6. Le bâtiment du sommet de la colline
p. 113-138
Texte intégral
1Note portant sur l’auteur1
2Note portant sur l’auteur2
6.1. Introduction
3Les campagnes de fouille menées successivement en 2007 et en 2008 ont permis de mettre en évidence la présence d’un bâtiment de grande taille au sommet du Képhali (fig. 6.1). Ses dimensions et sa situation font de lui l’édifice dominant du site de Sissi. Probablement construit au MA III/MM IA, il a fait l’objet d’un remploi au MR I et au MR IIIB, période à laquelle il semble finalement avoir été détruit ou abandonné.
4Bien que la colline ait été récemment utilisée à des fins agricoles et comme position défensive durant la seconde guerre mondiale, les vestiges sont particulièrement bien conservés dans la partie occidentale de son sommet (fig. 6.2). Dans sa moitié orientale, l’érosion semble avoir eu un impact plus considérable sur la préservation des couches archéologiques. La forme irrégulière de l’édifice, qui s’étend sur 40 m de long et 25 m de large environ au MR I et au MR IIIB, paraît avoir été en partie dictée par les réalités naturelles du site : le substrat rocheux qui affleure par endroits d’une part, les limites de la terrasse supérieure de la colline d’autre part constituent ainsi à l’évidence des contraintes géologiques et topographiques que les bâtisseurs de Sissi ont dû prendre en compte. Le tronçon de rue pavée qui longe la façade sud-est et le seuil de la pièce 3.3, qui reposent tous deux directement sur le rocher, en témoignent notamment. Par ailleurs, les murs de terrasse qui délimitent le sommet du Képhali au Nord et à l’Ouest dissimulent en réalité les murs extérieurs originaux de ce bâtiment, dotés de part et d’autre, de redans typiquement minoens. Le mur de façade apparaît également à l’Est où il se prolonge d’une part dans la berme nord de la zone 4 jusqu’à la façade septentrionale, d’autre part vers le Sud-Ouest où sa course, toujours en cours de fouille, est marqué par un redan formé par les murs D9, D14 et D15 (fig. 6.2 zone 3). À l’heure actuelle, seule la façade sud-ouest du bâtiment doit encore être clairement définie (voir zone 3). Les murs extérieurs susmentionnés sont généralement bâtis au moyen de grands blocs de calcaire ou de conglomérat, parfois taillés, et forment d’imposantes façades.
5Bien qu’une étude plus approfondie des vestiges soit encore nécessaire, on peut d’ores et déjà affirmer que le bâtiment en question abritait probablement de multiples activités. Le stockage des denrées et la production artisanale semblent ainsi attestés (voir zone 3). Il convient toutefois de rappeler que l’examen s’est pour l’instant limité aux couches archéologiques supérieures. La fouille des espaces dont les limites ont été déterminées au cours des deux premières campagnes et l’exploration des niveaux antérieurs aux dépôts MR IIIB examinés pourraient ainsi faire apparaître le bâtiment sous une toute autre identité dans les années à venir.
6.2. La fouille de la Zone 3
6La fouille de la zone 3, située sur la terrasse supérieure de la colline, correspond au Sud du bâtiment situé au sommet du Képhali et à la partie orientale de la pièce centrale (figs. 6.3-6.4). Elle coïncide avec les carrés AY/AZ/ BA/BB 78/79/80/81 de la figure 1.16.
7Cet espace a livré en surface des pièces 3.3, 3.4, 3.5 et 3.6 une quinzaine de cartouches qui laissent penser qu’un poste de tir italien devait y être installé pendant la seconde guerre mondiale. Les murs antiques et les premiers fragments des dépôts sont apparus à quelques centimètres à peine sous le niveau de la surface.
8La pièce 3.1, qui s’étend sur une surface d’environ 40 m², est à l’évidence la plus importante du bâtiment. Outre sa position centrale et dominante, ses dimensions et le solide appareil des murs qui la délimitent, elle se distingue des autres pièces par l’imposant seuil (1,80 m de long) qui ouvre le mur C1 en son milieu et qui était probablement doté d’une colonne à chacune de ses extrémités. La fouille de la partie Est de la pièce a révélé un dépôt considérable qui date sa destruction de la fin du MR IIIB (figs. 6.5 et 6.6). On a ainsi en particulier pu prélever le long du mur C13 les fragments d’un pithos (07-03-0419-OB001)4 (fig. 9.8), d’une lékanè (07-03-0419-OB005), d’un bol profond (07-03-0419-OB008) (fig. 9.9) et d’une passoire (07-03-0419-OB004) (fig. 6.9). La tache de terre rougie et la céramique brûlée qui ont été observées sur cette partie de la pièce laissent penser que le pithos contenait un liquide inflammable qui se serait répandu sur le sol au moment de la destruction. Un peu plus au Nord, différents éléments appartenant sans doute à une même installation (FE 5) peuvent être mentionnés : un grand vase fragmenté (07-03-0419-OB002) se trouvait en effet encastré dans une structure rectangulaire de pierre (1 sur 0,80 m, h. : 0,30 m) (fig. 6.7 & 6.8) adossée au mur C1, que recouvrait une fine couche de surface contenant des fragments d’enduit ; une gourna (FE 6), dans laquelle était peut-être fiché un poteau de bois, se situait en contrebas. Une grosse pierre oblongue d’environ 18 kg (07-03-0419-SA100), qui a pu servir de contrepoids, un fragment de meule (07-03-0421-OB001) et un outil lithique (07-03-0419-OB007) gisaient également à proximité. Ces indices nous conduisent à considérer la structure comme une installation destinée à moudre, broyer ou presser. Elle semble au premier abord très comparable, par sa position et ses dimensions, à ladite ‘grinding station’ observée dans la pièce 24 du bâtiment 1 de Palaikastro5.
