1
La présente contribution est le résultat de réflexions – en partie très personnelles – sur le « moi féminin », s’il en est un. Ainsi, j’oserai user de « procédés » structurels et stylistiques simples, m’exposant délibérément à la critique masculine.
2
M. Yourcenar, Discours de Madame Marguerite Yourcenar à l’Académie française et Réponse de Jean d’Ormesson, Paris, Gallimard, 1981, p. 10.
3
M. Butor, La Modification, Paris, Minuit, 1957, p. 226.
4
J. Lyons, Introduction into Theoretical Linguistics, cit. d’après N. Mbulamoko, Verbe et personne. Les substituts et marques de la personne en latin, espagnol, français, lingála et ngbandi, Tübingen, Narr, 1973, p. 59-60. (Mes italiques)
5
Voir K. Heger, « Personale Deixis und grammatische Person », dans Zeitschrift für Romanische Philologie (ZRP), 81, 1965, p. 80.
6
Ibid., p. 80.
7
L’emploi pragmatique du système pronominal est évidemment manié de manière plus libre, notamment à l’oral, ainsi l’emploi du on. Voir G. Blaikner-Hohenwart, « On in der Bedeutung von„ nous“ : Varietäten in der Verwendung », dans Chr. Schmitt (dir.), Grammatikographie der romanischen Sprachen. Akten der gleichnamigen Sektion des Bamberger Romanistentages (23.-29.9.1991), Bonn, Romanistischer Verlag, 1993, p. 14-36.
8
S. de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, 2 tomes, Paris, Gallimard, 1949. Voir notamment : « Ce qui définit d’une manière singulière la situation de la femme, c’est que, étant comme tout être humain une liberté autonome, elle se découvre et se choisit dans un monde où les hommes lui imposent de s’assumer comme l’Autre : on prétend la figer en objet, et la vouer à l’immanence puisque sa transcendance sera perpétuellement transcendée par une autre conscience essentielle et souveraine. » (tome 1, p. 31.)
9
Voir Roi Lear (IV, 7, 69 sq.), l’instance où Cordelia retrouve son père atteint de folie, qui finit par la reconnaître : « I think this lady / To be my child Cordelia. » Cordelia y répond : « I am, I am. » Dans son essai « Good Girls – Bad Girls ? König Lear und seine Töchter, » Schülting commente : « Ihre [Cordelias] Rolle als Heeresführerin ist ebenso wie die der Ehefrau in den Hintergrund gerückt. Ihre Identität resultiert nurmehr [sic] aus der Vater-Tochter-Hierarchie ; ihr„ I am“ist somit wohlweislich keinesfalls die Selbstdefinition des cartesianischen Subjekts. Ihr ergo sum bedarf statt dessen des Gedachtwerdens und Genanntwerdens durch den Vater. » (S. Schülting, « Good Girls – Bad Girls ? König Lear und seine Töchter. », dans Shakespeare, König Lear, Zweisprachige Ausgabe [1997], Deutsch von Frank Günther, München, Deutscher Taschenbuch Verlag, 2012, p. 364.
10
Voir notamment L. Irigaray, Sexes et genres à travers les langues, Paris, Grasset, 1990.
11
Ibid., p. 391.
12
Cette insécurité linguistique est bien sûr différente de l’insécurité linguistique des classes moins privilégiées, voire de l’insécurité linguistique des personnes qui ne vivent pas dans leur environnement linguistique maternel et qui s’expriment dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle.
13
L. Irigaray, Parler n’est jamais neutre, Paris, Grasset, 1985, p. 21.
14
L. Irigaray, Sexes et genres à travers les langues, op. cit., p. 49.
15
K. Frank, Sprachgewalt : Die sprachliche Reproduktion der Geschlechterhierarchie, Tübingen, Narr, 1992, p. 145.
16
Virginia Woolf va plus loin : le regard féminin agrandirait l’image du Moi masculin. « Women have served all these centuries as looking-glasses possessing the magic and delicious power of reflecting the figure of man at twice ist natural size. » (V. Woolf, A Room of One’s Own[1929], Orlando (Florida), Harcourt Brace & Company 1981, p. 35)
17
M. Kundera, La plaisanterie, Paris, Gallimard, 1967, p. 187. (Mes italiques)
18
H. Cixous, L’Heure de Clarice Lispector, Paris, Des femmes, 1989, p. 165-166.
19
La congruence à distance est un trait typologique du français qui ne cesse de frapper les germanophones.
