Pratiques criminelles
p. 97-109
Texte intégral
1. Le mode opératoire
1Les crimes de la Bande noire sont minutieusement réglés grâce à un mode opératoire récurrent d’un vol à l’autre. Les sources qui nous rapportent cette organisation criminelle sont tant le dossier de l’instruction que les articles de presse eux-mêmes. Mais les détails fournis par la presse apparaissent parfois comme sortis tout droit d’un roman noir et il arrive que cette version – outre le style littéraire – diverge quelque peu de celle réunie lors des interrogatoires et dépositions281. Par conséquent, le dossier d’instruction reste la source la plus fiable, utilisée pour ce présent état de fait.
2Les « coups » orchestrés par l’association de malfaiteurs se font généralement par trois ou quatre. Il est également fréquent qu’un informateur ou un complice aide le groupe sans pour autant qu’il n’assiste au vol. Ainsi, rappelons que Philippe a renseigné à ses complices plusieurs personnes dont il connait la richesse. C’est le cas également d’Auguste qui a aiguillé ses complices vers deux de ses voisins, leur donnant aussi les périodes durant lesquelles ils étaient absents de chez eux. De manière générale, les maisons sont choisies par la bande car elles abritent des personnes âgées – vivant seules ou accompagnées d’un compagnon ou d’une servante, et dont ils connaissent la réputation de fortune. Cette réputation, ils arrivent généralement à l’apprendre en discutant avec des cabaretiers et des habitants de la commune. Ils attaquent toujours des personnes qu’ils ne connaissent pas et les divers métiers qu’ils ont tous pratiqués jusqu’en 1856 les ont amené sur la piste de plusieurs maisons. Et cela, d’autant plus dans les cas de Jean-Baptiste Boucher et Auguste Leclercq qui, en qualité de colporteur et de marchand de volaille, ont pour tâche quotidienne de se rendre dans les villages afin de vendre leurs victuailles : une occasion rêvée pour repérer des vieillards aisés. Dans leur choix d’habitation, ils vont de préférence vers des maisons isolées du village.
3Il est important de rappeler que les victimes des membres de la bande – à l’exception de l’avocat Mantia – n’appartiennent aucunement à la bourgeoisie urbaine mais bien à l’élite paysanne. Comptent entre autres parmi les victimes des cinquante-cinq vols, des rentiers, des cultivateurs et des négociants. Certains d’entre eux ont des domestiques, voire des locataires qui vivent avec eux et la plupart possèdent tout de même quelques économies sans être pour autant très riches. Le bourgmestre de Cortil-Noirmont, le Baron de Brou de la Wastinne, écrit à ce propos au juge d’instruction de Nivelles « qu’il serait heureux que les renseignements donnés puissent conduire la justice à la connaissance de la vérité. Ces malfaiteurs ont commis leurs crimes chez de bien pauvres particuliers282 ».
4Une fois la cible repérée, les complices doivent s’accorder sur le jour où le vol va être perpétré. La Bande noire attaque toujours de nuit et de préférence les jours de fêtes. Plusieurs des vols sont commis à des dates clés comme celle de la fête communale, de la kermesse voire même le soir de la Saint-Sylvestre et de la nouvelle année283. À ces dates particulières, les membres de la Bande noire peuvent espérer que les propriétaires ainsi que, probablement, leurs voisins soient absents de leur domicile. Une fois la date fixée, un rendez-vous est décidé entre ceux qui souhaitent être présents. Il est arrivé que des vols doivent être remis à plusieurs reprises parce que les circonstances ne s’y sont pas prêtées. À Couillet, ce fut le cas. S’il est difficile de savoir aujourd’hui qui a réellement commis le vol et homicide de la veuve Dubois à Couillet, nous savons par contre que la Bande noire a eu la maison dans son collimateur et que des circonstances leur ont fait remettre le vol à deux reprises284. Généralement, participent aux vols ceux à qui l’informateur a parlé de l’opportunité. C’est entre acteurs et informateurs uniquement qu’ils se partagent le butin par la suite285. Il se peut très bien que certains membres de la bande refusent de participer, ne soient pas conviés, voire même qu’ils n’aient jamais été mis au courant du fait avant la confrontation avec la police. En général, ils évitent de se voir en dehors des coups qu’ils font chez les habitants. Ils ne souhaitent pas que des liens puissent être établis entre les différents « embranchements » de la bande. Certes, que des frères se voient entre eux paraît moins suspect. Il n’est donc, par exemple, pas rare que les Leclercq se réunissent autour de la table de leur mère pour parler des coups. Hors lien familial, quand l’un allait chez l’autre, « c’était toujours pour affaires…286 ».
5Le jour dit, ils prennent soin de se créer un alibi susceptible de les disculper en cas d’enquête policière. C’est ainsi que Joseph Leclercq est resté immobilisé plus longtemps aux yeux de ses voisins, à la suite d’une blessure qu’il s’est faite au pied et dont il a guéri plus rapidement qu’affirmé287. Et si des soupçons peuvent peser sur l’un ou l’autre avant le vol – ce qui arriva à plusieurs reprises –, celui-ci évite alors de participer au vol suivant tout en se trouvant un alibi qui le disculperait d’appartenir à la bande288.