9L’intégration dans la structure d’un récipient collecteur et la présence d’un pithos rempli d’huile ou de vin dans l’immédiate proximité de notre installation orientent toutefois notre interprétation vers une autre solution : il ne nous semblerait ainsi pas impossible qu’il se soit agi d’un pressoir à huile ou à vin. Pour pouvoir l’affirmer avec certitude, il faudrait être en mesure de prouver que la lékanè écrasée au sol 1,50 m plus au Sud constituait le ληνóς – le bassin – qui se serait déversé dans le vase collecteur observé. Il nous faudrait en outre reconnaître dans le matériel conservé un déversoir permettant au liquide de s’écouler vers la partie inférieure de l’installation. Or rien de tel n’a pour le moment été identifié et la lékanè n’a pas encore été restaurée. Une série d’éléments concordant avec les caractéristiques contextuelles des pressoirs minoens peut cependant être mentionnée. La localisation du dispositif, au rez-de-chaussée et à l’entrée de la pièce est ainsi conforme à celle de la plupart des exemplaires connus (Kopaka & Platon 1993 : 72)6. En outre, au sein même de la pièce, la grande dalle du seuil a pu constituer un banc ou une table de travail propice au concassage et à la mouture, d’ordinaire associés à ce type d’activité, et dont l’outil lithique retrouvé à cet endroit précis semble attester la pratique. Quant au mobilier retrouvé dans la pièce 3.1, il est constitué de récipients de formes variées qui semblent bien adaptés au stockage, au transvasement ou à la consommation de liquides (voir supra).
10Pour finir, il faut signaler que la présence d’une passoire, (09-03-0419-OB004) (fig. 6.9), qui pourrait être destinée au filtrage du moût, s’accorde bien avec l’hypothèse d’un pressoir à vin (Kopaka & Platon 1993 : 100). En outre, l’éventuelle présence d’un poteau fiché dans la gourna évoque le procédé de pressage secondaire par torsion qui était pratiqué dans l’Ancien Empire égyptien (Kopaka & Platon 1993 : 87-88). Il faudra cependant attendre les résultats des analyses faites des vases d’une part et des divers échantillons de terre prélevés d’autre part pour aboutir à une conclusion certaine sur cette question. On ne peut par ailleurs pas exclure que les fonctions de cette installation aient été multiples, selon les besoins et selon les époques 7.
11A l’Ouest de cet ensemble s’étendait une tache de lepidochoma (fig. 6.8) qui correspond sans doute à une partie conservée du sol. La couche argileuse, épaisse de 0,06 m, provient vraisemblablement de Sissi même – de l’entrée de la gorge de Sélinari plus exactement si l’on se fonde sur les témoignages locaux – et rappelle par sa couleur et sa texture la terre utilisée à Malia dans la cour centrale du palais. Un sondage a révélé immédiatement sous ce sol une précédente destruction que quatre coupelles coniques (07-03-0427-OB001, 07-03-0427-OB002, 07-03-0427OB003, 07-03-0427-OB004) (figs. 6.10 & 9.11) datent de l’époque néopalatiale. On peut ainsi envisager que la terre argileuse provenait de l’effondrement du toit, survenu au moment de la première destruction, et qu’elle a ensuite été utilisée comme sol lors de la réoccupation de la pièce. Il faut enfin noter qu’à l’Est du seuil, deux vases à étrier datés du MR IIIB ont été mis au jour (07-03-0414-OB002 et 07-03-0429-OB001), qui correspondaient peut-être à un dépôt rituel (fig. 9.10 & 9.21b). L’absence de structures constatée dans l’espace qui jouxte cette pièce à l’Est (espace 4.4) laisse enfin envisager qu’elle ait pu, à une phase donnée tout au moins, s’ouvrir sur une cour intérieure.
12Au Sud-est de cette pièce s’étend une série de petits espaces et de corridors. L’un d’eux (pièce 3.2) contenait la partie supérieure d’un grand pithos (diam. int. 0,72 m ; diam. ext. 0,77 m) (07-03-0431-OB001) installée à l’envers, peut-être pour servir de cuve, contre le muret Est. Le réduit représente une surface de 3 m² environ (fig. 6.11).
13Plus au sud encore ont été mises au jour les limites de la pièce 3.3, qui s’étend sur une superficie d’environ 11 m² et qui comporte une entrée au Sud (mur C10), une entrée au Nord-est et les deux premières marches de ce qui devait être un escalier au Nord-ouest (structure FE17). Elle a livré un considérable dépôt de destruction (fig. 6.12). A quelques centimètres au-dessous de la surface affleuraient déjà les premiers fragments de vases écrasés au sol de tout leur long. La fouille a mis en évidence la destruction violente de la pièce, que l’on peut dater de la fin du MR IIIB en se fondant sur les nombreux vases qu’elle contenait. Le matériel collecté est abondant et comporte notamment au nord un pithos, une cruche, trois assiettes – dont deux empilées – qui servaient sans doute de base au pithos (07-03-0430-OB003-4-5-7-8), un large bol (08-03-0451-OB003) (fig. 9.12b) et une petite jarre (08-030451-OB005). Cette zone a également livré un cratère en cloche (07-03-0430-OB006) (figs. 9.12a & 9.13) décoré de métopes à motifs géométriques et abstraits dont la base est manquante et qui semble même avoir été cuit sans fond. Divers grand vases situés de part et d’autre de la pièce, contre les murs C12 et C11, étaient par ailleurs manifestement installés sur des dalles ou sur des fonds de pithos renversées. L’un d’eux (08-03-0451-OB004) est une marmite tripode qui présente du reste des traces de brûlure par incendie qu’il faut sans doute associer aux opérations de cuissons ou peut-être aux circonstances de la destruction. La pièce a également livré trois coupelles coniques (08-03-0460-OB003-4-5), écrasées les unes dans les autres devant l’entrée Nord-est, et deux couvercles (08-03-0459-OB001-2) (figs. 6.13 & 9.14), partiellement emboîtés l’un dans l’autre dans l’angle Sud-est de la pièce, qui présentait également des marques d’incendie. La disposition au sol de ces derniers objets, au Nord comme au Sud, permet d’envisager l’existence d’étagères sur lesquelles ils auraient été empilés. Par ailleurs, la présence de divers outils lithiques répartis sur l’ensemble de la pièce conduit notamment à reconnaître en cet espace une aire de travail.
