La participation politique des musulmans en Belgique : la mobilisation des réseaux sociaux
p. 273-289
Texte intégral
1. Introduction
1L’étude de la participation politique des musulmans en Belgique n’a pas fait l’objet de nombreux travaux. Analysée sous l’angle post-migratoire, la participation politique a surtout été étudiée du point de vue de l’origine étrangère de manière générale (Martiniello, 1998 ; Lambert, 1999 ; Jacobs, Martiniello, Rea, 2002) ou de façon plus spécifique à partir des différentes origines ethniques : italienne (Martiniello, 1992), maghrébine (Geisser, 1997 ; Bousetta, 2004), turque (Manço, Manço, 1992) ou subsaharienne (Kagné, 2001).
2Alors que dans la littérature anglo-saxonne, il sera plus aisé de parler de « Muslim Political Participation » (Shadid, Van Koningsveld, 1996 ; Sinno, 2009), il n’existe pas véritablement de travaux consacrés entièrement à cette question en Belgique. Comme si la dimension religieuse de la participation politique des personnes issues de l’immigration ou de citoyens belges convertis à l’islam devait être occultée en tant que fait social. Cette lacune pourrait entre autres s’expliquer par le contexte national belge francophone, fortement influencé par la tradition républicaine française qui tend à faire disparaître les différences ethnoculturelles des individus alors qu’en Flandre, aux Pays-Bas ou dans les pays anglo-saxons, on reconnaît plus facilement la diversité culturelle ou religieuse (Jacobs, Réa, 2005, p. 45).
3Les facilités d’accès à la naturalisation, le système électoral réduisant de moitié l’effet dévolutif de la case de tête et la concentration démographique de certaines minorités dans quelques municipalités permettent à la communauté musulmane de Belgique de constituer un véritable enjeu électoral à la veille de chaque élection.
4Cet enjeu est d’autant plus important qu’un certain nombre de citoyens musulmans vont se servir de leurs valeurs puisées dans leur spiritualité pour en faire le mode d’activation de leurs choix électoraux. Ainsi, l’islam constituera pour ces personnes, le moteur de leur action citoyenne où l’acte de vote sera considéré comme une obligation civique mais aussi comme un devoir « religieux ».
5L’objet de cette contribution s’articulera en trois temps. Il consistera tout d’abord à aborder la participation politique d’un point de vue théorique pour en privilégier l’approche conventionnelle. Ensuite, nous préciserons le sujet par l’étude de la participation politique des élus de tradition musulmane siégeant à la Région de Bruxelles-Capitale et de manière plus générale au comportement électoral des musulmans. Enfin, la sociologie des réseaux sociaux (Mercklé, 2004) comme cadre théorique sera utilisée pour tenter de mieux appréhender la mobilisation des réseaux sociaux de type religieux dans le cadre de la campagne électorale. Précisons que les initiatives de création de partis politiques musulmans ne seront pas abordées dans ce chapitre car elles n’ont souvent que des effets marginaux sur les résultats électoraux.
2. Quelle participation politique ?
6L’idéal démocratique suppose que les citoyens participent activement à la gestion de la cité. Mais que recouvre cette notion de « participation politique » ?
7Dans la sociologie politique, plusieurs formes de participation politique sont reconnues dont les plus classiques sont : la participation politique formelle ou conventionnelle (Mayer, Perrineau, 1992) et la participation politique informelle ou non conventionnelle1.
8La première sorte de participation équivaut à l’implication du citoyen dans la vie politique institutionnelle qui s’applique autour de ce qui est en lien avec les élections (voter, se porter candidat, faire campagne, etc.) tandis que la seconde porte plutôt sur des actions contestataires qui n’utilisent pas les voies institutionnelles (signer une pétition, manifester, etc.).
9D’autres classifications existent telles que celle élaborée par Martiniello (1997, pp. 111-117), qui distingue la participation politique étatique (participation électorale et participation par la représentation dans les assemblées élues) et la participation non-étatique (notamment le militantisme partisan, syndical et associatif). Cette distinction n’est pas antinomique en soi car comme le précise Martiniello, les personnes concernées « sont passées d’une participation politique exclusivement non étatique à une participation de plus en plus étatique » (1998).
10C’est uniquement dans le sens conventionnel que la participation politique sera traitée dans cette contribution, en nous concentrant plus précisément sur la campagne électorale des élus de tradition musulmane.
3. Qui sont les élus de tradition musulmane ?
11Lorsqu’on aborde un sujet tel que celui de la participation politique des musulmans, il est impératif de définir l’objet de notre cible étant donné qu’il est difficile de déterminer qui est musulman dans le contexte belge.
