Introduction
p. 11-18
Texte intégral
Un secteur oublié
1Nous sommes en région liégeoise, en maison d’accueil pour personnes SDF1. Cette observation aurait pu être réalisée au fin fond des Ardennes, il semble que les données restaient similaires. Mêmes précaires, mêmes difficultés d’accueil.
2D’aucuns trouvent refuge en maison d’accueil, un temps à la ville, un temps à la campagne. La misère urbaine s’exporterait-elle vers des centres plus périphériques ? Pour sûr d’une maison à l’autre, il semble que les projets d’accueil ne soient pas identiques. Il y va de l’histoire de chaque projet. Ces maisons connaissent divers regroupements budgétaires sous divers niveaux de pouvoir.
3Les milieux d’accueil pour SDF forment en Belgique comme un archipel, sorte de regroupement du « tout venant » de l’accueil des difficultés de notre temps. Il s’agit d’un regroupement d’institutions « qui ne coïncident pas » au secteur de la « toxicomanie », de l’hospitalier, de la santé mentale, de l’Awiph (l’Agence wallonne pour l’intégration des personnes handicapées), de l’Aide à la jeunesse, de la Justice.
4Pour aider à saisir une certaine typicité, notons que ces milieux de l’accueil sont issus du fin fond du caritatif, et des couloirs de la judiciarisation2, de l’histoire plus récente des luttes féminines - en ce qui concerne les refuges pour femmes battues et la protection maternelle et infantile3. Ils ont aujourd’hui le statut de maison d’accueil, de maison communautaire, de maison d’hébergement de type familial. Depuis 2004, les centres d’accueil d’urgence et les abris de nuit de grandes villes, issus du Fédéral et des contrats de sécurité, ont également rejoint le même cadre législatif régional4.
5A l’endroit où je situe mon observation, il s’agit d’une ancienne maison de logement destinée à de jeunes travailleurs et d’ateliers de confection. Le tout est situé au sein d’un vieil ensemble industriel minier. La poigne de fer et les modalités de dialogue de l’ancien directeur de l’époque marquèrent les mémoires. Ainsi, les « virés » le sont réellement, les uns par la porte, le reste par la fenêtre. A l’époque, la maison d’accueil tourne encore grâce au contrôle de quelques résidents – délateurs. Je note que c’est paraît-il à cet ancien directeur qu’il revient en 1987 d’écrire les premières pages de l’histoire de l’Association Régionale des Centres d’Accueil, A.R.C.A5., groupe dissident du regroupement de maisons d’accueil existant, l’Association francophone (Bruxelles-Wallonie) des maisons d’accueil, A.M.A., jugé, par le bouillonnant directeur, trop… audacieux.
6Notons, qu’il faudra attendre 1993 pour que la Loi de 1891, qui interdit le vagabondage, soit abrogée. Avant 1993, les maisons sont tenues de faire rapport à la police pour tout nouvel accueil. Depuis 1987, une certaine « dépénalisation » de l’accueil des SDF est donc opérée. La régionalisation des « matières personnalisables » en 19976 permet encore au secteur de l’accueil de transiter de la Communauté française à la Région Wallonne. Il passe ainsi d’une dotation au coup par coup, sans harmonisation, à un regroupement sous une politique décrétale qui favorise l’augmentation de la dotation budgétaire. Le décret a également pour vertu d’offrir un cadre en matière d’agrément, de subvention et de contrôle… Un autre décret entre en application le 3 juin 20047, qui aide à ce que la totalité des enveloppes (prévues par le Décret de 1997) puissent être allouées. Les augmentations des barèmes du non-marchand viendront compléter. Malgré cela, le secteur semble survivre grâce à l’obtention d’emplois précaires. Cependant, il devient un peu moins « fourre-tout » grâce à la fixation de cadres spécifiques d’accueil. Entre 2000 et 2004, le secteur est encore invité à développer une réflexion sur ses missions. De fait, le décret promeut le développement de projets pédagogiques , de projets d’accompagnements collectifs… Mais l’initiative n’enthousiasme pas les directeurs majoritairement gestionnaires. A l’administration Régionale, on reproche encore au Décret 2004 son manque de précision quant aux conditions d’agrément mieux balisées par le Décret 1997, « qui offrait un outil décisionnel aux pouvoirs publics »8.