6Dans la soirée, ils se rendent soit à pied, soit avec le dernier convoi de chemin de fer à un lieu-dit – une route, un hangar ou une maison abandonnée – aux alentours de la maison visée. Les comparses y attendent jusqu’à ce qu’il soit minuit ou une heure du matin, heure propice à surprendre les victimes dans un profond sommeil. Durant l’attente, il est arrivé qu’ils fassent un feu et qu’ils partagent une bouteille dont les enquêteurs ont plusieurs fois retrouvé les cendres et le cadavre289.
7Une fois l’heure venue, un ou deux individus font le guet pendant que le reste se rend dans la dite maison du vol. Ils entrent par une fenêtre du rez-de-chaussée ou à l’étage en visant autant que possible l’entrée la plus proche de la chambre où se trouve le vieillard endormi. Par contre, il est arrivé, comme à Montigny-sur-Sambre par exemple, que les voleurs agissent en début de soirée290. Dans les deux situations, ils se jettent sur la personne endormie ou éveillée afin de la maîtriser291. En tentant d’effrayer leurs victimes, ils parviennent la plupart du temps à leur faire avouer leurs caches d’argent et à les empêcher d’appeler à l’aide. Entre eux, ils échangent généralement quelques mots de flamand. Les témoins en ont souvent attesté mais la ruse n’a pas toujours fonctionné car certaines victimes ont également déclaré qu’au vu de leur accent, ils ne pensaient pas qu’ils soient de réels habitants du nord292. Dès qu’ils ont ce qu’ils désirent, ils s’en vont aussi rapidement qu’ils sont venus. Le partage du butin se fait sur le chemin du retour et ils se séparent ensuite, retournant chez eux par le premier convoi ou à pied. En route, ils prennent toujours soin de ne pas pouvoir se faire connaître. Des témoins ont par exemple affirmé qu’ils portent sur leur tête des mouchoirs enroulés, et d’autres ont parlé d’individus qui se tiennent mal « de façon à se donner l’air plus petit293 ».
8Certains vols ont été perpétrés la même nuit, soit dans le même village, soit dans des villages voisins. Dans ces cas-là, il apparaît que les vols qui ont suivi le premier ne soient pas prévus à l’avance. Il s’agit alors de larcins commis dans des poulaillers ou dans des débarras de façon à ce que le larcin ne soit constaté qu’une fois le jour levé.
9La répartition géographique des membres de la Bande noire a fortement influencé la pérennité de la bande. En effet, cette distance entre leur domicile a compliqué l’établissement du lien entre les individus par les enquêteurs294. De plus, ses membres se trouvent tous à proximité des stations de chemin de fer nouvellement installées qui leur permet, malgré la distance les séparant, de se donner des points de rendez-vous divers. En outre, la distance qui existe entre eux leur donne l’occasion de connaître des lieux de vols qui sont eux-mêmes très éloignés les uns des autres, ce qui ne facilite pas la tâche des différentes autorités qui sont appelées à les poursuivre295.
10Quant au matériel, les bandits en sont étonnement toujours très peu fournis. Dans son réquisitoire, lors du procès, le Procureur général va même jusqu’à dire que « rarement une bande de voleur fut si mal équipée »296. Aussi mal équipés qu’ils soient, il n’est pas moins vrai que les voleurs de la Bande noire ne sont pas des amateurs, qu’ils connaissent le matériel dont ils ont besoin pour faire leur coup et qu’ils savent surtout où le trouver. Ils ont généralement en leur possession les plus petits objets dont ils auront besoin parce qu’ils sont plus faciles à dissimuler. Par exemple, ils ont presque systématiquement avec eux un pistolet qui n’est étonnement pas chargé de balles mais bien de tout ce qu’ils trouvent sous la main, constituant ainsi une sorte de chevrotine artisanale avec de multiples projectiles. Mais pour le reste, ils se limitent à un bâton ramassé en cours de route, à un éventuel couteau, ainsi qu’à une chandelle enroulée d’un papier qui leur permet de s’éclairer. À chaque fois, ils se servent de matériel qu’ils trouvent en chemin. Mais là encore, dans les objets qu’ils dérobent le long de la route, il y a une constante puisqu’on trouve presque systématiquement l’usage d’un coutre de charrue qui est pris sur la charrue et abandonné une fois l’affaire faite297. Cet outil aux multiples fonctions leur est le plus utile. Il leur permet d’accéder à l’intérieur de la maison, soit en soulevant les charnières des volets en faisant contrepoids avec l’outil, soit en brisant directement la fenêtre. Par la suite, le coutre de charrue est autant utile pour fracasser les coffres que pour menacer les victimes. Parmi les objets récurrents, il y a également l’échelle qui est utilisée pour accéder directement à la chambre de la victime, sans qu’elle n’ait le temps d’entendre les voleurs et d’agir en conséquence. Elles sont généralement dérobées dans des cours ou greniers voisins. Il est arrivé qu’ils fassent l’acquisition de vêtements mis à sécher ou pris directement chez la victime afin de se cacher le visage et, s’ils ne se cachent pas le visage avec des vêtements, ils se l’enduisent de cirage noir. Généralement, leurs chaussures sont entourées de tissus, et ce bien plus pour ne pas laisser d’empreintes dans la boue que pour ne pas se faire entendre298.