12De la même façon, la question de la légitimité de ce genre de recherche portant sur le fait que tout élu ne doit pas être étudié à partir de son ethnicité pourrait être posée. Il faut donc préciser que l’objectif de cette contribution n’est pas de ressortir des éléments particularistes qui pourraient avoir pour conséquence une stigmatisation des élus de tradition musulmane. Au contraire, l’étude des stratégies électorales de ces derniers vise avant tout à clarifier les moyens utilisés et à démystifier les méthodes mobilisées par ces « nouveaux » candidats sur la scène électorale afin de contribuer à une certaine normalisation de leur présence au sein des instances décisionnelles.
13En l’absence de données officielles prenant en considération les affiliations culturelles ou religieuses, les élus de tradition musulmane seront abordés tout d’abord à partir d’une approche onomastique mais pas seulement car le nom ne dit pas nécessairement la confession. C’est donc également sur base de l’auto-désignation des élus dans cette catégorie mais aussi par la manière dont ces derniers vont activer leur référence à l’islam dans leurs pratiques et leurs discours. À partir de cette méthodologie, on estime à près de 20 % les députés bruxellois qui seraient de tradition musulmane, soit un député bruxellois sur cinq2.
14À cet égard, il faut user de beaucoup de précautions lorsque ces méthodes sont utilisées car, non seulement leur construction est méthodologiquement problématique, mais elles risquent aussi d’essentialiser l’appartenance philosophique de ces élus. Le principal danger serait de réduire l’identité de ces derniers à leur patronyme ou à leur origine et donc d’ethniciser les faits religieux. C’est donc pour éviter cet écueil que l’analyse des discours et l’observation des pratiques de ces élus ont également été menées.
15À cette complexité s’ajoute le fait qu’il y a différentes façons de se définir comme musulman, cela peut aller d’une pratique régulière des rituels à une appartenance plutôt culturelle, sans être croyant. De l’intérieur, il n’y a d’ailleurs pas d’unanimité des théologiens musulmans3 à définir qui est musulman. De plus, il n’est pas du ressort du chercheur d’enfermer la cible étudiée dans une catégorie préétablie ni de mesurer le degré de religiosité, c’est la raison pour laquelle la sélection sera opérée à partir de leur propre auto-désignation.
16Après moult recherches sur le choix du qualificatif, nous désignerons notre objet d’étude d’élus « de tradition musulmane » car cette dénomination permet de contenir un large éventail de références à l’islam, qu’elles soient religieuses ou culturelles. Notre définition de la personne « de tradition musulmane » n’est donc pas strictement religieuse, elle englobe tant les musulmans dits « pratiquants » que ceux dits « sociologiques ». Ainsi certains élus qui ont été interrogés se définiront comme laïcs et musulmans à la fois, quelques-uns comme musulmans pratiquants, d’autres enfin se présenteront comme étant de confession musulmane ou d’agnostiques de culture arabo-musulmane.
17Dans la pratique, le rapport de ces élus à l’islam sera donc varié tant dans leurs prises de position politique où certains vont revendiquer par exemple une meilleure organisation du culte islamique ou une plus grande reconnaissance des communautés islamiques, alors que d’autres souhaitent que soit stipulé dans la Constitution, le caractère laïc de l’État belge ou alors la suppression des cours de religion à l’école.
4. Le comportement électoral des citoyens musulmans ?
18Cette question n’est pas l’objet central de notre propos. Cela étant, on ne peut parler de participation électorale des candidats de tradition musulmane sans évoquer les électeurs.
19Ce point revient à nous poser la question du rôle du vote conditionné par l’appartenance communautaire et plus précisément dans ce cas de figure du « vote musulman », qui sous-entend qu’un électeur musulman voterait pour un candidat de tradition musulmane. On peut percevoir ici le danger du déterminisme social (Lazarsfeld, Berelson, Gaudet, 1944, p. 27)4 et de l’essentialisation du vote qui réduirait les motivations des électeurs à leur identité religieuse, alors qu’en réalité l’ethnicité ou la religiosité ne doit être considérée que comme une variable semblable à d’autres telles que le vote de proximité, le vote jeune ou le vote femme.
20Sur le comportement électoral des citoyens musulmans, il n’existe pas véritablement d’études approfondies qui examinent la question. Selon une recherche de l’Observatoire Interrégional du Politique (OIP), les musulmans de France se positionneraient plutôt à gauche par rapport à l’ensemble de la population française (Dargent, 2003, p. 34). Une autre étude française corrobore ce constat, en précisant que le citoyen musulman le soit de « culture » ou de « confession », son vote est incontestablement situé à gauche de l’échiquier politique (Brouard, Tiberj, 2005, p. 63).
