Les mutations politiques en cours en Turquie remettent-elles en cause le projet européen de ce pays ?
p. 11-23
Texte intégral
1Lors d’une visite officielle à Varsovie, au début du mois de juin 2011, le président turc, Abdullah Gül, a souhaité qu’au cours du second semestre 2011, la présidence polonaise de l’Union européenne favorise la relance des négociations d’adhésion que son pays mène avec Bruxelles depuis 20051. Ce vœu intervient au moment où la candidature de la Turquie paraît plongée dans une impasse. Aucun chapitre de l’acquis communautaire n’a pu être ouvert, depuis la fin de la présidence espagnole, au premier semestre de l’année 2010. Sur les trente-cinq chapitres que compte le processus de négociations, la Turquie n’en a ouvert que treize. C’est peu ! La Croatie, qui a commencé à négocier sa candidature presqu’en même temps que la Turquie, est aujourd’hui au seuil d’une adhésion effective. Techniquement et politiquement, Ankara pâtit du conflit chypriote, de l’opposition ou des réticences d’un certain nombre d’États membres (la France, l’Allemagne, l’Autriche, Chypre principalement) à l’égard de sa candidature, et plus généralement du marasme dans lequel est actuellement plongée la construction européenne. Cette situation a abouti au blocage d’une quinzaine de chapitres, de sorte que le nombre des chapitres restant à ouvrir est restreint, et que les dirigeants turcs manifestent une impatience doublée d’une irritation marquée. En février 2011, à la veille d’un déplacement en Allemagne, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdoğan, déclarait : « On n’a jamais mis de telles entraves à un pays candidat à l’adhésion »2.
2Pourtant, pour nombre d’experts, l’Union européenne et ses États membres les plus réticents ne seraient pas les seuls responsables des déboires de la candidature turque. Après avoir obtenu l’ouverture de négociations d’adhésion en octobre 2005, le gouvernement de l’AKP3 aurait manifestement ralenti le rythme des réformes devant permettre la reprise de l’acquis communautaire. Les derniers rapports annuels de la Commission européenne, évaluant les progrès de la candidature turque, ont été mitigés4, pointant notamment des carences récurrentes dans le domaine des libertés et des droits fondamentaux, ainsi que des difficultés à promouvoir une réforme constitutionnelle globale. Un certain nombre de dérives de la vie politique turque (rapports conflictuels du premier ministre avec les médias, filtrage ou interdiction de sites internet, arrestations abusives lors des procès engagés pour complot contre les militaires et milieux laïques…) indiqueraient un raidissement du parti au pouvoir depuis 2002, qui serait d’autant plus tentée par une posture hégémonique et une confiscation du pouvoir, que l’opposition ne serait pas en mesure de proposer une alternative crédible.
3À ces mutations de la politique intérieure, s’ajouterait une inflexion marquée de la politique étrangère de la Turquie. Au cours de sa deuxième législature, le gouvernement de l’AKP a inauguré une diplomatie nouvelle, en s’attachant à développer une politique de bon voisinage et à se poser en médiateur des conflits qui perdurent au Moyen-Orient. On observe également que la Turquie s’intéresse à de nouveaux continents (l’Afrique, l’Extrême-Orient.) et développe sa présence dans les grandes organisations internationales. S’appuyant sur les résultats économiques très flatteurs, cette nouvelle posture diplomatique multidimensionnelle ne serait plus aussi attachée à entretenir une relation privilégiée avec le monde occidental, et à faire aboutir la candidature de la Turquie à l’Union européenne, objectifs que les gouvernements antérieurs ont toujours considérés comme des priorités absolues. Ankara se tournerait ainsi vers l’Est et reviendrait vers les zones d’influence de l’Empire ottoman.
4De là cette interrogation : les mutations intérieures et internationales actuelles de la Turquie remettent-elles véritablement en cause un projet européen, qui est aussi ancien que la construction européenne elle-même, et autour duquel s’est structurée l’action de la plupart des gouvernements turcs depuis la Seconde Guerre mondiale ?
1. Les mutations politiques intérieures : les transformations du système politique turc sont-elles compatibles avec la candidature de la Turquie à l’Union européenne ?
5Lorsque l’on analyse les transformations politiques qu’a connues la Turquie depuis l’arrivée de l’AKP au gouvernement en 2002, on observe une différence profonde entre la première législature (2002-2007), qui a vu ce parti exercer le pouvoir, et la législature qui vient de s’achever en 2011.
