Préface
p. 5-6
Texte intégral
1C’est avec joie et reconnaissance que j’ai accepté d’écrire la préface du livre que Thérèse Hebbelinck consacre à ce qu’on a appelé « l’affaire du carmel d’Auschwitz ». J’ai d’autant plus aisément accepté de l’écrire que j’ai été impliqué dans cette douloureuse « affaire » du début jusqu’à sa conclusion. L’affaire a duré de 1985 jusqu’en 1993, date à laquelle le pape Jean-Paul II a demandé aux carmélites de quitter le lieu de vie qui leur avait été accordé, le vieux théâtre jouxtant le site d’Auschwitz I, lieu de dépôt du gaz Zyklon B, pour rejoindre le nouveau carmel qui avait été construit à leur intention.
2En lisant cette étude minutieuse et rigoureuse avec la plus grande attention, j’ai été frappé non seulement par la rigueur de l’analyse dans son déroulement chronologique, mais plus encore par la compréhension profonde, juste et délicate des positions des divers protagonistes du drame, qu’il s’agisse de la délégation juive, de la délégation catholique, de l’épiscopat polonais, des instances romaines et du pape lui-même. L’auteur ne s’est pas contenté de s’appuyer sur les archives auxquelles elle a pu avoir accès. Elle a en effet pu consulter toutes les archives de l’Église de France, j’en suis le témoin, mais aussi celles de Belgique. Mais elle a aussi pris grand soin de rencontrer de nombreux témoins pour leur poser des questions fort pertinentes et ainsi approfondir sa connaissance des problèmes soulevés par cette controverse.
3L’affaire du carmel d’Auschwitz – même si le lecteur d’aujourd’hui ne le sait plus – aurait pu bloquer de façon durable le dialogue entre catholiques et juifs inauguré par le concile Vatican II. D’une certaine manière cet évènement nous a obligés les uns et les autres à prendre une mesure plus profonde de l’évènement de la Shoah sans ignorer la souffrance spécifique du peuple polonais pendant la guerre. Et cette prise de conscience était essentielle pour les catholiques dans leur rapport avec le peuple juif.
4Je pense qu’on découvrira surtout à la lecture de ce travail que, pour progresser, le dialogue entre catholiques et juifs ne peut pas faire abstraction de la mémoire que nous avons les uns par rapport aux autres. Nous nous connaissons mieux certes, mais nous avons encore besoin de nous connaître dans la profondeur de notre histoire.
5Puisse ce livre, si profond, nous éclairer sur le chemin du dialogue qui se poursuit avec fécondité. Un très grand merci à Thérèse Hebbelinck pour le travail qu’elle accomplit.
Auteur
Dujardin Jean (1936) : prêtre oratorien français, supérieur général de l’Oratoire de France de 1984 a 1999 et secrétaire du Comite épiscopal français pour les relations avec le judaïsme de 1987 a 1999. Il est aujourd’hui expert auprès de ce comite. Cf. Jean Dujardin, L’Église catholique et le peuple juif : un autre regard (Diaspora), Paris, Calmann-Lévy, 2003.
Secrétaire du Comité épiscopal français pour les relations avec le judaïsme de 1987 à 1999
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L’affaire du carmel d’Auschwitz (1985-1993)
Implication des Églises belge et française dans la résolution du conflit
Thérèse Hebbelinck
2012
Femmes cloîtrées des temps contemporains
Vies et histoires de carmélites et de clarisses en Namurois, 1837-2000
Anne-Dolorès Marcélis
2012