21En Belgique, deux importantes enquêtes menées par le CEVIPOL (Centre d’Étude de la Vie Politique) méritent d’être soulignées. La première a été organisée avec 3 000 questionnaires distribués à la sortie des urnes, le 13 juin 2004 à l’occasion des élections régionales. La seconde a été organisée lors des élections législatives du 10 juin 2007, toujours à la sortie des urnes auprès de 3 000 électeurs. Les éléments de ces investigations sont particulièrement révélateurs car ils se sont concentrés sur l’identité confessionnelle des électeurs.
22La première enquête révèle que 54,55 % des électeurs musulmans auraient voté pour le Parti Socialiste. Par conséquent, une corrélation entre l’adhésion au PS et la confession musulmane pourrait être établie5.
23Après la 2ème enquête, les résultats confirment l’ancrage à gauche du vote des électeurs musulmans avec 42,3 % de vote au Parti Socialiste à Bruxelles. En Wallonie, ce chiffre s’élève à 45,3 %, ce qui se traduit par un taux de 43,1 % de vote au Parti Socialiste sur l’ensemble de la Communauté française. Ensuite vient le vote pour le Centre Démocrate Humaniste 18,7 %, puis le Mouvement Réformateur 14,8 % et enfin Écolo avec 10,5 % sur le territoire Wallonie-Bruxelles (Sandri, De Decker, 2008, p. 43). Toujours selon cette 2ème enquête, le niveau de pratique n’aurait pas de grande incidence sur le choix du parti politique (ibid., p. 47). Par contre, le nombre plus élevé d’ouvriers et de jeunes qui figurent dans la catégorie de l’électorat qualifiée de musulman pourrait contribuer à expliquer le vote à gauche de l’échiquier politique.
24Après le choix du parti politique se pose également la question du choix du candidat qui revêt une importance particulière dans notre système électoral où les votes de préférence peuvent déterminer l’attribution des sièges.
25Dans ce cadre, la (non-)pratique religieuse d’un candidat pourrait s’avérer une variable déterminante dans la prise de décision de l'électeur. La perception des électeurs musulmans à l’égard des candidats de la même conviction est soumise à un certain nombre d’attentes sur des questions qui reviennent régulièrement dans la campagne électorale telles que l’interdiction du port du foulard, la possibilité d’avoir de la viande hallal dans les cantines scolaires ou le positionnement sur le conflit israélo-palestinien.
5. Au service de l’intérêt général ou d’une communauté en particulier ?
26Les élus de tradition musulmane sont souvent questionnés à partir de leurs positionnements sur une série de thématiques liées (in)directement à leur croyance. Entourés parfois de suspicions, ces élus doivent souvent se justifier, condamner et prendre position pour démontrer leur bonne foi. Certains vont alors adopter un rôle de médiateur ou d’expert sur diverses sollicitations, d’autres, par contre, choisiront une attitude de neutralité ou de retrait (Geisser, 1997, p. 54) notamment sur les questions d’actualité ou de société.
27Concrètement sur le plan discursif, tous les élus interrogés s’inscrivent dans le registre de l’intérêt général en se positionnant comme représentants de l’ensemble de la population belge. En même temps, certaines pratiques électoralistes permettent de relever certaines ambiguïtés illustrant ainsi une réelle aporie à se situer sur le registre de l’universel et des intérêts particuliers.
28Sur ce point, différentes stratégies peuvent être identifiées. D’une part, celle qui consiste à affirmer sa distance avec la sphère religieuse et qui a pour objectif d’intéresser les voix progressistes et laïques. D’autre part, celle qui affirme ses principes religieux pour s’attirer la sympathie de son électorat-cible. Par ailleurs, on peut retrouver des élus qui utilisent les deux registres en adaptant les réponses aux questions qui leur sont posées. Sur le plan éthique par exemple, l’élu se prononcera à partir de ses convictions philosophiques ou spirituelles, alors que sur d’autres questions plus générales de société, il répondra sur base des valeurs fondamentales communément partagées dans la société sans qu’il y ait donc nécessairement d’incohérence dans le discours et les pratiques.