1.1. Réformes normatives et ouverture des négociations d’adhésion avec l’Union européenne
6Au cours de sa première législature, l’AKP a très largement poursuivi l’œuvre des gouvernements laïques qui, après la reconnaissance officielle de la candidature de la Turquie en 1999, s’étaient lancés dans des réformes normatives de grande ampleur. En octobre 2001, le gouvernement de Bülent Ecevit avait notamment procédé à une révision constitutionnelle majeure, touchant plus du cinquième des articles de la Constitution de 1982, issue du coup d’État de 1980. Cette réforme avait permis, d’une part, de revoir profondément la deuxième partie de la charte fondamentale turque, consacrée aux droits et libertés pour l’aligner sur les standards européens, et d’autre part, d’atténuer l’emprise de l’armée sur les instances politiques, en ne laissant au Conseil de sécurité nationale5 qu’une fonction consultative6. Dans le sillage de cette refonte structurelle, le même gouvernement avait procédé à l’adoption de paquets d’harmonisation législative, destinés notamment à réformer les droits civil et pénal turcs, pour satisfaire les exigences européennes en matière d’État de droit. À partir de 2002, la politique du gouvernement de l’AKP s’est pour l’essentiel inscrite dans cette démarche, poursuivant l’adoption des paquets d’harmonisation, et menant en 2004 une nouvelle révision constitutionnelle qui a permis d’approfondir encore les libertés fondamentales, et de donner aux citoyens turcs la possibilité d’invoquer directement, dans leur ordre interne, les normes issues des instruments internationaux protégeant les droits fondamentaux. Ce sont en fait ces réformes qui ont permis à la Turquie d’obtenir, en 2005, l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Union européenne, selon une logique qui a donc vu Ankara répondre positivement aux exigences et aux normes imparties par Bruxelles.
1.2. Ralentissement des réformes et transformation des équilibres politiques
7Le ralentissement des réformes, à partir de 2006, s’explique par deux facteurs principaux. En premier lieu, l’ouverture de ces négociations d’adhésion, loin de résoudre le conflit chypriote, a vu ce dernier d’emblée empoisonner les relations de la Turquie avec l’Union européenne. Dès le mois de décembre 2006, en effet, celle-ci a gelé huit chapitres de la reprise de l’acquis communautaire, Ankara ayant refusé d’appliquer l’accord d’Union douanière à Chypre et d’ouvrir à Nicosie ses ports et aéroports. En second lieu, dans ce contexte conflictuel, propre à aviver les susceptibilités nationales, l’AKP s’est retrouvée, dès le lendemain de l’ouverture des négociations d’adhésion, dans une période pré-électorale sensible, des élections présidentielles et législatives devant se tenir en 2007. Ce calendrier a de fait conduit le gouvernement turc à repousser à plus tard les réformes profondes encore attendues par Bruxelles. Ainsi, paradoxalement, l’ouverture des négociations a mis un terme à plusieurs années d’une frénésie de réformes normatives, qui répondaient tout à fait aux attentes de l’Union européenne.
8Est-ce à dire pour autant que le changement politique s’est arrêté en Turquie en 2005 ? Certainement pas, mais les mutations, qui sont intervenues, au cours de la deuxième législature de l’AKP, sont d’une nature différente de celles que nous venons d’évoquer. Cette législature commence par un conflit qui oppose le gouvernement civil et l’establishment politico-militaire. Il se traduit par la perturbation de l’élection présidentielle de 2007 et par des élections législatives anticipées, la même année7. Cette double crise aboutit une reconduction de l’AKP au pouvoir, tandis que l’un des membres du parti majoritaire, Abdullah Gul, accède à la présidence de la République. Dès lors, loin de s’émousser, les antagonismes entre l’AKP et les secteurs de l’État qui lui résistent (l’armée, la hiérarchie judiciaire notamment) vont perdurer entre 2007 et 2011.
9Cette législature est en effet celle des procès : procès contre « l’État profond »8 et les complots qu’auraient ourdis l’armée et les milieux nationalistes laïques contre le gouvernement9. Cette période intensément conflictuelle débouche sur une modification sensible des équilibres politiques. Défaite en 2007, pour n’avoir pu empêcher l’élection d’Abdullah Gul (un président dont l’épouse est voilée) à la présidence de la République, l’armée subit dès lors humiliation sur humiliation : d’anciens membres de l’état-major sont suspectés de complots, de nombreux officiers d’active sont arrêtés, les interventions militaires dans la vie politique sont dénoncées, les compétences de la justice militaire sont réduites. En août 2010, le gouvernement entre même dans ce qui constitue le pré-carré de l’institution militaire : la faculté qui est la sienne de coopter ses propres cadres et chefs. Il bloque notamment pendant cinq jours la nomination du chef de l’armée de terre et celle du chef d’état-major en personne10.
10Mais plus encore que l’armée, affaiblie depuis 2007, c’est la hiérarchie judiciaire (Cour constitutionnelle, Conseil d’État, Cour de cassation, Conseil supérieur des juges et des procureurs)11 qui est au cœur des conflits qui opposent le parti de Recep Tayyip Erdoğan à l’establishment politico-militaire. Dans ce conflit, les juges supérieurs s’avèrent être des adversaires autrement plus redoutables que les généraux. Ils s’emploient à gêner les procès entamés contre les militaires, en tentant de déplacer les procureurs et juges investis, annulent certaines des réformes entreprises par le gouvernement, ou engagent une procédure de dissolution contre le parti au pouvoir qui est à deux doigts d’aboutir en 2008.
