Voir les mots prononcés grâce à la musique : deux approches
p. 131-145
Résumé
Le rapport entre les mots, le son et le visible peut être interrogé à partir de l’opéra, où l’ensemble est noué dans un personnage parlant (ou chantant). Dans La Force du destin et Tristan et Isolde, Giuseppe Verdi et Richard Wagner déploient un imaginaire de la musique, de la parole, de la vue, totalement différent, alors que les intrigues sont, au fond, assez comparables. Ce sont alors deux anthropologies qui s’opposent, auxquelles on peut raccorder logiquement deux esthétiques et deux partis pris dans le rapport à la scène. On peut le détecter en comparant la façon dont chaque compositeur met en musique les mots : sterben, mourir, pour Wagner, pieta, pitié, pour Verdi. L’un s’intéresse à une idée abstraite qu’il demande à la musique de construire, utilisant la non référentialité des sons et la technique du leitmotiv ; l’autre cherche à montrer comment un mot ne prend sens que dans l’instant où il est prononcé, et dans l’affect qui le colore. Ce sont alors deux conceptions de la voix, du corps et du visible que l’on peut mettre en regard.
Extrait
1Comment le mot, le son (la musique) et le visible peuvent-ils être articulés ? Plusieurs directions sont possibles : la première est l’écriture, et notamment l’écriture de la musique, qui intègre dans une unité l’analyse de la parole (par l’écriture alphabétique et la manière de la dire ou la chanter) et une manière de rendre visible cette analyse. Nous n’explorerons pas cette piste ici et aborderons la question par l’opéra. L’opéra est en effet un lieu théâtral où les personnages parlent en chantant : musique et parole y sont donc étroitement liées. Mais, en tant que lieu théâtral, l’opéra donne à voir des personnages. Au corps singulier d’un acteur correspond une parole en première personne du singulier, – il dit « je » –, ce qui constitue un personnage unifié où corps, parole et chant sont réunis. Ainsi, par le corps du personnage présenté sur la scène est rendue visible l’articulation de la parole et de la musique. Mais le corps théâtral est extrêmement labile : les maniè
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