11Une question qui a fort dérouté la police est le fait que les chiens des victimes n’aboient pas comme à leur habitude à l’arrivée d’inconnus299. Auguste Leclercq sera très fier de révéler à une des audiences du procès qu’il donne à ces animaux du « foie de loup séché » – foie qu’il se serait procuré en tuant un de ces animaux redoutables dans les bois, armé seulement d’un bâton – ce qui a permis aux brigands d’accéder à la maison dans un silence absolu300.
12Concernant d’éventuels codes vestimentaires, nous avons peu d’informations sur le sujet, si ce n’est que pour le vol de Jambes, ils sont tous vêtus d’une blouse et une casquette301. Il est probable qu’ils se soient mis d’accord pour le port de la casquette de façon à dissimuler leur visage lorsque cela était nécessaire. Quant au port de la blouse, il est étonnant qu’ils aient souhaité avoir un « uniforme » qui aurait pu les désigner tous comme appartenant à un même groupe alors que la base de leur modus operandi consistait précisément à ne pas faire de liens entre eux.
2. Utilisation de la violence
13La question qui nous a longtemps préoccupée est de savoir si les membres de la Bande noire ont fait un usage systématique de la violence. La présence d’actions violentes est incontestable. Mais ce qui est moins évident ce sont des questions telles que la façon dont elle a été traduite et à quels degrés. Était-ce systématique ? Comment est-ce transmis par les sources étudiées dans ce présent ouvrage ? Autant de questions qui semblent primordiales et auxquelles nous allons consacrer une attention particulière.
14La Bande noire est une association qui a fait un usage répété de la violence. C’est un fait. Les nombreuses dépositions en témoignent, et la quantité de blessures également. Mais dans leur mode opératoire, ils auraient très bien pu faire un choix tout autre, soit en s’introduisant systématiquement dans des maisons en l’absence des propriétaires (ce qui a été fait à quelques occasions), soit en faisant en sorte de ne pas se faire entendre par les propriétaires des maisons qu’ils visitent. Par ces choix, ils auraient pris le risque de ne pas trouver toute la fortune, mais en contrepartie, ils se seraient assurés une plus grande discrétion. Ainsi, ils auraient évité certaines circonstances aggravantes de leurs délits et également le risque de se faire reconnaître. Mais nous l’avons vu dans le détail du modus operandi, ils ont opté pour la confrontation directe, favorisant ainsi la rapidité et l’efficacité, au détriment du risque. Les bandits viennent dans un but bien précis, l’argent, et entendent bien ne pas repartir les mains vides. Les victimes sont automatiquement maîtrisées à même le sol ou dans leur lit et parfois roulées dans leurs couvertures. Leur bouche est bâillonnée et une main sur le cou les menace d’étranglement. Beaucoup ont reçu des coups violents pour rester docile, et ce parfois même alors qu’elles sont déjà maîtrisées au sol.
15Voici ce que les gendarmes de Thuin ont rapporté à ce sujet :
Nous avons entendu la dite Dame Ranwet, qui nous déclare : vers minuit, j’ai été éveillée par mon chien. Vers une heure, je me suis levée pour aller voir. Étant sur la porte de ma chambre à coucher, je vis un étranger dans ma maison ayant une lumière en main, il me porta un violent coup de bâton sur le côté droit de la tête, qui me terrassa et me saisit par la gorge et la bouche pour m’empêcher de crier. Il plaqua son genou sur mon estomac302.
16Il n’est pas rare d’entendre les victimes déclarer dans leurs dépositions qu’elles ont reçu des menaces de mort. Certains témoins ont d’ailleurs rapporté que les bandits les ont menacés de leur « bruler la cervelle » ou de leur « couper la gueule » s’ils ne donnaient pas les renseignements voulus303.
17À la lecture des sources journalistiques, on constate que la violence commise par la bande est considérée différemment, selon que l’on soit dans la période avant ou après leur arrestation. Cette affirmation est tout de même à prendre avec un certain recul puisque la première partie de l’analyse – avant l’arrestation de la Bande noire – se base sur des articles rédigés directement par des journalistes alors qu’après l’arrestation, les journaux vont retranscrire ou parfois résumer ce qui est dit lors du procès. Dans ce cas, les constats sur la violence reflètent donc davantage le point de vue de la justice et beaucoup moins celui du journaliste qui a rédigé la notice.