11Cette joute sans merci n’empêche pas néanmoins le gouvernement de réussir à faire ratifier par référendum, le 12 septembre 2010, une révision constitutionnelle qui réduit les pouvoirs de la hiérarchie judiciaire, notamment par un remaniement de la composition de la Cour constitutionnelle et du Conseil supérieur des juges et des procureurs12. Ainsi, à bien des égards, la deuxième législature de l’AKP, du fait de cet affaiblissement de l’armée et de la hiérarchie judiciaire, se traduit par une modification profonde des équilibres politiques, et par la remise en cause du système politique sécuritaire établi par la Constitution de 1982, qui permettait à une élite stato-militaire d’encadrer en permanence l’action du gouvernement civil.
1.3. Mutations politiques de fond et devenir de la candidature à l’Union européenne
12Pourtant, ces mutations de fond sont peu prises en compte dans les rapports de l’Union européenne13. Moins normatives qu’éminemment politiques, elles sont difficilement quantifiables par les experts européens, et surtout délicates à interpréter du point de vue de l’accomplissement de la démocratie et de l’approfondissement de l’État de droit. En premier lieu, certains acquis de cette évolution ne sont pas exempts d’ambiguïté. La réforme constitutionnelle que l’AKP engage, par exemple, en 2008 pour lever l’interdiction du voile dans les universités est conduite au nom du droit à l’éducation et du respect de la liberté religieuse. Ainsi, paradoxalement, selon le gouvernement, cette réforme (qui échouera d’ailleurs après avoir été annulée par la Cour constitutionnelle) doit permettre de satisfaire des standards européens en matière de droits et libertés. En second lieu, les transformations politiques, qui interviennent au cours de cette seconde législature, révèlent dans l’ensemble un renforcement inexorable de l’hégémonie du parti au pouvoir. Après avoir réduit l’influence de l’armée et de la hiérarchie judiciaire, le gouvernement de l’AKP a conquis progressivement les principaux secteurs de la haute administration qui étaient susceptibles de lui résister : corps diplomatique, corps préfectoral, police, hiérarchie universitaire, etc. Par ailleurs, les procès engagés contre des militaires, des journalistes et des universitaires pour complot révèlent des failles dans leur procédure, et laissent craindre qu’ils ne puissent aussi servir à faire pression sur les milieux laïques et plus généralement sur l’opposition14. Enfin, la liberté de la presse et de communication sont souvent l’objet de dysfonctionnements inquiétants : le premier ministre entretient des relations difficiles avec les médias plusieurs fois pointés du doigt par les rapports de la Commission européenne15 ; le principal groupe médiatique du pays est condamné à une amende fiscale qui conduit à sa restructuration16 ; après l’interdiction de sites ou de plateformes de blog, Internet fait l’objet d’une loi de filtrage suspecte. Ainsi de façon significative beaucoup d’experts et les médias internationaux s’interrogent sur les risques de dérives autoritaires du gouvernement de l’AKP, notamment au moment où il vient d’être reconduit pour une troisième législature17.
13Il serait néanmoins excessif de dire que le système politique turc, en cours de rénovation, s’est définitivement détourné du premier critère de Copenhague. Tout dépendra en réalité de la nouvelle Constitution qui est annoncée par le gouvernement de l’AKP comme la grande affaire de sa troisième législature, et qui a souvent été souhaitée par la Commission européenne, notamment dans ses rapports18. Les élections législatives du 12 juin 2011, tout en reconduisant le parti de Recep Tayyip Erdoğan avec une large majorité ne lui ont pas donné la majorité qualifiée des deux tiers, qui lui aurait permis de réviser ou de renouveler, seul, la Constitution19. Dès lors, le premier ministre devra être plus modeste pour ce qui est de ses projets de présidentialisation du régime. Il est sûr qu’un engagement plus fort de l’Union européenne en faveur de la candidature turque serait une incitation supplémentaire au respect des standards européens en matière de démocratie et d’État de droit. Mais, force est de constater que les mutations politiques récentes qu’a connues la Turquie ont été moins influencées par le ressenti et les rapports de Bruxelles qu’elles n’ont été guidées par les changements politiques, économiques et sociaux de la société turque. Cette évolution n’est pas en elle-même contraire à un projet adhésion, car elle peut aussi témoigner d’un ancrage plus solide des réformes démocratiques, mais elle montre que la candidature turque a profondément changé, depuis sa formulation initiale en 1987 : ce n’est plus une démocratie sous tutelle à l’économie encore fragile, qui frappe à la porte de l’Europe, mais un pays politiquement et économiquement stable, qui a de surcroît développé de façon considérable son influence régionale et internationale.
2. Les mutations politiques internationales : la nouvelle politique étrangère turque est-elle compatible avec la candidature de la Turquie à l’Union européenne ?