29Ainsi, on retrouve parmi les élus de tradition musulmane, certains qui s’inscrivent clairement dans le registre de l’universel mais avec une sensibilité particulière liée à leur communauté d’origine. Cette catégorie semble utile car elle répond quelque part au défi posé à de nombreux élus de tradition musulmane. Ces élus avancent sur des questions de l’ordre de l’intérêt général, tout en gardant leur spécificité. La cohérence entre le discours et les faits se fait donc ressentir. C’est certainement dans cette catégorie qu’on pourrait trouver les personnes qui ont réussi le pari de la « synthèse universalo-communautariste » (Martiniello, 1998, pp. 144-145) dans le sens où la prise en compte de certains domaines qui touchent à la communauté musulmane n’est pas motivée par une démarche particulariste mais va dans le sens de l’intérêt général.
6. Mobilisation des réseaux sociaux
30Les théories et les concepts de la sociologie des réseaux sociaux (Mercklé, 2004), en tant que cadre théorique, seront utilisés pour appréhender la mobilisation des réseaux sociaux au cœur de la campagne électorale menée par les élus de tradition musulmane. Face aux multiples interrogations entourant l’élection de ces derniers, il est utile de questionner les différentes variables qui permettent d’expliquer, pour certains d’entre eux, leurs succès électoraux. L’un des intérêts de la sociologie des réseaux sociaux est qu’elle opte pour une catégorisation basée principalement sur les relations à partir de l’observation et non à partir des catégorisations habituelles de la sociologie classique (âge, genre, profession, etc.).
31L’autre atout de ce cadre théorique est qu’il considère les relations, les interactions comme étant un facteur explicatif en soi des phénomènes sociaux.
32C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les caractéristiques personnelles des élus ne seront pas vraiment prises en considération pour mieux tenir compte des relations qui existent entre ces derniers et l’électorat. Ceci afin de dégager les logiques communes et les effets de ces relations sur leur campagne électorale.
33L’enjeu de cette partie sera donc de baser l’analyse sur les réseaux sociaux et d’établir leur influence dans les stratégies développées par les élus de tradition musulmane lors des campagnes électorales afin de déterminer les éventuels réseaux sociaux de type religieux qui ont contribué à l’élection de ces candidats.
34Cette grille d’analyse mobilise des concepts importants tels que le réseau social et le capital social qui seront définis et adaptés par rapport à l’objet de cette contribution.
6.1. Clarification conceptuelle
Le réseau social
35Un réseau social est composé d’un ensemble d’« unités sociales » (Mercklé, 2004, p. 4) qui ont des relations entre elles qui sont définies comme étant des « interactions sociales ». Les unités sociales peuvent être dans ce cas-ci, les élus de tradition musulmane, mais aussi des groupes, tels que des associations ou des groupes informels. Il n’est pas toujours aisé de définir un réseau dans le sens où il n’est pas délimité par des frontières clairement établies. Par conséquent, la catégorisation des réseaux, entreprise pour cette étude, relève, d’un choix méthodologique qui part d’une certaine observation et de l’analyse des entretiens avec les personnes concernées, ce qui nous permettra de fixer les « frontières » des réseaux.
36Le réseau peut revêtir une importance particulière pour les personnes de tradition musulmane puisqu’il peut notamment permettre la concrétisation d’un projet car « […] pour des élites qui n’ont pas hérité leur position ou qui n’ont pas réalisé de projet fort, un réseau peut constituer le facteur le plus important de leur émergence, même si leurs compétences étaient quant à elles déjà bien là ». (Dassetto, Trivelin, Bajoit, 2003, p. 105).
37Par conséquent, le réseau de relations sociales d’un candidat est une ressource propre, très importante dans une campagne électorale.
Le capital social
38Le concept de « capital social »6 est de plus en plus utilisé dans les travaux de sociologie, de sciences économiques et également de sciences politiques car il est considéré comme une véritable variable explicative des comportements d’acteurs individuels, dans notre cas, des élus de tradition musulmane. Cette idée ancienne qu’on retrouve chez Hobbes dès 1651 « Avoir des amis, c’est avoir du pouvoir » (Degenne, Forse, 1994, p. 135) permet de comprendre comment les candidats peuvent atteindre le plus efficacement possible leur objectif, qui est de mobiliser un maximum de voix dans la mesure où les relations sociales peuvent être considérées comme des possibilités de mobiliser des ressources.
39Dans le cas d’une campagne électorale, le capital social d’un candidat revêt une importance majeure dans la mesure où la perspective d’une vision utilitariste des relations humaines est envisagée car la finalité est d’engranger un maximum de voix.
40Mais comment peut-on mesurer le capital social d’un élu de tradition musulmane ? Il y a un défi méthodologique dans la définition des indicateurs du capital social et il est assez difficile de le mesurer. Ce que l’on peut mettre en place pour l’évaluer dépend évidemment du point de vue qu’on adopte et de la définition qui en découle7.