7J’arrive donc dans une maison d’accueil issue d’une aile « dure » de l’histoire de l’accueil, avec cependant l’avantage d’être face à une nouvelle directrice, qui capte l’esprit qu’insuffle le Décret de 2004, même si la mise sur pied de projets collectifs, une psychologue, ne caractérisent pas vraiment le style de l’endroit. L’équipe des travailleurs est encore très imprégnée des modalités de travail ancienne version. L’infirmière sociale et une éducatrice sont là depuis plus de vingt ans. Un personnel social défile jusqu’au moment récent où l’équipe se stabilise et ne souhaite plus connaître aucune « intrusion ». Le fonctionnement qui forge son équilibre réside sur la centration du pouvoir très privatif et un retranchement dans des bureaux, sorte de bastion autocentré et défensif.
8Pour ce qui concerne le type de population accueillie, j’observerai que la maison, le bureau plutôt, se réserve le droit de décliner l’accueil et de faire la sélection. Il ne s’agit pas ici d’accueil inconditionnel et de grande urgence. On n’est pas tout à fait en première ligne, ce qui n’empêche pas de croiser des situations difficiles. Au moment de l’observation (2005-2007), les sans papiers n’ont normalement pas le droit de séjourner dans les structures d’accueil pour SDF. La sélection est également plus radicale pour les personnes qui ne disposent d’aucune source de revenu. Il y va, dit-on, de la survie financière de la maison. Le « Transit » (dortoir provisoire) offre cependant quelques lits d’» accueils d’urgence » subsidiés. Je noterai que la maison renvoie les cas « jugés » les plus désespérés9 vers des homes pirates. Ceux-ci ne sont pas, comme leur nom l’indique, homologués par la Région Wallonne. L’accueil y est plus ou moins heureux. Certains témoignent qu’il est souvent douteux. Mais les moyens manqueraient pour effectuer des fermetures10.
9Mars 2007, j’envisage de réaliser une enquête, il n’existe pas à ma connaissance de groupe de réflexion ouvert sur le sujet de l’Accueil des SDF. A la Direction des Affaires sociales de la Région Wallonne, le siège ministériel se fait quasi intérimaire. Le personnel qui gère et inspecte le secteur est plus que ténu, un temps plein et demi pour plusieurs secteurs (dont les maisons de repos). Un seul contrôle a donc lieu tous les quatre ans. On est en droit de se demander s’il existe une politique en la matière11. Force est de constater que non.
10L’heure est-elle vraiment propice pour trouver des collaborations. J’apprends que l’A.M.A. prépare un colloque pour fêter ses quarante ans d’existence. J’introduis des demandes d’aide, d’enquêtes, des propositions de collaborations auprès de l’ensemble des instances concernées par les maisons d’accueil (soit les fédérations patronales de l’A.M.A. et de l’A.R.CA. et les instances Administratives et Politiques de la Région Wallonne12). Je cherche en vain les collaborations, rédactionnelles entre autres… Plusieurs mois de démarches infructueuses me contraignent à l’abandon. Mon souhait d’élargissement de l’observation, de participation, de collaboration… se mue alors en un retrait sur une expérience professionnelle. Je me centre alors sur la conviction de l’importance de témoigner et de partager les réflexions avec lesquelles je me débats tout au long. Le but étant, à ma mesure, de parler d’un secteur négligé et oublié ; de restituer le sens à qui de droit : les sans abri, les oubliés du destin, les « peu de bien » ; mais encore, de situer comment et pourquoi l’accueil est vital.
11Anecdotique ? Le voyage me forcera dès le départ à quitter les rives d’une apparente insignifiance. Les pratiques, les lieux institués sont bien plus qu’affaire locale et pure gestion.
12A propos de l’audace d’écrire malgré tout, elle s’est imposée en raison du vide et du silence. Il manque de lieux où pouvoir faire échanges véritables. Il manque d’un véritable espace public de débats destiné à enrichir les pratiques et les formations de l’accueil en exclusion.
Un accueil évidé ?
13J’arrive par le biais d’un travail bénévole de deux heures, l’animation une fois par semaine d’un atelier d’écriture, se mue en remplacement d’un poste éducateur mi-temps, puis en contrats à durée déterminée de psychologue, je fais la découverte d’un lieu dont les principes organisateurs m’échappent. Longtemps, je ne ferai pas partie des réunions hebdomadaires. Je n’y suis d’ailleurs pas invitée ou du moins c’est à moi de saisir quand il sera convenant de solliciter mon intervention (le non-dit est de mise). Je centre donc mon attention et mon travail sur la rencontre avec les résidents de la maison d’accueil. Une autre partie de l’ensemble comprend la maison communautaire et la maison de l’ancien directeur qui comporte également quelques chambres. Je saisis rapidement que travailler avec la population « exotique » de la maison d’accueil est une première. La nouvelle direction avalise étant donné l’esprit du Décret de 2004 et soutient les initiatives qui vont progressivement se mettre en place.