14La seconde législature de l’AKP a été aussi marquée par une transformation spectaculaire de la politique étrangère de la Turquie. Ce changement a été très largement inspiré par Ahmet Davutoğlu, tout d’abord conseiller du premier ministre Recep Tayyip Erdoğan pour la politique extérieure, devenu ministre des Affaires étrangères, lors du remaniement gouvernemental de 2009. Selon cet universitaire, ancien professeur de relations internationales, la rénovation de la diplomatie turque doit reposer sur la prise de conscience de la « profondeur stratégique » de la Turquie ainsi que sur le désir de l’accroître et d’en tirer le meilleur parti20. Cette démarche a de fait conduit le gouvernement de l’AKP à améliorer les relations de la Turquie avec ses voisins pour transformer en atout, un positionnement géographique turc au carrefour de plusieurs continents, qui par le passé avait souvent été vécu comme un handicap.
1.1. La politique turque de voisinage
15Ce concept « d’approfondissement stratégique » a amené Ankara à déployer une politique régionale de proximité, visant à surmonter les conflits qui perduraient dans son voisinage. Certes, dès la fin des années 90, la Turquie avait commencé à essayer de résoudre son différend ancien avec la Grèce, mais ce rapprochement, baptisé « diplomatie des tremblements de terre »21, était surtout lié à la nécessité de faire progresser la candidature turque à l’Union européenne. Dans la seconde moitié des années 2000, une politique dite du « zéro problème avec nos voisins » s’est généralisée, se traduisant notamment par des rapprochements (ou tentatives de rapprochement) spectaculaires avec la Russie, l’Arménie et surtout le monde arabo-musulman. Avec la Russie, cette convergence diplomatique s’est appuyée sur l’important accroissement des échanges économiques entre la Turquie et les pays de l’ex-URSS qui a suivi la fin du monde bipolaire, mais elle a pris aussi, le cas échéant, un aspect politique indéniable22. Ainsi, au cours de la crise russo-géorgienne, au mois d’août 2008, la Turquie, bien que membre de l’OTAN, a ménagé son grand voisin russe, et fait montre d’une sorte neutralité, tranchant avec l’alignement pro-occidental qu’elle avait l’habitude d’observer pendant la Guerre froide23. Avec le monde arabe24, cette politique de voisinage a pris également une importante dimension économique, la Turquie ayant réalisé dans les différents pays de cette aire, en particulier la Syrie, l’Irak, les pays du Golfe et la Libye, des investissements très importants. Mais, au-delà de ses motivations économiques, cette stratégie a aussi affiché des convergences politiques de plus en plus nombreuses. Les dirigeants turcs de l’AKP, moins hautains à l’égard de l’Orient que leur prédécesseurs laïques, sont progressivement parvenus à surmonter la méfiance dont leur pays était l’objet de longue date, pour des raisons tenant à la fois à ses réformes laïques de la période kémaliste et à son engagement aux côtés des Occidentaux pendant la Guerre froide.
16La bonne image de la Turquie dans son voisinage a été confortée par les initiatives de médiation qu’Ankara n’a cessé de proposer pour aider à la résolution des conflits perdurant dans son environnement proche. Ainsi, au cours des dernières années, la diplomatie turque a encadré des négociations indirectes entre la Syrie et Israël25, proposé une plateforme pour la stabilité dans le Caucase, œuvré activement au rapprochement des différentes factions palestiniennes, contribué à la stabilisation des relations entre la Serbie et la Bosnie dans les Balkans, participé à la résolution de crises gouvernementales en Irak et au Liban26. Selon l’actuel chef de la diplomatie turque, cette aptitude à la médiation serait le résultat non seulement du positionnement géographique de la Turquie, mais aussi de la capacité qui serait la sienne de réduire les conflits présents dans son étranger proche. Dans un discours très significatif, prononcé en janvier 2011, lors de la 3e conférence des ambassadeurs turcs, Ahmet Davutoğlu a même prétendu répondre à Samuel Huntington, qui avait analysé la Turquie comme un pays « déchiré », en déclarant qu’elle était devenue « le pays qui rapproche et assemble des cultures différentes comme une colle »27. Cette manie de la médiation n’a pas toujours été couronnée de succès, mais elle a permis aux dirigeants turcs de se faire connaître, et de faire de leur pays une puissance régionale de plus en plus incontournable28.
1.2. Des velléités d’autonomie stratégique
17Cet activisme diplomatique a pris une autre dimension lorsqu’il a commencé à concerner des dossiers d’ampleur mondiale, comme le dossier nucléaire iranien. En 2009, en effet, Ankara s’est démarquée de la position du Groupe des 5+1 prônant des sanctions contre la République islamique, tandis que Recep Tayyip Erdoğan qualifiait Mahmoud Ahmadinejad « d’ami » et critiquait les pays occidentaux et Israël, en les accusant de refuser à l’Iran un nucléaire civil et militaire dont ils disposent déjà eux-mêmes. Cette démarche a conduit la Turquie, le 17 mai 2010, à signer avec le Brésil et l’Iran un accord se présentant comme une alternative aux sanctions que les Occidentaux souhaitaient mettre en œuvre. Elle a enfin abouti, le 9 juin 2010, au Conseil de sécurité des Nations Unies, aux refus turc et brésilien de voter un quatrième train de sanctions contre Téhéran. Ce tandem diplomatique turco-brésilien a moins cherché à défendre le programme nucléaire iranien qu’à incarner l’arrivée sur la scène internationale de puissances émergentes, qui souhaitent ne pas laisser la gouvernance mondiale dans les mains des seules grandes puissances.