41Il est en effet ardu d’établir une quantification du capital social car il s’agit de tenir compte d’un maximum d’interactions au sein de différents réseaux. De plus, il est possible d’identifier plusieurs types de capital social, tels que le capital social familial, professionnel, ou amical (Bucolo, 2000). On peut donc notamment le mesurer par l’engagement associatif8 de l’individu, par la taille de sa famille, par son expérience professionnelle ou par son militantisme politique par exemple.
42Comme le souligne P. Mercklé (2004, pp. 58-59), il ne suffit pas de voir le nombre de personnes que l’élu porte à sa connaissance, il faut que ces personnes soient « mobilisables » si besoin est, par exemple, de pouvoir compter sur elles lors de la campagne électorale afin qu’elles incitent les autres à voter pour le candidat. Donc, le capital social ne dépend pas simplement du nombre de personnes, il dépend surtout de leur mobilisation qu’elle soit directe ou indirecte9. Cette idée sera cruciale pour comprendre la campagne électorale des élus de tradition musulmane dans la mesure où une grande partie de son succès dépendra de ce capital social. Par conséquent, plus la taille du réseau sera grande, plus la multiplication des relations sera importante, plus l’efficacité sera de mise lors de la campagne électorale.
6.2. Les réseaux sociaux de type religieux
43La mobilisation des réseaux sociaux classiques tels que les réseaux de parenté ou d’affinité, les réseaux marchands, ou encore d’autres types de réseaux (Lemieux, 1999) de la campagne électorale ne sera pas examinée dans cette contribution. Il en sera de même des réseaux de type ethnique tels que les réseaux claniques par exemple mais aussi les réseaux d’acteurs sociaux constitué principalement des professionnels du marketing politique, ou des amis10. Il sera plutôt question ici de la mobilisation des réseaux sociaux de type religieux qui fera donc l’objet d’un examen plus approfondi.
44La définition de ce type de réseaux a été formulée à partir de l’observation du terrain et des entretiens menés avec les élus concernés par cette présente étude. L’objectif étant de mettre en évidence les vecteurs de la campagne électorale qui ne seraient pas utilisés par les candidats « autochtones » mais qui seraient plutôt spécifiques aux candidats de tradition musulmane.
45Dans ce cadre, on constate que la pratique de l’islam entraîne toute une série de nouvelles thématiques portées dans l’espace public tels que la construction et la reconnaissance de mosquées, la question des parcelles musulmanes, le processus de reconnaissance du culte, l’organisation de l’abattage rituel, et autres. Les communautés musulmanes ou les populations d’origine immigrée comme l’écrit R. Garbaye,
[…] plus que d’autres, sont souvent caractérisées par une structuration en « communauté » autour d’associations de quartier, communautaires, sociales ou culturelles, et très souvent autour d’organisations religieuses. Les mosquées et les réseaux musulmans locaux sont souvent particulièrement susceptibles de produire des personnels impliqués dans des activités éducatives ou d’aide sociale (2005, p. 175).
46Plusieurs « sous-réseaux » ont ainsi été distingués dans la catégorie des réseaux religieux dont deux principaux : les mosquées et les associations musulmanes.
47Nous tenterons ainsi de voir dans quelle mesure ces réseaux ont été utilisés dans la campagne électorale par les élus de tradition musulmane.
Le rôle des mosquées
48Les mosquées ont été créées dès les années 60 pour répondre, au départ, aux besoins spirituels des travailleurs immigrés turcs et maghrébins. Lieux de prières, les mosquées sont aussi le lieu de diverses activités telles que l’apprentissage de la langue arabe et du Coran, les animations pour jeunes, le lieu de réunions, l’organisation de débats, de conférences ou de fêtes culturelles. Il ne faut donc pas réduire la mosquée à un simple espace de culte car elle peut parfois dépasser cette fonction. Certains auteurs parlent même de « maison communautaire » (Cesari, 1998, p. 27). D’autres encore parlent plutôt d’« association-mosquée » :
Le concept d’association-mosquée […] n’est pas comparable aux lieux de cultes « purs » pouvant exister dans le pays d’origine. En effet, en plus du culte, l’existence d’une association en combinaison avec un lieu de culte remplit des fonctions socioculturelles très importantes pour une communauté immigrée (Parthoens, Manço, 2005, p. 79).
