Conclusion
p. 149-150
Texte intégral
1C’est sur ces impressionnantes dernières lignes que s’éteint la Bande l’Entre-Sambre-et-Meuse. La mort de ces deux hommes représente, nous le verrons, la fin de la peine de mort en Wallonie, mais le début d’un combat abolitionniste de taille.
2Ce présent chapitre a permis de détailler la façon dont le procès s’est déroulé entre décembre 1861 et janvier 1862. Les documents – judiciaires et journalistiques – qui ont été traités ont permis de mettre en avant la grande minutie avec laquelle un procès en assises est organisé. C’est à un réel spectacle auquel la foule, chaque jour plus nombreuse, a eu l’occasion d’assister. Un spectacle où chaque « tableau » fait intervenir un acteur différent : témoins, accusés, Procureur général, avocats, président. Mais le spectacle ne s’arrête pas avec la clôture des séances puisque chaque scène est très minutieusement décrite dans les journaux. Ces descriptions nous permettent de voir, à travers les yeux du journaliste ce qui s’est passé lors du procès mais aussi la dynamique d’un État qui se construit dans l’exercice du droit de punir.
3Ce procès est évocateur de son temps puisque les acteurs judiciaires ont à cœur de comprendre l’entièreté des faits. Le Procureur général de Bavay souhaite, ou tout du moins il en a la prétention, de connaître la vérité sur toutes les circonstances et tous les détails relatifs à chacun des vols. Cette démarche a également été utilisée précédemment par le juge d’instruction Félicien Aulit lors des interrogatoires. Durant les débats aux assises c’est pour beaucoup à des questions de détails que les témoins et accusés sont amenés à répondre. La justice veut savoir avec précision qui a commis les vols, comment, et dans quelles circonstances afin d’être en mesure de l’expliquer à la population. La réponse que le Procureur de Bavay utilise face à l’hésitation de Philippe Boucher à lui révéler le secret d’Auguste pour faire taire les chiens est évocatrice puisqu’il lui dit : « En matière criminelle tout doit être public. Parlez446 ! »
4Cependant, la vérité a ses limites et ses arrangements. Comme Maître Masquelier l’a sous-entendu durant le procès, le Procureur général va parfois, dans son acte d’accusation ou de manière orale accepter ou rejeter une information afin d’orienter l’explication dans le sens où il l’entend. Son argumentation pour réfuter le témoignage d’un bandit est de dire que les voleurs, sont inévitablement des menteurs. La condamnation à mort de Coucke et Goethals est le meilleur exemple de cette vérité « arrangée ». Les deux Flamands ont été jugés coupables d’un crime pour lequel aujourd’hui encore, il y a des doutes. De Bavay, quant à lui, s’est toujours battu, même après 1861, contre la mise en doute de sa théorie de culpabilité.
Notes de bas de page
446 L’Ami de l’Ordre, 30 décembre 1861, p. 3.
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