18Cet éloignement notable de la Turquie, de ses alliés occidentaux, à l’occasion de la crise nucléaire iranienne de 2010 s’est accompagné la même année d’une détérioration sans précédent des relations entre Ankara et Tel-Aviv. Mal en point depuis l’opération « Cast Lead » conduite par Tsahal, dans la bande de Gaza, et le fameux « One minute » de Davos29, les relations turco-israéliennes ont été au bord de la rupture, après l’arraisonnement meurtrier, par un commando de marine israélien, du navire amiral turc de la flottille internationale « Free Palestine », le 31 mai 2010. Depuis ce grave incident, la Turquie exige des excuses et des indemnisations auxquelles Israël ne paraît pas disposé à consentir, et les rapprochements tentés pour normaliser les relations diplomatiques entre les deux pays se sont révélés infructueux.
19Au sein même de l’OTAN, la Turquie a également manifesté des velléités d’autonomie répétées à l’égard des États-Unis et des puissances européennes. Ainsi, en 2009, elle a menacé d’opposer son veto à la candidature du danois Anders Fogh Rasmussen, lui reprochant implicitement les positions qu’il avait tenues, au moment des polémiques provoquées par la publication de caricatures de Mahomet, alors qu’il était premier ministre du Danemark. À la fin de la même année, elle a également refusé d’augmenter son contingent en Afghanistan, et en particulier d’envoyer des troupes participer aux opérations militaires dans ce pays, en se limitant à des tâches d’assistance humanitaire ou de formation de la police afghane. Enfin, en 2010, elle âprement débattu de l’extension à l’Europe du bouclier antimissile américain, en obtenant, lors de la conférence de Lisbonne de l’OTAN à Lisbonne, que le document final adopté ne mentionne pas nommément l’Iran comme un ennemi30.
20Cette forme d’autonomie acquise par la Turquie au sein d’une Alliance atlantique qu’elle ne souhaite pas quitter pour autant n’est pas sans rappeler le comportement de la France, à l’époque du Général de Gaulle. Elle cohabite en tout cas avec une stratégie multidimensionnelle, qui met un terme à la relation presqu’exclusive qu’Ankara avait entretenue avec le bloc occidental pendant la Guerre froide, et voit la diplomatie turque se tourner vers des aires géographiques nouvelles. Ainsi, depuis la fin de la Guerre froide, la Turquie est très présente en Asie centrale, notamment sur le plan économique ; elle s’investit, par ailleurs, en Extrême-Orient pôle majeur de l’économie mondiale ; elle prend pied, enfin, en Afrique subsaharienne31 en utilisant des méthodes déjà éprouvées dans son étranger proche (Balkans, Caucase…), qui l’amènent à s’appuyer sur des organisations de chefs d’entreprise musulmans et sur la présence des réseaux éducatifs de la confrérie Fethullah Gulen32. En bref, la Turquie est devenue une puissance régionale, qui entretient désormais des ambitions mondiales et n’entend plus subir le cours des relations internationales. L’un des signes de cette vitalité diplomatique est ce qu’Ahmet Davutoğlu appelle la « diplomatie rythmique », c’est-à-dire l’augmentation de la présence de Turcs à des postes clefs, dans de grandes organisations internationales. Pour la première fois, pour la période 2009-2010, la Turquie a été élue membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, et en janvier 2010, un Turc est parvenu à la tête de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.
1.3. La nouvelle politique étrangère turque et la candidature à l’Union européenne
21Cette Turquie très active régionalement, jouissant d’une marge de manœuvre à l’égard de ses alliés occidentaux, et partant à l’assaut d’autres continents, est-elle en train de se détourner de l’Europe ?33 Pour certains observateurs, cette tendance diplomatique serait un volet complémentaire des mutations politiques observées sur le plan interne, qui ont provoqué le recul d’une élite laiciste pro-occidentale et un retour des valeurs musulmanes dans l’espace public. Il est vrai que, pour justifier les nouvelles orientations de sa politique étrangère, Ahmet Davutoğlu a parfois invoqué le concept de « diplomatie publique », faisant référence à une diplomatie qui serait en phase avec les désirs de l’opinion publique34. Quant à la dégradation des relations avec l’État hébreu et à la rhétorique anti-israélienne qui l’a accompagnée, elles n’ont probablement pas été exemptes de préoccupations électoralistes, lors des scrutins de 2009 et de 2011.