18Durant les cinq ans et demi où la Bande noire a commis ses vols en toute impunité, de nombreux articles ont été rédigés sur leurs escapades nocturnes, mettant en scène les faits mais aussi la brutalité avec laquelle ils ont été commis. C’est d’ailleurs ce dernier aspect qui vaut à la Bande noire la notoriété qu’elle a connue, ainsi que la place conséquente qui fut réservée à ses « exploits » dans les journaux. La grande majorité des articles de presse ont une structure caractéristique et récurrente dans la description des vols. Celle-ci se compose comme telle : en premier lieu, l’auteur décrit l’action des bandits qui a été accompagnée d’une grande violence, ce qui est suivi par la réaction de la pauvre victime, ainsi que de tout le courage dont elle a fait preuve dans ce malheur, pour finir par dire que la justice, malgré sa rapidité d’action et ses recherches aussi minutieuses que possible, n’a pas encore abouti à des résultats concrets.
19En ce qui concerne la violence proprement dite, la plupart des quotidiens s’accordent à parler « d’une rare audace » dans les vols commis. Cette mise en avant de la brutalité varie quelque peu selon le quotidien qui la relate et la période à laquelle l’article est écrit (selon que l’on soit en 1856, alors que les vols semblent isolés, ou au début de l’année 1861, alors que la Bande noire est déjà réputée comme étant une association de malfaiteurs qui « court toujours »). Le Courrier de l’Escaut, par exemple, consacre dans un premier temps un espace beaucoup plus restreint aux vols, se limitant à deux ou trois lignes qui relatent les faits de la façon la plus descriptive et courte possible. Il en va différemment de La Gazette de Mons ou de l’Indépendance Belge qui y attachent une plus grande importance dès 1856. La Gazette de Mons va d’ailleurs dénoncer cette violence caractéristique de la bande qui frappe à répétition, à l’occasion du vol commis chez Hanoteau à Gilly. Voici ce qu’elle en dit :
Les voleurs sont armés jusqu’aux dents, prêts à lutter contre quiconque tenterait de s’opposer à l’accomplissement de leur dessein. Nous le répétons, c’est un des plus hardis coups de mains que nos annales criminelles, depuis l’époque des chauffeurs, n’aient enregistrés304.
20Après la capture de la Bande noire, les complices – et ils seront présentés ainsi lors du procès – sont désormais considérés comme de « simples brigands ». Leurs actes qui ont paru, dans un premier temps, d’une violence effroyable, sont par la suite reconsidérés. Entendons-nous bien : l’objectif n’est pas, ici, de dire qu’ils n’étaient pas violents, mais bien de constater que la justice leur reconnait d’être bien plus des voleurs que des assassins. Voici ce que dit le Président de la cour d’assises à ce sujet, lorsqu’il s’adresse au jury :
Je dois faire remarquer que, sauf dans l’affaire de Couillet, qui diffère énormément des autres, les voleurs n’employaient la violence que quand, selon eux, il y avait nécessité, c'est-à-dire, quand les victimes des vols se rebellaient ou criaient305.
21Mais dans les faits, il ne faut pas oublier que trois personnes ont succombé aux blessures qu’elles ont reçues, et qu’un homme de 66 ans a perdu l’usage de son œil306. Selon les dépositions qui ont été faites, il semblerait que le premier coup, souvent le plus violent ait été porté avant que la personne n’ait eu le temps de crier. À Gozée, par exemple, la veuve Ranwet a été frappée par un bâton alors qu’elle ouvrait la porte vers la chambre voisine où elle avait entendu du bruit. Ce n’est que par la suite qu’elle a poussé des cris et a alors été saisie par la gorge et la bouche afin de la réduire au silence307. À Temploux, Maximilien Quairiat a reçu une balle de chevrotine en plein crâne alors que lui aussi ne faisait qu’ouvrir la porte. Dans ce cas, c’est probablement plus le bruit de la détonation qui a fait fuir les voleurs que les tentatives du vieux de les chasser308. Seules les dépositions du vol de Gilly attestent d’une réelle lutte entre voleur et victime : le docteur Hanoteau ayant entendu les étrangers, asséna son pot de nuit sur la tête d’Auguste Leclercq à son arrivée dans la chambre309. S’en est suivi un combat entre les deux individus qui s’est terminé par un œil crevé pour le docteur et une « blessure assez considérable » pour le voleur310.
22Mais les voleurs ne se veulent pas assassins. L’usage du pistolet est réservé aux individus qui appellent au secours ou qui leur courent après. Il n’est généralement pas utilisé lors de menaces, le coutre de charrue et les bâtons étant bien suffisants. Durant les interrogatoires, ils ont tous systématiquement remis la faute des violences qu’ils ont infligées aux victimes sur les autres. Ce fut, par conséquent, une réelle difficulté pour les autorités d’établir l’implication de chacun à ce sujet.