14Dans l’angle que forment les murs C10 et C11, une niche (espace 3.7) de 0,90 m sur 0,55 m tournée vers l’extérieur du bâtiment a été mise au jour (fig. 6.14). Elle contenait un dépôt composé de petits galets, de coquillages, d’os, d’un tuyau de vase verseur et de quatre cruches miniatures (08-0441-OB001-2-4-5), sous lesquelles reposait un pied de marmite.
15A l’Ouest du mur C12, la pièce 3.5, mitoyenne de la pièce 3.3, a livré peu de matériel, des fragments d’obsidienne découverts dans la couche de surface mis à part. Cet espace, délimité par les murs C10 au sud, C15 au nord, C12 à l’Est et à l’Ouest par le mur de terrasse moderne, qui recouvre sans doute la construction antique, s’étend sur une superficie d’environ 13 m². Il ne comporte ni structure architecturale, ni vase en destruction à l’exception d’un gros pithos au profil entier couché le long du mur C15 (08-03-0485-OB001), à l’extrémité Ouest. Un niveau de sol est indiqué par une dalle dont l’altitude (↑21,64 m) est plus basse que celle du sol sur lequel reposaient les vases de la pièce 3.3 (↑21,73 m) ; elle apparaît contre et se poursuit sous le mur C12, dont le nettoyage a révélé l’existence d’un blocage dans la partie Nord. Le nettoyage du mur C10 a par ailleurs montré qu’il y avait manifestement eu remploi d’une structure plus ancienne, que l’on voit bifurquer légèrement vers le Sud peu avant de croiser le mur C12 (voir la partie grisée sur la fig. 6.20). A l’époque de la destruction de la pièce 3.3, il apparaît donc que la pièce 3.5 a fait l’objet d’un abandon. A la phase antérieure existait une aire unique, qu’un muret de partition, à l’extrémité duquel se trouvait peut-être un pilier, compartimentait en deux espaces communicants. Le sondage effectué dans la pièce 3.3, le long du blocage, pour retrouver le niveau de sol de la pièce 3.5, a confirmé qu’il s’agissait bien d’un lieu de passage, sans doute légèrement recreusé au moment du blocage : la fouille a en effet mis en évidence une bande de terre rouge et meuble comportant de petits débris d’os et de céramique qui caractérise les abords d’un seuil. Le décapage de l’ensemble de la pièce 3.3 jusqu’à ce niveau a livré un matériel mixte qui n’a pas pu être daté avec précision pour le moment.
16La pièce 3.5 ménage au Nord-ouest une ouverture sur la pièce 3.6, délimitée par les murs C15, C16, C19 et le mur de terrasse moderne et qui s’étend sur une superficie de 11 m² environ. Seule la bande située au nord du mur C15 a été fouillée. Elle a livré les premiers fragments d’un pithos couché dans l’axe Nord-sud à l’ouest et un kylix (08-03-0491-OB001), unique vase à boire de prestige observé sur l’ensemble de la zone sud.
17Plus à l’Est, dans l’espace situé entre les pièces 3.3 et 3.4, qui devait correspondre à la cage d’escalier, se trouvaient au moins deux gros pithos (08-03-0470-OB001 et 2) écrasés sous un amas de pierres ainsi qu’un vase à étrier au décor soigné du type des vases de La Canée (08-03-0482-OB001) (fig. 6.15 & 9.15).
18Immédiatement au Nord, la pièce 3.4, définie par les murs C13, C14, C18 et C19 et s’étendant sur une superficie de 7 m² environ, a livré au Sud une série de vases (08-03-0504-OB001-2) et de coupelles coniques au profil évasé caractéristiques du MR III (08-03-0504-OB003-4) au sein d’une couche de destruction qui reposait à quelques centimètres de la surface. Elle comporte une entrée probable dans la partie est du mur C13 et une seconde dans la partie Sud du mur C19. La pièce semble se superposer, sans toutefois se caler exactement sur son plan, sur une structure plus ancienne composée par les murs C23 et C25, qui longent et croisent respectivement les murs C14 et C13. Une possible structure circulaire de 1,40 m de diamètre, dont on ignore la fonction et qui n’a pas encore été fouillée, semble s’adosser au mur C14. La partie Nord-ouest de la pièce a révélé, avec certitude cette fois, une seconde structure circulaire (FE 20), composée de pierres et de briques, qui délimitait les contours d’un probable foyer d’un diamètre de 1,70 m (fig. 6.17).
19Au Nord-est, le mur C14 s’interrompt et laisse place à un muret (C21) qui ferme la pièce en obliquant légèrement vers l’Est. Construit en retrait par rapport au mur C14, il forme avec lui et le mur C18 une sorte de niche tournée vers l’intérieur de la pièce 3.3, dans laquelle se trouvait une coupelle conique (08-03-0504-OB006), calée par une dalle. Il délimite à l’Ouest une série de deux petits compartiments carrés (espaces 3.9 et 3.10) d’1 m² chacun, fermés par les murs C22, C26, C18 et C27.