22Pour autant, on peut également penser que, plus que le fruit d’un néo-ottomanisme35, étendant à des théâtres extérieurs, de récentes transformations politiques internes, l’évolution diplomatique d’Ankara est aussi la conséquence de la montée en puissance de l’économie turque, et des mutations stratégiques régionales provoquées par la fin de la guerre froide. À la fin des années 80, à l’époque de Turgut Ozal, on avait déjà observé une plus grande présence de la Turquie dans son voisinage, mais le pays ne disposait pas alors des moyens politiques et économiques lui permettant de tirer parti des nouveaux horizons diplomatiques qui se dessinaient. Il semble qu’aujourd’hui il a enfin des moyens et des ambitions lui permettant de se repositionner dans son environnement proche et de regarder vers de nouveaux horizons. Il peut ainsi déployer de nouveaux outils (assistance technique, aide éducative, action culturelle) et user de plus en plus du soft power dans sa politique étrangère. Il est important d’observer qu’au cours de la dernière décennie, en matière de coopération internationale, la Turquie est devenue un pays « donneur » plus que « receveur ». L’action d’un organisme comme le TIKA36, très présent dans les Balkans, le Caucase, l’Asie centrale ou l’Afghanistan, est révélateur d’une diplomatie de plus en plus sophistiquée, qui emprunte de nouveaux chemins pour servir ses ambitions. Bien que les derniers rapports de la Commission européenne aient pris en compte ces mutations diplomatiques37, il n’est pas sûr que les institutions européennes et surtout les États membres en aient pris l’exacte mesure.
23Ces mutations internationales comme les mutations internes précédemment observées ne sont pas forcément antinomiques avec une candidature à l’Union européenne. Toutefois, il est important de comprendre que la relation stratégique entre la Turquie et l’Europe a été transformée par l’évolution des équilibres internationaux, depuis la fin du monde bipolaire. À l’époque de la guerre froide, par son alliance avec l’Occident, Ankara souhaitait surtout se protéger d’un environnement vécu comme un voisinage hostile, et offrait en échange l’intérêt stratégique que sa position présentait sur le flanc sud de l’ex-URSS. Depuis la fin du bloc communiste, la Turquie a reconstruit sa relation avec son environnement proche, ce qui peut être un atout pour l’Europe, au moment où le printemps arabe bouleverse son voisinage méridional. En effet, ces mouvements de révolte confortent la position stratégique de la Turquie. Après un temps d’hésitation, Ankara a reconnu la légitimité des soulèvements qui ont affecté la plupart des pays arabes, en expliquant que l’expérience turque pouvait être une source d’inspiration pour ces derniers. On observe notamment que ce sont les fondements mêmes des transformations politiques et diplomatiques récentes de la Turquie qui ont gagné la sympathie des peuples arabes. Moins qu’un modèle turc (à l’égard duquel il faut rester prudent)38, la combinaison de l’islam et de la démocratie, la stabilité économique et la marge de manœuvre stratégique acquises par ce pays prouvent aux pays arabes qu’un État musulman n’est pas forcément condamné à végéter dans le sous-développement et à être contraint à une vassalité stratégique.
24Il n’en demeure pas moins que ce qui fait la spécificité et l’intérêt de la Turquie pour son environnement proche, est aussi la relation qu’elle entretient avec l’Europe et les États-Unis. C’est la raison pour laquelle, en dépit d’une politique voisinage active et d’une politique étrangère multidimensionnelle, les alliances occidentales dans lesquelles elle s’est engagée, au début de la Guerre froide, demeurent un axe primordial de sa politique étrangère. Cet axe est d’autant plus important qu’il implique l’engagement turc dans l’OTAN et qu’il continue de fonder la sécurité militaire de la Turquie. Dès lors, quels que soient les déboires rencontrés par sa candidature à l’UE, le gouvernement de l’AKP persévère et ne semble pas prêt à remettre en cause un projet européen avec lequel il doit vivre même s’il ne le finalise pas à court et moyen termes.
Notes de bas de page
1 Cf. « Gül visits Poland, asks for support for EU Bid », in Hürriyet Daily News, 6 June 2011.
2 Cf. interview de Recep Tayyip Erdoğan par le quotidien de Düsseldorf, in Rheinische Post, 26 février 2011.
3 AKP (Adalet ve Kalkinma Partisi – Parti de la justice et du développement), le parti de Recep Tayyip Erdoğan. Sur l’histoire et l’évolution de cette formation, cf. Marcou, J., « Islamisme et postislamisme en Turquie », in Revue internationale de Politique comparée, vol. 11, n°4, 2004, p. 587.
4 Cf. notamment les « Turkey Progress Reports » de la Commission européenne, 2008, 2009, 2010 et 2011.
5 Milli Güvenlik Kurulu ou Conseil de sécurité nationale : institution caractéristique mise en place, en 1982, par l’armée, qui était conçu initialement comme une sorte de « gouvernement bis », permettant aux militaires de surveiller l’action du gouvernement civil. Le 28 février 1997, cette instance avait notamment adressé un mémorandum au gouvernement dirigé par l’islamiste Necmettin Erbakan, lançant ainsi un processus, qui devait aboutir à la démission du gouvernement en question. Ce phénomène est aujourd’hui connu sous le nom de « coup d’État post-moderne ».
6 Sur ces réformes constitutionnelles, cf. Marcou, J., « Le mouvement constitutionnel turc », in Vaner, S., La Turquie, Paris, Fayard, 2005, p. 85 à 112.
