Lacune ou déficit : l’individualité en Chine
p. 339-348
Extrait
1C'était dans une discussion où Christine Cayol me présentait un tableau de Han Holbein, intitulé Les Ambassadeurs1, que nous avons abordé le problème de la possibilité de l'émergence du concept « individualité » en Chine. En parlant de ses ambassadeurs patents et imposants, elle me donne à voir un tableau chinois de Shi Tao, intitulé Deux amis sous la lune, où les deux promeneurs – dont l'un doit être le peintre lui-même – sont infiniment discrets, minuscules, presque invisibles, comme deux « insectes » selon son expression, perdus dans des nuages vaporeux, une bande brumeuse, entre le ciel et la terre...
2Je contemple le tableau, comme un sujet observateur, cherche au début à deviner ce que veut nous faire sentir le peintre, mais progressivement, je m'abandonne à une sorte de rêverie où je suis devenu l'un des deux amis, se promenant l’un avec l'autre au flanc d'une grande montagne, flottant dans le nuage, émerveillé à mi-ciel... L'effet de l'empathie, qui travaille ici pour
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