20Attenante au Sud à cet ensemble architectural, la pièce 3.8, délimitée par les murs C14, C27 et C9, a révélé à quelques centimètres de la surface un tube de céramique long de 0,36 m (08-03-0505-OB001) (fig. 6.16). Il est fort semblable auxdits ‘snake tubes’ à la différence qu’aucun serpent ne vient onduler le long de ce cylindre de terre cuite pour en former les anses. Trois petites doubles cornes ornent en revanche l’ouverture la plus étroite. Il a pu être utilisé pour soutenir une tête de statue, une statuette ou une coupe (Shaw 1996 : Pl.3.147 et 3.148), si l’on se réfère aux exemplaires comparables que nous connaissons. Il convient aussi de souligner que ce type d’objet est généralement associé à un contexte religieux (Shaw 1996 : 229) et qu’il a notamment été identifié au sein de sanctuaires (Gesell 1976).
21Deux faits marquants doivent enfin être soulignés pour rendre compte de la zone fouillée en 2007 et 2008 : premièrement, divers fragments de pierre, qu’il s’agisse d’outils, de déchets, d’ébauches ou de produits finis ont été retrouvés8. L’angle Nord-ouest de la pièce 3.3, c’est-à-dire la zone qui jouxte les marches d’escalier, et l’espace situé entre 3.3 et 3.4, c’est-à-dire la zone d’effondrement de l’escalier, ont ainsi notamment livré des fragments de carottes de serpentine (08-03-0451-OB006; 08-03-0481-OB001; 08-03-0491-OB002) (fig. 6.18). Ceux-ci ont du reste la particularité de ne pas présenter les marques circulaires qui caractérisent d’ordinaire le travail de forage de la pierre (Warren 1969 : 159) ; cette observation permet d’envisager l’existence d’une pratique artisanale singulière à Sissi – la zone 3 n’a en effet livré aucun foret de métal – à moins que ces fragments tronconiques aient été polis en vue d’un remploi (Poursat 1996 : 120). Aux mêmes endroits, des fragments de vase en pierre (08-03-0497OB002), des éclats (08-03-0442-OB002 ; 08-03-0454-OB001 ; 08-03-0501-OB001) et des fragments de petites scies d’obsidienne (08-03-0447-OB001 ; 08-03-0483-OB001) ainsi que de petits galets qui ont pu servir de polisseurs (08-03-0454-OB001-2-3) ont également été trouvés. On peut donc envisager que le nord de la pièce 3.3, ou celle qui était située à l’étage, ait pu servir d’espace de travail de la pierre en particulier.
22La fouille de la zone 3 a par ailleurs révélé d’autres indices qui convergent également vers cette lecture de l’espace : le nettoyage de surface de la pièce 3.5 a ainsi livré un ‘bouton mycénien’ de stéatite (08-03-0452-OB001) et un fragment d’objet circulaire en pierre percé (08-03-0452-OB002), cependant qu’un autre a également été trouvé en surface au Nord de la pièce 3.2 (07-03-0426-OB002). Enfin, un fragment (7,5 x 5,5 cm) de kernos rectangulaire en serpentine (fig. 6.19), creusé de deux godets et décoré de stries (08-03-0466-OB001), a été retrouvé dans la terre de surface qui couvrait l’extension Nord de la zone. Il est très comparable à l’exemplaire retrouvé à Platanos (Warren 1969 : 11-14 et P37) et appartient à un type d’objet que l’usage associe d’ordinaire aux contextes d’offrandes et de libations. S’il n’est pas rare de le retrouver dans des contextes ultérieurs, sa production semble cependant s’étendre entre la fin du MA II et le MA III (Warren 1969 : 167). Le lieu de la trouvaille, le fait que l’un des godets ait transpercé le fond de l’objet et que le polissage final paraisse n’être pas achevé (Poursat 1996 : 119) constituent autant d’indices qui nous portent à croire qu’il s’agisse d’un raté d’atelier. La production de l’objet ne semble en revanche pas contemporaine de des dépôts fouillés en 2008 dans ce secteur et interdit donc d’associer ce fragment de kernos au travail de la pierre exercé au MR III dans la zone 3 de Sissi. La fouille de la pièce 3.5 a quant à elle livré des éclats d’obsidienne (08-03-0450-OB001 ; 08-03-0455-OB002 ; 08-03-0461-OB001 ; 08-03-0484-OB002) et des fragments de petites scies en obsidienne (08-03-0452-OB003 ; 08-03-0484-OB001). On peut en déduire que cet espace, laissé vide et sans accès à la pièce 3.3 dans sa phase la plus récente, ait lui aussi occasionnellement servi, et cela sans qu’un dispositif particulier d’atelier ait nécessairement été mis en place, d’aire de travail.
23L’étonnante quantité de pierre ponce – environ 82 kg – prélevée sur l’ensemble de la zone 3 Sud constitue le second fait notable des deux campagnes qui ont été menées, en particulier si l’on songe que celle-ci était notamment utilisée comme matière abrasive dans le travail de la pierre (Faure 1971). Si l’on se réfère par ailleurs au fait que, pour des raisons de sécurité et compte tenu du temps de travail nécessaire à l’élaboration d’un vase, les lapidaires minoens ne stockaient qu’une quantité limitée de matière première (Platon 1993 : 120-121), on peut penser que la quantité de produit abrasif collectée était proportionnelle. On arrive ainsi à la conclusion qu’une considérable quantité de poudre de pierre ponce était nécessaire à la fabrication des vases de pierre. Dans cette perspective, on peut s’interroger sur la nature exacte et la diversité des emplois que ces artisans en faisaient.
