès des femmes à l’enseignement supérieur et dans celle pour l’abolition des lois sur les maladies contagieuses en Angleterre. J. Butler étend également son action à d’autres pays et fonde en 1875 la F.A.P.R.
Dyer, Alfred (1849-1926)
31Journaliste auteur de plusieurs pamphlets, dont The European Slave Trade in English Girls (1880) qui est largement utilisé par les abolitionnistes, et éditeur de plusieurs journaux, Dyer est un militant de la première heure pour la pureté morale et l’abolition des lois sur les maladies contagieuses. Alfred Dyer appartient également à la Société religieuse des Amis (quakers). Après 1886, il s’expatrie pour continuer à mener campagne pour l’abolition des lois sur les maladies contagieuses qui étaient encore appliquées dans les colonies britanniques, tout particulièrement en Inde.
Snagge, Thomas W.
32Avocat du barreau de Londres choisi pour conduire l’enquête parlementaire de 1881 sur la loi en matière de protection des jeunes filles. Il se rend à Bruxelles pour assister aux procès des tenanciers de maisons de prostitution mis en cause dans l’affaire de la traite des Anglaises.
Jeffes, Thomas
33Proconsul anglais à Bruxelles qui tente de réfuter les accusations de Josephine Butler et Alfred Dyer. En plus de ses fonctions au consulat, Jeffes est l’un des membres fondateurs du British Charitable Fund, une organisation qui se charge de rapatrier les jeunes Britanniques sans le sou qui cherchent à rentrer au pays.
Stead, W.T.
34Journaliste et éditeur du Pall Mall Gazette, Stead se rend célèbre par la publication en 1885 d’une série d’articles « The Maiden Tribute of Modern Babylon » dans lesquels il dénonce la prostitution enfantine en Grande-Bretagne. L’un des premiers à utiliser des méthodes controversées pour faire du journalisme d’investigation, il achète une fillette de 13 ans vendue par sa mère en connaissance de cause, pour prouver qu’il était possible d’obtenir, pour quelques livres sterling, des enfants à des fins de prostitution.
Vincent, C.E. Howard
35Directeur de la police judiciaire de Londres, il fait une déposition remarquée devant la commission parlementaire présidée par T.W. Snagge dans laquelle il décrit la prostitution enfantine à Londres, faisant passer la question de la traite de jeunes filles vers le Continent au second plan.
4. Les abolitionnistes belges
Anet, Léonard (1812-1884)
36Secrétaire de l'E.C.M.B., et pasteur de la chapelle évangélique rue Belliard à Bruxelles, Léonard Anet rencontre en 1879 Ellen Newland lors d’une visite à l’hôpital Saint-Pierre et l’aide à retourner à Londres. Déjà familier des idées défendues par Josephine Butler, il contribue à l’émergence du mouvement abolitionniste belge.
Belleroche, Edouard (1834-1907)
37Après avoir passé une grande partie de sa vie en Angleterre et contribué à plusieurs œuvres philanthropiques comme la Société belge de bienfaisance de Londres, l’ostendais Edouard Belleroche, de retour en Belgique, assure la fonction de secrétaire général de la S.M.P.B. à partir de juillet 1900 et forme le Comité national belge pour la répression de la traite des blanches en 1899.
Laveleye, Émile de (1822-1892)
38Professeur d’économie politique à l’Université de Liège et intellectuel de renommée internationale, Émile de Laveleye publie une lettre dans la Flandre libérale en février 1881 revendiquant la suppression de la prostitution réglementée. Il participe à la fondation de la S.M.P.B., et la préside de 1881 à 1892. Il assure également la présidence de la F.A.P.R., de 1884 à 1890.
Lejeune, Jules (1828-1911)
39Docteur en droit, avocat à la Cour de cassation, ministre catholique de la Justice (1887-1894) puis ministre d’État, Jules Lejeune adhère à la S.M.P.B. dès 1882 et en assure la présidence à partir de 1906, jusqu’à la disparition de l’association. Il est notamment l’auteur d’un projet de loi visant à assimiler la prostitution au vagabondage (février 1900).
Mussche, Edouard (1830-1907)
40Avocat à la cour d’appel de Bruxelles, Edouard Mussche fait partie des membres fondateurs de la S.M.P.B. en 1882. Il en devient président de 1892 jusque 1906.
Nicolet, Jean (1819-1893)
41Pasteur à Grivegnée-Chênée, puis à Spa, Jean Nicolet est l’un des premiers à soutenir la cause de Josephine Butler en Belgique. Il forme le premier comité d’initiative abolitionniste à Liège en 1877.
Pagny, Jules (1835-1901)
42Industriel de Zaventhem, Jules Pagny est l’un des fondateurs de l’Union chrétienne des jeunes gens de Bruxelles et membre de l'E.C.M.B. Il est, avec Alexis Splingard, à l’initiative de la formation de la Société pour l’affranchissement des blanches, qui préfigure la S.M.P.B. dont il est le secrétaire. Jules Pagny est vraisemblablement l’auteur d’une des premières brochures abolitionnistes belges, intitulée « De l’organisation de la traite et de l’esclavage des blanches à Bruxelles » (1880).
Splingard, Alexis (né en 1844)
43Avocat bruxellois, Alexis Splingard mène l’enquête avec Alfred Dyer sur les jeunes prostituées anglaises des maisons closes de Bruxelles. Il est, avec Jules Pagny, à l’origine de la fondation de la Société pour l’affranchissement des blanches et de la S.M.P.B. Très engagé dans la cause abolitionniste au début des années 1880 -il défend notamment Adeline Tanner lors du procès de 1880 et rédige un roman inspiré du scandale de Bruxelles, La Clarisse du xixe siècle -il occupe ensuite un rôle plus discret au sein du mouvement abolitionniste.
Splingard, Pierre (1839-1883)
44Avocat et homme politique progressiste, Pierre Splingard défend, aux côtés de son frère Alexis, Adeline Tanner lors du procès de 1880. Il fait partie des membres fondateurs de la S.M.P.B.
Notes de bas de page
1 Ces informations biographiques proviennent en partie de la base de données « Prosopographie et répertoire des magistrats belges (1795-1960) », financée par le F.N.R.S. et bénéficiant du soutien du Pôle d'attraction interuniversitaire P6/01.
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