23Parmi les hommes de la bande, c’est Auguste Leclercq qui est désigné par ses comparses comme étant le plus violent de la bande. Ses antécédents le confirment. Il a connu plusieurs condamnations pour vols et batailles et nous savons qu’il bat sa femme311. Pour les vols, c’est le plus souvent lui qui entre le premier dans la maison et donc lui qui doit attraper les victimes avant qu’elles n’aient le temps d’appeler au secours. Sa fonction a été critiquée à plusieurs reprises, autant par lui-même que par les autres. Il est reconnu comme frappant fort, parfois trop fort, sur les habitants. Plusieurs dépositions témoignent de reproches faits à Auguste par les autres membres quant à sa brutalité. À la suite du crime de Gozée, par exemple, celui qui a causé la mort de la Veuve Ranwet, Alexandre Leclercq reproche à son frère Auguste « d’avoir frappé la dame »312. Cependant, aucun des autres ne prendrait volontiers sa place. Nous savons d’ailleurs que, si Auguste ne se propose pas spontanément, les autres tirent au sort pour désigner celui qui rentrera le premier dans la maison. Pour le crime de Gilly, c’est Jean-Baptiste Boucher qui a été désigné. Ce qu’il a refusé, obligeant Auguste à y aller avec les risques que cela comportait. Celui-ci s’est d’ailleurs plaint d’être toujours en première position par rapport aux risques encourus. D’autant plus qu’une fois entre les mains de la police, ses complices n’ont pas hésité à le charger de toutes les violences commises par la bande, fait qu’il leur a reproché au procès313.
24En ce qui concerne les autres membres, aucun d’entre eux n’a eu, comme Auguste Leclercq, l’étiquette de « violent de la bande ». Mais ce ne sont pas des enfants de chœur pour autant. Plusieurs d’entre eux, tels Alexandre Leclercq, Joseph Leclercq ou Pierre Chavée, ont été condamnés par la justice pour bagarres et violences diverses. Sans compter que les Leclercq ainsi que Jean-Baptiste Boucher étaient souvent armés d’un pistolet ou d’un coutre de charrue pour leurs escapades nocturnes, et plusieurs n’ont pas hésité à frapper ou à maîtriser à leur tour des victimes récalcitrantes.
3. Voleurs de profession
25Cette expression de « voleurs de profession » en parlant des membres de la Bande noire est attribuée à un marchand de Sombreffe lors d’une audition qu’il fait devant le juge Aulit, le 19 juillet 1861314. Le marchand a raison lorsqu’il utilise de tels termes pour qualifier les membres de la bande, ou tout du moins, en ce qui concerne les principaux individus. Leur activité de vol est prépondérante, activité qu’ils dissimulent derrière un autre métier. Chacun d’eux entretient son image sociale en endossant une autre fonction qui lui garantit une intégration et éloigne les soupçons. Certains témoins – voisins et officiers judiciaires – reconnaissent, en outre, s’être plus d’une fois interrogés quant à la manière dont les accusés ont pu survivre honnêtement avec leurs faibles rentrées d’argent315.
26De plus, nous l’avons déjà dit à propos de leur origine sociale, le métier de la plupart des membres de la bande leur a souvent facilité la tâche dans la recherche de maisons à cambrioler ainsi que dans le repérage des lieux. En première ligne, il y a Jean-Baptiste Boucher qui est marchand ambulant316. Celui-ci sillonne les différents villages et en profite pour repérer, et questionner. Il a, à plusieurs reprises, l’occasion de s’introduire dans des maisons en prétextant venir vendre des objets. Cette intrusion lui a permis de se faire une idée de l’agencement de la maison ainsi que de la richesse de ses occupants. Plusieurs autres membres sont journaliers et ont le même « œil affuté ». Enfin, Pierre Vanderavero, l’ancien domestique de chez Hanoteau, a profité du fait qu’il connaissait la maison du docteur de Gilly pour les guider dans ce vol qu’il a commis avec eux.
4. Leur butin
27L’attitude de la Bande noire a également certains traits caractéristiques quant aux objets qu’ils ont volés. En effet, ce qui revient souvent d’un vol à l’autre c’est, bien sûr, de l’argent, mais pas n’importe lequel puisqu’il semble qu’ils n’ont jamais, ou rarement, pris des billets de banque. Ils ont toujours donné la priorité aux pièces de cinq francs qui vont assurément passer plus inaperçues chez des gens de leur classe sociale que des gros montants qu’ils ne sauraient justifier par leur activité professionnelle. Ils sont presque toujours repartis avec de la nourriture – du pain, de la viande, des fruits-ou même des bouteilles de vin qu’ils ont trouvé dans les maisons cambriolées. Le vol commis en 1855 à Tourinnes-Saint-Lambert a d’ailleurs pour seul objectif d’emporter un cochon mort317. Ils partent également souvent avec des vêtements, ou des accessoires, ceux-ci étant exclusivement masculins. Ils se sont toujours limités à des pantalons, gilets, casquettes, etc. alors qu’ils auraient pu, par exemple, ramener des objets pouvant servir à leur famille318. Seules des couvertures, ou parfois des couverts en argent et autres ustensiles qui ont été subtilisés (et ont sans doute été échangés par la suite) auraient pu servir pour le foyer. Même la nourriture non plus, ils ne l’apportent pas à leur famille. La partie comestible du gain est généralement rapidement consommée (sur place ou un peu plus loin) et le reste est jeté dans la nature une fois les voleurs rassasiés319. Enfin, les armes ont également constitué un lot de choix pour la Bande noire.