24La plus forte densité de pierre ponce (fig. 6.20) a été observée dans l’espace situé entre les pièces 3.3 et 3.4 (43,93 kg), dans les pièces 3.1 et 3.5 (20,47 kg), le Sud-est de la pièce 3.6 et le Sud de la pièce 3.4 en ayant respectivement livré 10,89 kg et 3,81 kg. Or la pièce 3.5 et l’espace situé sous l’escalier ont en commun d’avoir servi d’entrepôt aux pithos mentionnés supra. Au vu de la répartition de la pierre ponce sur l’ensemble de la zone et de celle des pithos, il paraît raisonnable d’envisager que ces gros vases aient été employés au stockage de cette matière première. Si la densité de pierre ponce contenue dans la couche est particulièrement élevée dans l’espace qui sépare les pièces 3.3 et 3.4 et dans l’angle Nord-est de la pièce 3.5, c’est aussi sans doute parce que cette zone correspond à l’effondrement de l’escalier menant à l’étage supérieur. La pierre ponce, dans l’Antiquité et jusqu’au xx ème siècle était en effet également employée comme matière isolante dans les plafonds en raison de sa légèreté (Faure 1971).
25Une considérable quantité de pierre ponce était enfin contenue dans la couche de destruction de la pièce 3.1. Là encore, le matériau avait dû être massivement stocké pour ses vertus abrasives et l’on peut sans doute mettre sa présence en relation avec les grands vases de stockage et l’installation mentionnés dans la description de cette pièce. On pourrait même envisager qu’à l’occasion, notre ‘pressoir à vin’ ait servi de broyeur de pierre ponce.
26Si le bâtiment du sommet de la colline semble bien être l’édifice le plus important du site au MR IIIB, il apparaît aussi clairement qu’à la manière des grands ensembles architecturaux minoens, il combine des fonctions d’apparat et des activités domestiques ou artisanales. Des lieux de travail, qu’il s’agisse d’installations (structure FE5 pièce 3.1 et pithos renversé pièce 3.2), d’aires de travail improvisées (pièce 3.5) ou de structures domestiques polyvalentes (pièces 3.3 et 3.4) jouxtent en effet ou parfois même investissent des pièces et des dispositifs qui témoignent d’une forme de prestige (pièce 3.1) ou qui attestent peut-être un caractère religieux (pièce 3.8). Il nous reste à déterminer quels autres types d’activités étaient menés dans ce bâtiment et à examiner en quelle mesure il pouvait exercer une fonction à la fois centrale et publique pour la colline de Sissi.
Références bibliographiques
6.3. La fouille de la Zone 4
27Tout comme la zone 3 à laquelle elle est adjacente, la zone 4 est située sur la terrasse supérieure de la colline (fig. 6.21)10, occupant les carrés AY/AZ/BA 80/81/82/83 de la figure 1.16. Les fouilles commencèrent à cet endroit car deux imposants murs de façade (D2 et D3) y étaient déjà apparents (fig. 6.22), formant un angle obtus à la limite orientale de la tranchée.
28Dans un premier temps, une aire de fouille de 10 m² fut définie directement à l’ouest des murs susmentionnés. Par la suite, d’autres tranchées – couvrant une superficie totale de 215 m² – furent également ouvertes. Il s’agissait en fait d’examiner la plus grande surface possible dans le but de circonscrire les limites du bâtiment implanté au sommet de la colline. À cette fin, la moitie septentrionale de la terrasse supérieure fut totalement nettoyée et l’espace situé de part et d’autres de la partie orientale de la pièce 3.1 partiellement fouillé. La pièce 4.6 et ses environs immédiats furent également mis au jour. Vers le sud-sud-est de la zone de fouille (secteur correspondant globalement aux pièces 4.1, 4.2 et 4.3), le substrat rocheux fut rapidement atteint, témoignant d’une forte érosion11. Plus à l’Ouest, les couches archéologiques semblèrent mieux préservées et seuls les niveaux stratigraphiques supérieurs furent investigués.
29Malgré le mauvais état de conservation de sa stratigraphie, la partie occidentale de la zone 4 livra plusieurs informations intéressantes. Le tracé de plusieurs murs y fut repéré et le caractère régulier de leur agencement gagna en clarté quand la fouille se prolongea vers l’Est (en direction de l’espace 4.4). En comparaison à l’excellent niveau de destruction mis au jour dans la pièce 3.1 (figs. 6.5 & 6.6), le MR III est bien plus modestement représenté dans l’Est de la zone 4. Il apparait néanmoins probable que le petit tronçon de mur D1, dont l’appareillage rappelle celui de C1, faisait partie d’un mur associé au bâtiment qui occupait certainement le sommet de la colline à cette époque (fig. 6.22). Un niveau de sol fortement endommagé fut repéré à l’est de D1. Quelques tessons diagnostiques y furent récoltés et, parmi ceux-ci, le profil d’un kylix put être reconstruit (07-04-0621-OB002). Qui plus est, il se pourrait que ce niveau soit associé à D19, un mur doté d’une niche contenant les tessons d’un vase de stockage. Bien qu’ils soient antérieurs, les murs D2 et D3 auraient également pu être partie intégrante de l’édifice MR III susmentionné.
30À immédiate proximité de D1, deux dépôts furent repérés. Aucun niveau de sol certifié ne put être mis en relation avec ces derniers et le matériel qu’ils contenaient ne peut raisonnablement pas être considéré comme diagnostique. À l’heure actuelle, il serait donc des plus hasardeux d’avancer une datation. Le premier dépôt contenait une coupelle ogivale (07-04-0622-OB001) et une petite jarre (07-04-0629-OB001) (figs. 6.23 & 9.6).
