I. Cadre géographique et topographique
p. 9-10
Texte intégral
1La géographie et la topographie de la Crète constituent deux facteurs connexes et nécessaires à prendre en compte dans toute tentative de reconstruction archéologique de l’histoire de l’île.
2Le contexte insulaire dans lequel s’est développée la civilisation crétoise, notamment la civilisation minoenne de l’Âge du Bronze, représente un premier facteur, influant potentiellement sur ce développement5. L’omniprésence de la mer est un facteur d’isolement mais aussi un fabuleux moyen de communication, une fois les embarcations expérimentées et les rouages de la navigation apprivoisés. Dans le paysage hautement fragmenté qu’est celui de la Crète, l’utilisation de la mer comme moyen de transport et de communication permettait une meilleure interaction entre les différentes communautés crétoises, et évidemment au-delà de l’île elle-même.
3L’île de Crète est la plus grande des îles de la Mer Egée (8305km²) (carte 1). Sa forme allongée atteint 250km de long, d’ouest en est, mais ne dépasse pas 60km de large, du nord au sud, et se rétrécit même jusqu’à 14km au niveau de l’isthme de Ierapetra, dans la région orientale. Son littoral qui s’étend sur 1046km est particulièrement irrégulier, creusé de baies profondes sur la côte nord, comme celles de La Canée, au nord-ouest, d’Héraklion et de Malia au centre-nord, et du Mirabello, au nord-est. Cette côte septentrionale compte un nombre important de ports naturels efficaces et bien protégés, tandis que la côte sud y est moins propice, puisque les montagnes descendent souvent jusqu’à la mer. Le port de Kommos en Crète centrale-sud constitue une exception.
4La Crète est constituée pour deux tiers de montagnes et de collines qui sont présentes partout dans le paysage (carte 2). La plus haute montagne (et la huitième plus haute montagne en Grèce) est la montagne du Psiloritis ou Mont Ida, en Crète centrale (point culminant à 2456m). Les Montagnes Blanches, en Crète occidentale, culminent à 2453m, tandis que le plus haut sommet des montagnes qui encerclent le plateau du Lasithi, en Crète centrale-est, est à 2148m. L’île présente aussi quelques plaines alluviales, la plus importante étant celle de la Mesara qui forme un couloir d’orientation ouest-est d’environ 40km de long sur 5km de large, entre les collines d’Héraklion et le Mont Asterousia. Trois autres importantes plaines sont celles de La Canée, en Crète occidentale, Malia, en Crète centrale-nord-est, et Ierapetra, dans la partie sud de l’isthme orientale de l’île. De cette situation orographique découle un morcellement très important du relief en un grand nombre d’unités différentes, de régions différentes, qui se distancient d’autant plus l’une de l’autre que l’île est très allongée6. Il est très probable que ceci a considérablement influencé les développements des sites et conditionné en partie les relations entre eux, tant à l’échelle de l’île entière qu’au sein d’une large région. La mise en place nécessaire de moyens de communication a progressivement mené au développement d’un réseau dont l’accessibilité et le contrôle ont dû constituer un instrument politique potentiellement important.
5L’approche régionale privilégiée dans la cette étude a mené à un découpage de l’île qui rende compte de ces conditions particulières imposées par la géographie de la Crète. On a divisé l’île en sept régions (carte 2) :
- la Crète centrale-nord (carte 3) ;
- la Crète centrale-est (carte 4) ;
- la Crète centrale-sud-est (carte 5) ;
- la Crète centrale-sud (carte 6) ;
- la Crète centrale-ouest (carte 7) ;
- la Crète occidentale (carte 8) et
- la Crète orientale, envisagée dans le second volume à paraître qui lui est consacré.
6La cohérence et les détails de cette division régionale seront exposés ci-dessous (cf. III. 2. Présentation archéologique de la Crète aux MR II-IIIB). Enfin, la mention des distances entre les sites crétois recensés dans cet ouvrage est entendue à vol d’oiseau. Ce choix repose sur un souci d’homogénéité et de lisibilité sur les cartes. Il est toutefois évident que, dans plusieurs cas, ces distances sont peu révélatrices du relief, qui complique l’accessibilité à certains sites et éloigne, voire isole, certains établissements les uns des autres, bien plus que ne le laissent paraître les distances à vol d’oiseau qui les séparent.
Notes de bas de page
5 À propos de l’influence du phénomène insulaire sur les cultures humaines qui se développent dans un tel contexte, particulièrement en Méditerranée et en Egée : Evans J. 1973 ; Kirch 1986 ; Patton 1996 ; Broodbank 1999 ; Broodbank 2000.
6 Tzedakis, Chryssoulaki, Voutsaki et Venieri 1989 proposent un relevé des distances et durées de marche et navigation entre différents sites crétois.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Du Phénotype au génotype
Analyse de la syntaxe spatiale en architecture minoenne (MMIIIB – MRIB)
Quentin Letesson
2009
PERIFEREIA Étude régionale de la Crète aux Minoen Récent II-IIIB (1450-1200 av. J.-C.)
La Crète centrale et occidentale
Charlotte Langohr
2009
Minoan Realities
Approaches to Images, Architecture, and Society in the Aegean Bronze Age
Diamantis Panagiotopoulos et Ute Günkel-Maschek (dir.)
2012
Excavations at Sissi III
Preliminary Report on the 2011 Campaign
Jan Driessen, Charlotte Langohr, Quentin Letesson et al.
2012
Minoan Archaeology
Perspectives for the 21st Century
Sarah Cappel, Ute Günkel-Maschek et Diamantis Panagiotopoulos (dir.)
2015
THRAVSMA
Contextualising the Intentional Destruction of Objects in the Bronze Age Aegean and Cyprus
Kate Harrell et Jan Driessen (dir.)
2015
How Long is a Century?
Late Minoan IIIB Pottery. Relative Chronology and Regional Differences
Charlotte Langohr (dir.)
2017