14Deux ans ont passé, je reste dubitative. En ce lieu, éloigné des lumières de la Ville, des médias et, visiblement, des décideurs politiques (qui parle des maisons d’accueil pour SDF ?), se croisent sans jamais se rencontrer des « cultures », des manières de penser et d’être, des projets de société bien différents. Le décalage apparaît déroutant. Paternalisme d’autrefois flanqué d’une approche contemporaine aux contours plus qu’incertains. De l’autre côté, invisibles et/ou inaccessibles souvent, des constructions identitaires de résidents tentant de bricoler avec des bris de vies, pour tenir. Une société d’Individus tels que les observateurs les plus pessimistes de notre temps aiment à en faire la description.
15« Ecartèlement » est le mot qui vient quand je repense à la diversité des univers qui se côtoient, la maison d’accueil y apparaissant comme un lieu de synthèse improbable.
16Mais encore, les publics bigarrés que je croise au fil des mois présentent tous, pour diverses raisons, une mise à distance de toute réflexion, ce qui a pour inéluctable effet un apparent dégagement de soi, une mise hors de soi, la mise à distance du rapport aux autres. Plus « troublant » encore, le constat est identique côté professionnel. Une politique de l’agir, un pragmatisme très « présentifiant » semblent communément partagés.
17C’est ainsi que germe une question qui me poussera à prolonger la réflexion : en quoi les instances d’accueil et autres dispositifs disponibles dans le secteur de l’exclusion sont-ils au premier chef concernés par le maintien ou non de l’exclusion sociale ? Pour avoir vécu un temps avec la marginalité urbaine de la rue, je retrouve une nouvelle fois, à la maison d’accueil, les mêmes zones de sens éclatés. Le même vide. J’y constate le même manque de profondeur des formations des accueillants, le même auto-enfermement sur des cercles très appauvris de socialité, de compétences. Ainsi, je m’interroge et m’interrogerai souvent au fil des expériences qui se succèdent depuis plusieurs années. Une étape m’aurait-elle échappée ? Qu’est-ce qui oriente encore les missions du social ? Ma formation de psychologue serait-elle à ce point éloignée de ces missions ? Les éducateurs et les assistants sociaux ne souhaitent pas voir leur territoire envahi de compétences universitaires. Tous prennent la place du psy, cependant. Il me semble qu’à trop vouloir conserver l’exclusive, la psychiatrie et le médical occupent le sacro-saint haut du pavé en terme d’expertise en matière de souffrance dans le social. Côté ministériel et politique13, on fait valoir qu’il ne faut pas psychologiser le social, mais est-ce pour autant que le sujet social n’a pas de fondements psychiques, qu’il importe de connaître et dont il faut tenir compte ? Il est d’ailleurs essentiel de rappeler que le social est au fondement même du psychisme humain et qu’il en est partie constituante également. Je ne peux que constater le peu de traducteurs sur le terrain aidant à faire la jonction avec une lecture psycho-sociale, anthropologique, véritablement ouverte et apte à saisir les enjeux culturels et politiques véritablement à l’oeuvre14 dans l’accueil. Les structures telles que celles de l’AIGS15, de la psychiatrie de la région liégeoise, les développements récents en santé publique offrent une telle image d’évidence à leur action qu’il me paraît peu probable que les choses évoluent vers un mieux. Je m’inquiète de l’impossible débat qui en résulte. Comment débattre sur des faits de nature, comment faire travail véritable sur base de terminologies stigmatisées, de lectures exclusivement symptomatiques et donc murées, hors débat. Mais encore, comment, et je pense aux concernés, s’identifier à des « effets de nature » ? Comment débattre lorsque les univers « professionnels » occupent l’ensemble de la scène « du questionnement potentiel et potentialisable » ? Pas plus que les droits de l’homme ne font une politique (Gauchet, 2002), les savoirs « statufiés » n’offrent une possible sortie en matière de réflexion de fond pour l’action. A quoi sert-il de penser d’ailleurs, alors que la Vérité est déjà bel et bien révélée ? J’en viens à m’interroger : n’est-ce pas là une main mise pure et simple sur le vivant ? Qui plus que les « usagers », les « concernés » sont pris dans cette absence d’alternative réflexive ? L’enfermement du malheur dans les « déviances », « les handicaps », enchâssé dans les circuits autarciques de soins ; la judiciarisation du social par le biais de la stigmatisation favorisant le développement d’un individualisme frontal évidé de toute possibilité de mise à distance n’aident en rien une respiration plus profonde. Tout se tient.