20
Shakespeare, King Lear, op. cit., p. 14.
21
Voir Schülting : « Weibliches Schweigen – vorgeschrieben in Paulus” Brief an die Korinther – galt als tugendhaft und sicherte die intellektuelle wie körperliche Verfügungsgewalt des Vaters oder Ehemanns über die Frau. […] Im King Lear wird dieses biblische Gebot in verkürzter Form zitiert : „ Love, and be silent.“(I, 1,62) » (Schülting, éd. cit., p. 361)
22
Shakespeare, King, Lear, op. cit, p. 272.
23
M. Haushofer, Die Wand [1963], Stuttgart Düsseldorf Leipzig, Klett, 1968.
24
« J’écris, parce que ne trouve pas de forme meilleure de me taire. » (Traduction G. B.-H.) Cité d’après Heinz F. Schafroth, « Ilse Aichinger », dans Kritisches Lexikon zur deutschsprachigen Gegenwartsliteratur, München, 1981, p. 4.
25
I. Morgner, Amanda. Ein Hexenroman, Darmstadt und Neuwied, Luchterhand, 1983, p. 227. (Voir aussi p. 12, 33, 55, 149, 226, 258, 290).
26
« J’inventai l’art d’avaler les mots. » (Traduction G. B-H.)
27
H. Domin, « Linguistik », dans Rückkehr der Schiffe, Frankfurt am Main, Fischer tb, 1962, p. 22. (Mes italiques). « Il te faudra parler avec l’arbre fruitier / Inventer un langage nouveau / La langue des fleurs de cerisiers, / Des mots roses et des mots blancs / Articulés silencieusement emportés par le vent / Confie-toi à l’arbre fruitier / Lorsqu’on te fait tort. / Apprends à te taire / Dans le langage rose et blanc. » (Traduction G. B.-H.)
28
Voir F. Haug et K. Hauser, « Probleme mit weiblicher Identität », dans Frigga Haug et Kornelia Hauser (dir.), Subjekt Frau. Kritische Psychologie der Frauen, Berlin, Argumentverlag, 1985, vol. I, p. 57-59.
29
J. Racine, Phèdre [1677], Paris, Larousse, I, 3, p. 42-50.
30
Marguerite Yourcenar et son œuvre complexe ne pourront être que mentionnées. La grande dame de la littérature du XXe siècle mérite une analyse bien plus nuancée. Quant à sa contribution (non certifiée aussi) à l’écriture féminine, voir G. Blaikner-Hohenwart, « Marguerite Yourcenar – Ein Schriftsteller ? », dans Katrina Bachinger, Ingrid Bennewitz, Gabriele Blaikner-Hohenwart et Getraud Steiner (dir.), Feministische Wissenschaft. Methoden und Perspektiven. Beiträge der 2. Salzburger Ringvorlesung, Stuttgart, Akademischer Verlag Hans-Dieter Heinz, 1990, p. 45-71.
31
M. Yourcenar, Carnets de notes de Mémoires d’Hadrien [1958], Paris, Gallimard, 1974, p. 330. Voir aussi « Comme tout récit à la première personne, Alexis est le portrait d’une voix. » (M. Yourcenar, Alexis ou le Traité du vain combat, Préface, Paris, Gallimard, 1929, p. 14.)