49Ces auteurs décrivent dans leur ouvrage le fonctionnement de cette « association-mosquée » qui est composée de membres cooptés par des personnes âgées et respectées dans la communauté. On constate que ce mode de gestion existe dans la plupart des mosquées où le leadership est souvent assuré par la personne qui incarne le mieux les valeurs religieuses ou par la personne qui arrive à légitimer sa présence dans le poste à responsabilité.
50Aussi, certaines mosquées ont développé une relation de proximité avec le pouvoir communal. En effet, certaines d’entre elles n’hésitent pas à leur adresser des requêtes concrètes relatives à des questions d’organisation pratique, comme par exemple, la demande de locaux de l’école communale du quartier pour pouvoir y donner des cours d’arabe et de Coran. Toute une série de rencontres, de concertations ont été développées ces dernières années entre les responsables de mosquée et les responsables communaux.
51Dans le cadre de la campagne électorale, les mosquées ont parfois pu jouer un rôle en organisant des débats préélectoraux avec différents représentants de partis politiques ou en appelant directement les fidèles à voter pour un candidat. Même si ces pratiques revêtent de plus en plus un caractère exceptionnel et que les prises de paroles par les candidats dans l’enceinte de la mosquée se font rares, elles peuvent exister. Mais concrètement, le rôle joué par les mosquées dans la campagne électorale est plus implicite. Il s’agit surtout de contacts informels entre les responsables de mosquées et le candidat pour que ce dernier puisse distribuer ses tracts par exemple. Ou encore, il s’agit d’un candidat qui est le fils d’un imam ou d’un fidèle connu pour sa moralité et fréquentant la mosquée depuis des années, qui bénéficiera alors de toute une série de facilités pour faire campagne autour du lieu de culte. Il ne faut en effet pas négliger le rôle de ces leaders ou de ces intermédiaires communautaires qui peuvent jouer un rôle important en appelant à voter pour tel ou tel candidat.
52Lorsque les élus de tradition musulmane sont interrogés sur le rôle de la mosquée dans leur campagne électorale, ils adoptent souvent une attitude de déni. À l’exception d’un seul élu qui nous confie le rôle important joué par les mosquées, la majorité dit préférer éviter de faire directement campagne dans ou autour de ce lieu de culte. Cela étant, les pères ou les amis d’une partie des élus interrogés ont joué un rôle important en distribuant les tracts dans les mosquées qu’ils fréquentent régulièrement.
53Précisons que pour un certain nombre d’élus encore, il est hors de question de faire campagne autour de la mosquée sur base de leurs convictions laïques et au nom de la séparation de l’Église et de l’État.
Le rôle des associations musulmanes
54Dans ce point consacré aux associations religieuses seront définis comme tels, tout groupement associatif dont l’objet social est l’apprentissage de la religion se traduisant par des activités de cet ordre11. Nous avons donc exclu de cette catégorie les associations dites culturelles pour mieux nous concentrer sur les associations qualifiées d’islamiques.
55Il existe ainsi un certain nombre d’associations musulmanes qui répondent principalement au « souci des associés de ne pas s’assimiler ou se laisser « fondre » dans une société essentiellement laïque où la pratique religieuse est facultative » (Manço, 2002, p. 25).
56Certaines associations musulmanes sont sensibilisées par les enjeux liés aux élections et de façon plus générale, aux questions citoyennes. Ces structures organisent des débats, interpellent les candidats sur des questions qui les concernent. Comme le souligne V. Geisser :
L’observation fine des stratégies déployées par les organisations musulmanes françaises révèle une volonté commune d’inscrire leur combat pour le renouveau de la pensée islamique dans une démarche citoyenne. Il s’agit de vivre son islamité en harmonie avec la société française. Loin d’appeler leurs adhérents au repli communautaire, ces organisations les exhortent à réinvestir les valeurs civiques qui feront d’eux des musulmans respectueux et des électeurs responsables devant les urnes. On voit émerger ici une conception originale qui se manifeste par le désir des dirigeants islamiques issus des nouvelles générations d’être des partenaires de la socialisation des jeunes maghrébins de France et des acteurs centraux du passage au politique (Geisser, 1998, p. 232).
57Parmi les élus de tradition musulmane qui ont été interrogés, aucun ne s’était engagé par le passé dans une association de type religieux. À cela, une analyse du profil des candidats d’origine étrangère confirme bien qu’aucun n’a été administrateur d’une association musulmane (Jacobs, Bousetta, Réa, Martiniello, Swyngedouw, 2006, p. 70).
58De plus, les entretiens indiquent qu’aucun n’a bénéficié du soutien d’une association cultuelle, à l’exception d’une élue. Celle-ci nous a confié avoir bénéficié du soutien du réseau d’associations chiites.