18Le développement de cadres de travail ouverts à une action collective politique plus mature est urgent. Les chiffres16 ne sont pas des plus rassurants et devraient motiver à des adaptations éclairées en vue d’éviter les éternelles redites d’espaces d’infra droits, socialité, culture.
19Mais le constat n’est pas la réponse. Dans un « Etat social actif », fruit d’une histoire bien humaine, au prise avec une construction du sujet visiblement très formatée, comment interroger encore ce qui se trame au moment où nos idéologies empêchent la construction même d’une pensée critique ? Qu’est-ce qui fait obstacle ?
20Pourtant, si l’on ne prend pas le temps de la pause pour une ouverture réflexive, les risques de dérives des pratiques et de leurs incidences sont patents. Mais, il est clair, également, que le questionnement mènerait à une prise de risque quant à bien des certitudes, sur les pouvoirs acquis, institués. Les terres sont bien gardées, « cadenassées », « atomisées ». Comment lâcher prise ? En manque de compréhension des raisons et lumières du collectif, des prérequis des professionnels, je poursuis mes expériences dans le travail de la rencontre dans un lieu dont je découvre au jour le jour à quel point il est un lieu de coercition. Je n’ai jamais travaillé dans un monde de flics. C’est chose faite.
21Du point de vue du monde de la difficulté liégeois, trouver un lieu d’accueil où faire repos apparaît essentiel car rare. Pour la psychologue intéressée par ce même monde, je découvre qu’il est tout aussi difficile d’en faire autant. Une certitude cependant, qui trouvera sans cesse confirmation, tous sont en quête d’un accueil véritable, même perdu, même introuvable. Je suis d’ailleurs fréquemment étonnée d’observer les véritables capacités d’abnégations, d’adaptations et de renoncements pour rester. Nombreux sont ceux qui iront jusqu’à la dépersonnalisation.
22« Accueil », part manquante ? Faire oeuvre d’accueil et d’hospitalité, c’est accepter d’aller au-delà d’une position formaliste, qui n’a rien à voir. Mais qu’est-ce qui éclaire les pratiques autre que ces formalismes ? Ce travail fait état d’une réflexion sur les impossibilités multiples de faire partage authentique dans ce monde de l’accueil des précarités, peut-être parce que les enjeux à l’oeuvre ne sont tout bonnement pas du même ressort.
Notes de bas de page
1 Notons qu’est « sans abri » : « …la personne qui n’a pas de résidence habitable, qui ne peut, par ses propres moyens, disposer d’une telle résidence et qui se trouve dès lors sans résidence ou dans une résidence collective où elle séjourne de manière transitoire, passagère, en attendant de pouvoir disposer d’une résidence personnelle » - Projet de loi concernant un programme d’urgence pour une société plus solidaire, Documents parlementaires, Chambre des Représentants, session ordinaire, 1991-1992, 630/5, p.34., cité par FRANCQ, B., 2007, p.34, « Chapitre 3 – Des pauvres aux sans abris : l’irrésolution des politiques publiques en Belgique », in : Comparer l’incomparable ? Les hommes à la rue : Belgique, France, Québec, (Pichon, dir.), Rapport de recherche, Saint-Etienne, janvier, pp. 30-41.
2 Le 22 mai 2008, l’A.M.A., association francophone (Bruxelles-Wallonie) des maisons d’accueil, fêtait ses quarante années au cours d’un colloque « Au jour…la nuit » Mai 1968-Mai 2008 : 40 ans d’actions. A cette occasion, la présidente, Anne Devresse, rappelle l’aventure de certains pionniers, mûs par les élans communautaires de l’époque 68. C’est ce groupe qui initie « des lieux de rencontre et de débats qui aboutiront en mai 1968 à la création officielle de l’Association des maisons d’accueil ». Ces maisons, une trentaine [à l’époque], n’ont aucun lien entre elles, aucune aide de l’Etat. Seules certaines reçoivent les aides d’une Commission d’Assistance Publique. « Nos courageux explorateurs, poursuit la Présidente, vont de surprise en surprise. Les systèmes sont totalement différents, les conceptions de l’accueil remontent parfois au MoyenÂge […] basée sur une notion extrêmement stricte de l’autorité, dans d’autres, on entre et on sort comme dans un moulin ». Les maisons sont souvent dirigées par le clergé chrétien. Elles vivent du bénévolat, des dons et/ou organisent leur propre réseau de travail. Un autre lien séculaire perdure encore au sein des maisons d’accueil, celui de la judiciarisation. Ce n’est qu’en 1993 qu’à lieu l’abrogation de la loi de 1891 qui réprime le vagabondage. Avant cette date, les maisons d’accueil pour hommes ont surtout une mission de contrôle social. « Chaque nouvel arrivant doit remplir une fiche d’hôtel transmise au service de police qui contrôle les hôtels et les meublés ». (Le texte cité provient du site de l’A.M.A.).