32
M. Yourcenar, Mémoires d’Hadrien [1958], Paris, Gallimard, 1974.
33
Évidemment, il ne faut pas négliger les recherches minutieuses de Yourcenar. Son travail de dépouillement fut un travail d’archiviste méthodique : « Sie [Yourcenar] hat für spätere Arbeiten Dokumente verwendet, Modelle und Statuen ; ihre Figuren wurden aus den Archiven herausgeholt (Archives du Nord), zum literarischen Leben erweckt ; die penible Dokumentation sollte Objektivität, Exhaustivität, Wahrheit und Distanz vermitteln. Hadrien wurde nach dreißigjähriger Arbeit publiziert ; für die Biografien ihrer mütterlichen und väterlichen Ahnen recherchierte sie alle auffindbaren Unterlagen. Zénon ist aus humanistischen Modellen„ zusammengemixt“, […]. » (G. Blaikner-Hohenwart, « Marguerite Yourcenar – Ein Schriftsteller ? », art. cit., p. 54).
34
Voir note 2.
35
Voir notamment A. Plume, Les aventures de Plumette et de son premier amant [1981], Genève, Zoé, 1991 ; Mademoiselle Petite au bord du Saint-Laurent, Genève, Zoé, 2007.
36
Cette écriture veut reproduire la tradition orale représentative pour les biographies féminines.
37
À rapprocher (peut-être) de la pièce de NDiaye Hilda, où le nom propre (Hilda) devient la personne, à savoir, la femme n’est personnifiée que par son prénom.
38
Voir I. Bosoky, « Du pré clôturé à la liberté ». La transgression des cadres dans l’œuvre d’Amélie Plume, Diss., Salzbourg, 2011, p. 54 : « Les trois prénoms des premiers textes plumiens (Amélie, Plumette, Amette et Amalthée) sont des anagrammes du nom Amélie Plume et se composent des lettres : P, L, M, T, H, U, E, I et A »
39
« Ma mère, Marie-Lily, bleu ciel et douce, entre en scène. Elle n’a pas l’habitude de s’affirmer dans le monde et vient se placer légèrement en retrait de son mari. S’il y a quelque chose à dire, c’est lui qui parlera. » A. Plume, Toute une vie pour se déniaiser, Genève, Zoé, 2003, p. 38.
40
A. Plume, Mademoiselle Petite…, op. cit., p. 30.
41
V. Woolf, op. cit., p. 76. Voir aussi dans L. Louvel, « The Waves, Une histoire, un soupir, une vague. Questions de réflexion » le sous-chapitre « Traces de la théorie, théorie de la trace : „ the mark on the wal“ », dans Bernard Gensane (éd.), Autour de Virginia Woolf, Poitiers, Publication de l’équipe d’accueil, coll. « Série les Cahiers FORELL 5 », 1996, p. 75 sq.
42
M. Wittig, Le Corps lesbien, Paris, Minuit, 1973, p. 10.
43
V. Thérame, Hosto-Blues, 2 tomes, Paris, Des femmes, 1974.
44
Id., p. 359.
45
Id., p. 345-346.
46
Pour une esquisse historique d’autobiographies féminines, voir Kay Goodman, « Weibliche Autobiographien », dans H. Gnüd et R. Möhrmann (dir.), Frauen Literatur Geschichte. Schreibende Frauen vom Mittelalter bis zur Gegenwart, Stuttgart, Suhrkamp, 1985, p. 289-299.
47
S. de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, Paris, Gallimard, 1958.
48
Id., p. 396. (Mes italiques)
49
M. Duras, L’Amant, Paris, Minuit 1984.
50
M. Duras, op. cit., p. 31.
51
Ibid., p. 48, p. 49.
52
Ibid., p. 15.
53
Ibid., p. 14.
54
M. NDiaye, Autoportrait en vert, Paris, Mercure de France, 2005.
55
Id., p. 21.
56
Id., p. 34.
57
Id., p. 82.
58
Id., p. 46.
59
« […] je me demande… […] la Garonne est-elle une… est-elle une femme en vert ? » (Id., p. 108).
60
D. Charmelot, Lettres à mon homme inventé, Paris, Des femmes, 1969.
61
Id., p. 102.
62
Voir aussi M. Wittig, Les Guérillières, Paris, Minuit, 1969. « Elles disent » y paraît comme élément constitutif du texte.