31À cet endroit, la couleur de la terre, plus sombre qu’à l’accoutumée, laisse penser qu’elle pourrait avoir été charriée par de l’eau. Il se pourrait donc que les dalles placées de chant formant la structure D18 aient été les parois d’un dispositif de drainage (fig. 6.24). Le second dépôt, composé de plusieurs coupelles coniques fragmentaires (07-04-0629-OB001), se situait directement au nord de D1. Au Nord de ce dépôt, une structure faite de quelques pierres et ne semblant pas faire partie d’un mur pourrait avoir formé une installation liée au dispositif de drainage (fig. 6.25).
32En ce qui concerne les phases antérieures, divers murs s’ordonnent en un schéma orthogonal (D4, D5, D6, D7 et D8) et forment trois pièces identifiables (4.1, 4.2 et 4.3) (figs. 6.21 & 6.22). Ces murs semblent avoir fait partie d’un édifice plus ancien, probablement construit directement sur le substrat rocheux comme le laisse penser la grande dalle mise au jour au sein de la pièce 4.2. En effet, cette dernière semble avoir été résolument disposée directement sur la roche, au milieu de la pièce. L’alignement du mur de façade D2 semble s’intégrer parfaitement à l’agencement orthogonal susmentionné. Bien que probablement construit directement sur le substrat rocheux tout comme D2, le mur de façade D3 présente quant à lui un alignement interpellant. Qui plus est, l’imposante couche de pierres qui fut mise au jour directement à l’ouest de D3 rend extrêmement difficile la compréhension de la relation qui pouvait exister entre ce mur et ceux qui délimitent à l’Est les pièces 4.1 et 4.2 (fig. 6.22)12. Conservé sur une superficie particulièrement restreinte, un sol en galets repéré à l’angle entre D5 et D8 pourrait également être lie à cette phase architecturale. Quelques intrusions néopalatiales mises a part, le matériel céramique associé à ce niveau date principalement du MA III-MM I et peut-être du MM II.
33Plus à l’Ouest, entre la tranchée susmentionnée et le mur C1 et son seuil monumental (figs. 6.5 & 6.6), l’espace 4.4 (d’une superficie avoisinant les 37 m²)13 fut mis au jour (figs. 6.21 & 6.22). Sa partie orientale, caractérisée par un empierrement très dense qui compliqua la lecture des vestiges, sembla malgré tout ne présenter aucune structure identifiable, à l’exception de l’angle entre les murs D6, D7 et D21. À l’Ouest, un niveau de sol fut atteint sous une couche de destruction par incendie. Ce niveau correspond stratigraphiquement à la phase d’occupation repérée dans la pièce 3.1 bien que, comparé à cette dernière, il soit nettement moins riche en termes de trouvailles. Cette situation pourrait être liée au fait que l’espace 4.4 se trouvait à l’air libre et formait une sorte de cour, hypothèse corroborée par la présence d’un seuil monumental, généralement associé aux transitions de l’extérieur à l’intérieur d’un édifice. Au beau milieu de l’espace 4.4, un imposant bloc doté de cavités naturelles fut également repéré (visible sur la photographie aérienne de la fig. 6.21). Il est parfaitement similaire aux blocs utilisés dans l’appareillage du mur C1 voisin mais est isolé, sans la moindre connexion apparente avec quelque structure que ce soit. Son poids considérable rend improbable le fait qu’il ait pu être trainé à son emplacement actuel depuis C1 sous l’effet de la charrue lorsque la colline fut cultivée. Il est donc plus vraisemblable que ce bloc ait été placé intentionnellement à cet endroit. En termes de structures architecturales, l’espace 4.4 est délimité à l’Ouest par le mur C1 et son seuil monumental ; au Nord par le mur D11 qui, avec D12 et un mur d’alignement comparable à C1, forme la pièce 4.5 dont la fouille n’as pas encore été entreprise. Chronologiquement, D11 semble avoir été construit postérieurement à C1 car sa mise en œuvre bloqua une petite niche (d’environ 0,30 sur 0,40 m) au sein de laquelle on retrouva un dépôt de fondation. Ce dernier contenait un grand vase ouvert (08-04-0660-OB004) doté de deux couvercles de fortune faits de fragments de pithos dont l’un était muni d’une anse (08-04-0660-OB001 & 08-04-0660-OB002) (fig. 6.26). Une coupelle conique renversée occupait le fond du vase (08-04-0660-OB003) (fig. 6.27).
34De plus, les fragments d’un coquillage (triton) de taille raisonnable furent également repérés sur le premier couvercle. L’utilisation d’un coquillage de ce type dans un dépôt de fondation connait divers parallèles en Crète minoenne. La Cliffhouse de Palaikastro en est un exemple. Au sein de cette dernière, dans la pièce 8, un triton fut découvert dans une ciste faites de dalles et Bosanquet suggéra que le coquillage « had been concealed there as a charm » (Bosanquet 1901-2 : 308 ; Åstrom & Reese 1990 : 8)14. Il convient de noter qu’un autre triton fut également découvert dans l’appareillage d’un mur au sein de la Zone 615. Au Sud, l’aire ouverte 4.4 est délimitée par le mur D10 dont le trace était percé d’une ouverture donnant sur la pièce 4.6.