7 Cf. Sur cette crise de 2007, cf. Marcou, J., « La Turquie de l’AKP, mutation politique et nouvelle donne diplomatique », in Charillon, F., Afrique du Nord et Moyen-Orient : vers une nouvelle donne ?, Paris, La Documentation française, 2009, notamment p. 124 à 130.
8 « État profond » : expression qui désigne, en Turquie, une collusion occulte d’activistes issus de l’armée, de la haute administration, de partis nationalistes de droite et de gauche.
9 Le plus célèbre de ces complots est l’affaire « Ergenekon » qui a abouti à 18 vagues d’arrestations entre 2008 et 2011. Depuis janvier 2010, l’affaire « Balyoz » provoque également des arrestations nombreuses de cadres militaires.
10 En août 2011, après la démission du chef d’état-major nommé un an auparavant, Recep Tayyip Erdoğan préside seul le Conseil militaire suprême, qui mettra à la retraite, un an plus tard, 37 généraux impliqués dans des affaires judiciaires.
11 Ou HSYK (Hakimler ve Savcilar Yuksek Kurulu) en turc, ce qui veut dire : Conseil supérieur des juges et des procureurs. Il s’agit d’une institution comparable au Conseil supérieur de la magistrature française, qui préside à l’évolution de la carrière des magistrats.
12 Sur cette révision constitutionnelle, cf. Alessandrini, E., Taşpınar, Ö., « Turkey’s Constitutional Dilemna and EU Ambitions », in Center on the United States and Europe at Brookings, US-Europe Analysis Series, n°46, 2010.
13 Cf. notamment les « Turkey Progress Reports » de la Commission européenne, 2008, 2009 et 2010.
14 La fameuse affaire « Ergenekon » a notamment provoqué de nombreuses polémiques et des suspicions de règlements de compte politiques, notamment lorsqu’elle s’en est prise à l’association ÇYDD (Cağdaş Yaşami Destekleme Derneği : Association de soutien à une vie moderne), une organisation humanitaire laïque fondée par la dermatologue et écrivaine, Türkan Saylan, dont l’objectif principal est de promouvoir l’éducation des jeunes filles. La perquisition de l’appartement de Türkan Saylan, en avril 2009, alors qu’elle était gravement malade et devait décéder quelques mois plus tard, avait vivement ému les milieux laïques. Depuis, l’association a été mise hors de cause. Cf. notamment, Benmayor, G., « Türkan Saylan is acquitted », in Hürriyet Daily News, Friday 3 December 2010.
15 Cf. 11e « Turkey’s Progress Report », novembre 2008.
16 Le groupe Doğan, premier holding médiatique du pays, après qu’une polémique avait éclaté entre son leader Aydin Doğan et Recep Tayyip Erdoğan, à propos d’une affaire de corruption, a été l’objet d’un redressement fiscal et condamné à une amende de plus de 3 milliards de dollars, en septembre 2009. Cette affaire est toujours pendante devant la justice turque. Cf. Marcou, J., « Erdoğan versus Doğan », Blog de l’Observatoire de la Vie Politique Turque – OVIPOT, 13 septembre 2008, http://ovipot.hypotheses.org/645
17 À la veille des élections législatives du 12 juin 2011, le célèbre hebdomadaire britannique, The Economist, à l’issue d’un article très défavorable au gouvernement de l’AKP a recommandé de voter pour l’opposition, cf. « One for the opposition », 2 June 2011. Dans le même sens, voir aussi : Schmid, D., « Où va la démocratie turque ? », in Le Monde, 6 juin 2011, et Köprülü, K., « Inquiétudes venues de Turquie, à la veille des élections législatives », in Question d’Europe, Fondation Robert Schuman, n°208, 6 juin 2011.
18 Cf. notamment 12e « Turkey’s Progress Report », octobre 2009.
19 Cf. notamment Marcou, J., « L’AKP remporte largement ses troisièmes élections législatives consécutives, mais sans obtenir la majorité des deux tiers », in Blog de l’Observatoire de la Vie Politique Turque – OVIPOT, 13 juin 2011, http://ovipot.hypotheses.org/5721
20 Cf. Davutoğlu, A., Stratejik Derinlik : Türkiye ’nin uluslararasi konumu, Istanbul, Küre, 2005.
21 Ce rapprochement était en effet consécutif à la survenance de deux tremblements de terre, en Turquie et en Grèce, qui avaient provoqué un phénomène réciproque d’empathie.
22 Hill, F., Taşpınar, Ö., « La Russie et la Turquie au Caucase : se rapprocher pour préserver le statu quo ? », in Russie.Nei. Visions, n°8, janvier 2006, ou encore des Grottes A., « Istanbul, capitale de la mer Noire », in Blog de l’Observatoire de la Vie Politique Turque – OVIPOT, 13 août 2007, http://ovipot.hypotheses.org/290
23 Cf. Marcou, J., « Après le conflit en Géorgie et les reconnaissances russes, la politique étrangère turque traverse une passe délicate », in Blog de l’Observatoire de la Vie Politique Turque – OVIPOT, 30 août 2011, http://ovipot.hypotheses.org/618
24 Sur les relations turco-arabes, cf. Marcou, J., « Les relations turco-arabes du divorce à la réconciliation ? », in Qantara, n°78, 2011.