28De manière générale, les bandits se partagent leur butin une fois éloignés de la maison et de retour au calme. Cependant, il est arrivé qu’ils se le partagent directement sur place. Chacun reçoit en fonction de son implication dans le crime. Ainsi, l’informateur reçoit peu, le guetteur un peu plus, et le voleur encore plus. Il est très souvent arrivé que les membres de la bande se volent entre eux et ce, même si nous savons qu’ils sont toujours obligés de vider leurs poches avant de se quitter. Ce rite témoigne d’un manque de confiance évident entre eux. Mais cette précaution n’est pas vaine puisque non seulement beaucoup d’objets ont été subtilisés pour leur profit personnel, et également parce que certains n’ont pas de scrupules à voler directement la part d’un autre. Ainsi, Rabet n’hésite pas à envoyer sa mère chercher le butin que Jean-Baptiste Boucher a caché dans un champ après le vol de Wanfercée-Baulet et dont il connait l’emplacement320. Une fois en leur possession, ce butin est très souvent caché dans la perspective d’éventuelles perquisitions. Des bourses d’argent ont été enterrées, dissimulées dans un grenier, dans les cavités d’un mur, entre les tuiles du toit, etc. La maison maternelle des Leclercq a également constitué une cache de choix pour certains membres321.
29Il est assez difficile de déterminer le butin exact que les membres de la Bande noire ont récolté durant leurs six années de criminalité. Les versions diffèrent fortement d’un point de vue à l’autre, les voleurs avouant bien moins de butin que les victimes. Sans compter la valeur des vivres et des objets dérobés, ni même les vols dont le montant était inférieur à 100 francs, la somme d’argent volée s’élèverait, à l’aube du procès, à 35 000 francs environ322, sachant que la salaire moyen annuel d’un ouvrier agricole s’élève, en 1856, à un montant de 353,60 francs323. On peut donc en conclure qu’ils ont récolté en moyenne 7000 francs par an à se partager parmi les acteurs des vols. Il s’agit là d’un montant important pour plus de cinq ans de déviance et de délinquance.
30En outre, nous ne savons pas non plus à chaque fois ce que les voleurs ont fait de leurs butins. Toute richesse matérielle a généralement été échangée à la ville chez des négociants inconnus. Et ils ont généralement teint les vêtements qu’ils volaient, de façon à ce qu’ils puissent être portés sans pouvoir être identifiés324. Par contre, nous n’avons que très peu d’informations quant à ce qu’ils ont fait de leur argent. De nombreux indices témoignent d’une grande pauvreté des membres de la Bande noire ainsi que de leur famille malgré un butin qui apparaît comme relativement conséquent. Beaucoup de témoignages et d’interrogatoires attestent de nombreuses soirées passées au cabaret à boire des bières et à jouer aux cartes la nuit durant et nous avons également des dépositions qui attestent que certains d’entre eux ont parfois été voir les filles325. Enfin, il apparaît étonnant que ces rentrées d’argent suspectes dont ont disposé les membres de la Bande noire n’aient pas plus alerté la communauté villageoise environnante.
Notes de bas de page
281 C’est le cas notamment du vol d’Erpion relaté par L’Indépendance Belge où les voleurs sont décrits comme étant « huit à dix individus armés de bâtons, de pistolets et de poignards, et la figure noircie », alors que l’acte d’accusation ne les décrits que comme étant au nombre de quatre individus et le visage dissimulé par des mouchoirs. L’Indépendance Belge, 25 septembre 1857, p. 1.
282 AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 16-17-18/3, 1861, Lettre du 3 janvier 1858 rédigée par le Bourgmestre de Cortil-Noirmont au Juge d’instruction de Nivelles, Cortil-Noirmont.
283 Les vols de Silenrieux et de Tamines ont, par exemple, été commis dans les nuits du 24 au 25 décembre 1858 et 1860.
284 Pour rappel, ce vol est très particulier et à prendre avec une certaine distance car les affirmations des deux Boucher ont été contredites par les Leclercq qui prétendent n’avoir jamais été à Couillet. Voir supra : Deuxième partie, Les crimes de la Bande noire, Le Crime de Couillet.
285 La bande n’agit jamais au complet. Le plus souvent, le groupe de voleurs est constitué de Jean-Baptiste Boucher, présent au cours de 34 vols sur 39 dont les auteurs sont connus, Auguste Leclercq 35 vols, Joseph Leclercq 24 vols, Philippe Boucher 16 vols et Alexandre Leclercq 15 vols. Ce noyau peut bien entendu varier. D’ailleurs, il n’est pas toujours évident d’établir avec certitude le nombre de participants pour certains méfaits. D’une part, les témoignages ont tendance à différer et les victimes à hésiter. De l’autre, lors des interrogatoires, les accusés eux-mêmes se mettent rarement d’accord, certains avouant d’emblée avoir participé à une grande quantité de vols, d’autre niant toute implication bien que des indices ou accusations de leurs complices sous-entendent leur présence. Mais au-delà de ces incertitudes et de ces incohérences, il apparaît clairement que seuls trois ou quatre des bandits, et souvent les mêmes, se réunissent pour commettre chaque délit.