35La pièce 4.6 (d’une superficie approximative de 16 m²) est notamment délimitée par le mur D10 (au Nord) et les murs D9, D14 et D15 (à l’Est), ces derniers formant un redan assez typique d’un mur de façade. Au Sud, la pièce était munie d’une plate forme plâtrée délimitée (d’une superficie avoisinant un mètre carré et se situant à peine à quelques 5 cm au dessus du niveau de sol mentionné ci-dessous)16 par le petit mur D24 (fig. 6.28). On y retrouva uniquement la base fragmentaire d’une grande jarre pithoïde (08-04-0694-OB003). De plus, cette plate forme était associée à une structure au sein de laquelle plusieurs pierres ponces furent retrouvées autour d’une légère dépression.
36Au Sud de la plate forme, un mur, dont la présence n’est actuellement attestée que par une étroite bande de plâtre mural, clôturait probablement la pièce 4.6 en s’articulant avec D15. Vers l’Ouest, la pièce était délimitée par le mur D16 dont la partie Nord – et par conséquent son éventuelle connexion avec D10 – n’a pas encore pu être examinée. Tout comme dans l’espace 4.4, une surface d’occupation relativement claire fut atteinte à travers une importante couche de destruction par incendie. En termes de trouvailles, mis à part une pierre à aiguiser (08-04-0689-OB001) – le long de D10 – (fig. 6.29), deux coupelles (08-04-0689-OB002), un petit jeton en cristal de roche (08-04-0686-OB001) et un poids en pierre (08-04-0694-OB002), la pièce 4.6 était pratiquement vide. Plus ou moins en son centre, on y découvrit malgré tout une dalle de taille moyenne plus ou moins circulaire présentant une légère dépression sur sa surface supérieure (fig. 6.30). Cette dalle était partiellement ceinte de plâtre et pourrait avoir été utilisée comme base de colonne.
37Du point de vue chronologique, le niveau de sol repéré au sein de la pièce 4.6 semble se prolonger sous le blocage entre D9 et D10, antidatant donc ce dernier. D’autre part, il est possible que la face orientale du mur D15 ait été monumentalisée par l’ajout de deux blocs massifs et relativement bien apprêtés qui dénotent avec l’appareillage du reste du mur. Une telle opération pourrait avoir contribué à donner une impression plus monumentale aux personnes empruntant la voie pavée qui longeait la façade D2 vers le haut de la colline (voir ci-dessous).
38Malgré sa superficie conséquente, la surface située au Nord-ouest de la terrasse supérieure de la colline révéla un nombre relativement restreint de murs (figs. 6.21 & 6.22). Les murs de terrasse qui circonscrivaient cette zone au Nord et à l’Ouest furent nettoyés et le premier révéla la présence d’un mur présentant des redans et qui pourrait avoir formé la façade nord du grand bâtiment occupant le sommet de la colline. Juste au Sud de ce dernier, on mit au jour les murs D22 et D23 formant au moins deux pièces (4.8 à l’Est et 4.9 à l’Ouest). La pièce 4.9 (ca 4,5 m²) était circonscrite par D22 au Sud et D23 à l’Est. Sa limite nord correspondait fort probablement au mur de façade susmentionné alors qu’à l’Ouest un examen plus approfondi reste nécessaire afin d’en appréhender la limite. Bien que la fouille de la pièce 4.9 fut interrompue par la fin de la saison de fouille, un dépôt y fut d’ores et déjà repéré (figs. 6.31 & 6.32). Il contenait notamment un pithos (08-04-0718-OB007), les fragments de deux vases à étrier de stockage (08-04-0718-OB002 & 08-04-0718-OB009) dont l’un était décorée d’un motif de poulpe et une jarre globulaire (08-04-0718-OB010) (fig. 9.21a).
39Il est très probable que l’intégrité de ce dépôt ait été affectée par la grande dépression ovale qui se situe directement à l’Ouest. Cette intrusion plus récente est actuellement interprétée comme un poste de tir de la seconde guerre mondiale. Des informateurs locaux ont confirmé la présence de troupes italiennes au sommet de la colline ainsi que sur son coteau nord-ouest où d’autres dépressions de ce type sont également visibles. La présence d’une douzaine de cartouches d’armes à feu et de fragments de grenade découverts dans le secteur semble aller dans le sens de cette interprétation. Plus au Sud, le mur D17 fut repéré (fig. 6.22). Son tracé est visiblement lacunaire mais, à l’heure actuelle, il n’est pas encore possible de déterminer son éventuelle connexion avec le mur C18. Ces quelques structures mises à part, la partie nord-ouest de la colline est caractérisée par l’absence des murs entre D17 (à l’Ouest), D22 (au Nord) et C18 (au Sud). Si, comme la situation actuelle le suggère, la pièce 3.1 se prolongeait sur toute cette surface, elle formait alors la plus grande pièce du bâtiment du sommet de la colline.
40La zone située directement au Sud de D2 et à l’Est de D9, D14 et D15 fut également fouillée (figs. 6.21 & 6.22). Elle contribua à révéler la présence, directement à l’Est des murs formant la limite orientale de la pièce 4.6, d’une zone fortement empierrée résultant probablement de la destruction de ces derniers. Le tracé du mur D2 fut également suivi vers l’Oouest. Tout comme D3, ce dernier présente un appareillage fait de grands blocs sommairement taillés. Au sujet de D3, il convient de remarquer que sa partie nord est faite de deux énormes blocs calcaires plus soigneusement taillés dont le second s’enfonce dans la berme et peut être aperçu dans le mur de terrasse nord17. D2 court sur environ 12 m de long et étant donné que D14 semble avoir un alignement relativement similaire, il se pourrait qu’il fasse également partie de la limite sud du bâtiment. Après le redan entre D14 et D15, la façade présumée aurait alors formé la limite sud de la pièce 4.6. Il est cependant encore impossible de savoir si cette façade se prolongeait vers l’Ouest, formant la limite méridionale de la pièce 3.2 ou si elle se prolongeait vers le Sud, dans la zone restant encore non fouillée. Au Sud de D2, un niveau fait de dalles et de substrat rocheux sommairement travaillé formait probablement une rue longeant la façade et menant en direction du sommet de la colline (fig. 6.33).