25 Cf. Marcou, J., « À propos des relations turco-syriennes », in Blog de l’Observatoire de la Vie Politique Turque, 10 mai 2008, http://ovipot.hypotheses.org/528
26 Sur ces médiations régionales de la Turquie, cf. notamment le discours prononcé, par le président Abdullah Gül, lors de la 65e Session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le 23 septembre 2010, intitulé « Turkey contributes to Peace, Security and Welfare in the International Community », publié par Today’s Zaman, 24 September 2010.
27 Cf. Ahmet Davutoğlu, discours d’ouverture à la 3e conférence des ambassadeurs turcs, 4 janvier 2011.
28 À cet égard, cf. Marcou, J., « La Turquie puissance régionale au Moyen-Orient », in Badie, B., Vidal, D., La fin d’un monde unique, 50 idées-forces pour comprendre l’état du monde 2011, Paris, La Découverte, 2010, p. 267 et ss.
29 Allusion à la querelle publique qui a opposé Recep Tayyip Erdoğan au président israélien Shimon Peres, lors du forum de Davos, en janvier 2009, et qui a vu le premier ministre turc réclamer un droit de réponse en criant : « One minute ! ».
30 Cf. « Strategic Concept for the Defence and Security of the Members of the North Atlantic Treaty Organisation », adopted by Heads of State and Government in Lisbon, 19 November 2010.
31 Cf. sur le sujet : « La Turquie à la conquête de l’Afrique », L’Expansion, 26 janvier 2011 et Vicky, A., « La Turquie à l’assaut de l’Afrique », in Le Monde diplomatique, mai 2011.
32 Sur ce point, cf. Angey, G., « Une stratégie commune de l’AKP et du mouvement de Fethullah Gulen en Afrique subsaharienne », in Blog de l’OVIPOT, 23 août 2011, http://ovipot.hypotheses.org/1566
33 Sur ce thème : cf. Barysch, K., « Can Turkey combine Eu Accession and Regional Leadership », in Centre for European Reform, January 2010.
34 Cf. Discours d’Ahmet Davutoğlu, à la fin de la 2e conférence des ambassadeurs turcs à Mardin et l’article de Kart, E., « Davutoğlu tears down walls between foreign, domestic policy », in Today’s Zaman, 11 janvier 2010.
35 Sur la question du néo-ottomanisme, cf. Emel Parlar Dal, « Entre précaution et ambition, le néo-ottomanisme de la nouvelle politique étrangère de l’AKP en question. », in EurOrient, n°hors-série, Dynamiques contemporaines en Turquie, ruptures et continuités ?, 2010, p. 35 et ss ; Taşpınar, Ö., « Turkey Middle East Policies : Between Neo-Ottomanism and Kemalism », in Carnagie Papers, n°10, September 2010.
36 TİKA (Türk İşbirliği ve Kalkınma İdaresi Başkanliği – Agence turque de développement et de coopération internationale.
37 Cf. notamment les « Turkey’s Progress Reports » de la Commission européenne, 2008, 2009 et 2010.
38 Cf. Marcou, J., « Le fameux ‘modèle turc’ ? Encore un effort pour être parfait », in Libération dans la rubrique « Rebonds », 11 mars 2011.
Auteur
Directeur des relations internationales de l’IEP, est actuellement Professeur des Universités à l’IEP de Grenoble (France) après avoir été pensionnaire scientifique à l’Institut Français d’Études Anatoliennes d’Istanbul où il a dirigé, de 2006 à 2010, l’Observatoire de la Vie Politique Turque (OVIPOT – http://ovipot.hypotheses.org). Il a été aussi directeur de la Section francophone de la Faculté d’Économie et de Sciences Politiques de l’Université du Caire (Égypte), entre 2000 et 2006.
À l’IEP de Grenoble, il dirige également le Master « Intégration et Mutations en Méditerranée et au Moyen-Orient ». Ses principaux champs d’enseignement et de recherche concernent l’évolution des équilibres politiques au Moyen-Orient, la vie politique turque (Constitutions, élections et partis politiques, politique étrangère…), les transitions politiques dans le sud de l’Europe (Espagne, Portugal, Grèce, Italie) et l’Union Européenne
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
L’entreprise et l’articulation travail/famille
Transformations sociétales, supports institutionels et médation organisationnelle
Bernard Fusulier, Silvia Giraldo et David Laloy
2008
Contredire l’entreprise
Actes du colloque de Louvain-la-Neuve, 23 octobre 2009
Andrea Catellani, Thierry Libaert et Jean-Marie Pierlot (dir.)
2010
La Chine et les grandes puissances en Afrique
Une approche géostratégique et géoéconomique
Tanguy Struye de Swielande
2011
Un enseignement démocratique de masse
Une réalité qui reste à inventer
Marianne Frenay et Xavier Dumay (dir.)
2007
Arguing about justice
Essays for Philippe Van Parijs
Axel Gosseries et Philippe Vanderborght (dir.)
2011