6.3. L’instrumentalisation de l’islam à des fins électorales
59L’islam pourrait être utilisé comme un atout à rendre visible durant la campagne électorale. Ainsi certains vont mettre en évidence qu’ils ont été à la Mecque, qu’ils connaissent le Coran ou qu’ils prient cinq fois par jour. Ces arguments seront cités contre d’autres candidats présentés comme étant de moins bons musulmans parce qu’ils consomment de la viande non hallal ou de l’alcool.
60Martiniello écrit, « Ici, on ne peut pas dire que l’Islam n’a pas joué du tout comme facteur d’agrégation politique. […] des candidats réputés bons musulmans ont pour cette raison récolté les suffrages d’un nombre significatif d’électeurs musulmans » (2001, p. 4).
61D’une autre façon, certains élus vont se présenter comme étant les fers de lance d’un « islam des Lumières », contraires à l’« obscurantisme » des autres candidats afin de s’attirer les voix symboliques12 mais aussi celles des musulmans qui se définissent plutôt comme laïcs.
62On observe une certaine « islamisation » des enjeux électoraux. D’ailleurs comme le souligne Geisser et Kelfaoui, l’électorat d’origine maghrébine est « de plus en plus perçu comme des « électeurs musulmans » et les débats électoraux se structurent désormais autour de l’organisation locale de la communauté islamique » (2001, p. 58). Les débats sont souvent orientés autour de questions liées aux pratiques religieuses et les interpellations des élus tournent souvent autour de ces problématiques.
7. Conclusion
63D’une manière générale, les réseaux sociaux de type religieux ont été mobilisés d’une façon ou d’une autre par les élus de tradition musulmane, soit en affirmant leurs points d’ancrage soit, au contraire, en prenant une grande distance. Leur importance est donc relative à chaque élu. Il est important de souligner que les candidats ne mobilisent pas ces réseaux de la même façon. Certains les ont mobilisés plus que d’autres au point qu’ils aient été déterminants pour l’élection de certains d’entre eux. D’autres, par contre, ne vont pas du tout mobiliser ces réseaux.
64Par ailleurs, il ne faut pas surévaluer le rôle joué par les associations musulmanes et les mosquées pour plusieurs raisons. En effet, l’absence d’organisation structurée des associations musulmanes mais aussi le manque de partenariat et de communication entre associations rendent difficile la création de lieux de coordination ou de plates-formes permettant l’élaboration de réelles stratégies de soutien à un ou plusieurs candidats. Par conséquent, on ne peut attribuer l’exclusivité de l’explication du succès électoral de certains candidats à ces réseaux. Il faut également rappeler que ce type de réseaux n’est pas mobilisé de façon exclusive mais de façon complémentaire avec les autres formes de réseaux sociaux.
65En outre, le niveau d’organisation d’une communauté aura une importance capitale dans la campagne électorale et dans l’influence du vote. C’est d’ailleurs la thèse d’un article consacré à l’intégration politique des minorités ethniques aux Pays-Bas où les auteurs mettent en évidence qu’« il existe un lien entre la structure de la communauté et la participation politique » (Berger, Fennema, Van Heelsum, Tillie, Wolff, 2001, p. 121). Les auteurs s’appuient d’ailleurs sur l’évaluation de la communauté ethnique afin d’expliquer les différences de participation politique entre les divers groupes ethniques :
Pour qu’un groupe ethnique parvienne à un certain degré d’organisation, il faut que sa population ait atteint un certain degré d’organisation, il faut que sa population ait atteint une certaine « masse critique » et que des leaders aient émergé (Berger, Fennema, Van Heelsum, Tillie, Wolff, 2001, p. 119).
66C’est aussi sur cette question que le concept de capital social a toute son importance et que les réseaux sociaux vont jouer leur rôle :
Pour chaque individu, les réseaux sont essentiels parce qu’ils mobilisent des ressources dont il ne pourrait pas disposer lui-même directement. […] Pour un groupe également, les réseaux sont très utiles pour l’organisation et la mobilisation de ses membres en vue d’atteindre un but commun (Berger, Fennema, Van Heelsum, Tillie, Wolff, 2001, p. 122).
67L’étude de la mobilisation des réseaux sociaux de type religieux nous permet d’établir une corrélation entre la manière de faire campagne et l’ancrage communautaire qui va déterminer les stratégies électorales. Ces constats nous permettent d’élaborer une proposition de catégorisation dégageant trois types de campagne électorale pour les candidats de tradition musulmane :
7.1. L’électoralisme différentialiste
68Les candidats mènent une campagne électorale caractérisée par une ethnicité fort marquée : la distinction entre le « eux » et le « nous » est accentuée dans le discours et le rapport au religieux est prononcé par une certaine pratique communautariste. Ces candidats viseront la communauté musulmane comme cible prioritaire de l’électorat en fréquentant notamment les mosquées et les activités organisées par les associations musulmanes.