Bibliographie
Références bibliographiques
▪ Evely 1993 = R. D. G. Evely, Minoan Crafts : Tools and Techniques, an Introduction, Studies in Mediterranean Archaeology, vol. XCII :1, Göteborg (1993).
▪ Faure 1971 = P. Faure, La pierre ponce en Crète, du Néolithique à nos jours, Acta of the first international scientific congress on the volcano of Thera, Athens (1971), 422-429.
▪ Gesell 1976 = G. C. Gesell, The Minoan Snake Tube : a Survey and Catalogue, AJA 80 (1976), 247-259.
▪ Kopaka & Platon 1993 = K. Kopaka & L. Platon, lhno… minwiko…. Installation minoenne de traitement des produits liquides, BCH, 117 :1 (1993), 35-101.
▪ Platon 1993 = L. Platon, Ateliers palatiaux minoens : une nouvelle image, BCH, 117 :1 (1993), 103 - 122.
▪ Poursat 1996 = J.-C. Poursat, Fouilles exécutées à Malia. Le quartier Mu III. Artisans Minoens : Les Maisons-ateliers du Quartier Mu, École Française d’Athènes, Athènes (1996).
▪ Shaw 1996 = J.W. Shaw & M.C. Shaw (éds), Kommos I. The Kommos Region and Houses of the Minoan Town. Part 2 : The Minoan hilltop and hillsides houses, Princeton University Press, Princeton, New Jersey (1996).
▪ Warren 1969 = P. Warren, Minoan Stone vases, Cambridge University Press (1969).
Références
▪ Bosanquet 1901-2 = R.C. Bosanquet, Excavations at Palaikastro I, BSA 8 (1901-2), 286-316.
▪ Åstrom & Reese 1990 = P. Åstrom and D. Reese, Triton shells in East Mediterranean Cults, JPR 3-4 (1990), 5-14.
Notes de bas de page
1 Paris IV. Ont participé à la fouille : S. Jusseret (UCL) et Th. Devos (UCL) en 2007, R. Vandam (KUL) et K. Van Liefferinge (Université de Gand) en 2008 ainsi que M. Tzannakis (2007, 2008), P. Petzepakis (2008), V. Stefanakis (2007).
2 Pour situer les structures citées, on pourra se référer a la fig. 6.20.
3 Pour situer les structures citées, on pourra se référer à la fig. 6.20.
4 Pour localiser précisément les objets mentionnés, on se reportera à la fig. 6.4.
5 Je remercie chaleureusement T. F. Cunningham, chargé de l’étude et de la publication de ce bâtiment, pour les informations qu’il m’a transmises.
6 Notons au passage que ces installations sont généralement absentes des villas et des bâtiments de type palatial – sinon dans les remaniements MRIII – et trouvent plutôt leur place à l’intérieur de ‘maisons spacieuses’ (Kopaka & Platon 1993 : 72). Cet élément devra être pris en compte au moment de distinguer les différentes phases du bâtiment et d’en déterminer l’importance et le type.
7 Voir infra.
8 Je remercie vivement Ch. Prokopiou pour ses informations et ses remarques éclairantes lors de son passage sur le site pendant la campagne 2008.
9 Pour l’établissement de cette carte, la méthode suivante a été appliquée : la pierre ponce contenue dans chaque zembil contemporain des dépôts de destruction du MR IIIB des pièces 3.1, 3.3 et 3.4 a été systématiquement prélevée, pesée puis conservée dans des sacs calibrés, ce qui a permis d’arriver à l’équivalence suivante : 1 kg de pierre ponce = 4,61 l ; les zembils ont ensuite été cartographiés ; la densité de pierre ponce contenue dans la terre a enfin été calculée pour la couche archéologique correspondant aux dépôts MR IIIB sur l’ensemble de la zone.
10 Ont participé à la fouille : F. Pécheur (2007, 2008), C. Delmotte (2007), L. Cannaerts (2008) ainsi que K. Jacobson (2007, 2008) et N. Krenar (2008).
11 Cet état de fait contribue également à expliquer le fait que des niveaux archéologiques particulièrement anciens furent assez rapidement atteints dans cette partie de la terrasse supérieure.
12 Si l’on se fie à leur gabarit et au fait qu’elles semblent sommairement dégrossies, certaines de ces pierres pourraient avoir fait partie du mur D3 et en avoir été désolidarisées lors de la mise en culture de la terrasse supérieure de la colline.
13 Cette estimation limite l’extension de l’espace 4.4 à l’extrémité orientale des murs D10 et D12. Cependant, il est possible que cet espace se soit davantage étendu vers l’Est. En effet, à l’heure actuelle, sa limite orientale est encore incertaine.
14 À ce propos, nous souhaitons remercier Emma Saunders qui attira notre attention sur cet exemple en particulier et, en général, sur l’utilisation de coquillages dans les dépôts de fondation.
15 Voir le rapport de S. Jusseret, infra, chapter 8.
16 À ce propos, la différence de niveau entre plate forme et niveau d’occupation est si insignifiante que l’on est en droit de se demander si la première n’était pas réellement associée à un niveau inferieur.
17 À ce sujet, il convient également de noter qu’ici, tout comme dans la partie nord-ouest du sommet de la colline, un mur ancien semble avoir servi de base au mur de terrasse plus récent.
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Excavations at Sissi
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