286 Le Courrier de l’Escaut, 26-27 janvier 1862, p. 2.
287 AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 31/19, 1861, Interrogatoire de Joseph Leclercq, 13 août 1861, Couillet.
288 Les Boucher qui ont subi des perquisitions en février 1860, ont pris soin, lorsqu’ils ont entendu parler du projet de vol à Couillet, de découcher chez une personne qu’ils ont jugée de confiance aux yeux des gendarmes qui les avaient à l’œil. Ainsi, la personne en question leur fournit, bien malgré elle, un alibi fiable. AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 31/21, 1861, Interrogatoire de Philippe Boucher, 13 juillet 1861.
289 Voir par exemple : AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 49, 1861, Vol de Jauche, rétroacte de l’instruction pour le vol chez Melon.
290 Le 6 octobre 1856, la Gazette de Mons décrit un vol qui a été perpétré la veille à Montigny-sur-Sambre et qui expose clairement la façon dont les voleurs agissaient dans une telle situation. « Vers huit heures du soir, tandis que toute la population de Montigny-sur-Sambre était réunie sur la place pour célébrer la fête de la commune […] une tentative d’assassinat suivie d’un vol d’argent considérable, avait lieu à vingt minutes de là, dans une ferme d’Oignies, isolée de cinq cents pas environ de toute habitation. Deux vieillards, le sieur Boniface Balon et sa sœur, se trouvaient en ce moment seuls à la maison. […] Au nombre de six ou sept, ils envahirent la ferme d’Oignies les-uns en escaladant le mur de derrière et les autres en frappant à la porte et criant d’un air alarmé au vieillard qui se trouvait dans la pièce : “Boniface, au secours ! On tue votre fils !” Le malheureux père ouvre la porte ; mais au moment même il est assailli par les malfaiteurs… ». La Gazette de Mons, 6 octobre 1856, p. 2.
291 On aurait pu croire que les individus s’introduisent dans la maison en ne se faisant pas entendre des propriétaires comme c’est le cas de ces vols typiques où les propriétaires se réveillent le matin en constatant le vol. Dans ce cas-ci, il en va tout autrement car certaines des victimes se sont fait réveiller par des coups infligés par les voleurs. « Erpion, 15-16 septembre 1857, n° 7, Acte d’Accusation », in L’Indépendance Belge (supplément), 13 décembre 1861, p. 1.
292 L’Ami de l’Ordre, 26-27 décembre 1861, p. 2.
293 AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 24-25, 1861, Procès-verbal d'audition de témoins, 17 février 1860, Courcelles/Roux (pièces inutiles).
294 Cela a d’ailleurs été souligné par le Procureur général lors du procès. « Acte d’accusation », Le Courrier de l’Escaut, p. 2.
295 Voici ce que le Procureur général dit à ce propos : « Aussi voyons-nous dans la procédure, qu’ils se servent le plus souvent des chemins de fer pour leurs expéditions lointaines, ce qui les mettait en deux heures de temps, à 10 ou 15 lieues des autorités locales. Nous y voyons aussi qu’ils faisaient par ce moyen des voyages d’expiation, et qu’ils ont même étendu ces voyages jusqu’à Neufchâteau, à plus de 25 lieues de leur domicile. Ils appartenaient enfin, comme nous venons de le dire, à trois arrondissements judiciaires, compris eux-mêmes dans des ressorts différents, ce qui rendait toute surveillance collective impossible. Il en résultait même que les parquets de Charleroi et de Nivelles ignoraient souvent ce qui se passait à Namur et à Dinant ».
« Acte d’accusation », Le Courrier de l’Escaut, p. 2.
296 L’Ami de l’Ordre, 7 janvier 1862, p. 3.
297 Un coutre de charrue est une partie de la charrue qui sert à découper verticalement la terre lors du labourage d’un champ. C’est généralement une lame droite qui a une forme proche de celle d’une machette.
298 AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 31/3, 1861, Interrogatoire de Léopold Rabet, 7 mai 1861, Couillet.
299 L’Indépendance Belge fit également ce constat surprenant dans la description du vol d’Orbais du 8 septembre 1855. L’Indépendance Belge, 8 septembre 1855, p. 2.
300 Cette déclaration d’Auguste relève sûrement plus de la vantardise que de la vérité puisque d’une part, le loup est de plus en plus rare dans nos contrées à l’époque et d’autre part, il est étonnant qu’il se soit battu avec un bâton alors qu’il lui aurait été plus facile d’utiliser un pistolet dont il est souvent outillé. Toutefois, cette révélation est faite d’abord par Philippe Boucher, puis confirmée par Auguste, ce qui prouve que les complices d’Auguste croyaient en cette théorie. L’Ami de l’Ordre, correspondance particulière, 30 décembre 1861, p. 2.
301 AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 4/3, 1861, Interrogatoire de Joseph Leclercq, 10 août 1861, Jambes.
302 Les coups assénés ont été si violents que la veuve a eu le bras cassé et a fort saigné de la blessure qu’elle a reçue avec le coup de bâton. Elle décèdera de ses blessures six jours plus tard. AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 52/2, 1861, Procès-verbal, brigade de Thuin, Gozée, 6 avril 1861.