3 Début des années 80, les refuges pour femmes battues, crées dans la mouvance des mouvements féministes des années 70, sont intégrés. L’accueil des femmes et enfants qui se développe reste surtout l’apanage des maisons maternelles de l’ONE, mieux subsidiées (une fois et demi le budget de 30 centres d’accueil pour 13 maisons). A l’époque, « Les maisons d’accueil pour personnes adultes en difficulté sont uniquement subsidiées au coup par coup et pour des missions spécifiques comme par exemple : l’aide morale aux femmes, […] aider les prostituées à « sortir du milieu » […] ». A partir des années 2000, les maisons maternelles verront passer leur pouvoir de tutelle du communautaire au régional. Ce passage ne se fait pas sans crainte étant donné les disparités des enveloppes budgétaires.
4 Notons que les maisons d’accueil ont pour spécificité une capacité d’hébergement supérieure à 10 personnes et que l’hébergement y est limité à 275 jours avec une possibilité de trois prorogations de 90 jours. Les maisons communautaires offrent des séjours à long terme à des personnes qui sont en plus grande difficulté de réintégration que celle des maisons d’accueil. Il reste l’accueil d’urgence qui comme son nom l’indique est de quelques jours.
5 La Fédération ARCA est constituée en 1987 et regroupe des maisons d’accueil, des maisons communautaires et des abris de nuit. Actuellement la Fédération comporte 11 institutions membres, majoritairement liégeoises.
6 « Suite aux accords de « la Saint-Quentin », le Gouvernement Wallon décide, en date du 16 octobre 1997, de prendre en charge les centres d’accueil pour adultes ». Le décret-programme est approuvé le 17 décembre 1997 (Moniteur Belge du 24/01/1998, p.1817).
7 Arrêté du Gouvernement wallon portant exécution du décret du 12 février 2004 relatif à l’accueil, l’hébergement et l’accueil des personnes en difficultés sociales (Moniteur Belge du 03/11/2004, p.74384).
8 Reste à voir avec quel personnel de terrain ?
9 Je repense à deux témoignages. Deux fuguent suite à un enfermement arbitraire cumulant, toutes deux, médication massive, et retrait des papiers d’identité. Les deux homes incriminés sont l’un, situé à Liège et l’autre, en périphérie. A contrario, un jeune de 18 ans, détenteur de la palme du parcours d’abandons et d’institutions, trouvera un temps refuge dans un autre home liègeois. Ce qui le sauve de la rue et de la psychiatrie. Il évite ainsi ce qui pour lui représente le pire.
10 Notons encore que les homes pirates perdurent envers et contre tout. La Ministre Vienne avoue son impuissance à faire mieux. Fermer équivaudrait à accueillir ailleurs et cela la Région n’en a pas les moyens.
11 Il y a un important travail à faire sur les raisons qui laminent l’évitement d’une politique sociale quelque peu audacieuse et inventive.
12 A noter qu’il n’existe pas en 2006 de données centralisées sur Bruxelles-Capital et la Région Wallonne.
13 Cf J’évoque les propos de Madame Christiane Vienne à cette époque Ministre de la santé et des affaires sociales pour la Région Wallonne.
14 Tout un programme pour les plus frileux, trop ambitieux, sauf à relire les classiques à l’origine des sciences humaines : Simmel, Mauss, Weber, Durkheim, Toqueville, Freud… Je pense également aux auteurs qui se font les témoins de situation de violence d’Etat, aux auteurs de la psychothérapie institutionnelle (Oury, Daumezon, Tosquellies…) ou qui ont inscrits leur pas dans le travail d’un Georges Devereux…Aux écrits relatifs aux camps de la mort et aux génocides… Tout un savoir en friche, méconnu.
15 AIGS est une association inter-régionale de guidance et de santé au croisement du handicap, de la psychiatrie et du social. L’association rassemble près de septante services (94 antennes) répartis sur vingt communes liégeoises…Nombre de lieux de socialité ersatz sont ainsi offerts à de grands étiquetés « maniaco-dépressif », « schizophrènes », et autres tenants de la faune « psychiatrisée ».
16 Quand ils existent. Il manque d’un véritable Observatoire de la pauvreté sur la région.
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Les Musulmans en prison
en Grande-Bretagne et en France
James A. Beckford, Danièle Joly et Farhad Khosrokhavar
2005