7.2. L’électoralisme universalo-communautariste
69Les candidats mènent une campagne électorale caractérisée par une ethnicité marquée mais aussi par une volonté affichée de sortir du carcan communautaire : ils se définissent comme des citoyens belges tout en clamant garder leur spécificité ; le rapport au religieux est à peine évoqué dans le débat public et demeure dans la sphère privée. Le terrain de campagne sera tant dans les quartiers populaires que dans les endroits sans spécificité sociologique particulière.
7.3. L’électoralisme assimilationniste
70Les candidats mènent une campagne caractérisée par une ethnicité présente mais dans une moindre mesure. Paradoxalement, ils se caractérisent aussi par une volonté claire de se démarquer de leur communauté d’origine par la distance qu’ils développent par rapport au religieux. Ils clament leur laïcité et développent un discours entièrement orienté vers les intérêts universels sans aucune marque de spécificité.
71Pour terminer, la question fondamentale aujourd’hui n’est pas de se demander si, dans les années à venir, il y aura davantage d’élus de tradition musulmane dans les institutions politiques mais il s’agit plutôt d’étudier la mobilisation du facteur religieux par ces derniers. Dans le contexte d’une société interculturelle, cette question a autant d’importance qu’elle devra relever le défi du vivre ensemble et de la prise en compte d’une pluralité d’identités.
72D’autres questions restent ouvertes. Est-ce que relever le défi d’être représentant du peuple belge et d’accorder une attention particulière à sa communauté d’origine est compatible et approuvable ?
73Fondamentalement, l’idéal ne serait-il pas de trouver un modèle alternatif prenant sa source dans ces deux logiques : affirmer les principes universels en les articulant avec ses spécificités culturelles ? Ce serait peut-être l’une des meilleures réponses qu’on pourrait proposer au dilemme souvent posé aux élus de tradition musulmane.
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Notes de bas de page
1 Encore appelée « les formes protestataires de la participation politique » (Mayer, Perrineau, 1992).
2 Sous la législature 2004-2009.
3 Certains vont définir le musulman à partir de celui qui effectue les 5 prières et d’autres mettront comme critère la mention de l’attestation de foi (shahâda).
4 Selon l’école de Columbia, l’une des variables les plus déterminantes dans le choix électoral est l’appartenance confessionnelle.
5 Burton W., Le CEVIPOL a mis l’électorat bruxellois à nu. Les musulmans ont largement voté PS, Le Soir, 2 juillet 2004, p. 4.
6 P. Mercklé définit le concept comme étant « l’idée selon laquelle le réseau de relations d’un individu peut constituer pour lui une forme spécifique de ressources […] » (Mercklé, 2004, p. 54). Alors que P. Bourdieu définira le capital social plutôt comme « l’ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissance et d’interreconnaissance » (Bourdieu, 1980, pp. 2-3).
7 Il y a 3 niveaux de compréhension du concept de capital social : macro, méso et micro (Degenne, 2000).
8 En 1993, Putnam a analysé le capital social dans différentes régions d’Italie. Il constate que le capital social constitué par différentes associations favorise la création de réseau, des liens d’attachement, le sentiment d’appartenance, qui, en somme, participe d’une action collective permettant une meilleure efficacité dans la mobilisation. C’est exactement ce qu’on retrouve dans la participation citoyenne des individus et des groupes de la communauté musulmane. Le capital social bénéficie à l’individu personnellement mais il peut également être source d’avantages pour les autres membres de sa communauté (Forse, 2000).
9 On entend par mobilisation indirecte le fait que les personnes mobilisées vont elles-mêmes faire appel à leur capital social, à leurs relations pour pouvoir aider le candidat.
10 Ces différents réseaux sont abordés de façon plus approfondie dans Zibouh F. (2010), La participation politique des élus d’origine maghrébine – Élections régionales bruxelloises et stratégies électorales, Cahiers Migrations 41, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant.
11 Les mosquées peuvent être considérées comme étant des associations religieuses car elles ont le statut d’ASBL mais nous avons préféré isoler cette variable pour mettre en évidence la mosquée comme étant un vecteur en soi de la campagne électorale.
12 Par voix symbolique, on entend l’attraction des voix issues des milieux progressistes et laïques essentiellement non-musulmans
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