303 Vol chez Hannecart, Erpion, 15-16 septembre 1857. « Compte rendu de l’audience des 28 décembres 1861 », in L’Ami de l’Ordre, le 29 décembre 1861, p. 2 ; vol chez Henricot, Corroy-le-Château, 15-16 janvier 1858.
304 La Gazette de Mons, 19 janvier 1861, p. 2.
305 Cet argument soutient la théorie selon laquelle le crime de Couillet aurait été commis par d’autres bandits que ceux de la Bande noire (parmi lesquels Coucke et Goethals devaient figurer), puisque cette agression est la seule où la violence a été gratuite. Ce raisonnement a été soutenu par le Procureur général tout au long du procès. « Compte-rendu de l’audience du 24 décembre », in L’Ami de l’Ordre, 25 décembre 1861, p. 2.
306 Pour rappel, Maximilien Quairiat succomba à ses blessures une dizaine de jours après la visite des voleurs en septembre 1855, la veuve Dubois mourut à Couillet en mars 1860, la veuve Ranwet est décédée à la suite du vol commis à Gozée le 5 avril 1861, et enfin, le Docteur Hanoteau a été frappé à l’œil lors du vol de Gilly en janvier 1861.
307 Gozée, 6 avril 1861.
308 Temploux, 4 septembre 1855.
309 Gilly, 15-16 janvier 1861.
310 AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 45/24, 1861, Interrogatoire de Jean-Baptiste Boucher, 14 mai 1861, Gilly.
311 AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 31/36, 1861, Audition de Marie-Joseph Hincq, 12 août 1861, Couillet.
312 AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 52/15, 1861, Interrogatoire d’Auguste Vanderavero, Gozée.
313 « Compte rendu de l’audience du 5 janvier 1862 », in L’Ami de l’Ordre, 6 janvier 1862, p. 1.
314 « Acte d’accusation. Cour d’assises du Hainaut. Association de malfaiteurs... », in L’Indépendance Belge, 13 décembre 1861, p. 1.
315 Certains éléments ont pu étonner la population ou la police lors de perquisitions, tels que la possession de laine zéphir par la femme d’Auguste Leclercq, laine de qualité supérieure normalement inaccessible aux individus d’une telle condition sociale et financière. Par ailleurs, lors d’un interrogatoire concernant le vol de Corroy-le-Château, un témoin affirmera : « on disait qu’on ne comprenait pas comment ils pouvaient vivre sans travailler », in L’Ami de l’Ordre, 28 décembre 1861, p. 3.
316 Beaucoup de sources le précisent comme étant marchand de volailles mais à l’occasion du vol d’Erpion, il est entré dans la maison des frères Hannecart sous prétexte de leur vendre des lunettes. « Acte d’accusation. Cour d’assises du Hainaut. Association de malfaiteurs... », in L’Indépendance Belge, 13 décembre 1861, p. 1.
317 Vol de Tourinnes-Saint-Lambert, 17-18 mars 1855.
318 Or on sait qu’ils se sont souvent travestis avec des jupons, et autres vêtements féminins qu’ils trouvaient sur leur passage. Pourquoi ne les ont-ils pas emportés pour leur famille ? Peut-être, le fait de se faire prendre par la police en possession d’objets féminins aurait paru plus suspect, mais cela n’est que pure supposition.
319 Les autorités ont bien souvent retrouvé des cadavres de bouteilles, des morceaux de pains, os de viandes, etc. sur la route ou dans un champ environnant le lieu de l’infraction.
320 Vol de Wanfercée-Baulet, 12-13 juillet 1860 ; AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 31/2, 1861, Interrogatoire de Léopold Rabet, 1er mai 1861, Couillet.
321 C’est là qu’a notamment été retrouvé le pistolet d’Auguste après son arrestation.
322 Information donnée par l’article d’André LEPINE, « Notes d’histoire sur la Bande noire de l’Entre Sambre et Meuse », in Cercle d’histoire et d’archéologie de Morlanwez, 1974, p. 14. Elle est toutefois contestée par nos propres calculs. Sur base de la mention des montants volés dans les documents d’archives et la presse, nous sommes arrivée à un total variant entre 25044 et 31164 francs. Cette différence entre les chiffres est due à un désaccord entre les différentes versions, les victimes prétendant souvent s’être fait volées davantage que ce que les bandits ne reconnaissent. « Les accusés persistent à déclarer qu'ils n'ont point volé autant que l'indique le témoin », in L’Ami de l’Ordre, 30 décembre 1861, p. 3.
323 Ce chiffre provient des études d’Édouard Ducpétiaux ; Louis Bertrand, L'ouvrier belge depuis un siècle, Bruxelles, L’Églantine, 1924.
324 AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 31/1, 1861, Interrogatoire de Léopold Rabet, 30 avril 1861, Couillet.
325 AÉM, Cour d’assises du Hainaut, n° 52/22, 1861, Interrogatoire d’Alexandre Leclercq, 16 août 1861, Gozée.
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